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GRAN

donna lieu a un procès, et, à la suite des débats judiciaires, il fut retiré du commerce.


GRANIER (Jeanne), comédienne française, née en 1852. Elle est fille d’Irma Granier, qui fut, pendant longtemps, une des actrices les plus applaudies du Vaudeville. La petite Jeanne ayant montré un goût prononcé pour la musique, sa mère lui fit donner des leçons de chant, puis chargea Mme Barthe-Benderali de l’initier au répertoire classique de l’Opéra-comique et du Théâtre-Italien. Mlle Jeanne Granier fit ses débuts sur le petit théâtre d’Étretat, et bientôt une circonstance fortuite la jeta dans l’opérette. Pendant le grand succès de la Jolie parfumeuse, Mme Théo s’étant trouvée subitement indisposée, Mlle Jeanne Granier offrit à Offenbach de la remplacer, au pied levé, dans le rôle de Rose Michon, et elle obtint un succès complet, Charles Lecocq, charmé de son talent, lui fit travailler le répertoire de l’opéra bouffe, et il écrivit une opérette dans laquelle elle devait jouer le premier rôle. Entre temps, Jeanne Granier chanta dans les salons, puis à Contrexeville. Enfin, au mois de novembre 1874, elle créa son premier rôle au théâtre de la Renaissance, dans Giroflé-Girofla de Lecocq. Le succès de la jeune actrice fut complet. Elle déploya à la fois un véritable talent de comédienne et de chanteuse. Elle ravit le public par sa grâce et par son jeu spirituel, par la finesse de sa diction. Depuis lors, Jeanne Granier, en possession de la faveur du public a rempli avec un succès croissant divers rôles, et elle s’est particulièrement fait remarquer dans la Marjolaine de Lecocq (1877).


GRANIER DE CASSAGNAC (Bernard-Adolphe), publiciste et homme politique français.

— En 1872, M. Clément Duvernois, ayant quitté l’Ordre pour s’occuper exclusivement d’affaires financières qui devaient le conduire devant la police correctionnelle, M. Granier de Cassagnac devint un des principaux rédacteurs de la feuille bonapartiste, dans laquelle il put impunément déverser l’outrage et la calomnie sur la République et les républicains. Après le coup d’État parlementaire du 24 mai 1873, il continua sa campagne avec une croissante ardeur. Maire de Plaisance, membre du conseil général du Gers, pour le canton d’Aignan, il se porta candidat à la députation dans ce département, à Mirande, le 20 février 1876. Dans sa profession de foi, il disait notamment : « Nous avions ensemble acclamé l’Empire et pendant dix-huit années nous l’avons ensemble soutenu. L’ordre, la sécurité, la longue prospérité qu’il avait donnés aux campagnes sont encore vivants dans votre mémoire, et c’est en vous rappelant ces souvenirs que je viens de nouveau solliciter vos suffrages… Si la révision de la constitution venait à être opérée pendant la durée de mon mandat, je voterais pour que le régime actuel fût changé en totalité, et je demanderais que la révision fût opérée à l’aide d’un appel au peuple. » Il eut pour concurrents M. Maumus, candidat républicain, et M. de Gontaut, légitimiste. Élu député par 10,463 voix, il alla siéger à la chambre dans le groupe bonapartiste et il vota constamment avec la minorité antirépublicaine. Le 23 novembre 1876, il prononça un discours pour défendre le budget des cultes. Le 4 mai 1877, il vota contre l’ordre du jour qui invitait le ministère à surveiller les dangereuses menées du parti clérical. Le 17 du même mois, il applaudit au message du maréchal de Mac-Manon, qui déclarait la guerre à la majorité républicaine de la Chambre des députés et nommait un ministère composé de cléricaux, de monarchistes et de bonapartistes. Le 19 juin, il vota contre l’ordre du jour de défiance contre la ministère. Après la dissolution de la Chambre des députés, M. Granier de Cassagnac fut désigné par le gouvernement comme le candidat officiel de l’administration, et, le 14 octobre 1877, il fut réélu député dans l’arrondissement de Mirande par 12,640 voix contre 6,920 données au candidat républicain, M. Sansot. Outre les ouvrages que nous avons cités, il a publié : Histoire des origines de la langue française (1872, in-8o) ; le 10 mars à Chiselhurst (1874, in-12) ; Histoire populaire illustrée de l’empereur Napoléon III (1874-1875, in-8o), avec Paul de Cassagnac ; Histoire de la colonne Vendôme (1875, in-16), etc.


