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bordée de lagunes, tandis que de nombreux cours d’eau, dans leurs parties inférieures, offrent des terrains d’alluvion ; le delta du Mississipi subit des variations fréquentes et considérables. Pendant 4.800 kilom., depuis le cap Sable, au S. de la Floride, jusqu’à la baie de Passamaquoddy, échancrure de la taie de Fundy, le littoral des États-Unis est, en général, bas, sablonneux, coupé de baies, de lagunes, de rivières et de sinuosités encombrées de nombreuses lies. On y remarque les cap de Sable, de Hatteras, de Cod et les baie ? de Chesapeake, deDelaware et de New-York. La péninsule de la Floride (80.000 kilom. carrés) est l’œuvre des polypes. Elle a cessé de s’accroître à l’E., car, de Ce côté, sa rive est longée par les eaux profondes du Gulf-Stream, et les polypes qui travaillent seulement dans les couches superficielles de la mer ne pourraient y enraciner leurs constructions. La presqu Ile n’augmente en étendue que sur les rivages occidentaux et du côté du S. Les presqu’îles déchiquetées de lu Caroline du S. et les golfes ramifiés qui découpent Ces presqu’îles et se prolongent même dans l’intérieur des terres sous forme de marécages sont masqués du côté de la mer par une digue naturelle de 350 kilom. de longueur, sue laquelle viennent se briser les vagues les plus redoutables de l’Atlantique septentrional. Ces rangées de collines de sable et d’alluvions ne sont pas seulement construites par la mer ; elles sont également dues au travail des cours d’eau de l’Alleghanys, de la Neuse, du Tar, du Roanoke, etc. Dans ca littoral extérieur, on a pu, sans travaux d’art considérables, mettre en communication toute une série de lagunes intérieures et permettre ainsi aux navires de faire de longs voyages à l’abri des tempêtes. On peut dire que, sur une longueur de 4.00C kilom. environ, le continent américain possède un double rivage : l’un baigné par la mer, l’autre par les lagunes intérieures. Depuis le cap Cod jusqu’à ia baie de Fundy, la côte est caractérisée par les pêcheries de morue et d’autres poissons analogues. Les possessions anglaises commencent avec la rivière de Sainte-Croix, qui sépare l’État du Maine de la province du Nouveau-Brunswick ; celle-ci est séparée de la grande péninsule de la Nouvelle-Écosse par le grand golfe de Funcy, qui s’avance pendant 225 kilom. dans les terres et n’est séparé du golfe de Northumberland que par un isthme de 1S kilom.

seulement de largeur. Au N. de la NouvelleÉcosse est l’embouchure du Saint-Laurent qui s’élargit en un vaste golfe, dans lequel se groupent : au S., les lies du Prince-Édouard et du cap Breton ; au N. et à l’E., l’tie d’Anticosti et la grande lie de Terre-Neuve, avec ses bancs peuplés de morues, qui s’étendent de 545 kilom. du N. au S. et de 445 kilom. de l’O. À l’E. V. Terre-Nbovb, au tome XIV du Grand Dictionnaire.

Au nord du détroit de Belle-Isle s’étend la côte de la grande presqu’île de Labrador, dont le littoral glacé et désert est généralement formé de collines de granit nues. Elle n’est point habitée d’une manière permanente, mais la pêche de la morue y est faite sur une grande échelle par les habitants de Terre-Neuve qui s’y transportent pour la saison de la pêche. Ils ont des chaumières et des établissements dans presque toutes les baies, surtout sur la côte baignée par l’estuaire du Saint-Laurent. Le climat en est extrêmement rigoureux ; les végétations les plus précoces se montrent seulement en juille-, Au nord de la presqu’île du Labrador, le détroit de Hudson, long de 730 kilom., mène jusqu’à la grande mer intérieure qui porte le jiom de baie d’Hudson, tandis que le canal de Fox et le détroit de Davis la séparent des terres polaires (v. arctique). À l’est de la presqu’île de Yue&tan, entre l’océan Atlantique d’un côté et le golfe du Mexique de l’autre, s’étendent les lies connues sous le nom d’Antilles, composées de deux grands groupes : les grandes Antilles et les petites Antilles.

