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gramme. Les marches qui conduisaient dans chacun des bassins subsistent encore, ainsi qu’une partie du tuyau par lequel arrivait 1 eau dans l’un d’eux ; le toit au-dessus de la partie centrale de cette pièce était, comme celui de la natatio, supporté par huit colonnes immenses. En continuant à s’avancer dans le même sens, on rencontre des appartements trop ruinés pour qu’on puisse les restaurer avec quelque certitude, mais qui contenaient, sans aucun doute, le laeonicum, ou bain de vapeur, auquel servait probablement la pièce circulaire qui forme le fond de l’édifice. Des deux côtés étaient des citernes à eau placées près des chambres de bain et alimentées par les cuves situées k l’autre bout de l’édifice. Deux pièces spacieuses, placées symétriquement sur les flancs dubâtiment central, étaient des chambres couvertes servant à faire de l’exercice dans les mauvais temps, et elles semblent bien appropriées aux jeux de balle (sphxristeria) auxquels se livraient les Romains. Celles qui se trouvent plus loin, k côté de la double galerie, étaient des bassins d’eau froide (baptisteria), avec une chambre où on se frottait le corps d’huile (elzothesium), et, de chaque côté, une chambre fraîche (frigidarium). L’ensemble des bâtiments a, en tout, un mille de tour, et le massif du milieu avait un étage supérieur, dont il existe encore des traces et où étaient probablement placées des bibliothèques et des galeries de tableaux. Ampère dit, en parlant des thermes de Dioctétien : « Les thermes qui portent son nom, mais qui, en réalité, turent l’œuvre collective des quatre Augustes et des deux Césars qui se partageaient le monde romain et dont aucun ne vécut dans Rome, que ses maîtres commençaient à abandonner, ces thermes attestent par leur étendue et par le grand aspect de ce qui en subsiste, surtout de la salle dont Michel-Ange a fait une des plus belles églises de Rome, ce que l’architecture était encore au temps de Dioclétien. »

THERMES, c’est-à-dire bains chauds, nom de plusieurs villes anciennes et d’un grand nombre de monuments, qui portent pour la

Ïdupart les noms des empereurs romains qui es ont fait construire.

Thermos (palais dks), à Paris. Paris possède les restes d’un établissement du genre de ceux que nous venons de décrire, et qui est le seul vestige considérable de la résidence des Romains dans cette capitale.

Les restes du palais des Thermes, convertis depuis quelques années en lieu d’asile Îiour tous les débris antiques retrouvés dans e sol parisien, présentent leur point de vue principal sur le boulevard Saint - Michel. L’ensemble général de ces ruines offre un aspect grandiose, où l’on retrouve les proportions imposantes et la hardiesse des constructions du peuple-roi.

L’origine de ce palais a donné lieu à bien des controverses ; l’opinion la plus accréditée en attribue la fondation à l’empereur Constance Chlore, qui séjourna quatorze ans dans les Gaules, tandis que son collègue Dioclétien régnait à Rome. Pendant longtemps, l’empereur Julien a été regardé comme la fondateur du palais des Thermes, qui était sa résidence favorite quand il habitait • sa chère Lutèce ; » il y fut même proclamé empereur. Un examen approfondi des matériaux et du système de la décoration a fait reconnaître que, bien que l’édifice portât le nom de Thermes de Julien, sa construction était antérieure au règne de ce prince.

Le palais des Thermes était très vaste ; au dire de quelques auteurs, ses dépendances et ses jardins s’étendaient depuis la Seine jusqu’au sommet de la montagne Sainte-Geneviève ; rien n’avait été épargné pour faire de cette résidence impériale une habitation splendide ; elle était protégée par un camp établi sur l’emplacement actuel d’une partie du jardin du Luxembourg ; les empereurs Valens et Valentinien tirent dans ce palais un séjour de quelque durée.

