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paysan, portant sur sa tête une corbeille de pigeons, détale au plus vite. Sur la droite, un homme tombe à plat ventre, un chien jappe, un paysan, renversé sur le dos, est traîné par un bœuf au moyen d’une corde qu’il tient des deux mains et qui est attachée aux cornes de la bête. Un peu plus loin, deux jeunes gars cherchent à calmer et à retenir un autre bœuf. Toujours du même côté, mais sur une espèce d’estrade, le grand prêtre, assis sous un baldaquin et entouré de lévites, interrompt une cérémonie religieuse pour contempler la déroute des marchands. Au fond, à gauche, s’ouvre une nef voûtée à plein cintre et bordée de hautes colonnes ; un lustre est suspendu à la voûte.

Cette composition, signée : Rembrandt f. 1635, est pleine de mouvement et offre de beaux effets de lumière.

On connaît deux états de cette eau-forte ; c’est la figure de l’homme traîné par le bœuf qui sert à les distinguer ; dans les épreuves du premier état, le haut du visage est plus clair, la bouche plus petite et moins travaillée, la semelle du soulier traversée vers le milieu par deux lignes très-fines et très-rapprochées ; ces épreuves sont, en outre, d’un ton brillant et velouté très-agréable. Dans le second état, l’homme renversé a le visage beaucoup plus ombré ; on ne distingue plus la lèvre inférieure, la bouche a l’apparence d’une tache, la semelle du soulier est traversée par un gros trait noir, non ébarbé ; les épreuves de cet état sont lourdes et d’un aspect terne ; on les nomma dans le commerce « épreuves à la grande bouche. » Une copie de cette eau-forte a été gravée sur bois par Gauchard, sur un dessin de Marvy, dans l’Histoire des peintres de toutes les écoles. Salomon Savry a gravé une autre composition de Rembrandt sur le même sujet.


VENDEUVRE, bourg de France (Aube), ch.-l. de cant., arrond. et à 21 kilom. O. de Bar-sur-Aube, aux sources de la Barse ; pop. aggl., 1,876 hab. — pop. tot., 2,112 hab. Fonderie, faïencerie, poteries, tuilerie. Eaux minérales ferrugineuses. On y voit un beau château qui s’élève à l’E. du bourg, sur une des sources de la Barse. Fondé au xiie siècle, il a été presque entièrement reconstruit au xvie siècle et remanié au xviie siècle ; mais il conserve néanmoins encore plusieurs parties intéressantes des constructions primitives. Le corps de logis qui, au xiie siècle, servait de bâtiment d’habitation subsiste encore et forme la partie orientale de l’édifice actuel. On voit également une porte en plein cintre, avec la coulisse de la herse et un corridor voûté, divisé en deux travées inégales par un arc-doubleau. Au-dessus de cette porte et du couloir se dresse une tour haute de 20 mètres dont les murailles ont une épaisseur de près de 2. À l’intérieur du château se trouve une vaste salle voûtée en berceau, avec piliers cylindriques, et divisée en deux nefs ; elle appartient, ainsi que l’escalier (bien que ce dernier soit situé dans la partie refaite au xVie siècle), à l’époque de la construction originaire. Le château était autrefois environné de fossés et ceint de murs ; ces derniers n’offrent plus que quelques vestiges sans intérêt, et, quant aux fossés, ils ont été comblés depuis longtemps.

Après le château de Vendeuvre, il faut citer son église paroissiale, construite en 1510 et dédiée à saint Pierre. C’est un monument complet et homogène de l’architecture du xVie siècle. Son portail, suivant le style de la Renaissance, est orné de sculptures peintes. À l’intérieur, on remarque un autel de 1539, une chaire du xViie siècle provenant de l’abbaye de Clairvaux, un très-beau retable du xVie siècle au dossier du banc d’œuvre, un tableau sur bois dans le genre du Pérugin, ayant pour sujet l’Arrivée des onze mille vierges à Cologne, et trois belles verrières. L’ancienne église prieurale de Saint-Jean possède un chœur et un sanctuaire du xiie siècle et une nef du xviie siècle. Aux environs de Vendeuvre et sur la droite de la route conduisant à Brienne, on rencontre les ruines de la chapelle de Valsuzenay, construction ruinée du xiie siècle, qui conserve un sanctuaire carré et une portion de nef.

