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ARAC

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que lai-même s’en emparait pour le dévider autour do sa main. À ce premier es. ; iii en succéda bientôt un second. M. Rolt adapta un dévidoir à la machine à vapeur d’une usine où il était employé, le mit en mouvement et obtint ainsi en deux heures, de vingt-quatre araignées qu’il soumit k cette opération, chacune pendant trois k cinq minutes, un fil long de 1.800 pieds et brillant de blancheur».

Ce fil d’araignée est beaucoup plus fin que celui des vers k soie, dont il ne représente guère que le cinquième, étant 90 fois plus mince. Réaumur disait qu’il faudrait 1S.000 fils d’araignée pour faire un fil, et Leeuwenhœk ne craignait pas d’avancer qu’il ne faudrait pas moins de 4 millions de ces fils pour former une soie n’ayant que la moitié de l’épaisseur d’un poil de barbe.

« En établissant, dit M. Kùnckel d’Herculais, l’auteur de l’édition française des Insectes de Brehm, en établissant leurs poids respectifs dans des proportions semblables, et en admettant que les araignées pourraient donner deux fois par année un fil de 750 pieds, tandis que d’un seul ver k soie on en obtient 1.900 pieds, le produit du ver égalerait six fois et demie celui de l’insecte. Ainsi, dès qu’il faut élever 3.500 vers pour en obtenir une livre de soie, la même quantité de produit exigerait le concours de 22.000 araignées. On concevra mieux encore l’impossibilité de la mise en pratique d’une pareille industrie, si l’on réfléchit que deux araignées ne peuvent se rencontrer sans en venir k un combat à mort ; et que pour faire travailler simultanément 22.000 individus de cette race insociable H faudrait construire tout autant de cellules séparées pour les protéger les uns contre les autres. »

Diverses personnes ont encore fait des essais tendant k obtenir et k filer de la soie d’araignée ; parmi elles il convient de citer un certain M. Dubois, qui, sous le premier Empire, réussit à élever à la fois quatre cent mille de ces fileuses carnassières détenues chacune séparément dans une petite loge. ■ Se3 tentatives, dit M. Berthoud, ne furent guère encourageantes, il q’obtint jamais k tisser que des morceaux d’étoffes de om,07 k om,08 qu’il débitait comme hémostatiques contre les piqûres. > Citons encore M. Mallat, qui, en 1843, fit envoi au Muséum d’histoire naturelle de Paris de quelques écheveaux de soie dévidée provenant d une grosse araignée de Java, et M. Bancal qui, en 187G, adressa à la Société d’agriculture des échantillons de soie dus à des araignées du Sénégal.

En résumé, reconnaissons avec M. Kùnckel que le seul emploi judicieux et pratique de la soie d’araignée a été trouvé par les physiciens, qui, profitant de l’extrême ténuité de ces fils, s en servent pour établir des réticules dans les instruments d’optique.

Appareil reproducteur. À l’exception des tardigrades, toutes les arachnides ont les sexes séparés, et possèdent des glandes productives d’éléments sexuels, le plus souvent pairs ou unies transversalement et s’ouvrant sur la face ventrale par des conduits excréteurs séparés ou réunis, toujours diriges en avant. Les organes mâles et femelles ne présentent pas entre eux de grandes différences et ne diffèrent que par le développement plus ou moins grand de certaines parties. L’appareil mâle se compose généralement de tubes testiculaires pairs d’où partent deux canaux déférents recevant les canaux de glandes accessoires avant de déboucher à la base de l’abdomen. Chez les araignées, par une disposition singulière, ce sont les palpes maxillaires à extrémité modifiée qui font office d’organes de copulation chez les mâles. Les organes femelles se composent également de glandes paires, le plus souvent disposées en grappes et munies de deux oviductes qui, avant de déboucher à la partie antérieure de l’abdomen, se renflent en un réceptacle séminal et sont aussi en communication avec des glandes accessoires (Claus). La reproduction est très rarement vivipare ou ovovivipare, ainsi qu’on l’observe chez certains acariens et chez les scorpions ; dans la règle, les femelles pondent des oeufs, dont elles ont le plus grand soin, les portant même souvent partout avec elles enfermés dans un sac de soie.

