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ZOLA

ZONG

ZORR

ZUYL

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gre comme un ciou, en proie à l’appétit formidable de jouissances que développe la susdite lésion, et qui fait d’abord un riche mariage, en acceptant la main et la dot d’une fille mère, puis une fortune colossale dans ces expropriations qui furent la fièvre du second Empire. Il y a dans ce volume une foule de tableaux parisiens très-réussis : le tour du lac, au bois de Boulogne ; les boulevards à minuit, un souper dans un café à la mode, un bal de parvenus, etc. C’est un des meilleurs de la série.

Un Rougon vient de s’établir charcutier, avec sa charcutière, dans les environs des Halles ; c’est le sujet du Ventre de Paris, dont l’action se passe tout entière aux Halles et se résout en une suite de symphonies bizarres, symphonie des victuailles étalées chez le charcutier et aux èventaires, symphonie du poisson, symphonie des légumes, jusqu’à la fameuse symphonie des fromages, dont les odeurs forment des chœurs, des solos et des duos, dans la boutique d’un Rougon déshérité de la fortune.

La Conquête de Plassans est une œuvre dans le goût de Balzac. Le héros est un terrible prêtre, l’abbé Faugas, qui, étayé de sa sœur, une sèche et rigide matrone, entreprend de s’installer chez les Mouret (des Rougon dégénérés), de les dominer et de devenir le maître de la petite ville où il est arrivé en pauvre honteux. C’est un roman solide, dont chaque figure est réelle et vivante. La Faute de l’abbé Mouret n’est, à côté, qu’une débauche d’imagination. Le fils du Mouret qui figure dans le précédent volume, être faible et maladif, s’est fait prêtre ; il est induit en tentation par une sorte de pauvresse qui habite un paru abandonné depuis des siècles et comme il n’en existe nulle part. Le sixième volume, Son Excellence Eugène Rougon, transporte de nouveau la scène à Paris ; c’est un roman politique, dont les principaux personnages sont Eugène Rougon, ministre d’État, et le comte de Marsy, tous deux intimes conseillers de l’empereur Napoléon III et toujours en lutte d’influence. Une aventuturière italienne, qui fait et défait les cabinets, est le type le plus réussi de l’ouvrage. L’Assommoir (v. ce mot, au Supplément) et une Page d’amour, idylle qui fait avec Y Assommoir un contraste profond, complètent pour le moment cette série, qui n’est pas d’un écrivain ordinaire et qui vaudra à M, Zola une belle place parmi les romanciers du xix» siècle.

Un critique, M. Anatole France, a défini et résumé de la manière suivante les qualités et les défauts de son talent : «Bien que nullement enclin à l’abstraction, M. Zola a d’instinct une philosophie. On découvre dans ses livres une foi qui les inspire et les fortifie ; cette foi, c’est, selon la bonne formule qu’il en a donnée, « une tranquille croyance aux énergies de la vie. » Voilà la religion de Al. Zola ; elle donne un sentiment à ses tableaux de la nature ; mais il faut qu’il la professe tout entière, et qu’il découvre enfin les énergies de la vie intelligente ; qu’il connaisse les travaux de l’homme affectueux et pensant.

Il n’a guère peint jusqu’à présent que des gens odieux ou stnpides. Il ne sait très-bien peindre que les méchants et les brutes. Mais ceux-là, il les suit, s’attache à eux et ne les lâche que quand ils sont achevés. Il a, pour mettre en lumière ses figures bestiales, un procédé dont il abuse, comme il abuse de tout, mais qui est excellent. Il les montre aveuglément soumises aux suggestions extérieures et déterminées par les seules influences de ce qui les entoure. Il anime les objets ; il donne à la lumière, aux arbres, aux fauteuils, aux lampes, aux papiers de tenture des désirs, des pensées, des volontés ; il fait que tous ces objets pressent, poussent, contraignent la pauvre machine organique, qui devient de la sorte de plus en plus idiote ou nuisible sous leur action,

« Il y a dans la Curée des rideaux roses qui sont vivants, émus, sensuels, charnels, qui palpitent, se pâment et sont la cause première et la raison suffisante des désordres qu’ils enveloppent. Le plus actif personnage de la Curée est, -peu s’en faut, un tanghin de Madagascar qui sécrète ses poisons dans une serre chaude. Le lustre recouvert de mousseline chassieuse, les fauteuils boiteux et le papier déteint du salon des Rougon, à Plassans, conseillent l’intrigue à leurs propriétaires et leur suggèrent des plans criminels. Un parc abandonné, dans lequel les forces végétales se sont développées avec les magnifiques expansions de la liberté, domine une enfant qui y vit seule, Albine, et fait d’elle une sorte de dryade en qui l’amour est une floraison.

