Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 16, part. 1, A-B.djvu/155

Cette page n’a pas encore été corrigée

156

ANNE

de virulence dans ceux que lui a dictés l’année terrible entre toutes, l’année de la guerre, du siège de Paris et de la Commune.

Le volume s’ouvre par un prologue destiné à l’expliquer. Le poète sait bien qu’en relatant les événements graves de l’année 1870-1871, it aura à chanter bien des héroïsmes, mais aussi à déplorer bien des hontes et bien des crimes. Il va au-devant du reproche qu’on pourrait lui faire d’amnistier trop facilement ceux-ci et distingue entre la foule et le peupie. Y a-t-il des crimes commis, c’est la foule, la foule inconsciente et irresponsable ; des traits d’héroïsme apparaissent-ils, c’est le peuple.

Voici le peuple : il meurt, combattant magnifique, Pour le progrès ; voici la foule : elle en trafique ; Elle maille Bon droit d’aînesse en ce pîat vil Que Rome essuie et lave avec Ainsi soit-il ! Voici le peuple : il prend la Bastille, il déplace Toute l’ombre en marchant ; voici la populace : Elle attend au passage Aristide, Jésus, Zenon, Brutus, Colomb, Jeanne, et crache de&ans. Voici le peuple avec son épouse, l’idée ; Voici la populace avec son accordée,

La guillotine

De la sorte, tout s’explique aisément. Ce que la révolution du 1S mars, à laquelle le poëte est, en somme, favorable, avait d’équitable et de modéré, la revendication des libertés communales, l’anxiété patriotique en faveur de la République menacée, c’est le peuple qui l’a fuit ; les assassinats, les pillages, les incendies, c’est la foule, et V. Hugo fait profession de la mépriser plus que personne :

La multitude peut jeter d’augustes flammes ; Maisqu’un vent souffle, on voit descendre tout à coup, Du haut de l’honneur vierge au plus bas de l’égout, La foule, cette grande et fatale orpheline ; Et cette Jeanne Darc se change eu Messaline.

Les poèmes qui suivent semblent tous écritssous la dictée des événements d’août 1870 à mai 1871. On voit se dérouler toutes les pages héroïques ou sinistres de notre histoire : voici Sedan et les effroyables catastrophes où nous jeta un César d’aventure, caractérisés en vers d’une rare énergie. Le poète nous montre Napoléon III infatué de sa puissance, persuadé qu’on peut vaincre la Prusse aussi aisément qu’on a pu canonner la foule du boulevard Montmartre, et prendre Berlin après avoir pris d’assaut Tortoni ; que ses généraux valent au moins les Murât, les Ney, les Macdonald ; que lui seul a du génie et qu’il jouera sous jambe et le roi Guillaume et Bismarck, Dans une magnifique prosopopée, il montre toutes les gloires de la France annihilées par cette bataille funeste, et tous ces généraux rendant leur épée par la mai n d’un bandit. Voici le siège de Paris et la prière que fait le poëte pour sa petite-tille ; voici d’énergiques objurgations à l’Allemagne de cesser cette guerre fratricide ; puis les épisodes du siège : Au canon leY. H., canon fonduavec le produit des lectures des Châtiments sur les théâtres ; Prouesses borusses, où le poète flétrit les vainqueurs, changés en simples pillards ; les Forts, Une bombe aux Feuillantines, le Pigeon, la Sortie, Entre deux bombardements. On sent que chaque morceau a été écrit dans la lièvre du moment, inspiré par l’espérance ou l’anxiété de l’heure présente. Puis viennent les pages où, le sacrifice consommé, la France vaincue, le poète, après une heure d’accablement, retrouve sa verve pour railler les partisans des monarchies déchues, qui guettaient ce moment suprême et comptaient bien opérer une restauration jugée par eux facile ; pour faire entendre des paroles de conciliation entre Paris et Versailles. Il y a là, en vingt ou trente pages, d’éloquents appels à la concorde, k la fraternité.On pourrait peut-être reprocher au poète de tenir, dans les poèmes qui suivent, la balance un peu trop égale entre les deux partis, ou plutôt de pencher, Sans peut-être le vouloir expressément, pour l’un des deux. Mais après qu’il a si énergiquement reproduit l’horreur de Paris incendié, peut-on lui en vouloir de s’apitoyer en faveur des vaincus ? Il a séparé la cause des coupables de celle des égarés, et pour cet esprit généreux, le cri de clémence jeté au vainqueur n’est que le corollaire du cri, : * Pas de représailles, • qu’il faisait entendre au peuple au lendemain du 18 mars.

