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sont les prodromes de la morve chronique. Un aboiement cassé, rauque, sinistre, répété trois à quatre fois soit le jour, soit pendant la nuit, est le prodrome de la rage du chien.

Quant aux symptômes locaux, ila sont fournis par la position, les rapports, la structure anomale des organes, et notamment par le trouble de leurs fonctions particulières ou communes. On les a encore nommés pathognomoniques, caractéristiques, essentiels, positifs. vrais, diagnostiques, parce qu’ils servent a faire reconnaître le siège, la nature, la gravité ou la bénignité, l’état simple ou compliqué des maladies. Ce sont eux aussi qui fournissent les indications les plus précises pour le choix des moyens rationnels propres à combattre les maladies avec succès et promptitude. Ainsi, un cheval est malade et présente comme symptômes de la tristesse, de l’inappétence, de la chaleur à la peau ; les poils sont ternes, hérissés et les excréments durs ; la respiration est laborieuse, l’expiration courte ; la toux est grasse et facile, le pouls grand et mou ; la poitrine rend un son mat a la percussion du côté gauche ; à. l’auscultation, on perçoit, de ce même côté, un râle crépitant, accompagné d’un murmure respiratoire faible. On demande maintenant quel est l’appareil d’orgiuies qui est attaqué, quelle est la nature du mal et quel est l’organe malade ? Assurément, ce ne sont point les symptômes tels que l’inappétence, la tristesse, l’absence du lait, la chaleur de la bouche, etc., qui feront reconnaître la maladie, parce que ces symptômes appartiennent aussi bien à la gastro-entérite qu’à la pleurite, à la pneumomte qu’a la métrite ; mais l’inspiration forte, la grandeur et la mollesse du pouls, la toux grasse, la matité, l’absence du bruit respiratoire, le râle crépitant indiqueront, d’une part, que la maladie affecte les organes respiratoires pectoraux ; d’autre part, qu’elle a son siège clans le tissu du poumon et que sa nature est inflammatoire. On voit donc que les prodromes

ou symptômes généraux ne peuvent être confondus avec les symptômes locaux ou pathognomoniques.

Quant aux symptômes sympathiques et pathognouiouiqu.es, ils sont tour.nis par le trouble d’organes éloignés, qui entretiennent dans l’état de saute et dans celui de maladie des sympathies nombreuses, soit par continuité, soit par contiguïté de tissus, soit enfin par l’intermédiaire de cordons nerveux avec l’organe malade, et dont les fonctions sont troublées. Ainsi, par exemple, la rougeur, la sécrétion purulente qui se lait remarquer aux conjonctives dans la morve, le catarrhe nasal, sont les symptômes sympathiques et pathognomoniques d une maladie qui a son siège

dans la muqueuse du nez. L’enduit blanchâtre, noirâtre de la partie supérieure de la langue, la rougeur de la pointe et des bords de cet organe sont aussi des symptômes sympathiques et patbognomoniques de l’inflammation intestinale. Aussi bien que les symptômes locaux, ces symptômes sont fort utiles a connaître pour le diagnostic des maladies.

Symptôme* Intellectuel* de la folie (DES),

par Eugène Sémérie. V. polie.

SYMPTOSE s. f. (sain-pto-ze — du préf. sym, et du gr. ptàsis, chute). Pathol. Amaigrissement, affaissement des parties.

SYN, préfixe qui veut dire avec, et qui vient du grec sun, même sens. Ce préfixe marque union, combinaison, concomitance, survenance. Il se transforme en sym devant un h ou un p, en syl devant un l.

SYN ou SYN1A, déesse Scandinave qui préside à l’équité et à la justice. Elle garde la porte du palais "Wingolf et ne laisse entrer que ceux qui disent la vérité. Elle punit aussi les faux témoignages.

SYN ADELPHE s. m. (si-na-dèl-fe — du préf. syn, et du gr. adetp/ios, frère). Tératol. Monstre qui a un seul tronc et huit membres

SYNADELPHIE s. f. (si-na-dèl-fl — rad. synadelphe). Tératol. Conformation des synadelphes.

SYNADELPHIEN, IENNE adj. (si-na-dèlfi-ain, i-è-ne — rad. synadelphie). Tératol. Qui a rapport aux synadelphes, qui a la conformation des synadelphes : Monstre syna-

DELPH1KN.

