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journalisme. Il fonda, en 1840, la Sylphide, journal de modes ; puis il afferma le feuilleton de modes de la Presse, qu’il rédigea sous le nom de Louise de Snini-Loiip, que portait sa grand’mère. Jean-Buptiste Cartier de Villemessant, ainsi qu’il se faisait appeler alors, ne réussit point dans ses entreprises. Le 27 mai 1844, le tribunal de commerce de la Seine le déclara de nouveau en état de faillite. Toutefois, il ne se découragea point et continua à courir après la fortune. À cette époque, il se lia avec divers membres du parti légitimiste, dont, à diverses reprises depuis lors, il s’est proclamé un des plus fervents champions. Après la révolution de 1848, M. de Villemessant se fit journaliste satirique. Il fonda successivement le Lampiou, qui disparut k la suite d’une condamnation ; la Bouche de fer et la Chronique de Paru (1er janvier 1850). Dans ces feuilles, il fit une guerre acharnée h la République et aux républicains, se servant de toutes les armes, surtout de la calomnie. Armand Marrast, notamment, fut la victime de ses inventions les plus saugrenues et les plus odieusement cruelles. La Chronique, feuille légitimiste, fut supprimée quelques mois après le coup d’État, en juin 1852. L’Empire, avec son écrasant despotisme, avait imposé silence aux journaux politiques qu’il avait épargnés et qui moutruient quelque velléité d’indépendance. L’esprit public, faute d’élément

viril, était tombé dans une énervante apathie, qui devuit amener cet abaissement des caractères et des esprits dont le second Empire a donné le honteux spectacle. Ce fut alors que M. de Villemessant eut l’idée de créer un journal à la hauteur de l’esprit public. Au mois d’avril 1854, il ressuscita lo Fiyaro. Sous sa direction, ce journal dit littéraire devint, dit un écrivain, i le grand nouvelliste officiel des scandales parisiens, écoutant aux portes, surprenant les secrets, chuchotant les indiscrétions, racontant le demi-monde aux gens du monde, donnant à la plus petite intrigue de coulisse l’importance d’un événement politique et épuisant ainsi, en misérables niaiseries, tout effort sérieux de pensée. » Le gouvernement fut

charmé de trouver dans ce journal un dérivatif, empêchant la France de s’ennuyer, servant d’instrument de règne, et où l’on trouvait de quotidiennes insultes aux idées et aux hommes restés debout devant le eésarisine. M. de Villemessant, trouvant dans le pouvoir un secret appui, alla de l’avant avec sa fougue habituelle. Cumme il possédait, selon 1 expression de M. Taxile Delord, toutes les qualités nécessaires pour ce nouveau genre de journalisme, • l’audace, l’expérience, le frotiémeut de la vie de Paris et pas de scrupule, » il obtint un succès complet. Nul mieux que lui ne sut, dans un journal à la fois léjjer et gouailleur, futile et violent, flatter les vices du public, l’amuser par de simples commérages au début, puis mêler peu à peu à la p.queue des premiers temps quelques gouttes de vinaigre et de. fiel, et corser chaque jour davantage sa boisson, à mesure que le palais de ses clients s’emoussait. Ne reculant devant aucun scandale, le Figaro fut fréquemment poursuivi eu diffamation et « menace de périr étouffé entre deux procès -, mais «souple, insinuant, dit M. T. Delord, sachant s’humilier à propos, frappant à toutes les portes, profitant de toutes les occasions, il parvenait à se sauver ; le Figaro, sur le point d’être supprimé, parvint à se glisser aux Tuileries et à déposer dans le berceau du prince impérial une demande en grâce qui lui fut accordée. » À la suite du duel d’un de ses principaux rédacteurs, M. Henri de Pêne, avec un officier (isô8), M. de Villemessaut quitta momentanément le Fiyaro, dont il laissa la direction à son gendre, M. Jouvin, et à M. Villemot ; mais, peu de temps après, il rovenait au journal dont il était l’âme et où il savait s’entourer d’un personnel, fréquemment renouvelé, do jeunes écrivains, qui trouvaient en lui un professeur émérite de persitlage et de blague. À ce métier, M. de Villemessant gagna beaucoup d’argent, car le tirage du Figaro, d’abord hebdomadaire, puis bihebdomadaire, augmentait sans cesse ; mais eu même temps il s’attirait plus d’une méchante alï’aire. Il fut l’objet de nombreuses provocations, eut des duels avec MM. Vieyra, de Martonis, Gustave Naquet et fut l’objet d’une violente agression de la part du député Henri Didier qui, a la suite d’un article du Figaro, frappa M. de Villemessant chez lui, k coups de canne plombée (mars 1863). Au mois de janvier de cette înéuie année, il revendiqua le nom de sa mère dans une action judiciaire qui fit grand bruit. Tout en continuant à diriger le Fiyaro, il fonda diverses autres publications qu’il lança avec son habileté ordinaire : le Figura-programme ; la Gazette de Paris ; lu Gazette rose ; le Grand Journal, qui devint peu après lePurisAiagasine ; l’Autographe, recueil de fac-similé ; la Gazette des abonnés, donnée gratuitement aux abonnés du Figaro ; l’Evénement, journal littéraire quotidien a 10 centimes (novembre 1865). Ce journal ayant été supprimé en 1866 pour avoir discuté le droit des pauvres, M. de Villemessant le remplaça par leFigaro, devenu quotidien. À cette époque, l’esprit public tournait décidément à une opposition accentuée contre l’Empire. Toujours prompt à. flairer le vent, M. de Villemessant laissa ses

