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Nous n’entraînerons pas le lecteur derrière nous pour nous suivre pied à pied dans notre escapade ; qu’il lise le Voyage où il vous plaira, il en connaîtra tous les incidents tragiques ou comiques ; nous ne voulons pas lui déflorer la légende des fleurs ni celle du vaisseau l’Espérance, nous le ferons seulement assister à la catastrophe finale. Le vaisseau qui doit rapatrier Franz et Jacques et nous, leur compagnon de route, fait naufrage ; nous poussons un cri de désespoir, la mort nous saisit déjà lorsque… nous nous réveillons dans la chambre de Franz, auquel le tailleur apporte son habit de noce. Notre voyage n’était qu’un rêve, mais un rêve qui nous a assez émotionnés pour que nous n’en oubliions jamais la morale, quipeut se formuler ainsi : pierre qui roule n’amasse pas mousse, restez chez vous et vous serez plus heureux que de courir le monde.

Dire combien d’esprit ont dépensé les auteurs dans ce récit fantastique, quel cachet d’originalité est imprimé sur tout l’ouvrage, quel humour met en relief les plus petits détails, serait chose impossible. Le nom des auteurs, Alfred de Musset et P.-J. Stahl, peut en faire seul concevoir l’idée. C’est un-récit du genre du Voyage sentimental, sans cependant avoir le moindre rapport avec l’œuvre de Sterne, ou plutôt-c’est un livre sui yeneris, sans ancêtre et sans postérité. Une citation suffira pour en faire connaître l’esprit à ceux qui auraient le malheur de ne pas le connaître : La vie, nous raconte un malheureux que nous rencontrons, n’est point un chemin sans issue ; on peut donc en sortir, mourons donc ! Je résolus de m’entourer dans ce dernier acte de tant de précautions, que rien de ce que la prudence d’un simple mortel pouvait prévoir ne vînt le troubler. Je pris donc à la fois une corde, un pistolet et du poison, et je me rendis, en outre, sur le bord de l’eau pour y chercher un lieu propre à exécuter mon dessein. J.e m’arrêtai bientôt devant un arbre dont une des branches, s’avançant presque au milieu "du fleuve, qu’elle couvrait en partie de son ver’t feuillage, favorisait singulièrement mes projets, et, ayant fixé à cette branche la corde que j’avais apportée, je bus le poison dont je m’étais muni, je me passai autour du cou la corde qui se balançait au-dessus de l’eau, et, quand je sentis qu’elle commençait à me serrer:« Amour 1 m’écriai-je, contemple ton ouvrage ! » Puis, levant le bras, j’appuyai sur mon front le canon de mon pistolet, que j’avais eu Je soin de charger de deux balles. Je pressai alors la détente et le coup partit. O destins toujours ennemis ! je n’étais pas mortl-La charge du pistolet, que je tenais d’une main inexpérimentée, passant à quelques lignes de ma tête, était allée couper en sifflant la corde qui rne tenait suspendu au-dessus de l’abîme, et je me sentis tomber. « Qu’importe, me dis-je, on peut se noyer dans une rivière, et d’ailleurs, a défaut du reste, ne puis-je compter sur le poison que mon sein renferme ? » Je perdis alors toute connaissance, et pour le coup je me croyais mort, et bien mort, quand je me retrouvai sur la rive, où le courant m’avait rejeté. Je m’aperçus, en outre, que l’eau que j’avais avalée en grande quantité m’avait débarrassé du poison, ma dernière ressource contre la vie ! » Méry eût envié cette charmante gasconnade !

Voyages en zigzag, par Topffer

(Paris, gr. in-8°). Ce volume est le fruit des nombreuses excursions en Suisse de l’autour. Pendant plusieurs années, en effet, Topffer guida ses élèves à travers les divers cantons de sa pittoresque patrie, leur ménageant ainsi les plus agréables et les plus instructives vacances. Rentré, l’hiver, à Genève, il rassemblait ses notes, écrivait les récits de ses excursions, et quelquefois les illustrait. Les Voyages en zigzay, composés avec un soin tout particulier, remplis de cet humour que Topffer a su répandre dans tous ses ouvrages, écrits avec un naturel exquis et dans ce style original qui lui était habituel, ont obtenu un succès complet et mérité. Topffer y montre de l’esprit, et surtout du cœur, un sentiment profond de l’excellence des charmes de la nature. Non moins remarquable dessinateur qu’écrivain distingué, il achève avec le crayon les descriptions entreprises avec la plume, et son livre possède ainsi tous les attraits qui captivent les lecteurs de tous les âges. On reconnaît dans les Voyages en zigzag l’auteur des Nouvelles genevoises (v. ce mol), regardé à bon droit comme un des étrangers qui ont le mieux écrit en français.

