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75» 30’ de long. O. Sa superficie est estimée à 30.000 kilom, carrés.

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  • ALEXANDRE D APHRODISE ou D’A-PHROD1SIAS,

célèbre philosophe péripatéticien.—Natif d’Aphrodisias, en Carie, il florissait à la fin du ne et au commencement du me siècle de l’ère chrétienne, sous le règne des empereurs Sévère etCaracalla. Il résulte de ses paroles mêmes que non seulement il était professeur de philosophie en titre, à Athènes probablement, mais qu’il avait reçu un mandat spécial des empereurs pour enseigner et interpréter la philosophie d’Aristote. On sait que les Antonins, et nommément Marc-Aurèle, avaient fondé à Athènes une sorte d’université. Il y avait des chaires de philosophie pour les diverses doctrines qui, à cette époque, se partageaient les esprits : le platonisme, l’aristotélisme, l’épicurisme et le stoïcisme. Alexandre occupa la chaire péripatéticienne. Il s’acquitta de sa tâi ; he avec intelligence et pénétration. C’est le plus célèbre de tous les commentateurs d’Aristote, celui qui passe pour avoir le mieux compris et développé avec le plus de talent les doctrines du maître. Aussi est-il connu sous la dénomination de Commentateur par excellence, ou simplement de Commentateur, de même qu’Aristote fut désigné, pendant tout le moyen âge, sous le titre de Philosophe.

Alexandre d’Aphrodise combattit la théologie panthéiste et fataliste des stoïciens. Il ne se borna pas à élucider dans des commentaires le sens des théories d’Aristote ; il composa, afin de défendre ses théories autant que pour les expliquer, des écrits spéciaux qui ne manquent pas d’originalité. Ces écrits sont au nombre de quatre : Traité du destin et du pouvoir libre ; Traité de l’âme ; Traité de la mixtion ou du mélange ; Questions naturelles et morales. Nous ne dirons rien du Traité de la mixtion ou du mélange, qui n’est qu’un corollaire du Traité de l’âme, ni des Questions naturelles et morales, ou se trouvent reprises, quoique sous une forme épisodique, la plupart des solutions déjà énoncées dans les ouvrages précédents.

Dans le Traité de l’âme, Alexandre d’Aphrodise examine quelle idée on doit se faire de l’âme. Selon lui, l’âme n’est pas unie au corps par le mélange. Elle est la forme du corps ; on ne peut l’en séparer que par abstraction. Elle n’est pas dans le corps comme un pilote en son navire. Si on pouvait l’assimiler réellement au pilote, il s’ensuivrait immédiatement (rue l’âme est corps, attendu quil ne peut y avoir de pilote sans corps. Il s ensuivrait aussi de là que l’âme est placée dans quelque partie distincte du corps comme en un lieu. Dès lors, quel moyen d expliquer l’entrée de l’âme dans le corps ou la sortie de l’âme du corps ? Et puis, est-iî possible de comprendre, dans cette hypothèse, l’union intime de deux natures primitivement séparées et si différentes ? Elle est la force par laquelle le corps atteint sa perlection et réalise sa fin. D’où le nom d’entelèchie qu’on lui donne. Elle est entéléchie première, parce qu’elle constitue l’habitude ou les manières d être du corps, et que les actes accomplis conformément à ces manières d’être sont entéléchies secondes. Cette définition de l’âme s’applique à l’âme des plantes comme à l’âme humaine. Dans 1 nomme comme dans les plantes, l’âme peut être comparée aux vertus des potions médicales, qui résultent de la mixtion de beaucoup de choses. Elle est le produit, non le principe de cette mixtion. C’est pourquoi elle périra certainement avec le corps.

