Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 17, part. 1, A.djvu/310

Cette page n’a pas encore été corrigée

APPR

APPR

APSI

APÙL

SO" ?

ture double ; surjets sur la lisière, sur plis rentrés. Confection d’ouvrages de couture, simples et faciles ; rapiéçage.

De onze à treize ans. Tricot de jupons, gilets, gants. Marque sur la toile. Piqûres, froncés, boutonnières, raccommodage des vêtements, reprises. Notions de coupe et confection des vêtements les plus faciles. Notions très simples d’économie domestique et application k la cuisine, au blanchissage et k l’entretien du linge, a la toilette, aux soins du ménage, du jardin, de la bassecour.

L’arrêté du 17 juillet 1882 porte : Art. 2, § S. Si dans une école il se trouve plus de deux élèves munis du certificat d’études qui, après avoir terminé le cours supérieur, désirent continuer leur instruction, il pourra être établi un cours complémentaire d’une année, conformément aux prescriptions du décret et arrêté du 15 janvier 1881. Art. 15, § 9. Pour les garçons aussi bien que pour les tilles, deux ou trois heures par semaine seront consacrées aux travaux manuels.

Le programme n’est pas défini, et M. Tresca, membre de l’Institut, dans son rapport sur l’enseignement technique, exprimait le vœu qu’en ce cours complémentaire le travail manuel fût déjà rendu plus spécial. « Il conviendrait, ajoutait-il, de remplacer la méthode pédagogique par l’esprit de production et de responsabilité personnelle. »

Depuis une douzaine d’années, l’administration de l’Instruction publique s’était préoccupée de la question de savoir s’il serait possible d’introduire utilement quelques exercices de travail manuel jusque dans l’école primaire. Les premiers essais ont été tentés à Paris, sur les conseils de M, Salicis, dans l’école primaire de la rue Tournefort, dont M. Laubier est le directeur. Les résultats obtenus ont été tels qu’à Paris, dès 1882, l’enseignement technique était introduit dans près de quatre-vingts écoles primaires.

En 1884, à Lille, fonctionnaient déjà six écoles primaires pour lesquelles on a eu recours, par voie de roulement entre elles, à 6 maîtres menuisiers, 6 maîtres ajusteurs et 6 maîtres tourneurs, pour 328 élèves.

À Lyon, il existe deux écoles, dites < de la Martinière >, fondées grâce aux libéralités du major général Martin, une pour les garçons, une pour les filles.

Un certain nombre d’autres villes ont des écoles primaires où se donne déjà l’enseignement technique ; beaucoup appellent l’application de la loi de 1882. Le personnel manque encore. M. Salicis a été quelque temps chargé de diriger une école spéciale dans laquelle ■18 instituteurs s’exerçaient *. toutes les habiletés pratiques.

II. Les écoles d’apprentissage proprement dites. Ces écoles sont des établissements dans lesquels on se propose de donner aux jeunes gens qui se destinent aux diverses parties d’une même profession un enseignement en commun, plus méthodique et plus surveillé que celui du simple apprentissage. L’enseignement comporte tout naturellement des leçons sur le lieu d’origine des matières premières employées, sur les divers modes de fabrication, sur l’utilisation des produits fabriqués ; il nécessite l’appel a, des connaissances au moins élémentaires en géométrie, en perspective, en mécanique, en physique, en chimie.

L’école d’apprentissage, en ce qui concerne le travail manuel, se rapproche de l’atelier industriel, l’enfant qui la fréquente y étant préparé en vue de cet atelier ; ni les corvées nécessaires à l’accomplissement de son travail personnel, ni celles qui sont également obligatoires dans le travail en commun ne lui sont épargnées.

Les écoles peuvent se diviser en plusieurs classes, suivant que l’enseignement technique se rapporte plus spécialement à l’industrie générale (arts mécaniques, arts textiles, art des mines, arts métallurgiques, arts chimiques), ou bien aux industries d’art s’occupant de la décoration en général, sous le nom de « art décoratif», et qui comprennent spécialement toutes les industries dans lesquelles le goût et la forme constituent le caractère dominant (arts somptuaires et du mobilier, arts vestiaires et tous ces objets de fantaisie dits articles de Paris).

