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L’ouvrage de M. Mûntz s’arrête à l’histoire artistique des pontificats de Pie II, Paul II et Sixte IV. Ce dernier, comme Nicolas V, s’entourait volontiers d’artistes et de lettrés, et il a bien mérité le surnom de Mécène italien duxve siècle que lui donne l’auteur. Il fut un grand bâtisseur ; c’est a lui qu’on doit la chapelle Sixtine, le pont appelé plus tard de son nom Ponte-Sixto, la construction de Sainte-Marie-de - la-Paix, de l’hospice du Saint-Esprit, et surtout ces grands travaux de voirie qui transformèrent Rome et la rendirent habitable par la réfection ou le percement de grandes voies de communication. Ses architectes, Meo del Caprina, Giacomo da Petra-Santa, Giovanni dé Dolci, exhumés par M. Mûntz de la poussière des livres de comptes, étaient oubliés depuis plus de quatre siècles ; c’est qu’ils n’ont guère fait que des œuvres utiles. Mais il en est autrement des peintres et des sculpteurs auxquels il confiait la décoration de ses édifices : le Périigin, le Pinturicchio, Ghtrljindajo, Botticelli, Filippo Lippi, Signorelli, Cosino Rosselii. Verrocchio, Pollaiuolo, etc. M. Mûntz a retrouvé sur les travaux de chacun d’eux les indications les plus précises et les plus intéressantes. Son beau livre est pour toute cette période une mine inépuisable de renseignements.

Arts décoratifs (GRAMMAIRE DES), par Charles Blanc (Paris, 1882). Cet ouvrage fait suite à la Grammaire des Arts du dessin ; il se compose de dix-neuf chapitres, dans lesquels Ch. Blanc étudie successivement les pavements, la serrurerie, le papier peint, les tapisseries, les tapis, les meubles, "la physionomie des gros meubles, l’esthétique des petits meubles, les glaces et les cadres, la couleur dans le mobilier, la métallisation du plâtre, la verrerie, l’orfèvrerie, la céramique (forme des vases, puis décor des vases), la reliure, les albums et les albums japonais. Dans un Avant-propos, l’auteur a plaidé en excellents termes l’utilité de son œuvre. »C’est une obligation envers nous-mêmes d’orner nos demeures de façon aies rendre agréables et à nous inspirer le goût d’y rester. Quelque modeste que soit une habitation, il suffit d’y mettre de l’ordre et d’entretenir la propreté, pour qu’elle devienne même intéressante par la force de l’habitude. 1 Quant aux parties de la maison qui sont spécialement réservées aux étrangers et aux amis, « elles doivent témoigner de l’application qu’on a mise à les décorer de son mieux et en raison de sa fortune. L’absence de tout ornement y serait une impolitesse... La première idée que l’on prend de ceux que l’on va voir se forme sur le seuil même de leur maison. •

Après ce préambule, l’auteur aborde son sujet qu’il traite de la façon la plus pratique et la plus pittoresque du monde. Pour les pavements, la figure humaine serait malséante ; trois choses sont essentielles, l’inégalité réelle ou apparente des matériaux employés, la prédominance d’une couleur et la divergence des joints. C’est & la serrurerie qu’il appartient de décorer une porte ; la forme des ferrures doit accuser leur destination et la nature du métal employé. Le papier peint non seulement sert a décorer les murs, mais encore il forme un fond aux meubles et aux personnes. Dans l’art de la tapisserie, lacontexture du tissu exige une décoration haute en couleur ; pas d’imitation de tableaux, surtout de tableaux expressifs, les couleurs étant d’inégale durée et le tissu étant sujet à se rider ; pour faire valoir les tapisseries, il faut un jour égal et tempéré. Pour les tapis, on doit éviter les effets de modelé et de perspective dans un tissu qui doit être foulé aux pieds et il est inconvenant d’y représenter des figures humaines ; pas d’imitation de fleurs ou de fruits dans leur vérité naturelle, mais la plus complète fantaisie. Pour un gros meuble, s’il est fermé, l’ébéniste peut chercher des effets décoratifs ; s’il est ouvert ou vitré, on ne doit songer qu’à faire valoir les objets que les tablettes offrent aux yeux. Petits meubles : la place la plus convenable pour une pendule n’est pas celle où on doit l’avoir constamment sous les yeux ; pas de figures d’hommes ou d’animaux sur les pendules, à moins qu’ils ne jouent un rôle dans l’invention. Pour les chenets et le garde-feu, pas d’autres figures que celles d^mjmaux couchants ou rampants ; pour les bras, lustres ou flambeaux, pas d’autres allusions ne doivent être admises que celles aux formes de la nature. Les glaces doivent être encadrées comme le seraient des portes ou des fenêtres, à moins d’être des miroirs mobiles et portatifs. Couleur du mobilier : on doit agir comme pour un tableau où la lumière est sacrifiée sur certains points pour mieux briller sur les autres. Il faut des couleurs riches et variées pour les meubles, écrans ou paravents, qui doivent charmer le regard sans occuper l’esprir. Quant à la métallisation du plâtre, elle doit imiter le bronze pour les statues très mouvementées, et le marbre ou le granit pour les œuvres calmes et d’une masse imposante. Verrerie : le mobilier des festins doit être décoré avec goût et même avec sentiment ; suivant leur qualité, leur profondeur, leur délicatesse, suivant le clair ou le sombre de leurs nuances, les couleurs du verre répondent aux idées de splendeur du de modestie, de galté ou de tristesse, de

