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tion des armes. M. Dorian se mit à la tête de cette section, et la patrie n’oubliera jamais le dévouement que ce citoyen, trop tôt enlevé à la République, apporta à sa mission.

Sous la direction de M. Dorian, quinze ateliers de réparation gratuite furent ouverts soit par les compagnies de chemins de fer, soit par divers industriels. Au 15 octobre, c’est-à-dire en moins de vingt jours, l’atelier central du Louvre avait réparé plus de 20,000 fusils de différents modèles. Dans le même temps et avec la même rapidité, la transformation des fusils à percussion en fusils à tabatière se poursuivait dans les ateliers de MM. Mignon et Rouart et dans ceux de M. Godwing.

La commission d’armement de Paris parvint bientôt à fournir 800 fusils par jour de travail. Elle arriva même à fabriquer le fusil chassepot, problème qui paraissait insoluble à tous ceux qui ne connaissaient pas la force de volonté et l’indomptable énergie de Dorian. Les difficultés furent grandes d’abord ; mais il les surmonta. Les petits armuriers de Paris furent admis à fabriquer les pièces dont l’arme se compose ; au fur et à mesure, la commission faisait procéder au montage dans un atelier spécial.

Pendant que l’on réparait, transformait et fabriquait des fusils, la commission faisait fondre des canons et des obus. Chaque jour, elle se livrait à un nombre considérable d’expériences et étudiait cent systèmes que lui proposaient autant d’inventeurs. Enfin, elle fabriquait la dynamite.

Pour l’aider dans ces travaux et surtout pour répartir entre les bataillons les armes fabriquées, la commission s’adjoignit, dans chaque arrondissement, un comité dont les membres furent désignés par les maires. Ces comités prirent le nom de comités d’armement et rendirent de réels services.

Pendant que la section de Paris se livrait à son labeur infatigable, la commission d’armement de Tours ne restait pas inactive.

Après Sedan, il ne restait plus à la France, indépendamment des armées bloquées à Paris et à Metz, que 20,000 à 25,000 nommes qui venaient d’être battus sur la Loire, le corps de Cambriels, d’une force à peu près égale, en retraite sur Besançon, et 30,000 gardes mobiles échelonnés de Chartres à Évreux, en tout 80,000 hommes environ, dont la moitié au moins mal armés et mal équipés. Quant à l’artillerie, elle possédait à peine 100 canons, dont beaucoup en mauvais état.

On sait que les patriotiques efforts de M. Gambetta réussirent à former une nouvelle armée de 500,000 hommes. Cette force nouvelle, il fallait l’armer sans délai. Or, on n’avait pas de fusils, et les fabriques de l’État (Mutzig n’était déjà plus en notre possession) n’en produisaient que 15,000 à 18,000 par mois. On se procura, avec 200 millions, dont une commission contrôlait l’emploi, 1,2800,000 remingtons, sniders, springfields, enfields et fusils transformés, de sorte qu’avec 300,000 chassepots on disposa bientôt de 1 million et demi de fusils avec les cartouches appropriées. En même temps, l’artillerie fut pourvue de 1,400 canons et d’une quantité suffisante de projectiles. Certes, tout n’était pas parfait dans cette organisation, mais en si peu de temps et dans de telles circonstances, était-il possible de mieux faire ?

Commission des barricades. Organisée par décret du 23 septembre 1870, c’est-à-dire quatre jours après l’investissement de Paris, la commission des barricades, dont la présidence avait été donnée à M. Henri Rochefort, tint sa première séance le 24 septembre. Aussitôt après, elle se mit en rapport avec le service des ponts et chaussées. D’accord avec lui, elle décida, en cas de nécessité, la construction d’une troisième enceinte, dans le but de rendre inexpugnable l’intérieur de Paris, et elle arrêta les accidents de terrain et les constructions sur lesquels s’appuieraient les barricades. Cela fait, elle invita chaque propriétaire ou locataire à se pourvoir immédiatement de deux sacs de terre qui, avec les pavés, serviraient à construire immédiatement les barricades. Chaque sac, pour être facilement transportable, devait avoir 0 m,70 de longueur et 0 m,35 de largeur. Il n’y eut pas lieu de recourir à ce moyen de défense.