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rédacteurs, notamment Henri Rochefort, commencer une guerre d’épigrammes contre des hommes et des choses que, jusqu’alors, on méprisait tout bas. Entraîné dans cette voie, M. de Villemessant dut transformer, en octobre 1867, le Figaro en journal politique ; toutefois, i ! fit paraître un Petit Figaro littéraire, qui se tint à l’écart de la’politique et continua la tradition de l’ancien. Le Figaro politique de M. de Villemessant eut un succès énorme ; mais la gouvernement s’émut de son caractère de plus en plus agressif, qui attira au journal de nouveaux procès. Par ordre, M. de Villemessant dut éloigner de sa rédaction Henri Rochefort. M. Jules Richard, dont les attaches gouvernementales n’étaient point alors connues, fut chargé de la rédaction politique. Un rapport sur la presse, publié dans la collection des Papiers trouvés aux Tuileries, apprit plus tard qu’un accord avait été conclu entre le gouvernement et le Figaro, • en donnant satisfaction à quelques intérêts ou à quelques besoins personnels, i — « Cet accord, dont le ministre lui-même a suivi et dirigé toutes les phases, dit le rapport, promet de donner des résultats utiles. Il a été, comme le sait Son Excellence, une des préoccupations importantes du service, et 1 attitude des écrivains qui rédigent ce journal est telle qu’il étaità peine permis de l’espérer. » M. de Villemessant, tout en fondant, en octobre 1868, le Diable à quatre, pamphlet hebdomadaire dont il rédigea quelques numéros, laissa M. Jules Richard donner au Figaro une couleur de plus en plus agréable au gouvernement, soutenir la politique de M, Emile Ollivier et diffamer M. Thiers lorsque cet homme d’État protesta contre la guerre de Prusse. La guerre et les événements qui suivirent, en modifiant l’esprit public, en faisant renaître le goût des discussions viriles, ne permirent plus k M. de Villemessant et à son journal déjouer qu’un rôle heureusement très-secondaire. Il fit de sa feuille une feuille réactionnaire soi-disant conservatrice, dévote et légitimiste à la première page ; folâtre, badine et cancanière dans les deux autres. Il recommença sa guerre de calomnies contre les républicains, alla préseuter ses hommages au comte de Chambord et lui offrit le trône de France. Entre temps, pour attirer sur son journal l’attention publique, il publiait quelques numéros excentriques, comme cela lui était fréquemment arrivé sous l’Empire. En 1872, il annonça qu’il venait de vendre son journal aux radicaux pour un prix considérable. On le crut, et M. de Villemessant, tout fier de ce beau tour, ne remarqua même pas que le succès de la surprise venait de ce que tout Paris l’avait cru parfaitement capable de conclure ce marché. Le 2 avril 1872, il fut condamné à un mois de prison et 3,000 francs d’amende comme ayant fait outrager dans son journal le général Trochu par M. Vitu, bonapartiste. Après l’élection Bai’odut, il annonça qu’il quittait à jamais la journalisme et qu’il mettait en vente sa part de propriété du Figaro (avril 1873). Il va sans dire qu’il n’en lit rien. Après la chute de M. Tliiers, il s’enfonça de plus en plus dans la réaction et fit une campagne eu faveur de la restauration monarchique. Trouvant que les choses traînaient en longueur, il partit en octobre 1873 pour Vienne, ne doutant point qu’une démarche de lui auprèsdu comte de Chambord n’eût pour effet immédiat de précipiter l’arrivée de son prince sur le trône de ses pères. Mais il arriva au moment où le comte de Chambord venait d’écrire la lettre qui le rendait définitivement impossible. «Vous devez comprendre, écrivit-il à son cher Eyma, si je suis atterré ; mais n’oublions pas que le Figaro est non-seulement royaliste, mais conservateur.» Pour montrer combien il était conservateur, il se tourna vers la dictature. Deux articles dans lesquels son journal préconisait un coup d’État et poussait le maréchal Mac-Mahon à en faire un provoquèrent une vive indignation dans une partie de l’Assemblée nationale, et par ordre du ministère le gouverneur de Paris suspendit le Figaro pour quinze jours (Il juillet 1874). Depuis lors, M. de Villemessant a traversé, selon son »ixpression, ■ un moment douloureux pour les nouvellistes, à Accusé par M. Veuillot d’être tiède a l’endroit du comte de Chambord, il protesta de son dévouement inaltérable envers le dernier représentant du droit divin, mais s’attira, en avril 1875, delà part du journal monarchique l’Union, cette vive réplique : • Le royalisme de M. de Villemessant est une grosse caisse dont le vide a fait parfois la sonorité ; mais elle est trouée, et les vieilles baguettes du Figaro ne savent plus battre les airs de sa jeunesse. Nous n’essayerons pas de faire croire que M. de Villemessant n est pas roya

