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procédés surannés de la vieille école. A. de Vigny porta ses préférences de ce côté ; il traduisit en vers YOthello de Shakspeare, et la première représentation de ce drame précéda de quelques mois, au Théâtre-Français, celle daernani. Vinrent ensuite, à l’Odéon, la Maréchale d’Ancre, drame historique ; puis une petite comédie, Quitte pour la peur ; une nouvelle traduction de Shakspeare, le Marchand de Venise, et enfin Chatterton. Le caractère de l’auteur se révèle tout entier Jatis cette dernière œuvre, datée de 1835. Chatterton, c’est le poëte impuissant à plier son génie aux exigences de la vie matérielle, à faire de sa plume un gagne-pain ; c’est le talent pauvre et lier voué aux exigences dela richesse ignorante. Ce drame, écrit en vingt jours, obtint un succès incontesté ; mais depuis longtemps l’auteur était désillusionné. Indifférent aux jugements de la presse et à ceux du public, peu sensible aux louanges et dédaigneux des critiques, il avait écrit, dès 1829, dans ses notes intimes : • Tout Français, ou à peu près, naît vaudevilliste et ne conçoit pas plus haut que le vaudeville. Écrire pour un tel public, quelle dérision I quelle pitié ! quel métier 1 Les Français n’aiment ni la lecture, ni la musique, ni la poésie ; mais la société, les salons, l’esprit, la prose, »

En même temps qu’il perdait tout enthousiasme littéraire, s’en allaient aussi ses convictions politiques. Il avait assisté aux journées de Juillet avec une indifférence apparente, mats ses sympathies intérieures étaient plus favorables peut-être à la cause de la liberté qu’à celle des Bourbons. On trouve à la date du 27 juillet, dans se3 notes intimes, ces quelques lignes significatives : ■ Charles X est à Compiègne. Il a dit : à Mon frère a tout cédé, il est tombé ; je résisterai et ne « tomberai pas. » Il se trompe. Louis XVI est tombé à gauche et Charles X à droite. C’est toute la différence. « Alfred de Vigny écrivait encore le il août de la même année : > La garde royale a fait noblement son devoir, mais à contre-cœur. Tant qu’une armée existera, l’obéissance passive doit être honorée, mais c’est une déplorable chose qu’une année. •

Cette disposition de l’esprit, cette indifférence sceptique sont peu favorables a la production littéraire. Elles sont encore plusmar-3uées dans Stella ou les Diables bleus(1832) et ans Servitude et grandeur militaires (1835), deux ouvrages où l’auteur met en parallèle, dans l’un la situation du poste et dans l’autre celle de l’horame de guerre, avec la société moderne. Ces études provoquèrent de nombreuses critiques. C’est du premier de ces livres qu’A, de Vigny détacha le drame de Chatterton. Le retentissement de cette œuvre, où la société est accusée de la mort du poète, fut si grand qu’il se rencontra deux députés, MM. Fulchiron et Charlemagne, qui protestèrent en pleine Chambre contre ce qu’ils appelaient « un drame indigne et pervers ; » mais l’intérêt excité pur le héros, le charme et l’élégance du style, le talent de Mm° Dorval triomphèrent de toutes ces attaques ridicules de bourgeois satisfaits et peureux. Stella, Chatterton, Servitude et grandeur sont les fruits d’un esprit découragé, d’une imagination que domine, d’une façon maladive, la mélancolie. Bien des pages, quoique écrites avec une exquise finesse, s’inspirent d’une fausse philosophie. Mais si le poète ne sut pas chercher dans un idéal de justice un refuge contre le scepticisme, du moins ce scepticisme fut-il toujours digne et incompatible avec la bassesse et la servilité. Le 8 mai 1845, il entra à l’Académie française, en remplacement de M. Étienne. Depuis longtemps déjà, il n’affrontait plus la publicité qu’à intervalles fort éloignés. Eu 1841, la fille de Sedaiue, dans l’indigence, s’étant adressée à lui, il composa pour la Chambre des députés un opuscule sur la Propriété littéraire, raconta la vie de Sedaine, ses travaux, aborda la question générale et demanda pour les héritiers d’un auteur un droit sur chaque nouvelle édition de ses œuvres. En 1843, il essaya un retour à la poésie lyrique en publiant dans la Hevue des Deux-mondes des fragments de Poèmes philosophiques.’le Sauvage, la Mort du loup, la Flûte, etc., recueillis après sa mort comme une sorte de testament littéraire, sous le titre de Destinées, d’après la’ pièce qui ouvre le recueil. La note religieuse domine dans ces derniers chants du poëte solitaire et découragé. Le ton de cette lyre, contemporaine des Harmonies et des liecueillenienls poétiques, parut uniforme, triste et même lugubre.