Quelques-uns des rois francs habitèrent le palais des Thermes ; le poëte Fortunat célèbre la magnificence et l’étendue de cet édifice ; d’après lui, le roi Childebert se rendait, sans quitter les jardins du logis impérial, à l’abbaye de Saint-Vincent, aujourd’hui Saint-Germain-des-Prés. Le palais occupait donc

tout le terrain des quartiers de l’École-de-Médecine et de Saint-Andié-des-Arts. Abandonné par Charlemagne et par ses successeurs, dévasté par les Normands, il cessa d’être la résidence des souverains et devint, k ce que l’on croit, la possession des comtes de Paris. Quoi qu’il en soit, vers la fin du xne siècle, le palais des Thermes était dans un état parfait de conservation ; iean de Hauteville nous apprend dans ses poésies que cette antique demeure faisait encore à cette époque l’admiration des Parisiens.

Peu a peu, cependant, des quartiers populeux enveloppèrent le palais et ses jardins ; ce domaine fut morcelé et envahi par les rues et les maisons, et il était probablement déjà bien amoindri quand, en 1218, Philippe-Auguste eu fit don à Henri, son chambellan.

Ce qui subsistait encore du palais fut, k la fin du Xive siècle, acquis par les abbés de Cluny, qui, sur une partie de l’emplacement des Thermes, élevèrent l’hôtel où se trouvent réunies aujourd’hui tant de collections

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précieuses pour l’art et pour les études archéologiques.

Il y a peu d’années encore, ce qui reste du palais des Thermes, enserré par des constructions modernes et enterré sous une couche profonde de terre végétale, servait de cave à un tonnelier et soutenait un jardin où croissaient des arbres dont les racines disjoignaient les pierres de la voûte romaine. La sollicitude de Louis XVIII sauva ces vestiges vénérables, menacés par tant de causes de destruction. Ce prince ordonna la démolition des maisons qui obstruaient le monument ; les ruines furent achetées par le préfet de la Seine ; les terres qui pesaient de tout leur poids sur la voûte furent promptement enlevées ; dès 1820, des travaux de consolidation commencèrent ; en même temps

avaient lieu des fouilles qui amenèrent de nouvelles découvertes. Les restaurations accomplies depuis cette époque ont mis ces ruines intéressantes à l’abri des injures du temps et des dégradations plus funestes encore qu’y aurait pu causer la main des hommes.

La partie la mieux conservée du palais des Thermes est une immense salle dont la voûte s’élève fièrement k quarante pieds de hauteur et dont l’architecture, simple et noble à la fois, commande l’admiration par son caractère d’inébranlable solidité et par le grandiose de ses proportions. Des poupes de navires, servant de consoles aux retombées des voussures des voûtes, et trois niches, entourées de claveaux découpés dans la brique et la pierre, sont les seuls ornements de cette salle, qui mesure 21 mètres de longueur sur 12 mètres de largeur. On croit qu elle servait aux bains froids ; c’était le frigidarium des bains romains. Au nord se trouve une autre pièce du même style, mais de moindre dimension, et qui formait la piscine. Au couchant de la salle des bains froids, c’est-à-dire en venant vers le boulevard, on parvient, après avoir traversé un vestibule, dans le tepidarium ou salle des bains chauds, dont il ne reste plus que des murailles en ruine ; cette salie était bordée de grandes niches ; on y voyait des débris d’hypocauste, de réservoirs et d’escaliers.

Les Thermes s’étendaient vers le levant ; des murailles antiques, enclavées dans les bâtiments de l’hôtel de Cluny, ne laissent subsister aucun doute à cet égard. Ces constructions sont exécutées en petit appareil carré, formant des murs d’une solidité à toute épreuve, composés d’assises de moellons et d’assises de briques, disposées alternativement et unies par ce ciment indestructible dont le secret est perdu. Les murs des salles étaient intérieurement recouverts d’une couche de stuc de trois à quatre pouces d’épaisseur, dont on voit encore, çk et lk, quelques traces.

Au-dessous du sol de la grande salle existent des restes d’aqueducs, des traces de réservoirs et plusieurs salles curieuses, les unes voûtées, les autres couvertes en plafond, vestiges du double étage de souterrains dans lesquels se réfugia le philosophe Julien pour se soustraire aux ennuis de la pourpre dont ses légions voulaient le décorer. On n’a jamais su jusqu’où s’étendaient ces souterrains ; mais des explorateurs dignes de foi ont assuré que, dans presque toutes les caves des maisons situées entre la rue des Mathurins-Saint-Jacques et la rivière, ils ont

vu des piliers et des voûtes du même genre de maçonnerie que celle des Thermes.