SYNADELPHIQUE adj. (si-na-dèl-fi-kerad. synadelphie). Tératol. Qui se rapporte à la synadelphie : Conformation synadelphiqub.

SYNJEDRIS s. m. (si-né-driss — du préf. syn, etdugr. aidreia, ignorance). Bot. Genre d arbres, de la famille des cupulifères, qui croit en Chine, et dont on ne connaît que le fruit.

SYNAGÉLASTIQUE adj. (si-na-jé-la-sti-ke

— du préf. syn, et du gr. uyelazô, j’assemble). Zool. Qui vu par bandes : Poissons synagélastiques.

SYNAGOGUE s. f. (si-na-go-ghe — grec sunagogé ; de sun, avec, et de agô, je conduis). Hist. juive. Assemblée des fidèles, sous l’ancienne.loi juive : Docteur, chef de la synagogue. (Acad.) Un pharisien était un homme infaillible et impeccable, un pédant certain d’avoir raison, prenant la première place à la synagogue, priant dans les rues, faisant l’aumône à son de trompe, regardant si on te salue. (Renan.) La plupart des chefs qui firent

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les premières campagnes et les premières conquêtes de la nouvelle religion sortaient des synagogues hellénistes. (Peyrat.) Il Lieu où les Juifs s’assemblaient hors du temple, pour faire des lectures, des prières publiques : Notre-Seigneur allait souvent enseigner dans les synagogues. (Acad.) || Église juive, loi religieuse des Juifs : L’Église a succédé à la synagogue. La synagogue elle-même tolérait le divorce. (Gaume.) Il Lieu ou les juifs modernes s’assemblent pour l’exercice publie de leur religion : La synagogue consistoriale de Paris. La synagogue de Metz, d’Amsterdam. (Acad.) En France, le gouvernement ne bâtit pas seulement des églises, il construit encore des synagogues et des mosquées. (Guéroult.) Il Grande synagogue, Assemblée des docteurs de la loi, qui subsista depuis Esdras jusqu’au grand prêtre Siraéon.

— Loc. fam. Enterrer la synagogue avec honneur, Terminer une affaire, une entreprise avec éclat : Cet avocat a terminé sa carrière par un beau plaidoyer, il a enterré la synagogue avec honneur. (Acad.) Il Cette locution vient, d’après les historiens, des observances judaïques que les premiers chrétiens conservèrent jusqu’à la destruction du temple de Jérusalem, ce qui fut une manière honorable d’en finir avec l’ancienne loi.

— Encycl. Les synagogues étaient, chez les anciens Juifs, des édifices publics, où l’on se réunissait à certains jours pour y faire des prières, des lectures sacrées et y interpréter ta loi. Ces édifices étaient orientés à la manière des temples anciens, c’est-a-dire que la partie qui correspondait au sanctuaire était tournée vers l’Orient.

On ne trouve, dans les livres de l’Ancien Testament, rien qui paraisse se rapporter à des synagogues, d’où l’on conclut qu’il n’y en avait point avant la captivité de Babylone. Le temple de Jérusalem était le seul lieu consacré au culte, et l’on y venait de toute la Palestine pour accomplir les sacrifices. Les synagogues qui furent établies au retour de la captivité devinrent des écoles religieuses et des lieux de prédication, mais ne furent nullement substituées au temple.

Suivant les notions actuelles des juifs, on ne peut et on no doit point établir unésynagogue dans un lieu a moins qu’il ne s’y trouve dix personnes d’un â^e mûr, libres d’assister constamment au service qui doit s’y faire. Il n’y eut d’abord qu’ua petit nombre de ces lieux d’assemblée ; mais, dans la suite, ils se multiplièrent^ on croit que, du temps de Jésus-Christ, il n’y avait point de ville de

Judée où il ne se trouvât une synagogue. Il paraît qu’on en comptait quatre cent quatre-vingts dans la seule ville de Jérusalem.

