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COMM

COMM

Commission exécutive, ...

— de sûreté

— des monnaies et médai

Domanes de la Seine

Service télégraphique

— des ambulances

En registre m eut et timbre

Ponts et chaussées

Hôpitaux militaires

Gouverneur des Tuileries.....

— de l’Hôtel de ville..

Assistance extérieure

Association métallurgique..... Légion des sapeurs-pompiers...

Bibliothèque nationale

Journal officiel

Manufacture des tabacs

Contrôle des chemins de fer....

Commission des barricades

Imprimerie nationale

Direction des postes

Contributions directes

Association des tailleurs.

— des cordonniers...,

Frais généraux

Divers

Report.

24,015,234 52

90,675 1G

235,039 40

8,000 »

20,934 91

50,100 •

10,000 »

7,777 46

27,516 71

182,510 91

6,000 »

5,000 »

105,175 n

5,000 »

99.943 45

30,000 »

3,122 »

91,922 78

2,000

Balance.

Total dc3 recettes du 20 mars au 30 avril 1371 inclus... Total des dépenses du 20 mars au 30 avril inclus....

Il reste donc un excédant de recettes de.

Par une décision en date du 1er mai et sur la proposition du citoyen Raoul Rigault, procureur de la Commune, le comité de Salut public lui associait, comme substituts, Théophile Ferré, Gaston Dacosta, Martainville et Huguenot.

Un épisode qui causa alors une grande sensation dans Paris eut lieu dans la nuit du 3 au 4 mai. Voici comment le Journal officiel en rendit compte :

« Dans la nuit du 3 au 4 mai, la redoute du Moulin-Saquet était gardée par des détachements du 55e et du 120e bataillon, lorsqu’un détachement des troupes versaillaises se présenta à la porte comme patrouille, fut admis dans le fort, après avoir régulièrement donné le mot d’ordre, chargea alors !a garnison surprise, la chassa de la redoute et emmena immédiatement 6 pièces de canon avec des attelages préparés d’avance.

« Il résulte des commencements d’enquête qui ont eu lieu a ce sujet que le commandant G..., du 55e bataillon, est généralement accusé d’avoir donné ou vendu le mot d’ordre à l’ennemi, ou tout au moins de l’avoir publiquement divulgué dans un café de Vitry.

« La redoute a été réoccupée presque aussitôt par le commandant Q... à la tête du 133e bataillon, qui a procédé aujourd’hui ou réarmement de la redoute. »

Cette fois, la Commune n’osa pas dissimuler son échec ; son silence eût été imprudent, car 6 canons avaient été emmenés, un assez grand nombre de fédérés tués, et la nouvelle s’était rapidement répandue dans Paris.

Le 6 mai, on voit reparaître dans l’Officiel les désignations de dates empruntées au calendrier républicain. Ce même numéro contenait l’arrêté suivant :

« Le comité de Salut public,

« Considérant que l’immeuble connu sous le nom de Chapelle expiatoire de Louis XVI est une insulte permanente à la première Révolution et une protestation perpétuelle de la réaction contre la justice du peuple,

« Arrête :

« Article 1er. La chapelle dite expiatoire de Louis XVI sera détruite.

« Art. 2. Les matériaux en seront vendus aux enchères publiques, au profit de l’administration des domaines.

« Art. 3. Le directeur des domaines fera procéder, dans les huit jours, à l’exécution du présent arrêté.

« Le comité de Salut public,

« Ant. Arnaud, Ch. Gérardin, Léo Meillet, Félix Pyat, Ranvier.

« Paris, le 16 floréal an 79. »

Cet arrêté resta, d’ailleurs, lettre morte, et la Commune ne devait pas vivre assez longtemps pour en assurer l’exécution. Il n’en fut pas de même d’un autre arrêté, daté du même jour, par lequel F. Cournet, membre de la Commune, délégué k la Sûreté générale, supprimait de sa seule autorité le Petit Moniteur, le Petit National, le Bon Sens, la Petite Presse, le Petit Journal, la France et le Temps. Ces journaux, d’après le délégué, excitaient à la guerre civile dans tous leurs numéros et étaient les auxiliaires les plus actifs des ennemis de Paris et de la République. Les gouvernants ne manquent jamais de prétexte pour essayer la justification de leurs actes les plus arbitraires.

Toujours dans le numéro de l'Officiel du 6 mai, nous trouvons le récit d’un curieux incident de ménage qui s’était produit la veille au sein même de la Commune. Le citoyen Raoul Rigault prend la parole et dit :

« Vous vous rappelez qu’il a été convenu que, quand il aurait été procédé à l’arrestation d’un collègue, on ferait un rapport à la Commune, non pas dans les vingt-quatre heures, mais dans les deux heures.

