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sein de la Commune, sous le prétexte de République universelle invoqué par le rapport, c’était tout à la fois, en l’état des choses, une ineptie et une duperie. On put reconnaître dans ce fait l’influence supérieure de l’Internationale, dominant le Comité central, qui lui-même dominait la Commune. Celle-ci notifia son avènement et sa constitution par la proclamation suivante.

« Citoyens,

« Votre Commune est constituée.

« Le vote du 26 mars a sanctionné la Révolution victorieuse.

« Un pouvoir lâchement agresseur vous avait pris à la gorge ; vous avez, dans votre légitime défense, repoussé de vos murs ce gouvernement qui voulait vous déshonorer en vous imposant un roi.

« Aujourd’hui, les criminels que vous n’avez même pas voulu poursuivre abusent de votre magnanimité pour organiser aux portes mêmes de la cité un foyer de conspiration monarchique. Ils invoquent la guerre civile ; ils mettent en œuvre toutes les corruptions ; ils acceptent toutes les complicités ; ils ont osé mendier jusqu’à l’appui de l’étranger.

« Nous en appelons, de ces menées exécrables, au jugement de la France et du monde.

« Citoyens,

« Vous venez de vous donner des institutions qui défient toutes les tentatives.

« Vous êtes maîtres de vos destinées. Forte de votre appui, la représentation que vous venez d’établir va réparer les désastres causés par le pouvoir déchu ; l’industrie compromise, le travail suspendu, les transactions commerciales paralysées vont recevoir une impulsion vigoureuse.

« Dès aujourd’hui, la décision attendue sur les loyers ;

« Demain, celle des échéances ;

« Tous les services publics rétablis et simplifiés ;

« La garde nationale, désormais seule force armée de la cité, réorganisée sans délai.

« Tels seront nos premiers actes.

« Les élus du peuple ne lui demandent, pour assurer le triomphe de la République, que de les soutenir de leur confiance.

« Quant à eux, ils feront leur devoir. »

Le même jour, 29 mars, la Commune publiait ces décrets :

« 1° La conscription est abolie ;

« 2° Aucune force militaire autre que la garde nationale ne pourra être créée ou introduite dans Paris ;

« 3° Tous les citoyens valides font partie de la garde nationale. »

« La Commune de Paris :

« Considérant que le travail, l’industrie et le commerce ont supporté toutes les charges de la guerre, qu’il est juste que la propriété fasse au pays sa part de sacrifices,

« Décrète :

« Art. 1er. Remise générale est faite aux locataires des termes d’octobre 1870, janvier et avril 1871.

« Art. 2. Toutes les sommes payées par les locataires pendant les neuf mois seront imputables sur les termes à venir.

« Art. 3. Il est fait généralement remise des sommes dues pour les locations en garni.

« Art. 4. Tous les baux sont résiliables, à la volonté des locataires, pendant une durée de six mois à partir du présent décret.

« Art. 5. Tous congés donnés seront, sur la demande des locataires, prorogés de trois mois. »

Ici, la Commune dépassait évidemment la mesure et dévoilait trop clairement son désir de conquérir à tout prix les sympathies, nous ne dirons pas de la classe ouvrière, mais celles de certaines catégories de gens appartenant à toutes les classes possibles, car nous nous rappelons fort nettement avoir entendu de braves et honnêtes ouvriers s’écrier qu’ils ne bénéficieraient jamais d’un tel décret.

« La Commune de Paris décrète :

« Article unique.

« La vente des objets déposés au Mont-de-Piété est suspendue. »

« La Commune, étant actuellement le seul pouvoir,

« Décrète :

« Art. 1er. Les employés des divers services publics tiendront désormais pour nuls et non avenus les ordres ou communications émanant du gouvernement de Versailles ou de ses adhérents.

« Tout fonctionnaire ou employé qui ne se conformerait pas à ce décret sera immédiatement révoqué. »

Toutes ces mesures radicales creusaient un abîme de plus en plus profond entre le gouvernement régulier et le pouvoir insurrectionnel qui siégeait dans la capitale.

