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LETTRES’ et

CHIFFRES

ALPH

tagnes s’élèvent à des hauteurs considérables et se distinguent par des formes bizarres, tandis que la terre ferme s’avance en promontoires élevés et gracieux. Les lies sont entourées de bas-fonds et d’écueils innombrables. Ce skjmrgaard, qui se trouve de 50 à 60 kilomètres de la côte, rend la navigation très difficile et quelquefois impossible, raais il donne un bon passage intérieur le long de la côte. Le voisinage de l’océan Atlantique occasionne de grandes pluies et, par conséquent, la formation de vastes névés ; c’est pourquoi les avalanches, pendant l’hiver, et les débordements des rivières, au printemps, y sont périodiques et causent de sérieux ravages. La rivière principale est celle de Rauna, qui sort du lac Lesjeskog, forme une vallée très étroite entre les sommets des Alpes de Roœsdal, vers le N.-O., jusqu’au Romsdalsfjord, près du port’ de Veblungsnas. Son cours est de 62 kilom. et son bassin a une superficie de 1.130 kilom. carrés. Toute la partie du massif située entre 100 et 600 mètres d’altitude, surtout du côté oriental, est couverte d’arbres conifères. Dans !a partie inférieure de cette zone, les conifères cèdent la place aux bouleaux qui, surtout sur les pentes qui tournent au sud et aux endroits abrités des vents du nord, végètent à bien plus de 1.000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le genévrier s’étend plus haut, sur les terrains secs, et

  • encore plus haut, se trouvent,

aux endroits humides, de petites espèces de saules et de bouleaux nuins. Tous les autres poussent aux endroits abrités jusqu’à 1.500 mètres d’altitude. Au-dessus de cette végétation se trouvent différentes graminées et eyperacées, puis viennent les mousses et enfin les lichens, qui poussent sur le roc nu. Pendant l’été, les Alpes de Romsdal sont peuplées de troupeaux et de bétail qui y viennent paître. La partie supérieure des Alpes de Rou^dal est la demeure du lemming et du renne sauvage. Les lemmings s’en éloignent à certaines époques en bandes innombrables et descendent par les vallées jusqu’à la mer. Citons encore le goulu et le renard blanc. Parmi les oiseaux on trouve le lagopède des saules, qui habite les terrains bas, et le lagopède ordinaire, qui se tient sur les hautes montagnes. Parmi les oiieaux aquatiques, on voit les mouettes et de nombreuses espèces de canards : anas crecca, melanita fusca et nigra, fuligula marila, clangula et glaeiatis, qu immigrent de l’Ouest et du Sud. Parmi les oiseaux de passage, on cite l’hirondelle, le pluvier doré, etc.

"ALPES (département des basses-). D’après le recensement de 1885, ce département compte une population de 127.880 hab. Il élit deux sénateurs et cinq députés. Il appartient au 15« corps d’armée (Marseille).

" ALPES (département des hautes-). D après le recensement de 1885, ce département compte une population de 123.501 hab. Il él.t deux sénateurs et trois députés, il appartient au 140 corps d’armée {.’.yon).

" ALPES-MARITIMES {djïpartemknt des). D’après le recensement de 1885, ce département compte une population de 233.007 hab. Il est divisé en 26 cantons et 152 communes. IL élit deux sénateurs et quatre députés. Il appartient au 15e corps d’armée (Marseille).

  • ALPHABET s. m. — Encycl. Alphabets

télégraphiques. Chaque système de télégraphie, électrique ou autre, a pour ainsi dire sa langue plus ou moins primitive et par conséquent son alphabet plus ou moins compliqué. Sans remonter à l’antiquité et aux feux allumés par les Gaulois au sommet des montagnes, langage conventionnel tout aussi admissible qu’un autre pour des peuples ryant peu d’idées a se communiquer, nous citerons à titre de curiosité les premiers alphabets dont on a essayé l’utilisation, quelquefois sans succès, à cause de l’impossibilité d’appliquer les moyens proposés.

Le Genevois Georges-Louis Lesage, d’origine française, avait imaginé un appareil d’essai composé d’autant de fils isolés les uns des autres qu’il y a de lettres, et dont chacun aboutissait à un électromètre particulier formé d’une petite balle de sureau suspendue à un fil de soie. En mettant une machine

XVII.

ALPH

électrique ou un bâton de verre électrisé en contact avec l’un des fils, la balle correspondante était repoussée et ce mouvement indiquait la lettre que l’on voulait transmettre. Il n y avait donc là d’autre alphabet que l’alphabet courant.

