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ÎIMË

huit pages grand in-folio, divisées chacune en six colonnes, le Times réserve la première et la huitième page, c’est-à-dire la surface extérieure du journal, aux annonces ou avis commerciaux, offres et demandes, publications de toute nature, lesquels ne prennent jamais la forme de l’affiche. Un supplément est encore consacré aux annonces, ce qui prouve à quel point la publicité est entrée dans les habitudes du public anglais. Dans le corps même du journal, la politique proprement dite occupe peu de place ; le romanfeuilleton y brille par son absence ; les articles de fond ne sont souvent que des résumés où le rédacteur analyse et apprécie aussi brièvement que possible les documents insérés dans une autre partie du journal, qui se propose avant tout de donner des renseignements utiles. L’article capital est Je bulletin du « marché à l’argent. ■ Mais le rédacteur chargé du compte rendu de la Bourse entend son rôle autrement qu’en France, où l’on se borne à noter les variations des fonds et à rapporter des bruits vagues, quelquefois dans des vues intéressées. Il doit recueillir, analyser, apprécier, rappeler en substance, en rapprochant les effets des causes, l’opinion des financiers en crédit, les mouvements du marché, les variations ou les chances de chaque valeur, enfla tous les renseignements statistiques. Des articles ainsi élaborés font donc autorité. M. Alsager, le rédacteur de ce bulletin spécial, a reçu du Times un traitement annuel de 20,000 francs. Le rédacteur en chef ne touche pas moins de 100,000 francs. Le nombre des rédacteurs et des correspon. dants de cette feuille est considérable. C’est à la quatrième colonne de la première page que le Times a ouvert une sorte de poste aux lettres, où l’observateur assiste à tant de péripéties, de drames intimes ou de comédies plaisantes. Tantôt, c’est une famille éplorée qui supplie son chef disparu, en fuite, de ne pas se livrer au désespoir ; tantôt, une colombe, « qui ne bat que d’une aile, • qui implore le retour de son ramier. Souvent encore, c’est tout simplement un gentleman distrait que l’on prie de rapporter un parapluie neuf qu’il a, changé par mégarde contre un vieux.

> En 1814,1e Times fut imprimé, comme nous l’ayons dit, au moyen de la vapeur. La machine à huit cylindres, employée depuis 1818, tirait 8,000 exemplaires par heure ; cela ne satisfaisait pas aux exigences sans cesse croissantes de la publicité. L’ingénieur anglais Mac-Donald inventa la machine à clichés cylindriques, qui accomplit le prodige d’exécuter un tirage de 60,000 exemplaires en une heure et demie de temps et qui fait, en outre, la pliure, opération très-considérable qui exigeait autrefois le concours d’une quarantaine de personnes. Depuis 1838, le Times a vu quadrupler son tirage. De 1848 à 1860, il était k l’apogée de la gloire et de la popularité. Il tire journellement de 50,000 à 60,000 exemplaires, et la moyenne des lecteurs se chiffre probablement par 10 pour chacun. Ce calcul ne paraîtra pas exagéré, si l’on porte en compte les personnes qui fréquentent les clubs, les cabinets de lecture et les auberges, et si l’on ne perd pas de vue qu’en Angleterre chaque numéro passe généralement dans cinq ou six familles, car il y a peu d’abonnements directs.

Les ouvriers du Times, au nombre de 400 environ, sont divisés en deux escouades : 200 de jour, employés plus spécialement aux annonces, et 2uo de nuit.

Le journal proprement dit se compose et s’imprime entre onze heures du soir et six heures du matin ; d’ordinaire, la composition se fait entre onze heures et demie du soir et quatre heures et demie du matin. Un rouleau de papier continu, mesurant 3 mille» anglais, est placé devant la machine qui s’en empare, le déroule et le rend, quelques secondes après, en feuilles imprimées, piiées et prêtes à être livrées à la circulation. Quand il y a de forts suppléments, le Times a seize pages. Alors la machine absorbe quarante de ces rouleaux, qui mesurent ensemble quelque chose comme 30 lieues de développement. Trois papeteries travaillent sans relâche pour la consommation courante du l’imes.