ANNEESSENS(F...), bourgeois de Bruxelles, né en 1649, décapité dans la même ville en 1719. Lu vertu des privilèges octroyés par l’empereur Charles VI, et dits de la « joyeuse entrée, des impôts ne pouvaient être perçus en Belgique qu’après avoir été votés par les doyens de chaque corporation de métier. Anneessens, fabricant de chaisus en cuir, était syndic de la corporation de Saint-Nicolas ; c’était un homme intègre, plein de savoir et très-éloquent.

Le marquis de Prié, gouverneur des Pays-Bas espagnols, ayant voulu établir de nouveaux impôts, les doyens refusèrent de les voter, et de Prié, attribuant ce rejet à l’ascendant d’Amieessens sur ses collègues, le fit attirer, sutis prétexte d’une commande, chez le colonel Kevenhuller, où il fut arrêté et tiaduit devant un tribunal composé d’Espagnols, mis à la torture et coudainué à mort, « connue coupable d’être fort suspect d’avoir porte le peuple à prendre les armes. » Des précautions extraordinaires furent prises lu jour de son exécution ; toutes les garnisons Cipugnolos du pays furent appelées à Bruxel ANNO

les, et ordre leur fut donné de faire feu sur tous les attroupements de plus de quatre personnes.

11 fut décapité sur la place du Sablon, et immédiatement le peuple s’y précipita en telle affluence, que l’échafaud fut renversé, le sable imprégné de sang ramassé et distribué comme une précieuse relique, que certaines familles de Bruxelles conservent encore de nos jours dans de petits étuis en or.

Lors du renversement de la domination espagnole, on lui éleva le monument que l’on voit dans l’église de Notre-Dame-du-Sablon.

  • ANNEMASSE, bourg de France (Haute-Savoie),

ch.-l. de cant., arrond. et à 16 kilom. de Saint-Julien, k gauche de l’Arve ; pop. aggl., 630 hab. — pop. tôt., 1,143 hab. ANNEYBON, . ville de France (Drôme), cant. et k 14 kilom. de Saint-Vallier, sur la rivedroitedel’Argentel ; pop. aggl., 1,061 hab. — pop. tôt., 2,854 hab. Ruines du château de Man tailles.

ANNIBAL, fils de Giscon.il fit, en 409 avant J.-C, une campagne en Sicile, s’empara de Sélinonte et d’Himère, àla tête d’une armée de 100,000 hommes, selon Timée, et détruisit complètement ces deux villes, dont il massacra les habitants. De retour à Carthage, chargé des dépouilles des cités détruites, ii fut accueilli par ses concitoyens avec enthousiasme et chargé de conquérir la Sicile. Il reprit la mer avec une flotte portant de nombreux soldats et bientôt mit le siège devant Agrigente. Mais la peste se mit dans son armée, qu’elle décima, et l’emporta lui-même au moment où la place allait être prise (406).

ANNIBAL l’Ancien, amiral carthaginois. Il vivait au me siècle avant notre ère et il ravagea les côtes d’Italie pendant la première guerre punique (261 av. J.-C), mais il fut battu par le consul Duilius et contraint de s’échapper sur une chaloupe, après avoir perdu une partie de sa flotte. En dépit de cette défaite, il fut, suivant Polybe, chargé d’une nouvelle expédition contre l’Italie. À la tête d’une flotte nombreuse, il se dirigea vers les côtes de Sardaigne ; mais, surpris par les Romains dans un des ports de cette île, il fut battu et perdit encore de nombreuses galères. Ses soldats irrités le mirent en croix et le lapidèrent pour le punir de sa négligence, a laquelle ils attribuaient leur défaite.

ANMB1, ancien peuple de la Sérique, qui, probablement, faisait partie de la nation des lluns. Ce peuple habitait sur une montagne du même nom (aujourd’hui l’Altaï), au pied de laquelle l’Irtis ou Irtisch prenait sa source.