Le service de la synagogue consistait dans la prière, la lecture de l’Écriture sainte avec l’interprétation qui s’en faisait et la prédication. La prière des juifs est contenue dans les formulaires de leur culte ; la plus solennellft est celle qu’ils appellent les Dix-neuf prières ; il est ordonné à toute personne parvenue à l’âge de discrétion" de la faire trois fois le jour, le matin, vers midi et le soir ; elle se dit dans lu synagogue tous les jours d’assemblée. La seconde partie du service est lalecturede l’Ancien Testament. Les juifs la commencent par trois morceaux détachés du Pentateuque. Ils lisent ensuite une des sections de la loi et des prophètes qu’ils ont marquées pour chaque semaine de l’année et pour chaque jour d’assemblée. La troisième partie du service est l’explication de l’Écriture et la prédication ; la première se faisait a mesure qu’on lisait, la seconde après la lecture finie. Jésus-Christ instruisait les Juifs de l’une et de l’autre de ces manières.

Autrefois, on s’assemblait trois jours de la semaine, le lundi, le jeudi et le samedi, jour du sabbat, et, chacun de ces jours, il y avait assemblée le matin, après midi et le soir. Les prêtres n’étaient pas les seuls ministres de la synagogue ; il y avait de plus les anciens, nommés dans l’Évangile principes synagogs ; on ne sait pas quel était leur nombre. A Cérinthe, on en voit deux, Crispe et Sosthène. Le ministre de la synagogue était celui qui prononçait les prières au nom de l’assemblée ; on prétend qu’il était nommé l’ange ou le messager de l’Église, et que c’est à l’imitation des Juifs que saint Jean, dans l’Apocalypse, a donné le nom d’ange aux évêques des sept églises d’Asie auxquels il adresse la parole. Après le ministre venaient les diacres ou serviteurs de la synagogue ; ils étaient chargés de garder les livres sacrés, ceux de la liturgie et les divers meubles ; ainsi il est dit que, quand Jésus-Christ eut fini la lecture dans la synagogue de Nazareth, il rendit le livre au ministre ; ce ministre inférieur était Je diacre. Les fonctions de ce diacre n’avaient aucune ressemblance avec celles des sept diacres qui furent établis par les apôtres dans l’Église de Jérusalem. Enfin, il y avait l’interprète, dont l’office consistait à traduire en chaldéen ou plutôt en syro-chaldaïque ce qui avait été lu au peuple hébreu ; il fallait, par conséquent, que cet homme sût parfaitement les deux langues. Cependant il n’est point fait mention de ces interprètes dans l’Evangile, et il est difficile de croire qu’il y ait eu, chez les Juifs, un assez grand nombre de ces hommes instruits pour en pourvoir toutes les synagogues.

On croit qu’avant la fin de l’assemblée le prêtre qui s’y trouvait, ou, à son défaut, le

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ministre, donnait la bénédiction au peuple, et qu’il y avait pour cela un formulaire particulier. Elait-ce celui que composa Moïse lorsqu’il bénit les Israélites avant sa mort, ou en était-ce un autre ? Personne n’en sait rien. La seule chose certaine, c’est que les juifs, dans leur service actuel, s’écartent en plusieurs points du plan que nous venons de tracer et qui, du reste, n est fondé que sur des conjectures.

Après la dispersion du peuple juif, les synagogues furent les lieux de réunion des fidèles et, le plus souvent, ces réunions étaient secrètes, à cause des persécutions dont les israélites étaient l’objet. Sous le règne de Philippe-Auguste, ils possédaient à Paris deux synagogues, dont 1 une rue de la Juiverie, dans la Cité. Tour a tour chassés et rappelés par la cupidité des rois, ils se cachaient le plus souvent pour prier. La Révolution, en émancipant les juifs, leur a permis de célébrer leurs fêtes avec la plus entière liberté. Le sanhédrin convoqué par Napoléon régla, en 1808, l’organisation des synagogues, qui devinrent alors des espèces de diocèses comprenant chacun plusieurs départements. 11 y eut, en outre, des synagogues particulières, suivant les besoins de la population. Le mot temple est celui dont se servent les juifs pour désigner le local consacré à la prière ; cependant, c’est le mot synagogue qui s’emploie communément. Les temples sont, à l’intérieur, nus comme les mosquées musulmanes, ou les temples calvinistes. Toutefois, il est permis d’y inscrire des sentences tirées de l’Écriture. Une sorte d’armoire placée du côté de l’orient, et qui représente plus ou moins l’arche d’alliance, contient un exemplaire du Pentateuque écrit à la main. Une des synagogues de Paris se trouve rue Notre-Damede-Nazareth ; c’est là qu’a été célébré, en