  • GRANIER DE CASSAGNAC (Paul), publiciste et homme politique, fils du précédent.

— Pendant qu’il était encore prisonnier en Allemagne, des bonapartistes posèrent, le 8 février 1871, sa candidature à l’Assemblée nationale dans le Gers ; mais il n’obtint qu’environ 8, 000 voix. En quittant la forteresse de Cosel, il fit un voyage à Venise pour rétablir sa santé, puis il revint en France, fut réélu, le 8 octobre 1871, membre du conseil général du Gers par le canton de Plaisance, et il fonda dans ce département un journal bonapartiste, l’Appel au peuple. En 1872, M. Paul de Cassagnac devint rédacteur en chef du Pays, ancien Journal de l’Empire, Il y continua, avec un redoublement d’ardeur, de provocations et d’insultes, sa campagne contre là République et les républicains, ses apologies des actes les plus odieux du détestable régime qui avait conduit la France au démembrement et presque à la ruine. À la suite d’une polémique entre le Peuple souverain et le Pays, un duel eut lieu le 1er juin 1872 entre M. Paul Granier de Cassagnac et M. Édouard Lockroy, qui fut blessé. Quelque temps après, le virulent journaliste demanda la suppression du Corsaire. Cette feuille ayant été supprimée en décembre, M. Paul de Cassagnac écrivit dans le Pays ces lignes, qui donnent une idée parfaite de son ton habituel, de son style et de ses idées : « Un de vos journaux, le Corsaire, nous insultait depuis sa fondation. Rédigé par un Zola, romancier de la Morgue, par un Bienvenu, drôle effaré par la peur, cette feuille jetait sa boue tous les matins… Un article paraît plus violent, plus immonde encore que les autres. Qu’avons-nous fait ? Nous avons dit au gouvernement : Assommez cette bête enragée ! Il l’a fait, nous l’en félicitons. De quoi donc vous étonnez-vous ? Entre vous et nous, c’est une guerre à mort, sans merci. Et tenez, laissez-nous vous le dire : votre jour est proche, nous le croyons, nous le savons… Si nous sommes les plus faibles, nous vous ferons voir comment de braves gens savent mourir devant des coquins. Mais si nous en réchappons, ce qui est encore possible, prenez garde à vous ! » Dans la République française, M. Ranc répondit d’une façon aussi spirituelle que vigoureuse aux menaces de M. Cassagnac fils. « Ne pouvant se faire accepter comme écrivain politique, dit-il, le bon jeune homme voudrait au moins être tenu pour un héros. Voici plusieurs années qu’il y travaille. D’abord il s’est posé en duelliste, mais voilà le diable : plus il s’est battu, moins le public a cru à son héroïsme. Le public, qui n’est pas si bête, a remarqué, détail fâcheux, que ce chevalier du bonapartisme avait eu le singulier bonheur de ne jamais aller sur le pré qu’avec des journalistes ne sachant pas tenir une épée. De là une victoire facile et assurée d’avance… Malgré tout, le bon jeune homme s’est imaginé que, fort de ses glorieux antécédents (il a été zouave, ne l’oublions pas), il répandrait à son gré la terreur autour de lui. Il s’est campé le poing sur la hanche et s’est mis à apostropher les passants. Pauvre grand dadais, il ne s’aperçoit pas que ses allures de Jocrisse matamore ne font peur à personne. » Au mois d’avril 1873, M. de Cassagnac fut un des promoteurs de l’alliance conclue entre les bonapartistes et les légitimistes, en vue de l’élection qui eut lieu alors dans la Seine. Dans une réunion bonaparto-légitimiste, tenue à la salle Herz, sous la présidence du bonapartiste Tarbé des Sablons, ayant pour assesseurs deux légitimistes, MM. de Riancey et Mayol de Luppé, M. Paul Granier de Cassagnac prononça un discours naturellement rempli d’injures pour la République. Après avoir déclaré qu’il avait de l’admiration pour les légitimistes, que, s’il avait vécu en 1792, il aurait fait partie des Vendéens, que, s’il était deux partis pouvant s’entendre, c’était le parti légitimiste et le parti bonapartiste, il annonça que les deux partis, unis dans une même communauté de vues, marcheraient contre cette chose hideuse et maudite qui s’appelle la République, la chose qui les divise le moins parce que c’est celle qui les dégoûte le plus. Il ajouta que M. Barodet était le présent de la canaille de Lyon à celle de Paris, que M. de Rémusat, le grand vizir, le Giaffar de M. Thiers, représentait