Les sources de Rungis, situées k trois lieues de Paris, alimentaient les piscines du palais des Thermes ; les eaux pures et saines de ces sources étaient amenées dans les réservoirs des bains par un aqueduc qui traversait le vallon d’Arcueil sur une suite de hautes arcades d’un beau caractère architectural, et dont quelques-unes, respectées par le temps, présentent le même appareil de construction que les murailles du palais.

Parmi les monuments que les Romains ont laissés dans diverses parties des Gaules, il en est plusieurs qui, par leur importance artistique et par leur état de conservation, laissent loin derrière eux le palais des Thermes ; Lillebonne, Narbonne, Orange, Nîmes surtout, où se trouvent réunis dans un étroit espace des chefs-d’œuvre tels que le temple et la fontaine de Diane, la Maison carrée, la porte de César, etc., sont, k cet égard, plus favorisés que la vieille Lutèce : mais, telles qu’elles nous ont été conservées, les ruines du palais des Césars, sur lesquelles quinze siècles ont passé, commandent l’admiration et par les souvenirs que leur présence évoque et par leur caractère de hardiesse architecturale et d’inébranlable solidité.

THERMES (Paul de La Barthe, seigneur de), maréchal de France, né k Couserans (Gascogne) en 1482, mort k Paris en 1562. Il appartenait à une famille noble, mais pauvre. Ayant tué dans un duel un homme fort bien en cour, il dut quitter la France. Eu 1528, il prit part, sous les ordres de Lautreo, au siège de Naples, tomba entre les mains de corsaires turcs en revenant en France avec les débris de l’expédition et subit deux années de dure captivité. Racheté en 1530, il reçut de François Ier une compagnie de chevaulégers, se distingua en Piémont, dans le Roussillon et commanda 1,600 chevaux au siège de Perpignan (1542). Nommé, en ré THER

compense de son activité, de sa prudence et de sa valeur, gouverneur de Savillan, il défendit cette place avec succès contre les efforts réunis du duc de Savoie et du marquis de Vasto, reçut ensuite le commandement de Lans, château près de Turin, prit une part brillante k la bataille de Cérisoles, où il fut fait prisonnier (1544), et fut échangé peu après. Lorsque la guerre eut recommencé, en 1547, de Thermes s’empara du marquisat de Saluées et de Revel, place forte du Piémont, puis il passa en Écosse en 1549, pour y défendre la reine Marie et enleva plusieursplaces aux Anglais. De retour en France (1550), il reçut la mission de se rendre auprès du pape Jules III, pour le détourner de faire la guerre k Octave Farnèse, protégé par la France. N’ayant pu y parvenir, il se jeta dans Parme, qu’il défendit contre Gonzague et Marignan (1551), excita k la révolte et défendit la petite république de Sienne, alla soumettre, en 1554, une partie de l’île de Corse k la France et fut appelé, l’année suivante, au commandement général du Piémont. Après avoir fait deux campagnes, en 1555 et 1557, et reçu de Henri II le comté de Comminges et le bâton de maréchal (1557), de Thermes contribua k la reprise de Calais (1558), qui était depuis deux cent dix ans au pouvoir des Anglais, fut nommé gouverneur de cette ville, prit peu après d’assaut Dunkerque et s’avança jusqu’à Nieuport en ravageant tout le pays ; mais bientôt il se vit attaqué par les Espagnols et par le comte d’Egmont, dut battre en retraite, fut atteint et vaincu à Gravelines par l’ennemi, entre les mains duquel il tomba, et recouvra la liberté lors du traité de Cateau-Cambrésis (1559). Attaché aux Guises et chargé du gouvernement de Paris au commencement des

troubles religieux, il fut destitué à cause de sa modération et mourut peu de temps après cette honorable disgrâce. De Thermes avait acquis la réputation d’un des plus braves capitaines de son temps.

THERMÉSIE s. f. (tèr-mé-zl — du gr. thermê, chaleur). Entom. Genre d’insectes lépidoptères nocturnes, de la tribu des noctuides.

