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française, unies au xiu^ siècle par un lien commun, se sont peu à peu éloignées l’une du l’autre à tel point que la comparaison n’est plus possible aujourd’hui, c’est que l’influence saxonne, un instant étouffée, mais non détruite par la conquête normande, a bientôt repris le dessus et n’a plus cessé d’être, depuis le roi Jean, la principale source des institutions et des lois anglaises ; aussi l’auteur s’attache-t-il à faire connaître avec la plus parfaite précision ce droit saxon fondé sur les ruines des antiques coutumes csltiques. Droit politique, droit civil, organisation judiciaire, procédure, droit pénal, sont successivement exposés et comparés aux lois franqu.es qui sont de même origine que les lois saxonnes. M. Glasson traite ensuite du régime politique et du régime civil dans leurs rapports avec l’Église. Enfin, comme transition entre la première et la seconde période, il montre les rapports multipliés des Saxons et des Normands avant la conquête de Guillaume le Bâtard.

Le second volume comprend la Conquête normande et les premiers temps qui l’ont suivie. On assiste à la modification profonde du droit saxon par le droit normand, bien que les lois saxonnes soient demeurées en vigueur dans les relations des anciens habitants entre eux, et on constate que, malgré la violence du conflit, l’assimilation se fit plus rapidement qu’on ne le croit d’ordinaire entre les deux peuples. De même que dans le premier volume, M. Glasson étudie tour a tour les institutions politiques, l’organisation judiciaire, le droit civil, le droit pénal, etc. Après le procès qui fait perdre à Jean sans Terre toutes ses possessions en France et rompt à jamais les liens qui unissaient la Grande-Bretagne à la Normandie, commence une troisième époque, » Le droit anglais, abandonné à lui-même, se développa avec une entière liberté, conformément au génie de la nation. Le droit romain, qui avait pénétré en Angleterre à la suite îles Normands, se trouva de même atteint par cet événement. » M. Glasson présente le tableau du droit anflais sous le règne de Jean, de Henri III, Édouard 1er et d’Édouard II, montre les analogies intéressantes du droit anglais et du droit français, analogies qui vont bientôt disparaître, car a partir du xv» siècle, ce sont les rois qui ont le pouvoir législatif en France, leurs ordonnances formant de véritables codes, tandis qu’en Angleterre le pouvoir législatif appartient au Parlement. « En Angleterre la procédure reste féodale, ainsi qu’une grande partie du droit civil ; en France, au contraire, la procédure devient canonique, le droit civil est pénétré par la législation romaine, et les coutumes finissent par l’emporter sur le droit féodal. » Ce troisième volume se termine par un exposé rapide et précis de l’ancien droit du pays de Galles, de l’Irlande et de l’Écosse.

La fusion des Normands et des Saxons est achevée, un nouveau peuple est né, le peuple anglais, qui fait durement sentir sa puissance à. la France durant la guerre de Cent ans. Cette quatrième période forme un volume qui a pour sous-titre ; le Développement des institutions politiques et du régime civil. • Sous Édouard III s’établit la forme actuelle du Parlement, par la séparation des lords et des communes ; un acte du Parlement substitue le latin au français dans les procédures judiciaires, et efface une des traces les plus fortes de la conquête normande. » La nation perd le droit d’élire les shériffs et les conservateurs de la paix ; le jury est amélioré, le régime de la propriété se développe régulièrement, des mesures énergiques sont prises pour limiter l’enrichissement de l’Église. On voit combien ce seul règne d’Édouard III mérite d’arrêter l’attention du jurisconsulte et du publiciste. Sous Richard II, c’est la lutte du roi contre les établissements de mainmorte ; alors s’instituent le régime des uses et la jurisprudence des fldéi-commis. « Les fonctions de chancelier furent considérablement augmentées ; la juridiction du Parlement fut mieux précisée ; la cour du connétable et du maréchal fut réformée ; on élargit les pouvoirs des juges de paix ; enfin plusieurs abus de procédure furent réformés. » Peu h peu se forme définitivement le droit anglais, qui affirme sa nature, ses qualités propres comme ses défauts. Sous Henri IV, c’est la justice qui est surtout améliorée, après les lutte» sanglantes de la guerre des Deux-Roses ; la cour de chancellerie prend une importance considérable ; les shériffs sont dépouillés, au profit des juges de paix, de toute juridiction criminelle ; enfin le régime de la propriété foncière s’établit solidement et devient à peu près semblable au régime actuel.