Des charges énormes pèsent sur les journaux anglais. Le seul droit sur le papier prend à la caisse du Times 1,500 francs par jour ou 400,000 francs par an. Le timbre, qui fait office de droit de poste, prélève encore 0 fr. 10 par numéro ; mais, revêtu de cette estampille, le journal peut circuler pendant huit jours dans tout le Royaume-Uni et s’expédier ensuite aux colonies. Le supplément contenant les annonces est affranchi de ce timbre ; les annonces étaient frappées il y a vingt ans au plus d’un impôt spécial, qui eut pour résultat de les monopoliser entre les mains du Times, le journal le plus répandu. Ce journal, ainsi que ses principaux confrères, s’impose lui-même des frais exorbitants de courriers, de navires, de télégraphie, de correspondance, de missions particulières. Il possède un brevet d’imprimeur, et les ateliers, les bureaux de Printing-House sont visités comme une des curiosités de Londres. Il ne reçoit pas d’abonnements ; des courtiers ou des dépositaires vendent ou expédient ses numéros au prix de 0 fr. 40 et les payent 0 fr. 30, à moins qu’ils ne les rachètent à bas prix, huit jours après, pour les expédier aux colonies.

TIMM

TlMICE, nom d’une ancienne ville de la Mauritanie Césarienne.

TIMIDE adj, (ti-mi-de — latin timidus ; de timeo, craindre, du même radical que le persantim, limor, infirmité, affliction, timaw, stupidité, timûk, morose, et que l’irlandais tim, crainte et aussi faible, docile, savoir la racine sanscrite tim, tim, stim, stim, ê.tre immobile, car la crainte frappe d’immobilité). Qui manque de hardiesse, d’assurance : Enfant timide. Caractère timide. Jeune homme timide auprès des femmes. Tout coupable est timide. (Volt.) Je vous exhorte à cesser d’être timide avec elle, la première fois que vous la reverrez. (Le Sage.) L’homme qu’on sait timide est dans ta dépendance de tous les fripons. (Beaumarch.) La première fois qu’une femme aime, elle est timide et embarrassée. (Mme d’Arcouville.) Les gens timides sont rarement des sots, mais ils ont souvent le malheur de le paraître. (S.-Dubay.) L’innocence est timide, et non la trahison.

Boursault. O femmes ! c’est il tort qu’on vous nomme timides ; À la voix de vos cœurs, vous êtes intrépides.

E. Lesouvé. En»vain ton cœur est noble et ton bras intrépide ; Tu perds ton peuple et toi, si ton âme est timide.

AlONAN.

— Qui annonce, qui marque de la timidité ; qui est fait ou dit avec timidité : Air timide. Regard timide. Conseils timides. Prendre un parti Timide. Vœux timides. Paul s’approcha d’elle d’un air timide et lui présenta son bras pour l’aider à marcher. (B. de St-P.)

Il faut, malgré l’erreur des sentiments timides. Être ingrat aux ingrats et perfide aux perfides.

Desmaebts. —Littér. et B.-arts. Qui est vague, indécis, dépourvu d’énergie, de fermeté’ : Écrivain, poète timide. Style timide. Faire timide. Pinceau, burin timide.

— Substantiv. Personne timide ; Les timides et les incertains formeront éternellement la majorité du monde. (De Ségur.)

Timide (le), opéra en un acte, musique de M. Auber ; représenté à l’Opéra-Comique en 1826. Ce petit ouvrage n’obtint pas de succès. Il fut joué la même année que Fiorella. Kien ne faisait présager encore l’auteur de la Muette, à laquelle il travaillait alors et qui fut représentée deux ans après.

TIMIDEMENT adv. (ti-mi-de-inan — rad. timide). Avec timidité, d’une façon timide : Répondre timidement. Malheur à ceux qui agissent timidement dans les circonstances décisives.

TIMIDITÉ s. f. Ci-mi-di-té — lat. timiditas ; de timidus, timide). Caractère, manière d’être des personnes timides : Nous appelons souvent retenue ce qui en effet est timidité. (Boss.) La timidité accompagne toujours tes grandes passions. (M"" de Fontaine.) Les timidités des nations ne sont pas moins funestes que les faiblesses des rois. (Laiiiari.j II y a deux timidités : la timidité d’esprit, la timihité de nerfs, une timidité physique et une timidité morale. (Batz.) La timidité provient aussi souvent du défaut de confiance dans tes autres que de méfiance de soi-même. (Arnault.) La timidité est une paralysie morale. (La Rochef.-Doud.) La timidité est moins un défaut qu’un malheur, (Théry.) Trop de timidité le plus souvent vous perd.

