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une réponse qui pourra mettre la paix dans les esprits ; il est satisfait.

Cependant, quelques-unes des règlesde justice delà démocrutie primitive survivaient encorejon n’osaitdéciderdans le conseil lesquestions sans entendre les avocats des deux causes ; devant tes 318 évèques qui devaient juger à Nicée comparaissait Arius lui-même, simple prêtre d’Alexandrie, défendant librement sa tlièse ; beaucoup parlaient pour lui ; et, en fin de compte, 17 évêques de ses partisans refusaient de signer le fameux homooitsios. Il est vrai que, dans les jours qui suivirent, il n’en resta que deux qui, avec Arius, furent inflexibles, et Constantin les exila tous les trois. Au reste, les 3is évêques de Nicée ne pouvaient composer qu’une moitié à peine des évêques chrétiens, puisque trente ans après (35g) il s’en trouva près de 460 à Riwini et près de 200 à Séleueie, en tout plus de 600, auxquels l’empereur, qui étaitalorsarien, put faire signer des formules ariennes.

C’est ainsi que l’aristocratie prit, dans l’Eglise, la place de la démocratie, nourrissant de plus, sans s’en douter, le jeune lion qui devait la dévorer quinze siècles plus tard ; elle poussait l’imprudence k ce sujet, dans le concile de Sardique tenu vingt ans après celui de Nicée, jusqu’à constituer l’évêque de Rome en tribunal suprême d’appel dans les questions de discipline à régler entre évêques. Mais c’est bien cette aristocratie naissante, conduite par l’empereur, qui pose le premier dogme positif ; elle le pose dans ce fumeux symbole qui servira désormais de pivot a toute cette dogmatique catholique dont le concile de Trente donnera, au xvie siècle, le catéchisme le plus développé.

Avec cette apparition de l’aristocratie dans l’Église, quel système de conduite se fait jour ? C’est le système de l’exclusivisme, de l’épurement par excommunication et proscription. Les ariens sont exclus, sont môme exilés ; ils reviendront au pouvoir dans les années suivantes, ot ils proscriront à leur tour, car ils ne sont que l’aristocratie elle-même divisée contre l’aristocratie. Mais enfin, le symbole adopté prendra le dessus, et dans les conciles qui suivront il servira de règle suprême d’unité, à l’aide de laquelle les vapes fonderont peu k peu leur influence en s’y rattachant plus fortement quelesautres évoques.

Durant la seconde période de trots siècles, du ive jusque dans le vue, l’aristocratie épiscopale règne sans conteste. Ce sont les réunions des princes de l’Église, au nombre de 150, de200, de 250, de 300 tout au plus, qui font la loi au monde religieux, en se groupant plus ou moins autour de l’évoque de Rome pour fixer leur unité de foi etau besoin centraliseï leurs forces dispersées.

Dans la troisième période, du vue siècle au xc, la papauté manifeste ses aspirations à la domination universelle des corps et des âmes, et la défiance va s’éveiller, de plus en plus, dans le gouvernement aristocratique. Cette défiance devient si profonde, et la tendance de la papauté tellement claire, qu’il en résulta enfin ta séparation définitive des Eglises orientales, le schisme grec. Si l’aristocratie de Nicée et des conciles suivants avait éloigné de son giron catholique les plus anciennes Églises de l’Orient, en en chassant les ariens, les nestoriens, les eutychéens, les wonothélites, dont l’existence est encore vivace aujourd’hui, la dictature naissante de la papauté en éloigne environ 80 millions d’Orientaux qui s’établissent, en dehors de ses domaines de l’Occident, avec le système aristocratique pratiqué depuis Nicée et qui conserveront ce gouvernement dans sa pureté, k côté de l’Église latine appelée à se constituer officiellement plus tard, par le con«île du Vatican, auquel le concile de Trente aura préludé, en une pure monarchie absolue dans l’ordre religieux, au moment même où elle perdra toute principauté temporelle. Il faudra pourtant mettre de grandes restrictions à cette conservation du gouvernement aristocratique en sa pureté. Dans l’Orient, les Églises grecques échapperont, il est vrai, à la suprématie de ia papauté romaine ; mais elles tomberont plus ou inoins sous d’autres sceptres, par exemple sous le sceptre musulman, -et un jour, pour l’Église gréco-russe, sous le sceptre du czar qui, par son saint synode, composé de ses créatures, et par le droit de proposition qu’il se sera réservé, lisez d’injonction, sera le pontife dissimulé, mais réel, de cette Église.

