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11 s’adonna à l’étude des sciences naturelles et enseigna la botanique à Upsal, puis à Stockholm. De 1851 à 1853, il fit, comme botan ste, sur la frégate suédoise ■ Eugénie », un voyage autour du monde et il en rapporta un grand nombre de plantes et de matériaux précieux pour la science. Ce savant fut nommé en 1855 professeur de botanique à Lund, qu’il quitta l’année suivante pour occuper udb chaire à Stockholm, où il fut, en outre, intendant des Collections de botanique de l’Académie des sciences. On lui doit des ouvrages estimés, notamment : Salices Lapponix (1845) ; Conspectus vegetationis Lapponiœ (1846) ; Monographia salicum (1848) ; Atlas de la flore Scandinave (1849) ; Cyperacex Scandinavie (1849) ; Descriptioves graminearum quas in régions Mozambiguensi legit Peters (1849) ; Notices botaniques (1849-1863) ; Traité de botanique (1851-1853, 3 vol.) ; Graminem Scandinavie (1852) ; Navigation autour du monde (1853-1854, 3 vol.), ouvrage qui a é’.é traduit en plusieurs langues ; Flore des îles flalapagos (1858-1860) ; Introduction à la botanique (1859-1863).

ANDERWERT (Fridolin), homme politique suisse, né à Emmishofen, dans le canton de Thurgovie, en 1828, mort à Berne, le 25 décembre 1880. Il rit son droit à Heidelberg et à Berlin, puis exerça la profession d’avocat dans son pays. En 1868, il se mit à la tête du mouvement démocratique de Thurgovie, et devint, en 1869, conseiller du gouvernement. L’année suivante, il fut nommé président du conseil national, et en 1876, membre du conseil fédéral. Devenu ministre de lu justice, il dota son pays d’une législation commerciale. En 1879, il fut nommé vice-président du conseil fédéral, et en décembre 1880, président de la confédération pour 1881. Les injustes et violentes attaques dont il fut alors l’objet dans quelques journaux l’affectèrent à tel point qu’il se suicida cinq jours avant la date où il devait entrer en fonctions.

ANDÉSINE s. f. (an-dé-zi-ne — rad. Andes). Miner. Variété de feldspath se rapprochant par sa forme cristalline de l’albite et de l’oligoclase.

— Encycl. La composition de Yandésine est représentée par la formule RO.Als03,4SiOs, dans laquelle R est un mélange en proportions indéterminées de sodium Na’ et de calcium Ca. Elle contient en outre des traces de magnésium, de potassium et de fer. Ce minéral est difficilement attaquable par les acides et à peine fusible au chalumeau, sur les bords d’un éclat, en un verre laiteux. On trouve l’andésine dans les porphyres et les syénites des Vosges, des Andes, etc.

ANDEVILLE, commune de France (Oise), arrond. et à 24 kilom, de Beauvais, cant. et à 4 kilom. N.-E. de Méru ; 1.406 hab. Tabletterie et fabriques d’objets divers (éventails, boutons, couverts, etc.) en os, en nacre, en ivoire et en corne de buffle.

AND1ANI, peuple d’Afrique qui habite les deux rives de l’Ogôoué, au N. de Franceville (Congo français). Le pays est parcouru du S.-O. au N.-O. par la rivière de Lekelé, qui se jette dans l’Ogôoué, un peu en amont de lu chute et du village de Mopoco. ANDIGNÉ (Henri-Marie-Léon, marquisd’). général et homme politique français, né à Orléans le 19 novembre 1821. — Réélu sénateur dans Maine-et-Loire, le premier sur trois, le 5 janvier 1879, il à Constamment voté avec la minorité hostile au gouvernement républicain.