Arnault. Il Caractère, nature de ce qui est timide, fait ou dit timidement : C’est la timidité de sa conduite qui l’a perdu, La timidité de ses conseils devint funeste. (Acad.)

— Syn. Timidité, embarrn*. V. EMBARRAS.

TIMIE s. f. (ti-ml). Entom. Genre d’insectes lépidoptères nocturnes, de la tribu des anomalides ou noctuophalénides, dont l’espèce type habite le midi de la France. Il Genre d’insectes diptères, de la famille des athéricères, tribu des muscides, comprenant deux espèces qui habitent le midi de l’Europe.

— Encycl. Les timies ont pour caractères : des antennes plus fortement peclinées chez les mâles que chez les femelles ; les palpes très-courtes, velues, sans articles distincts ; la trompe presque nulle ; le corselet arrondi, laineux ; l’abdomen cylindrique, allongé, grêle, terminé, chez les mâles, par une touffe de poils ; les ailes antérieures larges, triangulaires, recouvrant les ailes postérieures et formant un toit incliné dans le repos. Ces insectes habitent les bords de lu Méditerranée française ; mais ils y sont rares ; aussi n’a-t-on pas encore observé leurs premiers états ; ils paraissent en juin et ne volent qu’au crépuscule. La timie perle est un joli papillion, de 0"a,03 d’envergure, à ailes frangées d’argent.

TIMIER s. m. (ti-mié). Bot. Nom donné au sorbier des oiseaux, dans le raidi de la France.

TIM1SCOUATA, lac du bas Canada, sur la rive droite du Saint-Laureut, par 47" 38’ de latit. N.. et 71» 5’ de longit. O. ; 40 kilom. de longueur du N.-O. au S.-E. Des montagnes boisées se dressent sur ses rives. Il reçoit plusieurs cours d’eau et s’écoule dans le Saint-Jean par la Madawaska.

T1MMANIES, peuple de l’Afrique, établi depuis l’embouchure du Grand-Scarcie jusqu’au cap Skilling.

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T1MMERBANS (Charles- Frédéric -Théodore), écrivain militaire belge, né à Corbach en 1800, mort en 1865. Il suivit la carrière des armes, devint officier supérieur d’artillerie et fut nommé inspecteur de la manufacture d’armes de guerre à Liège. On lui doit plusieurs ouvrages, notamment un Manuel pour la confection des artifices de guerre (Bruxelles, 1833, in-8o), traduit du hollandais ; Traité sur les poudres (1836, in-8») ; « Traité d’artillerie (Liège, 1838, 2 vol. in-B"), etc.

T1MMERMAISN (Théodore-Gérard), médecin allemand, né à Duisbourg en 1727, mort en 1792. Il exerça son art à Elberfeld, puis devint professeurd’anatomie à. Kiulelii (1760), qu’il quitta au bout de quelques années pour aller terminer sa vie à Mœurs. Nous citerons de lui : Periculum médicale belladonnx (Rinteln, 1765, in-4o) ; Disserlaiio despina ventosa (Rinteln, 1765, in-4o) ; De herniis (Rinteln, 1767, in-4o) ; i)e op'ii abusu (Rinteln, 1784, in-4o) ; Diatribe antiquario-medica de dxmoniaeisevangeliorum (Rinteln, 1786, in-4o), etc.

TIMMIE s. f. (timm-ml). Bot. Syn. de cYRtanthe, genre d’amaryllidées. Il Genre de mousses, de la tribu des bryées, comprenant deux espèces, qui croissent dans les régions boréales des deux continents.

T1MOAJN (POULO-), île de la mer de Chine, près de la côte E. de la presqu’île de Malacca, par 2" 52’ de latit. N. Haute et boisée, elle produit du riz ; le chou palmiste y croît en abondance.

T1MOCHARIS, astronome grec d’Alexandrie, qui vivait vers l’an 230 av. J.-C. Il est un des premiers qui aient rapporté les étoiles à l’écliptique et par conséquent cherché à évaluer leurs longitudes et leurs latitudes. Ses observations ont été fort utiles à Ptolémée, qui le ci le souvent.

TIMOCH1, île de la mer du Japon, également appelée Pic-de-Langle, au N.-O. de l’Ile Yéso, par45<>10’delatit. N, et 138<Mof de longit. E.