■ Je signalerai, comme très-caractéristiques, deux morceaux dans lesquels le génie immodéré de M. Zola s’est exercé avec complaisance. Je veux parler de la Symphonie des fromages, dans le Ventre de Paris, et de la Symphonie des fleurs, dans la Faute de l’abbé Mouret. Ces deux symphonies, fort dissemblables de thème, mais identiques par le développement, sont de la plus vaine, de la plus vide et de la plus détestable virtuosité. Rien n’est plus éloigné de la nature. Un réaliste devrait s’épargner de telles fautes : elles ne sont point dans son système. »

ZONGHI {Joseph), compositeur italien, né à Fabriano, province d’Ancône, en 1820. Il étudia la composition et le contre-point sous la direction de Busi, devint, à vingt-deux ans,

maître de chapelle dans sa ville natale et fut attaché peu après, au même titre, à la cathédrale de Tolentino. Il dirige, en outre, l’École de musique de cette ville. Ce compositeur s’est fait connaître par un opéra, intitulé le Page du duc de Savoie, qui a été représenté en 1S6S, et par un assez grand nombre de compositions religieuses pour orgue ou avec orchestre.

ZOOPLASMA s. m. (zo-o-pla-sma — du gr. zâon, animal, et de plasma). Physiol. Le plasma, chez les animaux.

ZOOTROPHIQUE adj. (zo-o-tro-fl-kerad. zoolrophié). Physiol. Qui a rapport à la nutrition des animaux.

  • ZORRILLA (Manuel - Ruiz), avocat et

homme d’État espagnol. — Après le pronunciamiento qui mit sur le trône d’Espagne le jeune Alphonse XII, M, Zorrilla se jeta dans les rangs du parti républicain avancé et reçut du gouvernement l’ordre de quitter l’Espagne. Au mois de février 1875, il vint habiter Paris. Quelque temps après, il fut rejoint dans cette ville par M. Nicolas Salmeron, expulsé comme lui. Ces deux anciens ministres s’entendirent dans le but de discipliner les forces politiques dont chacun d’eux était le chef et de préparer l’avènement de la démocratie espagnole. Au mois de décembre 1S76, ils signèrent et publièrent en commun un manifeste, qui eut un grand retentissement et qui contenait tout un programme de réformes politiques, économiques et civiles. Le gouvernement espagnol autorisa l’insertion dans les journaux de ce programme-manifeste, dans le but de faire connaître au public les doctrines et les tendances de l’opposition républicaine. Plusieurs membres de l’opposition en Espagne, notamment MM. Martos et Castelar, protestèrent contre ce programme, qu’ils considéraient comme absolument impolitique. Au mois d’octobre suivant, les journaux officiels et officieux du cabinet de Madrid annoncèrent qu’on venait de découvrir une conspiration républicaine, à la tête de laquelle se trouvait M. Zorrilla. De nombreuses arrestations eurent lieu en Espagne. On parla de papiers saisis, d’insurrection prête à éclater. Mais le public crut médiocrement à la réalité d’un complot, au sujet duquel on fit des récits puérils, et qui ne parut point avoir un fond sérieux. Sur la demande du ministère Canovas del Castillo, une visite domiciliaire fut faite par la police, à Paris, au domicile de M. Ruiz Zorrilla et de quelques Espagnols. On saisit les papiers de l’ancien ministre, qu’on arrêta (juillet 1877) et qui fut expulsé de France. M. Zorrilla se retira en Suisse, d’où il protesta contre la détention et l’arrêt d’expulsion dont il avait été l’objet, ainsi que contre de prétendus

bruits de conspiration avec les républicains français contre la sûreté de l’État. Au mois de juillet 1878, il revint à Paris sans autorisation et fut expulsé pour la seconde fois

ZOUIDJA s. f. (zou-id-ja). En Algérie, Etendue de terre que deux bœufs peuvent labourer en un jour.