Viennent la quatrième et la cinquième période. Durant six siècles, du x» au xvie les papes, aspirant à devenir les monarques suzerains de toutes les puissances de la terre ne sont occupés qu’eu luttes avec les rois qui’ trop souvent, tyrannisent les peuples, et ne manquent pas (Je leur fournir des prétextes fondés. Pendant ces siècles, les conciles dits œcuméniques ne sont plus, en réalité, que les conciles des papes et de l’Église latine, puisque tout l’Orient en est exclu. Mais voici le moine augustin de Wittemberg qui, l’an 1517, se met à prêcher avec ses confrères contre les abus des indulgences, à l’aide desquelles la cour de Kome a-ttirait l’argent de toute l’Europe, pour satisfaire, en ce moment, sa passion pour les arts. Nouvel apôtre, il passionne les fuules ; il plaît à l’électeur de Saxe, Frédéric le Sage, ce prince honnête qui, après avoir refusé la couronne impériale pour lui-même, la fit donner k Charles-Quint, préférableinent à notre François lor ; il est for TREN

tement protégé par ce prince d’Allemagne et gagne d’autres princes qui bientôt prendront, dans les diètes, le nom de protestants, parce qu’ils protestaient contre les professions qui 1 empereur catholique voulait leur imposer. Bientôt l’Allemagne est en ébullition sous les prédications antipapistes de Luther. Léon X ie condamne et fait brûler ses livres ; il répond lui-même k Léon X par son fameux auto-da-fé de la bulle, en grande cérémonie, devant ie peuple de Wittemberg, assisté de ses confrères, les moines augustins, et il demande un concile oecuménique qui tranche la question entre lui et la papauté. La cour de Rome, surtout le collège des cardinaux, redoutait ce concile ; elle le refusa pendant des années. Le système aristocratique n’avait pas encore usé sa vitalité, et la papauté tremblait pour sa puissance, au souvenir des conciles de Pise et de Constance, qui l’avaient déclarée inférieure à ta leur et à celle de l’Église ; elle recula donc, atermoya pendant de longues années, et les princes protestants, que Charles-Quint cherchait k ramener au catholicisme romain, mais qu’il ménageait parce qu’il en avait besoin contro les Turcs, renouvelaient leurs appels au concile. Enfin la cour de Rome, avec un pape nouvoau, Paul III, qui était mieux disposé pour le concile, finit par s’y déterminer. Elle convoqua d’abord le concile k Mantoue ; le duc de Mantoue s’y refusa ; elle le convoqua à Vicenee ; mais alors les protestants, qui voulaient être certains de leur liberté, réclamèrent une ville d’Allemagne. Charles-Quint ne se montra pas défavorable à un tei’ehoix ; mais le pape voulait une ville d’Italie, afin d’exercer plus sûrement son influence sur les Pères. Enfin le pape et l’empereur s’accordèrent sur la ville de Trente, dans le Tyrol. Mais les protestants ne l’acceptèrent pas davantage ; ils voulaient une ville où ils fussent certains d’être en sûreté, telle que Ratisbonne, Cologne, Nuremberg. Des difficultés s’élevèrent encore, et ce ne fut que quelques années après, en 1545, que le pape put envoyer à Trente trois légats qui firent l’ouverture du concile le dimanche 13 décembre 1545.

Deux écrivains du xvio et du xvit» siècle ont laissé l’histoire du concile de Trente. L’auteur de la première en date fut fra Paolo Sarpi, dit aussi Pau ! de Venise, Eu lutte avec ie pape Paul V, au nom de sa patrie, et suspecté de favoriser les doctriu’es nouvelles, il fit un récit défavorable à la papuuté, ainsi qu’au concile, et favorable aux protestants. L’auteur de la seconde fut le cardinal Palavicini. qui écrivit la sienne pour réfuter la première, plus d’un demisièele plus tard. Si nous entrions dans les discussions qui séparent ces deux historiens sur les dix-huit années de travaux %t d’intermèdes du concile de Trente, nous ferions un article beaucoup trop long. Nous ne nous arrêterons qu’aux faits avérés, sur lesquels s’accordent les deux historiens, et qui ne sont contestés par personne.

