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rain d’un propriétaire riverain, ils deviendront sa propriété et lui appartiendront, pour ainsi dire, par droit de premier occupant.

Le droit d’accession s’applique également aux objets mobiliers, et ce cas constitue la spécification, c’est-à-dire le fuit d’un artiste qui, prenant une matière première appartenant k un autre, la transforme par son travail et en fait un objet en quelque sorte-nouveau. On a beaucoup discuté sur la question de savoir à qui appartient l’objet ainsi transformé. Constitue-t-il la propriété de celui qui a fourni la matière première, par la raison qu’on peut soutenir qu’elle était indispensable à la création de l’objet ? L’artiste, au contraire, peut-il réclamer l’objet comme sa propriété, parce qu’il a transformé la matière première et lui a donné une valeur qu’elle ne possédait point ? Les jurisconsultes anciens disputèrent longuement sur ce point, les uns tenant pour l’artiste, les autres tenant pour celui à qui appartenait la matière. Justinien mit fin a ces controverses en décidant que l’on examinerait s’il était possible de ramener l’objet ouvragé à l’état de matière brute. Si oui, l’objet confectionné appartenait au propriétaire de la matière première ; dans le cas contraire, il appartenait à l’artiste. Mais cette disposition ridicule n’a poiut passé dans le droit moderne, et le code civil dit que les juges trancheront la question de propriété d’après les règles de l’équité. La partie qui sera dépossédée sera indemnisée par la partie à laquelle la chose aura été adjugée. Si le travail qui sera venu s’ajouter à lu matière n’a qu’une valeur qui ne dépasse pas celle de la matière elle-même, la propriété de cette dernière sera considérée comme emportant de droit celle du travail ajouté. Mais s’il s’agit d’un travail artistique, dont la valeur dépasse manifestement et de beaucoup celle de la matière employée, celui qui aura fourni son talent ou son travail sera considéré comme propriétaire de l’objet. Dans les deux cas, le propriétaire de l’objet sera tenu d’indemniser celui qui aura fourni soit le travail, soit la matière.

ACQU1ST1 (Luigi), sculpteur italien, né k Forli eu 1744, mort en 1824. Il a exécuté divers glands morceaux de sculpture à Bologne, k Rome et k Milan. Le beau groupe de Vénus apaisant Mars (villa Sommariva, sur le lac de Côme) passe pour son chef-d’œuvre.

  • ACQUIT s. m. — Encycl. Législ. L’acquit à caution est une quittance imprimée et timbrée, qui est délivrée par les employés de la régie aux personnes qui envoient d’un lieu k un autre des marchandises, des denrées soumises au régime des droits ou de l’examen. Il existe deux sortes d’acquit à caution : l’acquit à caution de payement et Vacquit à caution de transit, L’acquit à caution de payement est pris par toute personne qui, voulant faire transporter un objet soumis k des droits de régie, ne paye pas ce droit au moment du départ. Il a pour olijet de légitimer le transport de cet objet et en même temps de garantir le payement des droits. L’expéditeur doit faire sa déclaration au bureau d’octroi le plus voisin du lieu d’où il fait l’envoi. (Jette déclaration contient la soumission de faire décharger, dans un délai déterminé, Vacquit k caution par les employés du bureau d octroi le plus rapproché du lieu de destination. Die doit être signée par l’expéditeur et par la caution qui répond du payement des droits. L’acquit à caution de transit a pour double objut de légitimer le transport des objets soumis aux droits ei de garantir que le transport sera effectué. Il est délivré par les bureaux de douane pour le transport par cabotage ou par terre. Au bureau où l’on délivre l’acquit, on met les marchandises sous balle coriiée et plombée, et lorsqu’elles arrivent soit à la frontière, soit k l’entrepôt, elles subissent une vérification de la part des agents. Ainsi que nous l’avons dit plus haut, l’expéditeur doit faire décharger 1acquit a camion. Les délais accordés pour le rapport de l’acte de décharge varient selon la distance des lieux à parcourir. Ils sont d’un jour par 20 kilom., en y ajoutant le temps jugé nécessaire pour les stations, soit du roulage, soit de la navigation intérieure. Enfin l’expéditeur a, en outre, un délai de vingt jours, qui, dans certains cas, peut être augmenté, pour faire les démarches nécessaires k la régularisation de la décharge en bonne forme. Si cet acte de décharge ne se fait pas au bureau de douane, il doit porter 1 indication du nom, du domicile et de la profession de celui qui l’a remis, et, lorsqu’on a constaté sa validité, les soumissions fuites par l’expéditeur ou la caurion sont annulées en leur présence et les sommes qu’ils ont pu consigner leur sont rendues. V. passavant, au Grand Dictionnaire (tome XII).