Un savant de Hanau, nommé Bergstrasser, expérimentant, vers 1785, les divers moyens de transmettre au loin la pensée, imagina de représenter les mots par des chiffres ; seulement, comme le système ordinaire de numération aurait exigé un trop grand nombre de caractères, il faisait usage de l’arithmétique binaire ou quaternaire, qui n’emploie que deux on quatre signes pour représenter tous les nombres. Il employait le feu, la fumée, les feux réfléchis sur les nuages, l’artillerie,

ALPH

Il leur mettait alors entre les mains un miroir au moyen duquel ils dirigeaient les rayons du soleil sur un objet placé à l’ombre ; la répétition de ce signal à intervalles déterminés était dans ce cas la base de l’alphabet. Ce dernier moyen a été proposé de nos jours pour un système de correspondance télégraphique applicable à l’Algérie,

En Allemagne également, en 1794, Reiser proposa d’éclairer à distance, au moyen d’une décharge électrique, les diverses lettres de l’alphabet découpées d’avance sur des carreaux de verre recouverts de bande d’étain

(V. CARREAUX ÉT1NCELANTS au tome IH du

Grand Dictionnaire). Il fallait naturellement autant de fils que de lettres, et l’on devait se servir de l’alphabet courant.

ALPH

20i

b c d e é, hou6 f

g b i I

I

m o fi o ô

p q

r

B t U Û V mots)

x

y

i

Cl)

1

2 3 A 5 6 7 8 9 0

w

SJGNES

(allemand)

(espagnol) (allemand)’

(allemand)

PONCTUATIONS

et

ihdications.de ssaviçg

Point,

Alinéa...... i

Virgule..

Point-virgule..........

Deux points

Point inlerrogatif

Point exclamatif

Apostrophe

Trait d’union.

Barre de division ou de fraction..

Souligné

Guillemet

Parenthèse

Attaque..

Erreur’

Final...

Attente

B. CO

Répétez

Signal séparant le préambule de l’adresse, l’adresse du texte, et le texte de la signature..

Dépêche privée., ., ., ..

Faire suivre

Numéro.,

Heures

Matin

Soir.

Monsieur

Madame.-

Mademoiselle

SIGNES

NOTA» — Le signe • m ^m ■■■ ■ m» m place avant et après la phrase ou le membre de phrase a souligner.

Les signes, m r^m » iwm et ■■•■^■«•^b» 80placent avant jet après la phrase ou la membre ds phrase & mettre entra guillemets ou entre parenthèses

L’attaque et l’erreur sont indéfinies. En pratique, il convient de faire une dizaine de points pour l’erreur, six ou huit points et autant de barres pour l’attaque.

Pig. 1. — Alphabet Morse.

les fusées, les explosions de poudre, les flambeaux, les vases remplis d eau, le son des cloches, des trompettes et des instruments de musique, les cadrans, les drapeaux mobiles, les fanaux, les pavillons et les miroirs. Tout cela naturellement était impraticable, parce que l’arithmétique binaire exige que l’on répète un très grand nombre de fois les deux signes qui représentent les nombres, lorsque ces nombres sont un peu éevés. Pour une phrase d’une vingtaine de mots, il aurait fallu jusqu’à vingt mille coups de canon.

Bergstrnsser, en 1787, composa un télégraphe vivant, en dressant un régiment prussien à transmettre des signaux. Les soldats exécutaient les manœuvres télégraphiques par les divers mouvements de leurs bras. Le bras droit étendu horizontalement indiquait le no i ; le gauche, le 2 ; les deux ensemble, le no 3 ; le bras droit élevé verticalement, le no 4 ; et le bras gauche en l’air, len°5. Ces télégraphes animés manoeuvrèrent en présence du prince de Hesse-Cassel et obtinrent un succès de fou rire.

Bergstrasser prévoyait même le cas où les interlocuteurs ne pourraient s’apercevoir entre eux bien qu’ils fussent très rapprochés.

’ Un peu auparavant, les frères Chappe étaient parvenus à vaincre toutes les difficultés qui avaient entravé l’application générale de leur télégraphe aérien. On sait que la partie de ce télégraphe qui forme les signaux se composait de trois branches mobiles : une branche principale de -4 mètres de long, appelée régulateur, et aux extrémités de ce régulateur deux branches longues de mètre, appelées indicateurs ou ailes, et pouvant former avec la première des angles variables. Ces trois pièces formaient un système unique et soutenu par un seul point d’appui coïncidant avec le centre du régulateur et autour duquel l’ensemble pouvait librement tourner.

