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thème une vingt et unième fois, et ils ont réussi, grâce à des combinaisons nouvelles et ingénieuses.

Les héritiers présomptifs de César Girodot sont nombreux et très-différents de caractère, d’éducation, de position sociale ; ils ont tous une physionomie marquée. Il y a d’abord un savant chimiste, Félix Girodot, esprit distingué, bon, obligeant, mais incapable de prendre une résolution. Veuf et père d’une jeune fille, la jolie et gracieuse Pauline, il est plus embarrassé du parti qu’il lui faudra prendre pour son mariage que préoccupé du testament. Son frère, Isidore Girodot, est le type de l’homme jaloux de toute supériorité, toujours irrité de ce qu’on ne fait pas ou humilié de ce qu’on fait pour lui ; sa femme et lui font la paire. Assez pauvres, mais plus avares encore, ils ont un fils, Célestin, lancé dans tous les travers de la jeunesse du jour et dévorant à l’avance toutes les économies paternelles. Outre les deux neveux de César, il y a des petits-neveux qui ont des droits égaux à la succession ; une belle et élégante dame, Hortense, femme d’un grand spéculateur, M. Lehuchoir, qui ne dédaigne pas de spéculer sur le million du grand-oncle, d’autant plus qu’Hortense ne lui a guère apporté que cette espérance en dot ; puis un jeune garçon de cœur, Lucien, qui prétend à la main de sa cousine Pauline, après avoir été détourné de cet innocent amour par une passion moins légitime pour Mme  Lehuchoir ; enfin un riche paysan des environs de Pontivy, Langlumeau, plus rusé qu’il ne veut le laisser paraître et qui, tout en goguenardant, est très-attentif à ses intérêts. Ajoutez à la famille l’exécuteur testamentaire, un vieil ami de l’oncle défunt, honnête et malin, et qui a l’air de se douter du mauvais tour que les dernières et mystérieuses volontés de César Girodot réservent à cette troupe avide de collatéraux.

L’énigme que renferme le testament ne laisse pas que d’être comique. Tous les héritiers réunis, lecture en est faite solennellement par le notaire, au milieu des marques d’assentiment, d’impatience ou de dépit que donne chacun des assistants à mesure que l’on prend connaissance d’un paragraphe qui, tour à tour, les évince tous. Au lieu de disposer de son bien, César Girodot, après avoir déclaré sa volonté de ne pas morceler son héritage, exclut un à un tous les héritiers, pour des motifs plus ou moins piquants, mais en général peu flatteurs, sauf pour Pauline et Son père ; puis il déclare qu’il laisse à ses neuf parents eux-mêmes le choix de l’héritier unique de toute sa fortune. Ils l’éliront dans quinze jours, au scrutin secret ; si l’élection est viciée par l’intrigue, la cabale, par des transactions simulant un partage, son exécuteur testamentaire remettra aussitôt toute sa fortune, montant à 1,380,000 francs, aux hospices. Tout le second acte se passe en cabales électorales à la maison de campagne de Lehuchoir, qui met tout en œuvre, même la passion que sa femme inspirait à son jeune cousin, pour recueillir des voix. Isidore, qui avec sa femme et son fils compte trois voix, travaille aussi à se faire une majorité. Félix se trouve entre ces mendiants, plus indécis que jamais ; Pauline et Lucien songent moins à l’héritage qu’à leur amour, dans lequel les tentations de Mme  Lehuchoir viennent jeter un ferment de jalousie ; le madré paysan breton, ne voyant pas chance pour lui d’obtenir les voix des autres, se met en devoir de vendre la sienne le plus cher possible. Le scrutin se dépouille au troisième acte. Les Lehuchoir ont réussi à merveille ;Hortense a six voix ; Isidore n’en a que deux et il y a un bulletin blanc. Ces divers votes sont une révélation nouvelle du caractère de chacun. Les deux jeunes amoureux ont voté pour Hortense, afin de lui prouver qu’ils tienpent moins l’un et l’autre à la fortune qu’à leur mutuel amour ; Langlumeau a vendu sa voix pour une ferme à sa convenance, et le fils d’Isidore a mieux aimé voter pour Lehuchoir, qui lui comptera une somme fort ronde, que pour son avare de père qui, devenu millionnaire, ne lui aurait pas donné un sou de plus. Cette infidélité amène une scène comique de colère paternelle. Mais les manœuvres électorales de Lehuchoir sont flagrantes ; le vote est annulé d’avance par le testament et la fortune de l’oncle doit passer aux hospices. Il n’en est rien ; le défunt a laissé un second testament postérieur au premier, qui institue Pauline sa légataire universelle. Le premier testament n’avait pour but que d’éclairer la jeune fille sur les véritables sentiments de ceux qui, comme Célestin l’a fait, ne prétendraient à sa main que pour avoir sa fortune. Accusée par les héritiers évincés d’avoir capté hypocritement les bontés de son oncle, elle déchire le testament ; mais l’exécuteur en ramasse les morceaux et les déclare bons ; comme elle est mineure, son père et tuteur accepte le legs pour elle, en faisant don de 200,000 francs à l’oncle Isidore, qui révèle par un dernier trait son avarice et sa jalousie : « Dix mille francs de rente ! Et mon chef de bureau n’en a que cinq mille. Je veux l’écraser par mon faste... Je prendrai un coupé au mois..., pendant quinze jours ! »

