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naires, répandus dans tout l’ancien monde, vraisemblablement en l’année 1160. De retour dans sa patrie en 1173, il écrivit sa relation en 1178. Son point de départ fut Saragosse, en Espagne ; il vit successivement le sud de la France, l’Italie, la Grèce, l’Archipel, la Cilicie, la Syrie, la Palestine, la Mésopotamie et la Perse, d’où il revint par l’Arabie, l’Egypte et la Sicile. Il n’est pas probable qu’il ait pénétré dans l’Inde, le Thibet et la Chine, bien qu’il parle de ces pays, sans doute par oui-dire. Il ne dit pas positivement qu’il ait visité tant de contrées diverses ; parfois, il cite les garants de ce qu’il rapporte. En décrivant tout ce qui lui a paru le plus curieux sur le parcours de son voyage, le rabbin espagnol s’attache principalement à faire connaître les endroits où les juifs vivaient réunis en grand nombre ; il retrace leur situation dans les différents Etats. A l’article de la Perse, il parle de la ville de Samarkand, où se trouvaient alors 50, 000 Israélites. Il insiste de même sur le commerce florissant de Bassora, sur les juifs noirs de l’Inde, sur la culture du poivre et sur l’origine des perles. On a soulevé un doute au sujet de la réalité de son voyage ; ses bévues en géographie, sa crédulité, des difficultés contradictoires, l’impossibilité d’identifier plusieurs noms anciens de localités avec les noms modernes ont motivé cette méfiance. Mais Benjamin de Tudèle a trouvé des apologistes. Beaucoup d’absurdités qu’on lui attribue proviennent de l’ignorance de ses traducteurs ; il a recueilli les noms des lieux et les traditions locales de la bouche même des habitants de chaque endroit, et non sur des documents écrits, il accepte des fables et des récits surnaturels, mais il les donne comme tels. Le savant Lelewel a fait un examen géographique de ses voyages et a réussi à éclaircir et à rectifier quelques-unes des obscurités évidentes et des fausses indications de Benjamin de Tudèle, dont l’ouvrage renferme une foule de renseignements curieux.

Cet ouvrage resta comme oublié durant deux cents ans et plus ; depuis la fin du XIVe siècle seulement, il est mentionné daus les écrits des savants juifs. Imprimé pour la première fois en 1543 (Constantinople) et traduit en latin (Anvers, 1575), il a eu depuis neuf éditions et vingt-six traductions latines, anglaises, françaises, hollandaises et allemandes.

Voyages en Asie et en Afrique, par Ibn-Batoutah (XIVe siècle). Ce musulman fut le plus intrépide des voyageurs du moyen âge ; sa relation est le plus important monument de la science géographique à cette époque. Ibn-Batoutah quitte, à vingt-deux ans, Tanger, sa ville natale, et n’y rentre qu’à l’âge de cinquante ans, après avoir parcouru la Berbérie, J’Egypte, l’Asie Mineure, la Russie méridionale, la Syrie, la Perse, l’Arabie, la Chine, l’archipel Indien, l’Espagne et après avoir visité le premier, la capitale du Soudan, Tombouctou. Sa relation a été rédigée par Ibn-Djozay. Parti de Tanger sans un son comptant, le voyageur arabe trouva partout bonne table et bon lit, et put, grâce à l’hospitalité orientale, traverser l’Europe, l’Afrique et l’Asie d’une extrémité à l’autre sans dépenser un dirhern. Il n’examine rien en érudit, en antiquaire ; il ne voit partout que des choses superbes, magnifiques, uniques. Il ne’faut lui demander ni un sentiment juste des beautés de l’art ou de la nature ni le savoir archéologique ou ethnographique des Occidentaux. La première partie de son excursion est, à vrai dire, un pèlerinage ; Médine ou La Mecque sont l’objectif de ses courses, depuis Bougie, Tunis, Alexandrie, Le Caire, Alep, Jérusalem et Damas. Le pieux musulman s’étend outre mesure sur les monuments religieux de La Mecque et entre dans une infinité de détails qui ne.peuvent intéresser que les mahométans. Dans la deuxième partie de sa pérégrination, il accorde beaucoup plus d’attention aux mœurs des habitants, aux usages et aux diverses branches d’industrie des pays qu’il visite. Il passe par toutes sortes d’épreuves et de dangers ; il est exposé aux tempêtes du golfe Persique et de la mer Noire, aux ouragans des déserts de l’Oman et du Kiptchak. Dans l’Inde et en Chine, il se tire des aventures les plus périlleuses ; à Delhi et dans l’archipel Indien, on le fait cadi (juge) malgré lui ; il n’échappe que par adresse à une mort probable. Ibn-Batoutah parle longuement des Turcs et de leur puissance naissante ; il les trouve maîtres de Brousse et de Nicée ; l’islamisme triomphant menaçait déjà Constantinople. Par la suite, il a occasion de visiter la capitale de l’empire byzantin. Se trouvant amené par ses courses sur le territoire d’un kan tartare, il reçoit la mission d’accompagner à Constantinople la première femme de ce chef. Il nous apprend que les empereurs grecs élevaient des jeunes filles d’une beauté distinguée, princesses ou non, mais supposées telles, qui étaient données en mariage aux princes tartares, flattés de s’allier à une famille impériale. Vers 1332, Constantinople n’est qu’un vaste monastère, peuplé de papas et de caloyers ; le voyageur arabe ne voit partout que des prêtres et des moines, des couvents et des églises.