  • j liste ; nous le défions de faire croire qu’il lest

encore. ! En mai 1875, M. de Villemessant a obtenu de la cour de Paris un arrêt constatant qu’il a désintéressé ses anciens créanciers, et qui le réhabilite des faillites faites par lui en 1835 et en 1844. M. de Villemessant n’est ni un lettré ni un écrivain de race ; mais il a de la verve et un certain esprit gouailleur qui fait de lui le Gaudissart du journalisme. Indépendamment d’un grand nombre

d’articles publiés soit sous son nom, soit sous divers pseudonymes, Jean, Jeun-Jean, etc., il a publié "les Cancans, petit album de la Chronique de Paris ; M. le comte de Cham-

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bord et la France à Wiesbaden (1850, in-S*) et Mémoires d’un journaliste, dont il a commencé la publication dans l’Événement et qui ont parudepuis en volumes (1867-1874,4 vol.).


VILLEMIN (Eugène), littérateur et médecin français, né vers 1812. Après avoir étudié la médecine à la Faculté de Paris, où il fut reçu docteur en 1839, il se livra à son penchant pour la poésie et la botanique. Il a publié : Dies iras, traduit en vers français avec le texte en regard (Beauvais, 1836 : i n-S°) ; le Liseron des champs [convolvulus arvensis)Orléans, 1839, in-8<>] ; Herbier poétique, avec des notes, sous le pseudonyme "d’Auguste de Sniiit-Hilaire (1843 ; in-12) ; le Cicérone du Jardin des plantes (1844) ; Alphabet du jeune âge, avec maximes (1844, in-plano) ; Sophocle à l’Odéon, pièce en vers à l’occasion de l’Aittigone, traduite par MM. Paul Meurice et’ Vacquérie (1844, in-8°) ; le Chevrier des Ardennes, drame en trois actes et en vers (1849, in-18) ; le Siècle d’Auguste, poème tragique (1853, ia-8°) ; des saynètes et des intermèdes : la Juive de Sébastopol, les Tourterelles, les Robes font peur, le Binocle de madame, le Pied de mur, Ne tentez pas le diable, le Quart d’heure de Ninon, Colibri, Durosel, les Chercheurs d’or, Gymnase dramatique des salons (1856, in-18). Il remporta cette même année le second des pris de poésie proposés par la Société des gens de lettres.

VILLIiftiOMBLE, village et commune de France (Seine), cant. de Vincennes, arrond. et à 25 kilom. N.-E. de Sceaux, à 13 kilom. E. de Paris, k l’extrémité S. de la forêt de Bondy, sur un petit affluent de la Marne ; 860 hab. Nombreuses villas ; belles promenades.