Le développement embryonnaire montre que les affinités des arachnides sont plutôt avec les insectes (trachéales), qu’avec les crustacés (tranchiates) ; Balfour nous apprend i que les chélicères sont de véritables mandibules, développées sur les segments post-buccaux comme celles des insectes et nullement les homologues des antennes de ces derniers animaux. Les appendices des arachnides sont, par conséquent, dans une condition beaucoup plus primitive que ceux des insectes, et les ancêtres communs de ces deux classes ont dû se séparer de la souche commune des trachéates a une époque où la seconde paire de mandibules (représentée par les pattes antérieures des arachnides) était encore un organe de locomotion a.

Le blastoderme donne généralement naissance, par ses diverses couches, aux organes, et l’on peut dire que la formation des feuillets blastodermiques et des enveloppes de l’embryon présente une remarquable uniformité dans tout le groupe des trachéates. Immédiatement après la ponte, le protoplasma

de l’ceuf, finement granuleux, renferme de petites masses de deutoplasma dans lesquelles on remarque des sphères réfringentes de nature albuminoïde (Ludwig). Il n’y a point de vésicule embryogène. Après la disparition de la vésicule germinative, les sphères de deutoplasma se forment en colonnes cylindriques rayonnant autour du protoplasma, au milieu duquel on remarque un noyau dont la division est suivie de cette figure étoilée en 2, 4, 8, etc., masses en forme de rosette

■ dont la partie centrale protoplasmique contient un noyau, et ce protoplasma formera plus tard la vésicule blastodermique. Plus tard, après apparition de la bandelette primitive, on voit celle-ci présenter la division en segments primordiaux ou protozoonites, dont six forment le céphalothorax ; ce sont ensuite les segments de l’abdomen qui apparaissent en se détachant successivement d’avant en arrière du capuchon caudal (Balbiani). Barrois signale chez les araignées non pas cinq, mais dix segments abdominaux dont le dernier présenterait les traces d’une division en trois. Mais cette segmentation de l’abdomen disparaît bientôt chez les araignées qui au sortir de l’œuf présentent la forme et l’organisation de leurs parents et ne passent par aucune métamorphose, mais seulement par quatre mues qu’elles doivent subir avant d’atteindre l’âge adulte.

Rapports des araignées et de l’homme. La faculté de se laisser apprivoiser qui est complètement nulle chez les articulés, semble cependant se retrouver dans la classe des Arachnides. Les araignées ■ si ombrageuses et si timides qu’elles soient, dit Taschenberg, ne se trouvent pourtant point exclues de la liste des animaux qui ont été quelquefois apprivoisés par l’homme. Dans plus d’un cas cette créature, presque toujours rebutée, s’est montréé sensible iaux bons traitements. Le besoin d’aimer et d’être aimée par quelque chose, besoin qui se développe surtout dans la solitude, établit quelquefois un commerce de bons rapports entre elle et l’homme >. Sans revenir sur l’histoire célèbre de Pélisson, qui a inspiré à Delille ces vers : Un geftliar au cœur dur, au visage sinistre, Indigné du plaisir que goûte un malheureux, Poule aux pieds son amie et l’écrase è. ses yeux.

on peut citer celle moins connue de l’araignée domestique qui fut la compagne de captivité du roi de Danemark Christian II, reconnaissait sa voix et accourait à son appel. La bestiole danoise n’eut pas un meilleur sort que l’araignée de la Bastille : un gardien la tua devant l’infortuné monarque, trouvant en sa basse méchanceté une grande joie k priver le prisonnier de cette petite joie. « Quand le roi devint vieux et n’eut plus rien à souhaiter que la mort, on le traita moins rigoureusement. Il parlait souvent avec attendrissement de son araignée, de la confiance qu’elle lui témoignait, de sa soumission, de sa sagessse, et de la peine très grande que lui avait causée son brutal geôlier lorsqu’il la tua. «