Le territoire de Vendeuvre présente aux environs de Jessains (1 kilom. de Vendeuvre) une faille avec gouffres nombreux perforant le calcaire jurassique et absorbant les eaux. On trouve près de ce curieux accident géologique des lignites, du fer sulfuré blanc remplissant les interstices des végétaux passés à l’état de lignites et des sulfates de chaux cristallisés.


VENDICATION s. f. (van-di-ka-si-onrad. vendiquer). S’est dit autrefois pour revendication.

Cour des vendications. Tribunal anglais qui, à l’occasion du couronnement du souverain, écoute et juge les réclamations des citoyens et des communautés à l’égard de la couronne.

— Encycl. Cour des indications. On donne ce nom, en Angleterre, à un tribunal particulier qui ne siège qu’une fois par règne, à l’occasion du couronnement. Ce tribunal avait autrefois beaucoup de besogne ; il statuait sur les prétentions des municipalités ou des individus réclamant d’anciens droits, d’anciennes charges.

Le but primitif de ce tribunal avait été juste ; on l’avait créé pour rendre, à la mort d’un prince, raison des injustices qui avaient pu être commises pendant son règne. Là, en face de son successeur, les gens de toute condition venaient porter leurs griefs et en réclamer la réparation ; puis le tribunal statuait.

Mais les meilleures institutions finissent par se corrompre tôt ou tard. Les vraies plaintes ne furent bientôt plus entendues, et l’on ne voulut écouter que celles des grands et des courtisans qui venaient avec force génuflexions, non pas réclamer, mais mendier les faveurs du nouveau souverain.

Ainsi nous voyons, au couronnement de Jacques II, le lord grand chambellan vendiquer le droit de porter la chemise du roi et de s’approprier tous les meubles et ustensiles ayant servi à Sa Majesté le jour de son couronnement, et il gagna son procès ; un autre courtisan réclama le cheval du roi avec ses harnais, ce qui lui fut accordé.

Le même jour, la municipalité de Londres osa demander quelque chose ; mais on remit ces bourgeois à leur place et on leur fit bien comprendre que le tribunal des vendications n’était point un tribunal révolutionnaire.

Aujourd’hui, la cour des vendications n’a plus de besogne ; au dernier couronnement, c’est à peine si l’on a prononcé son nom.

Vendidad, livre sacré des Parsis. V. Zend-Avesta.

VENDIQUER v. a. ou tr. (van-di-ké). S’est dit autrefois pour revendiquer.