Epris de solitude, Alfred de Vigny se réfugia de plus en plus dans le culte secret de lu poésie. On a trouvé dans ses papiers des plans de poèmes et de romans, auxquels il travaillait encore lorsque ; la mort l’enleva. C’étaient une suite à Èlou, un de ses plus beaux poèmes ; une seconde consultation du docteur Noir.’un des personnages de Stello ; un grand ouvrage sur les Français en Égypte, dont Bonaparte aurait été, le héros, et une comédie en vers. Lorsqu’il mourut, après toute une année de souffrances supportées avec un rare courage, il défendit qu’aucun discours fût prononce sur sa tombe. Cependant, comme il était officier de la Légion d’honneur, par une préoccupation singulière, il se souvint à ses derniers moments qu’avant d’être un poète exquis de ce temps, il avait

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été capitaine dans l’armée, et il insista pour que ce fût l’armée, et non la garde nationale, qui l’accompagnât à sa dernière demeure.

M. Louis Ratisbonne a publié dans la lievue moderne, sous ce -titre : Journal d’un poêle, les notes intimes ïuissées par son il-lustre ami. Ces notes forment une sorte d’autobiographié dans laquelle Alfred de Vigny

a résumé l’histoire de ses idées. « Alfred do Vigny, dit-il, me montrait quelquefois dans sa bibliothèque de nombreux petits cahiers cartonnés où il avait depuis longtemps jeté au jour le jour ses notes familières, ses mémentos, ses impressions courantes sur les hommes, sur les choses surtout, ses pensées sur la vie et sur l’art, la première idée de ses œuvres faites ou à faire. Et, quelques jours avant sa mort, il me dit : ■ Vous trouverez « peut-être quelque chose là. » J’y ai trouvé l’homme tout entier. » Le Journal d’un poëte, en effet, explique et fait aimer cet esprit élevé qui, s’il ne sut pas mettre d’énergiques convictions au service d’une grande cause, sut du moins rester au-dessus des ambitions mesquines. Il nous parait regrettable que M. Louis Ratisbonne ait cru devoir arrêter ces confidences à l’année 1847.

Les Œuvres d’Alfred de Vigny ont été réunies (1837-1839, 7 vol. in-S°). On peut reprocher à ce poète, à cet écrivain délicat la monotonie de son style et, en général, son peu d’émotion. Mais nul artiste n’a jamais été plus épris d’idéal. Il n’est pas dans notre temps de renommée plus pure, de vie plus digne et plus justement honorée. C’est une figure à part dans l’histoire littéraire, et, comme l’a fort judicieusement fait remarquer Jules Sandeau, à quelque point de vue qu’on le considère, il est impossible de n’être pas frappé de l’harmonie qui existe entre l’écrivain et son œuvre, < Cette harmonie se retrouvait jusque dans sa personne. On a pu dire de lui qu’il ressemblait à son talent ; il en était, pour ainsi dire, la fidèle et vivante image et, si j’avais à peindre la Muse qui l’inspirait, c’est sous les traits du poète lui-même, alors qu’il était jeune encore, que j’aimerais à la représenter... Dès ses premiers pas dans la vie des lettres, le comte de Vigny avait pris l’attitude discrète et voiléequ’il a toujours conservée depuis et qui ne s’est jamais démentie : quelque chose de virgilien, la pose d’un Raphaël attristé. • Sainte-Beuve a fixé d’un trait magistral la physionomie de ce Mélanchthon du romantisme, de ce poôle pudique qui redoutait l’éclat et le bruit ; pendant que Hugo, le baron féodal, combattuit sous 1 armure,

Vigny, pTus secret,

Comme en ça tour d’ivoire avant midi rentrait.