Dans le même ouvrage, Alexandre explique ce qu’il faut entendre par la fortune le hasard, le destin, la liberté. 11 demande cette explication a la théorie péripatéticienne des causes. Il y a deux espèces de causes efficientes : celles de la nature, et celles qui témoignent du choix et de l’art. La liberté est la cause efficiente qui témoigne du choix La fortune est la cause efficiente de ce qui se produit par accident à la suite d’un acte délibéré, qui n avait point pour but ce qui se produit. Le hasard est la cause efficiente de ce qU1 se produit par accident à la suite de action d une cause efficiente naturelle Le destin est l’ensemble des causes efficientes naturelles. Il ne faut pas confondre le destin ou fatalité avec la nécessité. La nécessite ne régit que ce qui est éternel et immuable, comme les mouvements des astres Iji empire du destin ne s’exerce que sur les choses qui admettent les contraires, qui sont sujettes a la naissance et à la corruption Or, dans ces choses, il y a lieu à la possibilité. Nous découvrons particulièrement cette possibilité en nous-mêmes. Le fait de la délibération, le fait de la prière, le fait de la loi marquent assez qu’il y a des choses que nous estimons être complètement en notre pouvoir. Aussi la puissance du destin n’estelle point irrésistible. Le destin est la nature propre de chaque être ; le destin de chaque homme la nature propre de chaque homme. Notre libre pouvoir et la fortune qui le suit peuvent donc en changer le cours : et si la divination a quelque efficacité, c’est qu’en nous révélant des conséquences fatales ç est-à-dire naturelles, elle nous permet dé les conjurer, pourvu que nous renoncions aux actes qui es doivent fatalement produire i. ouvrage le plus important d’Alexandré

d Aphrodise est le Traité du destin et du pouvoir libre. Ce traité est dédié aux empereurs Sévère et Caracalla. Il est consacré tout entier à la réfutation du fatalisme stoïcien. Alexandre reproche aux stoïciens de détruire dans la uature, par leur conception du destin, tout hasard, toute contingence, toute réalité des possibles. Cependant, j> esj ;>’ pas indubitable qu’il nous est possible d exécuter en diverses manières, ou même de ne pas exécuter les mouvements que nous exécutons ? S’il y a des choses qui ne soufirent pas leur contraire, n’y en a-t-il pas iui 1 admettent. Les stoïciens prétendent que le nécessaire n’en demeure pas moins pour nous le possible, par cela seul que la cause du nécessaire nous est inconnue. Mais ce ri est pas l’ignorance qui fait la possibilité. Le possible est ce qui aurait pu ne pas être tandis que tout ce qui est ne pouvait pas ne pas être aux yeux de ceux qui considèrent le destin comme une nécessité. Les stoïciens abolissent donc la possibilité.

Du même coup, ils abolissent la liberté dans 1 homme, en étant toute fin à la délibération. Si tout arrive nécessairement, la délibération n’est-elle pas frustratoire ? Et pourtant, la nature qui, du propre aveu des stoïciens, ne fait rien en vain, n’a-t-elle pas tait 1 homme essentiellement capable de raisonner, de délibérer, de choisir ? Quiconque délibère croit être libre. C’est la liberté qui explique la diversité des choix. C’est la liberté qui donne un sens aux regrets, aux reproches, aux conseils.. Tout homme qui délibère, dit Alexandre, dans cette recherc, h1e, ’îu’ institue la délibération, se demande s il lui faut faire ceci, ou s’il lui faut faire le contraire, alors même qu’il professerait que toutes choses arrivent fatalement. Car la vente réfute dans la pratique les opinions erronées qui concernent la pratique. Or, comment ne serait-il pas absurde de prétendre que la nature, en cela, trompe généralement tous les hommes ? Que ce soit, en effet, le privilège de notre activité que de pouvoir s appliquer aux contraires, et que tout ce que nous choisissons n’ait pas à l’avance des causes déterminées, qui nous rendent impossible de ne pas le choisir ; c’est ce qui suffit à prouver le changement qui se produit fréquemment dans nos choix. Effectivement, c est parce qu’il nous était possible et de ne pas faire tel choix et de ne point exécuter telle action, que nous éprouvons du regret et nous reprochons à nous-mêmes notre manque de réflexion. Tout de même, lorsque nous voyons autrui ne pas suivre, en agissant, la bonne voie, nous lui reprochons son erreur. Enfin, nous jugeons utile d user de conseillers, persuadés que nous sommes qui ! est en notre pouvoir de les prendre ou de ne pas les prendre, afin de foire avec leur concours autre chose que ce que nous faisons. ■

Alexandre montre ensuite que le fatalisme est incompatible avec toute idée de moralité, bi 1 homme n’est pas libre, il n’y a plus ni vice, ni vertu, ni culpabilité, ni innocence. Supposons que les hommes se persuadent du caractère fatal de leurs actes ; il e ;, t clair que, en vertu de cette croyance même, ils diront adieu, pour choisir les plaisirs faciles, a tout ce qui se produit avec peine et avec souci. • Effectivement, si les hommes sont dans ces dispositions, leurs actes devenant dès lors conformes à leurs sentiments (car la lausse créance qui les aura gagnés ne leur permettra point d’admettre que les choses puissent se passer autrement qu’elles se passent), qu adviendra-t-il, sinon que ce sera de la part de tous une négligence de ce qui est bien, parce qu’on ne réalise et on n’exécute tout ce qui est bien qu’avec effort ; et de la part de tous le choix de ce qui est mal, parce que le mal s accomplit facilement et avec plaisir ?»

