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02 chapitres, Ilebi alabrar (printemps des justes), remplie d’anecdotes plaisantes et instructives ; un Recueil de proverbes ; une Introduction à l’étude de la grammaire arabe ; une anthologie de sentences arabes avec notes, intitulée Nawabig, laquelle a été en partie publiée à Leyde, sous le titre de A nthologiasenlentiarumorabicarum (178 ?). Il existe des manuscrits de la plupnrt des ouvrages de cet écrivain dans les bibliothèques de Paris, de Leyde, d’Oxford, etc.

ZAMARIE s. f. (za-ma-rï — de Zamar, n. pr.). Bot. Syn. de stylocorynk, genre de rubiacées.

ZAMBARES s. m. (zan-ba-rèss). Mnram, Espèce de cerf de l’Inde, qui paraît être le « lême que l’hippélaphe.

ZAMBECCARI (François), poète et philologue italien, né à Venise vers le milieu du xvc siècle. Il apprit le grec sous Jean Argyropoulo, qui était venu chercher un asile en Italie, puis se rendit en Grèce, où il resta cinq ans a recueillir les médailles des manuscrits et des inscriptions. De retour dans sa patrie, il enseigna la littérature grecque

Oapo-d’Istria, puis à Pérouse, et composa fles épîtres amoureuses et autres pièces de vers, plus remarquables par l’harmonie que par l’inspiration, notamment : De Philochrysi et Chrysx amoribus carmen (Bologne, 1497, in-4o). Zambeccari avait apporté de Grèce les lettres de Libanius. Il en traduisit quatre cent trente-deux, qui ont été publiées à Cracovie (1504, in-4<>).

ZAMBECCARI (Joseph), médecin italien, né & Florence, vivant au xviie siècle. Il professa l’anatoinie à Pise. On de lui : un Traité des bains de Pise et de Lucques (Padoue, 1712, in-4o) en italien, et une lettre, publiée dans la Bibliothèque anatornique de Manget, dans laquelle il parle de l’extirpation faite par lui sur certains animaux de viscères et de portions du tube intestinal sans qu’ils en fussent morts.

ZAMBECCARI (le comte François), aéronaute italien, né à Bologne en 1756, mort en 1818. Il entra fort jeune dans la marine espagnole, tomba au pouvoir des Turcs dans sa première campagne, passa quelque temps au bagne de Constantinople, obtint sa liberté, iit un voyage scientifique dans le Levant, et revint dans sa patrie après une longue absence. Passionné pour l’étude des aérostats, il conçut l’idée de diriger les montgolfières au moyen de rames, prétendant, illusion qui n’est pas encore dissipée de nos jours, que l’on peut se rendre maître de l’air avec les mêmes instruments qui nous servent à naviguer sur les eaux. Le 12 mai 1812, il fit, à Bologne, l’essai de son invention, au milieu d’un concours immense de curieux. Le ballon à rames, contrarié par le vent, put à peine s’élever, s’accrocha à un arbre, prit feu, et laissa retomber sur la terre l’audacieux expérimentateur, qui périt victime de son zèle

pour la science.

ZAMBEMOS (Jean}, poëte et littérateur grec. V. Zampetjos.

ZAMBELLI (André), historien italien, né à Lonato (Lombardie) en 1794, mort à Paris en 1862. Il fut nommé en 1820 professeur d’histoire universelle et autrichienne au lycée de Sainte-Catherine à Venise, puis alla occuper en 1825 la même chaire à l’université de lJavie, où il fut chargé, trois ans plus tard, d’enseigner les sciences politiques. En 1842, il devint membre de l’Inâtitut de Milan, qui le choisit pour président en 1845. Dès lors, il réunit et rédigea ses travaux, dans lesquels il s’attache surtout à établir les différences profondes qui séparent les peuples anciens des modernes ; tels sont : la Guerre (2 vol.) ; la Jteligion (1 vol.). Il est aussi l’auteur de considérations sur le Prince de Machiavel qui ont obtenu du succès, ainsi que de nombreuses dissertations publiées par l’Institut de Milan, notamment sur Quelques utopies modernes ; la Prostitution ; les Causes des altérations de l’histoire.