Ibn-Batoutah a parcouru une étendue de pays deux fois plus grande que celle traver-


sêe par Marco-Polo et Rubruquis. Sa mémoire lui fait quelquefois défaut, mais il est toujours de bonne foi. Sa crédulité, entretenue par l’amour du merveilleux, est encore raffermie par les tours de force et les jongleries vraiment étonnants dont les santons et les fakirs le rendent témoin. Son ouvrage serait un des monuments les plus curieux de l’histoire et de la science s’il avait toujours voyagé en observateur. Ses descriptions de villes laissent beaucoup à désirer, mais ses peintures de mœurs sont achevées. Il esquisse le portrait des hommes marquants qu’il rencontre, et il relève des détails très-intéressants sur le commerce et l’industrie des différents lieux où il s’arrête. Sa relation fourmille d’anecdotes fort bien contées, mais sans couleur historique ; il faut y chercher, avant tout, la connaissance des mœurs, des idées et de la pensée des Arabes au VIIIe siècle de l’hégire et l’étudier comme un texte arabe suffisamment pur et d’une lecture très-amusante. Le texte original, accompagné d’une traduction française, a été publié en par MM. G. Defrémery et le docteur Sanguinetti. Antérieurement, il avait paru, en Allemagne et en Angleterre, des traductions ou des commentaires de l’abrégé arabe de l’ouvrage.

Voyage des Français aux Indes orientales (discours du), par Pyrard de Laval (1615, in-8o). De tous les anciens voyageurs qui ont laissé des relations sur les Indes orientales, c’est bien certainement Pyrard qui les a le mieux décrites. Il avait fait plusieurs voyages au long cours, quand il s’intéressa dans une expédition équipée par des marchands de Lavai, de Vitré et de Saint-Malo, qui armèrent deux bâtiments, le Corbin et le Croissant. Subrécargue à bord du Corbin, Pyrard partit de Saint-Malo le 18 mai 1601. On relâcha aux îles d’Annobon, de Madagascar et de Coinore. Par suite d’un naufrage aux îles Maldives, Pyrard devint l’esclave du roi de Mâle. Cinq ans plus tard (février 1607), une flotte bengalaise subjugua les Maldives, et le prisonnier recouvra la liberté. Pyrard visita Chartican, Montingue, Cananor, Calicut (1608). Faisant route pour Cochin avec deux de ses compagnons, il fut arrêté par les Portugais, et ceux-ci, le traînant à Goa, l’incorporèrent de force dans leurs troupes. Pyrard fit ainsi plusieurs expéditions aux îles et pays de Ceylan, de Malacca, de Sumatra, de Java, d’Ormuz, de Cambay, etc. Rendu à la liberté le 30 janvier 1610, il rentrait à Laval le février 1611.