le train omnibus pour la Commune, et il conclut en proposant de choisir pour candidat M. Libmann, qui, lui, était présenté par des prêtres et des évêques, qui était Alsacien, qui s’était opposé au 4 septembre et qui avait sauvé la chapelle expiatoire. Ce morceau de haut goût fut vivement applaudi par le duc de La Rochefoucauld-Bisaccia, par les légitimistes et les bonapartistes, tout à fait dignes, en effet, de s’entendre ; mais le nombre infime de voix qui se porta du côté du candidat des coalisés le 27 avril montra ce que pensait la population parisienne de cette touchante union. Le renversement de M. Thiers mit au comble la joie et l’audace de M. Paul de Cassagnac. Il demanda au nouveau gouvernement d’étrangler la presse républicaine et la République. Le 30 mai 1873, il écrivait dans le Pays ces lignes qui peignent l’homme tout entier : « Toute indulgence devant les républicains doit disparaître sans retour. Un acte de faiblesse en ce moment serait un véritable crime. Si les républicains l’eussent emporté, nous étions condamnés à les subir : qu’ils nous subissent à leur tour. En politique comme en guerre, nous ne connaissons qu’un mot vrai, c’est le « Malheur aux vaincus ! » « Il ne faut toucher à un ennemi que pour le tuer. » Tel fut le noble langage que ne cessa journellement de tenir M. Granier de Cassagnac sous le gouvernement de combat. Au mois de juillet 1873, il eut en Belgique un nouveau duel avec M. Arthur Ranc, dont il avait été un des dénonciateurs et qu’il avait contribué à faire poursuivre. Dans cette rencontre, les deux adversaires furent blessés. Au mois d’octobre suivant, des élections partielles ayant, comme les élections précédentes, donné de grandes majorités aux candidats républicains, M. de Cassagnac accusa les royalistes d’en être la cause, parce qu’ils avaient effrayé le peuple en voulant la restauration d’une monarchie définitivement condamnée. À diverses reprises, notamment le 16 mars 1874, il se rendît à Chiselhurst auprès de l’ex-prince impérial et prit part aux manifestations qui y eurent lieu. Lorsque, au mois de juin 1874, le député Girerd fit connaître à l’Assemblée une pièce curieuse qui révélait l’existence d’un comité central bonapartiste, le rédacteur du Pays redoubla d’audace. Il publia des articles d’une telle violence que le ministre de l’intérieur, M. de Fourtou lui-même, crut devoir suspendre le journal qui provoquait à la guerre civile, au mépris des droits de l’Assemblée et de l’inviolabilité des représentants du peuple. Traduit en cour d’assises le 2 juillet 1874, pour avoir, dans ses articles, provoqué à la haine des citoyens les uns contre les autres, M. Paul de Cassagnac fut acquitté. Au mois de janvier 1875, il eut une vive polémique avec M. de Franclieu, légitimiste. Rompant avec le parti qui faisait « son admiration » en avril 1873, il écrivit : « Ah ! plaise au ciel que votre parti ne revienne jamais, car la haine est tellement violente contre vous, légitimistes énergumènes, qu’il serait à redouter que le peuple, échappant à nos conseils, à nos supplications, ne se mît encore à rugir comme autrefois et à recommencer ces épouvantables forfaits, qui n’étaient que des représailles contre des siècles d’oppression imprudente. » Ce même mois, il refusa de se battre avec M. Clemenceau, qu’il avait insulté. En février 1875, poursuivi pour diffamation et outrages, au sujet de la bataille de Sedan, par le général Wimpffen, il obtint un acquittement. Dans un article qu’il publia en novembre 1875, il déclara nettement que, si l’Empire était restauré, il recommencerait les fusillades et les proscriptions du 2 décembre 1851. Quelques jours plus tard, le 23 novembre, il prononça à Belleville, dans une réunion de bonapartistes, un discours qui fit grand bruit. Il y exposa tout un programme des bienfaits de l’Empire et de l’idéal que devait poursuivre le peuple. Rien de plus curieux et de plus instructif. « L’Empire, dit-il, ne vous donnait pas les libertés vaines, mais les libertés utiles, celles de manger, de boire et de dormir à bon marché. Ce sont les vraies libertés, celles-là, les vraies pour vous. Que vous importent les autres libertés, dont vous ne profitez pas, et en quoi vous servent-elles donc ?