La Commune eut aussi sa commission des barricades, que présida Gaillard père. Par les soins de cette commission, de nombreuses barricades s’élevèrent, dès la fin de mars, sur divers points de Paris. Le périmètre de Montmartre et des Batignolles en fut, pour, ainsi dire, hérissé. La place Clichy fut mise en état de défense, et sa barricade armée de 8 canons de fort calibre. On construisit une barricade rue de Clichy, une autre rue des Martyrs, une troisième chaussée Clignancourt. La butte Montmartre devint une véritable forteresse. Chacune des rues qui y aboutissent avait sa barricade. Des barricades s’élevèrent en même temps place du Panthéon, à l’entrée de la rue Soufflot, à la barrière d’Enfer et à la chaussée du Maine. Plus tard, on en construisit de plus formidables encore sur la place de la Concorde, à l’entrée de la rue Royale et de la rue de Rivoli, et sur beaucoup d’autres points.

On sait quel rôle ces barricades ont joué lors de l’entrée à Paris des troupes de Versailles. V. Paris (sièges de), au tome XII du Grand Dictionnaire, page 266.

Dans les derniers jours de la Commune, la commission des barricades, qui jusqu’alors s’était préoccupée surtout des moyens de défense, chargea, dit-on, Gaillard père et le docteur Parisel d’étudier les moyens de destruction. Nous devons mentionner ici une sombre légende qui, née au milieu de la commission d'enquête sur les événements du 18 mars, s’est répandue. Nous ajouterons qu’elle a trouvé bien des incrédules et que, pour notre part, nous n’y attachons pas la moindre foi. Si nous la rapportons, c’est afin de placer sous les yeux de nos lecteurs le plus de détails possible.

Voici donc la légende de Gaillard père, barricadier et torpilleur. Elle a été racontée à la commission d’enquête par le vicomte Barralde Montaut, lequel, pour servir la cause de Versailles, s’était enrôlé sous les ordres de la Commune et avait obtenu, avec le grade de chef d’état-major, le commandement du VIIe arrondissement. Gaillard père, assure M. Barral de Montaut, avait disposé dans les égouts, dans les catacombes, dans les caves, sous les places, sous les rues, dans les cryptes souterraines des églises et dans les sous-sols de tous les monuments publics tant de mines, tant de barils de poudre, tant de tonneaux de pétrole et de machines à explosion, tous reliés par des fils électriques aboutissant à un point central, qu’il n’avait qu’à étendre la main pour faire sauter en l’air les trois quarts de Paris. C’est le docteur Parisel, membre de la Commune et délégué au VIIe arrondissement, qui aurait inventé et confectionné ces machines à explosion. Le vicomte Barral de Montant avait saisi le secret de Gaillard père et de Parisel. Les différents quartiers de la ville devaient sauter au moyen de barils de poudre, de caisses de cartouches, de feu grégeois communiquant à des fils télégraphiques reliés eux-mêmes à deux claviers établis l’un au télégraphe central, l’autre à l’Hôtel de ville. Le clavier central, dit le vicomte Barral de Montaut, était tout petit. Il avait des touches dont chacune portait la désignation d’un embranchement. « On m’a expliqué (c’est M. de Montaut qui parle) que, pour faire sauter telle partie plutôt que telle autre, on avait disposé des électro-aimants qui devaient faire avancer ou reculer deux, trois, quatre, cinq fois une espèce d’étoile qui établissait le contact d’une certaine façon ou qui l’interrompait. L’étincelle électrique devait suffire quand le courant était établi. » L’explication n’est peut-être pas bien claire ; mais, telle qu’elle est, la commission d’enquête l’a jugée satisfaisante puisqu’elle l’a consignée tout au long dans son travail.

Et si vous nous demandez pourquoi, tous ces préparatifs étant faits, Paris n’a pas sauté, nous vous répondrons, avec M. le vicomte Barral de Montaut : « C’est que M. le vicomte Barral de Montaut fit couper les fils au moment où l’armée entrait dans Paris. »

COMMISSURANT, ANTE adj. (ko-mi-su-ran, an-te — rad. commissure). Anat. Qui proproduit l’union par des commissures : Les fibres commissurantes du cerveau.