Dès sa première séance, la Commune avait institué de nombreuses commissions, sous les titres de commissions Exécutive, des Finances, Militaire, de la Justice, de Sûreté générale, des Subsistances, du Travail, industrie et échange, des Relations extérieures, des Services publics, de l’Enseignement, entre lesquelles ses divers membres furent répartis. Au reste, le personnel de ces commissions subit plus d’une variation pendant l’existence de la Commune.

Nous avons dit plus haut que le nombre des élus de Paris, au 2S mars 1871, avait été de 90 ; 13 seulement appartenaient au Comité central ; c’étaient : Bergeret, Ranvier, Billioray, Henri Fortuné, Babick, Geresme, Eudes, Jourde, Blanchet, Brunel, Clovis Dupont, Mortier et Antoine Arnaud ; 20 faisaient partie du groupe blanquiste, de la presse ardente : Blanqui, Tridon, Ranc, Protot, Rigault, Ferré, Chardon, Arthur Arnould, Jules Vallès, Verdure, Cournet, J.-B. Clément, Paschal Grousset, Jules Miot, Gambon, Félix Pyat, Delescluze, Vermorel et Flourens. Blanqui ne siégea jamais à la Commune, car il avait été arrêté et détenu depuis le 18 mars ; 17 membres seulement faisaient partie de l’Internationale : Varlin, Theisz, Avrial, B. Malon, Langevin, Victor Clément, Duval, Franckel, Assi, Vaillant, Beslay, Pindy, Chalin, Clémence, Gérardin, Lefrançais et Dereure. Parmi les autres, qui formaient la partie modérée, on pourrait dire bourgeoise de la Commune, on comptait : MM. Desmarest, E. Ferry, Nasi, A. Adam, Méline, Rochart, Barré, Brelay, Loiseau-Pinson, Tirard, Chéron, Alb. Leroy, Ch. Murat, docteur Marmottan, docteur Robinet, Bouteiller, Lefèvre, etc. Dans les premiers jours d’avril, MM. Robinet, Ranc et Lefèvre donnèrent leur démission ; 15 autres suivirent cet exemple dès les premières réunions de la Commune : MM. Adam, Méline, Rochart, Barré, Brelay, Loiseau-Pinson, Tirard, Chéron, Leroy, Desmarest, Ferry, Nast, Fresneau, Marmottan, Bouteiller. De plus, il y avait eu un certain nombre d’élections doubles, celles de MM. Arthur Arnould, Delescluze, Varlin, Theisz et Blanqui, qui avaient dû opter entre deux arrondissements. Un décret non daté, mais qui parut dans le Journal officiel du 2 avril, convoqua en conséquence les électeurs des Ier, IIe, VIe, VIIIe, IXe, XIIe, XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe arrondissements pour le 5 avril, afin de nommer 22 nouveaux membres de la Commune. Mais en raison des événements militaires qui survinrent, un second décret, publié le 4, ajourna ces élections jusqu’au 10 avril. Un autre décret, du 1er avril, supprima les fonctions de général en chef. Brunel, qui en était investi, fut mis en disponibilité ; Eudes fut nommé à la guerre, Bergeret à l’état-major de la garde nationale, et Duval au commandement militaire de l’ex-préfecture de police.

Il fallait que Paris fût bien troublé pour qu’il remît ainsi ses destinées aux mains d’inconnus que rien ne pouvait recommander à sa confiance ; et combien les rares personnalités, telles que Delescluze et Vermorel, qui jetaient quelque éclat dans ce chaos gouvernemental, durent regretter d’avoir accepté une pareille promiscuité ! « Comme il dut mépriser tous ceux qu’il rencontra dans cette mêlée, ce vieux et sévère Delescluze, dont saluaient l’honnêteté austère ceux-là mêmes qui combattaient son jacobinisme étroit et dur ! De quelle amertume profonde dut-il être saisi en se voyant confondu avec ces romanciers de pacotille, ces conspirateurs de boudoir et ces politiques d’estaminet ! Sans doute, désespérant de sauver sa mémoire du gouffre où il venait de la jeter, le vieux proscrit de la Guyane résolut au moins d’y laisser sa vie. Il voulut mourir, dit-on. Il avait raison de le vouloir. Dans cette tourmente effroyable, il laissait à la fois son existence et son honneur. Il eût été de tous le plus coupable s’il eût survécu, car il avait pour ses collègues, devenus ses complices, le sentiment qu’il avait toujours eu pour ceux qui tremblent, le mépris. Quelle triste fin pour une vie qui avait été respectée ! Au moins a-t-il offert sa poitrine aux balles, comme Millière, ce maigre rêveur, tranchant et net comme une lame de couteau ! Mais, comme Millière, il est mort trop tard. Sa main était tachée de sang. » (Claretie.)