Le régulateur était susceptible de prendre quatre positions : verticale, horizontale, oblique à gauche, oblique à. droite. Les frères Chappe avaient décidé qu’aucun signal ne serait formé sur le régulateur horizontal ou vertical ; les signaux n’étaient valables que quand ils étaient formés sur le régulateur placé obliquement, puis transportés tout formés soit à l’horizontale, soit à la verticale.

Les diverses positions que pouvaient preedre le régulateur et les ailes donnaient

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49signaux ; mais chaque signal pouvait acquérir deux significations, suivant qu’il était transporta à l’horizontale ou à la verticale : ainsi les 49 signaux partant de l’oblique de droite recevaient 98 significations ; de même pour l’oblique de gauche, ce qui produisait en tout 196 signaux. La première série servait à la composition des dépèches ; la seconde aux avis et indications à donner aux stationnaires.

Pour la composition des dépêches, on avait consacré 92 des signaux de l’oblique de droite à représenter les nombres de 1 à 92 ; les frères Chappe avaient composé un vocabufaire de 92 pages comprenant 98 mots. Le premier signal indiquait la page, le second le numéro porté dans cette page par le mot expédié. On exprimait ainsi 8.464 mots. Un second vocabulaire, appelé Vocabulaire des phrases, se composait également de 92 pages contenant chacune 92 phrases ou membres de phrases, soit 8.464 idées s’appliqmint particulièrement à la marine et à l’armée. Lorsqu’on voulait se servir de ce vocabulaire, il fallait, bien entendu, passer trois signaux, dont le premier indiquait qu’il s’agissait du vocabulaire phrusique.

En Angleterre et en Suède, on se servit de volets mobiles dont les combinaisons étaient assez variées pour offrir une multitude de signaux.

La découverte de la pile, faite en 1800 par Volta, vint subitement fournir un moyen d’appliquer utilement l’électricité à la télégraphie. Sœmmering fit connaître en 1811, à l’Académie de Munich, un télégraphe électrique fondé sur la décomposition de l’eau par la pile. Trente-cinq circuits voltaïques comprenaient chacun un petit vase rempli d’eau distillée, qui représentait une lettre ou un chiffre. Lorsque, à la station où se trouvait la pile, on faisait passer l’électricité dans un des circuits, l’eau se décomposait instantanément dans le vase correspondant placé à ta station extrême, et l’on pouvait ainsi désigner à volonté (es lettres et les chiffres. Il n’y avait donc d’autre alphabet que l’alphabet courant.

En 1820, CErsted observa le fait fondamental de l’électromagnétisme, c’est-à-dire l’action des courants sur les aimants. Les physiciens, et notamment Ampère, entrevirent immédiatement la possibilité d’appliquer ce fait remarquable h la télégraphie. Muis il fallait encore auparavant augmenter l’intensité de l’effet produit : le galvanomètre, découvert par Schweigger, permit d’atteindre ce résultat. En 1833, le baron Schilling fit des essais à Saint-Pétersbourg en. tre deux stations réunies par cinq fils de platine isolés : à l’une se trouvaient cinq aiguilles aimantées placées chacune au milieu d’un galvanomètre ; a l’autre était une espèce de clavier dont chaque touche, en rapport avec l’un des fils, servait à y diriger le courant, et à mettre ainsi en action l’aiguille magnétique correspondante. Les dix mouvements formés par les cinq aiguilles, dans un sens ou dans l’autre, désignaient les dix premiers nombres qui, à l’aide d’un dictionnaire spécial, représentaient le3 divers signaux télégraphiques.

Le télégraphe d’Âlexander, d’Édimbourg, exécuté définitivement en 1837, se composait de trente fils de cuivre venant circuler, a la station extrême, autour de trente aiguilles magnétiques. Quand ou frappait à la station de départ l’une des touches d’un clavier, le courant passait dans le fil touché, l’aiguille correspondante déviait, et son mouvement déplaçait un écran qui découvrait la lettre que l’on voulait désigner. Il n’y avait donc pas non plus d’ulphabet spécial.

Nous arrivons enfin au télégraphe Morse. L’alphabet en est binaire, c’est-à-dire ne se compose que de deux éléments, le point et la barre, séparés par des espaces en blanc. Théoriquement, le règlement international prescrit de donner à la barre une longueur égale à celle de trois points ; deux éléments d une même lettre doivent être distants de ia longueur d’un point ; deux lettres d’un même mot, de la longueur de trois points ; deux mots, de la longueur de cinq points.

Après quelques modifications de peu d’importance, l’alphabet Morse est fixé conformément au tableau représenté figure 1. Le télégraphe de Bain, qui imprime les dé 26