TIMOCLÉE dame grecque, célèbre par le trait suivant : Elle fut violée dans le sac de Thèbes par un officier thrace, et le misérable ne rougit pas de demander ensuite l’or qu’elle possédait. Timoclée le mena dans son jardin, où elle l’avait, disait-elle, caché dans un puits. L’officier s’approcha du bord et se baissa pour en sonder du regard la profondeur. Alors, Timoclée, l’ayant poussé de toutes ses forces, le précipita dans le puits et jeta sur lui une si grande quantité de pierres qu’il fut bientôt étouffé.

Timocraie {contre), discours de Démosthène, prononcé en 353 av. J.-C. Fendant la guerre contre les Perses, les Athéniens portèrent une loi par laquelle les vaisseaux pris a-ux ennemis seraient confisqués au profit de Minerve et du trésor. Trois citoyens envoyés pour combattre Mausole, satrape de Carie, qui pillait les côtes des colonies grecques, prirent un vaisseau égyptien et le gardèrent pour eux. Le peuple les condamna selon la loi à payer le double de la somme retenue au trésor et le double à Minerve. Timocrate, pour les sauver, proposa une autre loi que Démosthène combattit. Démosthène encore tout jeune, n’en prononça pas moins un discours très-remarquable.

Timocrate, tragédie de Thomas Corneille (1658). Elle eut un si grand succès qu’on la joua sans interruption pendant six mois. Le héros de la pièce, Timocrate, fils du roi de Crète, avait quitté son pays, et son père le croyait mort. Parcourant la Grèce sous ie nom de Cléomène et mettant au service des peuples opprimés son bras et son génie, il avait vécu pendant quelque temps à la cour d’Argos, alors en guerre avec la Crète. Après avoir protégé ce pays contre les attaques du roi de Crète, son père, et s’être fait aimer de la princesse Eriphile, il quitte Argos et retourne à la cour de son père. Sa présence dans l’armée Cretoise y ramène la victoire, et le nom de Timocrate devient bientôt la terreur d’Argos. Pendant cette guerre, le roi d’Argos est tué, et la reine promet aux dieux de venger son époux en immolant à ses mânes l’ennemi de sa patrie.

À peine Timocrate a-t-il recueilli l’héritage de son père, qu’il exécute le projet qu’il avait conçu d’éprouver l’amour d’Eriphile ou de la séduire par l’éclat de sa couronne. Il ordonne à son lieutenant d’attaquer Argos et en même temps de demander à la reine la main de sa fille, en offrant la paix comme le prix de cettéunion. Au moment où sa flotte attaque la ville, Timocrate rentre lui-même à Argos, où il est reçu comme un libérateur. On le voit donc d’un côté l’espoir d’Argos sous le nom de Cléomène, ’de l’autre aa terreur sous celui de Timocrate. Appelé au conseil de la reine, il engage celle-ci à céder aux vœux de Timocrate dans l’intérêt delà paix. Il pousse son stratagème jusqu’à conseiller à Eriphile de ne pas dédaigner la couronne qui lui est offerte et d’oublier son amour. C’est sur le double personnage de Timocrate que repose tout l’intérêt dramatique du cinquième acte. Son armée assiège toujours la ville, lorsque soudainement le prétendu Cléomène se fait reconnaître pour Timocrate. A la suite de cette foudroyante révélation, la reine jure aux dieux de le faire mourir. Mais bientôt Argos est pris par ses troupes ; la

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reine, en perdant sa couronne, est déliée de son serment, et Timocrate, en courtois vainqueur, ordonne à son lieutenant de mettre aux pieds de la reine détrônée son sceptre et sa couronne.

De nos armes enfin quel que soit l’avantage,

De toute cette gloire il faut lui faire hommage

Et mettre ma couronne et mon sceptre a ses pieds»

La reine répond :

Ah ! prince ! voyez mieux où vous m’engageriei :

Contrainte ù redouter la colère céleste,

Cet hommage accepté vous deviendrait funeste ;

Los dieux ont attaché la vengeance à mon rang.

Prenez donc ma couronne, elle est votre conquête,

Par son nouvel éclat assurez votre tête,

Et, me laissant sujette, affranchissez mon sort

De la nécessité de vouloir votre mort.

TIMOCRATE.

S’il vous faut a ce prix racheter votre haine. Pour dispenser vos lois daignez faire une reine. Et, demeurant toujours dans un pouvoir égal, Laissez à la princesse un titre si fatal.

Sans valoir le Festin de Pierre, Timocrate est une pièce vive, animée et dramatique.