D’autres aussi entrèrent, au premier moment, dans la Commune, qui se repentirent bientôt de l’avoir fait. Le nom de M. Beslay, vieux républicain dont l’honnêteté était bien connue, entraîna beaucoup de gens hésitants, troublés, dans le mouvement nouveau. Un seul trait fera connaître l’estime que professaient pour M. Beslay les plus sévères du parti démocratique. On avait accusé, un moment et en toute fausseté, P.-J. Proudhon d’avoir, à la suite de la condamnation de son livre : la Justice dans la Révolution et dans l’Église, écrit à l’empereur pour lui demander grâce. Proudhon reçut de M. Beslay cette simple lettre : « Est-ce vrai ? » Il répondit aussitôt : « Je vous regarde comme ma conscience, et je ne voudrais rien faire que je ne pusse avouer devant vous. »

Il est évident que l’initiative d’un homme jouissant d’une estime aussi profonde, aussi générale devait entraîner un grand nombre d’esprits encore chancelants.

Il ne peut entrer dans le plan de cet article de fournir des détails biographiques au sujet des divers membres de la Commune ; on les trouvera au nom de chacun, soit dans le Grand Dictionnaire, soit dans ce Supplément.

À la période d’organisation, de part et d’autre, allait succéder la période d’action ; la guerre civile allait déchaîner ses horreurs, plus épouvantables encore que celles de la guerre étrangère. Du 19 mars au 2 avril, les deux partis consacrèrent leurs soins à l’organisation de leurs forces respectives, dans la prévision d’une lutte imminente. Le gouvernement avait compris la nécessité absolue d’augmenter l’effectif de l’armée, qu’un article de l’armistice avait fixé à 40,000 hommes. Il fallut négocier pour obtenir de l’état-major allemand l’autorisation de l’élever à 80,000 hommes ; ces négociations aboutirent au résultat désiré, et ce chiffre fut même augmenté de 20,000 hommes quelque temps après, en sorte que l’armée de Versailles allait pouvoir se présenter devant la capitale avec un effectif de 100,000 combattants au moins, composés en majeure partie des prisonniers de Metz et de Sedan, revenant d’Allemagne. Deux grands camps furent créés pour recevoir ces troupes à leur rentrée en France : un près de Cherbourg, où devaient se rallier tous les soldats arrivant par la voie maritime ; l’autre aux environs de Cambrai, où devaient s’installer les troupes rentrant par le chemin de fer ou par toute autre voie de terre. Le premier camp était commandé par le général Ducrot, le second par le général Clinchant. La reconstitution des 100 régiments de ligne eût exigé trop de temps ; on se contenta donc de former des régiments provisoires où furent distribuées les troupes au fur et à mesure de leur arrivée. En même temps, tous les corps de l’armée de la Loire et du Nord qui pouvaient être utilisés recevaient l’ordre de se porter sur Versailles, tandis que le chemin de fer amenait de nombreuses batteries d’artillerie et qu’un parc immense s’établissait sur la place d’Armes. Enfin deux autres camps furent installés aux environs de Versailles, l’un à Porchefontaine, l’autre à Garches, près de la grande ligne de défense des Prussiens.

