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de grandes proportions le nombre des annonces. Un rédiicteur de la QuaHerly Review, analysant le numéro du Times du 24 mai 1855^ y trouve 2,575 cmwnces, qui se décomposent ainsi ; 129 sort relatives à des navires en partance ; 429 aux places offertes et demandées, cuisinières, cochers, grooms, valets de pied, femmes de chambre ; 136 aux ventes publiques ; 195 aux nouvelles productions de librairie ; 378 aux maisons ou appartements à louer ; 144 aux pensions bourgeoises ; 144 aux offres ou demandes de

précepteurs ou de gouvernantes ; 36 à la médecine ou à la pharmacie. Le reste, c’est-à-dire 985 annonces, est occupé par les propositions de mariage et les affaires d’intérêt privé. La correspondance qui a ces affaires pour objet apris dans le Times de larges développements. Presque chaque jour on y rencontre des avis du genre de ceux-ci : « Si Charles N..., qui à Quitté sa maison samedi dernier, veut revenir immédiatement chez ses parents inconsolables, il sera reçu à bras ouverts, et on fera tout pour son bonheur. •

— ■ Perdu, depuis lundi dernier, un jeune homme de vingt-six anî, cheveux noirs, yeux noirs, teint brun, moustaches noires. Initiales de son nom : Ii. T. Avait sur lui une petite Bible. A des hallucinations religieuses et est sujet à des paroxysmes de colère, il est probable qu’on le trouverait à l’office dans toute église près de laquelle il serait.» Ce genre d’annonces revêt aussi la forme directe :

— «Robert, ; e suis malheureuse. Écrivez-moi ou dites-moi où je puis vous écrire. Que je vous vois encore une fois, et je promets de faire tout ce que vous voudrez. »

— « Cher Robert, pourquoi m’avez-vous quittée si subitement dimanche soir ? Je vous en prie, écrivez ou revenez à votre femme désolée, ou dites-moi où je pourrais vous voir. Pour l’amour de notre cher enfant, qui a le cœur brisé, faites-moi connaître vos intentions, car je suis sûre que tout peut encore s’arranger. Écrivez à votre mère, que votre absence subite a frappée d’un coup qui peut être funeste.» Les correspondances amoureuses sont le plus souvent en chiffres ou s’écrivent à l’aide de lettres transposées ; mais il y a des curieux qui passent leur temps à déchiffrer les écritures cryptographiques,

— c’est un amusement comme un autre,

— et qui, à force <^^ patience, y parviennent presque toujours. Voici une de ces correspondances qui paru dans le Times de

1853 et 1854 et dont un de ces enragés chercheurs finit par découvrir la clef : « Flo. O toi, voix de mon âme ; Berlin, jeudi. Je pars samedi prochain, et lundi je te presserai sur mon cœur. Que Dieu te bénisse. » — « Flo. Voix de mou âme, je suis seul. Tu me manques plus que jamais. Je regarde ton portrait tous les soirs. Je t’envoie un châle de l’Inde pour t’envelopper quand tu dors après dîner. Il te préservera de tout mal et tu croiras que ce sont meii bras qui sont autour > de toi. » — « Flo. Mon cher amour, me voici redevenu heureux. C’est comme si je sortais d’un mauvais rêve. Je te verrai bientôt ; écris-moi. Dieu te bénisse, voix de mon âme. » — Flo. O voix de mon âme, comme je t’aime ! Comment es-tu ? Seras-tu accouchée au printemps ? Je te vois d’ici te promenant avec ton marmot. Tu es ma vie,

mon univers, mon espoir. » — Ici, les correspondants furent avertis que leur chiffre était découvert par un mauvais plaisant qui, dans le même nu/néro, fit insérer uu avis facétieux, rédigé à l’aide du chiffre dont ils se servaient. Ils mirent fin mélancoliquement à leurs effusions : — Flo. Je crains, ma bien-aimée, que notre chiffre n’ait été découvert. Écris directement à ton ami le châle de l’Inde. (Janvier 1854.)