Ce qui distingue particulièrement ces voyages de presque, toutes les relations qui ont paru vers le commencement du XVIIe siècle, c’est la concision et la netteté du récit, au style clair et simple, sans rudesse, l’exactitude des descriptions et surtout l’excellence de la méthode du voyageur, qualité si rare dans ceux de son temps. Sa véracité n’a jamais été mise en doute, et il a toujours été cité avec confiance par les écrivains les plus célèbres. La description que Pyrard fait des îles Maldives est la plus complète et la mieux circonstanciée que pendant longtemps l’on ait eue de ces îles. Ce qu’il dit du Bengale, qu’il représente comme la puissance la plus considérable de l’Inde après celle du Mogol, est d’un grand intérêt. Les îles de Ceylan, de la Sonde et des Moluques sont rapidement décrites par Pyrard, mais les principales singularités qu’elles offrent sont fidèlement observées. Il en est de même de la côte méridionale de l’Afrique et des royaumes de Cambay, de Surate et d’Ormuz. Le voyageur ne s’est pas borné à décrire exactement ces pays :. il a donné d’intéressants détails sur le commerce d’importation. La description du Brésil n’est pas étendue, mais elle est pleine de choses. Pour ne pas jeter de confusion dans ses récits, Pyrard a joint à son voyage un traité particulier, qui contient une description méthodique des animaux et des végétaux des Indes orientales, avec un vocabulaire des mots de la langue maldive dont la signification est la plus utile pour voyager avec facilité et avec fruit dans ces îles.

La relation de Pyrard a été imprimée en et 1679.

Voyage de Macaire, patriarche d’Antioche, en Turquie, en Moldavie et en Russie (XVIIe siècle). La rédaction de cet ouvrage n’appartient pas au patriarche Macaire, mais à son neveu, l’archidiacre Paul d’Alep, son compagnon de route. En quittant son Eglise, le prélat grec était mû par l’espoir d’obtenir des secours pécuniaires pour le siège d’Antioche, que les princes chrétiens du même rit devaient être disposés à favoriser plus ou moins de leurs subsides. Avant de se mettra en route (juillet 1652), Macaire avait demandé au patriarche de Constantinople et aux évêques de son obédience la permission de traverser leurs diocèses. Cette condescendance lui valut un accueil distingué auprès du pontife byzantin et de son clergé. Macaire fit donc une assez longue résidence à Constantinople. Ce qui attire et retient son attention, là et partout, dans les diverses stations de son pèlerinage, c’est le détail des affaires ecclésiastiques, des cérémonies du culte, etc. Un moine d’Occident, au moyen âge, n’aurait pas procédé autrement. Cette observation faite, il faut ajouter que les particularités et les aperçus d’un ordre plus relevé se présentent, dans le récit, en assez grand nombre


pour maintenir l’intérêt. Une entière simplicité préside aux rapports du narrateur, qui n’oublie pas de faire des remarques sur les principes moraux et religieux des diverses nations qu’il visite ; il donne aussi des notions sur l’histoire politique et sur la statistique des contrées qu’il parcourt. A Constantinopie, Macaire a vu de tous côtés, dans l’église de Sainte-Sophie, des restes du culte chrétien : croix, peintures, ornements. Ce fait curieux méritait une mention. Arrivé en Moldavie, où il est retenu assez longtemps par une révolution, Macaire fait un brillant portrait du vayvode ou bey Vasili, prince distingué, supérieur par l’esprit et par le caractère a tous ses sujets, mais qui perd soudain le pouvoir pour avoir favorisé les Grecs au détriment des Moldaves. Ceux-ci ne sont pas flattés par le patriarche ; il déclare les hommes tous voleurs et assassins, et les femmes ou filles toutes dépravées. Passant en Valachie, il constate une différence de mœurs, toute à l’avantage des Valaques ; il fait observer que les serviteurs de la cour et même les troupes forment un amalgame de toutes les races du sud-est de l’Europe : Serviens, Bulgares, Arnautes, Grecs, Hongrois, Turcs, Valaques ; les palefreniers sont des Syriens ou des Egyptiens musulmans ; une multitude d’esclaves noirs est disséminée dans le pays. Reconnaissant aux Moldo-Valaques une langue propre, le voyageur constate qu’il y a communauté de langue entre les Serviens, Bulgares, Cosaques et Moscovites. Au moment où il entra dans le pays des Cosaques (Podolie ou Petite-Russie), ce pays venait de se soustraire à la domination des Polonais et de se soumettre spontanément au czar Alexis ; le Lithuanien Chmielnitzki ou Akhmil, devenu leur hetman, avait été le fauteur de cette révolution, à laquelle on doit faire remonter le premier partage de la Pologne. Bien que la partialité de Macaire en faveur des Moscovites, partialité dérivant de la communauté de religion, mette le lecteur en garde contre ses affirmations, on ne peut contester certains faits, malheureusement trop vrais : l’oligarchie polonaise, au caractère ambitieux et insubordonné, s’aliéna les Cosaques en les opprimant, et une guerre d’extermination, soutenue de part et d’autre avec une égale furie, creusa un abîme entre les deux nations. Cette partie du récit est très-intéressante et c’ontient des faits curieux restés ignorés des historiens occidentaux. En pénétrant dans le territoire moscovite, Macaire rencontre la peste sur ses pas, la peste, fléau nouveau pour les Russes, dont un grand nombre succombe ; il la retrouve à Moscou. Après avoir gémi du mauvais état des routes, le bon patriarche se plaint de l’excessive dévotion des Moscovites, de la durée de leurs cérémonies, de la sévérité de leurs pratiques religieuses. Lui et ses compagnons, se sachant surveillés, s’abstiennent même de rire. Cette contrainte perpétuelle ne les empêche pas de noter au passage les incidents et les traits de mœurs dont ils sont témoins ; l’agriculture, la pêche, le caviar, l’architecture, les mines de fer, les monnaies, les serfs provoquent leur attention. Tel est le fanatisme des Moscovites pour le czar, qu’ils refusent les monnaies d’or étrangères et qu’ils vénèrent les mêmes monnaies coupées eu quatre dès qu’elles ont été frappées au coin russe et qu’elles ont reçu une valeur quadruple. Durant leur séjour à Moscou, les voyageurs virent des Tartares, des Géorgiens, des Sibériens, venus de très-loin ; ils virent aussi des Samoyèdes, dévorant des poissons crus et pourris et qui étaient réputés anthropophages, avac cette circonstance aggravante qu’ils mangeaient leurs morts. Le patriarche de Moscou, qui leur montra ces phénomènes, Nikon, prélat ambitieux et avide, partageait presque l’autorité du czar, qui ne décidait rien sans l’avoir consulté. Avant de quitter la Moscovie, Macaire put prévoir la conquête future de la Crimée, où les Tartares tenaient encore en échec la puissance russe.