Ces faits se rattachent k cinq chefs ; l» les relations du pape et du concile avec les protestants ; 2<i les relations de l’aristocratie, dans le. concile, avec la papauté qui est la monarchie naissante ; 3« les relations du pape avec l’empereur ; 4" les décrets dogmatiques du concile ; 5« les décrets disciplinaires du même concile.

Relations du pape et du concile avec les réformateurs et leurs adhérents. Nous avons vu le concile de Nicée, tout aristocratique qu’il était, admettre dans son sein des évêques ariens et Arius lui-même. Le concile de Trente a grand soin, sous l’instigation de la papauté, de ne point imiter sou devancier dans cette conduite. Sous prétexte que les erreurs nouvelles ne sont que de vieilles erreurs renouvelées, on n’admet au concile que des évêques dont on est bien certain que la doctrine en- est exempte. On fait doue un triage, en sorte que l’on connaît d’avance le jugement. Le plus grand nombre des membres est composé d’Italiens ; il y eu a aussi de Français et d Espagnols, mais leur orthodoxie n’est pas moins assurée que celle des Italiens. Le nombre des membres n’est pas, d’autre part, très-considérable. À la session d’ouverture, il ne sont que 29 ; à la deuxième session, ils ne sont que 36 ; à la troisième session, ils ne sont que 64, et dans les sessions les plus nombreuses qui eurent lieu dans ia suite, on ne compta jamais que de 100 k 200, excepté dans la session de clôture, où il se trouva 255 Pères pour donner leur signature. Les protestants, lorsqu’il s’agit pour eux d’accepter ou de rejeter le concile, eurent k délibérer seulement s’ils iraient se présenter eu accusés certains de leur condamnation ou s’ils feraient au pape amende honorable eu se soumettant et rétractant" entre ses mains toutes leurs doctrines comme des doctrines fausses. Cène furent donc pas les protestants qui se séparèrent, en réalité, du giron catholique ; ce fut l’orthodoxie pupale elle-même qui les exclut en leur disitut : ■ Croyez comme nous, ou restez dehors. »

Cette appréciation est grave, mais elle S appuie sur des faits avères. Nous n’en citerons qu’un, celui de l’évêque de Capu-d’Istria, Paul Vergerio ou Verger, et nous la raconterons avec quelques détails.

Paul Vergerio avait d’abord été nonce du pape en Allemagne, avait eu des couféren- •

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ces avec les réformateurs, même avec Luther, C’était lui qui, en 15S6, avait rapporté à Rome la nouvelle qu’il ne fallait point espérer que les protestants acceptassent jamais le concile qu’ils avaient eux-mêmes demandé, à moins qu’il ne fût libre et tenu dans un lieu de 1 empire où ils seraient en sûreté, ainsi que l’empereur Charles V le leur avait toujours promis, et qu’il n’y avait plus rien à attendre, en dehors de cette condition, de Luther et dé ses sectateurs. « Si on veut les réduire par d’autres voies, avaitil ajouté, on n’y parviendra que par celle des armes. « Le saint-père avait récompensé Vergerio en le nommant évêque de Capo-d’Istria, sa patrie.

Cependant des soupçons coururent dans la suite contre Vergerio, à propos de certaines faiblesses bienveillantes qu’on lui reprochait d’avoir montrées pour les réformateurs, et en 1546 ces soupçons eurent un tel écho qu’il entreprit de s’en justifier. Il était alors en Allemagne ; il se hâta de revenir dans son ôvêché, et il commença un traité de controverse dirigé, contre les luthériens. Mais il parait qu’en étudiant avec soin leurs ouvraj ges, il se laissa entraîner à goûter leur thèse sur le rappel du caractère démocratique de l’Église primitive et que même il y entraîna^ son frère Jean-Baptiste, évêque de Pola. Or, à ce moment même (1546), il y avait dans les diocèses des deux Vergerio un inquisiteur très-zélé, nommé Annibal Grison, qui les surveillait avec tant de soin que Paul jugea prudent de se retirer à Mantoue, chez le cardinal Hercule de Gonzague. Bientôt le légat du pape à Venise, Jean de La Casa, fit tant d’instances près du cardinal pour qu’il se défît d’un tel hôte, que celui-ci quitta encore Mantoue et prit le parti de se rendre au concile de Trente, ne fût-ce que pour s’y disculper. Déjà il avait été cité à Rome comme suspect.