Voici une autre classification de ces écoles : les unes sont des établissements non subventionnés ; d’autres sont des établissements de l’Etal, des départements et des communes ; d’autres encore, municipales ou non, parti. cipent aux allocations du ministère du Commerce.

Les principaux établissements non subvenventionnés sont : l’institution Saint-Nicolas (1827), l’école de la maison Chaix (1862), l’école de la maison Lemaire (1860), l’orphelinat de l’abbé Roussel (1869), l’école d’ébénisterie Lemoine, deux écoles de carrosserie, une école de tapisserie pour les femmes, à Paris ; les écotesde Saint-Pierre et de Notre-Dame, à Caen, où l’on forme des dentellières ; une école k Levallois-Perret pour les fleurs artificielles ; l’école des sœurs de la Sagesse à Saint-Loup (Haute-Saône), où s’enseigne la guipure, et celle des sœurs de la Charité de Luxeuil, où l’on apprend la broderie sur filet. D’autre part, nombre d’industriels ont déjà annexé k leurs fabriques des écoles dans lesquelles des enfants commencent leur apprentissage (filature, tissage, verrerie, faïencerie, peinture sur vitraux, etc.).

Parmi les établissements publics, il faut citer l’école d’apprentis de Paris, l’école des maîtres mineurs d’Alais.

L’École municipale d’apprentis de la ville de Paris (elle se trouve dans le quartier de La Villette) a été créée en 1872, sur la proposition de M. Gréard et sur le rapport de M. Beudant. « Art. 4. Une école d’apprentis sera créée, à titre d’essai et de type à proposer en exemple, » Le paragraphe 5 disait : ■ L’école-type sera établie pour les métiers du fer et du bois. Il est aussi impossible de réunir tous les métiers dans une même école que de créer de suite une école pour chacun ; il est possible cependant dégrouper certaines industries qui, quoique renfermant des spécialités diverses, ont des moyens d’action communs, et sous le rapport de l’apprentissage offrent une certaine unité : telles sont la charpente, la menuiserie, la grosse et la petite mécanique. Elles exigent toutes un certain nombre de notions scientifiques immédiatement réalisables, non impossibles k enseigner sous forme élémentaire ; elles ont des outils communs : le tour, la lime, le marteau, la forge, etc. ; on pourra, à propos d’elles, apprendre les modifications et la transmission des forces motrices ; en un mot, elles peuvent préparer l’enfant k aborder la pratique des métiers que le groupe comprend, par le maniement des outils générateurs de toutes les formes de travail. • L’école de La Villette est un externat ; le cours complet est de trois ans ; les 150 élèves travaillent de six k huit heures par jour a l’atelier.

Parmi les écoles subventionnées, il faut citer d’abord : celle du Havre, qui a été fondée, en 1868, sous l’administration de M. E. Larue, maire, avec le concours de M. Collard, ancien officier supérieur d’artillerie, adjoint. Les apprentis, au nombre de 204, dont 72 aux ateliers de travail du bois et 132 aux ateliers des travaux du fer, sont répartis en équipes de 6 élèves, comprenant 1 élève de troisième année et 2 à 3 de deuxième. Quand la nature du travail s’y prête, le chef d’équipe reçoit une commande, tient compte des matières premières à lui remises, des heures de travail employées, et établit le prix de revient des travaux réalisés ; il acquiert ainsi l’habitude de tenir une petite comptabilité. On adjoint k l’ensemble de ces équipes un ouvrier menuisier, un forgeron, un ajusteur, un tourneur et un serrurier. Les produits des ateliers consistent principalement, pour le bois, en objets destinés au bâtiment ou à l’ameublement, et pour le fer, en menues ferrures et jusqu’à des pièces de mécanique. Il n’est point demandé de chefs-d’œuvre, mais des objets simples et d’usage courant. La durée moyenne de l’apprentissage gratuit est de trois années.

11 faut citer encore : les ateliers d’apprentissage de la compagnie du chemin de fer du Nord, à Tergnier (une cinquantaine d’apprentis qui reçoivent un léger salaire) ; l’École industrielle de Nantes, fondée dès 1830 par une société (105 élèves destinés à devenir ajusteurs, chaudronniers, serruriers, fondeurs, menuisiers, sculpteurs, ébénistes, etc.) ; l’École de tissage, dirigée par M. Sadon, k Roubaix ; les écoles de Saint-Quentin, de Reims, de Douai, de Rouen, de Fiers ; les écoles d’horlogerie de Sallanches, de Chamonix, de Paris.