Ici le droit anglais est fondé ; ses traits caractéristiques ne s’altéreront plus sensiblement par la suite. Aussi, au point de vue de ce droit, le cinquième volume n’a qu’une importance secondaire. L’auteur nous peint à grands traits la Réforme religieuse, puis la Révolution politique qui a préparé 1 avènement de Guillaume d’Orange en 1688,

Les deux dernières parties de l’ouvrage comprennent le Régime parlementaire inauguré au xvni6 siècle, avec la Chambre des lords toute-puissante, grâce à l’influence qu’elle possède sur les élections de la Chambre des communes, et le Régime actuel, avec l’exposé « détaillé des réformes de 1873, qui ont pro ANGL

fondement modifié l’organisation judiciaire et la procédure. L’ouvrage s’achève par quelques pages de conclusion, où l’auteur annonce l’avènement lent et régulier de la démocratie ; il expose brièvement que la question qui s’impose aujourd’hui à l’attention du peuple anglais, c’est la question agraire ; il salue toutes les réformes bienfaisantes qui s’accomplissent en Angleterre, où pas un besoin d’une portion quelconque de la nation n’échappe à la surveillance attentive des pouvoirs publics et des citoyens ; M. Glasson termine en se demandant avec une certaine mélancolie « ce que deviennent la vieille Angleterre, ses institutions, ses mœurs et ses monuments ».

L’ouvrage de M. Glasson a sa place marquée parmi les œuvres juridiques les plus importantes de notre époque. Il fut couronné par l’Institut ; et comme l’a dit fort bien M. Giraud, rapporteur de la commission à l’Académie des sciences morales et politiques, ■ l’auteur a élevé un monument véritable a l’histoire du droit anglais. Ce monument n’existait pas, l’Angleterre nous en aura l’obligation ».

Angleterre (l') et l’émigration française,

par André Lebon (1888, in-S<>). L’Angleterre, qui fut l’ennemie la plus ardente de la Révolution française, ne négligea rien pour l’entraver : dissensions intestines créées chez nous par cette grande lutte, craintes suscitées dans les cours européennes par la propagation des idées nouvelles, haines nationales excitées par nos victoires, elle profita de tout. Mais elle se servi ! particulièrement du parti royaliste, et M. André Lebon s’est proposé, dans l’ouvrage que nous analysons, de rechercher dans quelle mesure et dans quel but l’Angleterre tira parti de la réaction èmigrée, aussi bien que les causes pour lesquelles elle ne put obtenir des royalistes français tout ce quelle en avait attendu d’abord. Le cabinet britannique n’avait pas oublié l’appui prêté par Louis XVI aux États-Unis d’Amérique, et, au mois de février 1793, lorsque lord Granville ordonna à notre ara ■ bassadeur de passer le détroit, il jugeait lo' moment favorable pour s’emparer des rares colonies que nous avait laissées le traité de Paris et pour rabaisser « notre orgueil • ; en second lieu, Pitt redoutait les progrès des principes révolutionnaires. Dès la déclaration de guerre, les bâtiments anglais s’emparèrent de Tabago, de Saint-Domingue, de la Martinique, et purent occuper la Corse et Toulun, ce qui leur assurait la domination de la Méditerranée. Ses intérêts sauvegardés, la Grande-Bretagne s’adressa, en 1794, à l’Europe, résolue à essayer, par tous les moyens, de rétablir le régime constitutionnel en France et d’acquérir ainsi l’alliance fidèle du monarque qu’elle aurait placé sur le trône. Wickham, envoyé à Berne, reçut en conséquence la mission de fomenter des troubles à l’intérieur de la France, pendant que l’on déciderait les puissances à se coaliser contre la République, et que lord Macartney, délégué à Vérone, ferait agréer au prétendant des conseils de modération qui faciliteraient son retour. Ni Wickham ni Macartney, pour des raisons que l’on trouvera développées tout au long dans l’ouvrage de M. Lebon, ne réussirent dans leurs tentatives, et les rapports de l’Angleterre avec l’émigration, de 1794 à 1801, se résument en une suite d’échecs et de déboires. Cet avortement d’une entreprise basée sur la force, l’intrigue et la corruption doit être attribué à l’opposition des intérêts britanniques et royalistes et a l’intransigeance de Louis XVIII ; mais il est certain toutefois que, si les rivalités des alliés Servirent la Convention nationale,)a conjuration la plus habilement ourdie ne pouvait triompher des élans formidables des soldats républicains. « Tandis que l’on discutait à Vérone, dit M. Lebon, la restauration de l’ancien régime, à Vienne le morcellement de la France, la France s’armait, organisait la victoire et repoussait l’étranger. •