Le Voyage du patriarche d’Antioche a été traduit de l’arabe en anglais par F.-O. Belfour (1829).

Voyages de Bernier (1699 et 1710, 2 vol. in-12). Après avoir séjourné pendant un an au Caire, Bernier s’embarqua à Suez pour l’Inde, où il résida douze ans, dont huit en qualité de médecin d’Aureng-Zeyb. Sa relation jette une vive lumière sur les révolutions de l’Indoustan et sur les événements dont il y fut le témoin ; elle fait connaître des contrées qu’aucun Européen n’avait visitées avant lui et qu’on n’a pas mieux décrites après lui. Bernier, disciple de Gassendi, avait puisé à bonne école cet esprit philosophique, ce talent pour l’observation qui placent son récit parmi les meilleurs ouvrages de ce genre. Ses connaissances en médecine, assez avancées pour un homme du XVIIe siècle, lui procurèrent dans les Etats du Grand Mogol, avec un sort agréable, beaucoup de facilités pour s’instruire sur l’état physique et moral du pays. Ses liaisons avec le favori du prince, l’émir Danichmend, à la fois ministre et général, auquel il avait inspiré une véritable passion pour la philosophie de Descartes et de Gassendi, devinrent encore une source d’agréments pour lui ; elles contribuèrent surtout à lui faire faire avec fruit un voyage à la suite de l’armée d’Aureng-Zeyb, à travers les provinces du Mogol


et jusque dans le royaume de Cachemire ; aussi sa relation est-elle bien supérieure à celle qu’a publiée Tavernier sur ces mêmes contrées. Aucun voyageur, avant Bernier, n’avait visité le Cachemire, et ce pays ne fut visité de nouveau que près d’un siècle après lui. Bernier a donné incidemment les premières notions exactes que l’on ait possédées en Europe sur la théogonie des Indous.