En 1884, lors de l’enquête n laquelle a fait procéder le ministère du Commerce, des municipalités ou des industries syndiquées avaient déjà exprimé le désir de créer des écoles d’apprentissage à Gap, Bourges, Roanne, SaiDt-Étienne, Le Puy, Cambrai, Liancourt, Montataire, Lyon ; Limoges (pour la cordonnerie et la saboterie et pour la typographie), à Paris (pour les industries du livre et celles du meuble). V. kcoi.es professionnelles.

Sur l’état de l’enseignement technique en France, voir les Rapports présentés en 1884 au Conseil supérieur de l’Enseignement technique, par MM. Tresca, Siegfried et de Combe tousse.

  • APPRÊTE s. f. Tranche de pain ; vieux

mot. — [Supprimé dans le Dict. de l’Acad., éd. de 1877.

  • APPROBATIVlTÉs. f. (a-pro-ba-ti-vi-térad.

approbatif). Phrénol. Désir de plaire, amour des louanges, qui est, selon les phrénoiogues, un des modes de l’instinct de la vanité. V. phrÉnoloqib, au tome XII du Grand Dictionnaire.

Approche du gros temps (l’)(paysage exposé par M. A. Demont au Salon de 1885. Il représente une dune tachée de mousses et de bruyères, qu’obscurcit brusquement l’arrivée de la tempête. Le ciel est troublé, plein de nuages menaçants ; la dune est déserte ; un village à toits rouges, tapi dans le sable, s’aperçoit à peine. Au loin la mer déferle. L’on, dulation des terrains est puissamment indiquée, et toute la toile est chaudement colorée. , M. Demont, dont les paysages le plus souvent , se caractérisent par l’impression d’une intimité poétique, a su dire avec éloquence en celte page le grandiose émouvant de la nature tourmentée et désolée.

  • APPROUVÉ adj. — Se dit d’un étalon appartenant

à un particulier et qui, par un cer* tincat d’approbation du directeur des haras

délivré sur la proposition d’un inspecteur de l’administration, est reconnu propre k concourir avec les étalons de l’État a. l’amélioration de la race chevaline.

  • APRÈS-DÎNÉE s. f. — Cette forme, ancienne,

est exclue par l’Académie dans son Dict., éd. de 1877 ; et après-Dîner, S. m., est préféré à après-dtné.

  • APRÈS-SOUPÉE s. f. — Forme ancienne ;

l’Académie, dans son Dict., éd. de 1877, préfère après-souper, s. m., à après-soupé et k après-SOupée.

Après Fontonoy on Manche à manche,

opéra-comique en un acte, livret de M. Galoppe d’Onquaire, musique de M. Wekerlin, représenté à l’Opéra national Lyrique le 28 mai 1877. L’intrigue n’est pas compliquée. Après une bataille qu’on a appelée Fontenoy, question de titre, Belfleur, maréchal des logis, a l’idée de s’introduire dans un château en se faisant passer par un officier supérieur. Il y est reçu par Marton, qui, sous les habits de la marquise, lui tient tête comme il faut, et tout Unit par un mariage.

La musique est accorte et dans le caractère du sujet. On y remarque un joli duo : Vous le voulez, belle marquise ; une chanson k boire dialoguée :

Le vin s’est pas comme les femmes, Plus il est vieux, plus il est bon.

Le tour en est gaulois, la mélodie franche et gaie. Ce petit ouvrage, qui serait un agréable lever de rideau, a été chanté par Lepers, Soto et Ml’« Parent.