Angleterre (LA VIE PUBLIQUE En), par Philippe Daryl (1884). Cet ouvrage est le fruit des loisirs qu’un exil de quelques années a faits à son auteur, M. Paschal Grousset, ancien membre de la Commune de 1871 ; il a paru par chapitres détachés dans le journal > le Temps », ce qui témoigne suffisamment de sa valeur littéraire, en même temps que de l’apaisement produit par l’éloignement et l’expérience de la vie chez l’évadé de Nouméa. Son livre est du reste bien composé, d’une lecture attrayante et plein de renseignements. On y chercherait en vain des

récriminations contre la Franco, dont l’auteur était forcé de se tenir éloigné tant que l’amnistie ne l’y rappellerait pas, ou une apologie du parti qui lui avait valu son exil ; on y trouverait au contraire, en maints endroits, une critique indirecte des procédés violents de la presse qui se prétend démocratique, M. Paschal Grousset a manifesté ainsi sa rupture complète avec ses anciens frères d’armes, qui dès lors le considérèrent comme un transfuge, puisqu’il était devenu raisonnable.

L’ouvrage de Ph. Daryl est divisé en trois parties ; la première traite du Livre, du Journal, du Théâtre, de la Poésie et de la Science ; fa seconde, du Parlement et des Corporations municipales ; la troisième, de la Reine, de l’Armée de terre et de mer, des Tri-

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bunaux et de la Police ; on a ainsi un ensemble complet de ce qui constitue la vie publique. Ce qui frappe naturellement dans cet exposé, ce sont les contrastes avec ce qui se passe en France. Ainsi, dans !e chapitre consacré au Livre, l’auteur nous explique pourquoi un roman en Angleterre ne peut se vendre à moins d’être en trois volumes, tandis qu’en France, c’est tout le contraire : en deux volumes il se vend quatre ou cinq fois moins que s’il était en un seul, et en trois volumes il ne se vend pas du tout. Et cependant un roman en trois volumes coûte, en Angleterre, environ75 francs. La raison de cette anomalie apparente est dans l’existence des ■ librairies circulantes», où l’Anglais s’approvisionne moyennant un abonnement. Des éditions entières sont achetées par ces librairies, et non, comme chez nous, par les particuliers. Or tous les Anglais lisent ; l’abonnement à lalibrairie, une centaine de francs par an, est ■ l’impôt intellectuel, la taxe volontaire du chef de famille, pour que les siens puissent participer a la vie intellectuelle du pays ». Pour la convenance de ces librairies, il faut que l’ouvrage en renom soit divisé en plusieurs volumes qu’on puisse louer séparément. La diffusion du livre, qui doit aller dans toutes les mains, explique de reste les tendances des écrivains anglais à n’effleurer que très superficiellement les sujets familiers aux romanciers français. Nul romancier n’écrira ce qu’il ne dirait pas à haute voix dans un salon, devant des jeunes filles. Le chapitre consacré au Journal est très remarquable ; il est plein de renseignements précis 3ur la rédaction et l’administration de ces immenses feuilles anglaises, « le produit le plus parfait, le plus extraordinaire de l’industrie humaine, celui qui résume tous les progrès et qui est en quelque sorte la résultante de toutes les découvertes. Activité littéraire et artistique, chemins de fer, télégraphes, lumière électrique, machines à vapeur, procédés industriels poussés jusqu’aux dernières limites du raffinement, division et précision du travail confinant au miracle, il n’a fallu rien moins que le concours de toutes ces forces pour vous livrer à point ce miroir étonnant, cette photographie instantanée du monde tel qu’il était il y a tout justement deux ou trois heures : huit pages d’un mètre carré ou peu s’en.faut, imprimées sur sept à huit colonnes de caractères fins et présentant en bloc toute l’histoire politique, financière, commerciale, industrielle, littéraire, de la journée d’hier, non seulement à Londres, mais à Paris, à Vienne, à Pétersbourg, à New-York, à Calcutta, dans les coupe-gorge de l’Afghanistan, dans les déserts africains et généralement partout où il s’est produit un fuit de quelque intérêt, la matière de deux volumes, et le fruit de la collaboration de cent mille hommes». Les reporters anglais et celui qui les prime tous, M. Archibald Forbes, du « Daily News », leur activité dévorante, (es expédients bizarres auxquels ils ont quelquefois recours pour être les premiers informés, sont naturellement l’objet de curieuses pages. Notons dans les autres parties : Une séance à la Chambre des communes, photographie animée à la suite de laquelle l’auteur a placé quelques portraits d’hommes politiques : Charles Dilke, le marquis de Hartington, Bradlaugh ; Une élection législative, ou se déroulent ces tumultueuses scènes d’embauchement, avec accompagnement d’orchestres ambulants, de vociférations, de gin et d’ale coulant à flots, sans lesquelles Q ne se crée pas un député en Angleterre. Tout ce qui, dans le livre de Ph. Daryl, a trait à la police, aux tribunaux, aux assises, est exposé avec beaucoup de clarté et de précision, de façon surtout à faire ressortir les contrastes de notre législation et de nos habitudes judiciaires avec celles de nos bons voisins d’outre-Manche.