Toutes les scènes sont vivement menées. L opposition de tous les caractères est parfaitement entendue et féconde eu effets comiques. Une foule de mots très-gais, de saillies amusantes ou pittoresques tiennent le public en haleine. Il ne fallait rien moins pour rajeunir avec succès un sujet si vieux.

Testament (le) ou les Billets doux, opéra-comique en un acte, paroles de Planard, musique d’Auber ; représenté à Feydeau le 18 septembre 1819. Cet ouvrage, le second que le compositeur fit représenter, ne réussit pas à fixer sur lui l’attention publique. Ce ne fut que l’année suivante qu’il prit possession de la scène, avec la Bergère châtelaine.

Testament d’Eudanidas (le), chef-d’œuvre de N. Poussin. V. Eudamidas (testament d’).

Testament (la lecture d’un), chef-d’œuvre de D. Wilkie. V. lecture.

TESTAMENTAIRE adj. (tè-sta-man-tè-re — rad. testament). Qui a rapport aux testaments. En France, la femme a les mêmes droits testamentaires que l’homme. (Mme  Rornieu.)

Disposition testamentaire, Disposition prise par testament.

Héritier testamentaire ou, substantiv., Testamentaire, Héritier institué par testament.

Exécuteur testamentaire, Personne désignée pour exécuter les dispositions d’un testament.

TESTAMENTER v. n. ou intr. (tè-sta-man-té — rad. testament). Faire son testament :

Il a testamenté tout d’une autre manière.
Regnard.

|| Peu usité ; on dit tester.

TESTARD (Paul), sieur de La Fontaine, pasteur protestant français, qui vivait au xviie siècle. Il exerça les fonctions du ministère évangélique à Blois vers 1626 et fut engagé dans des luttes violentes à cause de ses opinions sur l’universalisme hypothétique, disputes où Amiraut joua le principal rôle et qui furent portées devant le synode national d’Alençon. On a de Tastard : Eirenicon seu Synopsis doctrinae de natura et gratia (Blœsis, 1633) ; Apologie pour le sentiment des évangéliques, touchant la justification (Saumur,1639) ; Explication du titre de l’Apocalypse (Genève, 1644, in-8o) ; Sentiments de P. Testurd sur la nature et la grâce (1649, in-8°) ; Paraphrase des thèses de M. Testard touchant la doctrine de ta nature et de la grâce, manuscrit de la collection Courart, t. XVII.

TESTATEUR, TR1CE s. (tè-sta-teur, tri-se — lat. testator ; de testari, attester). Personne qui fait ou a fait son testament : La volonté du testateur. De quelque défiance qu’un testateur soit armé contre son héritier, si l’héritier sait bien se masquer, le testateur en est toujours la dupe, (Le Sage.) Critique le testament, mais non le testateur ; il purtage son bien comme il partageait son cœur. (A. d’Houdetot.)

— Celui qui fait un testament politique : Le testateur politique emploie une section entière à prouoer qu’il faut être gouverné par la raison. (Volt.) || Peu usité.