1868, le service funèbre du célèbre banquier, le baron James de Rothschild. Une autre synagogue a été inaugurée en septembre 1874 rue de la Victoire. Cet édifice, construit sur les plans de l’architecte Aldrophe, fut commencé vers 1865. La façade principale est percée de cinq grandes fenêtres, surmontées chacune d’une rosace, et d’une sixième rosace qui en occupe toute la partie haute centrale. Un médaillon portant les tables de la loi couronne l’édifice. Le temple proprement dit est précédé de deux porches, dont l’un est décoré de quatre colonnes eu stuc de couleur verle. L’intérieur se compose d’une vaste nef très-large et de bas-côtés comprenant cinq arcades et surmontés de galeries. À la naissance de la voûte se trouve une seconde galerie ornée de colonnettes, mais qui n’aura d’autre utilité que de produire un effet architectural. Les bas-côtés et les galeries supérieures, dont les arcades sont séparées par des colonnes de pierre surmontées de chapiteaux en marbre, ne se prolongent pas derrière le choeur ou sanctuaire, comme dans nos églises ; cette partie du temple, où se trouve le tubernacle qui renferme les livres sacrés et les autres objets du culte israèlite, n’étant accessible qu’aux ministres de la religion. À l’extrémité du temple, faisant face au sanctuaire, se trouvent deux tribunes superposées, dont la première est destinée au public et la seconde, placée un peu en arrière, à la maîtrise et à 1 organiste. Au-dessus des porches se trouvent une vaste salle dite du conseil, et plusieurs autres pièces, qui sont affectées à. 1 administration de la synagogue. Au milieu du temple est la Théba. l’autel où le ministre officie ; au fond’, le chœur, avec colonnes de marbre et splendides vitraux, où sont représentées les allégories des douze tribus. L’ameublement de cette nouvelle synagogue, dont le sanctuaire est décoré de tentures et de bronzes d’une grande richesse, se compose de deux sièges d’honneur pour les grands rabbins, douze sièges pour les rabbins et vingt pour lu consistoire. La construction et la décoration de ce temple ont coûté environ 2 millions.

SYNAGRE s. m. (si-na-gre — du préf. syn, et du gr. agrios, farouche). Entoin. Genre d’insectes hyménoptères, de la famille des vesplens, tribu des euménides, type du groupe des synagrites, dont l’espèce type babite le midi de l’Europe et le nord de l’Afrique.

— Ichthyol. Poisson du genre spare, qui se trouve surtout dans les mers de l’Amérique du Nord : Le Syvagre est long de huit à neuf pouces, et rarement d’un pied. (V. de Bomare.)

SYNAGRITE adj. (si-na-gri-te — rad. synagre). Entoin. Qui ressemble ou qui se rapporte au synagre.

— s. m. pi. Groupe d’insectes hyménoptères, de la famille des vespieas, ayant pour type le genre synagre.

SYNALÈPHE s, f. (si-na-lè-fe — du gr. sunaleiphô, je mêle). Gramm. Réunion, jonction de deux syllabes en une seule : Quelqu’un pour quelque un est une synalèphe. (Acad.)

— Encycl. La synalèphe, en général, consiste à réunir plusieurs syllabes en une seule. On distingue sept espèces de synaléphes, qui sont ;

h’étision, ou retranchement d’une voyelle remplacée par l’apostrophe.

La crase, ou contraction proprement dite.

V. CRASE.

La synérèse. V. ce mot.

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LV/i’stoii crase, qui a lieu quand, de plusieurs voyelles, la dernière étant rejetée, celles qui restent se confondent ensemble.

L’eïiston synérèse, quand, de plusieurs voyelles une étant rejetée, celles qui restent se prononcent en un seul et même son, comme par exemple en grec egôda, pour egà oida, où, « près le rejet de l’omicron, oméga et iota se contractent en oméga souscrit.

Lacrase synérèse, qu2inà deux voyelles étant contractées, celle qui en résulte se change avec la voyelle restante en une diphthongue ; exemple : en grec, tâuto, de to auto, dans Pindare. On voit ici que o a deviennent d, et cet oméga compose avec upsilon la diphthongue Ou.

Uélision crase synérèse, dans laquelle les trois altérations-successivement énoncées ci-dessus se trouvent mêlées ensemble. Ainsi, dans le mot grec kâia, pour kai eîta, où l’on trouve : une élision, puisque l’i a été rejeté ; une crase, puisque a, e ont été contractés eu a ; une synérèse, puisque cet a s’est confondu avec lï restant pour former une diphthongue.