« Aujourd’hui, nous avons appelé devant vous le citoyen Blanchet.

« Depuis longtemps nous étions prévenus que ce nom n’était pas le sien, que, sous un autre nom, il avait exercé des fonctions et subi une condamnation qui ne lui permettaient pas de rester parmi nous.

« Quoiqu’il ait toujours voté avec la majorité et le comité de Sûreté générale, à cause de cela surtout, je n’ai pas gardé de ménagements. (Approbation.) C’est le citoyen Ferré qui a fait l’enquête. Le citoyen Blanchet s’est présenté devant nous ; je crois ne pouvoir faire mieux que de vous faire lire le procès-verbal que nous avons dressé de cette entrevue.

« L’an mil huit cent soixante et onze, le cinq mai,

« Devant nous, délégué à la Sûreté générale et membre dudit Comité, est comparu le membre de la Commune connu sous le nom de Blanchet,

« Lequel, interpellé par le citoyen Ferré, a déclaré qu’il ne s’appelait pas Blanchet, mais bien Panille (Stanislas).

« Sur seconde interpellation, Panille déclare qu’il a bien été secrétaire de commissaire de police à Lyon, qu’il est entré, à Brest, dans un couvent de capucins, en qualité de novice, vers 1860, qu’il y est resté huit ou neuf mois.

« Je partis, ajoute-t-il, en Savoie, où je rentrai dans un second couvent de capucins, à Laroche. Ceci se passait en 1862.

« Revenu à Lyon, je donnai des leçons en ville. On me proposa d’être traducteur interprète au palais de justice ; j’acceptai. On me dit après qu’une place de secrétaire dans un commissariat était vacante ; j’acceptai également ; je suis entré dans ce commissariat vers 1865, et j’y suis resté environ deux ans.

« Au bout de ce temps, quand je demandai de l’avancement, quand je demandai à être commissaire spécial aux chemins de fer, ma demande étant restée sans réponse, j’offris ma démission, qui fut acceptée. C’est après ces événements que je vins à Paris.

« J’ai été condamné à six jours de prison pour banqueroute à Lyon. J’ai changé de nom parce qu’il y avait une loi disant qu’on ne pouvait signer son nom dans un journal lorsqu’on a été mis en faillite. »

« Nous, délégués à la Sûreté générale et membres dudit comité, envoyons à Mazas le sieur Panille.

« Laurent, Th. Ferré, A. Vermorel, Raoul Rigault, a. Dupont, Trinquet. »

« Voilà les faits, continue le citoyen Rigault. Je n’insisterai pas beaucoup sur les détails, à moins que l’assemblée ne le demande. (Oui ! oui !) Alors, puisque vous le voulez, j’insiste. Il y a quelque temps, deux citoyens, qui étaient près de la porte d’entrée, voyant sortir Blanchet me dirent : « Connaissez-vous bien ce citoyen ? Nous sommes de Lyon, et nous croyons qu’il a été secrétaire du commissaire de police de Lyon. » Nous nous livrâmes à une investigation, et nous avons reconnu qu’il y avait concordance parfaite comme âge, comme signalement, etc., entre le nommé Blanchet et le nommé Panille.

« L’identité établie par le témoignage de ces deux citoyens, que je ne connaissais pas, mais dont nous avons les noms, nous avons continué l’enquête. D’autres rapports sont venus nous démontrer que ce Blanchet avait été chez les capucins, qu’il avait embrassé la vie monastique avec tout ce qu’elle comporte.

« Hier, nous nous sommes fait délivrer un extrait du casier judiciaire, qui relatait que le nommé Blanchet avait été condamné k six jours de prison pour banqueroute frauduleuse en 1868 par le tribunal de Lyon. Nous l’avons appelé devant nous ; nous étions tous présents, et nous avons ôté d’accord qu’il fallait d’abord lui demander sa démission, que je dépose sur le bureau du président. Puis, persuadé que, sous ce nom de Blanchet, il pouvait avoir commis un faux, j’ai cru qu’il fallait l’envoyer à Mazas ; c’est donc sous cette inculpation que je l’ai fait arrêter.

« Il a reconnu tons ces faits ; je ne lui ai pas demandé de signer, mais nous étions présents tous les six, et c’est devant nous qu’il a avoué ce que je viens de vous lire. Par conséquent, je vous demanderai de vouloir bien confirmer son arrestation et d’accepter sa démission.