TESTE-DE-BUCH (la), ville de France (Gironde), ch.-l. de cant., arrond. et à 54 kilom. de Bordeaux, sur la rive S. du bassin d’Arcacbon ; pop. aggl, 3,766 hab. — pop. tot., 4,421 hab. Etablissement de bains de mer ; hospice ; usines pour la fabrication des matières résineuses ; commerce de poissons, huîtres, lait, miel, cire, térébenthine, bois de chauffage et de construction. Le port est fréquenté par un certain nombre de navires de cabotage. Il ne reste aucun débris de l’ancien château des captaux de Buch. « Si l’on doit en croire certains historiens, dit M. Adolphe Jeanne, La Teste serait bâtie sur l’emplacement qu’occupèrent tour à tour la station romaine de Boïos et la Testa Boïorum, la capitale des Boïens, mais rien n’est moins prouvé. Il parait plus probable, au contraire, que ces trois villes se succédèrent sur trois ; points différents. Quoi qu’il eu soit, La Teste fut, au moyen âge, la résidence et la capitale des captaux de Buch, qui ont joué un rôle important dans l’histoire du Bordelais et même dans l’histoire de France. Le plus célèbre de ces captaux fut Jean de Grailly, l’un des principaux seigneurs (capitalis) de l’Aquitaine ; il se distingua surtout au service de Charles le Mauvais, roi de Navarre. Froissart a publié un intéressant récit de la bataille qu’il livra en 1364 à Du Guesclin et qui est connue sous le nom de Cocherel. Plus qu’aucune autre bourgade de la baie de Gascogne, La Teste se trouvait menacée par la marche progressive des dunes qui la dominaient, On regardait déjà comme très-prochaîne l’époque où elle disparaîtrait sous les sables, lorsque, vers la fin du siècle dernier, un homme de génie, M. Brémontier, inspecteur général des ponts et chaussées, conçut le projet de fixer ces dunes mobiles et menaçantes en les couvrant de forêts. Il lui fallut douze années de travaux et de démarches pour obtenir la permission de faire des essais en grand. Enfin, il réussit au delà de toute espérance, et, dans les premières années de ce siècle, La Teste s’est montrée reconnaissante envers son libérateur. Un cippe a été, en 1818, érigé à la gloire de Brémontier sur la dune la plus voisine de la ville. »

TESTE (Antoine), homme politique français, né à Bagnols (Gard) en 1744, mort dans le même lieu en 1804. Il alla étudier le droit à Toulouse, où il se fit recevoir avocat, puis devint notaire à Bagnols. Frappé des criants abus qui pullulaient sous l’ancien régime, il adressa à ce sujet à l’intendant du Languedoc des représentations énergiques, auxquelles on répondit en lançant contre lui deux lettres de cachet. Pour se soustraire à la prison, Teste se réfugia d’abord à Montpellier, puis dans le comtat d’Avignon. Au début de la Révolution, il revint à Bagnols, prit une part active à la rédaction des cahiers pour les états généraux et se lança avec ardeur dans le mouvement qui devait régénérer la France. Il avait refusé des fonctions dans la magistrature et avait décliné une candidature à la Convention, lorsqu’il consentit à accepter le poste de procureur général syndic, auquel l’appelèrent ses concitoyens (1793). Après la journée du 31 mai, il résista au parti fédéraliste, qui dominait dans le Midi, et perdit ses fonctions ; mais il les reprit peu après, lorsque la Convention eut triomphé dans les départements. Toutefois, opposé aux excès, il fit tous ses efforts pour empêcher l’établissement du tribunal révolutionnaire dans le département du Gard, provoqua l’arrestation du maire de Nîmes, fut dénoncé au comité de Sûreté générale et se vit destitué de nouveau. Teste alla se réfugier au quartier général de l’armée des Alpes. Après le 9 thermidor, il revint à Bagnols et, toujours partisan de la modération, il combattit la réaction violente qui se produisit contre les vaincus de thermidor. Cette conduite lui valut d’être proscrit de nouveau. De retour en France après la journée du 13 vendémiaire an IV, Teste devint commissaire du directoire exécutif près les tribunaux du département de Vaucluse. Peu après il était destitué et poursuivi comme détenant des papiers qui intéressaient la sûreté publique. Teste se disculpa facilement en prouvant qu’il n’avait gardé que des copies de ses propres lettres. En l’an VI, il devint membre de l’administration départementale. Le Directoire, pour faire échouer sa candidature au conseil des Cinq-Cents, imagina de l’envelopper dans une prétendue conspiration dont l’inanité fut constatée. Pour le gagner, on lui offrit, mais inutilement, les fonctions de commissaire à Malte et de chef de division dans un ministère. Après le coup d’État du 18 brumaire, ce ferme républicain se prononça hautement contre le nouveau pouvoir et vécut, dès lors, complètement dans la retraite.