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fierté ou de douceur. Pour l’orfèvrerie, Charles Blanc étudie tour à tour la niellure, l’incrustation, rémail, la ciselure, le repoussé et la galvanoplastie. La forme des vases doit dériver du cylindre ou du cône, ou bien de la Sphère et de l’œuf, selon qu’il affecte le caractère de la dignité ou celui de la grâce ; quant au décor, il doit respecter la forme de la chose décorée, mais se garder d’observer les lois de la perspective ; peu de tons rompus, mais des couleurs franches et fières ; inutile d’emprunter les motifs de décoration à la seule nature, on ne doit songer qu’aux lois de l’hannonie, aux plaisirs des yeux et de l’esprit. Enfin viennent : la reliure, où, selon l’auteur, l’élégance est ennemie de la surcharge et où la décoration doit être en rapport avec la nature de l’ouvrage, avec l’importance de l’auteur, avec le caractère de ses pensées ; puis, les albums : albums d’enfants qui exigent une certaine exagération dans le style et une certaine àpreté dans les couleurs, et albums japonais, œuvres d’artistes qui ne sont pas des copistes de la nature, mais des extracteurs de quintessence, chez qui la fantaisie de la couleur s’augmente de la fantaisie du sujet et grâce auxquels le ravissement des yeux se double des étormements de l’imagination.

En achevant son ouvrage, auquel il avait travaillé quatorze ans, Charles Blanc a cru devoir répondre par avance aux personnes qui lui demanderaient a quoi bon tant d’écriture sur un sujet si frivole et s’il convient de prendre tant de précaution pour ne pas offenser l’œil et le goût, an risque de tomber dans la mollesse des sybarites : « N’en déplaise à une philosophie" austère, la notion des convenances dans la forme et du sentiment dans la couleur fait partie de la philosophie elle-même. La grâce, d’ailleurs, n’est jamais de trop, si l’on veut se procurer le confort de l’âme qui attache au foyer domestique, et tempère les menus froissements de la vie intime. Aussi bien, s’il fallait renoncer à ces choses Sous prétexte qu’elles sont de pures illusions, il faudrait également renoncera la poésie et il faudrait rompre avec l’art, qui n’est, après tout, comme le bonheur, qu’un beau mensonge >.

La deuxième édition de cette Grammaire a été augmentée d’une Introduction sur les lois générales de l’ornement, la répétition, l’alternance, la symétrie, la progression, la confusion, la consonance, le contraste, le rayonnement, la gradation et la complication.


ARTAGNAN (famille D’). Les d’Artagnan, ou mieux d’Artaignan, sont une branche de la maison gasconne de Montesquiou-Fezenzac. En 1608, Françoise de Montesquiou, fille de Jean de Montesquiou, seigneur d’Artaignan, épousa Bertrand de Baatz, seigneur de Castelmoron ou Castelmore. De cette union naquirent deux fils : 1° Paul de Baatz, qui mourut en 1712, âgé de plus de cent ans, et qui fut gouverneur de Navarreins ; 2° Charles de Baatz, qui prit, ainsi que son frère, le nom maternel de d’Artagnan pour se distinguer de son père, appelé communément le comte de Castelmore. C’est ce dernier qui figure au premier plan dans le célèbre roman des Trois Mousquetaires. Notons que d’Artagnan est le nom d’une localité des environs de Vic-en-Bigorre, voisine d’Athos et d’Aramitz ; on sait que Dumas désigne ainsi deux des inséparables compagnons de son héros ; quant au troisième, Porthos, il avait un fils de ce nom, châtelain béarnais d’Autevielle.