»ANDLAU (Joseph-Hardouin-Gaston, comte n’), général et homme politique fiançais, né à Nancy le 1er janvier 1824. — Au Sénat, il siégea parmi les républicains modérés. Après le coup d’État parlementaire du 16 mai 1877, il se prononça dans les bureaux contre la dissolution de la Chambre, demandée par le maréchal de Mac-Mahon ; toutefois il s’abstint lors du vote (22 juin), et pour expliquer son abstention il écrivit : « Devant la personnalité du président de la République et du chef militaire, cette attitude de ma part m’a paru plus correcte ; quoique j’en puisse penser, il ne me convenait en aucun cas de me mettre en opposition directe contre ses actes. » M. d’Andlau prit part, à diverses reprises à la discussion de la loi sur l’état-major. Il vota avec lu gauche contre la proposition Kerdrel, blâmant la commission d’enquête nommée par la Chambre pour examiner les actes du cabinet de Broglie, pour.la loi sur le colportage, pour l’amnistie partielle, etc., et fut réélu sénateur dans l’Oise, lu 5 janvier 1879, le premier sur trois par 525 vnix. Promu général de brigade, le 14 janvier de la même année, il fut chargé de commander la 8» brigade d’infanterie du 2* corps jusqu’au 13 mars 1883, époque où, sur sa demande, il fut mis en disponibilité. Au Sénat, il a continué à voter avec les républicains modérés.

  • ANDLAW (Henri-Bernard d’), homme politique

allemand, né le 20 août 1802. — 11 est mort près de Fribourg-en-Brisgau, le il mars 1871. Il a laissé entre autres écrits : l’Insurrection et l’anarchie de Bade comme suite naturelle de la constitution (1850).

"ANDORRE (république d’).—La superficie de ce petit État est de 452 kilom. carrés, et sa population de 5.800 hab. Sa constitution, çui durait à peu près telle quelle depuis

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Louis le Débonnaire, a été légèrement modifiée en 1866. L’assemblée élective, dite ■ Illustre conseil général des Vallées», et les conseils de paroisse, qui se recrutaient eux-mêmes et constituaient un gouvernement oligarchique, furent remplacés par îles assemblées élues pour deux ans par tous les chefs de famille. Le conseil général se compose de vingt-quatre membres, dont douze élus chaque année, auxquels s’adjoignent les douze élus de l’année précédente ; de plus, le syndic général, en qui réside le pouvoir exécutif, et que le conseil général nommait à vie, est devenu annuel, comme l’assemblée dont il tient ses pouvoirs. Il ne fut alors, du reste, dérogé en rien à ce qui touchait les droits de la France et de l’Espagne, c’est-à-dire que la république d’Andorre continua toujours à être placée sous la tutelle politique de deux viguiers, l’un à la nomination de la France, représentée par le préfet de l’Ariège, et l’autre à celle de l’Espagne, représentée par l’évêque d’Urgel.

Cette petite révolution ne s’était pas accomplie sans encombre ; il y avait eu quelques coups de fusil tirés. Les troubles prirent des proportions plus grandes l’année suivante, en 1867, à.l’occasion des propositions faites par une compagnie financière qui se proposait d’installer une roulette sur le territoire andorran et devait, en échange de la concession, couvrir le pays de routes et d’écoles. Le syndic général, don Guillem, favorisait ces vues ; la concession fut votée, puis retirée, et dès ce moment la population paisible des vallées se trouva partagée en deux camps ennemis. Le viguier espagnol, Lirnalot, homme d’énergie, ayant vigoureusement comprimé une insurrection fomentée par la Compagnie évincée, l’ordre était rétabli, lorsque l’évêque d’Urgel destitua ce viguier et le remplaça par te chef de l’insurrection vaincue, Daillères, montrant ainsi de quel parti il était dans la question qui divisait la république. Le conseil général, fort de l’appui du viguier français, refusa de reconnaître le nouveau viguier espagnol, ainsi que de revenir sur sa décision relativement aux jeux : Daillères ainsi que Guillem furent contraints de quitter le territoire de la république. L’évêque d’Urgel s’abstint dès lors de nommer un viguier (1S67-1880).

Douze années de calme s’écoulèrent, malgré les tentatives gue fit l’évêque d’Urgel pour contre - balancer 1 influence française lorsque les carlistes, dont il était un des plus fougueux partisans, l’eurent réinstallé à la Seu d’Urgel. Les troubles recommencèrent en