TESTE (François-Antoine, baron), général français, fils du précédent, né à Bagnols (Gard) en 1775, mort à Angoulême en 1862. Il entra à dix-sept ans dans l’armée comme engagé volontaire, fut nommé chef de bataillon à la suite d’un brillant fait d’armes et devint aide de camp du général Chabran. Étant passé en Italie, il prit une grande part à la prise du fort de Bard et fut promu chef de la 5e demi-brigade de ligne en 1800. Teste continua à se distinguer au passage de l’Adige, à l’attaque des lignes de Caldiero, au combat de San-Pietro, où il jeta dans la Brenta l’arrière-garde de l’archiduc Charles, et reçut de Masséna, sur le champ de bataille, les épaulettes de général de brigade (1805). Teste prit part ensuite à l’expédition de Dalmatie, défendit Raguse contre les Russes et les Monténégrins, puis passa en Italie. Il fit la campagne de 1809, fut nommé cette même année baron, reçut une blessure au combat de Sacile, rejoignit ensuite l’armée en Hongrie et décida le gain de la bataille de Raab en enlevant le plateau de Sabadhégy. Nommé gouverneur de Custrin en 1811, il quitta cette place pour faire la campagne de Russie, se distingua à la Moskowa, reçut une nouvelle blessure, prit le gouvernement de Viazma et devint général de division (1813), après avoir coopéré à la retraite. Peu après, il commanda une des divisions du corps d’observation sur le Rhin, remplaça le général Haxo comme gouverneur de Magdebourg, enleva le faubourg de Plauen lors de la bataille de Dresde, fut fait prisonnier lors de la violation de la capitulation de cette ville et ne recouvra la liberté qu’après la chute de Napoléon (1814). Pendant les Cent-Jours.il fut chargé d’organiser une division du 6e corps. Envoyé avec Grouchy à la poursuite des Prussiens, il enleva les hauteurs de Bierge et, après la bataille de Waterloo, il soutint dans Namur, avec 2,300 hommes, un combat acharné contre 15,000 Prussiens. Grâce à cette belle résistance, il arrêta court l’élan de l’ennemi et favorisa la retraite de Grouchy, qui put rentrer en France sans être entamé. Licencié au second retour des Bourbons, il fut chargé en 1828 d’une inspection d’infanterie dans l’Ouest. Après la révolution de juillet 1830, il reçut le commandement de la 14e division militaire, qu’il garda jusqu’en 1843, et siégea k la Chambre des pairs de 1839 à 1848. A partir de cette époque, il vécut dans la retraite.