COMMODÈVES. divinités champêtres des Romains, dont le nom nous a été transmis par une inscription.

COMMONES, peuples de la Narbonnaise IIe. Le pays des Commones avait pour villes principales Toulon et Olbia.

COMMOTIES, nymphes qui habitaient les îles mouvantes du lac de Cutilies, dans le pays des Sabins.


* COMMUNALISTE s. m. Prêtre habitué...

— Adjectiv. Qui se rapporte au système d’une commune douée d’un pouvoir presque souverain : Le mouvement communaliste de 1871.


COMMUNARD, ARDE adj. et s. (ko-mu-nar, ar-de — rad. commune). Qui est partisan de la Commune, des opinions que voulait faire triompher la Commune de Paris de 1871 : Il est difficile d’accuser ces représentants de la riche bourgeoisie parisienne d’avoir les tendances anarchiques et communardes. (L. Asseline.) || On dit aussi communeux.


* COMMUNAUTAIRE adj. (co-mu-nô-tè-re rad. communisme). Qui est relatif au communisme : Il se fit plus tard un mouvement de réaction contre la tendance communautaire. (Journ. offic.)


Commune de Paris de 1871. Ce sujet douloureux et tragique sera traité ici avec la réserve qui convient à l’histoire contemporaine, car le sang dé la guerre civile est à peine séché sur nos pavés, mais avec l’indépendance d’esprit que nos lecteurs sont accoutumés à rencontrer chez nous. On comprendra que nous nous bornions à résumer brièvement les faits. Ce n’est pas au lendemain de pareilles luttes qu’on peut les apprécier avec une impartialité absolue. On doit se borner à les raconter avec sincérité, heureux si l’on peut éviter l’erreur et s’affranchir de toute prévention.

On ne subit pas sans en ressentir de profondes impressions toutes les souffrances, physiques et morales, que les Parisiens éprouvèrent pendant les longs mois de ce siège dont nos lecteurs trouveront ailleurs le funèbre récit (v. Paris [sièges de], au tome XII | du Grand Dictionnaire). Ces douleurs furent encore accrues, exaspérées par la convention du 28 janvier et la reddition de Paris. On n’a pas oublié l’explosion de colère qui se produisit à la première nouvelle de cette capitulation, qu’on n’osait pas même appeler de son véritable nom. Sans doute, on savait bien que même l’horrible pain des quinze derniers jours allait manquer ; mais il n’était entré dans l’imagination de personne que les chefs du gouvernement et les généraux de la défense rendraient la ville par une sorte de coup de surprise et sans avoir tenté le combat suprême que la population réclamait avec tant d’insistance et qu’on lui refusa toujours. Ce peuple, qui avait été admirable de constance et d’énergie, s’abandonna alors à une irritation qui était comme la réaction obligée de ses déceptions et de ses misères.

Les élections à l’Assemblée nationale montrèrent bien quel était l’état réel des esprits. D’abord, à l’exception de M. Jules Favre, qui passa l’un des derniers parmi les 43 élus, aucun des membres du gouvernement restés à Paris pendant le siège ne fut nommé ; on ne voulait plus entendre parler de ceux qu’on nommait « capitulards. » Ensuite, la plupart des élus appartenaient à la nuance radicule la plus tranchée ; un certain nombre, sans couleur politique, durent leur élection à leur conduite énergique pendant le siège, comme l’amiral Pothuau et autres.

Les élections départementales causèrent une stupéfaction profonde à Paris, qui avait voulu « la guerre à outrance » et qui était profondément dévoué à la République, tandis que les provinces, par le choix de leurs représentants, semblaient incliner vers la monarchie, et dans tous les cas vouloir la paix à tout prix.

Les premiers actes de l’Assemblée, réunie à Bordeaux, l’accueil indignement injurieux fait à Garibaldi, élu de Paris, les invectives haineuses lancées contre la grande cité, qu’on parlait de décapitaliser, le maintien du général Vinoy comme gouverneur de la capitale, la nomination de d’Aurelle de Paladines au commandement de la garde nationale, enfin les bruits fondés d’un prochain désarmement accroissaient de jour en jour l’irritation.