ACBA (haut, élevé), nom donné, dans l’antiquité, à plusieurs villes ou citadelles bâties sur des lieux élevés. Les principales étaient ;

ACBA ou HYDRGSE, ville de la Grande Grèce, dans la lapygie, ù l’extrémité du cap lapyginm, aujourd’hui cap Leuca, dans le royaume je Naples.

ACRA, ancienne ville de l’Italie, renfermant le port de Brindes.

ACRA, ancienne ville de Sicile, située à l’O. de Syracuse, non loin de Noto. Elle fut bâtie par une colonie syraeusaine 70 ans après la

ACRA

fondation de Syracuse, n Ancienne ville de Scythie, qu’on croit la même que celle que Ptoiémée place dans la Sarmatie européenne, sur le Palus-Méotide. Pline parle d’Aern Taurorum ; mais ce dernier nom doit s’appliquer à une ville qui était située dans la Sarmatie asiatique. Il Ancienne ville de l’Acarnanie, province de la Grèce. Il Ancienne ville de la Syrie, près de l’Oronte, au-dessus d’Antioche, aux environs de Daphné. Ortélius dit qu’elle portait aussi le nom d’Aspasium. il Ancienne ville d’Asie, située au delà du Tigre.

ACRA, nom d’une des collines sur lesquelles Jérusalem était bâtie, avant qu’on y eût joint la ville de David, qui était sur le mont Sion. Son nom lui vint de la citadelle qu’Antiochus y At construire et qui fut détruite par Simon Macchabée, d’après l’historien Josèphe. Ce lieu était appelé par quelques-uns Acaron ; la Vulgate dit la Citadelle. Plus tard, on construisit sur cet emplacement le palais d’Hélène, reine des Adiabéniens, celui d’Agrippa, ainsi que la salle des archives et celle où s’assemblaient le3 magistrats de Jérusalem. Les chevaliers de Saint-Jean y eurent un hôpital pour loger les pèlerins qui venaient visiter les lieux saints ; de là, dit-on, leur vint le nom de chevaliers de Saint-Jean-d’Acre, nom qui fut donné également à la ville de Ptolémaïs.

’ACRA, ville d’Afrique. V. Inkran, au Grand Dictionnaire (t. IX).

ACRABATA, dans la géographie de la Bible, ville de la demi-tribu de Manassé, en deçà du Jourdain, confinant à la tribu dïssachar. Elle donna son nom à i’Acrabatène, une des onze toparchies de la Judée.

ACRABATANE.dans la géographie ancienne, nom d’un lac d’Ethiopie, près de la rivière d’Astaboras, aujourd’hui Tacazzé. La contrée était nommée le pays des scorpions, à cause du grand nombre de ces animaux qui l’infestaient. Acrab signifie un scorpion en hébreu, en syrien, en chaldéen, en éthiopien.

ACRABATEMB, la troisième des onze toparchies de la Judée, selon quelques auteurs, la cinquième selon d’autres. Elle s’étendait vers l’orient, entre Sichem et Jéricho, dans la demitribu de Manassé, a l’O. du Jourdain. Josèphe parle d’un grand combat qui fut livré sur les frontières de l’Acrabatène, entre les Juifs et les Samaritains, à l’occasion du meurtre d’un Galiléen, et dans lequel les Samaritains furent complètement défaits. Il Canton de Judée, dans ta tribu de Siméon, situé sur jles frontières de l’Idumée, vers l’extrémité de la mer Morte,

ACRAB1M, dans la géographie de la Bible, ville ou bourg de l’Acrabatène, sur la route de Sichern à Jéricho, près et à l’E. de la première de ces deux villes. Son nom signifiait la Montée du scorpion, d’après la Vulgate.

ACRJiA, tille d’Astérion, fleuve de l’Kubée, et sœur de Prosymna et d’Eubée. Les trois sœurs furent les nourrices de Junon, || Une des néréides.

ACB.SPHEUS, fils d’Apollon, qui donna son nom à la ville d’Acrsephia, en Béotie, d’après Strabon.