'Voyage au Parnasse (LE), par Cervantes.

V. PARNASSE.

Voyage au Parnasse, par César Caporali.

V. PARNASSE.

Voyage dans la lune, par Cyrano de Bergerac.

V. LUNE.

Voyage du jeune Anacharsis eu Grèce, par l’abbé Barthélémy.

V. ANACHARSIS.

Voyage de Polyclète, par le baron de Theis.

V. POLYCLÈTE.

Voyage d’un Slave autour de la chambre, par M. Tanski.

V. SLAVE.

Voyage autour de mon jardin, par A. Karr.

V. JARDIN.


Voyage Interrompu (LE), comédie en trois actes et en prose, de Picard ;

représentée à Paris en 1798. Deux artistes gagnent à la loterie une somme de 24, 000 francs ; ils partent pour faire le tour du monde et s’arrêtent à, Montargis, car des fenêtres de son auberge Dpi’lis aperçoit l’adorable Sophie Dercour, en devient amoureux et prie son ami Florimont de favoriser sa passion. Celui-ci s’ingénie à trouver le moyen de mettre Dorlis en rapport avec l’objet de son amour. Aidé de son valet, il se déguise en musicien italien, ainsi que ce dernier, et feint d’insulter la jeune fille et sa mère, pour que Dorlis prenne leur défense. Ces dames, reconnaissantes du service que leur a rendu le jeune étranger, l’invitent à les visiter ; voilà le loup dans la bergerie, c’est tout ce que voulait Fiorimont. Est-il besoin d’ajouter que Dorlis et Sophie se marient, grâce à Florimont qui s’est chargé d’évincer La Mortillière, grotesque prétendant, après l’avoir mystifié de la façon la plus plaisante ? « Cette pièce est plus bouffonne que comique, a dit Picard lui-même ; il y a des scènes qui tiennent de la farce ; mais plût au ciel qu’on pût encore, faire des farces comme celles de Molière ! « Picard avait raison, et, de plus, il avait réussi à faire rire par le comique des situations et le plaisant des caractères ; c’est ce qui explique la vague de cette comédie lors de son apparition.

Voyage à Dieppe (LE), comédie en trois actes, en prose, par MM. Wafflard et Fulgence ;

représentée à l’Odéon le 1er mars Le Voyage à Dieppe est d’une gaieté devenue proverbiale, et avec raison, car on entasserait difrïcilement, dans trois actes, plus de traits piquants, de saillies ingénieuses, de folles plaisanteries, de verve et, de véritable enjouement. Trois jeunes gens, Monbray, d’Hérigny et Lambert, un jour dé jeudi gras, se sont échappés d’une partie gastronomique pour venir un instant respirer le frais à la porte du restaurant où ils ont laissé leurs convives. Le plus étourdi des trois, Monbray, pour achever dignement la journée, fait le pari qu’il mystifiera pendant vingt-quatre heures le premier bourgeois qui se présentera. Le pari est accepté, et l’occasion ne se fait pas attendre. M. d’Herbelin, un bon bourgeois de la rue de Buffon, sort de chez lui, et, tout rempli de ses projets de voyage, il fait confidence aux éohos du bonheur qu’il se promet et de celui qu’il a ménagé à M » e et à Mlle d’Herbelin. Ils doivent partir tous dans la journée pour Dieppe; mais ce n’est pas tout. M. d’Herbelin a appris qu’un négociant, M. de SaintVallery, qu’il ne conuaît pas de vue, mais avec" lequel il a eu des relations d’affaires, partira le même jour pour la même destination, dans une tierline à lui appartenant. C’est sur ces confidences indiscrètes que Monbray fonde l’espoir de gagner son pari. Il se présente à M. d’Herbelin sous le nom de M. de Saint-Vallery et offre à sa famille trois places dans s’a voiture. Il est agréable de voyager en poste ; M. d’Herbelin accepte avec reconnaissance l’offre qui lui est faite. Un carrosse de remise arrive ; un domestique déguisé en postillon, et qui a reçu le mot d’ordre, est chargé de conduire les voyageurs. On s’eriibarque ; la nuit est obscure ; mais le voyage n’est qu’une affaire de douze ou quinze heures, et cela est bien vite passé.. On court toute la nuit, et enfin, à la pointe du jour, on arrive… à la rue Chariot, en face du Café Turc, dans la maison d’Hérigny, qui, depuis longtemps, a des vues sur Ml’e d’Herbelin, et qui compte bien profiter’de la circonstance pour avancer ses affaires et déterminer les parents en sa faveur. Fatigué de la route, M. d’Herbelin se met au lit. Mais à peine a-t-il reposé quelques heures, que l’impatience de voir la mer l’arrache aux douceurs du sommeil. Comme l’air de Dieppe est bien plus vif que celui de Paris 1 Comme il ouvre l’appétit 1 M. d’Herbelin ne peut consentira l’aire sa promenade sur la jetée sans avoir mangé de ces bonnes huîtres parquées, si supérieures à celles qu’on trouve dans les restaurants de Paris. Le déjeuner ne se fait point attendre, et les huîtres de l’écaillère du coin ne sont point épargnées. Dès que la première faim est apaisée, M. d’Herbelin s’échappe seul pour avoir les prémices du spectacle de la mer ; un instant après, il rentre furieux, il a reconnu la rue Chariot, le Café Turc et le boulevard du Temple ! Heureusement, un ami commun, homme sage et raisonnable, se charge d’apaiser le courroux de M. d’Herbelin, et MUe d’Herbelin épouse d’Hérigny, qui est trop heureux, à ce prix, de payer à Monbray le montant de la gageure. Le Voyage à Dieppe n’est pas une comédie, c’est une farce, une scène de carnaval du plus franc comique, dont le succès n’a pu être épuisé, lors de son apparition, par des centaines de représentations.