« Le président lit la démission du citoyen Blanchet :

« Je soussigné, député à la Commune sous le nom de Blanchet, déclare donner ma démission de membre de la Commune.

« Panille, dit Blanchet. »

Ainsi, les électeurs avaient cru nommer Blanchet, et ils avaient nommé Panille, un banqueroutier. Quelle singulière idée cela donne des élections faites sur l’ordre du Comité centra !

La Commune, comme si elle avait eu la certitude de sa fin prochaine, multipliait ses résolutions, pour entretenir le plus longtemps possible les illusions de ses partisans. Le 6 mai encore, nous lisons ce décret dans le Journal officiel :

« La Commune

« Décrète :

« Article 1er. Toute reconnaissance du Mont-de-piété antérieure au 25 avril 1871, portant engagement d’effets d’habillement, de meubles, de linge, de livres, d’objets de literie et d’instruments de travail, ne mentionnant pas un prêt supérieur à la somme de 20 francs, pourra être dégagé gratuitement, à partir du 12 mai courant.

« Art. 2. Les objets ci-dessus désignés ne pourront être délivrés qu’au porteur qui justifiera, en établissant son identité, qu’il est l’emprunteur primitif.

« Art. 3. Le délégué aux finances sera chargé de s’entendre avec l’administration du Mont-de-piété, tant pour ce qui concerne le règlement de l’indemnité à allouer que pour l’exécution du présent décret. »

Le nombre des personnes qui purent bénéficier de ce décret fut assez restreint, car l’exécution ne put suivre son cours qu’une dizaine de jours, et en prenant pour base un retrait quotidien de quatre mille objets, l’opération devait durer de huit à neuf mois.

Le numéro du Journal officiel du 8 mai contenait la proclamation suivante, adressée aux Parisiens et précédée de ces quelques lignes :

« Les royalistes de Versailles ont fait insérer dans leur Officiel le tissu de mensonges et de calomnies qu’on va lire et qui, adressé aux Parisiens, est en réalité destiné à la province, qui leur échappe et qu’ils voudraient encore tromper. »

« Le gouvernement de la République française aux Parisiens.

« La France, librement consultée par le suffrage universel, a élu un gouvernement qui est le seul légal, le seul qui puisse commander l’obéissance, si le suffrage universel n’est pas un vain mot.

« Ce gouvernement vous a donné les mêmes droits que ceux dont jouissent Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, et, à moins de mentir au principe de l’égalité, vous ne pouvez demander plus de droits que n’en ont toutes les autres villes du territoire.

« En présence de ce gouvernement, la Commune, c’est-à-dire la minorité qui vous opprime et qui ose se couvrir de l’infâme drapeau rouge, a la prétention d’imposer à la France ses volontés. Par ses œuvres, vous pouvez juger du régime qu’elle vous destine. Elle viole les propriétés, emprisonne les citoyens pour en faire des otages, transforme en déserts vos rues et vos places publiques, où s’étalait le commerce du monde ; suspend le travail dans Paris, le paralyse dans toute la France, arrête la prospérité qui était prête à renaître, retarde l’évacuation du territoire par les Allemands et vous expose à une nouvelle attaque de leur part, qu’ils se déclarent prêts à exécuter sans merci, si nous ne venons pas nous-mêmes comprimer l’insurrection.

« Nous avons écouté toutes les délégations qui nous ont été envoyées, et pas une ne nous a offert une condition qui ne fût l’abaissement de la souveraineté nationale devant la révolte, le sacrifice de toutes les libertés et de tous les intérêts. Nous avons répété à ces délégations que nous laisserions la vie sauve à ceux qui déposeraient les armes, que nous continuerions le subside aux ouvriers nécessiteux. Nous l’avons promis, nous le promettons encore ; mais il faut que cette insurrection cesse, car elle ne peut se prolonger sans que la France y périsse.

« Le gouvernement qui vous parle aurait désiré que vous pussiez vous affranchir vous-mêmes des quelques tyrans qui se jouent de votre liberté et de votre vie. Puisque vous ne le pouvez pas, il faut bien qu’il s’en charge, et c’est pour cela qu’il a réuni son armée sous vos murs, armée qui vient, au prix de son sang, non pas vous conquérir, mais voua délivrer.

« Jusqu’ici, il s’est borné à l’attaque des ouvrages extérieurs. Le moment est venu où, pour abréger votre supplice, il doit attaquer l’enceinte elle-même. Il ne bombardera pas Paris, comme les gens de la Commune et du comité de Salut public ne manqueront pas de vous le dire. Un bombardement menace toute la ville, la rend inhabitable et a pour but d’intimider les citoyens et de les contraindre à une capitulation. Le gouvernement ne tirera le canon que pour forcer une de vos portes et s’efforcera de limiter au point attaqué les ravages de cette guerre dont il n’est point l’auteur.