Voyage à la baie d’Hudson, par H. Ellis (Londres, 1748 et 1750). En 1716, le Parlement anglais avait voté une récompense de livres sterling (500, 000 francs) pour la découverte d’un passage au nord-ouest. Une compagnie d’armateurs se forma et offrit la direction supérieure de l’entreprise à Ellis, qui la refusa ; il consentit seulement à représenter le comité d’armement, se chargeant, en outre, de recueillir les documents d’histoire naturelle, de géographie et d’hydrographie ; il fut, en réalité, le véritable chef de l’expédition. Deux galiotes partirent de Gravesend le 24 mai 1746. Depuis les Orcades, des brumes épaisses et ensuite des glaçons menaçants se montrèrent jusqu’à l’entrée orientale du détroit d’Hudson. Dans ce bras de mer, on releva les îles de la Résolution, par 61° 40’de latit. N. et 67° 20’de longit. O. S’avançant jusqu’au 64e degré, on mit les embarcations en mer. Ellis dirigea cette recherche, dont l’objet était la découverte d’un passage libre ; il remarqua plusieurs ouvertures spacieuses à l’occident de l’île de Marbre. Arrêtés par les glaces et par la mauvaise saison, les navires allèrent hiverner dans la rivière Hayes, par 57° 30’de latit. On construisit une habitation. L’hiver fut extrêmement rigoureux. Ellis cite des exemples extraordinaires de l’intensité du froid ; il déclare, toutefois, que le sort des habitants n’est pas à plaindre ; la vie indépendante du chasseur a, paraît-il, ses compensations. Reprenant la mer le 24 juin, les deux bâtiments se dirigèrent vers le Welcome. Par le 61° 4’, on explora toutes les ouvertures de la côte au moyen des embarcations. Sous le 62e degré, on constata que les aiguilles magnétiques perdent entièrement leur propriété. Après avoir dépassé le cap Fry, Ellis entra dans la baie de Wager, canal de plus en plus resserré, alimenté par un grand lac, que ferme une barre formant cataracte, par le 66° degré. Une tentative sur la côte nord de la baie n’aboutit pas. Ellis voulait prolonger ses recherches jusqu’à la baie Repulse, mais les officiers élevèrent des objections. On rentra dans le détroit d’Hudson, et les navires, séparés par une tempête, se rallièrent à la hauteur des Orcades ; ils furent de retour le 14 octobre 1747.

Ellis soutient l’existence d’un passage au nord-ouest. Ce passage a été constaté seulement en 1851 par le capitaine Mac-Clure, qui, débouchant par le détroit de Behring, parvint dans le détroit de Melville, puis dans le détroit de Lancastre et dans la baie de Baffin, d’où il gagna l’Angleterre.

Une traduction médiocre de la relation d’Ellis a été imprimée (Paris, 1749, et Leyde, vol. in-8o). Il ne faut pas confondre cet ouvrage avec la relation de William Ellis, le compagnon de Cook dans le troisième voyage de ce navigateur. Un autre H. Ellis, qui avait suivi lord Amherst dans son ambassade en Chine, a laissé également une relation (1818, 2 vol.).

Voyages de Kerguelen dans la mer du Nord et dans les mers australes (1771, 1 Vol. in-4o ; et 1782, 1 vol. in-8o). Le gouvernement français, voulant encourager et protéger la pêche de la morue le long des côtes de l’Islande ; arma une frégate dont il donna le commandement à Kerguelen (1767). Kerguelen, après avoir croisé en vue de l’Islande, alla se ravitailler.à Bergen, sur la côte de Norvège, et, reprenant la mer, s’éleva jusqu’au 690 parallèle N. L’année suivante, il remplit une mission semblable sous les mêmes latitudes. Ayant proposé au gouvernement un voyage de découvertes aux terres australes, auxquelles on attribuait encore une étendue immense, il reçut le commandement de cette expédition. La flûte la Fortune et la gabare le Gros-Ventre sortirent du port de Brest, le 1er mai 1771, et mouillèrent à l’île de France le 20 août. Le 16 janvier 1772, il reprit la mer pour aller à la recherche des terres australes. Le 31 janvier, il découvrit les deux îles de la Fortune ; puis, le 13 et le février, par 50° 5’de latit. S. et 67° 52’de longit. E., une autre terre d’une étendue et d’une hauteur considérables. Cette île, qui mesure environ 40 lieues du N.-O. au S.-E., sur une largeur moyenne de 20 lieues, est d’une stérilité absolue ; Kerguelen n’en prit pas moins possession ; Cook la revit en 1776 et fut tenté de l’appeler l’île de la Désolation. Un coup de vent sépara les deux navires ; Kerguelen retourna à l’île de France, et son lieutenant, Saint-Allouarn, fit le relèvement de la nouvelle terre, qu’il trouva partout inaccessible.

A son retour en France, Kerguelen annonça la découverte d’un nouveau continent. Louis XV lui remit le commandement d’une nouvelle expédition. Le vaisseau le Roland et la frégate l’Oiseau devaient compléter la reconnaissance de l’île Kerguelen. Ces navires mirent à la voile le 29 août 1773, relâchèrent à l’île de France, et revirent le fameux continent le 15 décembre. L’expédition releva 80 lieues de côtes. Le manque de vivres,