Voyage de M. Perrichon (LE), comédie en quatre actes, en prose, par MM. Labiche et Edouard Martin ;

représentée au Gymnase le octobre 1860. M. Perrichon est un proche parent de Prudhomme. Marié à une honnête bourgeoise qui l’a rendu père d’une charmante fille, et récemment retiré du commerce de la carrosserie avec une quarantaine de mille livres de rente, il s’avise un beau matin de proposer à sa femme et à sa fille un voyage en Suisse, pays qu’il appelle la pittoresque

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Helvétie ; car, pour avoir été carrossier, il n’en a pas moins, à un très-haut degré, le sentiment poétique. La proposition est acceptée ; on boucle les malles, on monte eu voiture et on arrive à la gare du chemin de fer de Lyon. Ici se place une scène d’excellente comédie. Il faut voir Perrichon son sac de voyage dans une main, ses cannes et parapluies dans l’autre, une sacoche en sautoir et courant, se démenant, interrogeant, rebondissant du bureau des places au guichet des bagages, haletant, soufflant, ahuri. C’est que ce n’est point une petite affaire, quand on n’en a pas l’habitude, qu’un départ pour « de lointains pays ! » Néanmoins, le brave carrossier arrive à remplir toutes les petites formalités nécessaires, eten attendant l’heure du départ, il remet à sa fille un album sur lequel elle devra inscrire d’un côté les dépenses de route, de l’autre les impressions de voyage de la famille. Pour commencer, il lui dicte ces nobles paroles:« Adieu, France, reine des nations 1 » Mais il n’a pas le temps d’en dire plus ; la cloche sonne, le sifflet retentit, il faut partir. A leur suite se glissent deux jeunes gens, Armand et Daniel, que les beaux yeux de Mlle Perrichon ont séduits et qui se sont entendus pour entrer dans le compartiment que choisirait la famille. Tous deux sont également épris de la jeune tille ; mais ils se sont engagés mutuellement à se céder la place dès qu’il serait avéré que l’un est préféré à l’autre. Nous retrouvons donc les cinq voyageurs en Suisse, et là les auteurs nous font assister à des péripéties trèsvariées et du meilleur comique. En outre, à partir de ce moment, l’idée sur laquelle repose la pièce se dégage, fine et spirituelle autant que juste et sagace. Elle est d’ailleurs empruntée à la sagesse des nations, qui dit qu’à obliger un vilain on ne recueille que chagrin. » En effet, Armand a eu le —malheur de rendre un service signalé à Perrichon ; il lui a sauvé la vie au moment où il allait être lancé dans un précipice par un cheval qu’il avait eu l’imprudence de monter, et Perrichon, honteux de son impéritie, ne peut pardonner à son sauveur. Armand, qui a été le témoin et le réparateur de sa maladresse, devient sa bête noire, son cauchemar, tandis que Daniel est son Benjamin, celui qu’il serait heureux d’avoir pour gendre. Or, la raison de cette préférence esc fort simple ^Daniel s’est arrangé de manière à se faire sauver la vie par Perrichon ; il est donc son obligé, et s’il a usé de ce stratagème,’c’est qu’il sait fort bien que les petits esprits supportent difficilement le fardeau de la reconnaissance, tandis qu’ils sont fiers de pouvoir à tout instant rappeler un service qu’ils ont eu occasion de rendre, pourvu toutefois que cela ne leur ait rien coûté. Les affaires d’Armand vont donc fort mal, et il serait obligé de se retirer devant Daniel si une heureuse circonstance ne venait enfin ouvrir les yeux au bonhomme Perrichon, en lui apprenant qu’il a été le jouet d’une ruse de la part de Daniel. Entre l’humiliation d’avoir été sauvé et celle d’avoir été berné, le carrossier choisit la moindre, et il accepte Armand pour gendre. Inutile de dire que nous avons dû passer sous silence une foule de détails très-intéressants et habilement liés à l’action. Contentons-nous de constater le succès de fou rire qu’a mérité et obtenu cette comédie, dans laquelle l’humour et la verve ne tarissent pas et sont joints aux plus fines observations.