ACRAGAS, dans la géographie ancienne, nom d’un fleuve et d’une montagne, avoisinant Agrigente.

ACRAGAS, nom grec d’Agrigente, ville de Sicile. Il Ancienne ville deThrace, il Ancienne ville de l’Ile de Chypre. Il Ancienne ville de l’Eubée, Il Ancienne ville de l’EtoIie. Il Ancienne ville de la Lydie, qui paraît avoir été depuis la ville épiscopale d’Acrassus, dont l’évêque Patrice lit partie du concile de Chalcédoine.

ACRAGAS, fils de Jupiter et d’Astérope, une des filles de l’Océan. Il fonda, en Sicile, la ville d’Agrigente, dont le nom grec est Acragas.

ACRAGAS, sculpteur grec. Pline raconte qu’il a vu dans le temple de Bacchus, à Rhodes, des coupes où cet artiste avait gravé des chasses, des bacchantes et des centaures.

ÂCRAMA s. m. (â-kra-ma). Mythol. ind. Ermitage, habitation d’un solitaire. Il Chacune des quatre périodes de la vie religieuse.

ACRAS, ancienne montagne de la Syrie, près de Laodicée. Par suite d’un tremblement de terre, en 856, celte montagne tomba dans la mer. Son nom, qui signifie chauve, lui fut donné parce qu’elle ne portait aucun arbre.

ACHAT ou ACBATH, dans la géographie ancienne, ville de la Mauritanie Tingituue, C’est aujourd’hui Vki.kz ou Bklis, uaus le royaume de Fez (Maroc).

ACRATOPOTE (gui boit du vin pur), surnom de Bacchus.

ACRATOPOTE, héros honoré k Muuy unie, un des bourgs de l’Attique, selon Poléuion, cité par Athénée,

ACRATOS ou ACSATUS, génie de la suite de Bacchus, dont on voyait la représentation, selon Pausanias, dans le temple de ce dieu situé entre le Céramique et la porte du Pirée.

ACRAUX s. m. pi. (a-krô). Angles d’un harpon. Butfon a employé ce mot eu parlant

ACRO

des harpons avec lesquels on assaijle l’hippo" potame.

ACRÉEN, ENNE adj. (a-kré-ain, è-ne gr. akraios ; de akra, sommet, citadelle). Mythol. gr. Epithète d’un grand nombre de divinités adorées sur des lieux élevés ou protectrices de citadelles ou de villes:Minerve Acréknnb. Jupiter Acréen.

ACREL (Olof), chirurgien suédois, né près de Stockholm en 1717, mort à Stockholm en 1807. Il fit ses études médicales en Suède et vint se perfectionner à Paris; il servit même dans l’armée française en qualité de chirurgien, puis, de retour dans sa patrie, se fit recevoir membre de l’Académie de chirurgie suédoise et agrégé de l’Académie des sciences de Stockholm. Il fut nommé ensuite président de cette société savante et devint professeur de chirurgie et premier chirurgien du lazaret. Il était aussi associé étranger de l’Académie de chirurgie de Paris. À la fin de sa carrière, il eut la direction générale des hôpitaux de Suède. On lui doit:un Traité sur les plaies récentes (Stockholm, 1745, in-8°) ; des Observations de chirurgie (Stockholm, 1750, in-8°) ; une Dissertation sur l’opération de la cataracte (Stockholm, 1766, in-8°) ; un Discours sur la réforme nécessaire dans les opérations chirurgicales (Stockholm, 1767, in-8 » ).

ACRIA, ancienne ville de Grèce, dans la Laconie, fondée par Acrias. Elle était située à l’embouchure de l’Eurotas. Il Ancienne ville d’Espagne.

ACRIAS, fondateur de la ville d’Acria, en Laconie. Il fut un des prétendants d’Hippodamie et perdit la vie en disputant le prix de la course contre le père de cette princesse.

ACRISIONÉ1S, nom patronymique de Danaé, fille d’Acrisius.

ACR1S10MADE5, nom patronymique des descendants d’Acrisius. Il désigne particulièrement Persée.