    1. VIGO, le Vicus Spacorum des Romains,

ville forte d’Espagne ## VIGO, le Vicus Spacorum des Romains, ville forte d’Espagne, province et à 30 kiloni. S. de Pontevedra, sur la baie de son nom formée par l’Atlantique, où elle a un bon port de commerce ; 13,000 hab. Tribunal et chambre de commerce ; lazaret, fabrication de chapeaux et de linge de table. Exportation de vins, huile, maïs, viandes salées, sardines ; importation de métaux, charbon, étoffes de soie, épiceries, — tissus de laine, quincaillerie. La ville s’étage aux flancs d’une colline dont le sommet, désigné sous le nom d’El Castro, est couronné par la citudelle. Ce nom de Castro rappelle très-probablement un ancien camp romain qui lui aura fait place. Cette citadelle est d’ailleurs en fort mauvais état, et ses murs crevassés et ses bastions branlants justifient peu le nom de fort imprenable (fuerte imprenable) que lui donnent les habitants. La ville conserve encore ses anciennes murailles, percées de six portes et défendues par les châteaux de San-Juliun et de San-Sebastian. Murailles et château ne sont guère en meilleur état que la citadelle ; mais la position excellente de Vigo, défendue d’un côté par la mer et, de l’autre,

fiar des montagnes, suffirait au besoin à une ongue résistance. Vigo possède une église assez remarquable, dans le style grec, décorée intérieurement d’un ordre dorique bien proportionné. Le mouvement annuel du port est d’environ 600 navires, jaugeant ensemble 35,000 tonneaux et représentant, pour l’importation, un chiffre d’affaires de 8,500,000 fr. L’exportation atteint la moitié de oa chiffre. La rade de Vigo, une des plus sûres du littoral, -en est en même temps la plus considérable. Elle n’embrasse pas moins, au delà de Vigo, de 30 kilomètres de profondeur, et laportion située entre les deux pointes de Randu et de Bestias est le meilleur refuge de la côte en ca* de tempête. Du temps des Romains, Vigo fut une des principales stations de l’empiré. Aujourd’hui, la sûreté de son port et l’excellence de sa rade lui conservent une certaine importance. En 1707, Vigo fut témoin d’un combat où une flotte anglo-hollandaise coula complètement une flotte espagnole dont les galions portaient des sommes énormes en or et en argent. Depuis lors, il a été fréquemment question des richesses enfouies dans la baie de Vigo, et, il y a quelques années, une société française se constitua dans le but de les retirer de la mer à l’aide de plongeurs ; mais les espérances des actionnaires de cette compagnie furent complètement déçues. On ne relira du fond de la baie, que deux vieux canons, couverts de coquillages et qui figurent aujourd’hui au musée d’artillerie de Paris.

VIGO, lac de la Russie d’Europe, dans la

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partie N.-O. du gouvernement d’Olonets, au N.-K. ; du lac Sego, avec lequel il communique, au N. du lac Onega. Il mesure 81 kilom. sur 27 ; la rivière du Vig le traverse du S.-E. au N.-O.

VIGO (Jean db), chirurgien italien, né à Rapallo, près de Gênes, en 1460, mort en 1519. Son père, chirurgien du marquis de Saluées, était un homme distingué dans son art. Jean de Vigo rendit des services à la ville de Saluées lors du siège qu’elle soutint en 1485 et 1486. Il alla se fixer ensuite à Savone, où il conquit la sympathie du cardinal Julien de La Rovère, qui, élevé à la papauté sous le nom de Jules II, le nomma son premier médecin et le combla d’honneurs et de richesses. On lui doit un ouvrage remarquable et souvent réédité : Practiea in arte chirurgiea copiosa continens novem libros (Rome, 1514, in-fol.).

VIGO (Jean-Bernardin), poetô italien, né en 1719, mort en 1808. Professeur de rhétorique à Mondovi (1742), puis à Turin, il obtint en 1778, à l’université de cette dernière ville-, une chaire d’éloquence italienne et grecque, puis d’éloquence latine. On a de lui plusieurs poèmes latins : De sindone laurinensi (Turin, 176s) ; Cortex peruvianus (Turin, 1773, in-S") ; Tubera terrs(lTH, in-8") ; Cannabie (1777, in-8°) ; Miscellauea (1786, in-8°) ; Murmora taurinensia (1792) ; Lanificium et lanificii curatia (1794) ; Charta ejusque conficiendm ratio (1796) ; jÊsthereis /iori//(1797).

V1GODARZERE, bourg du royaume d’Italie, province, district et mandement de Padoue ;

!,800 hab.

VIGOGNE s. f. (vi-go-gne ; gn mil. — espagn. vicuiia, mot emprunté au péruvien), Mamm. Mammifère ruminant, du genre lama, qui vit au Pérou : On fait de très-beaux gants, de très-beaux bas avec la laine de vigognb, (Buff.)

— Comm. Laine du même animal : Chapeau de VIGOGNE.

— s. m. Chapeau de laine de vigogne : Un beau vigogne.