VILLEMOT (Philippe), astronome français, né k Chalon-sur-Saône en 1651, mort en 1713. Il était curé de la Guillotière, k Lyon, et, tout en remplissant avec zèle les fonctions du ministère sacré, il s’adonna avec ardeur aux études astronomiques et scientifiques. Son ouvrage intitulé : Nouveau système ou iVouvelle explication du mouvement des planètes (1707), mérita les éloges de la plupart des savants de son temps, de Fontenelle entre autres, et fut traduit en latin par Falconet. Villemot avait une telle passion pour les mathématiques que. lorsqu’il voulait exprimer

« l’admiration que lui causait la lecture d’un beau morceau de prose ou de poésie, il ne trouvait pas de formule plus expressive que celle-ci : > C’est beau comme une équation. »

VILLEMOT (Henri), auteur dramatique, né k Lyon vers 179Q, mort en 1870.11 débuta en 1823 par deux petits vaudevilles, le Vendredi d’un usurier et les Hussards dans l’élude, qui furent bien accueillis. Il a fourni des pièces k presque toutes les scènes du boulevard : à la Porte-Saint-Martin, en 1825(le Flâneur, vaudeville, avec Mouriez-Valory ; k la Gaîte,

. en 1825, le Chemin creux, mélodrame en trois actes, avec Saint-Aime. Cette pièce, restée longtemps au répertoire, a été reprise avec succès k l’ancien Théâtre-Historique au mois de décembre 1863 ; en 1827, l’Amour et tes poules, comédie en un acte, avec Jouslin do Lasalle ; en 1829, la Partie d’ânes, vaudeville, avec Nézel ; k l’Ambigu-Comique, en 1825, les Ruines de Grauca, mélodrame en

L trois actes, avec Jutes Dulong ; le Remplaçant, mélodrame en trois actes, avec Benjamin Antier ; Bisson, mélodrame en deux actes et en cinq parties, avec le même ; en 1830, les Deux soufflets, comédie en un acte, avec Saint-Amand ; eu &’il ; Alingrut, mélodrame en quatre actçs, avec Ferdinand Luloue ; au Cirque-Olympique, en 1824, le Plâtrier ou la Double accusation, mélodrame en deux actes, avec Saint-Amand ; la Prise de Tarifa, mélodrame, avec Mouriez-Vulory ; en 1827, lo Garde et le bûcheron, mélodrame en deux actes, avec Saint-Amand ; en 1829, la Vieille des Vosges, mélodrame en deux actes, avec le même ; en 1830, Youli ou les Souliotes, mélodrame en deux actes, avec Frauconi ; la Prise de la Bastille, gloire populaire, et le Passage du mont Saint-Bernard, gloire militaire, pièce en deux époques, avec Ferdinand Laloue ; en 1831, les Lions de Mysore, pièce en trois actes, avec Nézel.

VILLEMOT (Auguste), journaliste français, né à Versailles en 1811, mort à Paris eu 1870. Il fit ses études au collège Rollin, devint, à vingt-quatre ans, secrétaire général au théâtre de la Porte-Saint-Martiu, puis obtint un emploi dans un ministère. Celui qu’on devait surnommer le Prince do» chroniqueurs débuta en 1847 dans un journal de Turin, le Risorgimento, qui appartenait à M. de Cavour, et lui adressa une correspondance qui fût très-goûtée. Au début de l’Empire, .il obtint au Sénat un emploi qu’il conserva peu de temps. En 1852, Villemot fut chargé de faire, dans ïEmancipation belge, une chronique hebdomadaire. Mêlé k toute sorte de inonde, ayant beaucoup vu, beaucoup retenu, il connaissait sur ton te s les personnes en vue une foule d’anecdotes piquantes qui donnaient k ses chroniques un vif intérêt. En 1855, M. de Villemessant, frappé de son mérite, l’enrégimenta au Fiyaro. Son talent d’observateur, si fin et si souple, sa bonhomie Spirituelle et mordante, son tour d’esprit si original attirèrent aussitôt sur lui l’attention du public, et ses chroniques, dont le succès fut très-vif, contribuèrent beaucoup à la vogue

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du journal de M. de Villemessant. En 1856, il succéda k Jules Lecomte comme chroniqueur de l’Indépendance belge. Là, il voulut donner à ses narrations une tournure plus sérieuse, plus compassée et faillit devenir ennuyeux. Lorsque, à la suite du duel de M. de Pêne, M. de Villemessant eut l’idée de quitter le Figaro, Villemot en devint le rédacteur en chef concurremment avec M. Jouvin ; mais ils manquaient l’un et l’autre de cette activité, de cette audace, de ce goût de nouveauté constante qui avaient assuré jusquelit le succès de cette feuille, et M. de Villemessant en reprit bientôt la direction. Villemot continua néanmoins k écrire dans le Figaro, devenu quotidien, puis politique, et y donna des articles sous le titre de Tablettes d’un bourgeois de Paris et de Politique d’un bourgeois de Paris. Celui que Henri Rochefort uppelait « notre maître à tous ■ se vit quelque peu, éclipsé dans les dernières armées de l’Empire par les articles si vigoureux et si mordants 3e son élève. Il continua d’un ton bonhomme, toujours modéré et avec sa tournure d’esprit voltairien, k railler les travers de son temps, soit dans le Figaro, soit dans le Temps, où sa revue hebdomadaire, intitulée la Comédie contemporaine, fut un des attraits du journal. Ce fut Ta qu’il publia contre M. Veuillot, qu’il qualifiait de « farceur, • un de ses articles les plus remarquables, un petit chef-d’œuvre de bon sens et de spirituelle raillerie. Au moment où Paris venait d’être investi par les armées allemandes, Villemot fut emporté par une attaque d’apoplexie (20 septembre 1870). Il a publié en volumes : la Vie à Paris, chroniques du Figaro, précédées d’une étude sur l’esprit en France à notre époque par P.-J. Sthal (Paris, 1858, 2 vol. in-iî) ; le Favori de la favorite (1860, in-12), comédie en deux actes et en prose, en collaboration avec Siraudin,

