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L’Allemagne comprenait, lors du recensement du 1er décembre 1885, une population de 40.S-10.9DS hab., soit 86,6 hab. par kilom. carre. La densité de cette population diffère beaucoup suivant les régions. Tandis que, dans les provinces prussiennes du Rhin, on compte 161 hab. par kilom. carré, dans le royaume de Saxe 212 et dans certaines contrées de la Silésie, de la Westphalie, de la Hesse rhénane, du grand-duché de Bade et du Wurtemberg, de 168 à 221 hab. par kilom. carré, dans le Hanovre, l’Oldenbourg, le Mecklembourg, la Poméranie, la population ne dépasse pas 33 à «3 hab. par kilom. carré. Elle est le plus clairsemée sur les plateaux de l’Allemagne méridionale et dans les grandes plaines du Nord. Là on ne rencontre que quelques Ilots de population condensée à l’embouchure des grands fleuves. Au contraire, les vallées du Rhin et du Neckar, les régions du centre montagneux (royaume et province de Saxe, Thuringe) présentant des vallées fertiles, sont habitées par une population très nombreuse. La Belgique, la Hollande, l’Angleterre et l’Italie sont les seuls pays qui dépassent l’Allemagne par la densité de la population.

Voici un tableau indiquant lo mouvement de la population allemande depuis le commencement du siècle :

Années. Habitants.

1816 21.831.396

1825 28.111.269

1835 30.935.643

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Années. 1845 1855 1865 1875 1880 18S5

Habitants. 34.396.055 35.111.644 39.653.544 42.727.360 «234.061 46.840.906

L’augmentation de 1880 à 1885 a donc été d’environ 1.600.000 soit de 3,5 pour 100 pour cette période ou de 0,70 pour 100 par an, en moyenne. Ce sont les villes qui ont le plus bénéficié de cet accroissement, bien que la fécondité y soit plus faible que dans les campagnes.

Le commerce et l’industrie de l’Allemagne ayant pris des développements considérables depuis une dizaine d’années, il s’est produit un fort déplacement de la population ; les habitants des campagnes se sont portés vers les villes, où ils trouvent des salaires plus élevés.

C’est dans les localités et les régions qui présentaient déjà la population la plus dense, comme la Westphalie, les provinces prussiennes du Khin, le royaume de Saxe, le Brunswick, l’Anhalt, que la population s’est surtout accrue. C’est dans la principauté de Waldeck, la Prusse orientale, l’Alsace-Lorraine et le Mecklembourg qu’elle a le moins augmenté.

Le tableau suivant donne une idée de l’attraction exercée par les grandes cités de plus de 100.000 hab. qui se sont développées au détriment des campagnes.

VILLES.

Berlin

Hambourg

Breslau

Munich

Dresde

Leipzig

Cologne

Francfort-sur-le-Mein.

Kcenigsberg.,

Hanovre

Stuttgart

Brème

Dusseldorf

Dantzig

Nuremberg

Magdebourg

Strasbourg =.

Chemnitz

Elberfeld

Altona

Barmen

Pour les villes de 50.000 à 100.000 hab. la population a augmenté, pendant cette période, de 11,26 pour 100, tandis que, comme nous l’avons vu, l’augmentation pour 100 de la population totale du pays n’a été pour la même période que de3,5 pour 100. On compte, â présent, en Allemagne 1 ville de plus de 1 million d’hab. (Berlin), 12 villes de plus de

100.000 ; 14 de 50-000 à 100.000 ; 56 de 20.000 à 50.000 et 114 de 10,000 à 20.000. Le total des villes de plus de 10.000 hab. est de 196. Voici le résumé du mouvement de la population de 1872 à 1884 en ce qui concerne les mariages, les naissances et les décès.

Naissances.

1.692.227 1.715.283 1.752.976 1.798.591 1.831.218 1.818.550 1.785.080 1.806.741 1.764.096 1.748.686 1.769.501 1.749.874 1.793.942

1.2G0.922 1.241.459 1.191.932 1.246.572 1.207.144 1.223.692 1.228.607 1.214.643 1.241.126 1.222 928 1.244.006 1.256.177 1.271.859

Excès

des naissance a sur 1rs décès.