Le célèbre entomologiste Dufour avait apprivoisé une araignée du genre Tarentule qui venait prendre entre ses doigts l’insecte qu’on lui présentait ; Michelet a raconté dans l’Jnsecte ses rapports, lorsqu’il était enfant, avec une araignée domestique. L’amour de ces articulés pour la musique a quelque chose de singulier, et de nombreuses observations sont làt pour attester le plaisir que prennent les araignées k entendre jouer du violon ou de quelque autre instrument k cordes. Un petit violoniste, Berthome, » une de ces petites victimes qu’on fait virtuoses avant l’âge, avait, dit Michelet, dans sa constante solitude, un camarade dont on ne se doutait pas, une uraignée. Elle était d’abord dans l’angle du mur, mais elle s’était donné licence d’avancer de l’angle au pupitre, du pupitre sur l’enfant, et presque sur le bras si mobile qui tenait l’archet. Là, elle écoutait de fort prés, dilettante émue, palpitante. Elle était tout un auditoire. Il n’en faut pas plus à l’artiste pour lui renvoyer, lui doubler son âme. L’enfant malheureux avait une mère adoptive qui, un jour, introduisant un amateur au sanctuaire, vit le sensible animal à son poste. Un coup de pantoufle anéantit l’auditoire. L’enfant tomba à la renverse, en fut malade trois mois et faillit eu mourir ». Cette marâtre subissait sans doute ce sentiment d’horreur si peu justifié qu’inspirent à tant de monde ces innocents animaux, d’apparence souvent rébarbative avec leurs longues pattes, et pourtant inoffensifs et sociables :

■ c’est un signe de folie, de lâcheté et de faiblesse, disait en 1634 le naturaliste Moufet, que de redouter les araignées, et c’est un travers d’esprit considérable que de dédaigner leurs œuvres et d’éloigner ses regards de ces fileuses si industrieuses >. Citons encore ce fait, rapporté par Walkenaer : « Une dame occupée k pincer de la harpe dans une chambre située au milieu d’un jardin, aperçut une araignée fixée au plafond au-dessus d’elle. Aussitôt elle se transporta k l’autre extrémité de la chambre, mais à peine eut-elle fait retentir l’itir de son instrument que l’arachnide commence k se mouvoir et vient s’arrêter encore au-dessus de la dame ; là elle reste sans mouvement et comme attachée au plafond. La dame, dont la curiosité est excitée par ce phénomène, change de nouveau de place et reste quelques moments sans jouer et l’araignée ne la suit pas et attend immobile ; mais à peine les sons harmonieux ont-ils recommencé, qu’elle accourt se placer de nouveau nu-dessus de l’instrument qui les produit. La dame répète de nouveau l’expérience et parvient a. attirer l’araignée de chaque côté de la chambre et, comme un autre Amphion, s’en fait suivre. ■ Ou peut se demander si ces exemples et tant d’autres d’araignées sensibles aux accents d’un instrument sont assez véridiques pour démontrer que ces animaux entendent les sons. On a cependant remarqué que les mâles, dans certaines espèces, produisent une stridulation qui sert d’appel, d’après Westring, et Wood Masson a signalé en 1877 l’existence d’un appareil stridulant situé k la base de la première paire de pattes chez les scorpions et chez une araignée du genre Mygale.

En résumé, si les araignées sont, de par leur physique, d’un rapport peu agréable, il n’en est pas moins vrai que nous avons souvent en elles de précieux auxiliaires faisant une guerre acharnée k une foule d’insecte3 nuisibles ou importuns qui viennent trouver la mort dans les filets tendus de toutes parts par ces industrieuses filandières. Soyons donc indulgents pour ces habitantes de nos maisons et ne prenons pas trop à la lettre cette fable de La Fontaine où il est dit que si la goutte est le malheur des palais, l’araignée est le fléau des chaumières. Comme le dit spirituellement M. Salgues : « Une araignée qui court ou qui file est considérée comme une promesse d’argent. On se demande quel rapport il peut y avoir entre un trésor et une araignée. On remarque que la présence des araignées s’allié rarement avec l’éclat de la fortune ; que c’est sous le chaume et non dans les palais qu’on les rencontre. Si les araignées étaient le signe de la richesse, personne ne serait plus riche que les pauvres. Il faut ici en revenir à la fable de La Fontaine ; quand Jupiter, pour tourmenter le genre humain, eut créé la goutte et l’araignée, il logea la goutte chez les grands et l’araignée chez les malheureux : c était agir eu dieu et mettre chaque chose à sa place. »