Avec la doctrine de la nécessité absolue il n y a plus de Providence, partant, plus de crainte ni de respect des Dieux.. Si en effet, dit Alexandre, les manifestations des Dieux que 1 on rapporte s’être produites en faveur de quelques hommes, se sont produites en vertu dune cause antérieurement arrêtée, de telle sorte qu’avant qu’aucun de ces hommes fut né, il était vrai que tel homme recevrait quelque assistance de la part des Dieux, et que tel autre n’en recevrait aucune ; comment désormais appeler à bon droit> Providence • ce qui ne se produit point comme la juste récompense d’un mérite, mais comme l’effet infaillible d’une nécessité ? »

Ici Alexandre rencontre l’objection que ion tire de l’incompatibilité de la liberté avec la prescience divine. Il n’hésite pas à sacrifier la prescience divine. « Il est, dit-il impossible, même aux regards des Dieux ou que la diagonale soit égale à un côté, ou que deux fois deux fassent cinq, ou que ce qui est arrivé ne soit pas arrivé, parce que cela impliquerait contradiction. Par la même raison, il est impossible aux Dieux de connaître a lavance comme devant absolument être ou n être pas, ce qui a pour nature propr% de Pouvoir être ou ne pas être. »

On voit que la plupart des arguments par lesquels les spiritualistes défendent le libre arbitre contre le déterminisme universel et absolu, ont été développés par Alexandre d Aphrodise dans son Traité du destin et du pouvoir libre.

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— Bibliogr. Le Traité du destin et du pouvoir libre a été deux fois traduit en latin : d abord par Hugo Grotius, dans l’ouvrage intitulé : Pkilosophorum sententise de Fato (Amsterdam, 1648) ; ensuite par Schulthess, dans le tome IV de su Bibliothèque des philosophes grecs, et dans une édition séparée (in-S", Zurich, 1782). Il a été traduit en français par M. Nourrisson (Paris, 1870).