Climat. Le continent américain, au point de vue du climat, peut se diviser en sept grandes zones : îo la zone glaciale, avec une température moyenne de 0°, comprenant l’Alaska, le bassin de Mackensie et le bassin de la baie d’Hudson ; ï<> la zone à température continentale, avec de grands écarts entre l’extrême froid et l’extrême chaleur, comprenant le Canada et la moitié de la partie orientale des États-Unis ; 3» la zone à climat sec, où la pluie ne tombe que rarement, qui occupe les contrées centrales des États-Unis jusqu’à la sierra Nevada ; 40 la zone à température peu variable et à grandes pluies pendant l’hiver, qui s’étend dans les contrées littorales du Pacifique de l’Amérique du Nord ; 50 la zone torride, comprise entre le tropique du Cancer et le tropique du Capricorne ; 6° la zone complètement dépourvue de pluie et comprise entre 4° et 28° de lat. S., sur la côte occidentale de l’Amérique méridionale ; to la zone à climat maritime, qui occupe la partie méridionale de l’Amérique du Sud ; l’hiver y est doux avec beaucoup de pluie. Plus des deux tiers de l’Amérique du Nord, soitlg.200.000 kilom.carrés, se trouvent dans la zone tempérée, et comprennent la partie entre 30° et 50» de lat. N., dont le climat approche le plus de celui de l’Europe. l’rês de î.800.000 kilom. carrés se trouvent

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situés dans la zone polaire. Les trois quarts de la superficie de l’Amérique du Sud appartiennent à la zone torride, soit une étendue de 13.560.000 kilom. carrés. Un quart de la superficie du continent, c’est-à-dire près de 4.400.000 kilom. carrés, sont situés dans la zone tempérée. Tandis que le Gulf-Stream se dirige de la côte de Floride au N.-E., pour baigner les rivages de l’Europe occidentale, les courants polaires s’approchent du continent américain. Il en résulte que le Canada, qui se trouve sous la latitude de la France, a un climat boréal, et que l’État de New-York, sous la même latitude que l’Italie centrale, a l’hiver de l’Allemagne du Nord, avec un été beaucoup plus chaud. Sur une partie de la côte américaine du Pacifique, la différence est moins sensible, à cause du Kouro-Sixoo (courant noir), dont les eaux chaudes arrivent de la Chine et du Japon jusqu’à la presqu’île d’Aliaska. Pendant les mois de juin, de juillet et d’août, le soleil, dans les Antilles et 1 Amérique centrale, entraîne au-dessous de lui un immense voile de vapeurs et se trouve au zénith des contrées voisines du tropique septentrional : c’est alors la saison dite de l’hivernage, les vapeurs recouvrant le ciel et les pluies tombant en abondance. La quantité d’eau tombée dans la zone d’hivernage dépasse du double ou du triple la proportion moyenne reçue par les pays limitrophes, situés en dehors. En septembre, quand Jes ceintures de neige sont redescendues vers le S., les vents alizés reprennent leur marche normale dans la direction de l’équateur ; ils absorbent l’humidité des terres, et vont la porter plus loin, aux contrées qu’abrite la zone des nuages. C’est alors la saison sèche dans les Antilles et à Guatemala (Elisée Reclus, la Terre). Sur plusieurs points du littoral de la mer des Antilles, en Colombie et au Mexique, il pleut régulièrement vers deux heures de l’après-midi ; dans la soirée, on peut sortir sans crainte, le ciel est clair. Dans certaines parties du Brésil tropical, les heures