On n’en finirait pas si on voulait parler par le menu de toutes les catégories d’annoncer. Notons cependant encore celles qui ont trait aux demandet de jeunes gouvernantes ; il y a là souvent une infâme spéculation. Les tribunaux anglais ont eu plus d’une fois à statuer sur le cas d’individus qui se posent comme des gens d’une grande honorabilité, exigent des jeunes personnes qu’ils veulent attirer des conditions telles qu’elles doivent écarter toute méfiance par leur difficulté même, et qui ne sont qu’un leurre. Les pauvres fillss se trouvent, loin de leur famille, sans argent et sans appui, entre les mains d’un m.serable à qui il est facile d’abuser d’elles. Quelques-unes se plaignent de temps à autre, et le scandale éclate ; mais combien de victimes tombées dans le piège préfèrent se taire 1 Une autre spéculation accomplie par la voie des aunonces est celle qui consiste à livrer, moyennant un certain nombre de timbres-poste, divers moyens au choix pour faire fortune. Quelques naïfs se laissent prendre tous les jours à cette supercherie, et leurs timbresposte constituent au bout de l’année une somme assez ronde pour que les exploiteurs de cette spécialité puissent payer des frais considérables à’annonces, jusqu’à 25,000 ou 30,000 francs par an, et encaisser encore de jolis revenus. Un de ces industriels s’est servi, pendant quelque temps, de la presse française ; il promettait de donner, en échange de la modique somme de 40 Centimes, un moyen de se faire S 00 francs de rente, sans capital aucun et sans travail. Un grand nombre de dupes envoyèrent les 40 centimes et ne reçurent jamais de réponse. L’une

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d’elles, fatiguée d’attendre, se rendit au domicile du particulier et exigea la communication immédiate du fameux moyen. Mis au pied du mur, l’industriel lui répondit qu’il consistait tout simplement-à trouver des places de 2,000 francs et à les donner aux employés qui en auraient besoin, moyennant une commission annuelle de 10 pour 100, soit 200 fr. Le tribunal correctionnel de la Seine, à qui l’affaire fut déférée, jugea que cette manœuvre constituait une escroquerie. Kn Angleterre, ce petit commerce est à peine délictueux ; c’est aux naïfs et aux dupes de ne pas se laisser prendre. En tous cas, le trafic des places s’y fait ostensiblement. Tous les jours, sous la rubrique Douceur, on rencontre dans le Times des annonces de ce genre : » 200 livres (5,000 francs) seront données à qui pourra procurer légalement à l’annonceur une place permanente de 200 à 300 livres par an. On préférerait une place du gouvernement. «

Les Allemands, ces gens si chastes qui nous considèrent comme des corrompus et qui affectent de regarder Paris comme la sen-Une de toutes les impuretés, favorisent, dans leurs journaux des annonces où l’impudeur s’étale cyniquement. M. VictorTis&ot(Voyage au pays des milliards) a extrait celles-ci des principaux journaux de Berlin, durant le séjour tout récent qu’il a fait dans cette ville : « Une jeune dame voudrait employer quelques heures à parler français avec un étranger. » — « Une veuve honorable et instruite, de bonne famille, désire faire la connaissance durable d’un monsieur vieux et riche, à qui elle réservera le plaisir de n’avoir pas besoin d’autre femme auprès de lui. •— «Une charmante demoiselle de magasin, ayant besoin d’un peu d’argent, prie un vieux monsieur de lui prêter 25 thalers. » — ’ Une jeune et jolie veuve voudrait se faire annexer (sich annéetiren su lassen). » — « Une dame spirituelle et instruite voudrait connaître un monsieur qui puisse résoudre un problème avec elle. » — « Deux messieurs désirent faire la connaissance de deux jeunes et gentilles dames dans l’intention de les accompagner aux concerts et au théâtre, et pour faire avec elles quelques fines parties dans les environs. Écrire aux bureaux de la Gazette de Voss. » — « Si un monsieur d’un certain âge et d’une position honorable désire faire immédiatement la connaissance d’une veuve respectable, arrivant au commencement de la trentaine, il est prié d’envoyer son adresse. Elle pourrait partager son logement. » — « Un jeune homme, excessivement intéressant, momentanément

dans l’embarras, cherche du secours auprès d’une daine riche et distinguée. » — « Un jeune commerçant honorable supplie une dame riche de lui faire, mais avec discrétion, un petit prêt d’argent. » — « Prière à l’amazone qui se promenait hier, à trois heures., sous les tilleuls, avec un vieux monsieur, de vouloir bien envoyer son adresse au bureau du journal. Un jeune médecin voudrait entrer en relations secrètes avec elle. » — à On offre, sous le sceau de la plus grande discrétion, un joli salon meublé a louer présentement. • Etc.