Alexandre (LES CAMPAGNES D’), par le vice-amiral Jurien de la Gravière (1884, 5 vol. in-18). L’auteur a refait dans les plus petits détails l’histoire d’Alexandre et de ses prodigieuses expéditions en s’appuyant, pour le tond, sur les historiens anciens, mais en les complétant par ses propres inductions, que lui suggérait presque toujours la divergence des récits, et surtout en les éclairant à 1 aide de notions topographiques le plus souvent recueillies sur les lieux mêmes. L’ouvrage se compose de cinq parties : le Drame macédonien, l’Asie sans maître, l’Héritaqe de Darius, la Conquête de l’Inde et le Voyage de Nearque. La partie maritime des campagnes d Alexandre, le siège de Tyr, le Périple de Nearque dans le golfe Persique, avaient d’abord attiré spécialement les recherches de 1 amiral Jurien de la Gravière, et c’était surtout ces épisodes qu’il se proposait d’étudier ; mais 1 intérêt du sujet l*entraina plus loin qu’il ne le voulait d’abord. Il n’y a pas lieu de le regretter, car nous devons a cet accident 1 étude critique la plus complète qui ait ete faite, au point de vue militaire et géographique, des campagnes du grand capitaine. L auteur s’est souvent uppuyé sur Quinte-Curce, malgré le dédain qu’ont généralement pour lm les historiens, et il explique pourquoi. < Je ne sais trop à quel titre on a pris 1 habitude de récuser constamment son autorité pour ne s’en fier qu’au témoignage d’Arnen. Quelques erreurs géographiques et un trop grand penchant à la déclamation ne suffisaient pas, suivant moi, pour infirmer aussi complètement un récit plein de vie, où nous retrouvons maints détails négligés bien a tort par le gouverneur de la Oappadoce. Diodore de Sicile, Justin, Plutarque, Arrien et Quinte-Curce ont puisé aux mêmes sources ; tous ont mis à contribution les Ephémérides, les Mémoires de Ptolémée et d’Aristobule, la Chronique de Clitarque. Si l’Orient, dans sa pompe stérile, si l’invasion, dans sa pauvreté martiale, nous sont fidèlement rendus, ce n’est pas dans l’Anabase d’Arrien cest dans le De Hebus gesiis de Quinte-Curce. » Cela ne l’empêche pas de contredire souvent son auteur favori, surtout quand u parle de l’intempérance du héros de ses accès de folie, de l’incendie de Persepolis, etc. ; ici, les contradictions des historiens a propos des faits qui pourraient incriminer la mémoire d’Alexandre, viennent à propos au secours de son panégyriste, à qui fon ne saurait reprocher, du moins, d’avoir une admiration aveugle, car c’est par de solides arguments qu’il réfute ce qu’il appelle les calomnies de l’histoire. ■ L’homme, dit-il, qui ii avait connu avant son mariage avec Statira.et plus tard avec Roxane, d’autre femme que Barsine, la femme de Memnon ; l’homme qui à trente ans pouvait passer devant tant de captives, le tourment des yeux, comme devant des statues inanimées ; ce même homme qui se glorifiait d’avoir, dès son enfance, fait choix de deux excellents cuisiniers : pour le dîner, une promenade au lever de 1 aurore, pour le souper, un dîner trugal, nous est représenté par la majorité des chroniqueurs comme vivant au milieu des orgies. C’est du sein d’une orgie, dit-on cest sur la provocation d’une courtisane qu’il se lève pour donner l’ordre de brûler Persepolis. Le croyez-vous, vraiment ? « Alexandre, remarque "Voltaire, a fondé beaucoup plus de villes que les autres conquérants n en ont détruit, ■ et, chose étrange les débris de Persepolis ne confirment aujourd hui par aucun indice les récits d’Arrien, de Diodore de Sicile et de Quinte-Curce. > M. Jurien de la Gravière montre que Persepolis n’a pas été brûlée, mais seulement pillée et dévastée par les Macédoniens, que jusque-là leur chef avait pu retenir. It en est de même de beaucoup d’autres faits, tels que l’assassinat de Parménion et le meurtre de Clytus, qu’il s’attache à faire voir sous leur véritable jour.

Nous ne suivrons pas l’historien militaire dans le récit de ces admirables campagnes ou il montre Alexandre au Granique, à Arbelles, à Issus, aussi grand tacticien que brillant général de cavalerie, car il était toujours al avant-garde, puis savait se trouver al endroit ou devait se frapper le coud décisif. L organisation de la conquête, dans la partie intitulée VBéritage de Darius le montre aussi habile administrateur que grand capitaine. L’expédition en Asie Mineure n’était pourtant, d’après M. Jurien de la Gravière, qu’une chose relativement facile et si Alexandre s’y fût tenu, elle ne le mettrait

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prises avec les difficultés d’une exploration dans un pays inconnu où tout pas en avant révélait un obstacle, avec le mécontentement de ses lieutenants et de ses soldats mécontentement qui se trahissait par des révoltes incessantes, Alexandre ne cesse de se montrer un général plein d’audace, de persévérance et de ressources. La lutte à main armée, remarque à ce propos l’auteur, fut peut-être en ce temps-là, comme au temps de Napoléon et au nôtre, la moindre partie de la stratégie ; l’art de faire vivre des troupes, de les approvisionner en temps op- ’ portun d armes et de munitions, semble avoir déjà constitué la grosse difficulté du métier. La dernière phase de la campagne de l’Inde le démontre suffisamment ; arrivé à l’Hyphase (le Bias actuel, affluent du Sutlè-’e ’ trontiereorientaleduPendjab), Alexandreest rorce de s arrêter par ses vétérans, qui n’ont plus ni vêtements ni armures et refusent d aller plus loin ; il revient sur l’Hydaspe et y rencontre un convoi d’armes, de vêtements et de munitions, escorté par trente mille hommes et que lui envoyait de Grèce Harpalus. Quelques mois plus tôt, ces renlorts considérables auraient changé complètement la face des choses.. Alexandre