VENDÔME, en latin Vindocinum, ville de France (Loir-et-Cher), ch.-l. d’arrond. et de cant., à 34 kilom. N.-O. de Blois, sur la rive droite du Loir ; pop. aggl., 6,838 hab. — pop.. tot. ; 9,259 hab. L’arrondissement comprend 8 cant., 109 comm. et 76,206 hab. Tribunal de Ire instance, justice de paix, lycée national ; bibliothèque publique. Tanneries, mégisserie, papeterie ; fabrication de gants de peau, bonneterie, cotonnades. Commerce de bestiaux, grains, vins et fourrages. La ville s’élève agréablement au pied d’un coteau couvert de vignes et dont le Loir baigne la base ; elle est bien bâtie, bien percée et dominée par les ruines pittoresques du château des anciens ducs de Vendôme. On y trouve quelques monuments remarquables au point de vue de l’histoire et de l’archéologie. En première ligne, il faut placer le château. Grâce à l’avarice du cardinal de Fleury, qui refusa sous Louis XV une somme de 100 fr., montant d’une toiture qui l’aurait préservé des injures de l’air, le château de Vendôme (monument historique) n’est plus aujourd’hui qu’une pittoresque ruine. Il s’élève sur une hauteur dominant la ville, dont il était encore séparé au XVIIe siècle par une rampe coupée de trois grandes portes en arcades qui n’existent plus. Les débris des murs d’enceinte, des bâtiments d’habitation et des tours de défense, importants par leur masse gigantesque, n’offrent guère au point de vue architectural qu’un intérêt secondaire. Tout ce qui reste de l’enceinte et des tours du côté du sud remonte à Geoffroy-Martel ; il en est de même du donjon, dit aussi tour de Poitiers, morceau capital du château, car c’est le seul qui se soit conservé à peu près intact jusqu’à nous ; c’est un des monuments les plus curieux que nous ait légués le moyen âge. « Ce n’est point, dit M. de Pétigny dans son Histoire archéologigue du Vendômois, une tour de défense comme on en voit tant dans les châteaux ruinés. C’est une geôle construite avec un art infernal pour être la plus affreuse comme la plus sure des prisons. La tour a trois étages ; adossée au mur d’enceinte du château, elle forme un demi-cercle en saillie sur la ligne des remparts, et cette espèce de cylindre est coupée intérieurement par un carré d’épaisses murailles qui s’arrête au-dessous de l’étage supérieur ; dans les vides qui existent entre les côtés du carré et l’enceinte arrondie du mur extérieur, on avait pratiqué les cachots destinés à loger les prisonniers. Ces loges sont parfaitement conservées ; il y en a trois à chaque étage ; elles ont 1m,50 de hauteur, et leur longueur est de 1m,80 sur une largeur de 0m,50 ; ce sont, comme on voit, les dimensions d’un tombeau. Pratiquées dans l’épaisseur des murailles, elles n’avaient d’autre ouverture qu’une porte étroite et basse, communiquant avec une salle qui occupait le milieu du carré. Cette salle elle-même, au premier étage, ne recevait l’air ni le jour d’aucun côté ; on y entrait par un couloir percé dans le mur d’enceinte de la forteresse et fermé de deux portes dont la dernière s’ouvrait sur les bâtiments intérieurs du château aujourd’hui démoli. La distribution du second étage était la même ; seulement la salle intérieure recevait un peu de jour par un soupirail ouvert sur un étroit couloir communiquant avec le chemin de ronde qui couronnait les remparts. À son extrémité opposée, ce couloir aboutissait à un escalier de pierre par lequel on descendait jusqu’à l’entrée de la salle ; le même escalier conduisait à l’étage supérieur, qui n’était plus une prison ; là, on entrait dans une grande salle voûtée, éclairée par deux fenêtres étroites au dehors, mais très-évasées au dedans, avec une vaste cheminée à manteaux sculptés et des bancs de pierre dans les larges embrasures des fenêtres, d’où le seigneur pouvait contempler à son aise le magnifique paysage qu’on découvre de ce point élevé, tandis que ses captifs gémissaient sous ses pieds dans leurs ténébreux sépulcres. Le donjon se termine par une plate-forme ornée de mâchicoulis sculptés avec une sorte d’élégance. De là on aperçoit d’un côté la tour de Fréteval, de l’autre les châteaux de Lavardin et de Montoire et la tombelle de Troô ; c’est un horizon de 10 lieues qui embrasse la riante vallée du Loir, les plaines de la Beauce et les collines boisées du Perche. La hauteur totale de la tour est d’environ 20 mètres. On n’y peut pénétrer aujourd’hui qu’à l’aide d’une échelle par une ouverture percée dans la muraille, au niveau de l’étage inférieur, et fermée d’une double porte. » L’enceinte du château contenait jadis l’église collégiale de Saint-Georges ; on y voyait les tombeaux des ducs et comtes de Vendôme, détruits à la Révolution ; il n’en reste plus que des ruines aujourd’hui. En 1792, le château de Vendôme fut vendu comme bien national, et il allait être démoli en 1819 lorsque le comte de Beaumont, sous-préfet de Vendôme, l’acheta de ses deniers et en fit don à la ville. Une promenade publique a été dessinée depuis dans l’enceinte des ruines, dont une partie est occupée par un jardin particulier.

L’église de la Trinité, ancienne abbatiale, reconstruite du XVe au XVIe siècle, offre dans sa façade un remarquable spécimen du style ogival fleuri. La première pierre en fut posée par Marie de Luxembourg, et les travaux en furent exécutés sous la direction du Père de Jarnay, religieux de la Trinité. Un fronton aigu, entièrement découpé, surmonte le portail ; des clochetons à jour, reliés par une élégante balustrade qui fait le tour de l’édifice à la naissance du toit, flanquent le pignon à droite et à gauche. Deux étages d’arcs-boutants, découpés en dentelle, soutiennent de toutes parts les murs de la nef en s’appuyant eux-mêmes sur d’élégants contre-forts, ornés d’arcatures et de clochetons. L’église est surmontée, au point de rencontre de la nef et du chœur, d’une tourelle carrée supportant une petite flèche élancée. La tour véritable, haute de 80 mètres, s’élève à quelques mètres en avant et à droite de la façade. C’est, d’après M. Viollet-le-Duc, « une des plus belles constructions du XIIe siècle. Elle n’est surpassée que par celle du clocher vieux de la cathédrale de Chartres. Elle se compose de trois étages carrés et d’un étage octogonal flanqué aux angles de quatre clochetons ajourés, à toits coniques. De ce dernier étage s’élance une flèche en pierre, qui avait primitivement 30 mètres de hauteur. » Des arêtes fleuronnées, très-saillantes, séparent les diverses faces de la pyramide, et cette décoration se reproduit au milieu de chaque face sur les deux tiers environ de sa hauteur. En 1848, la foudre frappa le clocher et en abattit environ 10 mètres ; ce couronnement a depuis été rétabli. L’intérieur de l’église se compose de trois nefs (style du XVe au XVIe siècle), d’un transsept, d’un chœur aussi élevé que le vaisseau principal et de cinq chapelles absidiales. La nef principale se fait remarquer par sa légèreté, la hardiesse de sa voûte et son triforium. Le chœur et les chapelles absidiales ont conservé d’admirables vitraux du XVe siècle. Enfin, mentionnons qu’en 1839 les belles stalles du chœur, enlevées pendant la Révolution, ont été restituées à la Trinité.