de l’orage quotidien sont si bien prévues, que l’on peut fixer les rendez-vous à la fin de la pluie. Cependant il y a des contrées tropicales plus abondamment arrosées, où les averses de chaque jour durent jusqu’à une heure avancée de la nuit et même jusqu’au matin. Comme dans presque toutes les parties de la terre, les pluies se distribuent avec une certaine régularité, suivant les saisons. En plusieurs régions, elles tombent exclusivement pendant une période fixe de l’année. En d autres contrées, il pleut aussi souvent pendant l’hiver que pendant l’été. Enfin, dans quelques régions, la pluie manque presque tout à fait, comme sur le littoral du Pérou et du Chili. Il suffît quelquefois de franchir un col pour constater l’énorme différence qui existe, au point de vue météorologique, entre les deux versants. Les alizés du N.-E. et du S.-E., qui déversent sur les pentes orientales des Cordillères des Andes une quantité de pluie assez abondante, ne laissent pas tomber une seule goutte d’eau sur le versant occidental, çà et là transformé en désert. Sur la côte du Pérou, l’air est souvent brumeux, mais à travers ce voile blanchâtre on distingue toujours le bleu du ciel ; l’apparition d’un nuage est un véritable événement. Sur les rivages occidentaux du Mexique, où le régime des vents est beaucoup moins régulier que dans l’Amérique du Sud, les troubles atmosphériques occasionnent quelquefois la chute de rapides averses qui tombent, comme dans l’Amérique du Sud, sur les plateaux et les montagnes. Plus au N., c’est dans l’ordre inverse que 8e produisent les phénomènes météorologiques. Les vents pluvieux qui viennent heurter les cimes du Coast-Range et de la sierra Nevada sont les contre-alizés du S.-O. ; ils arrosent abondamment le versant tourné vers le Pacifique, tandis qu’au delà des montagnes Rocheuses les versants sont complètement desséchés, et les déserts du Texas, du Nouveau-Mexique et du Colorado seraient sans eau, si les moussons du S. n’y apportaient quelque humidité. La quantité moyenne de pluie qui tombe dans ces solitudes est évaluée a 0"1,05. On a souvent l’occasion de remarquer, dans le golfe de Californie, un phénomène extraordinaire que n’explique pas la science : c’est la pluie tombant par un ciel parfaitement serein. C’est le capitaine Beechey et Humboldt qui, les premiers, en ont été témoins ; le premier en pleine mer, le second dans l’intérieur des terres. Le manque absolu de pluie explique l’existence des grandes plaines salines, dont la plus remarquable est la pampa de Tamarugal, au Pérou. Cette pampa, ainsi nommée des tamarugos ou tamarées qui croissent dans les dépressions où le sol est un peu humide, a de 900 à 1,200 mètres d’altitude moyenne. Les matières salines laissées par les anciens lacs disparus saturent les argiles du sous-sol et les roches elles-mêmes ; et les couches de sel, que l’on exploite comme des carrières de roches, sont tellement épaisses et les pluies tellement rares, que les maisons du village de la Noria, où se sont établis les ouvriers, sont entièrement construites en blocs de sel. D’après Heith Jobnston, la masse d’eau pluviale qui s’abat en moyenne durant une année sur la surface de la terre située au sud de l’Equateur est de on»,65, tandis qu’au nord elle est de près de om,95. Que cette donnée soit exacte ou non, la comparaison entre les quantités do pluie tombées dans les deux