ZOUR s. m. (zour). Nom donné, dans la liturgie mazdéenne, à une eau sacrée qui servait a baptiser les enfants et les nouveaux convertis.

ZUI.IA, un des États de la république de Venezuela. Il compte 59,235 hab., et il a pour capitale Maracaïbo.

ZUMATIQUE s. m. (zu-ma-ti-ke). Sorte de vernis siccatif à base de zinc et de manganèse. ZUltCHER (Frédéric), savant français.-Voici la liste exacte des ouvrages qu’il a publiés en collaboration avec M. Élie Margollé : les Tempêtes (1864, in-12) ; les Météores (1864, in-12) ; Volcans et tremblements de terre(S&6, in-12) ; les Ascensions célèbres (1866, in-12) ; les Glaciers (1867, in-U) ; Histoire de la navigation (1868, in-12) ; le Monde sous-marin (1869, in-12) ; Télescope et microscope (1873, in-16) ; les Naufrages célèbres (1874, in-12) ; Préoision du temps (1874, in-16) ; Trombes et cyclones(1816, in-12).

ZURNA s. m. (zur-na). Mus. Chez les Turcs, Espèce de hautbois.

ZCYLEN VAN NYEVELT {J.-T.-P., baron dk), homme d’État et diplomate hollandais, né à Dordrecht en 1816. Il est fils de l’homme d’État de ce nom qui est mort en 1853. Le baron de Zuyten reçut une brillante instruction et étudia d’une façon toute particulière la musique, pour laquelle il a toujours montré un goût très-vif. La part importante que son père prenait à la direction des affaires publiques lui permit d’entrer de plain-pied dans la vie politique. Elu membre de la Chambre des députés, il prit assez fréquemment la parole, particulièrement sur les questions relatives aux relations extérieures, et il appuya constamment la politique du parti conservateur. Nommé ministre des affaires étrangères, il occupait ce poste en 1852, lorsque le gouvernement des Pays-Bas reconnut officiellement l’Empire français. Il remplissait encore les mêmes fonctions en 1860. Lorsque le parti conservateur se trouva en minorité a la Chambre, le baron Zuylen van Nyevelt donna sa démission, ainsi que ses collègues. En 1867, il fut nommé ministre plénipotentiaire des Pays-Bas à Paris, fonctions qu’il remplit encore au moment où nous écrivons ces lignes (1878). Ce diplomate a reçu le cordon de grand officier de la Légion d’honneur.

NOTE

SUR LES PRINCIPAUX CHANGEMENTS INTRODUITS PAR L’ACADÉMIE FRANÇAISE

DANS LA NOUVELLE ÉDITION DE SON DICTIONNAIRE (1877) ET RELATIFS A L’ORTHOGRAPHE,

AU GENRE, À LA SIGNIFICATION OU À LA PRONONCIATION DES MOTS

L’Académie a décidé qu’il n’y a plus de substantifs en ége ; cette terminaison est partout remplacée par ige, avec un accent grave. Dans la conjugaison des verbes en éger, les terminaisons ége, éges, égent sont aussi remplacées par ége, èges, ègent.

L’Académie ne s’est point rangée complètement à l’opinion de ceux qui avaient décidé que les mots latins devaient s’écrire sans accent, que l’accent grave ne devait plus figurer sur la préposition a ni sur les adverbes, que l’a des ablatifs féminins devait s’écrire sans accent circonflexe. Elle a supprimé quelques-uns de ces accents, elle en a conservé d’autres, sans qu’il soit possible de deviner quels ont été les motifs de ses décisions. Ainsi, elle écrit aujourd’hui vice versa, ab hoc et ab kac, optime, etc. ; mais elle continue d’écrire nota benè, à priori, à minimâ, med-culpd, etc.

Le trait d’union qui se plaçait toujours entre l’adverbe très et le qualificatif ou le modificatif suivant disparait, excepté dans te Très-Haut, employé pour signifier Dieu. Ainsi, l’Académie écrit très bon, très maiwais, très connu, très avantageusement connu. Ella met encore te trait d’union dans très-fonds, mais fonds est un substantif.