ANNINGA, dieu de la lune et frère de Malina (le soleil), chez les Groenlandais. A rencontre de notre manière de voir, ces peuples considèrent Malina comme une divinité femelle, tandis qu’Anninga est un dieu du genre masculin. Les traditions groenlandaises veulent que tous les astres soient d’anciens habitants du pays ou des animaux, transportés au ciel par suite de quelque circonstance ; leur lumière plus ou moins rouge ou pale est due au genre de nourriture qu’ils prenaient sur la terre. Voici ce qu’elles racontent au sujet d’Anninga et de Malina : Un soir que le frère et la sœur se trouvaient ensemble avec plusieurs enfants, Anninga se mit à la poursuite de sa sœur ; celle-ci s’enfuit, ignorant qui était après elle, et, tout en courant, enduisit ses mains de suie, dont elle frotta le visage et les habits de celui qui la poursuivait, afin de pouvoir le reconnaître au jour. Enfin, ne pouvant lui échapper malgré ses efforts, elle s’éleva dans les airs, où elle devint le soleil ; Anninga, la poursuivant toujours, monta aussi dans les airs, mais moins haut, et devint la lune, tournant toujours autour du soleil, dans l’espoir de l’atteindre. Les taches de la lune sont celles que lui ont imprimées les mains de sa sœur. Arrivé à. son dernier quartier, Anninga, brisé de fatigue et souffrant de la faim, va à la pêche des chiens de mer et s’en engraisse, comme on le voit dans la pleine lune. Anninga se réjouit de la mort des femmes, et Malina de celle des hommes ; aussi voit-on les femmes se cacher pendant les éclipses de la lune, et les hommes pendant celles du soleil. On ne permet pas aux jeunes filles de contempler l’astre des nuits, qui passe pour les exciter à quitter le sentier de la vertu. Quand il y a éclipse de lune, c’est qu’Anninga est sur terre à rôder parmi les habitations des humains, pour dévorer leurs provisions ; alors les hommes montent sur les toits, où ils font un vacarme affreux, qui force l’astre k remonter dans le ciel. Quand il y a éclipse de soleil, les femmes font aboyer les chiens en leur tirant les oreilles, ce qui est une preuve que le monde n’est pas près de périr ; car ces animaux, qui ont existé avant les hommes et qui ont la prescience de l’avenir, cesseront d’aboyer quand la fin du monde sera proche. ANNŒULL1N, ville de France (Nord), eau t. et à 7 kilom. de Seclin, arrond. de Lille, sur la haute Dénie ; pop. aggl, 3,324 hab. — pop. tôt., 3,980 hab. Église de 1574. ANNOISE s. f. — Le véritable- nom de l’herbe de la Saint-Jean est armoise, et non

ANNOISE.

’ ANNONAY, ville do France (Ardèche), ch.-l. de cant., arrond. et à 34 kilom. de

ANNO

Tournon : pop. aggl., 15,052 hab. — pop. tôt., 17,033 hab. Bâtie sur deux collines, Annonay a des rues extrêmement rapides. Jadis ceinte de remparts flanqués de tours et percés de plusieurs portes, dont trois existent encore, elle était dominée par un château fort sur l’emplacement duquel s’élève un château moderne. Église Notre-Dame, reconstruite au xvme siècle ; couvent de jésuites ; bel hôpital, ■ Depuis un siècle, dit M. Ad. Joanne, la Population d’Annonay a presque triplé, et industrie de cette ville a pris de grands développements. Les principales branches de cette industrie sont fa mégisserie, la papeterie, le moulinage de la soie et la meunerie. Toutes les peaux de chevreau de l’Ardèche et des pays voisins reçoivent leurs apprêts k Annonay, Vers le mois d’avril ou de mai, ces peaux, venues de la montagne, affluent sur les marchés d’Aubenas, où elles sont vendues et de là transportées à Annonay. Ses papeteries peuvent rivaliser avec celles d’Essonne. Les mégisseries d’Annonay occupent 2,000 ouvriers et produisent en moyenne 15 millions par an ; les papeteries occupent 1,500 ouvriers et produisent 4 millions ; le moulinage de la soie est représenté par 1,500 ouvriers et 8 millions ; la meunerie par 2 millions de produits. Annonay possède, en outre, des fabriques de feutre, d’étoffes de soie, de gants, d’albumine, de corde, de linge damassé ; des tanneries et une filature de mèches de coton. Il s’y fait un commerce imftortant de bois provenant de la Suisse et de a Savoie.» Pépinières ; plantations de mûriers ; élève des vers k soie blanche.