SYNALISSE s. f. (si-na-li-se — du gr. synalizà, j’assemble). Bût. Genre de plantes cryptogames, de la famille des lichens.

SYNALLAGMATIQUE adj. (si-nal-la-gmati-ke ■— gr. sunallagmatikos ; de sunallagma, proprement objet d’échange, contrat ; de sun, avec, et de agein, ’ mener, conduire). Jurispr. Se dit des contrats qui contiennent obligation réciproque entre lies parties : Les actes synallagaiatiques sous signature privée doivent être faits doubles. (Teulet.) Un contrat entre deux parties est toujours synallaGmaTiquë, lorsque le contraire n’est pas déclaré par une clause précise. (Ohnteaub.) Le contrat synallagmatique et commuiatif exclut toute idée de serment. (Proudh.)

— Encycl. Le droit romain établissait une distinction relativement aux contrats synallagmatiques. Ulpien ne donne même le nom de contrat qu’aux engagements de cette nature : Contractant autem ultro citroque obligationem parère : veluti emptionem, venditionem, locationem, conductionem, societatem. Sous ce point de vue, les engagements unilatéraux neseraientpointdes contrats. « C’est même, dit Duranton, par suite de cette interprétation, adoptée ensuite par différents

auteurs, que l’on a dit au conseil d’État, lors de la discussion de la loi sur les donations et les testaments, que la donation n’était point un contrat, attendu, disait-on, qu’elle n’engendre pas d’obligation mutuelle ; que c’est un acte, dénomination qui lui a été effectivement donnée par l’article 894, à la place de celle de contrat, que portait le projet de loi. Cette observation n’avait au surplus aucune consistance, puisqu’on allait appeler également du nom de contrats des engagements purement unilatéraux (art. 1103), et, de plus, que la donation peut être faite avec des charges, qu’elle l’est même souvent. Les lois romaines elles-mêmes donn’ent d’ailleurs le nom de contrat à la stipulation et à la donation. »

Bien que l’une des parties ne l’exécute pas sur-le-champ, un contrat ne cesse point par cela seulement d’être synallagmatique ; mais, dans ce cas, l’article 1325 du code civil, qui ne déclare valables les actes sous seing privé contenant des conventions synailagmatiques qu’autant qu’ils ont été faits en autant d’originaux qu’il y a de parties ayant un intérêt distinct, cesse d’être applicable. Dans la vente, au contraire, quand elle est exécutée sur-le-champ soit par le vendeur, soit par l’acheteur, un titre n’est point nécessaire contre celui qui exécute, puisqu’il n’a plus rien à faire ni à donner ; il suffit qu’il en ait un pour contraindre l’autre partie à exécuter de son côté la convention.

Pothier divise très-judicieusement les contrats synailagmatiques en contrats parfaits et contrats imparfaits. Suivant cet auteur, les contrats synailagmatiques parfaits sont ceux dans lesquels toutes les parties sont réciproquement obligées dès le principe et contractent ainsi les unes envers les autres des obligations directes et principales ; de telle sorte que, par l’essence même du contrat, chacune d’elles a action contre l’autre pour l’obliger à exécuter son engagement. Les contrats imparfaits sont ceux dans lesquels l’une des parties contracte immédiatement une obligation, tandis que l’autre ne devient obligée que ex posi facto et, partant, a le droit de ne l’être pas du tout ; c est une obligation incidente. Ainsi, dans le contrat de dépôt, le dépositaire est, par la nature même de l’acte, obligé de restituer l’objet déposé, tandis qu’il n’a d’action contre le déposant que dans le cas où il a fait des déboursés pour la conservation du dépôt ; encore cette action n’estelle point issue du contrat et prend-elle sa source dans le fait des dépenses. Il en serait autrement si le dépôt n’était point essentiellement gratuit, si le dépositaire stipulait un salaire ; ce serait alors un véritable contrat synallagmatique.

Nous avons dit que la donation n’était point un contrat synallagmatique ; elle en prendrait néanmoins la nature si elle était faite avec des charges. Le donataire, en effet, se trouve alors obligé de les acquitter, et il ne saurait éluder cette obligation, même en abandonnant la chose donnée, à moins de stipulation contraire. ■ Il y a, dit Duranton, libéralité