1880, toujours à l’instigation de la Compagnie des jeux, qui ne renonçait pas à ses espérances. Le 8 décembre, deux cent cinquante hommes armés envahissaient la capitale du pays, Vieille-Andorre, forçaient le syndic général à livrer les sceaux et installaient un gouvernement révolutionnaire, k la tête duquel ils plaçaient les citoyens Pla et Baro, compromis dans l’insurrection carliste. Les viguiers, tant espagnols que français, ne résidant pas en hiver sur le territoire de la république, où ils seraient bloqués par les neiges, sont alors remplacés par des bayles ou baillis, chargés conjointement de la justice criminelle et de la justice civile. Le bayle français, seul en exercice, Anton Cergueda, fut amené devant la junte révolutionnaire, et contraint d’adhérer à l’insurrection ; le viguier français, M. Ladevèze, accouru en toute hâte pour prêter assistance à son lieutenant, se vit forcé de repasser la frontière. L’évêque d’Urgel, sous la protection duquel s’étaient dès l’origine placés les émeutiers, profita des circonstances pour reprendre possession des droits qu’il avait durant douze ans négligés, et tâcher d’évincer entièrement l’influence française ; mais la gouvernement espagnol ne le soutint pas dans cette extravagante prétention. Restée maîtresse, la junte révolutionnaire approuvait, en février

1881, l’installation d’un casino de jeux de hasard, sur le modèle de celui de Monaco, en échange de la création d’une route, d’un hôpital et d’une subvention annuelle de 48.000 francs ; ce fut son seul acte marquant d’autorité. Des six paroisses dont se compose la république : Andorre-la-Vieille, Ordino, Encamp, la Massane, San-Julia et Canillo, les deux dernières seulement étaient pour elle. Grâce à l’intimidation, en écartant du scrutin, à coups de fusil, ses adversaires, c’est-à-dire le parti français, en menaçant le consul de France, M. Imbert Goubeyre, envoyé en qualité de commissaire pour rétablir l’ordre, de le passer par les armes, elle parut sortir victorieuse des élections générales faites le 8 mars. Mais la France et l’Espagne, qui s’étaient mises d’accord pour ne pas tolérer à Andorre l’établissement de la roulette, cassèrent ces élections comme entachées de violences, et firent bloquer les vallées des deux côtés frontières par des cordons de troupes, pour réduire la révolution par la famine, les Andorrans tirant presque toutes leurs denrées d’Espagne ou de France. La population, ruinée dans son commerce et privée des objets les plus indispensables, ne tarda pas à se révolter ; le 7 juin 1881, trois cents des principaux habitants obligeaient la junte révolutionnaire à se démettre, et de nouvelles élections, plus loyalement opérées, mettaient fin au désordre. L’année suivante, le gouvernement français, par un décret du S juin 1882, transférait au préfet des Pyré ANDR

nées-Orientales les pouvoirs exercés jusquelà par celui de l’Ariège, et chargeait le souspréfet de Prades de représenter notre pays dans ses rapports avec les autorités andorranes et te co-prince, évêque d’Urgel. Cette modification, sans porter atteinte à l’institution séculaire des viguiers, avait seulement pour but de rattacher plus étroitement à la France la république d’Andorre, en déléguant le pouvoir au fonctionnaire français le pins rapproché de la frontière. Pour donner satisfaction aux désirs du pays, il fut de plus convenu que la France établirait une route carrossable passant par les Escaldas, et un service télégraphique. Ces innovntions, qui n’étaient pas du goût des révolutionnaires, puisqu’elles supprimaient les besoins urgents sur lesquels s’appuyaient principalement la compagnie des jeux, provoquèrent une nouvelle émeute. En août 1882, les ouvriers occupés à poser les poteaux télégraphiques étaient maltraités, forcés d’abandonner leur besogne, et les poteaux déjà posés sur une longueur de 7 kilomètres, renversés dans la majeure partie du parcours : un curé ayant fait partie des bandes carlistes "présidait à l’opération. Le viguier français, B. Vigo, et le sous-préfet de Prades, M. Papinaud, protestèrent ; les poteaux furent relevés, avec l’assistance de la plus grande partie de la population, quelques-uns des coupables saisis et condamnés, mais il restait toujours des ferments de discorde ; et lors des élections de 1884, de nouvelles émeutes éclatèrent. Les électeurs appartenant au parti français furent écartés de la salle de vote au moment du dépouillement du scrutin, et comme ils protestaient, quelques-uns furent arrêtés, jetés en prison, sans qu’on leur donnât à manger pendant deux ou trois jours, et finalement condamnés à cinq ou dix ans de travaux forcés par le bayle espagnol. Il fallut que la France fît de nouveau sentir sa main. Elle exigea la revision du jugement rendu illégalement par le bayle de l’évêque d’Urgel, qui avait siégé seul contrairement à la loi (il ne peut siéger qu’avec l’assistance du bayle français), la mise en liberté des condamnés, et fît rendre par le conseil général une ordonnance réglementant à l’avenir la détention et le port des armes de guerre {ier août 1884). Un décret du 27 février précédent e : levait au sous-préfet de Prades ses fonctions de délégué permanent, pour les conférer au préfet des Pyrénées-Orientales, son supérieur hiérarchique.