Après la victoire, tableau de M. Georges Clairin, qui figura au Salon de 1885 et valut k son auteur une médaille de deuxième classe. La toile, de dimensions quasi-colossales (6m,50 sur 9m,45), était la plus importante du Salon. Tout en constatant une très réelle dépense de talent, la critique s’accorda k trouver dans cette composition au coloris éclatant, k l’aspect plutôt décoratif que vivant, moins de sûreté dans l’exécution que d’habileté dans l’agencement. Le lieu de la scène est une cour de palais maure, de même style et de même époque que la cour des Lions k l’Alhambra. Au premier plan, des cadavres de chevaliers chrétiens sont étendus parmi des amoncellements d’objets pillés ; au milieu, debout et vu de dos, un nègre gigantesque porte comme une offrande sur ses bras tendus une femme demi-nue et évanouie, tandis que, couchées à ses pieds, d’autres femmes implorent la pitié. Un escalier de marbre rose conduit k une vaste arcade sous laquelle se voit, monté sur un cheval noir, k demi caché dans l’ombre, l’émir en burnous vert, entouré d’étendards rouges. Au deuxième plan, k droite, k l’abri d’une tenture verte, se tiennent, sur les premières marches, deux chefs nègres coiffés de casques, et, plus haut, sur deux rangs, d’autres nègres drapés dans des burnous blancs. À gauche, au pied de l’escalier, un chef en robe bleue est agenouillé entre deux autres chefs prosternés la face contre terre, et offre k l’émir un plateau chargé d’objets précieux. On voit plus loin un cercle de prêtres en robe d’or, faisant des gestes d’adoration, et des chefs, au riche costume, portant des étendards. Dans le fond, sous un fourmillement de bannières multicolores, une foule de soldats à cheval se presse dans l’angle des colonnades roses. Ainsi qu’on l’a remarqué, le sujet même de ce tableau est décrit dans la Correspondance de Henri Regnault, dont M. Clairin avait été l’ami et le compagnon de voyage en Espagne et au Maroc. Acquise par l’État, cette œuvre fut envoyée pari administration des Beaux-Arts au musée d’Agen.

APREVAL (Max d’), pseudonyme du marquis Eugène de Lonlay. V. ce nom.

APSIDAL, ALE adj. (a-psi-dal, a-Ie— rad. apside). Géom. Se dit d’une surface dérivant d une autre de la manière suivante : par un point O, on mène un plan sécant, et dans ce plan la normale OA à la section ; puis, sur ta perpendiculaire élevée au point O k ce plan, on prend une longueur OM égale à la normale OA. Le lieu du point M est la surface apsidale k la surface donnée par rapport au point O.

— Encycl. Lorsqu’une surface A est apsidale d’une surface B par rapport à un point, la surface B est apsidale de la surface A par rapport au même point, et l’on peut substituer à la définition donnée plus haut la suivante, qui revient au même. Deux surfaces sont réciproquement apsidales l’une de l’autre par rapport à un point lorsque las cônes qui ont pour sommet le point et pour directrices les intersections des surfaces avec des sphères ayant pour centre le point, sont supplémentaires.

On appelle points correspondants de deux surfaces apsidales des points qui sont sur les génératrices correspondantes des deux cônes supplémentaires aux points d’intersection avec les sections sphériques correspondantes.

Voici quelques-unes des propriétés générales des surfaces apsidales : les plans tangents aux points correspondants sont perpendiculaires entre eux et au plan des génératrices correspondantes des cônes. Il s’ensuit que les normales aux points correspondants sont contenues dans ce dernier plan et rectangulaires entre elles.

Deux surfaces polaires réciproques par rapport k une sphère ont pour apsidales

par rapport au centre de cette sphère des surfaces qui sont polaires réciproques par rapport à la même sphère.

La surface des ondes lumineuses dans un milieu biréfringent est la surface apsidale d’un ellipsoïde par rapport au centre de l’ellipsoïde. V. onde.

La plus remarquable des surfaces apsidales est le tore, qui est la surface apsidale d’une sphère par rapport k un point quelconque de l’espace.

En effet, la surface apsidale d’une sphère par rapport à un point P est nécessairement de révolution autour de la droite passant par le point et par le Centre de la sphère ; le plan tangent k la sphère étant perpendiculaire au plan de la méridienne du point de contact, la méridienne de la surface apsidale n’est autre que le grand cercle de la sphère qui aurait accompli une rotation de 90° autour du point P dans son pian.

Comme le sens de la rotation n’est pas déterminé, la méridienne se compose de deux cercles symétriques par rapport k l’axe de révolution.

Les surfaces apsidales ont été étudiées par Catalan.

  • APSIDE s. f. Terme d’astronomie.-L’Académie,

antérieurement k l’édition de 1877 de son Dictionnaire, n’admettait ce mot qu’au masculin pluriel.