Ce genre d’annonces, longtemps ignoré chez nous, s’est mis à fleurir récemment dans le Figaro ; encore n’a-t-il jamais atteint ce degré d’impudeur. On y échange les correspondances les plus décolletées, mais on n y a pas encore vu des messieurs demander des demoiselles de magasin pour faire une partie carrée ; cela viendra peut* être.

L’annonce n’a commencé à prendre chez nous un peu d’importance que sous le règne de Louis-Philippe. Déjà sous la Restauration, M. de Villète, dans un discours sur la liberté de la presse, avait indiqué aux journaux le moyeu de se faire un grand revenu en vendant leur publicité. Le Journal des Débats et la Gazette de France, qui seuls avaient un tirage important, profitèrent de l’avis, et, en 1834, les annonces leur rapportaient de 200,000 à 250,000 francs. M. E. de Girardin, en fondant la Presse, voulut baser là-dessus une combinaison nouvelle pour le journalisme : établir un prix si bas, pour l’abonnement, que le journal pût être acheté par tout le monde, et racheter l’insuffisance du prix, qui eût mis l’entreprise en perte, par le nombre des annonces, d’autant plus considérable que le journal aurait plus de lecteurs. Dans ses calculs, 10,000 abonnés à 40 francs produisant une recette de 360,000 francs, à cause des remises, e(t le journal coûtant par an, en frais de rédaction, de composition, d’administration, de papier, de timbre et de poste, 510,000 francs, il fallait 150,000 francs d’annonces seulement pour couvrir les frais ; mais l’annonce devait infailliblement rapporter au moins cette somme, et c’est ce qui arriva. La Presse eut bientôt 20,000 abonnés, et elle afferma ses annonces 150,000 francs ; en 1845, elles furent affermées 300,000 francs. Toutefois, les bénéfices n’étaient pas très - considérables. Quoi qu’il en soit, c’est toujours à peu près sur ces combinaisons que marchent la plupart des journaux parisiens. Quoique le plus grand nombre ait haussé de 40 francs à 50 francs le prix de l’abonnement pour Paris, et à 62 francs pour la province, l’abonnement et !a vente au numéro ne payent que tout juste les frais, et c’est l’annonce

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qui, plus ou moins abondante, constitue la plu3 grande source de bénéfices.

Les annonces de la plupart des journaux sont surtout commerciales. Les réclames d’agences matrimoniales sont loin d’avoir autant de fréquence que dans les journaux anglais, quoiqu’on les rencontre un peu partout ; il en est de même des places offertes ou demandées pour domestiques, grooms, femmes de chambre, etc. ; le Times, à lui seul, en insère plus en un jour que tous les journaux de Paris en un mois. Les atinonces les plus nombreuses dans les journaux français concernent les produits pharmaceutiques ; l’huile de foie de morue, la revalescière, les pilules Raquin et autres, la graine de moutarde blanche, les capsules Mothes, l’iodure de fer, le phénol’Bobœuf, le Uniment Boyer-Michel, le tord-boyaux, l’insecticide Vicat, le véritable curaçao, le sirop Laroze, le quina Laroche, le chloral, les bains de mer à domicile, l’odontalgine, le cosmacéti, l’eau des fées, le charbon de Belloc, le sublimé, la vitaline Steck, la pommade des frères Manon, les eaux de la Floride, le vinaigre de Bully, les vésicatoires Leperdriel, le rob Loyveau-Laffecteur, les dentifrices de toutes

