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cratie, continua a préciser minutieusement et à coordonner les dogmes, à décréter des symboles contre les hérésies. Sans doute l’esprit humain ne renonça pas sans résistance à ses droits les plus sacrés ; Je là, des luttes souvent sanglantes, dans lesquelles l’Église orthodoxe, soutenue par le pouvoir, ne triompha pas toujours, puis des schismes, des révoltes, qui affaiblirent l’État et facilitèrent la conquête de l’empire par les barbares à Rome, par les musulmans à Constantinople. L’édilice de la loi orthodoxe repose donc sur un certain nombre de formules édictées par des conciles, sauf le symbole dit des apôtres, d’abord imposées par l’État, ensuite et peu à peu universellement acceptées par les partisans de la religion catholique. Nous allons parler des principaux.

Symbole des apôtres. Ce symbole est le plus connu et le plus répandu dans la chrétienté. Toutes les Églises l’ont adopté, tous les chrétiens le récitent dans leurs prières ; seuls, les protestants libéraux en discutent l’autorité dogmatique, tout en le maintenant cependant dans les liturgies. Eu voici la traduction :

« Je crois en Dieu le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, et en Jésus-Christ, son Fils unique, NoUe-Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit, qui est né de la vierge Marie, qui a souffert sous Ponce-Pilate, qui a été crucifié, est mort et a été enseveli ; est descendu aux enfers ; le troisième jour, est ressuscité des morts, est monté aux cieux ; où it est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant.

« Je crois au Saint-Esprit, à la sainte Église catholique, a la communion des saints, à ta rémission des pèches, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. Amen. »

Ce symbole, dans sa forme actuelle, ne peut pas remonter au delà du IV siècle. L’Église catholique prétend qu’il a été composé par ’les apôtres eux-mêmes, qui l’auraient rédigé en commun, avant de se séparer pour aller prêcher l’Évangile aux nations ; mais c’est là une légende qui n’a pas d’autre fondement historique qu’un écrit faussement attribué à saint Ambroise. Répétée depuis par tous les théologiens, combattue seulement au xve siècle par le savant LaUrentius Valla, cette fable a conservé jusqu’à nos jours dans les Églises chrétiennes toute l’autorité du fait historique le mieux établi. Cependant la critique moderne fait valoir contre l’authenticité de ce symbole : 1» le silence absolu gardé par l’auteur des Actes des apô.res et par les écrivains chrétiens des trois premiers siècles sur ce prétendu travail des disciples immédiats de Jésus ; îu la différence frappante qu’on remarque entre la forme de ce symbole et la manière dont les apôtres exposent les points essentiels de la doctrine chrétienne ; 3° l’impossibilité que le concile de Nicée n’eût pas l’ait la moindre allusion à un document quasi sacré, lorsqu’il dressa sa profession de foi ; 4" enfin, l’impossibilité qu’il y eût dans l’Église tant de dissidences, tant d’hérésies s’appuyant sur l’autorité des apôtres, si les apôtres avaient laissé un symbole que tous les chrétiens se seraient empressés d’adopter et qui fût devenu l’unique règle de foi. Il est donc admis aujourd’hui, par la critique dégagée de préjugés, que le soi-disant Spnbole des apôtres/ s’est développe successivement et perfectionné pendant la lutte des orthodoxes contre les premiers hérétiques, selon les besoins de l’argumentation des théologiens.