traversait l’Hyphase, l’Hesudrus (Sutlège) et s engageait, non loin deFirozpour et de Loudiana sur la route royale qui conduisit en 302 ayant J.-C. Mégastbène, l’ambassadeur de Seleucus Nicator, à Palimbothra, ville immense située au confluent de la Jumna et du Gange. Ce parcours de 1.840 kilom. ne menait pas encore Alexandre à la mer ; il l’en rapprochait beaucoup puisqu’il le laissait aux lieux qu’occupe ajourd’hui Bénarès. Mais quel n eût pas été l’étonnement des Macédoniens si des bouches du Gange ils eussent voulu gagner le golfe Persique et, comme le leur taisait entrevoir Alexandre, les Colonnes d Hercule, en contournant la Lybiel Tout un monde s’interposait entre le Gange et l’Indus ; un autre monde bien plus vaste encore se développait entre l’Indus et le Nil. Nous figurerons-nous Alexandre et ses compagnons suivant la côte d’Orissa et de Coromandel, remontant la côte de Malabar jusqu à Bombay et allant rejoindre à travers le golfe de Cambaye et le golfe de Kutch les bouches de l’Indus ? S’il eût ajouté ces 5.000 kilomètres à son itinéraire, si les géographes eussent rattaché plus tard les arpentages de Bœton et de Diognète, les explorations maritimes de Scylax et de Nearque aux vagues souvenirs du voyage des vaisseaux de Néchno et du Périple d’Hannon, il est probable que Christophe Colomb n’eût jamais découvert l’Amérique, car Ptolémée ne 1 aurait pas induit b cette entreprise en rétrécissant démesurément notre planète. Le retard apporté à l’arrivée du renfort conduit pur Memnon a donc eu des conséquences qu une imagination active peut s’accorder le plaisir de développer : les petites causes ont eu souvent dans l’histoire de l’humanité de grands effets ; celle-ci a peut-être fait manquer au roi de Macédoine sa fortune, en revanche elle a fait la fortune de Charles-Quint. >

ALEXANDRE U, empereur de Russie, né le 29 avril 1818.— Il est mort assassiné à Saint-Pétersbourg, le 13 mars 1881. Nous avons

pas beaucoup au-dessus de Pizane ou de Portez. C est a 1 expédition dans l’Inde, reconstituée d après les campagnes des Anglais dans le Pendjab, qu’il réserve toute son admiration. Le passage de l’Hydaspe (le Diujarn) en face des armées de Porus, est un tait d armes comparable au passage du Danube par Napoléon avant Wagrmn et y ressemble par bien des points. Sans cesse aux

, -, vu. Q, Iu A„ niaio loou nuus avons

raconté, aux tomes 1er et XVI du Grand Dictionnaire, la vie de l’empereur Alexandre jusqu au commencement de 1877. À cette époque, la guerre était imminente entre la Russie et la Turquie. La Porte ayant déclaré en réponse au protocole de Londres, le 10 avril 1877, qu elle préférait s’exposer aux dangers de la lutte plutôt que d’accepter des conditions qu’on pourrait imposer seulement à une nation qui a essuyé de grandes défaites, la décision d Alexandre II ne se fit pas attendre. Le 24 du même mois il promulgua un manifeste de guerre, daté de Kichenew. Dmis ce document, il fit ressortir les efforts tentés par la Russie pour amener la Turquie à donner, par des réformes sérieuses, aux chrétiens d Herzégovine, de Bosnie et de Bulgarie, des garanties contre le despotisme ; ces tentatives ayant échoué, Alexandre II se déclarait obligé d’obtenir, par la force des armes, en faveur de ses coreligionnaires souffrants en Turquie, ces garanties indispensables à leur repos futur. Il donna en conséquence à ses. armées l’ordre de passer la frontière turque. L’œuvre personnelle d Alexandre II dans cette guerre est considérable. Il avait de très longue main préparé cette lutte qui, sous prétexte de protéger les chrétiens, devait donner à la Russie une puissance prépondérante en Orient. S’appliquant avant tout à la réorganisation des forces armées de son immense empire, il avait soumis toutes les classes au service militaire, et l’avait déclaré obligatoire. Empruntant à la Prusse son système de laudwehr et à la France son organisation en grands commandements territoriaux, ajoutant avec une patience persévérante de nouveaux vaisseaux à sa flotte, activant sans relâche la construction de nouvelles lignes de chemins de fer, il avait d’une part assuré une conscription annuelle de 700,000 hommes environ, et d’autre part rendu facile et prompte la mobilisation de cette armée immense. Le 23 mai, la cour impériale vint s’établir à Tzarskoe-Selo, et Alexandre II alla un moment se mettre à ta tête de ses troupes. De retour à S^iat-Pé-