Angleterre (L’EXPANSION DB L'), par J.-R.

Seeley, traduit de l’anglais, par Baille et Rambaud (Paris, 1885, in-16). En Angleterre comme en France, on est très divisé sur la question coloniale ; les uns demandent l’abandon pur et simple, les autres proclament que

« pas un rocher sur lequel a flotté le pavillon britannique ne doit être abandonné »."Entre ces deux extrêmes s’est fait jour l’idée qu’une très grande autonomie accordée aux colonies de sang anglais pourrait se concilier avec le maintien de l’empire dans son intégrité, et cette idée s’est traduite par une politique plus libérale dans le régime des possessions d’outre-mer : c’est ainsi que se sont formés de véritables États n’ayant avec la mère patrie d’autre lien qu’un lien administratif (Canada, Cap, Australie).

Mais au lieu de ces confédérations particulières, pourquoi pas une confédération

unique embrassant à ta foi3 la métropole et les colonies ? Le temps n’est plus où il doit y avoir des peuples dominants et des peuples dominés : au Canada, en Australie, etc., il y a des sujets de la reine, qui devraient tous avoir les mêmes droits... et les mêmes charges. Telle est, en résumé, la thèse soutenue par M. Seeley. Certes, ce serait là un État très vaste, mais pas plus vaste que l’empire russe, par exemple. D’ailleurs, la vapeur et l’électricité suppriment les distances. Le Parlement qui siège à Londres fut autrefois

« le Parlement anglais* ; depuis l’union avec l’Inde, on l’appelle de Parlemeflt.t’mperta^. Eh

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bien ! pense M. Seeley, il ne sera vraiment impérial que lorsqu’il représentera vraiment l’empire, e est-à-dire cette Angleterre inunensémentagrandie, cette • Plus Grande-Bretagne»

(Greater Sritain), sur laquelle le soleil ne se couche pas. La vraie politique coloniale, c’est celle qui fondera l’empire anglais sur l’égalité de ses membres.

L’ouvrage de M. Seeley n’est pas un livre de doctrine. La théorie de l’auteur ressort' surtout de la lecture de son travail, au lieu d’y être précisément démontrée, et ce travail est principalement consacré à l’étude de l’Inde, à l’histoire de la formation de l’empire colonial anglais.