ZAMBERTI (Barthélémy), littérateur italien, né à Venise dans la seconde moitié du xvio siècle. Nous ne possédons aucun détail sur la vie de cet écrivain, qui avait fait une étude toute particulière de la langue grecque. On lui doit un des premiers essais de l’art dramatique en Italie depuis la Renaissance, une comédie latine, intitulée : Dolotechne (Venise, 1504, in-4o), et on lui attribue une description en vers, dans le dialecte vénitien, des îles de l’Archipel, laquelle a été publiée sous le titre de Carte del mare Egeo in rime da Bartolomeo da H Sonetti (1477 et 1532, in-fol.), avec cartes gravées. Mais ce qui l’a surtout fait connaître, c’est qu’il a donné la première traduction des Éléments d’Euclide ; il yjoifnit celle des Commentaires de Theon etHypsiclès, de fragments de Pappus, et publia le loiit à Venise (1505, in-fol.).

ZAMBÈZE ou COUAMA, fleuve de l’Afrique australe, il se jette dans le canal de Mozambique par plusieurs bouches et dont la source serait, d’après les (.enseignements des indigènes, dans le pays de Cazembé. Ce fleuve change de nom dans sa partie supérieure ; de la source à Séchéké, il porte le nom de Liambaye, et, de Séchéké k l’embouchure, celui de Zambèze. Il porte encore des noms divers qu’on lui donne dans les diverses parties de son cours. Il s’appelle tour à tour ; Liambaye.

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Lonambedji, Louambezi, Ambezi, Odjimbézi, Zambézi, Zambèze, suivant les dialectes des contrées qu’il baigne. Ce sont’ces nombreuses appellations qui ont contribué à répandre delà confusion sur les notions relatives a ce fleuve. La Liambaye est peu connue, tandis que le Zambèze a été exploré avec beaucoup de soin par Livingstone. Le lit de la Liambaye est obstrué de rochers qui forment des rapides et empêchent la navigation. Quand les eaux sont hautes, elles cachent les rapides, mais il existe aussi des cataractes que les canots ne peuvent franchir. La haute Liambaye décrit un arc dont la convexité est tournée vers l’océan Indien. Arrivée au confluent de la Liba (par 14<> de latit. S. et 21° environ de longit. K.), elle coule du nord au sud et forme un autre arc dont la convexité est tournée d’une manière tout à fait contraire. Dans ce parcours, elle arrose le pays des Barotsés, des Banyétis et des Makololos. Séchéké est la principale ville de cette dernière tribu. Un peu au-dessous de cette ville, le Zambèze reçoit un affluent, la Tchobé. Par 23° 30’ de longit. et 18° environ de latit. se trouvent les magnifiques chutes de Mosi-oa-tounya (fumée qui fait du bruit), désignées sous le nom européen de Victoria, par Livingstone, et dont on aperçoit les colonnes vaporeuses à plusieurs kilomètres de distance. Le fleuve en cet endroit possède une largeur de 1,000 mètres et s’engouffre d’une seule masse dans un abîme qui n’a guère plus de 20 mètres de largeur. Le Zambèze traverse ensuite le pays des Batokas, du sud-ouest au nord-est, coule ensuite de l’est à l’ouest jusqu’aux cataractes de Morum-boua (30° environ de longit. et 15» 30’ de latit.), et du nord-ouest au sud-est jusqu’à son embouchure, en baignant Tété et Senna, établissements portugais.

Les affluents du Zambèze sont très-nombreux, mais inexplorés. Les plus importants sont sur la rive gauche : la Kafoué, la Loangoua, dont le confluent est à Zumbo, la Chiré qui sort du lac Nyanza des Maravis ; sur la rive droite : la Liba et la Tcbobé, qui se jette dans le Zambèze au-dessus des chutes Victoria. Le Zambèze se jette dans l’océan Indien par quatre bouches principales qui sont, de l’ouset à l’est : le Milambé, le Kongoué, le Louabo oriental et le Timboué ou Mousélo. Chacune est distante de l’autre de 8 à il kilom. Le delta du Zambèze commence à Mazaro, où le Zambèze a plusde 1,600 mètres de largeur. Comme tous les fleuves d’Afrique, le Zambèze n’est pas navigable dans tout son parcours, à cause des rapides et des cataractes. L’étendue de ce cours, qu’on ne saurait fixer cependant d’une façon rigoureuse, paraît être de 2,500 kilom. environ. C’est un fleuve dont le commerce et la civilisation sauraient certainement se servir pour pénétrer dans les régions si riches et si fertiles du centre de l’Afrique. Mais, comme nous le disions plirs haut, les chutes et les rapides constituent de véritables obstacles. Les chutes deGonyé, de Kansala et de Kébrabasa sont les plus importantes après les fameuses cataractes Victoria. La partie supérieure du fleuve, située dans le pays des Makololos, est très-saine, à cause de son élévation ; le bassin inférieur et surtout le delta sont infestés de fièvres très-graves. Comme la plupart des fleuves africains, le Zambèze contient une population nombreuse d’amphibies, crocodiles et hippopotames, qui sont l’objet d’une chasse active de la part des riverains. Les bords du fleuve, en certains endroits, sont habités par une foule d’oiseaux de toute espèce ; les éléphants, les antilopes, les buffles, les zèbres, se rencontrent par troupes, dans lés bois ou les prairies voisines. La plaine de Chicova, où le Zambèze est largement déployé, est habitée par des lions nombreux. La mouche tsetsé y exerce aussi ses ravages. Dans son immense parcours, le Zambèze traverse des terrains aurifères et houillers. Aux environs de Tété, on voit distinctement dans une fissure des couches de houille encore inexploitées ; c’est près de Zumbo, station portugaise, aujourd’hui en ruines, que les Portugais exploitaient anciennement des mines aurifères. Le célèbre empire du Monomotapa fut situé dans le pays actuel des Banyétis. Le fameux Ophir de Salomon a été placé sur les bords du Zambèze, dans le pays de Manica, où l’on trouve des mines d’or abondantes.