Charles de Baatz de Castelmore, comte d’Artagnan, naquit en 1611 ou 1612. Sans fortune, il vint de bonne heure à Paris, où il se fit remarquer, malgré les édits, par son attitude courageuse dans de nombreux duels. Entré comme cadet dans la compagnie des gardes, il débuta dans la carrière des armes en assistant au siège d’Arras, en 1640 ; de là, il suivit en Angleterre le comte d’Harcourt, chargé de négocier une transaction entre Charles Ier et les parlementaires. Envoyé au siège de Gravelines (1644), il endossa à son retour la casaque de mousquetaire et se distingua au siège de Bourbourg (1645). En 1646, Mazarin, qui était avec le roi à Amiens, demanda à M. de Troisville deux mousquetaires sûrs, qu’il pourrait attacher à sa personne : d’Artagnan, désigné par son chef, entra donc au service du cardinal. Celui-ci, qui voulait donner à son neveu, le duc de Nevers, la charge de Troisville, mais qui ne pouvait décider celui-ci à la résigner, prit le parti de supprimer les mousquetaires ; il indemnisa le capitaine-lieutenant en lui donnant le gouvernement de Foix. Mazarin, qui avait remarqué la finesse du jeune Béarnais, l’employa à diverses missions secrètes et le récompensa en le nommant lieutenant aux gardes. D’Artagnan, croyant avoir à se plaindre de l’avarice du cardinal, feignit de vouloir le quitter et mit sa lieutenance en vente ; pour le retenir, Mazarin consentit à lui donner, moyennant 20.000 livres, un brevet de capitaine aux gardes (1654). Il le chargea alors d’aller en Angleterre pour s’y renseigner de visu sur la situation du Protecteur, dont le fils aurait été un parti très sortable pour Hortense Mancini ; mais, avant d’offrir sa nièce, le cardinal voulait être certain que la puissance du Protecteur était solidement établie. La république d’Angleterre ayant sombré, d’Artagnan fut choisi encore par le cardinal pour proposer la malheureuse Hortense à Charles II, avec une dot considérable. Inutile d’ajouter qu’il échoua dans ces deux négociations, quelque habileté qu’il y eût déployée.

Entre chacune de ces missions, le capitaine aux gardes avait assisté à différents sièges, à de nombreux combats, et s’y était distingué par son brillant courage. En 1657, les mousquetaires ayant été rétablis, d’Artagnan en fut nommé le sous-lieutenant, et comme le duc de Nevers, capitaine-lieutenant, ne s’occupait point de sa compagnie, il en fut le véritable chef. Aussi, quelque temps après la mort de Mazarin, Louis XIV lui donna-t-il la charge de l’incapable neveu du cardinal (1667). Moins de quatre mois après, au moment de partir pour la campagne de Flandres, il fut promu au grade de brigadier. Enfin, en 1672, lors de la déclaration de guerre à la Hollande, d’Artagnan devint maréchal de camp. À Maëstricht, au mois de juin 1673, il tombait pour ne plus se relever. « Pendant qu’on travaillait à la descente du fossé, le roi commanda pour cette action ses mousquetaires qu’il fit soutenir par un détachement de divers corps, le tout sous les ordres de M. de Monmouth, fils naturel du roi d’Angleterre et lieutenant général de jour. M. d’Artagnan était à leur tête : tout plia si fort devant lui qu’en moins d’une demi-heure il se vit maître de l’ouvrage. » (Quincy, Histoire militaire du règne de Louis le Grand). Bientôt, les assiégés reprirent le dessus ; ce voyant, d’Artagnan s’élança avec une telle fougue qu’il ne s’arrêta que lorsque les balles l’eurent renversé.

Pour achever la biographie de d’Artagnan, il est indispensable d’ajouter que nul n’eut autant d’intrigues nobles ou vulgaires, faciles ou dangereuses, immorales presque toujours. Galant et querelleur jusqu’au jour où Mazarin l’attacha à sa personne, il devint alors un ambitieux ; sous Louis XIV, il fut le type du gentilhomme et du courtisan du temps. Volage autant qu’homme du monde, il se maria pourtant, ayant passé la cinquantaine, avec « demoiselle Anne-Charlotte de Chaulay », qui, jalouse à l’excès, le quitta au bout de quelque temps pour se retirer dans un couvent. Louis XIV et la reine, le dauphin et Mlle  de Montpensier tinrent sur les fonts baptismaux les deux enfants issus de cette union tardive : par cette marque d’honneur, le roi entendait récompenser le courage vraiment extraordinaire du Gascon. C’est d’Artagnan qui avait procédé à l’arrestation de Fouquet.