sortes, l’eau de Cologne de Jean-Marie Farina, l’eau de mélisse des carmes, la pâte Regnault, le pinceau hémorroidal, les savons aux mille fleurs, les cold-creams, les poudres de riz, la benzine Collas, la veloutine Fay, le blanc Rachel, les sirops anligoutteux, l’huile de Macassar, l’huile de marrons d’Inde, les vermifuges, les antiseptiques, les sirops dépuratifs, se disputent la place à la quatrième page des journaux ; nous passons sous silence les clysopompes, les éguisier et autres instruments perfectionnés de la médecine intime et domestique. Le chocolat Perron et le chocolat Menier s’y livrent depuis trente ans un combat acharné. Viennent ensuite, assidûment, les annonces des guides financiers, des agences d’assurance, des fabricants de meubles, de pianos, de machines à coudre, de montres de Genève ; des maisons de vente à crédit, des bazars de voyage, des commerçants qui achètent l’or et l’argent plus cher que la Monnaie, des vins du Roneeray, avec le profil de la maison qui les expédie ; puis, périodiquement, suivant les saisons, celles des magasins de nouveautés et des magasins de confection, qui étalent leurs longues vignettes de soieries, de calicots, de linge damassé, toutes affaires hors ligne, ou de paletots mode, de dorsays, de niackintoshs et de waterproofs. Ce que coûtent ces annonces aux industriels qui en font un usage constant, on peut s’en rendre compte en sachant qu’un docteur de Londres, le docteur Hollo-Way, est connu pour dépenser en publicité 30,000 livres par an (750,000 francs) ; que l’huile de Macassar dépense 250,000 francs, et certaines maisons de confection 300,000 à 400,000 francs. Que de pilules, que de flacons et que de paletots il faut vendre pour rentrer seulement dans les frais d’annonces ! On affirme cependant qu’une annonce rapporte en moyenne le double de ce qu’elle coûte, c’eat-à-dire que celui qui peut en faire pour un demi-million en retire 1 million, soit 500,000 francs de bénéfice. Il faut bien qu’il en soit ainsi pour qu’on se livre, sans se ruiner, à de si colossales avances de fonds.

Annonces judiciaires. Le décret du 17 février 1852 avait attribué aux préfets le droit de désigner, dans chaque département, le journal qui aurait le monopole des annonces judiciaires. Ce principe n’était rien autre chose qu’une subvention déguisée, le préfet désignant partout le journal docile aux inspirations du gouvernement, et cette feuille n’ayant qu’un nombre d’abonnés illusoire, au détriment du public qui aurait trouvé son avantage à faire insérer ou à lire ces annonces dans un journal plus répandu. Mais c’était une ressource trop précieuse pour que le gouvernement s’en privât, et, quelles que fussent les réclamations, il tint ferme pendant longtemps. Ainsi on vit, à Paris même, en 1867, un journal qui n’avait pas d’abonnés, l’Époque, recevoir ce privilège, parce qu’il était rédigé par M. Clément Duvernois et dirigé par le tailleur de l’empereur, le fameux Dussautoy. Belle garantie qu’on avait là pour la publicité des actes qui intéressent si gravement la fortune des citoyens ! Vers la fin de l’Empire, la désignation du journal appartint à l’autorité judiciaire ; mais celle-ci commit absolument les mêmes actes de favoritisme que l’autorité administrative. Le gouvernement de la Défense nationale rendit, peu après le 4 septembre, un décret qui rétablissait le régime pur et simple de la liberté en matière û’annonces judiciaires. Ce régime n’était que provisoire, mais il s’est perpétué jusqu’à présent, quoiqu’il ait été question, à diverses reprises, de projets de loi destinés à règlementer la matière. Dans chaque département, le préfet prend, vers la seconde quinzaine de décembre, un arrêté d’après lequel tous les journaux sont ouverts à l’insertion des annonces judiciaires ; en échange de cette faculté, chacun de ceux qui veulent la mettre à profit est tenu d’insérer gratuitement un extrait des annonces insérées dans les autres journaux. C’est là le moyen de satisfaire tout le monde et de donner à

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côs sortes d’annexées la plus large publicité.

Annonciation (l’), chef-d’œuvre d’Andréa del Sarto ; au palais Pitti, à Florence. Debout devant un prie-Dieu et ayant à la main un livre, la Vierge témoigne sa surprise à la vue de l’ange Gabriel, qui lui apparaît âgenouillé sur un nuage, la main gauche tenant un lis et la droite montrant le ciel, où plane le Saint-Esprit. En arrière s’élève un édifice d’architecture romaine, avec un portique ouvert et un balcon où sont placées trois petites figures ; sur les degrés est placé un jeune garçon presque entièrement nu. Un paysage montagneux, orné de ruines, occupe le fond du tableau. Cette composition n’a aucun des caractères religieux que nous avons signalés dans l’Annonciation de Fra Angelico ; mais, au point de vue purement pittoresque, c’est une œuvre pleine d’éclat et de charme. L’auteur y a tracé avec une pieuse modestie une inscription italienne dont voicila traduction : « O Marie 1 Andréa del Sarto t’a peinte telle qu’il le porte dans son cœur, et non telle que tu es, pour faire briller ta gloire et non son propre nom. • Ce tableau, exécuté pour l’église des Frères-Observants et transporté plus tard dans celle de San-lacopo-tra-Fossi, fut cédé en 1626 à l’archiduchesse de Toscane, femme de Côme II,

qui le plaça dans la chapelle du palais Pitti. I ! figure aujourd’hui dans la galerie de ce même palais. Une copie, commandée par l’archiduchesse à Ottavio Vannini, a pris la place de l’original dans l’église de San-Jaeopo.