Voyages de l’amour (LES), ballet en quatre actes, avec un prologue, paroles de Labruère, musique de Boismortier ;

représenté par l’Académie royale de musique le 3 mai Cet ouvrage fut monté avec un grand luxe et interprété par des artistes célèbres. Le rôle de l’Amour était rempli par Jélyotte, celui de Daphné par Mlle Pelissier ; les autres étaient répartis entre Chassé, Dun, Cuvillier, Tribou et Mlles Lemaire, Fel, Antier. MHe Salle parut dans la dernière entrée.

Voyage à Reims (LE) ou l’Auberge du Lis d’or (Viaggio a Reims (il) ossia l’alvergo del Giglio d’oro), opéra italien en un acte, livret de Balocchij musique de Rossini ;

représenté à Paris sur le Théâtre-Italien le 19 juin 1825. Rossini, alors engagé avec le ministère de la maison du roi, composa cet opéra de circonstance à l’occasion du sacre de Charles X. La disposition des esprits était favorable et la musique charmante ; aussi, II Viaygîo a Reims fut. très-applaudi. L’élue des chanteurs contribuait à la beauté de l’exécution ; c’étaient Mme3 Pasta, Cinti, Schiassetti, Mombelli, Amigo, Docti, Rossi, MM. Levasseur, Zucchelli, Pellegrini, Graziani, Auletta, Donzelli, Bordogni et Scudo. Les richesses de cet ouvrage auraient peut-être été perdues pour la postérité si elles n’avaient passé de la scène italienne à l’Académie royale de musique. Trois ans plus tard, en 1828, la musique de II Viaggio a Reims reparaissait dans le Comte Ory, escortée de nouvelles et remarquables compositions.

Voyage autour de ma chambre (LE), Opéra-comique en un acte, paroles de Duvert et Lausanne, musique d’Albert Grisar ;

représenté à l’Opéra-Comique le 12 août 1859. Cette pièce, dont le sujet n’a aucun rapport avec la délicieuse fantaisie littéraire de Xavier de Maistre, convient mieux au genre du Palais-Royal qu’à celui de l’Opéra-Oomique. La musique est toujours élégante et ha-

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bilement écrite. Joué par Couderc, Berthelier, Lemaire, Troy, Mlles Henrion. et Prost.

Voyage de MM. Dunanan père et fils (LE), opéra-bouffon en deux actes et quatre tableaux,

paroles de MM. Siraudin et Jules Moineaux, musique de M. Jacques Offenbach; représenté aux Bouffes-Parisiens le 22 mars 1862. La barcarolle:A Venesia la bella, a laissé quelques souvenirs.

Voyage en Chine, opéra-comique en trois actes, paroles de MM. Labiche et Delacour, musique de M. Bazin ;