Bien qu’il n’y eût contre lui que la suspicion de sentiments favorables aux réformateurs et que la citation qu’il avait reçue de Rome n’eût encore été suivie d’aucun jugement, les légats, qui, au nom du pape, prenaient autant qu’ils le pouvaient la direction du concile, lui refusèrent formellement l’entrée des congrégations et, plus encore, des sessions générales. Us lui déclarèrent net qu’il ne serait point admis avant qu’il eût répondu k la eitation qu’il avait reçue comme suspect d’hérésie, qu’il se fûtjustifié auprès du pape et qu’il en eût reçu l’absolution avec le diplôme d’orthodoxie. Ils s’en tinrent, il est vrai, k des exhortations pressantes de se rendre k Rome et ne le firent point arrêter ; mais ils ne furent pas éloignés d’en venir à ca moyen, et la seule considération qui les arrêta fut la crainte de faire crier trop haut dans le public que la liberté ne régnait pas au concile.

Vergerio fut grandement surpris d’un tel procédé. Exclu formellement du droit de siéger, il obtint cependant que sa cause ne fût point jugée à Rome, mais fût renvoyée devant le légat Jean de La Casa et le patriarche de Venise. Ensuite il regagna son diocèse, apprit en y arrivant que le légat et le patriarche avaient reçu de Rome des ordres pour lui faire son procès en règle et prit aussitôt le parti de quitter l’Italie. Il se retira dans la Suisse, canton des Grisons, et, dans son indignation devant les procédés dont on usait à l’égard de ceux qu’on suspectait d’être favorables aux réformateurs, il jeta le manche après la cognée et se fit luthérien.

Il est bien vrai qu’on lit dans les Actes du concile de Trente un sauf-conduit longuement développé pour les adhérents k la confession d’Augsbourg, pour les ecclésiastiques et les laïques, les princes et les gens du peuple de toute l’AUemagnejjt dont les privilèges sont étendus k toutes les nations, en vertu duquel on pouvait se rendre k Trente en toute sûreté et protection, présenter des objections au concile, traiter avec lui d’affaires et conférer sur les difficultés pendantes avec les Pères ou avec des théologiens que le concile chargerait de cette mission ; mais ce sauf-conduit arriva beaucoup trop tard, et d’ailleurs il n’offrait aux protestants qu’une garantie fort incertaine.

Relations du concile avec la papauté, c’est-à-dire de l’aristocratie catholique encore puissante avec la monarchie naissunte dans l’ordre religieux. Nous nous bornerons encore k quelques faits avères, également racontés par les deux historiens primitifs.

La première querelle importante qui s’éleva entre les Pères du concile et la papauté, représentée par ses légats, porta sur le titre que le concile se donnerait en tête de ses décrets. Le pape prit les devants sur ce point en ordonnant que les décrets commençassent par cette formule ; ■ Le saint concile œcuménique, légitimement assemblé sous la conduite du Saint-Esprit, les légats apostoliques y présidaut. ■ Des Pères demandèrent qu’on ajoutât aux qualifications du concile celle-ci ; » Représentant l’Église universelle. » Les légats refusèrent ; ils craignaient qu’on n’allât jusqu’à exiger qu’on ajoutât encore la qualification que s’étaient donuée les conciles de Constance et de Bâle : ■ Tenant son pouvoir immédiatement de Jésus-Christ, pouvoir auquel tous, de quelque condition qu’ils soient, même papale, sont obligés d’obéir. « Les discussions furent très-vives et sa

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renouvelèrent dans plusieurs congrégations et sessions. On lit d’abord patienter les réclamants en leur promettant l’addition pour d’autres décrets ; mais, en fin de compte, on ne la fit jamais et ce fut, sur ce point, la papauté qui l’emporta au moyen d’atermoiements indéfinis et de promesses qui ne furent jamais tenues.

La papauté fut moins heureuse dans une autre prétention qu’elle manifesta dès le début, celle de nommer elle-même les officiers du concile en les choisissant k Rome dans la cour pontificale. Les légats en firent la proposiiion et mirent en avant plusieurs noms. Mais les réclamations furent assez importantes pour les faire reculer ; ils se retirèrent en disant qu’ils n’avaient point prétendu enlever au coftcile le droit d élire ses officiers, qu’ils avaient entendu seulement fuciliter cetto élection en instruisant les Pères des capacités de ceux qu’ils croyaient susceptibles de remplir ces charges, Ce fut doue le concile qui nomma lui-même ses officiers, constitua ses bureaux et congrégations, organisa tout le personnel de ses travaux.