Le palais Pitti possède deux autres Annoizciutions d’Andréa del Sarto. L’une, dont on peut voir une copie au musée du Louvre, parmi les ouvrages de l’école italienne (n° 440), fut exécutée en 1526 par Giuliano délia Scala, qui en fit présent à l’église des Servîtes ; elle a été gravée par Picchianti et nous montre la Vierge, assise, à qui Gabriel agenouillé présente un lis. L’autre composition, que Vasari nous apprend avoir été exécutée pour l’abbaye de Saint-Guudens, contient deux personnages étrangers à la scène, l’archange saint Michel et un saint de l’ordre des servîtes. La couleur de ce tableau est délicieuse.

Annonciation (i/), fresque de Fra Angetico ue. Kiesoie ; dans le couven’t de Saint-Marc, à Florence. Ce sujet, que tant d’artistes ont traité, n’a été retracé par aucun avec plus d’adorable naïveté, de grâce poétique et de tendresse religieuse, que par Fra Angelico : Mûrie, assise sur un siège des plus simples, croise dévotement les bras sur sa poitrine et s’incline en avant, pour marquer sa soumission à la volonté divine que lui révèle un ange aux ailes diaprées ; elle regarde le messager céleste avec un mélange de curiosité et de candeur, que Fra Angelico pouvait seul exprimer sans éveiller notre sourire ; la pureté rayonne sur le front de la servante du Seigneur, mais la paix profonde, la quiétude que dénote son attitude n’est pas exempte de mélancolie ; on dirait qu’à travers’les promesses de l’auge, Marie a pressenti l’accomplissement des prophéties de Siméon. On inscrivit au-dessous de la fresque ces deux vers latins qui recommandent au visiteur de ne point passer sans réciter un Ave Maria ;

Virginis intacte cum veneris ante figuram, Prxtereundo cave ne sileatur ave.

Fra Beato Angelico a représenté deux autres fois la même scène dans le couvent de Saint-Marc. Une quatrième composition, peinte par lui sur panneau, appartient à l’église du Gesù, à Cortone.

  • ANNOT, bourg de France (Basses-Alpes),

ch.-l. de cant., arrond. et à 88 kilom. de Castellane, sur la rive gauche de la Vaïre ; pop. aggl., 857 hab. — pop. tôt., 1,140 hab. Vieille tour, collège de jésuites, manufactures de draps.

Ann’Quin Bredouille, pamphlet contrerévolutionnaire, de Gorjy (1732,6 vol. in-8°).

Le titre complet est : Ann’Quin Bredouille ou le Petit-cousin de Tristram Shandy, œuvre posthume de Jacquelin Lycurgues, actuellement fifre-major au greffe des Menus-Derviches. L’ouvrage parut par volume et ne cessa que pendant la l’erreur. L’auteur est un romancier as.sez inconnu. Voici la donnée du livre : Ann’Quin Bredouille est un honnête garçon, un peu faible, par exemple, et capable de faire plus d’une sottise. Ce personnage traverse les scènes èpisodiques du roman, suivi de deux compagnons éternels : Adule, un flatteur insensé et dangereux, et Mme Jern’ifie, une bonne femme un peu acariâtre, mais très-sensée. Ann’Quin Bredouille, c’est le Français, c’est le bourgeois d’alors, confiant, naïf, amoureux du nouveau ; Adule, c’est la flatterie des partis s’efforçant de faire des prosélytes. Mme Jern’ifie, c’est la raison, un peu sceptique, mais droite et aussi un peu terre à terre. Ann’Quin vivait paisiblement à la campagne, entouré de > cinq ou six voisins. > 11 n’est pas plus question de lui dans le monde que s’il n’existait pas. Adule vient secouer cette somnolence. Il tire Ann’Quin par la manche et fait sonner à ses oreilles le grand mot magique : «La gloire, mon cher Bredouille 1 la gloire 1 la gloire 1» Ann’Quin s’enflamme et se décide à partir pour « la grande ville de Néomauie. » On arrive à un port ; il parait