THERM1A, ancienne Cythnos, île du royaume de Grèce, dans les Cyclades septentrionales, au S.-S.-E. de Zea, par 37<> 24’ de latit. N. et 23° 5’ de longit. E. ; 20 kilom. sur 8 ; 6, f>00 hab. Elle est montagneuse, mais très-fertile lk où le sol peut être cultivé. On y recueille particulièrement de l’orge, du coton et du vin, et on y élève des moutons, des vers k soie et des abeilles. Elle produit de l’orge, du vin, du miel, de la cire et de la laine. Elle renferme deux bourgs, Silackea et Thermia. Ce dernier, qui en est le chef-lieu et la résidence d’un évêque grec, compte 4,000 habitants.

THERMIÂTRIE s. f. (tèr-mi-a-trî — de thermes, et du gr. iatreia, médecine, guérison). Méd. Partie de la thérapeutique qui a pour objet les eaux thermales.


THERMIDOR s. m. (tèr-mi-dor — du gr. thermê, chaleur). Onzième mois du calendrier républicain, commençant le 19 ou le 20 juillet et finissant le 17 ou le 18 août.

— Adj. Style thermidor, Genre de décoration lourd et de mauvais goût qui caractérise les édifices construits dans les dernières années de la Révolution française.

Thermidor (JOURNÉE DU 9) [27 juillet 1794]. Depuis le rapport de Vadier sur Catherine Théot, Robespierre avait cessé de prendre part aux délibérations du comité de Salut public, où il ne comptait plus que des adversaires, de même que dans le comité de Sûreté générale. Le seul membre influent qui fût son ami, Saint-Just, remplissait une mission aux armées. Celui-ci étant de retour, Robespierre songea à frapper un grand coup pour ressaisir la direction des affaires, qui échappait de ses mains. Envoyer à l’échafaud les députés qui lui étaient le plus hostiles dans les deux partis extrêmes, en les représentant comme les continuateurs d’Hébert et de Danton, tel était son moyen. Déjà, il les avait renfermés dans un cercle étroit d’espionnage, mais non sans leur donner l’éveil. Le 8 thermidor, il lut à la tribune un long discours dans lequel il attaquait les comités de gouvernement, désignait, sans les nommer, ceux qu’il voulait sacrifier et faisait sa propre apologie. Dans le premier moment, la Convention vota l’impression du discours et son envoi à toutes les communes ; mais les représentants sur la tête desquels était suspendu le glaive éclatèrent tout à coup contre le dictateur, et le décret fut rapporté. Le soir, Robespierre lut son discours aux Jacobins ; on l’applaudit beaucoup ; on chassa de la salle ceux des députés qui s’étaient opposés à l’impression ; Biilaud-Varennes et Collot d’Herbois, deux membres du comité de Salut public, étaient du nombre. Ils se rendirent au comité pour lui faire part du traitement dont ils venaient d’être l’objet. L’indignation fut grande parmi leurs collègues. Saint-Just était là, silencieux, écrivant sur une table. On l’interpelle vivement, on s’approche, on saisit son manuscrit : c’était un projet de discours, où, plus explicite que Robespierre, il dénonçait nominativement les membres des comités. On lui fit promettre de ne pas faire usage de ce qu’il avait écrit ; mais le lendemain, dès l’ouverture de la séance de la Convention, il monta à la tribune pour y lire sa harangue. Il ne put pas aller au delà du quatrième alinéa. Tallien (v. ce nom) l’interrompit. Ce fut alors un torrent de dénonciations, d’imprécations et d’injures contre Robespierre. La Plaine, sur laquelle il comptait, l’abandonna. Chaque fois qu’il voulait prendre la parole, Sa voix était étouffée par le cri : « À bas le tyran ! » poussé de tous les côtés de la salle. Enfin on le décréta d’arrestation, lui, son frère, Saint-Just, Couthon et Lebas. La même mesure fut prise contre Hanriot, commandant de la garde nationale, Dumas, président du tribunal révolutionnaire, et autres. Ils restèrent à peine en prison quelques heures ; on les délivra par ordre du conseil de la Commune, alors en pleine insurrection contre la Convention nationale. Lorsque la Convention apprit qu’ils étaient à l’Hôtel de ville, elle les mit hors la loi, ainsi que tous les municipaux. Ceux-ci prenaient des mesures énergiques pour assurer le succès de l’insurrection. Ils avaient déjà réuni la plupart des sections autour d’eux ; mais Hanriot, investi du commandement, était ivre depuis le matin. Robespierre, hésitant devant cette levée de boucliers contre la représentation nationale, paralysait le mouvement par son inertie. La Convention, au contraire, agissait avec vigueur. Elle avait chargé Barras et d’autres représentants de diriger la force armée contre la Commune. Ils se répandirent dans tous les quartiers de Paris pour y haranguer le peuple et ils obtinrent un plein succès. À sept heures du soir, la Convention n’avait pas un seul homme pour elle ; mais, vers trois heures du matin, elle avait réuni assez de forces pour envahir l’hôtel communal et se saisir de tous ceux qui s’y trouvaient. Parmi les prisonniers, cent quatre furent exécutés les 10, 11 et 12 thermidor, après la seule constatation de leur identité devant le tribunal révolutionnaire ; c’étaient Robespierre et son frère, Saint-Just, Couthon et Lebas, le commandant de la force armée, le président du tribunal révolutionnaire, le dernier président des Jacobins, le maire de Paris, l’agent national de la Commune, tous les membres de la municipalité ou du conseil général. V. Robespierre, Tallien, Merda, etc.