Il en fut de même d’une question qui s’éleva sur l’ordre k suivre dans les matières ; ferait-on d’abord uniquement des décrets dogmatiques, en remettant à une série de sessions subséquentes les questions da réformes dans la discipline ? ou bien prendrait-on la marche inverse ? ou enfin traiterait-on alternativement, dans le même temps, des matières de foi et des questions de réfonnation ? Le concile se décida pour ce dernier parti. Mais Paul III, qui était pour le premier, parce qu’il y voyait un moyen do s’accorder plus facilement avec Charles-Quint, se montra fort en colère de cette décision qui avait pourtant été prise de bon accord avec ses légats, et il envoya l’ordre formel que l’on procédât autrement, en décidant d’abord les questions de foi et remettant à plus tard celles de discipline. Mais ce fut encore le concile qui l’emporta, ainsi qu’on peut le constater par ses Actes, dans lesquels les chapitres de réformation s entrecroisent avec les chapitres et les canons concernant la foi.

Parmi les dissensions qui s’élevèrent entre les Pères du concile et la papauté, il convient de citer encore ce qui se passa pendant la translation du concile à Bologne ; une minorité d’à peu près un tiers était restée, malgré le pape, k Trente. Vers la fin des trois années que dura cette grande division, dont nous parlerons plus longuement ci-après, Paul III, fatigué, déclara le concile dissous et rappela k Rome les Pères qui siégeaient k Bologne ; mais, en cette circonstance, il ne fut pas obéi ; ceux de Trente ne tinrent pas compte de son arrêt et ceux de Bologne restèrent à Bologne, contrairement à ses ordres.

Mais la querelle la plus éclatante et la plus considérable qui se produisit à Trente} entre les Pères du concile et le saint-siége, fut celle qui eut pour objet le droit de proposition ou de motiou chez les Pères, en d’autres termes le droit de proposer et de mettre en discussion des postulata. Quand une assemblée de cette espèce est limitée sur les matières k traiter et qu’elle reçoit les sujets de discussion d’une autorité supérieure, elle n’est libre qu’à demi... Cependant le pape Paul III prétendit, dès l’année 1546, par Je légat président qui le représentait alors, enlever aux Pères du concile l’initiative ûespostulata et l’attribuer seulement k ses légats ; beaucoup de Pères, dont le plus grand nombre était composé d’Espagnols, réclamèrent avec énergie contre de telles prétentions, et la discussion fut très-vive, très-orageuse même ; mais elle n’obtint pas de solution ; la papauté maintint son droit prétendu, et le concile le sien. Sous Jules III, la querelle s’assoupit ; on évita les occasions qui l’auraient fait revivre, et elle se réveilla plus ardente que jamais sous Pie IV, en 1562. Ce fut la papauté qui lui fournit l’occasion de se réveiller delà sorte, en introduisant dans un préambule des décrets de la première session tenue sous le nouveau pontife une clause nouvelle ainsi conçue :PropoiieiUibus legatis, clause qui supposait que toutes les questions résolues avaient été mises en discussion par le saint-siège, ce qui était faux, et que tout se décidait sur sa proposition. Le concile protesta et fut si ferme que l’on n’en put obtenir aucune concession. Il y avait alors dix-sept ans que la discussion était pendante et que ni la papauté ni le concile ne voulaient céder. La dispute se prolongea encore jusqu’en 1563, qui fut l’année même de la clôture du concile, et ce fut enfin pie IV qui céda. Les Pères de Trente se hâtèrent de supprimer la clause et continuèrent départager, défait, J’jnitiative des postulata avec les légats du saint-siége. Mais, enchantés de leur triomphe, ils voulurent payer par un retour de bon procédé le bon procédé du saiiit-pèro et ils votèrent unanimement ces paroles : Salva semper auctoritate sedis apostolicm (sans porter atteinte k l’autorité du siégu apostolique) paroles complaisantes, dont une interprétation plus complaisante eucure devait, trois cents ans après, servir de degré au saint-père pourkfaire son dernier pas vers l’absolutisme. i

Relations de la papauté avec la puissance impériale durant la concile. C’hyrles 59