Usages médicaux. Jadis les araignées tenaient leur place dans la thérapeutique et leurs toiles étaient fréquemment employées. Ainsi, après avoir débarrassé de leur poussière les légers tissus de l’araignée domestique (tegénéria domestica), on les réduisait en parcelles qui, étendues avec du beurre sur du pain, rendaient de grands services, paraît-il, à cette époque. On en faisait encore des cataplasmes contre les maladies nerveuses, des pilules fébrifuges ; distillées, elles fournissaient les gouttes de Montpellier que Fagon recommandait contre l’apoplexie. La toile d’araignée n’est guère plus employée aujourd’hui qu’a arrêter les hémorragies capillaires causées par de légères coupures, et encore lui préfère-i-on, avec raison, 1 amadou. A aucune époque la thérapeutique ne paraît avoir recommandé l’administration des araignées vivantes à l’intérieur. Jadis l’astronome de Lalande prenait grand plaisir à manger de grosses araignées dont il croquait l’abdomen après avoir détaché les pattes et le céphalothorax, et l’avoir frotté de beurre ; cela avait, disait-il, un goût de noisette. Le savant en portait toujours avec lui dans une sorte de bonbonnière et sortait de temps à autre une pensionnaire dont il ne faisait qu’une bouchée, au grand effroi des personnes témoins de cette haute fantaisie. Des incrédules, il s’en trouve partout, assurent que les araignées de l’astronome étaient en chocolat et fabriquées tout exprès k son usage. Ce menu fait de la carrière de l’académicien n’est pas encore suffisamment élucidé.

On a cru et l’on croit encore généralement que les araignées sont venimeuses et que leur ingestion peut produire de graves accidents, et pourtant il n’est personne qui • en avalant des grains de raisin n’ait englouti en même temps dans sa bouche beaucoup d’araignées de l’espèce qui a été désignée sous le nom de Théridion bienfaisant et de plusieurs espèces du même genre qui s’y logent ; on ne s’en aperçoit nullement, parce qu’on n’éprouve alors aucune de ces saveurs désagréables souvent dues & certaines petites punaises » (Kiinckel).

Thiers, dans le Traité des superstitions, raconte qu’un religieux de la ville du Mans aperçut, en disant la messe, une grosse araignée tombée dans son calice : le cas était embarrassant. Le religieux avala l’insecte (sic) sans balancer : tous les fidèles s’attendaient k le voir périr I Quelles ne furent pas leur admiration et leur surprise quand ils aperçurent le pieux cénobite retrousser fièrement sa robe et leur montrer l’araignée qui lui sortait par la cuisse I Ce miracle fut consacré par l’institution d’une confrérie k laquelle le pape Paul V accorda des indulgences, qu’on appela les indulgences de l’araignée.

Les araignées et la connaissance du temps. Les araignées se montrent très sensibles aux moindres changements d’équilibre dans l’atmosphère, ainsi qu’aux variations des vents, et paraissent indiquer mieux que les baromètres, et cinq ou six heures d’avance, les changements qui doivent se produire. • Lorsque 1 araignée si commune dans nos jardins, lépeire-diadème ou porte-croix, dit Tasehenberg, rompt les fils principaux de sa toile suivant une direction déterminée et qu’elle se