Deux cousins germains de d’Artagnan ont acquis quelque notoriété. Le premier est Pierre de Montesquiou, maréchal d’Artagnan (1640(?)-1725), qui commanda à Malplaquet, comme lieutenant général, une partie de l’infanterie et reçut son bâton de maréchal à la suite de cette malheureuse journée ; le second est Joseph de Montesquiou, comte d’Artagnan (1650-1729), capitaine-lieutenant des mousquetaires, lieutenant général des armées du roi, gouverneur des ville et château de Nîmes.


Artagnan (MÉMOIRES DE M. D’), contenant quantité de choses particulières et secrètes qui se sont passées sous le règne de Louis le Grand (Cologne, P. Marteau, 1701, 3 vol. in-12). Le roman des Trois Mousquetaires, d’Alex. Dumas, a donné une certaine notoriété à ces Mémoires, dans lesquelles le fécond auteur passe pour avoir puisé tout ce qu’en réalité il a tiré de sa prodigieuse imagination. Si l’on en croyait Quérard et ses Supercheries littéraires dévoilées, les Trois Mousquetaires ne seraient presque qu’un honteux plagiat ; il faut en rabattre. Les Mémoires de d’Artagnan ont d’ailleurs un intérêt propre, quoiqu’ils soient moins amusants que le roman de Dumas. Ils ont été publiés, non par leur auteur, mais par un anonyme qui s’est trouvé, nous assure-t-il, en possession de ces papiers, et qui s’est contenté d’y mettre de l’ordre, n’ajoutant çà et là que ce qu’il fallait pour la clarté du récit. L’anonyme n’est autre, comme on le sait, que le fameux Gatien des Courtilz de Sandras, auteur d’une foule de « Mémoires » du même genre ; cependant, à quelques particularités curieuses, on pourrait croire que l’ouvrage a un fond véridique. La supercherie, si c’en est une, est par moments assez habile pour faire illusion.

Les Mémoires commencent vers 1654, un peu avant le siège d’Arras par les maréchaux de Chaulnes, de Châtillon et de La Meilleraye. Le jeune d’Artagnan, alors âgé de seize ou dix-sept ans au plus, petit cadet de Béarn, si pauvre que ses parents n’ont pu lui donner au départ qu’un bidet de 22 francs avec 10 écus dans sa poche pour faire son voyage, vient chercher fortune à Paris, où un autre cadet de Béarn, M. de Troisville, était capitaine de la compagnie des mousquetaires du roi. Dés les premières pages il montre ce caractère aventurier et querelleur qu’Alexandre Dumas a si bien su mettre en relief, et c’est là le plus grand emprunt que le romancier ait fait au livre qu’on l’accusa d’avoir plagié : trouvant un type original esquissé à grands traits, il l’a développé avec le plus rare talent. Ses parents, qui lui ont donné si peu d’argent, ont été moins chiches de conseils. « Ils me remontrèrent, raconte-t-il, que je prisse bien garde à ne jamais faire de lâcheté, parce que si cela m’arrivait une fois, je n’en reviendrais de ma vie. Ils me représentèrent que l’honneur d’un homme de guerre, profession que j’allais embrasser, était aussi délicat que celui d’une femme, dont la vertu ne pouvait jamais être soupçonnée que cela ne lui fît un tort infini dans le monde, quand elle trouverait après cela moyen de s’en justifier ; que je savais bien le peu de cas que j’avais toujours entendu faire de celles qui passaient pour être de médiocre vertu ; qu’il en était de même des hommes qui témoignaient quelque lâcheté ; que j’eusse toujours cela devant les yeux, parce que je ne pouvais me le graver trop avant dans la cervelle. » Muni de ce viatique, il a tout de suite un duel, près d’Orléans, avec un gentilhomme qui regarde de travers son piteux équipage ; on le bâtonne, on lui casse son épée, on le fourre en prison, et il ne sait jamais ce qu’est devenu son bidet de 22 francs, pas plus que son linge. Telle est son entrée dans la vie. À Paris, où il fait tout de suite connaissance, en se présentant à M. de Troisville, avec les fameux mousquetaires Porthos, Athos et Aramis, il se trouve aussitôt engagé dans une rencontre plus sérieuse de quatre contre quatre avec des gardes du cardinal de Richelieu, et c’est naturellement lui qui décide la victoire en se débarrassant le premier de son adversaire, ce qui lui permet d’aller secourir ses amis en péril : telles étaient alors les lois du duel. Une autre rencontre qu’il a, au sortir d’un jeu de paume, avec un garde du cardinal, manque de devenir une affaire d’État, en brouillant Louis XIII et son premier ministre ; d’Artagnan se croit perdu, et il a une audience du roi, qui lui donne 50 louis : c’est le commencement de sa fortune. Ses aventures se poursuivent, mêlées de duels, de faits d’armes et d’amourettes qui sont la partie anecdotique la plus amusante des trois volumes : il a d’abord une hôtelière, dont le mari essaye de l’assassiner ; puis une Anglaise dont il a blessé le frère en duel et qui veut se venger de lui en le laissant sécher de désirs pour elle : on sait qu’un des principaux personnages des Trois Mousquetaires est la fameuse Milady, type achevé de perversité féminine ; si A. Dumas en a pris l’idée dans les Mémoires de d’Artagnan, il y a considérablement ajouté, et l’épisode où elle joue le plus grand rôle, l’envoi de d’Artagnan en Angleterre par Anne d’Autriche à la recherche d’un collier de diamants, don de Louis XIII, qu’elle a imprudemment mis au cou du duc de Buckingham, est dû tout entier à l’imagination de l’écrivain. D’Artagnan se rend bien en Angleterre, et plusieurs fois, mais pour de tout autres motifs.