APTORNIS s. m. (ap-tor-niss — du gr. aptâs, solide ; omis, oiseau). Paléont. Genre d’oiseaux fossiles de la Nouvelle-Zélande dont on retrouve les ossements mêlés à ceux des notornis et des dinornis dans la vase des marais. Ces oiseaux, qui ont dû vivre k une époque relativement très récente, avaient des ailes atrophiées et un sternum dépourvu de crête ; leur taille égalait celle de l’outarde.

APTYCHOPSIS s. m. (ap-ti-kop-siss — du gr. a privatif ; ptux, pli ; ops, œil). Paléont. Genre de crustacés matacostracés fossiles des terrains silurien supérieur et dévonien, caractérisés par une carapace presque circufaire, composée de deux grandes pièces latérales et d’une pièce rostrale supplémentaire, en triangle.

Apuiie etLueamie, par M. François Lenormant (1883, 2 vol. in-8<>). Ces deux volumes sont le fruit d’une exploration accomplie par le savant académicien en compagnie de M. Felice Barnabei, directeur des musées et des fouilles d’antiquités du royaume d’Italie. Généralement les voyageurs présentent un tableau si enchanteur des pays parcourus par eux, qu’ils semblent inviter le lecteur à suivre leur exemple ; M. Lenormant les prévient au contraire que ceux qui ne se seront pas au préalable entraînés par quelque pèlerinage dans les déserts de l’Orient, et qui ne seront pas faits au manque de route, k l’horreur des mauvais gîtes, pleins de vermine gluante, feront bien de ne pas s’aventurer sur ses traces. Quoique le brigandage légendaire des Abruzzes ait complètement disparu et que des tronçons de chemin de fer sillonnent maintenant ces régions si longtemps k demi-sauvages, la civilisation n’y a pas encore beaucoup pénétré, peu de voyageurs les parcourent ; aussi nombre de découvertes archéologiques y sont-elles encore k faire, tandis que tout le reste du sol de l’Italie est si activement fouillé qu’une poterie ancienne ou un débris de statue y deviendront bientôt une insigne rareté.

Ce n’est pas qu’en archéologue, c’est aussi en touriste séduit par l’âpre beauté des paysages que M. Fr. Lenormant a visité la Pouille et la Lucnnie ; mais chez lui le savant domine, et ce qu’il a sous les yeux manquerait pour lui d’intérêt s’il n’y rattachait des souvenirs historiques, depuis les temps les plus anciens, les temps antérieurs même k la domination romaine, jusqu’à l’époque contemporaine et aux épisodes de chouannerie qui signalèrent la première période de l’établissement du royaume d’Italie. Ainsi, entre autres choses, on trouvera dans son livre, sur la campagne de Borges en 1861, de curieux détails qui modifient, dans un sens assez favorable k l’aventurier espagnol soldé par François II, ce qu’en a raconté l’histoire officielle. Chaque ville ou bourg, qu’il traverse, Tremoli, Ripalta, Foggia, Manfredonia, Lucera, peuplée de musulmans de Sicile par Frédéric II ; Costel-Fiorentino, où mourut ce grand empereur ; Melfi, le premier siège de Ta puissance des aventuriers Normands, sous Robert Guiscard ; Venusa, l’antique Venouse où naquit Horace et où l’on montre, vraie ou fausse, sa maison, est pour lui l’occasion d’une intéressante dissertation, leçon d’histoire faite sur les lieux et qui rectifie on complète l’histoire elle-même. Notons une belle page sur la mort de Frédéric II k qui son astrologue avait prédit qu’il mourrait < près de la porte de fer, dans un lieu dont le nom rappellerait le mot Heur >, et qui arrivé malade k Castel Fiorentino, faisant démolir la cloison qui masquait une ouverture anciennement bouchée, se trouve en présence d’une porte de fer. Pris aussitôt de sinistres pressentiments, il s’alite et ne tarde pas k expirer. Des débris de poterie trouvés a Lucera permettent au savant voyageur de fixer au xiii* siècle l’introduction de la céramique arabe en Apulie, en même temps que d’autres tessons lui font voir l’art du pu» tier exercé déjk avec un» certaine habileté.