TESTE (Jean-Baptiste), jurisconsulte et homme d’État français, frère du précédent, né à Bagnols (Gard) en 1780, mort à Paris en 1852. Il faisait ses études au collège des Joséphistea lorsque ces religieux furent expulsés en 1792. En ce moment, son père prenait une grande part au mouvement qui régénérait la France. Jean-Baptiste Teste, malgré son extrême jeunesse, se mêla aux débats politiques des réunions publiques. Doué d’une grande facilité de parole, il se fit tellement remarquer qu’il fut un des délégués que le club de Bagnols envoya à Valence en 1793 pour assister à une grande assemblée populaire, convoquée pour aviser aux moyens d’assurer dans le Midi l’autorité de la Convention contre les fédéralistes. De là, il se rendit avec Dedelay d’Agier à Marseille, où il combattit également le fédéralisme. Après la journée du 9 thermidor, il dut se réfugier avec son père à l’armée des Alpes, où il obtint un emploi dans l’administration. À la suite des événements du 13 vendémiaire, il revint à Bagnols et devint secrétaire de la municipalité. En 1799, son père l’envoya à Paris pour y étudier le droit. Deux ans plus tard, il était reçu avocat, et ses professeurs avaient conçu de son talent une telle opinion que, quelques mois plus tard, il était nommé professeur suppléant à l’Académie de législation, dont il devint membre en 1805. En même temps, il exerçait la profession d’avocat. Cambacérès, qui eut l’occasion de l’entendre plaider, fut vivement frappé de son talent oratoire. Après la mort de son père (1807), Teste alla se fixer à Nîmes, où il tint le premier rang au barreau. Il résidait encore dans cette ville lorsque, en mars 1815, Napoléon quitta l’Ile d’Elbe et marcha sur Paris. Peu après, le duc d’Angoulême traversait avec une petite armée le département du Gard. Les libéraux, redoutant le fanatisme des royalistes, chargèrent Teste de se rendra à Paris et de demander à Bonaparte d’envoyer des secours dans le Midi pour étouffer le mouvement royaliste, qui y était menaçant. À la suite d’une entrevue qu’il eut avec ce dernier, il fut chargé de porter des instructions aux généraux Grouchy et Piré, et « il mit à cette mission tant de zèle et d’activité, dit Michaud, qu’en peu de jours le duc d’Angoulèrae, accablé par le nombre, fut contraint de signer une capitulation dont la dispersion de son armée et son embarquement pour l’Espagne furent la conséquence. » Envoyé comme commissaire général de police à Lyon, où régnait une grande fermentation, Teste parvint à y maintenir l’ordre. Pendant ce temps (25 mai), il était nommé par les électeurs du Gard membre de la Chambra des députés, où il ne put siéger. Après la seconde rentrée des Bourbons, Teste, compris sur les listes de proscription, alla s’établir à Liège, où il exerça la profession d’avocat. Appelé à défendre le Mercure surveillant, journal démocratique qui paraissait dans cette ville et était poursuivi comme ayant outragé les souverains signataires du traité de la Sainte-Alliance, non-seulement il ne put, malgré une éloquente plaidoirie, obtenir un acquittement, mais encore il reçut l’ordre de quitter Liège. Teste se rendit alors à Bruxelles. Après la publication de l’ordonnance du 15 septembre 1816, il revint à Paris, où il na put se faire inscrire un barreau, et publia des articles dans un journal de l’opposition. Voyant les difficultés qu’il éprouverait à reprendre sa profession d’avocat, il résolut de retourner à Liège. Ce fut dans cette ville qu’il habita jusqu’en 1830, plaidant avec un très-grand succès et possédant une belle clientèle. Le roi Guillaume le chargea de diriger ses affaires domaniales, et lors du procès qui eut lieu, au sujet du duché de Bouillon, entre les Rohan et les d’Orléans, il fut appelé à plaider pour ces derniers. À la nouvelle de la révolution de 1830, Teste revint à Paris. S’étant fait inscrire au barreaa, il s’y plaça aussitôt au premier rang et fut nommé avocat du domaine et du trésor. Aux élections de 1831, le collège électoral d’Uzès l’envoya siéger à la Chambre des députés, où il fit partie du tiers parti libéral. Teste prit part principalement aux discussions relatives à la législation, un commerce et aux travaux publics. Le 10 novembre 1834, il reçut le portefeuille du commerce, qu’il ne garda que trois jours, puis il devint vice-président de la Chambre et, le 8 mars 1839, ministre de la justice. Pendant son passage à ces fonctions, il nomma une commission chargée d’étudier les moyens de supprimer la vénalité des offices ministériels. Le 29 octobre 1840, il déposa les sceaux pour prendre le portefeuille des travaux publics et fit voter trois lois importantes, celle de l’expropriation pour cause d’utilité publique (1841), la loi des chemins de fer (1842) et celle des brevets d’invention (1843). Le 16 décembre 1843, il quitta le ministère, reçut un siège à la Chambre des pairs et fut nommé, peu après, président de chambre à la cour de cassation. Teste jouissait de la plus haute considération, lorsqu’il se vit tout à coup compromis dans un procès qui eut un retentissement énorme et qui contribua puissamment à mettre en pleine lumière la corruption et la vénalité qui s’étaient implantées dans les hautes régions gouvernementales. En 1847, le général Despans-Cubières, ancien ministre de la guerre, fut poursuivi par plusieurs de ses coassociés dans l’exploitation des mines de sel de Gouhenans, comme ayant reçu des sommes dont l’emploi ne paraissait pas suffisamment justifié. Le 1er mai 1847 le journal le Droit publia des extraits d’une correspondance du général Cubières, dans