cache ensuite, ou bien lorsque les araignées domestiques, les tégénères, les araignées à entonnoir, les ségestries, etc., s’enfoncent profondément dans leurs tubes et tournent leur extrémité abdominale dans une direction déterminée, alors on peut s’attendre à voir sévir bientôt sur le pays un vent violent. Quand l’araignée porte-croix assujettit au contraire, de nouveau, les fils de son cadre et se remet k l’affût, ou quand les autrt*s araignées précitées apparaissent & l’entrée de.leurs tubes, la tête dirigée en avant et les pattes étendues comme pour saisir une proie, alors on peut espérer que le calme va se rétablir dans l’atmosphère, » Cette réputation prophétique des araignées n’est pas sans avoir été exagérée et sans avoir aussi rencontré des sceptiques et des contradicteurs ; cependant, Brenm nous apprend qu’en 1794 « un événement vint faire revivre leur ancienne réputation, qui commençait à se perdre. Le chef de l’armée française, Pichefru, convaincu que la Hollande, couverteeau k ce moment, était infranchissable, se trouvait sur le point de rebrousser chemin. Pendant ses perplexités, il reçut une lettre de l’adjudant général Quatremère d’Isjonval, retenu prisonnier par les Hollandais ; il lui annonçait l’arrivée du froid dans l’espace d’une dizaine de jours. Pichegru s’arrêta ; le froid apparut et l’armée pénétra sans délai sur lu glace jusque dans Amsterdam. L’adjudant général, qui avait si heureusement transmis la prophétie des araignées, fut porté a Paris en triomphe ». Du reste, au dire de cet officier, qui l’a expliqué dans son Traité d’aranéologie, les araignées peuvent remplacer le baromètre, le thermomètre, l’hygromètre et l’eudiomètre. • Ainsi, en remplissant sa chambre d’araignées, on peut savoir parfaitement à quoi s’en tenir sur la pluie ou le beau temps, le froid ou le chaud, le sec ou l’humide, le bon ou le mauvais air (Kunckel). » Mais, au Japon, les araignées, loin d’être des messagères de bonnes nouvelles, sont accusées, au contraire, d’empêcher la transmission de toutes celles qui ont lieu par voie télégraphique ; elles tendraient, paraîtil, k la nuit, leurs toiles entre les fils aériens du télégraphe et les poteaux, et, comme les rosèea sont très abondantes, les toiles d’araignées deviennent conductrices ; de là, de nombreux troubles dans la transmission des dépêches.

Vol des araignées. Si extraordinaire que puisse paraître ce titre, il n’en est pas moins vrai que les araignées savent parfaitement se transporter d’un point k un autre, souvent fort éloigné, par voie aérienne. Les fils de la Vierge, qui, k l’automne, voltigent partout en flocons blancs, ne sont pas des débris de toiles d’araignées arrachées par le vent, mais indiquent simplement la route suivie par des araignées essentiellement coureuses et ne tendant pas de toiles. « Ces fils indiquent le chemin qu’ont suivi ces araignées voyageuses, soit pour chercher leur nourriture, soit pour s’isoler davantage, soit enfin pour échanger une résidence humide contre une autre plus élevée et plus sèche, en vue de l’hiver (KÛnckel). « Lorsqu’une de ces araignées veut opérer un voyage, elle pointe son abdomen dans la direction où elle veut aller, et qui est k peu près nécessairement celle du vent régnant ; de son abdomen part comme un trait un fil qui glisse • lentement dans l’air, poussé par un courant tellement faible que souvent nous ne pouvons le sentir, mais qui cependant existe toujours ; il se peut, en outre, que l’électricité négative du fil soit attirée dans l’air par l’électricité positive ». Au bout de ce fil, qui parfois, au lieu d’être simple, est un véritable faisceau, se laisse emporter l’araignée, et le petit aéronaute file ainsi k travers les airs. Veut-il s’arrêter en un endroit propice, il pelotonne son fil avec Ses pattes et ne tarde pas k atterrir dans la nouvelle région qu’il a choisie. C’est des Etangs et le R. P. Babaz qui ont le mieux étudié ce vol des araignées ; mais il avait déjà été observé fort anciennement par Lister, qui avait rencontré de ces petits voyageurs voguant au-dessus de lui dans les airs alors qu’il se trouvait sur le point le plus élevé du monastère d’York. Les araignées entreprennent même de passer les mers et les détroits, car Darwin a rencontré,

. k 60 milles marins de tout rivage, une troupe de petites araignées qui se reposa sur le navire.

Arachnides fossiles. Les formes paléozoïques sont remarquables par leur abdomen segmenté ; les premières connues proviennent des terrains carbonifères : ce sont des araignées, protolycosa anthracophila Rosni., des schistes carbonifères de Myslowitz en ijilésie. Cette espèce est parente du liphistius desullor Schiôdt, petite araignée actuellement vivante, mais elle en diffère par son abdomen segmenté, et paraît former avec celle-ci le passage des arachnides arthrogastres (k abdomen segmenté) aux aranéides. Les araignées fossiles k abdomen segmenté rentrent dans le groupe des Anthracomartides et se répa rtissent dans les genres Architarbus et Anthracomartus du carbonifère.

Ou retrouve dans l’ambre des représentants de presque tous les groupes des araignées actuelles, et les formes éteintes des archéides, représentées par le genre Archsea,