… Un gouvernement doit au peuple la richesse, et c’est au peuple de faire de cette richesse l’usage qui lui paraît le meilleur. Celui qui est sage économise et amasse, celui qui est fou dépense et gaspille ; mais le gouvernement a fait son devoir et cela ne le regarde plus. Le peuple est assez grand pour savoir ce qu’il fait ; il n’a plus besoin de tuteur comme autrefois, et s’il lui plaît de se corrompre avec ce qui devrait seulement le rendre indépendant, c’est son affaire. Si l’Empire revient, il guidera la France vers des réformes indispensables qui s’imposent et que je vais vous dire : il cherchera à supprimer les octrois et à les remplacer par une charge qui pèsera moins sur les pauvres et plus équitablement sur les riches. Il réformera le code et rendra plus facile l’inextricable transmission de la propriété. Enfin il arrivera, par l’impôt sur le revenu, à établir une répartition plus exacte des charges de chacun. Il fera cela et bien d’autres choses, qui ne sont pas ici de vaines réclames comme en font les candidats républicains que vous connaissez, ni de détestables mensonges comme ces mots de liberté, d’égalité et de fraternité, dont on a badigeonné tous les murs de Paris. Et s’il ne le fait pas, je serai là, moi, pour le lui rappeler en votre nom… Oui, l’empereur viola la légalité en faisant le coup d’État ; oui, l’empereur n’avait pas le droit de renvoyer l’Assemblée pas plus que vous, monsieur, vous et vos amis n’aviez le droit de chasser l’Empire le 4 septembre. Et je m’inclinerais devant le 4 septembre si vous aviez fait le lendemain ce que l’empereur a fait, si vous aviez dit à la France : « Es-tu contente ? » Et que vient-on me parler ici de légalité, de loi violée, de décrets oubliés ou méconnus ? Le peuple est le grand juge, le seul juge de ces violations, de même que le pape lie et délie en matière religieuse. Il a absous l’empereur par des millions de suffrages, et qui donc oserait condamner celui que le peuple a absous ? La légalité, les lois violées, qu’est-ce que cela fait au peuple quand il n’en veut plus ? Pour lui, tout cela est écrit sur du sable, et, lorsqu’il en a assez, il les efface avec son large pied. » Cette apologie de la bestialité et de la violation des lois produisit une vive sensation. Le ministre de l’intérieur Buffet, menacé d’une interpellation devant l’Assemblée, fit saisir le Pays, le Gaulois et l’Ordre, qui avaient publié le discours de Belleville, ordonna des poursuites et saisit avec empressement cette occasion pour interdire toutes les réunions. Le 13 décembre, M. Granier de Cassagnac fut traduit, pour son discours, devant la cour d’assises de la Seine, sous l’inculpation d’excitation à la haine des citoyens et au mépris du gouvernement ; mais encore une fois il fut acquitté.

Après la dissolution de l’Assemblée nationale, M. Paul de Cassagnac se porta candidat à la Chambre des députés, le 20 février 1876, dans l’arrondissement de Condom (Gers). Il dit dans sa profession de foi : « Ma devise est en deuil, elle est veuve de l’empereur ! Il est mort, je n’ai plus son trône à reconquérir. Il ne me reste que sa tombe et vous savez que j’ai veillé sur elle… Si vous avez gardé saintement la mémoire des deux empereurs, de l’oncle et du neveu, morts tous les deux pour vous, martyrs du peuple, victimes de l’Europe féodale, qui a voulu tuer en eux les apôtres de la souveraineté nationale, le droit des sociétés modernes, nommez-moi ; car après le maréchal, et si le peuple français le veut, je ne vois que le candidat populaire, celui qui n’est encore que le prince impérial et qui s’appellera, de par la loi et la volonté nationale, Napoléon IV ! » Élu député par 9, 818 voix contre 6, 907 données à M. Lacroix, républicain, et 1, 007 à M. de Gugnac, légitimiste, M. Paul de Cassagnac alla siéger dans le groupe de l’Appel au peuple. Il se fit aussitôt remarquer par la violence et la fréquence de ses interruptions. Il s’attacha à troubler les discussions et à provoquer des scènes de désordre au sein du parlement, dans le but avoué par lui de discréditer le régime parlementaire. Ayant dans une séance injurié et provoqué les républicains, mais déclaré, dans une note insérée au Pays, qu’il était, en tant que journaliste, à la disposition de tous ceux qui viendraient