  • ACRISIUS, roi d’Argos, arrière-petit-fils de Danaiis et père de Danaé. U était fils d’Abas, roi des Argiens, et d’Ocalée, fille de Mantinée, et frère jumeau d<ï Prœtus. Selon la Fable, les deux frères se haïssaient dès le ventre de leur mère ; aussi se disputèrent-ils longtemps le sceptre d’Argos. Ils finirent puise partager le royaume. Prœtus eutTirynthe et Acrisius régna sur Aigos. D’après Ovide, ce serait Persée qui, avant l’accident dont Acrisius, son grand-père, fut victime, l’aurait rétabli sur le trône d’Argos, dont il venait d’être chassé par Prœtus. Quoi qu’il en soit, Acrisius épousa Eurydice, tille de Lacédémon, et eut d’elle Danaé, qu’il renferma dans une tour, afin d’éviter les funestes effets de la prédiction qui lui avait été faite, qu’il mourrait de la main de son petit-fils. Malgré ces précautions, l’oracle dut s’accomplir. Acrisius, étant allé k Larisse, où le roi de cette contrée, Teutamius, célébrait des jeux funèbres en l’honneur de son père, y rencontra Persée, fils de Danaé, qui était venu pour concourir. Tous deux se disposaient à retournera Argos, lorsque le héros, voulant faire preuve de son adresse à lancer Je disque, atteignit malheureusement son grand-père, qui fut tué sur le coup. D’autres tlisent que ce fut la vue de la tête de Méduse qui changea Acrisius en pierre. Acrisius passe pour avoir institué un second conseil des amphictyons, qui s’assemblait, comme l’autre, deux fois l’an, dans le temple de Delphes.

ACR1TAS, ancien nom d’un cap de la Messénie, n’après Ptoiémée et Strabon. C’est aujourd’hui le cap de Gallo, dans la Turquie d’Europe.

ACROATHON ou ACROATHOS. dans la géographie ancienne, ville de la Thi ace, sur le mont Athos, dont les habitants passaient pour vivre une fois plus longtemps que les autres peuples. Il Nom d’un promontoire formé par la partie la plus orientale du mont Atlios.

ACROB, dans la mythologie persane, chef des anges qui sont répandus dans l’univers. Il est chargé de veiller sur leur conduite.

ACROCOR11NTHE, citadelle de la ville de Corintbe.

ACRODONTE adj. {a-kro-don-te — du gr. akros, haut; odous, odontos, dent). Erpét. Se dit des reptiles ophidiens et sauriens, dont les dents, implantées sur le bord supérieur de la mâchoire, semblent de simples expansions de celle-ci.

ACRON, un des compagnons d’Enée. Il fut tué par Mézence, tyran n’Elrurie. (Enéide.)

ACRON, roi de Cenina, petite ville du Latium, dout le territoire fut envahi par Romulus. D’après Tite-Live, ce dernier tua Acron et consacra ses dépouilles à Jupiter Férétrien.

ACROTATUS, fils de Cléomène II, roi de Sparte. U succéda k son père au commencement du ive siècle av. J.-C. Sollicité par lé*s Agrigentins, qui demandaient des secours ù Sparte contre Aguthociès, U partit avec quelques vaisseaux, sans le consentement des éphores, fut jeté par la tempête k Apollonie, sur les burds du golfe Adriatique, et débloqua cette ville, assiégée par (ilaueias, roi d’iliyrie. Il se dirigea ensuite sur Tareiite, dont il décida les habitants k secourir les Agrigeutins, et se rendit alors à Agrigente, où il fut accueilli k bras ouverts. Mais, au


lien de seconder les préparatifs de guerre, il se plongeadans ladêbaiicbe et souleva le peuple contre lui en faisant assassiner un réfugié syracusain, Sosistrate. Forcé de se rembarquer nuitamment, il revint k Sparte et la république lui confia néanmoins le commandement d’une armée envoyée contre Aristodéme, fyran de Mégatopofis. Son incapacité valut aux Lacédéinoniens une sanglante défaite, durant laquelle il perdit la vie.

ACROTATUS, petit-fils du précédent, qui monta sur le trône de Sparte vers 268 av. J.-C. En l’absence de son père Aréus, il défendit vaillamment la ville, assiégée par Pyrrhus, et donna le temps k l’armée de secoues de forcer Pyrrhus k se retirer.

* ACROTÈRE s. m. — Proue de navire qui désigne, sur les médailles, soit une victoire navale, soit une ville maritime.