représenté à l’Opéra-Comique le 9 décembre 1865. Le libretto est amusant et spirituel, comme toute pièce de Labiche. Nous allons le résumer en quelques mots. M. Pompery a deux filles, dont l’une, pendant un voyage à Naples, a été fiancée par sa tante à un officier de marine. Or, Pompery, qui est Breton et entêté, refuse absolument de donner la main de sa fille à l’officier, Henri de Kernoisan, qui, en sa qualité de Breton, est aussi entêté que lui. S’étant rencontrés sur une grande route sans se connaître, ni l’un ni l’autre n’a voulu se déranger d’une ligne, de sorte que leurs voitures se sont violemment heurtées. A la suite de cet incident, Pompery refuse plus que jamais de prendre pour gendre de Kernoisan, qui, mis à la porte à Bellevue, s’empresse de suivre la famille Pompery à Cherbourg. Là, Pompery provoque eu duel Kernoisan et feint de recevoir une blessure; mais ce dernier évente la fraude et prend la résolution d’enlever Mlle Pompery. En ce moment, il reçoit l’ordre de s’embarquer dans deux heures pour la Chine. Au troisième acte, on est en mer. Pompery a voulu faire visiter à sa famille un navire, dont le capitaine, ami de Kernoisan, a consenti à céder pendant quelques heures le commandement à ce dernier. Tout à coup, Pompery voit apparaître Kernoisan, qui lui dit : « Prenez-moi pour gendre ou je vous emmène en Chine. — Jamais, » répond Pompery, qui essaye de faire révolter l’équipage. Sur un mot du capitaine, les matelots feignent de se révolter. Kernoisan apparaît, comprime la prétendue révolte et ordonne de pendre sur-le-champ l’instigateur de la révolte et ses complices. Amené la corde au cou, Pompery s’empresse de consentir à donner sa fille à l’entêté capitaine, et le navire, qui n’avait point quitté les côtes de Cherbourg, rentre au port. Pour cette pièce très-amusante et qui eui un vif succès, M. Bazin a composé une musique correcte, qui ne brille ni par l’invention ni par la hardiesse, mais qui renferme d’agréables morceaux et d’heureuses mélodies. Nous citerons notamment le joli duo des aveux, le morceau : Cinq cailloux, trois cailloux, un bon duo bouffe : Je suis Breton, un finale bien travaillé et bien écrit, au second acte ; enfin, au troisième acte, le chœur des matelots et l’air avec écho, chanté sur le tillac. La pièce fut très-bien jouée par Couderc, Montaubry, Sainte-Foy, Prilleux et Mlle Cico. Elle a été reprise en. janvier 1876 à l’Opéra-Comique, où elle n’a pas été moins bien accueillie qu’à son apparition.

Voyage dans la lune (LE), opéra-féerie en quatre actes et vingt-trois tableaux, paroles de MM. Leterrier Vanloo et Mortier, musique de M. Offenbach ;

jouée au théâtre de la Gaîté le 27 octobre 1875. Le roi Vlan, las du pouvoir, veut abdiquer en faveur de son fils, le prince Caprice, jeune homme de dix-sept ans ; mais celui-ci, dejà blasé sur tout, n’a nulle hâte de prendre la couronne. Il rêve de faire pour se désennuyer quelque entreprise extraordinaire, et l’idée lui vient de partir pour la lune. Vainement on essaye de le détourner d’un projet dont la réalisation est chimérique. Il s’obstine. On réunit à l’observatoire les plus grands astronomes du pays. A la suite d’une longue et orageuse discussion, les savants arrivent à cette conclusion, qu’il n’est pas impossible que le voyage soit possible, mais qu’il est possible qu’il soit impossible. Sur cette belle réponse, tous les astronomes sont destitués, et, en désespoir de cause, le prince Caprice s’adresse à son précepteur, Microscope, mécanicien habile, à qui il ordonne sous les peines les plus sévères de lui fournir dans dix jours un véhicule pour aller dans notre satellite. Microscope se met à fondre un canon immense, dans la culasse duquel on introduit un obus, disposé intérieurement en forme de chambre. Au jour dit, le prince Caprice s’y installe, suivi par son père, le roi Vlan, qui n’a pas voulu le quitter, et par Microscope, qui reçoit l’ordre de les accompagner. Le coup part, et l’obus, lancé vers la lune, tombe sur le satellite en effondrant le palais de Cosmos, empereur de l’empire lunaire, au moment même où une commission de savants y démontrait que la terre ne pouvait être habitée. Le roi Vlan et l’empereur Cosmos sont bientôt au mieux, et les habitants terrestres étudient les mœurs du pays, qui diffèrent essentiellement des nôtres. Là, les médecins sont enfermés dans une tour, de peur qu’ils ne propagent les maladies qu’ils sont chargés de guérir ; l’empereur vit dans un palais de verre, pour que le peuple puisse surveiller à toute heure ses actions, ce qui rend le métier très-gênant ; le ministre des finances est condamné au bannissement pour avoir enrichi, aux dépens de sa fortune, les caisses publiques ; les lunariens reçoivent en naissant toutes les décorations du pays. Chaque fois qu’ils font une