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hémisphères offrira toujours un écart consirable. Aussi tous les grands fleuves, à l’exception des Amazones et de la Plata, coulentils dans l’hémisphère boréal. Enfin la surface continentale qui se trouve au nord de l’Equateur est triple en étendue de celle qui s’étend au S. ; tandis que la masse des eaux fluviales y est au moins le sextuple.

Flore. Aucune autre partie du monde, prise dans son ensemble, n’égale les deux Amériques pour la puissance et la magnificence de la végétation. Bien que le colossal baobab et l’eucalyptus y manquent, la beauté et la variété des palmiers, s’élevant à une taille de 50 & 60 mètres, y suppléent, et, dans la Californie et l’Orégon, des sapins gigantesques atteignent une circonférence de 15 mètres à la tige et des hauteurs de 100 à 150 mètres. Beaucoup de plantes qui, en Europe, ne se présentent qu’à l’état d’arbustes parviennent en Amérique à la taille des grands arbres. On cite, comme un de ces prodiges de croissance, au Pérou, un navet dont les feuilles étendaient leur ombre sur un groupe de quatre chevaux, et l’on y trouve des patates d’un poids de 15 kilogr. ; les melons de 30 kilogr. ne sont nullement rares. La richesse des plantes croit à mesure qu’on avance dans la direction des pôles vers l’Equateur. Les immenses forêts de l’Amérique renferment toutes les espèces d’arbres de l’ancien monde. Parmi celles qui sont particulières au nouveau continent, on compte les magnolias, les tulipiers, les arbres à lait, les myrtes à cire, etc. On trouve, dans la zone torride, les palmiers, l’acajou et d’autres bois pour l’ébénisterie et la teinture, le cacaoyer, le cocotier, le caféier, la canne à sucre, l’oranger, le citronnier, le tamarinier, le cotonnier, l’indigotier, le piment, le quinquina, toutes espèces d’é Îîicesetda plantes médicinales, le bananier, e cactus à cochenille, le vanillier, etc. La pomme de terre, le maïs et le tabac sont indigènes de l’Amérique. Nommons encore le manioc, arbuste vénéneux, mais dont la racine, lavée et séchée, fournit le tapioca. De toutes les végétations tropicales, la plus variée est celle du bassin de l’Amazone. Sur un espace de plusieurs milliers de kilomètres, les plaines ne forment qu’une forêt immense, interrompue seulement par les fleuves, et tous les genres de plantes de la terre y sont représentés. D’après Grisebach, on peut partager la flore, en Amérique, en treize régions principales : 1° la répion arctique, comprenant la partie septentrionale de l’Amérique anglaise, caractérisée par les mousses et les lichens ; 2° la région des grandes forêts, comprenant la plus grande partie de l’Amérique anglaise et les États-Unis, où l’on rencontre d’immenses forêts d’arbres à feuilles aeiculaires, des sapins blsncs, des chênes, des érables, et de grandes contrées où l’on cultive le coton, le riz et la canne à sucre ; 3" la région des prairies, comprenant les États du centre et de l’O. des États-Unis, a l’exception de la Californie, qui ne présente dans la partie N.-O. qu’une faible végétation de chéiiopodéaa, tandis que la partie méridionale est couverte de tulipiers à fleurs de lis et de cactus ; 4° la région californienne, qui se distingue surtout par ses arbres gigantesques atteignant souvent une élévation de 150 mètres et dans laquelle les plantes européennes arrivent à un prodigieux développement ; 50 la région mexicaine, dont les plateaux et les montagnes offrent des conifères, des chênes et aussi de la vigne, des oliviers, des aloès et des cactus. Sur les bords de la mer s’étendent des savanes couvertes d’herbes, et dans les parties élevées, des bois touffus où s’entremêlent des fougères arborescentes, des tulipiers et de nombreuses

espèces d’ananas et de vanille ; 6» la région des Antilles, autrefois couverte de forêts de mahagou (acajou), aujourd’hui de plantations de cannes à sucre et de caféiers ; 7« la région du nord des Amazones ; les côtes sont couvertes de mahagou etdepalmiers ; l’intérieur, de savanes et de llanos, riches en graminées ; 8° la région du Brésil équatorial, où poussent les sensitives, les palmiers, les bois de teinture et de nombreuses plantes médicinales ; 9* la région brésilienne, avec des forêts vierges dans la partie S.-E. ; dan3 l’intérieur, des savanes couvertes de différentes espèces de cactus, et, dans le S., d’immenses forêts d’araucaires ; 10° la région torride des Andes, comprenant une partie de la Colombie, du Venezuela, du Pérou, de la Bolivie et du Chili ; il» la région des Pampas, qui occupe une partie du Brésil méridional, l’Uruguay et la république Argentine avec la Patagonie, et présente une immense plaine de gras pâturages composés en certaines saisons principalement de trèfle, et, quand commence la sécheresse, de gigantesques chardons ; 12° la région chilienne, contrée dépourvue de toute végétation pendant plusieurs mois ; alors les broussailles mêmes ne montrent que quelques feuilles ; cependant elle fournit quelques arbres épineux, des genêts, des mimosas ; 13° la région antarctique, qui occupe la partie méridionale du Chili (Patagonie), dont la partie septentrionale est couverte de grandes forêts riches en bois de charpente ; toute la partie méridionale ne produit que des herbes où paissent les bestiaux.

L’Amérique est très riche «n production !

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minérales. Au xvie siècle, le Pérou et le Mexique passaient pour être les seuls pays où l’on pût exploiter en grand les mines d’or et d’argent. Cependant, on ne tarda pas à trouver aussi de l’or au Brésil et dans presque toutes les autres contrées, depuis le Chili jusqu’à la Caroline du Nord. On découvrit de l’or au Chili, dans la province de Mendoza, dans l’Amérique centrale et dans la Pensylvanie, et en abondance telle qu’une révolution se produisit dans l’industrie, le commerce et 1 économie intérieure des nations de l’Europe par l’affluence des produits de ces mines. Les plateaux du nouveau Mexique sont restés aujourd’hui les grands pays producteurs de l’argent(v. or, au tome XI, et argent, au tome 1er du Grand Dictionnaire). Le Brésil, le bas Brésil et le Chili fournissent des diamants, ainsi que d’autres pierres précieuses. On trouve du cuivre, du fer, du

plomb, du mercure, du sel, de la houille et du pétrole dans l’Amérique du Nord, au Brésil, et de l’étain au Pérou, etc.