— Encycl. La vigogne est à peu près de la taille d’un chevreuil ; elle a la tête de grosseur moyenne et dépourvue de cornes ; le museau s’unissant au front par une légère courbure ; les yeux noirs et très-fendus ; les oreilles dressées ;, le cou fort élevé ; les jambes très-longues et très-sveltes ; deux sabots terminés en crochet à chaque pied. Son pelage est formé de poils laineux très-fins et très-doux, longs de 011,03 sur le corps et de om,08 sur la poitrine ; sa couleur est d’un brun fauve pâle tirant vers la couleur Isabelle en dessus ; elle est blanche ou blanc jaunâtre sur les parties inférieures. Ces animaux vivent en troupes sur les montagnes les plus élevées et les plus froides des Cordillères ; ils sont sauvages et timides et se nourrissent de lichens et de mousses.

La vigogne ressemble beaucoup au lama ; mais elle est plus petite et moins sensible au froid ; aussi se tient-elle à des altitudes plus rapprochées de la limite des neiges et de3 glaces. Elle court irès-légèremont ; d’un naturel défiant, elle s’enfuit dès qu’elle aperçoit quelqu’un, et, si elle a des petits, elle les chasse devant elle. Comme elle ne multiplie pas beaucoup, l’espèce est devenue assez rare ; la chasse acharnée qu’on lui fait a surtout pour but de se procurer lu toison de l’animal, qui est fort recherchée. Voici, d’après V. de Bomare, comment on la pratique : ■ Quantité d’hommes s’assemblent pour battre les bois ; les chasseurs font un grand bruit, on fait fuir ces animaux, et ils s’engagent dans des passages étroits où l’on a tendu des cordes à 3 ou 4 pieds de hauteur, le long desquelles on laisse pendre des morceaux de linge, des chiffons d’étoffe ou des plumes de différentes couleurs ; ces animaux, arrivant k ce passage, sont.tellement intimidés par le mouvement de ces lambeaux agités par le vent qu’ils n’osent franchir cette faible barrière et qu’ils s’attroupent, demeurent en foute et deviennent la proie du chasseur, qui a la cruauté de massacrer la troupe entière, car rarement il se contente de les prendre vivants, avec un lacet de cuir ; mais si dans la troupe il se trouve quelques lamas sauvages (alpacas ou guanacosj, comme ceux-ci sont plus hauts de corps et moins timides que les vigognes, ils sautent par-dessus les.cordes, et, dès qu’ils en ont donné l’exempte, les vigognes sautent de même et échappent aux chasseurs ; néanmoins ces chasses produisent ordinairement de cinq cents à mille peaux de vigogne. Si les chasseurs entendaient mieux leurs intérêts, ils tondraient facilement les vigognes prises au lacet, les mettraient ensuite en liberté et se ménageraient ainsi une nouvelle toute l’année suivante. »

Les anciens souverains du Pérou, comprenant bien les avantages que leur procuraient ces ruminants, en avaient sévèrement défendu la chasse. Depuis, on a rendu des ordonnances pour empêcher ces boucheries,

dont le moindre défaut est d’être inutiles ; mais elles ont été mal observées et ont fini même par tomber en désuétude. On a essuyé aussi de domestiquer la vigogne ; mais elle s’apprivoise difficilement. Plus capricieuse et plus obstinée que le lama, d’ailleurs plus faible et ne pouvant porter d’aussi lourds fardeaux, elle a la mauvaise habitude, quand une fois elle s’est couchée avec sa i-lurge,

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de se laisser tuer plutôt que de se relever. Les Espagnols, voyant le parti qu’on tirait des vigognes, avaient cherche à les naturaliser en Europe, et ils en avaient plusieurs fois transporté en Espagne, où, loin de se multiplier, elles périrent toutes, sous l’influence d’un climat qui ne leur convenait pas.