431.305 473.824 561.044 552.019 624.074 594.858 556.473 592.098 522.970 525.758 525.495 493.697 522.083

On comptait en 1884, sur 1.000 hab., 7,83 mariages, 38,73 naissances et 27,46 décès. L’excès des naissances sur les décès était de 11,27 pour 1.000. Pour 100 filles, il était né 106,2 garçons ; sur 100naissances,9,51 étaient illégitimes (total des naissances illégitimes en 1884 : 170.688). Pour 100 décès de personnes du sexe féminin, on en comptait 109,2

de personnes du sexe masculin. En 1884 furent naturalisées allemandes 3.841 personnes, originaires principalement d’Autriche-Hongrie, des Pays-Bas, de France, de Russie, des États-Unis d’Amérique et du Danemark. D’après le recensement des professions du 5 juin 1882, 18.800.542 individus s’adonnent à l’agriculture, à la culture forestière, à l’élevage et à la pêche ; 15.755.519 s’occupent de commerce et de transport (sont compris dans ce chiffre les aubergistes, les débitants, ainsi que les employés des chemins de fer, des postes et des télégraphes) ; 2.261.029 sont ouvriers salariés et domestiques ; 2.058.412 individus, enfin, sont fonctionnaires ou exercent des professions libérales et 2.111.982 sont sans profession. Au point de vue religieux, les protestants sont au nombre d’environ 62 pour 100, les catholiques de 36 pour 100 ; le reste est formé par des juifs et par d’autres sectes chrétiennes. Dans l’Allemagne du Sud, il y a deux fois fois plus de catholiques que de protestants ; dans l’Allemagne du Nord, deux fois et demi plus de protestants que de catholiques.

L’émigration est très considérable en Allemagne. Malgré les progrès importants qu’ont faits durant ces dernières années le commerce et l’industrie dans ce pays, l’augmentation rapide de la population a rendu les conditions de la vie plus difficiles, ce qui explique le grand nombre d’Allemands qui vont chercher fortune ailleurs. L’excédent des naissances sur les décès est d’environ 500.000 par an, tandis que l’augmentation effective de la population n’est que de 350.000 habitants. Le déficit est causé par l’émigration. En 1884, 28.000 émigrants environ allèrent s’établir dans divers pays de l’Europe, notamment en France (1.294] ; 230.311 Allemands ont émigré au delà des mers durant la période de 1880 à 1885. Voici les pays de destination des émigrants qui se sont embarqués dans les ports allemands et à Anvers :

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En outre, un certain nombre d’émigrant» s’embarquent chaque année au Havre (3.000 environ), à Rotterdam et à Amsterdam. Le nombre des Allemands ayant gardé leur nationalité qui résident à l’étranger, en Europe, est d’environ 280.000(dont 81.988en France). Les Allemands de naissance résidant aux États-Unis sont au nombre de 1.966.742. La Poméranie fournit le plus fort contingent d’émigrants (11.390 en 1885) ; puis viennent la Bavière (9.939), la Prusse orientale (9.821), le Hanovre (9.045), la province de Brandebourg avec Berlin (6.152). Beaucoup de jeunes gens quittent leur pays pour échapper au service militaire ; on en comptait 17,804 en 1884. En Alsace il y eut, en 1884, 738 émigrants sur 1.563.145 hab., soit 4,7 sur 10.000.

Si nou3 considérons maintenant les différentes races qui constituent le peuple allemand actuel, nous trouvons que 39 millions d’habitants appartiennent à la race germanique proprement dite ; 2.640.000 à la race slave ; 220.000 aux races romanes ; 180.000 sont d’origine polonaise ; 150.000 originaires de Lithuanie ; enfin il y a 512.000 juifs et plusieurs milliers d’étrangers (276.057, d’après le recensement du 1er décembre 1885), n’ayant la plupart en Allemagne qu’un domicile temporaire. Les Slaves, cantonnés dans la partie orienj taie de l’Allemagne, sont représentés par les j Polonais dans la Poméranie orientale, dans (la Silésie, et par les Wendes dans la Lusace. I On trouve des Wallons dans les provinces prussiennes du Rhin (arrondissement de Malmedy) et les Français constituent l’élément dominant en Alsace-Lorraine. Quant à la population juive, elle est surtout répandue à Hambourg, en Alsace-Lorraine, dans la Hesse, le pays de Bade et la Silésié ; elle est rare dans le Wurtemberg, le Mecklembourg, la Saxe et la Thuringe.