le provoquer dans son bureau, M. Clemenceau s’empressa de relever le gant ; mais encore une fois il refusa de se battre. « Il y a dans la vie, monsieur, différentes phases, lui répondit-il dans son journal. J’ai parcouru la première, celle de la fougue. J’en inaugure une autre, celle du travail, qui amènera le triomphe d’une grande idée et d’une sainte cause. Vous, vous débutez ; adressez-vous à d’autres, qui trouveront entre votre peau et la leur une plus juste proportion. Quant à moi, je ne me bats plus. Et je ne manquerais à ma résolution que pour donner à un homme que j’aurais gratuitement outragé la réparation qui lui est due légitimement ou pour corriger, par exemple, un collègue qui se permettrait, dans un corridor de la Chambre, d’employer des moyens de persuasion qui réussissent toujours… Vous êtes donc condamné à jouer perpétuellement ce rôle qui ne vous fatiguera pas : le rôle du monsieur qui veut tuer Cassagnac. » M. Clemenceau lui répondit : « Je ne veux pas vous tuer, rassurez-vous. Je veux seulement montrer qui vous êtes ; quand on a passé la phase de la fougue, pour me servir de votre expression, il faut tâcher de sortir de la phase de l’insulte. Autrement on s’expose, en injuriant sans péril, à entrer dans une phase inconnue aux hommes qui répondent de leurs paroles et de leurs actes : la phase où l’on se dérobe. Vous avez eu le malheur d’y entrer. »

M. Paul de Cassagnac provoqua des poursuites contre M. Rouvier (11 mai 1876). Le 1er juin, il prononça un grand discours pour combattre le projet de loi du gouvernement relatif à la collation des grades universitaires. Le député de Condom déclara que ce n’était pas comme impérialiste, mais comme catholique qu’il combattait le projet de loi. Il défendit avec chaleur lu cause du cléricalisme, chose toute naturelle, les doctrines cléricales étant un merveilleux instrument pour maintenir les peuples dans la servitude. Sa harangue lui valut de chaleureuses félicitations de M. Dupanloup. Au mois de juillet, il attaqua vivement le gouvernement, au sujet de l’élection Peyrusse. Il l’accusa « d’être sorti des limites des convenances et de l’honnêteté parlementaire » et d’avoir fait de la « tromperie électorale, » parce qu’il avait nommé maire d’Auch un républicain, M. David, le compétiteur de M. Peyrusse, bonapartiste. Le 22 juillet, il interpella le ministre de l’intérieur, qu’il accusa d’avoir nommé dans plusieurs villes des maires républicains. S’attachant à troubler toutes les discussions sérieuses par ses interruptions, il se montra incessamment violent et provocateur jusqu’à la grossièreté. C’est ainsi qu’en décembre, le ministre de Marcère étant monté à la tribune, M. Granier de Cassagnac s’écria : « L’accusé a la parole ! » À la même époque, il interrompit incessamment, en parlant de cacao, le député Menier, le célèbre fabricant de chocolat, qui exposait ses idées sur l’impôt, et il s’attira la plus verte et la plus mordante réplique. Le 12 janvier 1877, en pleine tribune, il fit l’apologie de l’abominable attentat et des proscriptions du 2 décembre 1851, qu’il appela un droit et un devoir. « Il n’est pas un seul fait, ajoutait-il, que ce soit celui de Sedan ou du 2 décembre, dont nous ne soyons déterminés à faire l’apologie. » En même temps qu’il se permettait à la Chambre toutes les violences, il continuait dans le journal le Pays à injurier le gouvernement établi, la République, à provoquer à la guerre civile, etc. Il dépassa à tel point toutes les bornes que le procureur général de Leffenberg demanda à la Chambre des députés l’autorisation d’exercer des poursuites contre lui (26 février 1877). Le 16 mars suivant, M. Paul de Cassagnac prononça à la Chambre un discours à l’occasion de cette demande, qualifia le rapporteur de pourvoyeur de tribunaux et attaqua le ministre Jules Simon, qu’il accusa de palinodie. Celui-ci répliqua qu’il avait demandé des poursuites parce que M. de Cassagnac attaquait le gouvernement avec une violence extrême et commettait par la voie de la presse des délits de droit commun. « Ce n’est pas, dit-il, un délit de doctrine, un délit de pensée qui est poursuivi, c’est un délit qu’aucun gouvernement ne peut tolérer. La poursuite a lieu en vertu d’une loi qui existe et qui doit