Symbole de Nicée. Ce symbole fut composé par lu concile œcuménique réuni à Nicée, en 325, par l’empereur Constantin pour statuer sur la querelle dogmatique qui s’était élevée entre Anus, prêtre d’Alexandrie, et son supérieur religieux, l’évêque Alexandre, au sujet de la nature de Jésus-Christ (v. ARius). On sait qu’en résumé le Fils, selon Alexandre, est émané de toute éternité de la substance du Père et lui est égal, tandis que, selon Arius, il a été créé de rien « avant le temps • par le Père, à qui il est subordonné. La discussion qui précéda l’adoption du symbole tut longue et confuse ; plus de trois cents évêques et ecclésiastiques d’un ordre inférieur y prirent part ; l’évêque de cour, Hosius de Cordoue, présidait. Constantin vint mettre un terme aux hésitations des Pères, en leur imposant, à l’instigation d’Hosius et des amis d’Alexandre, le symbole qui est venu jusqu’à nous et qui proclama orthodoxe la doctrine de la consubstantiaiité, ou identité et unité de substance, condamnée comme hérétique quelques années auparavant. Tous les évêques présents, même ceux qui s’étaient montrés favorables à Arius, s’empressèrent d’y souscrire, intimidés qu’ils étaient par les menaces de l’empereur ; deux seulement, Théonas de Marmarica et Secundus de l’tolémaïs, restèrent fidèles à Arius et furent exilés avec lui. Le Symbole de Nicée fut proclamé obligatoire, et, selon sa propre formule, quiconque ne souscrivait pas à tous ses articles devait être « anathématisé par l’Église catholique. » Il est inutile ne reproduire ici tout ce symbole, intéressant seulement en ce qui concerne la personnalité du Fils et ses rapports avec le Père ; le reste des articles est conforme à tous les autres symboles, et notamment à celui dit des apôtres que nous venons de citer. Voici l’article sur le Fils :

« Nous croyons, ..., eu un Seigneur J^ésus SYMB

Christ, auteur de toutes les choses visibles et invisibles, seul engendré du Père, c’est-à-dire de la substance du Père, Dieu engendré de Dieu, lumière engendrée de la lumière, Dieu véritable engendré du Dieu véritable, noncréé, consubstantiel au Père, et par lequel toutes les choses ont été faites, et dans le ciel et sur la terre, i

L’auteur de ce symbole est inconnu ; il n’est pas impossible qu’il ait été composé par Hosius -, mais, quel qu’il fût, on déclara qu’il avait été inspiré du Saint-Esprit. Cette affirmation ne suffit pas pour rallier au symbole les nombreux théologiens qui avaient adopté les idées d’Arius, ou qui rejetaient la consubstantiaiité au nom de l’anathème dont elle avait été frappée avant le concile de Nicée. La formule du Symbole de Nicée n’était pas d’ailleurs absolument complète. Elle proclamait bien la consubstantiaiité du Fils et du Père, mais elle ne disait pas si cette consubstantiaiité entraînait une parfaite égalité de ces deux personnes divines. L’évêque Atbanase compléta la formule nicéenne en affirmant que le Fils, bien qu’engendré par le Père, lui était absolument égal en dignité et en puissance. C’était s’exposer évidemment à 1 accusation de reconnaître deux dieux ; il sentit le danger, et pour le détourner il admit une unité numérique à laquelle les Pères de Nicée n’avaient pas pensé, et qui, en tout cas, n’était pas enseignée dans leur symbole. L’opinion d’Athanase fut adoptée par l’Église, puisqu’elle a proclamé article de foi le symbole où les idées de ce Père sont encore amplifiées, et qui est connu sous le nom de Symbole d’A.thanase, dont nous parlerons tout k l’heure,

Symbole de Constantinople, aussi appelé nicéo-constanlinopolitaiii. En 380, l’empereur Théodose ordonna par une toi à tous ses sujets de croire, > conformément à la doctrine évangélique professée par Damase de Romii et Pierre d’Alexandrie, à la divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, sous une égale majesté et sainte trinité. » Cette loi, aussi odieuse que bouffonne, n’ayant pas produit l’effet que l’empereur en attendait, il assembla en 381 à Constantinople un concile de cent cinquante évêques, choisis parmi les plus ardents nicéenset les plus dévoués à sa personne, par lesquels il fit rédiger un nouveau symbole qui confirma celui de Nicée, avec quelques additions. Les ariens et plusieurs autres sectes furent anathématisés ; toutefois, l’unité numérique des trois personnes divines ne fut point proclamée, ni le nom de Dieu donné au Saint-Esprit. Cela n’eut lieu que dans le Symbole dit d’Athanase, que l’Occident a placé au rang du Symbole des apôtres et de celui de Nicée. Le concile de Conslantinople, qui s’était bercé de l’espoir de terminer les disputes par la publication de son symbole, parce qu’il était un peu plus explicite que celui de Nicée, ne réussit qu’à demi-, car plusieurs docteurs de l’Église, parmi ceux-là même qui se montrèrent les plus itrdents champions du nicéisme, continuèrent à admettre une certaine subordination entre les personnes de la trinité.