Angleterre (HISTOIRE CONTEMPORAINE D'),

par M. Justin Mac-Carthy, traduite en français par M. Léopold Goirand (1885-1886, 5 vol. in-8°). L’auteur exagère sans doute un peu lorsqu’il affirme que, si, par hasard, toutes les sources d’informations venaient à manquer à la fois, l’histoire de l’Europe pourrait être reconstituée avec la seule histoire de son pays, tant est grande l’influence qu’exercent les événements du continent sur l’état des esprits et sur la politique générale en Angleterre. « De même que I astronome, dit-il, peut affirmer l’existence et indiquer la grosseur

d’une étoile que les plus puissants télescopes

ne peuvent découvrir, par la seule perturbation qu’elle cause parmi les astres qui se meuvent dans son orbite, de même celui qui étudie l’histoire d’Angleterre peut reconnaître les commotions qu’éprouvent les autres puissances aux contre-coups qui se font sentir dans le Royaume-Uni. » Sa thèse est en partie vraie, surtout pour ce qui regarde l’époque contemporaine ; l’histoire du peuple anglais s’y trouve si intimement mêlée à celle des autres États de l’Europe qu’on ne l’en séparerait pas facilement. De plus, par Ses possessions dans toutes les parties du monde et par les difficultés que ces possessions lui soulèvent de temps à autre, son histoire devient un peu une histoire universelle. C’est de cette façon que M. Mac-Carthy a compris son Histoire contemporaine d’Angleterre. Il la fait commencer en 1837, à la mort de Guillaume IV et à l’avènement de la reine Victoria ; dès le troisième chapitre, après avoir consacré la second à l’esquisse des partis et des hommes d’État anglais, il nous transporte au Canada et nous fait assister à l’insurrection dont lord Durham parvint à se rendre maître ; la Guerre de l’opium nous mène en Chine, et le Désastre de Caboul en Afghanistan. Ces chapitres, d’une importance capitale et présentant sous la forme d’une narration rapide un résumé très bien fait, sont naturellement coupés par d’autres, relatifs à l’histoire intérieure de l’Angleterre : le Chariisme, cette révolution embryonnaire du prolétariat (1838), le Mariage de la reine, les Mouvements religieux, le Libre échange, le Ministère Peel. Irlandais, M. Mac-Carthy a porté toute son attention sympathique sur la crise économique qui, dès cette époque, déterminait en Irlande le mouvement séparatiste. Les causes de cette agitation, qui n est pas près de finir, sont très finement étudiées dans le chapitre Xlt de son premier volume. Notons pourtant, à l’éloge de l’historien, qu’il sait y faire preuve d’une remarquable impartialité, en ne donnant pas tous les torts aux Anglais. Sa qualité d’Irlandais lui permet également de ne pas tout approuver aveuglément dans la politique des Anglais aux Indes, en Chine, dans l’Afghanistan, bien mieux, de dire souvent à ses compatriotes les plus dures vérités.

Dans les questions internationales, cependant, on s’aperçoit aisément que c’est un Anglais qui parle, et pas toujours avec justice. Ainsi, à propos de la révolte de Méhémet-Ali contre le sultan en 1840, et de la campagne conduite contre lui par l’Angleterre, M. Mac-Carthy raille les terreurs de M. Thiers, qui dénonçait dès lors les visées de nos bons voisins sur l’Égypte et voulait qu’on prît contre eux les plus énergiques résolutions ; il proteste du désintéressement absolu de l’Angleterre. La suite des événements a prou vé, au contraire, combien M. Thiers voyait juste : le bombardement d’Alexandrie et la bataille de Tel-el-Kébir sont comme l’épilogue de la pièce que les Anglais commençaient & jouer en 1840. En racontant la guerre de Crimée, faite par nous au profit des Anglais, M. Mac-Carthy ne manque pas de donner à l’armée anglaise le premier rôle ; c’est elle qui fait tout et nous ne sommes que des auxiliaires • ne rendant pas toujours tout l’effet utile que nous semblions promettre ». Il y a la une illusion d’optique assez singulière. Mais ce ne sont que des critiques de détail, et l’historien, en somme, y donne assez rarement prise. » Dans son ensemble, dit très bien le traducteur, Y Histoire contemporaine d’Angleterre constitue une œuvre bien conçue dans ses proportions et bien traitée dans chacune de ses parties. Les faits sont exposés avec clarté et précision ; les caractères, soigneusement décrits, ne manquent ni de relief ui de couleur. Le lecteur peut voir par ses propres yeux, juger par sa propre conscience. Les appréciations sont en général sobres et impartiales, inspirées par un profond sentiment de justice et un grand amour de la liberté. »

Angleterre (i.'), l’Écosse et l’Irlande, par

P. Villars (1885, l vol. in-8°). Ce volume est le fremier d’une collection intitulée :» le Monde