Quant aux autres changements qu’elle a cru devoir adopter ou qu’on pouvait attendre d’elle et qu’elle a rejetés, il serait difficile de les indiquer sous des formules générales. Voici, du reste, par ordre alphabétique, les mots sur lesquels portent toutes ces innovations. Nos lecteurs savent que, sauf un très-petit nombre d’exceptions, nous avons, dans tout le cours du Grand Dictionnaire, docilement suivi les règles que l’Académie avait tracées dans son édition de 1835. Ils pourront donc juger par eux-mêmes quels changements nous aurions à faire aujourd’hui pour nous conformer aux décisions nouvelles de la savante société, que nous ne croyons pas infaillible, mais dont l’autorité morale ne peut être sérieusement contestée. Ils verront que ces changements sont, en réalité, peu nombreux et n’ont pas une bien grande importance.

Nous ne croyons pa3 utile de donner la liste des deux mille deux cents mots nouveaux admis dans l’édition qui vient de paraître, puisque tous, presque sans exception, se trouvent dans notre Grand Dictionnaire, avec beaucoup d’autres que l’Académie a dû omettre et que nous avons donnés ; nous ne citerons que ceux des mots nouveaux sur lesquels elle a présenté des indications différentes des nôtres ou de celles qu’on pouvait attendre d’après l’analogie.

Comme il s’agit, dans cette note, de faire connaître ce qu’a décidé l’Académie, nous y désignerons les lettres de l’alphabet comme on le faisait dans l’ancienne épellation et comme l’Académie le fait toujours elle-même. En agissant autrement, nous aurions l’air de vouloir prêter à l’Académie un langage qui n’est pas le sien.

Abecquer. La forme abéquer n’est plus donnée comme équivalente. Ab boc et ab hac. L’accent circonflexe qui

se trouvait sur Me a disparu. Pourquoi

donc l’Académie écrit-elle à minimd, meâculpâ, etc. ?

Aborigène est donné comme adjectif avant d’être donné comme substantif pluriel.

Abréger, comme tous les verbes en éger, change 'é fermé en è ouvert quand le g est suivi d’un e muet appartenant à la dernière syllabe et que cette dernière syllabe est muette elle-même dans son ensemble : il abrège, que tu abrèges, qu’ils abrègent. Mais on écrit nous abrégeons, parce que la syllabe geons n’est pas muette ; on écrit aussi j’abrégerai, j’abrégerais, parce que la syllabe ge, muette à la vérité, n’est pas la dernière.

Abside, terme d’architecture. Oa a ajouté : ■ Quelques-uns écrivent apside.

Accenser est préféré à acenser.

Achillée. La prononciation akilée est indiquée.

Acompte, en un seul mot, remplace àcompte, qui se trouvait au mot compte. Dès lors, le pluriel doit prendre une s.

À-coup n’a pas changé d’orthographe ; mais au pluriel l’Académie écrit maintenant des à-coups.

Acquit-à-caution. Le pluriel acquits-à-caution est indiqué.

Adlante est maintenant donné comme étant du genre masculin.

Admonester remplace admonéler.

Advenir remplace avenir, qui n’est plus, comme verbe, qu’une forme employée par quelques-uns.

Affrètement remplace affrètement.

Agréger doit être modifié dans sa conjugaison comme abréger.

Ajutage. On ne donne plus ajutoir ni ajoutoir comme formes équivalentes.

Album. Le pluriel albums est indiqué.

Alémer remplace atênier, qui valait mieux peut-être, puisqu’il s’agit du fabricant ou du marchand d’alênes.

Alibi. Le pluriel alibis est indiqué, au lieu de alibi.

Alinéa prend maintenant une s au pluriel.

Alise et Alisier sont préférés à alizé et alisier.

Allège remplace allège.

Alléger doit être modifié dans sa conjugaison comme abréger.

Alléluia remplace alléluia, et le pluriel alléluias est indiqué.

Alpaca remplace alpaga.

Alpin, ine, remplace le féminin alpine, qui était seul donné.

Alvéole est toujours donné comme étant masculin, bien que beaucoup d’auteurs le fassent féminin.

Amulette est maintenant du genre féminin.

Andanté. Pour désigner l’air, le morceau de musique lui-même, l’Académie préfère andante et le pluriel andantes, sans accent.

Anévrisme. On ne dit plus que • quelques-uns écrivent anévrysme. <

Angar n’est plus donné comme forme équivalente de hangar.