Les choses ainsi réglées, le calme était revenu dans la république d’Andorre lorsqu’un nouvel incident, en mars 1886, remit tout en question. Le capitaine de paroisse de Canillo ayant été assassiné (12 mars 1885), le coupable fut condamné à quatorze ans de travaux forcés. Une difficulté s’éleva lorsqu’il s’agit d’appliquer la sentence, le viguier de l’évêque d’Urgel voulant emmener le condamné en Espagne, où probablement on l’aurait relâché, et le viguier français ayant la prétention de lui faire subir sa peine en France. Quand le viguier français se mit en route avec l’assassin, sous bonne escorte, il fut accueilli à coups de fusil par les partisans du viguier espagnol, son escorte prit la fuite et lui-même se vit assiégé dans Andorre par une petite armée de 150 rebelles, que du reste dispersèrent un peu plus tard les partisans de l’autorité française ; le viguier français, fait prisonnier, fut délivré. Grâce à l’intervention de l’ancien sous-préfet de Prades, M. Papinaud, député des Pyrénées-Orientales, chargé d’une mission de

conciliation par le gouvernement, le différend fut résolu par le remplacement du viguier espagnol, que le conseil général des Vallées força à donner sa démission.

ANDOUVOCRANTE, village de Madagascar, sur la côte orientale de l’Ile, par 19<> de lat, S. et 46° de long, E., à l’embouchure de la rivière de même nom ; 2.000 hab. environ. Le village présente un aspect triste et ses habitants sont abrutis par la misère et l’ivrofnerie. La rivière, très large, coule entre es rives presque toujours recouvertes d’eau et bordées d’une véritable forêt de songes gigantesques. Elle est remplie de crocodiles et son embouchure est le plus souvent barrée par les sables. La chaleur et l’humidité permanentes sont tellement grandes que la végétation n’y éprouve jamais d’arrêt. En 1867, la reine Rasobaérina séjourna quelque temps à Andouvourante pour chercher le moyen de rendre accessible aux grands navires ce village plus rapproché de la capitale que Taroatave ; mais elle dut abandonner son projet.

AN DR AL (Charles-Guillaume-Paul), avocat et administrateur, né à Paris le 13 juin 1828. — Comme vice-président du conseil d’État, il fut, dit-on, consulté à diverses reprises par le maréchal de Mac-Mahon, et il passe pour l’avoir décidé, après l’échec du coup d’État parlementaire du 18 mai 1877, à se soumettre & la volonté du pays en appelant aux affaires un ministère républicain modéré, dont M. Dufaure eut la présidence. Lorsque le maréchal eut donné sa démission de président de la République et fut remplacé par M. Grévy, M. Andral, dont nul n’ignorait les convictions monarchiques, comprit qu’il ne pouvait rester plus longtemps à la tête du conseil d’État et il donna sa démission, le 1er février 1879. Il est de ANDR

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venu depuis président du conseil d’adminis tration du chemin de fer de Paris-Orléans. Maire de Châteauvieux, dans leLoir-et-Cber, il fut, en février 1884, suspendu pour deux mois de sas fonctions pour avoir présidé un banquet où l’on cria : A bas la République 1 Vive le roi !

ANDRASSY (le comte Jules), homme d’État hongrois, né à Zemplin le 8 mars 1823. —Après la victoire des Russes sur les Turcs (janvier-mars 1878), l’attitude du premier ministre de l’empire austro-hongrois suscita de nombreux commentaires et donna fort à penser aux hommes politiques des différents pays, car on ne pouvait deviner ni ce qu’il entendait faire, ni de quel côté il pencherait. Tantôt, en effet, il déclarait que les avantages si considérables pris par les Russes ne compromettaient en rien les intérêts de l’Autriche-Hongrie, tantôt au contraire il paraissait décidé à s’emparer, à titre de sûretés, de ta Bosnie et de l’Herzégovine. En réalité, s’il ne montra point d’hostilité trop prononcée contre la Russie, et s’il refusa de conclure une alliance formelle avec l’Angleterre, c’est que le tzar avait consenti d’avance à l’occupation des provinces bosniaques. Toutefois, il profita de l’indécision où il laissait les esprits pour faire voter par les Chambres (mars 1878) un crédit extraordinaire de 60 millions de florins, permettant à l’Autriche de se préparer à une prompte action militaire et de se mettre en garde contre toutes les surprises de l’avenir ; d’autre part, il proposa et fit triompher l’idée d’un congrès européen chargé de régler les questions soulevées par la guerre entre la Russie et la Turquie. • Il n’y a plus d’Europe, » avait dit un diplomate ; mais le comte Andrassy, au contraire, soutint victorieusement que les intérêts généraux de