Symbole de Chalcédoine. Ce symbole fut promulgué par le concile de Chalcédoine,

’ assemblée en 451 par ordre de l’empereur Marcien, pour combattre la doctrine d’Eutychés, qui ne reconnaissait en Jésus-Christ que la nature divine. Ce concile, composé de six cent trente évêques, et qui est de beaucoup le plus important après celui de Nicée, prit pour base de son symbole l’épître écrite à Flavien, métropolitain de Constantinople, par saint Léon le Grand, au sujet de l’eutychianisme. Afin de ne point détruire, d’un côté, l’union du divin et de l’humain en Jésus-Christ, c’est-à-dire le principe fondamental du christianisme, il enseigna la dualité des natures et l’unité de la personne, c’est-à-dire un sujet divin et un sujet humain qui doivent être un seul et même sujet. Mais jamais l’intelligence humaine ne parviendra k concevoir comment un. Dieu parfait et un homme parfait ont pu s’unir en la personne de Jésus ; car, s’ils sont parfaits, ils doivent avoir dans leur intégrité toutes les propriétés de leur nature respective ; ainsi Jésus auraitétéàla fois ignorant comme homme et sachant tout comme Dieu, ces attributs contraires se tiouvant réunis dans une personne unique. Il est évident que le Symbole de Chalcédoine, loin d’avoir résolu le problème, ouvrait la porte à d’interminables querelles, car l’esprit humain, à moins de renoncer à l’usage de la raison, devait naturellement se trouver porté, dans l’impossibilité où il était de comprendre la théorie orthodoxe, à imaginer une foule de théories qui, plus ou moins raisonnables, devaient aboutir à sacrifier l’une au profit de l’autre la nature humaine ou la nature divine de Jésus-Christ. Les chrétiens d’Asie se montrèrent surtout opposés au Symbole de Chalcédoine. Plusieurs contrées, l’Arménie entre autres, refusèrent d’y adhérer, et, loin de disparaître, cette opposition ne lit que se fortifier. Plus tard, les califes protégèrent ces chrétiens dissidents, qui se constituèrent en Églises séparées. Aujourd’hui encore, les coptes, les abyssins, les arméniens (à l’exception d’un petit nombre qui reconnaissent la suprématie du pape) et les jacobites de Syrie rejouent le concile de Chalcédoine et sou symbole.

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Symbole d’Athanase. Vigile, évêque da Thapsus, en Afrique, athanasien rigide, a laissé un nom fort peu honorable dans l’histoire des lettres. Ce théologien osa, en effet, non-seulement se cacher sous le nom des Pères les plus illustres pour combattre avec plus d’autorité les hérétiques de son temps, mais encore il eut l’impudence de falsifier leurs ouvrages les plus authentiques et de faire des interpolations dans les livres saints eux-mêmes. Il est très-probablement l’auteur du symbole que les historiens ecclésiastiques appellent Symbole d’Athanase. Dans tous les cas, ce symbole ne remonte pas, quoiqu’on en dise, au delà du ve siècle, et la preuve irréfutable de cette assertion, c’est qu’il formule la doctrine de la trinité telle qu’elle était admise au ve siècle, avec les définitions et les explications rie saint Augustin. Il a donc été composé au plus tôt dans la seconde moitié duve siècle, par un théologien latin familiarisé avec les écrits de l’évêque d’Hippone, dont il rapporte textuellement certaines propositions. Ce symbole, chef-d’œuvre de galimatias théologique, est aussi appelé le symbole Quicumque, à cause du premier mot de son texte : Quicumque vult saluas esse (Quiconque veut être sauvé). C’est dans le vmo siècle seulement que le Symbole d’Athanase obtint dans l’Église, avec le Symbole des apôtres et le Symbole de Nicée, l’autorité de symbole œcuménique.