Ce grand Corps de la garde nationale parisienne attachait une importance capitale à son organisation et à son armement ; c’était pour elle la meilleure garantie du maintien de la République. Après les souffrances du siège, elle n’était pas disposée à se laisser désarmer par ces nouveaux venus, ces élus de la peur, ces ruraux, comme on les baptisa, qui lui apparaissaient comme les éclaireurs de la monarchie. Aussi songea-t-elle aussitôt à relier ses bataillons, à se donner une organisation qui la rendît à peu près indépendante du commandement en chef. De là, la fédération de la garde nationale et l’élection de ce Comité central (v. Comité central, dans ce Supplément) qui bientôt allait annuler d’Aurelle de Paladines, exercer le commandement réel et prendre au 18 mars la direction des affaires parisiennes.

De nombreuses délibérations des délégués de la garde nationale eurent lieu, et il fut décidé, notamment, qu’on résisterait par la force à toute tentative de désarmement. La portion la plus exaltée parvint même à faire voter que les bataillons s’opposeraient à l’entrée des Prussiens dans Paris. Mais des conseils plus sages prévalurent et tout se borna, pour la garde nationale, à former un cordon défensif, afin que les limites fixées par la convention ne fussent pas dépassées.

Dès le commencement de mars, la Fédération républicaine de la garde nationale et son Comité central étaient solidement constitués, avec l’adhésion et l’appui de 215 bataillons environ.

La veille de l’entrée des Prussiens, la nouvelle se répandit que des canons appartenant à la garde nationale avaient été oubliés à Neuilly et avenue de Wagram, emplacements qui devaient être occupés par l’ennemi. Les bataillons réunis à la hâte vont chercher les canons et les transportent à la place des Vosges, à Belleville, aux buttes Chaumont, à Charonne, à la Villette, enfin à Montmartre. Placés sur les buttes et braqués du côté de Paris, ces canons inquiétaient vivement et l’autorité et la partie bourgeoise de la population, car on sentait bien que cet état de crise allait aboutir à quelque catastrophe.

Sur ces entrefaites, survint la loi sur les échéances, dont l’application devait ruiner un si grand nombre de commerçants. La loi sur les loyers, si impatiemment attendue, n’avait pas même encore été proposée à l’Assemblée. Enfin, comme si l’on eût pris à tâche d’irriter de plus en plus la population, le général Vinoy ordonna la suppression de plusieurs journaux républicains.

L’opinion générale, partagée par les maires élus de Paris, était que le gouvernement rentrerait promptement en possession des canons de Montmartre s’il voulait employer les moyens modérés.

Cette période confuse et agitée, depuis la capitulation, avait été remplie de manifestations caractéristiques. La garde nationale continuait à toucher sa solde, et l’on comprend qu’en l’absence de tout travail il n’eût pas été possible de licencier cette grande armée, de jeter tout à coup des centaines de mille hommes sur le pavé. À l’occasion du 24 février, des démonstrations passionnées avaient eu lieu autour de la colonne de Juillet, décorée de couronnes d’immortelles, pavoisée de drapeaux rouges, et le soir illuminée de verres de couleur. Des soldats, des marins se mêlaient à ces manifestations, qui se prolongèrent plusieurs jours, et venaient avec les bataillons parisiens jurer : « La République ou la mort ! » On eût dit plutôt des fêtes funèbres ou une veille des armes et comme la forme démonstrative de la douleur et de l’irritation de la grande cité. Les âmes étaient en proie à une sombre exaltation. Un agent de police, un Corse de l’ancienne administration, surpris prenant des notes, fut saisi et jeté à l’eau. Telle était alors l’exaltation des esprits.

Cependant, un calme relatif était revenu, et il est probable qu’on eût pu conjurer cette effroyable guerre civile si l’on eût suivi le conseil des maires, en procédant avec prudence et ménagement et en affirmant nettement la République. Mais le gouvernement préféra les moyens de force, et, après avoir lancé une proclamation annonçant des mesures énergiques, il entreprit, dans la nuit du 17 au 18 mars, l’attaque des buttes Montmartre.