TIMOCRATIE s. f. (ti-mo-kra-sl — gr. timokratia ; de tinxé, richesse, honneur, et de kratos, pouvoir). Gouvernement dans lequel les fonctions publiques sont réservées aux riches.

TIMOCRATIQUE adj. (ti-mo-kra-ti-kerad. timocralie). Qui appartient, qui a rapport à la timocratie : Gouvernement timocratique.

TIMOCRÉON, athlète et poëte comique rhodien, né vers 476 av. J.-C. Il se rendit célèbre par sa gourmandise, qui était excessive, et par son humeur satirique. De ses comédies, il ne nous reste que quelques fragments, insérés dans le Corpus poetarum grsscorum (Genève, 1606 et 1614, 2 vol. in-fol.).

TIMOK (Timacus), rivière de la Turquie d’Europe. Elle prend sa source dans le mont Balkan, sépare la Servie de la Bulgarie et se jette dans le Danube, par la droite, à 26 kilom. N.-O. de Wildin, après un cours sinueux d’environ 200 kilom. Le Kutchuk-Timok, le Kri vivir, le Toukhovatz et le Krezno sont ses principaux affluents.

TIMOLEON, général corinthien, né vers 410 av. J.-C., mort à Syracuse en 337. 1 II joignait, dit Plutarque, à un grand amour pour sa patrie et à une douceur singulière, une haine violente contre la tyrannie. » Il s’était déjà distingué à la guerre, lorsque son frère Tiinophane s’empara de la tyrannie à Corinthe, au moyen de quelques troupes mercenaires dont il avait le commandement. Timoléon le conjura d’abord de ne point se faire l’oppresseur de ses concitoyens ; niais, n’ayant pu obtenir de lui une abdication, il se voila le visage de son manteau pendant que deux de ses amis poignardaient l’usurpateur (364). Les Corinthiens louèrent sa grandeur d’âme, mais sa mère le maudit. Accablé de tristesse, il abandonna les affaires publiques et vécut dans la retraite. Elu général pour secourir les Syracusains contre Denys le Jeune et les Carthaginois (344), il passa en Sicile avec un petit nombre de soldats et commença cette admirable campagne qui ne fut qu’une suite de triomphes. Il chassa d’abord de Syracuse Denys le Tyran, qu’il envoya à Corinthe avec ses trésors, mit en pleine déroute Hicétas, tyran de Lcontiutn, qui, avec l’appui de Carthage, voulait s’emparer de Syracuse, sous le prétexte de renverser Denys, força les Carthaginois à se rembarquer, purgea dans une courte expédition l’île des petits tyrans qui l’opprimaient, les réduisit au rang de simples citoyens, et, de retour à Syracuse, il s’attacha à réparer les maux que vingt ans de guerre civile et l’absence de liberté avaient causés. La prospérité de Syracuse devint telle en peu de temps qu’elle porta ombrage aux Carthaginois. Ceux-ci résolurent de se rendre maîtres de l’île entière et, dans ce but, ils envoyèrent en Sicile une flotte nombreuse, portant 77,000 hommes et 10,000 chevaux. À cette armée formidable, commandée par Amilcar et Asdrubal, Timoléon n’avait à opposer que 7,000 soldats grecs et mercenaires. Il nen marcha pas moins rapidement au-devant de l’ennemi et vit presque aussitôt 1,000 hommes de sa petite troupe déserter, ce qui parut accroître sa confiance au lieu de l’abattre, car il se félicitait de ce que les lâches s’étaient déclarés avant le combat. Arrivé sur le bord du Crimesus, Timoléon, qui avait communiqué son intrépidité à ses soldats, fondit avec furie sur les détachements carthaginois à mesure qu’ils passaient la rivière, les battit en détail et profita d’un orage qui accrut encore la confusion de l’ennemi pour le tailler en pièces. Outre un immense butin, le général grec fit un nombre considérable de prisonniers, puis marcha contre les petits tyrans siciliens, qui avaient repris les armes en apprenant l’arrivée des Carthaginois et battit successivement Hicétas de Lcontium, que le peuple mit à mort, Mamercus de Catane et Hippou de Messine. Peu après, les Carthaginois ayant envoyé de nouvelles troupes sous les ordres de Giscon, Timoléon consentit à signer un traité de paix en vertu duquel ces derniers se contentaient de leurs anciennes possessions (340). Homme d’État aussi bien