Les chutes de Kébrabasa offrent un spectacle magnifique. En cet endroit, une chaîne de montagnes élevées coupe le Zambèze, qui n’a pour passage qu’une gorge de 400 mètres de largeur. Du fond surgissent des masses rocheuses confusément entassées. Livingstone pense que les rapides du Kébrabasa arrêteront toujours la navigation pendant la saison sèche, mais que, a l’époque des crues, l’eau s élevant dans la gorge à 25 mètres au-dessus de l’étiage, un bateau à vapeur pourrait franchir la passe et gagner le haut Zambèze. En amont du Kébrabasa, se trouve une autre cataracte/celle de Moroumboua, du nom d’une montagne siluée non loin de là, et qui, à l’époque des hautes crues, peut être aussi franchie par des embarcations.

De Mazaro, où commence le delta du Zambèze, il s’échappe un bras, nommé Mouton, qui va à l’est, et qui n’est navigable que dans la saison des pluies. Il se joint à la rivière de Pangazi, qui reçoit un peu plus loin les tributs d’autres rivières ; toutes ces eaux réunies se jettent dans le Mozambique par un

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cours d’eau, nommé rivière de Quilimané, du nom de la ville portugaise qui s’élève à son embouchure. On voit que, contrairement à une assertion très-répandue, la rivière de Quilimané n’est pas un bras du Zambèze. Le Zambèze est soumis a des crues périodiques ; sa partie inférieure déborde vers la fin de novembre et au mois de mars. La seconde crue, bien plus considérable que la première, car elle est causée par tous les débordements des affluents, atteint 9m,50. À cette époque l’eau monte subitement, devient bouroeuse et prend une vitesse de 2 kilom. À l’heure. Quelques jours après, la régularité s’établit dans le courant et l’inondation se répartit également sur tout le parcours du fleuve.

Les Portugais des xvi<= et xvne siècles ont navigué sur le Zambèze, entre Tété et Cazembe, sur la Chiré, affluent du Zambèze, et ont dressé la carte du bassin du Zambèze dont ils ont fait une colonie portugaise. Cette colonie a perdu aujourd’hui beaucoup de sa prospérité. Ajoutons enfin que la traite des esclaves exerce aussi ses ravages sur les bords du Zambèze.

ZAMBO s. m. (zan-bo). Anthropol. Descendant d’un nègre et d’une mulâtresse ou d’une femme indigène : Le zambo, d’un brun noir cuivré, est robuste, mais féroce, voleur et peu susceptible de civilisation. (Famin.)

ZAMBONI (Balthazar), littérateur italien, né à Brescia vers 1730, mort en 1797. Lorsqu’il eut pris le grade de docteur, il entra dans les ordres et employa la plus grande partie de son temps en travaux littéraires. On lui doit : La Libreria di Leop. Martiningo (Brescia, 1778, in-8»), histoire de la fameuse bibliothèque de Brescia, avec des notices aussi intéressantes qu’exactes des savants Martiningo ; Afemarie intorno aile publiche fabbriche piu insigni délia citla di Brescia (Brescia, 1778, in-fol.), avec figures, ouvrage qui atteste beaucoup de recherches et d’érudition. Il a laissé, en outre, une édition des Poésies de V. Gambara.