THERMIDOR (Notre-Dame de), surnom donné à Mme  Tallien, à cause de l’influence réelle qu’elle avait eue sur les événements en excitant Tallien, qui n’était pas encore son époux, à préparer la chute de Robespierre au 9 thermidor. Elle était alors à la Force et menacée du tribunal révolutionnaire. D’autres la nommèrent Notre-Dame de Septembre, mais rien de plus absurde et de plus injuste ; car, lors des massacres de septembre, elle était à Bordeaux et ne connut Tallien qu’à l’époque de sa mission en cette ville, en octobre 1793. Elle ne pouvait donc avoir eu aucune influence sur sa conduite en septembre 1792 (on sait qu’il était accusé, à tort ou à raison, d’avoir trempé dans les massacres).

Thermidor (Notre-Dame de), roman d’Arsène Houssaye. V. Tallien (Mme ).


THERMIDORIEN, IENNE adj. (tèr-mi-do-ri-ain, -è-ne — rad. thermidor). Hist. Qui a rapport aux événements du 9 thermidor an II : La réaction thermidorienne est une des plus lâches que la France ait produites. (G. Sand.)

— s. m. Nom donné aux instigateurs et aux auteurs des événements du 9 thermidor an II : Robespierre n’était pas tout à fait si nul qu’on l’a fait au gré des thermidoriens. (Ch. Nod.)

— Encycl. On donna ce nom à ceux qui prirent une part active à la journée du 9 thermidor, bien qu’ils ne fussent pas tous unis de vues. D’un côté, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois, Vadier, Amar, Léonard Bourdon avaient renversé Robespierre pour écarter un homme intraitable, impérieux, qui voulait imposer ses idées, souvent fort étroites, aux autres membres du gouvernement ; mais ils n’avaient point entendu arrêter l’essor du mouvement révolutionnaire. Tallien, Legendre, Fréron, Thuriot, Bourdon (de l’Oise), Rovère, Merlin (de Thionville), Barras, au contraire, voulaient que la chute de Robespierre fût le signal de la réaction, et ils l’emportèrent facilement, appuyés qu’ils étaient par la majorité modérée de la Convention. Les premiers ne tardèrent pas à être proscrits : c’étaient les dupes ; les autres eurent à lutter pour n’être pas emportés eux-mêmes avec la République, tant la marche rétrograde fut rapide : les révolutionnaires devenaient-ils menaçants, ils s’appuyaient sur les royalistes ; si ceux-ci remuaient, ils appelaient les autres à leur aide. C’est par ce système de bascule que Tallien et ses amis arrivèrent à se maintenir jusqu’à la fin de la session conventionnelle (13 brumaire an IV ou 4 novembre 1795). Alors cessa la dénomination de thermidoriens. La plupart de ces hommes étaient d’une immoralité profonde ; ils léguèrent cet héritage au Directoire. Une fête commémorative du 9 thermidor, qu’ils avaient instituée en l’an III, sur la proposition du député Olivier Gérente, fut célébrée jusqu’en l’an VII.


THERMIQUE adj. (tèr-mi-ke — du gr. thermê, chaleur). Physiq. Qui a rapport k la chaleur, k la température : Indications tkebt