Auuonay (affaire d’). Dans le courant d’octobre 1873, le parquet de Tournon commença une instruction contre M. Chapuis, membre du conseil général de l’Ardèche, maire d’Annonay, et quelques autres personnes de cette ville, où s’est marié M. Tailhand, ministre de la justice.

Une information minutieuse aboutit à une ordonnance renvoyant 19 inculpés devant la juridiction correctionnelle, pour y répondre des délits d’association illicite, de société secrète et de détention d’armes de-guerre. La même ordonnance prononçait un non - lieu pour le crime de complot, d’abord reproché aux prévenus.

Le 1er mars 1874, le tribunal de Tournon se déclara incompétent, par un jugement constatant « que les projets monarchiques qui se sont manifestés en octobre 1872 ont surexcité les passions à Annonay comme ailleurs... ; que les débats n’avaient pas suffisamment établi qu’en dehors des faits constitutifs de complot, il y eût eu société secrète ou association illicite de plus de 20 personnes... ; que la détention d’armes était un acte préparatoire du complot, etc. »

Il faut ajouter que l’accusation se basait sur les déclarations d’un sieur Georges, commissaire de police d’Annonay, et sur les aveux de deux prévenus, Linossier et Jouin.

Les faits incriminés étaient :

1° Des réunions peu nombreuses tenues le soir chez M, Chapuis, dans lesquelles on aurait décidé de défendre la République par tous les moyens possibles, et ou l’on aurait désigné les capitaines des compagnies qui devaient s’insurger contre la délibération de l’Assemblée qui ramènerait sur le trône le comte de Chambord ;

20 Des réunions plus nombreuses tenues le dimanche dans ta campagne d’Annonay, où auraient assisté presque tous les ouvriers de cette ville.

Le ministère public releva appel du jugement de Tournon, et, le 29 mars suivant, la cour d’appel de Nimes confirma la décision du tribunal de Tournon en ce qui concernait les délits d’association et société secrète, mais retint les faits de détention d’armes et fabrication de poudre, et condamna, de ce chef, trois des prévenus h. six mois, quatre mois et deux mois d’emprisonnement. Ces trois prévenus Sont : Chatelet, Martel, Deschaix, qui ont subi leur peine.

Déféré à la cour de cassation par le procureur général, cet arrêt fut cassé.

La cour d’Aix, devant laquelle furent renvoyés les prévenus, eut d’abord à se prononcer sur la compétence.

Après avoir entendu M. le procureur général bataille et, dans l’intérêt des prévenus, Mo Thourel, ancien procureur général, chargé de la défense de M. Chapuis, Ta cour d’Aix rendit, conformément à la jurisprudence de la cour de cassation, un arrêt par lequel elle a décidé qu’elle était compétente, et a renvoyé les prévenus à l’audience du 17 décembre dernier pour plaider l’affaire au fond..

Le 17 décembre, treize prévenus ont comparu de nouveau devant la cour : Linossier, Filos, Mourier, Jacob, Chatelet, Vidon, Desruols, Ctoze, Pourrct, Sabatier (Jules), Martel, Deschaix et Baude.

Ont fait défaut : Chapuis, Chanteperdrix, Plenet, Gay, Jouin, Sabatier (Adrien).

L’audience du 17 décembre a été consacrée tout entière au rapport de M. la conseiller Lepeytre, qui a duré quatre heures, et k l’interrogatoire des prévenus.

Tous les prévenus nient les faits qu’on leur impute, k l’exception de Linossier, et encore ce dernier revient-il beaucoup sur ce qu’il a dit dans l’instruction. Il ne reconnaît plus formellement les prévenus. Cette

ANNO

différence d’attitude est d’autant plus remarquée que, lors des débats sur l’incompétence, Jouin, alors présent, ’s’était complètement rétracté en accusant le commissaire de police de l’avoir fait parler par force.

L’audience du 18 décembre fut remplie par le réquisitoire de l’avocat général Sergent,

?ui a demandé que tous les prévenus fussent

rappés de condamnations sévères.

Le lendemain, la parole fut donnée aux avocats des prévenus, qui ont tous discuté avec beaucoup de modération. Après les plaidoiries, 1 affaire fut continuée à l’audience du mercredi 23, pour entendre les répliques du ministère public et des avocats.

Au jour dit, les débats furent repris, et M. Sergent termina sa réplique par quelques réflexions sur les sentiments qui animent la magistrature dans les affaires où le devoir peut la mettre aux prises avec la rancune des partis. La cour doit être sévère, a-t-il dit en finissant, pour compléter l’œuvre commencée par cette poursuite.