Lorsque l’armée abandonna Paris, le 19 mars, pour se concentrer à Versailles, elle ne comprenait que les divisions Faron, Maud’huy et Susbielle, la brigade Bocher, 2 régiments de gendarmerie et le 9e chasseurs. Le 2 avril, ce premier contingent se trouvait augmenté des cinq divisions Bruat, Vergé, Pellé, Grenier et Montaudon. Il est vrai que ces cinq divisions étaient encore en état de formation, et que les deux dernières surtout ne comptaient qu’un minime effectif. Or, comme chaque jour augmentait les ressources et accroissait le chiffre des troupes du gouvernement, il retardait le plus possible l’ouverture des opérations militaires. D’ailleurs, il fallait rétablir la discipline, dont les liens s’étaient singulièrement relâchés au contact de l’insurrection. En huit jours le changement fut complet et tint presque du prodige : le soldat redevint soumis, respectueux envers ses chefs, dont il s’était désaffectionné. Cette transformation rapide donna raison au chef du pouvoir exécutif et prouva qu’il n’avait pas eu tort de quitter Paris si précipitamment et d’arracher l’armée aux tentations de révolte qui auraient pu s’éveiller dans le cœur du soldat. Tous les autres services, artillerie, vivres, remonte, se reconstituaient également avec rapidité.

Partout, en France, on attendait avec anxiété l’ouverture et l’issue de la lutte. En général, les sympathies se prononçaient en faveur du gouvernement régulier ; cependant quelques démonstrations pour la Commune eurent lieu dans quelques grandes villes, telles que Lyon, Marseille, Toulouse ; mais les municipalités s’étant rendues à Versailles et ayant obtenu de M. Thiers l’assurance ferme et positive qu’il maintiendrait de tout son pouvoir la forme actuelle du gouvernement, cette affirmation plusieurs fois répétée fit tout rentrer dans l’ordre. La Commune se trouva donc isolée et livrée à ses propres ressources. Elle berça constamment ses bataillons de l’espoir que la province entière allait se soulever et marcher en masse au secours de Paris ; mais ses affirmations méritaient autant de créance que ses bulletins de victoire.

La lutte éclata le 2 avril, et ce fut la Commune qui prit l’offensive. L’attaque se prononça par la route de Neuilly ; une colonne de fédérés, comprenant un effectif d’environ 2,000 hommes, sans artillerie, sortit de Paris et suivit la grande avenue qui conduit directement au rond-point de Courbevoie. Les fédérés se dirigeaient évidemment sur Versailles, et il fallait les empêcher d’y arriver et de rentrer dans Paris. En conséquence, la division Bruat et la brigade Daudel quittèrent leurs campements pour aller rejoindre la brigade de cavalerie Galliffet, déjà établie dans la plaine de Bezons. À 11 heures du matin, toutes ces troupes se trouvaient réunies au rond-point des Bergères, où elles firent une halte de quelques instants. Une des premières victimes, sinon la première, fut le docteur Pasquier, remplissant les fonctions de médecin en chef de l’armée de Versailles. Croyant que l’état-major du commandant en chef se trouvait dans la direction de Courbevoie, il voulut le rejoindre par la grande route de Saint-Germain. Arrivé à moitié chemin, entre le rond-point des Bergères et celui de Courbevoie, il se trouva tout à coup à portée d’un avant-poste de fédérés, qui firent feu sur lui. Une balle le frappa près de l’œil et le renversa de cheval comme foudroyé.

Les troupes furent aussitôt disposées pour l’attaque, et bientôt le canon du général Galliffet retentit sur la gauche, tandis qu’une demi-batterie installée sur la route de Saint-Germain tirait sur la barricade construite au rond-point de Courbevoie et sur la caserne située en arrière. Les fédérés ripostent vigoureusement et occasionnent une sorte de panique parmi nos jeunes soldats. Mais l’arrivée du commandant en chef et du général Bruat rétablit aussitôt le combat. Les barricades et la caserne de Courbevoie furent enlevées, et un certain nombre de fédérés tombèrent au pouvoir de l’armée de Versailles.