ZAMBONI (Louis), chanteur italien, né à Bologne en 1767, mort à Florence en 1837. Il fit ses études musicales dans sa ville natale et, après avoir débuté à Ravenne, en 1791, il parut successivement avec un grand éclat sur les théâtres de Modène, de Parme, de Florence, de Rome, de Venise (1807), de Milan (1810-1811). Rossini, qui prisait fort son talent, désira le compter parmi ses interprètes lorsqu’il composa, en 1816, un de ses plus brillants chefs-d’œuvre : le Barbier de Séville. Le déclin de sa voix fut sensible lorsqu’il reparut sur la Scala de Milan en 1818 et il ne tarda pas k abandonner le théâtre. Il alla se fixer alors à Florence, où il termina ses jours.

ZAMBONI (Joseph), physicien italien, né en 1776, mort à Vérone en 1846. Pendant plusieurs années, il enseigna la physique au lycée de cette dernière ville et fut nommé membre de l’Institut de Venise. On lui doit des ouvrages et plusieurs savants mémoires, parmi lesquels nous citerons : De lapileêlectrique (Vérone, 1812), écrit dans lequel il donne une description de la colonne Zambanique à laquelle il a donné son nom ; Electromoteur perpétuel (1820, 2 vol. in-8o) ; Invention d’une horloge électrique (1831), etc. Entre autres dissertations insérées par lui dans les Annales des sciences du royaume LombardVénitien, nous mentionnerons : D’un micromètre électro-magnétique (1833) ; Description d’un nouveau galvanomètre (1833) ; De l’électricité statique (1842) ; Nouvelle méthode pour l’appréciation de la force centrifuge (1843) ; De la théorie de l’électrophore (1844), etc.

ZAMEOURECK s. m. (zan-bou-rèk). Art milit. Artilleur persan monté sur un dromadaire qui porte en même temps une petite pièce de campagne.

— Encycî. L’artillerie à dromadaires a été introduite chez les Perses par les Afghans, qui eurent les premiers l’idée de faire porter des canons par des dromadaires. Depuis lors cette artillerie a toujours été activement employée dans les guerres ; elle remplace notre artillerie légère, avec cet avantage, que, loin de nécessiter des études spéciales, elle n’exige que des connaissances très-élemenlaires de 1 art militaire-. Ainsi de simples fusiliers font d’excellents soldats sambourecks. Tout le corps de cette artillerie, y compris la musique, forme un effectif de 300 hommes, avec autant de dromadaires.

En 1722, sous le règne de leur roi Mahmoud, les Afghans, qui se trouvaient alors en guerre avec la Perse, imaginèrent de fixer au moyen d’un pivot mobile, sur la selle du dromadaire, des fauconneaux analogues aux fusils k mèche du xvie siècle, et dont le calibre pouvait recevoir une poignée de balles ou un boulet de petit volume. Chacune de ces pièces formait, avec son canonnier, la-charge d’un dromadaire, et pour la tirer on faisait âgenouiller l’animal avant d’y mettre le feu.

C’est à ce genre d’artillerie que les A fghans durent le gain de la bataille de Goul-Nabat, livrée le 8 mars 1722.

■ ZAMBRA s. f. (zan-bra). Chorégr. Danse d’expression que les Espagnols ont empruntée aux Maures.

ZAMBHASI (Tibaldello), gentilhomme italien, né à Faenza au xiiic siècle. Il s’est acquis une triste célébrité pour avoir trahi sa pa ZAME

trie. Ayant eu à se plaindre des Lambertuzzi, émigrés gibelins de Bologne, à qui il avait fait accorder un asile à Faenza, il résolut de s’en venger en frappant tout le parti gibelin et sa ville natale elle-même attachée à ce parti. C’est dans ce but qu’il ouvrit les portes de Faenza aux Bolonais (1281). Dante l’a placé dans son Enfer auprès du comte Ugolin.

ZAMBRI ou Z1MRI, roi d’Israël, mort en 918 av. J.-C. Il était général de la cavalerie Juive lorsqu’il renversa du trône Ela, le mit à mort et se lit proclamer à sa place. Zamri fit alors massacrer tous les descendants de Baasa, mais ne jouit pas longtemps du fruit de ses crimes. Depuis huit jours seulement il était maître du pouvoir quand Amri, qui venait d’être élu roi par l’armée, vint l’assiéger dans Thersa. Impuissant à se défendre, il s’enferma avec toutes ses richesses dans son palais, y mit le feu et périt au milieu des flammes.

zamé.e s. f. (za-mé). Sylvie. Pomme de pin qui s’ouvre sur l’arbre.