Après cette réplique, M. le président, vivement ému, a cru de sa dignité de relever ce que M. Sergent avait dit au sujet des défenseurs et même de la cour.

Ces observations, que M. Sergent lui-même a appelées une admonestation de la cour, ont dispensé les avocats de protester, comme ils l’auraient fait si M. le président avait gardé le silence. Us se sont contentés de discuter les arguments de l’accusation.

L’arrêt fut rendu le samedi 26, après quatre heures de délibéré.

La cour a admis l’association illicite et l’existence de la société secrète pour tous les prévenus.

Elle a admis, en outre, pour Chapuis seul, la provocation à un crime.

Et en application : io des articles 291 et 293 du code pénal ; 2<> de la loi de 1834 ; 30 de la loi du 28 juillet 1848, elle a condamné par défaut : Chapuis, a six mois de prison et 500 francs d’amende ; Chanteperdrix, trois mois de prison et 100 francs d’amende ; Plenet, trois mois de prison et 100 francs d’amende ; Jouin, trois mois de prison, et 100 francs d’amende ; Sabatier (Adrien), trois mois de prison et 100 francs d’amende ; Gay, un mois de prison et 100 francs d’amende, et chacun à deux ans d’interdiction des droits civils et politiques.

Contradictoirement : Jacob, quatre mois de prison, 100 francs d’amende et deux uns d’interdiction des droits civils et politiques ; Mourier, Filos, Desruols, Pourret, Vidon, Croze, Deschaix, Chatelet et Linossier, a deux mois de prison, 100 francs d’amende et chacun à deux ans d’interdiction des droits civils et politiques ; Sabatier (Jules), quarante jours de prison et 100 francs d’amende ; Baude, un mois de prison et 100 francs d’amende ; Martel, un mois de prison, 100 fr. d’amende, et chacun à deux ans d’interdiction des droits civils et politiques.

  • ANNONCE s. f. — Encyol. L’annonce fut

très-longtemps à se développer, même en Angleterre, où elle a pris, surtout dans le Times, de si vastes proportions, et les premières qui furent en usage furent de simples annonces de librairie. C’est le Weekly News, fondé k Londres en 1622, qui en commença très-inodestement l’emploi, en annonçant un poème héroïque : Irenodia gratulatoria (1652), puis un livre de Milton : Considérations sur la meilleure manière de purger l’Église des simoniaques (1659). La voie était ouverte ; on vit dès lors figurer dans les annonces les demandes d’emploi, surtout de domestiques, les objets perdus, y compris les chiens et les enfants, l’heure de départ des diligences, etc. Parmi les annonces curieuses du Mercurius publicus, qui fut longtemps favorisé sous ce rapport, on remarque, à l’année 1660, l’annonce d’un king-charles perdu fiar Charles II, puis l’avis donné par le roi ui-même qu’il comptait se rendre à Londres, au mois de mai, pour guérir les éerouelles (1664) ; il prévenait le public de ne pas se déranger auparavant. La peste de 1655 fit éclore dans les gazettes une foule d’annonces relatives k des antidotes plus ou moins infaillibles, et montra quelle était la puissance de la publicité en matière commerciale pour l’écoulement rapide de certains produits- On voit aussi, à partir de cette époque, beaucoup d’annonces concernant les biens k vendre, les défis des boxeurs, etc. ; en 1688, il se fonda même un journal, le Tattler, exclusivement consacré aux annonces ; il fut bientôt suivi du Spectator et du Guardian, affectés à la même spécialité.

Ce n’était là que l’enfance de l’art. On y trou vait déjà pourtant ces singulières annonces matrimoniales qui, depuis, se sont étalées dans le Times et dans tous les autres journaux anglais contemporains. On lit, par exemple, cet avis dans le Tattler de 1710 : « Si la jeune personne qui était mardi dernier au théâtre de Covent-Garden et qui a reçu un morceau de bois dans la poitrine n’est pas mariée et veut bien me venir retrouver dimanche, à deux heures, dans le parc Saint-Jame.s, ou me faire savoir, par un mot k telle adresse, où je pourrai la rencontrer pour lui communiquer quelque chose de très-avantageux pour elle, elle fera un sensible plaisir k son obéissant serviteur. »

La colossale circulation du Times, qui, dés 1345, tirait à 55,000 exemplaires, accrut, dans