Quant aux bâtiments de l’abbaye, ils sont aujourd’hui transformés en caserne de cavalerie. La salle du chapitre, ornée de gracieuses colonnettes et de quelques restes de peintures à fresque, en est lapartie la mieux conservée.

Hôtel de ville. Il occupe l’emplacement de l’ancien hôpital Saint-Jacques, dont il a conservé la chapelle, reconstruite en 1452 dans le style fleuri. C’est un imposant édifice de la fin du moyen âge. Sa façade se compose de deux grosses demi-tours rondes, réunies par un pavillon central. « À la naissance du toit, dit M. Joanne, règne une belle couronne de mâchicoulis et de créneaux, décorée au XVIe siècle de médaillons et d’écussons fleurdelisés. À la base du pavillon central s’ouvre une voûte en plein cintre, pour le passage de la route de Blois. Le premier étage n’était autrefois percé que de trois ou quatre baies en croix ; d’autres fenêtres y ont été ouvertes récemment, lors d’une restauration intérieure et extérieure de l’hôtel de ville. » L’édifice souffrit beaucoup pendant le siège dirigé par Henri IV, et on y voyait récemment encore les traces des balles et des boulets.

L’hôtel du gouverneur est une maison de la Renaissance avec tourelle carrée. Elle doit son nom au gouverneur Maillé-Benchart, exécuté à la suite du siège, et dont elle était l’habitation.

Enfin, citons encore : l’église de la Madeleine, surmontée d’une tour carrée et d’une flèche pyramidale, construite en 1474 grâce aux souscriptions volontaires des habitants et aux libéralités du duc ; la tour Saint-Martin, dernier reste de l’église du même nom, terminée par un étage octogonal et un campanile ; les ruines (XIe siècle) de l’église de Saint-Bienheuri et l’hôtel du Saillant.