ACSENCAR-AL-BOURSEY, connu aussi sous

les noms de Boraequln, Durgoldaa, Borfel,

Dur », etc., général arabe du ma siècle. Il était gouverneur de Mossoui au moment où les croisés assiégèrent cette ville, en 1114, et il se fit remarquer par sa bravoure. Le calife Mostarched 1 employa ensuite, en 1121 et 1122, k reprendre Bagdad, occupée par un rebelle, Dobaïs. Il fut assassiné par les Ismaéliens en 1124.

ACTÉE, ACTÉA ou ACTÆA, surnom d’Orithyie, fille d’Erechtuée, roi d’Athènes. Il Une des néréides.

ACTÉON, nom d’un des chevaux du Soleil, selon Fulgence.

Actes et paroles, par Victor Hugo (1875-1876, 3 vol. iu-8o). Ces trois volumes embrassent toute la vie publique du grand écrivain, de 1841 à 1875, ou, si l’on aime mieux, de sa réception k l’Académie française à son entrée au Sénat. Le recueil de ses discours le montre successivement k l’Académie, k la Chambre des pairs, dans les réunions électorales de 1848, k l’Assemblée constituante, k l’Assemblée législative, en exil après le 2 décembre et continuant son rôle politique soit par des manifestes, soit par d’éloquents discours prononcés sur les tombes des proscrits. Enfin, rentré en France k la chute de l’Empire, il prend la parole en maintes occasions graves, h Paris, k Bordeaux et à Bruxelles. L’ouvrage entier se divise naturellement en trois séries : Avant l’exil, Pendant l’exil, Depuis l’exil, qui sont les sous-titres de chacun des trois volumes.

Avant l’exil est précédé d’une introduction intitulée : le Droit et la loi. C’est un morceau capital, et qui sert bien de frontispice k ces discours prononcés dans les séances orageuses de la Constituante et de la Législative, à ces plaidoyers pour l’abolition de la peine de mort, k ces protestations pour la Pologne, pour la liberté de la presse, centre la proscription, contre la déportation, qui remplissent tout le volume, et dans lesquels V. Hugo se montre si ardent défenseur du droit contre la loi. Cette formule, qui au premier abord pourrait sembler obscure, avait besoin d’être expliquée, commentée. V. Hugo l’a fait en termes magnifiques : à Toute l’éloquence humaine, dans toutes les assemblées de tous les peuples et de tous les temps, peut se résumer en ceci ; la querelle du droit contre la loi. Cette querelle, et c’est là tout le phénomène du progrès, tend de plus en plus k décroître. Le jour où elle cessera, la civilisation toucher* à son apogée, la jonction sera faite entre ce qui doit être et ce qui est.. Le droit et la loi, telles sont les deux forces ; de leur accord naît l’ordre, de leur antagonisme naissent les catastrophes. Le droit fiarle et commande du sommet des vérités : a loi réplique du fond des réalités ; le droit se meut dans le juste, la lui se meut dans le possible ; le droit est divin, la loi est terrestre. Ainsi la liberté, c’est le droit ; la société, c’est la loi.

L’inviolabilité de la vie humaine, la liberté, la paix, rien d’indissoluble, rien d’irrévocable, rien d’irréparable : tel est le droit.

t L’échaf’uud, le glaive et le sceptre, la guerre, toutes les variétés de joug, depuis le nmriage sans le divorce dans la famille jusqu’à l’état de siège dans la cité : telle es la loi.

Le droit : aller et venir, vendre, échanger.

« La loi : douane, octroi, frontière.

« Le droit : l’instruction gratuite et obligatoire, sans empiétement sur la conscience de l’homme, embryonnaire dans l’enfant, c’est-à-dire l’instruction laïque.

« La loi : les ignorantins.

Le droit : la croyance libre.

> La loi : les religions d’État.

Le suffrage universel, le jury universel, c’est le droit ; le suffrage restreint, le jury trié, c’est la loi.

« La chose jugée, c’est la loi ; la justice, c’est le droit.

Mes *rez l’intervalle. »

Cette formule : Pro jure contra legem, a diciék V. Hugo, non-seulement ses plus beaux discours, mais ses plus belles œuvres littéraires ; on la retrouve au fond de Claude Gueux, des Misérables, de presque tous ses romans et de ses poèmes. Elle donne une sorte d’unité puissante k tout sou œuvre, si colossal et si touffu ; elle éclaire du même jour toutes les phases de sa carrière politique, malgré les variations, plus apparentes que réelles, du poète qui a passé du royalisme de ses