Faune. En Amérique, la multitude d’espèces delà faune égale celles de la flore ; cependant, on n’y voit aucun des colosses de l’Asie et de l’Afrique. Dans la race féline, le tigre se trouve réduit aux proportions du jaguar, le lion à celles du couguar. L’éléphant, le sanglier et le chameau sont remplacés par le tapir, le pécari, les différentes espèces de lamas et la vigogne. Les singes, dont les bois sont peuplés, comprennent une multitude d’espèces pourvues d’une queue très longue ; mais aucune d’entre elles n’approche de l’orang-outang pour la taille. Les caïmans et les alligators, extrêmement nombreux, n’égalent pas non plus en longueur le crocodile africain. Cependant, parmi les reptiles, le boa des forêts humides de la Guyane et de l’anaconda de Surinam rivalise avec les plus grandes espèces. Les crotales ou serpents & sonnettes, ainsi que les trigonocéphales, très venimeux, infestent les terres basses de l’Amérique et des Antilles, depuis le rio de la Plata jusqu’au 45° de lat. N. Parmi les espèces inonensires, on remarque de gros lézards, d’énormes grenouilles et des crapauds gigantesques. Les espèces d’oiseaux sont innombrables et nulle part la beauté des formes, l’éclat du plumage ne se rencontre davantage. De même on y voit des papillons d’une grandeur démesurée, des coléoptères éblouissants. Les pigeons voyageurs des État-Unis se comptent par milliards. Les bandes traversent l’air avec une vitesse de 80 kilom. À l’heure et mettent quelquefois trois jours pour défiler. Les oiseaux de mer, qui déposent des montagnes d’excréments sur les lies littorales du Pérou, sont si nombreux, qu’ils forment de véritables bancs aériens, embarrassant quelquefois les manœuvres des navires. Plusieurs espèces de mammifères voyagent également, comme les bisons, les campagnols, les rats musqués, qui émigrent à travers les vastes prairies de l’Amérique du Nord en défilant en multitudes innombrables. Bâtes, après onze années de séjour sur les bords de l’Amazone, a recueilli 14.912 animaux divers, dont 8.000 ne sont pas encore décrits. Tandis que, d’après Agassiz, le fleuve des Amazones possède à lui seul de l.SOO à 2.000 espèces de poissons, le lac Hyanuary, près de Manos, en a plus de 200 espèces. Tous les lacs et les fleuves de l’Europe réunis n’en renferment pas autant. Les poissons de mer pullulent aussi près des côtes américaines, et les bancs de l’Alaska surpassent peut-être en richesse ceux de Terre-Neuve. Enfin l’imagination est impuissante à. se figurer les nuées de moucherons qui obscurcissent l’atmosphère le long des marécages de la Louisiane, de l’Amazone, de la Colombie et sur les bords des grands lacs de l’Amérique du Nord.

— Ethnographie. L’histoire de l’Amérique antécolombienne est encore assez mal connue, et elle ne le sera jamais peut-être d’une manière complète. Les Espagnols, qui auraient été à même d’étudier sur place le monde inconnu que Colomb venait de leur ouvrir, étaient en réalité des ignorants, qui d’ailleurs méprisaient trop leurs victimes pour s’intéresser à leur passé et qui se contentèrent de tout détruire, hommes et choses. Cette attitude barbare est une des raisons principales pour lesquelles nous n’avons pas en Amérique, comme dans l’ancien monde, une série de faits positifs, nous conduisant par transitions successives de l’époque préhistorique au temps actuel. Sur les questions les plus importantes, telles que l’unité ou la pluralité des races américaines, leurs origines ou leurs migrations, les savants n’ont pu parvenir à se mettre d’accord et les opinions les plus étranges se sont fait jour : on a été jusqu’à soutenir que les indigènes du nouveau monde avaient pour ancêtres des tribus israélites déportées par les Chaldêens 1 Ce qui montre le mieux l’inanité de ces hypothèses, c’est que tous les peuples antiques ont été l’un après l’autre proposés comme les facteurs des civilisations de 1 ancienne Amérique, et, dans l’état actuel de la science, on ne peut que noter les observations sans se permettre de conclure.

L’opinion qui attribue aune émigration venant du Nord le peuplement du continent américain est aujourd’hui l’objet de nombreuses discussions ; émise par Acosta au