Sur la droite, le combat n’avait pas été plus heureux pour les troupes de la Commune, qui durent battre en retraite après un court engagement. L’avenue de Neuilly se couvrit d’une nuée de fuyards, au milieu desquels les obus d’une batterie établie au rond-point de Courbevoie achevèrent de jeter le désordre. Les marins et l’infanterie de marine se lancèrent alors à leur poursuite, s’engagèrent jusque sur le pont de Neuilly, qu’ils franchirent au pas de course, enlevèrent la barricade qui défendait le passage et s’emparèrent même des maisons les plus rapprochées. Là, ils durent s’arrêter, car ils ne pouvaient songer à emporter de prime saut une ligne de fortifications telle que celle de Paris.

Les pertes n’avaient été considérables ni de part ni d’autre : quelques tués parmi les gardes nationaux et une trentaine de prisonniers ; dans l’armée de Versailles, 8 hommes tués et une trentaine de blessés. Mais des deux côtés le résultat moral fut considérable, on pourrait même dire décisif ; il rendit au soldat toute sa confiance, toute son énergie, et commença la démoralisation des bataillons de la Commune.

Dans l’après-midi du 2 avril, la Commune fit afficher la dépêche suivante :

« Place à la Commission exécutive,

« Bergeret lui-même est à Neuilly. D’après rapport, le feu de l’ennemi a cessé. Esprit des troupes excellent. Soldats de ligne arrivent tous et déclarent que, sauf les officiers supérieurs, personne ne veut se battre. Colonel de gendarmerie qui attaquait, tué.

«Le Colonel chef d’état-major,

«Henri.

Cette dépêche ridicule amusa beaucoup alors les gens sensés. « Bergeret lui-même est à Neuilly ! » On pouvait être tranquille sur le résultat, du moment que l’invincible Bergeret daignait prendre personnellement en main le commandement. Ceci n’est que grotesque, mais voici qui est odieux :

« Une pension de jeunes filles, qui sortait de l’église de Neuilly, a été littéralement hachée par la mitraille des soldats de MM. Favre et Thiers. »

Cette assertion était complètement fausse ; mais il fallait bien surexciter la population parisienne. Le fait de la désertion des soldats n’était pas vrai davantage. La Commune adressait en même temps cette proclamation à la garde nationale.

« Les conspirateurs royalistes ont attaqué.

« Malgré la modération de notre attitude, ils ont attaqué.

« Ne pouvant plus compter sur l’armée française, ils ont attaqué avec les zouaves pontificaux et la police impériale.

« Non contents de couper les correspondances avec la province et de faire de vains efforts pour nous réduire par la famine, ces furieux ont voulu imiter jusqu’au bout les Prussiens et bombarder la capitale.

« Ce matin, les chouans de Charette, les Vendéens de Cathelineau, les Bretons de Trochu, flanqués des gendarmes de Valentin, ont couvert de mitraille et d’obus le village inoffensif de Neuilly et engagé la guerre civile avec nos gardes nationaux.

« Il y a eu des morts et des blessés.

« Élus par la population de Paris, notre devoir est de défendre la grande cité contre ces coupables agresseurs. Avec votre aide nous la défendrons.

« La Commission exécutive, Bergeret, Eudes, Duval, Lefrançais, Félix Pyat, G. TRidon, E. Vaillant. »

En même temps que cette proclamation, le décret suivant était publié :

« La Commune de Paris,

Considérant que les hommes du gouvernement de Versailles ont ordonné et commencé la guerre civile, attaqué Paris, tué et blessé des gardes nationaux, des soldats de la ligne, des femmes et des enfants ;

Considérant que ce crime a été commis avec préméditation et guet-apens, contre tout droit et sans provocation,

Décrète :

Art. 1er. MM. Thiers, Favre, Picard, Dufaure, Simon et Pothuau sont mis en accusation.

Art. 2. Leurs biens seront saisis et mis sous séquestre, jusqu’à ce qu’ils aient comparu devant la justice du peuple.

« Les délégués de la justice et de la sûreté générale sont chargés de l’exécution du présent décret. »

Ce n’était encore qu’une menace, mais qui devait se réaliser en partie par la démolition de la maison de M. Thiers.

Un second décret adoptait les familles des citoyens qui avaient succombé ou succombe-