« Cependant, dit Buffon, je suis persuadé que ces quadrupèdes, plus précieux encore que les lamas, pourraient réussir dans nos montagnes et’surtout dans les Pyrénées ; ceux qui les ont transportés en Espagne n’ont pas fuit attention qu’au Pérou même les vigognes abandonnées à la nature ne subsistent que dans la région froide, c’est-à-dire dans la partie la plus élevée des montagnes, où elles paissent en troupes : qu’on ne les trouve jamais dans les terres basses et qu’elles meurent dans les pays chauds ; qu’au contraire, elles sont aujourd’hui très-nombreuses dans les terres voisines du détroit de Magellan, où le froid est beaucoup plus grand que dans notre Europe méridionale, et que, par conséquent, il fallait, pour les conserver, les faire descendre du Tucumau par j Kio-de-la-Plata jusqu’à Bueiujs-Ayres, où un I bâtiment les aurait amenées en Europe et les I aurait débarquées, non pas en Espagne, mais en Écosse ou même en Norvège, et plus sûrement au pied des Pyrénées ou des Alpes, où elles eussent pu grimper et atteindre plus promptement la région qui leur convient, celle qui approche le plus de celle des Cordillères. Je n’insiste sur cela que parce que je m’imagine que ces animaux seraient une excellente acquisition pour l’Europe et produiraient plus de biens réels que tout le métal du nouveau monde. >

D’après Molina, la vigogne est un excellent gibier et sa chair est préférable à celle du veau ; néanmoins, elle est peu recherchée, sans doute parce qu’elle est inférieure en qualité à celles de l’alpaca et du lama. Les indigènes font également fort peu d’usage du lait de cet animal, qui n’en a que la quantiténécessaire pour nourrir ses petits. Le principal produit de la vigogne est sa toison, qui est très-fine et très-douce et passe pour la plus belle de toutes les laines ; au temps do Buffon, elle était recherchée et estimée à l’égal de la soie. À une époque antérieure, elle servait à fabriquer ces tissus très-fins dont se vétissaient les incas et les caciques, et qu’on nommait ponchos. « La toison des 111gognes, dit V. de Bomare, est de couleur de rose sèche, un peu claire, et cette couleur naturelle est si fixe, qu’elle ne s’altère pas sensiblement sous la main de l’ouvrier. On fait de très-beaux mouchoirs de cou, de très-beaux gants, des bas fort doux, très-chauds et d’autres ouvrages de bonneterie avec cette laine de vigogne ; l’on en fait d’excellentes couvertures et des tapis d’un très-grand prix ; l’on en fabrique le drap le plus lin, le plus chaud et le plus léger ; en un mot, le castor du Canada, la brebis des Kulmouks, la chèvre de Syrie ne fournissent pas un plus beau poil, et la laine de vigogne forme seule une branche dans le commerce des Indes espagnoles ; on distingue même dans le commerce trois sortes de laine de vigogne, la fine, la carneline ou bâtarde et le pelotage ; toutes trois néanmoins sont employées ; 011 en mêle aussi avec le poil de lapin et de lièvre pour faire des chapeaux ; on en fait aussi des cordes. >

La vigogne produit des bézoards d’une couleur vert sombre ; c’étaient les plus estimes dans l’ancienne médecine, et on recherchait surtout ceux qui provenaient d’animaux vivant à l’état libre dans les parties les plus élevées-des montagnes et paissant habituellement dans les neiges. Ceux des mâles tenaient le premier rang après les bézoards orientaux. On faisait moins de cas de ceux des vigognes domestiques, qui sont petits et noirs ; on trouve aussi des œgagropiles dans l’estomac de ce ruminant.

VIGOLZONE, bourg du royaume d’Italie, province et district de Plaisance, mandement de Ponte-dell’Oglio ; 2,900 hab.

VIGONA, bourg du royaume d’Italie, arrondit à 13 kilom. E.-S.-E.de Pignerol, dans une plaine, à la source de la Langiate, affluent du Pô ; 6,300 hab.

VIGONOVO, bourg du royaume d’Italie, province de Venise, district et mandement de Dolo ; 2,300 hab.

VIGONZA, bourg du royaume d’Italie, province et district de Padoue, mandement de la même ville ; 3,800 hab.

VIGOR (Simon), prélat et théologien français, né à Evreux dans les premières années du xvio siècle, mort en 1575. Admis, en 1540, duns la maison de Navarre, il devint peu après recteur de l’université et curé de Satni-Geiniain-le-Vieux, fut reçu eu 1545 docteur

eu Sorbonne et, nommé à la même époque pénitencier de l’église d’Evreux, suivit l’évêque de cette ville au concile de Trente. Appelé ensuite à la cure de Saint-Paul, à Paris, il se signala par son zèle à convertir les protestants et fut promu, en 1570, au siège archiépiscopal de Narbonne, qu’il occupa jusqu’à sa mort. On a de lui : Oraison funèbre d Elisabeth de France, reine d’Espagne (Paris, 1563, in-8°) ; Actes de la conférence tenue à Paris, es mois de juillet et août 1506, entre deux docteurs de Sorbonne (Vigier et Claude de Sainctes) et deux ministres de