VILLEMUH, bourg de France (Haute-Garonne), cli.-l. de cant., arrond. et à 33 kilom. N. de Toulouse, sur la rive droite du Tarn ; pop. aggl., 2,395 hab.— pop.tôt, 4,510 hab. Fabrication de chandelles ; effilochage de laine ; blanchisserie de cire ; minoterie ; fonderie et fabrication de fers ouvrés.

V1LLENA, ville d’Espagne, province et à’ 40 kilom. N, -0. d’Alicaute, en.-l. de juridiction civile ; 10,000 hab. Fabrication importante de savon, eaux-de-vie, toiles. Exploitation de sel. Cette ville, qui s’élève, dit-on, sur l’emplacement de la Turbulades Romains, fut érigée en marquisat en 1445, en faveur de don Juan Pacheco.

VlLLUNA(DoiN Enrique d’Aragon, marquis Du), poëteet érudit espagnol, un des premiers fondateurs de la poésie castillane, né en 1384, mort en 1434. Quoique consacrée presque exclusivement k l’étude et k la poésie, sa vie

fut très-agitég ; de son vivant, il eut plutôt le renom de sorcier que celui de savant. Cependant il jouit ne la faveur royale pendant la plus grande partie de sa vie et contribua beaucoup, pour sa part, avec le marquis de Santillane, à illustrer le règne de Ju»n II, l’un des plus longs et des plus remarquables de l’Espagne. Oncle du roi de Castille Henri III, il descendait en ligue droite de don Jaiine d’Aragon ; son père, don Pedro, s’étant marié avec dofta Juana, fille naturelle de Henri II, et depuis reine de Portugal, il appartenait k la souche royale d’Aragon par sou père et à celle de Castille par sa mère. Son aïeul, don Alouso, porta le premier le titre de marquis do ViHena ; son père se vit confisquer ce marquisat par Henri III qui, en échange, donna au fils la seigneurie de Cangas-y-Tineo, litre sous lequel les historiens

contemporains le désignent le plus souvent. Ksprit fin et cultivé, entaché seulement des erreurs de son temps, il s’adonna avec ardeur aux lettres et aux sciences.

Comme poÊte et comme écrivain, il appartient k une époque de transition ; il est k la fois Castillan et Provençal. C’est notre littérature méridionale, dans laquelle il était profondément versé, qu’il essaye de transplanter en Espagne, en y fondant, sous l’impulsion protectrice de Juan II, des Académies do gaie science. Ou donnait le nom de sciences k toutes les branches du savoir humain, même à la poésie, qui se trouvait être la gaie science. Cependant, outre les lettres, c’est-à-dire les langues, il apprit l’histoire, les sciences naturelles, l’astronomie, les mathématiques, la physique, l’alchimie et l’astrologie, matières inséparables de toute bonne instruction au moyen âge. Doué d’une mémoire prodigieuse et d’un goût assez rare pour son temps, le goût des livres, il réunit, à force de soins, une bibliothèque considérable, bibliothèque de savant et de poste, où les œuvres charmantes des trouvères coudoyaient les rêveries sur la pierre philosophale. La diversité de ses travaux atteste ses aptitudes multiples. On y rencontre des traités de poétique et d’art, des traductions, des poésies, un essai da composition dramatique. Juan H le chargea’ de la direction de l’Académie de Castille, Académie de gai savoir fondée par lui sur le modèle des fameuses cours de Barcelone. C’est k cette occasion que Villena écrivit sa poétique, Livre de gaie science ou Art de trouver (1430), pour ranimer en Castille les muses un peu délaissées. Pareil essai de poétiquejivait déjit été tenté, cinquante ans auparavant, par le trouvère Moiinier, On lut doit de plus un poëmo des Travaux

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