À l’époque de la conquête de César, Vendôme (Vindocinum) n’était qu’une forteresse qui protégeait la frontière du territoire des Carnutes du côté des cités limitrophes du Mans et de Tours. Un bourg devait néanmoins s’abriter à l’ombre du fort. Saint Martin fut le premier qui y apporta l’Évangile, auquel, comme on sait, l’ouest de la France, siège principal des druides, fut longtemps rebelle (IVesiècle). Un siècle plus tard, le christianisme y était définitivement établi, et la première église de Vendôme, dédiée à son apôtre, l’illustre évêque de Tours, commençait à s’élever. En 507, Clovis traversa Vendôme en allant conquérir le royaume des Wisigoths. Le domaine, qui dépendait alors de la cité de Chartres, échut plus tard à Childebert, puis passa à Sigebert à la suite d’un nouveau partage. Vendôme n’a cessé de dépendre de Chartres, du moins dans l’ordre ecclésiastique, qu’en 1697, date de la création de l’évêché de Blois. Vendôme fut de bonne heure le siège d’un comté, dont on trouve mention pour la première fois dans une charte de Louis le Débonnaire. Le premier comte connu fut Bouchard, dit Rata-Pilata (chauve-souris), puis vint son fils, surnommé le Vénérable, ami et compagnon de Hugues Capet, qui lui fit épouser Élisabeth, veuve d’Aimon, comte de Corbeil. Bouchard II fut plus tard nommé comte de Paris, et son fils Renaud chancelier de France et évêque de la même ville. Tous deux moururent à peu de distance l’un de l’autre, et la famille s’éteignit avec le second. Le comté passa alors à une héritière indirecte, Adèle de Vendôme, fille du comte d’Anjou, Foulques Néra, et de la sœur de Renaud de Vendôme. Dépossédée de son domaine par un de ses enfants, elle appela Geoffroy Martel, son frère, à son aide ; Geoffroy accourut, mit l’armée du rebelle en déroute et entra dans Vendôme (1033). Le vainqueur, maître du Vendômois, s’en fit alors donner l’investiture par Henri Ier et signala son gouvernement par d’importantes fondations religieuses. En 1050, il rendit à son neveu Foulques le comté de Vendôme, qui resta depuis dans la famille des Bouchard sous la suzeraineté des comtes d’Anjou. Ce comté, à la suite de l’extinction de diverses races, se trouvait, au XIIe siècle, dans la maison de Preuilly, et, au XIIIe, dans celle des seigneurs de Montoire. En 1129, par le mariage de Geoffroy Plantagenet avec Mathilde, fille de Henri Ier il devint pays anglais, comme toutes nos provinces de l’ouest. En 1161, Thibaut, comte de Blois, vint mettre le siège devant Vendôme ; mais la courageuse défense du comte Jean Ier l’obligea à se retirer. Peu de temps après, le Vendômois, province frontière des rois anglais, dut à cette position exceptionnelle le triste honneur d’être fréquemment le théâtre de sanglants démêlés entre Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion. Le premier s’empara de la ville en 1188, mais elle retourna deux ans après sous l’obéissance de l’Angleterre. En 1194, une nouvelle attaque de Philippe-Auguste échoua, grâce à la prompte arrivée de Richard au secours des assiégés. Le roi de France perdit dans sa retraite un grand nombre d’hommes et presque tous ses bagages. La confiscation des domaines de Jean sans Peur, en faisant passer le comté d’Anjou dans les mains de Philippe-Auguste, rattacha enfin le Vendômois à la monarchie française, dont il ne fut plus séparé. En 1227, Blanche de Castille, régente du royaume, y conduisit Louis IX comme dans un asile sûr, et Vendôme lui ouvrit ses portes. Le parlement y fut convoqué, et c’est là que furent définitivement dissoutes les ligues, menaçantes au début, des grands vassaux. La guerre de Cent ans ne tarda pas à avoir à Vendôme un contre-coup funeste. En 1357, Louis, fils du roi Jean, comte d’Anjou, et, en cette qualité, suzerain du comté de Vendôme, fit élever autour de la ville, pour la protéger contre les bandes anglaises, les remparts dont on voit encore les débris. Les Anglais ne s’emparèrent pas moins de la place cinq ans plus tard (1562) et y restèrent jusqu’à l’Ascension, vexant les habitants et ruinant la ville. Ces événements n’empêchaient point les comtes de Vendôme de s’élever à un grand degré de puissance ; ils avaient pris part à la croisade des albigeois, en avaient rapporté, comme dépouille, la possession du comté de Castres et s’étaient alliés aux plus grandes familles de l’époque (d’Epernon, de Ponthieu, de Quillebœuf), agrandissant ainsi sans cesse leurs domaines quand, en 1364, le mariage de Bouchard VII avec Isabelle de Bourbon, comtesse de La Marche, rattacha pour toujours les Bourbons au Vendômois. Le dernier des Bouchard mourut en 1372, et Jean de Bourbon prit dès lors le titre de comte de Vendôme, du chef de sa femme, Catherine, sœur de Bouchard VII. Plus tard, la branche de Bourbon-Vendôme survécut seule à tous les autres rameaux de cette illustre famille, et le château de Vendôme devint le berceau de la race royale qui monta sur le trône avec Henri IV. Louis de Bourbon, comte de Vendôme, pendant les troubles du règne de Charles VI, suivit constamment le parti des ducs d’Orléans. En 1416, Isabeau de Bavière, chassée de Paris, vint se réfugier à Vendôme, alors privé de son comte, prisonnier des Anglais depuis la bataille d’Azincourt (1415). Louis de Bourbon ne revit la France qu’en 1429, après être parvenu à s’échapper de la Tour de Londres, où il était demeuré prisonnier près de quatorze ans. Son fils continua la tradition de fidélité de sa famille à la couronne de France, et ce fut sans doute cette certitude qui détermina,