Parmi ces histoires d’amour, il en est une qui mérite d’être notée, c’est le mariage manqué du héros avec Mme  de Miramion, si célèbre depuis par sa charité et ses fondations pieuses. Au moment où elle allait épouser l’ancien mousquetaire, devenu gentilhomme de la chambre du cardinal Mazarin, Bussy-Rabutin l’enlève ; d’Artagnan la délivre, aidé de sept ou huit de ses amis, et comme il croit que ce coup d’éclat lui a décidément gagné le cœur de la belle, il est tout surpris de lui entendre dire qu’après un tel scandale elle ne veut plus se marier et qu’elle se consacre à la religion. C’est un épisode délicat et qui peint admirablement tout un côté des mœurs de l’époque. Ajoutons toutefois que l’histoire, en rapportant le rapt tenté par Bussy-Rabutin, a négligé de faire mention de d’Artagnan. Ainsi que la plupart des documents de ce genre, les Mémoires de d’Artagnan ne peuvent pas être lus avec une foi complète ; mais ils offrent des détails véridiques d’une certaine importance, non seulement sur les faits d’armes des dernières années de Louis XIII et des premières du règne de Louis XIV, mais, ce qui est plus précieux, sur toutes les petites intrigues de la cour ; c’est ce qui les rend si intéressants.


ARTANTHE s. f. (ar-tan-te— du gr. arias, brillant ; anthos, fleur). Bot. Sous-genre de plantes dicotylédones, famille des Pipéracées, groupe des Pipérées, genre Piper ou poivre, dont une espèce est le matico, à feuilles amères, aromatiques et stimulantes (artanlhe elongata Miq. ou piper angustifolium P.). Co sont des arbustes ou plantes ligneuses dont la naissance tardive des tissus secondaires dans le cylindre central permet la formation du liège dans l’écorce ; les branches présentent des nœuds saillants, et les jeunes rameaux sont pubescents (Tison) ; ils habitent l’Amérique du Sud, particulièrement le Pérou. V. MATICO.


  • ARTAUD-HAUSSMANN (Louis-Charles-Marie-Emmanuel,

baron), homme de lettres et administrateur français, né à Paris en 1842.— Depuis la chute de l’Empire, il vivait dans l’obscurité lorsque, le 2 février 1886, un événement étrange vint attirer sur lui l’attention : il avait essayé d’assassiner un de ses amis, M. de Montauzan, auquel il avait donné rendez-vous à l’hôtel du Louvre sous prétexta d’une affaire financière à conclure. Cette tentative, complaisamment attribuée à un accès subit d’aliénation mentale, n’était que le dénouement d’une situation romanesque qui

avait déjà inspiré au baron Artaud-Hausstnunn diverses excentricités. Doué d’un tempérament exalté, quelque peu porté au mysticisme, il avait passionnément aimé une demoiselle de Belloc, avec qui son mariage n’avait pu se conclure et qui était devenue la femme de M. de Montauzan. S’étani marié lui-même, il