ZAMÈNE s. m. (za-mè-ne — du gr. sarnenés, violent). Erpét. Genre de reptiles ophidiens, du groupe des couleuvres.

ZAMET s. m. (za-mè). Hortic. Variété de tulipe.

ZAMET (Sébastien), célèbre financier, né a Lucques vers 1549, mort à Paris en 1614 ; il était fils d’un cordonnier. Il fut au nombre de ces intrigants italiens qui vinrent en France à la suite de Catherine de Médicis, fut attaché à la personne de Henri II !, soit en qualité de cordonnier, soit comme valet de garde-robe. Son esprit, ses facéties, son patelinage italien, son talent extraordinaire pour l’intrigue, lui valurent la faveur du prince et des grands. Il se jeta dans les affaires de finances, lit en peu de temps une fortune immense et devint un personnage considérable. Créature de Catherine de Médicis, ami de Henri III, puis de Mayenne, enfin de Henri IV, il paraît avoir fourni à La Fontaine le type de ce sage qui crie, selon les gens : « Vive le roi ! vive la Ligue ! » Il fut même employé dans des négociations politiques par Mayenne, dont il devint le caissier et le confident, reçut alors le surnom un peu ironique de Monsieur l’Ambassadeur et fut dépêché par ce dernier vers Henri IV pour négocier une réconciliation (1592). Son habileté diplomatique plut au nouveau roi, qui lui sut gré, en 1593, d’avoir ménagé une trêve entre les royalistes et les ligueurs, et, d’après Sully, Zaïnet fut du nombre des courtisans qui poussèrent ce prince k se convertir. Après son entrée à Paris, Henri IV, toujours à court d’argent, le traita avec une faveur que rien ne diminua jamais. Il allait familièrement dîner dans son splendide hôtel de la rue de la Cerisaie, y traitait ses maîtresses, empruntait de l’argent à Zamet, l’employait dans ses affaires les plus sérieuses comme dans ses intrigues d’amour, le trouvait toujours prêt à se plier à ses caprices et le payait de toutes ses complaisances par des concessions sur les impôts contre lesquelles le sévère Sully, chose remarquable, ne réclamait jamais. Cette tolérance du ministre s’explique naturellement : sous un tel règne, le financier était une puissance, et les continuels besoins d’argent lui assuraient la faveur universelle en même temps que l’impunité pour ses déprédations. En 1601, une chambre de justice fut, il est vrai, établie pour faire rendre gorge aux financiers avides ; mais les grands coupables ne furent pas atteints. On frappa seulementsnrquelques « larronneaux, suivant l’expression de Sully, qui pouvaient se reprocher de n’avoir pas encore assez volé pour mettre leurs vols à couvert. » Zamet, qui s’était fait naturaliser Français en 1581, fut anobli par Henri IV. Il devint baron de Murât et de Billy, seigneur de Beauvoir et de Cazabelle, conseiller du roi, capitaine du château et surintendant des bâtiments de Fontainebleau ; mais il n’oublia point que ses titres les plus solides étaient dans son immense fortune. On connaît ce mot qu’il dit au mariage d’un de ses bâtards légitimés ; le notaire lui demandait ses titres et qualités : ■ Qualifiez-moi, dit-il, de seigneur de dix-sept cent mille écus, » saillie que Destouches a reproduite dans son Glorieux. « En 1603, dit Durozoir, le roi le fit le médiateur des brouilleries qui s’étaient élevées entre le comte de Soissons et le duc de Sully. En 1608, ce monarque voulant à tout prix se débarrasser de M’le des Essarts, une de ses maîtresses, chargea Zamet de s’entendre avec Sully sur le prix au* quel elle mettrait sa retraite. À l’exemple du maître, les courtisans, sans même en excepter le duc d’Epernon, faisaient du cordonnier italien leur compagnon et leur ami, et, dans ses rapports même avec les grands, Zamet portait une aisance familière qui, sans leur déplaire, le faisait paraître comme leur égal. » Le connétable de Montmorency lui confiait ses affaires les plus importantes, Bassompierre soupait presque tous les soirs chez. lui et il favorisait ses entrevues nocturnes avec Henriette d’Entragues, une des maitresses de Henri IV. La rumeur publique l’accusa d’avoir empoisonné dans une collation la favorite Gabrielle d’Estrées, qui aspirait k épouser Henri IV. Toutefois le roi, après la mort de sa maîtresse, continua de lui témoigner la plus entière confiance. Il