Organisation politique. Nous né reviendrons pas ici sur la constitution et l’organisation politique de l’empire, dont nous avons parlé au tome XVI du Grand Dictionnaire et qui n’ont point été modifiées depuis 1871.

Finances. Nous avons indiqué les diverses ressources qui alimentent le budget de l’empire et les règles adoptées dans la répartition des charges publiques. Les dépenses ordinaires sont votées pour un an ; toutefois, dans certains cas elles peuvent l’être pour un temps plus long (ce qui a lieu notamment pour le budget de 1 armée.) Dans les cas d’absolue nécessité, la constitution permet à l’État de contracter des emprunts (loi du 30 avril 1874 et décret du 14 juin 1877). C’est le conseil fédéral qui vote les crédits et décide de leur emploi. Jusqu’en 1875, l’année parlementaire coïncidait avec l’année ordinaire ; depuis cette époque elle commence le l« avril.

Les dépenses prévues par le budget de 1886-87 se répartissent comme il suit :

DÉPENSES PERMANENTES. (En 1.000 marks, le mark valant 1 fr. 23.)

Parlement 379,7

Chancelier et chancellerie de l’em 141,3

7.377,5

7.753,0

343.036,7

37.101,2

1.945,7

155.534,7

297,2 18-302,5

529,8 21.850,1 26.961,6

621.211,0

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169

pire

Affaires étrangères et consulats..

Département de l’intérieur

Administration militaire

— de la marine...

— de la justice....

Trésorerie de l’empire

Office des chemins de fer de l’empire

Dettes de l’empire

Cour des comptes

Pensions

Fonds des invalides

DÉFENSES EXTRAORDINAIRES.

Chancelier et chancellerie de l’empire.

Affaires étrangères et consulats..

Département de l’intérieur..... 3

Postes et télégraphes *

Imprimerie de l’empire

Administration militaire *l

— de la marine.... 9

Trésorerie de l’empire 7

Administration des chemins de fer. 3

11,0 615,0308,0 508,8 360,0 511,6 701,9300,0 294,5

70.610,8

691.821,8

Total général des dépenses prévues pour l’année 1886-1887, .

Voici le tableau des recettes pour la même période :

Douanes et impôts de consommation 391.601,7

Droits du timbre 30.387,0

Postes et télégraphes 28.563,0

Imprimerie impériale 1.065,7

Administration des chemins de

fer 17.847,4

Banque de l’empire et autres.. 2.447,5

Recettes diverses 7.750,1

Fonds des invalides 26.961,6

Intérêts de capitaux de l’empire 1.580,0

Recettes extraordinaires.... 49.969,7

Contributions matriculaires... 139.218,4

Recettes. Dépenses.

Excédent.

697.392,1 691.821,8

5.570.3

5 — 93

Il n’en est pas de même chaque année, souvent il existe un déficit ;

Années. Recettes en marks. Dépenses. 1883-1884 566.965.200 587.251.800

1884-1885 593-696.400 614.594.000

1885-1886 612.325.600 600.585,300

L’État possède en outre le trésor de guerre déposé dans la citadelle de Spandau. Il se compose de 120 millions de marks, en or monnayé, ne rapportant aucun intérêt et destiné à subvenir aux frais de la mobilisation de l’armée. Il existe depuis 1871 et fut pris sur l’indemnité de guerre payée par la France.

Le gouvernement allemand a jusqu’à présent usé fort peu du droit d’emprunt. Voici le tableau des dettes de l’empire :

Dettes contractées pour subvenir à, divers besoins de l’empire : 77.731.321 marks (loi du 14 juin 1877), 97.484.865 marks (loi du 14 juin 1878), 68.021.071 marks (loi du 13 juin 1879), 37.627.203 marks (loi du 13 octobre 1880), 64.912 :885 marks (lois des 25 avril et 12 décembre 1881), 29.674.405 marks (loidu 26 juin 1882), 28.387.079 marks (loi du 26 novembre 1883), 40.892.720 marks (loi du 29 septembre 1884), et 42.520.647 marks (loi du 30 mars 1885), dont 394.764.600 marks avaient été émis au l«r janvier 1885.

Billets de l’empire en circulation au 1er avril 1885 : 141.186.250 marks.