l’Europe et ceux de chaque État en particulier ne sauraient sortir intacts de négociations où ces intérêts et ces États ne seraient pas représentés, où vainqueurs et vaincus seuls se trouveraient en présence, et un congrès européen se réunit en effet à Berlin le 13 juin 1878. C’est encore sur la proposition du comte Andrassy que l’on en donna la présidence à M. de Bismarck, choix d’ailleurs naturel, puisque le chancelier d’Allemagne avait le premier, dans son discours du 19 février 1878, parlé d’opposer le droit européen au traité de San-Stefano.

La traité de Berlin (13 juillet 1878) chargea l’Autriche de la pacification de la Bosnie et do l’Herzégovine ; un an après, le comte Andrassy donnait sa démission de ministre des affaires étrangères et de la maison impériale, président du conseil. (Il ne fut remplacé que le 8 octobre 1879 par le baron do Haymerlé, mais sa démission date en réalité du 22 septembre). Ce n’est pas sans dessein que nous rapprochons ces deux faits. La démission du comte Andrassy causa une surprise très vive ; on ne s’y attendait point, et on l’attribua à cent causes diverses, sans croire un instant, bien entendu, aux motifs de santé allégués par le ministre ; mats voici, selon toutes probabilités, la vérité à ce sujet. Lors de l’occupation de la Bosnie et de l’Herzégovine, le comte Andrassy n’avait pas prévu et ne sut pas prévenir l’échec qui attendait les troupes autrichiennes à leur entrée dans ces provinces. Pour assurer après coup le succès de l’entreprise, il se vit dans la nécessité de souscrire la convention austro-turque, mesure nécessaire sans doute, mais qui blessa l’empereur et lui causa une profonde déception, car elle reconnaissait la souveraineté de la Porte. Le crédit du premier ministre s’en trouva réellement ébranlé. Il y avait loin cependant d’une défaveur passagère à une démission. Le comte se flattait de réparer son échec par une action d’éclat, par l’occupation de Novi-Bazar, qu’il jugeait très facile ; mais ce nouvel espoir tourna encore contre lui, car les ministres de la guerre et de l’intérieur se déclarèrent d’une opinion complètement opposée k la sienne, et l’empereur se rangea de leur avis. C’est alors que le premier ministre, jugeant sa position compromise, prit le parti de se retirer. Il faut dire aussi que l’occupation ou, pour parler plus franchement, l’annexion de la Bosnie et de l’Herzégovine ayant pour conséquence une augmentation de l’élément slave, le parti allemand l’accueillit avec défaveur.

Le comte Andrassy avait reçu en 1872, de l’empereur d’Allemagne l’ordre de l’Aigle noir, et de l’empereur de Russie la croix de Saint-André ; le 1« janvier 1878 son souverain lui a conféré l’ordre do la Toison d’or.

Depuis cette époque le comte Andrassy a peu fait parler de lui et il n’a pris qu’assez rarement la parole à la diète hongroise. Dans une interpellation qu’il adressa, ea janvier 1886, au ministre Tisza au sujet de la question bulgare, il demanda qu’on renonçât à maintenir l’état de choses créé par le traité de Berlin.— Son frère aîné, le comte Emmanuel Andrassy, né le 3 mars 1821, fit partie du Reichstag de 1847 et siégea dans les rangs de l’opposition. Il entreprit en 1849, dans l’Asie orientale, un voyage dont il a publié la relation ; depuis 1867, il est président du comitat hongrois de Gœmœr. — Son frère cadet, le comte Aladar andrassy, né le 16 février 1827, combattit courageusement à Siebenburgen et devint en 1865 membre de