Les dispositions furent prises dans la nuit ; on lança comme éclaireurs d’anciens sergents de ville déguisés en gardes nationaux ; les buttes furent cernées militairement, et vers six heures du matin le général Lecomte, avec le 88e de ligne, un bataillon de chasseurs de Vincennes et environ 200 gendarmes, gravit les hauteurs, surprend le poste peu nombreux qui gardait les canons et enlève une dizaine de pièces. Mais la détonation des feux de peloton avait jeté l’alarme dans le quartier ; les gardes nationaux accourent successivement ; le général Lecomte ordonne à sa troupe de faire feu sur les premiers détachements. Mais les fraternités du siège, le souvenir de tant de maux soufferts ensemble agissaient sur les soldats, qui refusèrent de tirer et bientôt fraternisèrent avec la garde nationale. Le malheureux Lecomte, pris d’abord pour Vinoy, fut fait prisonnier. Sur tous les autres points autour de la butte les mêmes faits se répétèrent ; les gendarmes seuls continuaient de tirailler, Vinoy, en position sur le boulevard Clichy, se hâta de se replier, lui qui, à l’avance, avait répondu du succès.

L’affaire de Montmartre fut le seul engagement de cette journée fameuse. À Belleville, à Ménilmontant et ailleurs, la troupe fraternisa de bonne heure avec la population, et vers midi la garde nationale était maîtresse de Paris.

Le gouvernement essaya pourtant de lutter encore et fit afficher, pour entraîner les bataillons conservateurs, des proclamations où il prodiguait maladroitement les accusations de communisme et de pillage et qui ne firent qu’irriter plus profondément la population. Mais ces appels désespérés ne trouvèrent aucun écho, et à la fin de cette journée M. Thiers, chef du pouvoir exécutif, le général Vinoy et les ministres présents à Paris se retirèrent à Versailles, où se réunissait en ce moment l’Assemblée nationale, en emmenant le plus de troupes possible.

En même temps, M. Thiers prescrivait l’abandon des forts de la rive gauche, qui allaient ainsi tomber au pouvoir de l’insurrection, à laquelle on laissait également livrée la population parisienne. On voit bien là l’intention du président d’avoir sous la main toutes les troupes disponibles et de les soustraire à tout prix à l’influence révolutionnaire ; il redoutait la terrible manifestation de « la crosse en l’air, » dont beaucoup de soldats avaient donné l’exemple dans cette journée du 18 mars. Mais tout en arrachant les troupes à cette éventualité qui pouvait en effet se réaliser, le gouvernement n’aurait-il pu conserver au moins une des portes du Paris et la faire occuper fortement par des hommes dont l’esprit de discipline n’aurait inspiré aucune inquiétude ? Assurément, c’est là une simple question qu’il serait bien téméraire de vouloir résoudre aujourd’hui. Quant à l’abandon des forts, on peut reconnaître qu’il n’offrait pas de grands inconvénients, car ils avaient été tellement battus par l’artillerie allemande qu’ils ne pouvaient offrir une base bien solide à l’un ou à l’autre parti. Mais il n’en était pas de même du Mont-Valérien, qu’on s’était trop pressé d’évacuer et dont l’occupation avait une grande importance pour les uns ou pour les autres. Si le Comité central de la garde nationale, qui était alors le maître de Paris, avait eu la pensée d’établir quelques bataillons dans cette forteresse, l’armée régulière eût trouvé là un obstacle formidable qui eût singulièrement gêné ses opérations. Heureusement, le Comité ne songea alors qu’à occuper les mairies et les principales administrations. Le général Vinoy, comprenant la nécessité de s’assurer d’une telle position, décida M. Thiers à revenir sur l’ordre d’évacuation en ce qui concernait le Mont-Valérien, et le colonel Cholleton reçut l’ordre d’aller occuper immédiatement le fort avec son régiment, le 119e de ligne. Pendant toute la journée du 19 mars et la nuit du 19 au 20, le Mont-Valérien avait été pour ainsi dire sans garnison. Dans la soirée du 20, les fédérés se présentèrent en grand nombre devant la forteresse et la sommèrent de se rendre. Il fut répondu aux parlementaires