« Il sait, il aurait compris de lui-même, si vous ne le lui aviez fait dire de toutes parts, qu’aussitôt que les soldats auront franchi l’enceinte, vous vous rallierez au drapeau pour contribuer, avec notre vaillante armée, à détruire une sanguinaire et cruelle tyrannie.

« Il dépend de vous de prévenir les désastres qui sont inséparables d’un assaut. Vous êtes cent fois plus nombreux que les sectaires de la Commune. Réunissez-vous, ouvrez-nous les portes, qu'ils ferment à la loi, à l'ordre, àvotre prospérité, à celle de la France. Les portes ouvertes, la canon cessera de se faire entendre ; le calme, l’ordre, l’abondance, la paix rentreront dans vos murs ; les Allemands évacueront notre territoire, et les traces de nos maux disparaîtront rapidement.

« Mais si vous n’agissez pas, le gouvernement sera obligé de prendre, pour vous délivrer, les moyens les plus prompts et les plus sûrs. Il vous le doit à vous, mais il le doit surtout à la France, parce que les maux qui pèsent sur vous pèsent aussi sur elle ; parce que le chômage qui vous ruine s’est étendu à elle et la ruine également ; parce qu’elle a le droit de se sauver, si vous ne savez vous sauver vous-mêmes.

« Parisiens, pensez-y mûrement : dans très-peu de jours nous serons dans Paris. La France veut en finir avec la guerre civile. Elle le veut, elle le doit, elle le peut. Elle marche pour vous délivrer ; vous pouvez contribuer à vous sauver vous-mêmes en rendant l’assaut inutile et en reprenant votre place dès aujourd’hui au milieu de vos concitoyens et de vos frères. »

À mesure que l’armée régulière faisait des progrès, le gâchis s’accentuait au sein de la Commune, dont les délégués étaient aux abois et n’osaient, pour ainsi dire, plus fournir de nouvelles : ni vraies, parce qu’elles étaient désespérantes, ni fausses, parce que la défiance commençait à devenir générale. Qu’on en juge par cet extrait du compte rendu de la séance du 8 mai :

« le citoyen président (le citoyen Eudes). J’ai une nouvelle à donner à l’assemblée : le colonel Wetzel vient d’être tué par l’ennemi à Issy.

« La parole est au citoyen Langevin.

« Le citoyen Miot. Je demande la parole pour un seul mot. Pourquoi n’avons-nous pas de rapports de la guerre depuis trois jours ?

« Le citoyen Dereure. Depuis huit jours nous n’en avons pas eu.

Le citoyen président. Voulez-vous envoyer deux membres au comité de Salut public ?

Le citoyen Régère. Le Comité est comme nous, il n’en a pas reçu. »

Autre exemple instructif, emprunté au même compte rendu ; il s’agit d’un conflit entre le Comité central et le comité de Salut public.

« Le citoyen Jourde. ... Il y a une institution qui est plus forte que le Comité central, c’est la Commune, et la Commune doit se faire respecter. C’est pour cela qu’elle avait nommé un comité de Salut public. Je dis que vous avez dépassé votre mandat ; si le Comité central avait bien voulu se soumettre à l’autorité de la Commune, il n’aurait pas écrit la communication dont je vous ai donné lecture.

« Eh bien, je ne permettrai jamais k personne de discuter mon droit de représentant de la Commune. Je reçois un ordre portant en tête : « Fédération républicaine de la garde nationale ! » et je dois me rendre à cet ordre ! Il faut que j’oublie que je suis membre de cette Assemblée !

« Aucun délégué ne doit recevoir de pareils avis. Je veux bien recevoir les ordres du comité de Salut public, mais non ceux d’un pouvoir que je ne connais pas.

« Le citoyen Avrial. Le citoyen Jourde et le citoyen Antoine Arnaud ont dit à peu près ce que je voulais dire. J’ajouterai cependant que tous ces changements à la guerre sont très dangereux, vous en avez déjà vu les effets.

« J’avais été nommé à la direction de l’artillerie par le délégué à la guerre ; je devais donc obéir à Rossel.

« En y arrivant, je me suis trouvé en présence d’un comité d’artillerie que je ne connaissais pas. J’ai eu toutes les peines du monde à le mettre à la porta, et aujourd’hui il va revenir.

« Le Comité central, qui a fait la révolu-