Instruction publique. L’instruction est très répandue en Allemagne, surtout dans le N. et dans l’O., et elle y est en progrès constants. Sur 100 conscrits, on en comptait, en 1875, 2,37 complètement illettrés ; en 1880, 1,59, et en 1885, 1,21. Dans les provinces orientales (Pologne), ce nombre s’élève encore à 8,55 pour 100, tandis que dans le Wurtemberg, où l’instruction est le plus répandue, on n’a plus compté en 1885 que O,03 pour 100 conscrits ne sachant ni lire ni écrire, et en Alsace que 0,75 pour 100. Le nombre des écoles élémentaires ou primaires est d’environ 60.000, comprenant 75.000 maîtres et fréquentées par 6 millions d’élèves. L’enseignement secondaire pratique est donné en Prusse dans 47 Bûrgerschulen (écoles de bourgeois), ou écoles primaires supérieures, et le reste de l’Allemagne en compte 19. En Prusse, il y a 42 Realschulen supérieures et inférieures et 48 dans le reste de l’Allemagne. Dans ces realschulen l’enseignement est plus pratique, plus scientifique et moins littéraire que dans les gymnases ; elles peuvent être comparées aux écoles primaires supérieures de la ville de Paris. L’enseignement secondaire est donné en Prusse Sans 251 gymnases, 64 progymnases, 88 realgymnases et 78 realprogymnases ; le reste de l’Allemagne possède 88 gymnases et progymnasas. Le nombre des élèves est de 85.000. pour les realschulen et de 108.000 dans tes gymnases. La Prusse possède 201 institutions pour former le personnel enseignant, dont 108 séminaires d’instituteurs et 93 écoles normales supérieures ; puis 55 séminaires d’institutrices (4 catholiques et 15 privés) et 38 instituts préparatoires. L’enseignement dans les écoles primaires et secondaires de l’Allemagne est généralement confessionnel et les enfants de cultes différents sont séparés. Au-dessus des écoles secondaires se trouvent les universités. Une université comprend au moins 4 facultés : théologie, droit, médecine, philosophie (sciences et lettres) et au plus sept, comme celle de Tubingue, avec deux facultés de théologie, l’une catholique, l’autre protestarnte, et les facultés des lettres, des sciences, des sciences économiques, de droit et de médecine. La plus célèbre des universités d’Allemagne est celle de Leipzig, qui compte 175 professeurs et 3.075 élèves ; la plus considérable est celle de Berlin avec 278 professeurs et 4.665 élèves ; la plus petite, qui est à Rostock, comprend 39 professeurs et 299 élèves. Heidelberg, la plus ancienne des universités allemandes, a été fondée en 1386.

Sur les 20 universités, 9 sont en Prusse, 3 en Bavière, 1 dans le royaume de Saxe, 1 dans le Wurtemberg, 2 dans le pays de Bade, 1 dans la Hesse, 1 dans les duchés de Saxe, l dans le Mecklembourg, 1 en AlsaceLorraine.

Pendant le semestre d’été de 1885, on comptait dans les universités allemandes 2.157 professeurs et 27.325 étudiants. Parmi ces maîtres, il y a 323 privatdocenten ou professeurs libres. L’enseignement supérieur n’est pas gratuit en Allemagne ; les élèves payent une rétribution au professeur dont ils suivent les cours. Outre les universités, l’Allemagne possède de nombreuses écoles supérieures ; ce sont : l’académie d’architecture de Berlin, les écoles des mines de Fribourg, de Klausthal, de Berlin ; les écoles forestières de Munich, d’Eberswalde, de Tharand et de Hohenheim ; les écoles polytechniquesde Darrastadt, Dresde, Aix-la-Chapelle, Hanovre, Carlsruhe, Stuttgart ; les académies militaires de Munich et Berlin, destinées aux officiers sortis des écoles militaires ordinaires ; une école navale à Kiel ; des écoles d’agriculture à Iéna, Hohenheim, Berlin, Weihenstefan, Halle, Gœttingue ; des conservatoires de musique à Leipzig, Stuttgart, Cologne, Berlin, Dresde, Munich.

Armée. Nous avons exposé (au toma XVI du Grand Dictionnaire) l’organisation militaire de l’Allemagne. Il nous reste à in 22