Tels sont les principaux symboles de la première Église. Nous pourrions y joindre celui de Constantinople ou de Trulle, que promulgua le sixième concile œcuménique, convoqué à Constantinople en 680, par Constantin Pogonat, et qui reconnut en Jésus’deux volontés naturelles non contraires, dont l’une, la volonté humaine, était subordonnée à la volonté divine et absolue, et lui obéissait en tout. C’était détruire la nature humaine ; car, sans liberté de la volonté, il n’y a point de personnalité raisonnable réelle ; mais le concile n’y regarda pas de si près. Ce symbole est rarement cité, et son autorité dogmatique n’est pas plus grande que sa valeur réelle.

Les premiers symboles parlent peu du Saint-Esprit. Celui de Nicée, qui ne songe pas à la trinité, se contente de dire : « Nous croyons au Saint-Esprit. » Cette phrase parut trop vague aux auteurs du symbole nicèo-constantinopolitain, qui ajoutèrent que te Saint-Esprit procède du Père, et qu’il est digne de la même adoration que le Père et le Fils, sans lui donner toutefois le nom de Dieu, qui lui fut attribué pour la première fois dans le Symbole d’Athanase. Un synode de Tolède, tenu en 589, ne se contenta pas de sanctionner cette doctrine ; il falsifia le symbole nieéo-constantinopolitain en ajoutant à l’article qui

dit que le Saint-Esprit procède du Père ces mots : « et du Fils. » Cette addition, condamnée par les grecs, fut adoptée par une grande partie de l’Église occidentale, et l’autorité de Charlemagne lit approuver par le synode d’Aix-la-Chapelle, en 809, cette interpolation. Le pape Léon III blâma d’abord

la falsification, mais s’y soumit ensuite par ordre du tout-puissant empereur. En 860, Nicolas Ier voulut ériger en dogme l’addition du filioque. Le patriarche de Constantinople, Photius, publia à ce sujet une violente encyclique et assembla en 867 un concile qui anathématisa les latins. Le schisme fut opéré ; l’Église grecque se détacha du pape, qui put à jamais imposer à ses fidèles le symbole falsifié.

— Mythol. et beaux-arts. V. symbolisme.

— Antiq. gr. Lorsqu’on voulait dîner par écot, chacun de ceux qui devaient participer au repas remettait à celui qui en était l’ordonnateur une symbula, c’est-à-dire un gage contre lequel il payait ensuite son ecot. C’est ainsi que nous Iisods dans l’Eunuque de Térence (III, iv) :

Heri aliquot adolescentuli coimus in Pirso, In hune diem ut de symbolis essemus. Chsreameirei Prsfecimus ; dati annuli ; locus, iemyus constitutum

(est.

« Hier, nous nous sommes rassemblés, quelques jeunes gens, au Pirée, pour dîner ce jour-là par écot. Nous avons nommé Chasrea ordonnateur ; nous avons donné nos anneaux ; le lieu, le temps ont été fixés, i,

Les juges choisis par le sort recevaient des ’ jetons nommés également symboles, à l’aide ’ desquels ils se faisaient reconnaître. La même ’ marque était remise à l’étranger qui avait un permis de séjour ; c’était, en quelque sorte, i son passe-port. On donnait un symbole à l’hôte, par qui on avait été accueilli, et il devait le représenter s’il venait, à son tour, demander l’hospitalité. Quand on faisait des largesses au peuple, on lui jetait des symboles ou jetons, en échange desquels on donnait ensuite de l’argent.

Symbole deeapAtre* (lk), essai historique, par Michel Nicolas (Paris, Michel Lévy frères, 1867, l vol. in-8u). De toutes les études dont le Symbole dit des apôtres a été J’objet, la plus considérable, la plus complète est incontestablement celle de M. Nicolas. Il ne

laisse aucun point dans l’ombre, il ne néglige aucun détail. Quand on l’a lu, on n’a pas seulement appris l’histoire du Symbole, mais on connaît aussi l’histoire des dogmes et des hérésies qui surgirent dans l’Église chrétienne durant les premiers siècles.

Nous n’allons pas ici, à la suite de M. Nico SYMB

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las, raconter aux lecteurs du Grand Dictionnaire toute l’histoire du Symbole des apôtres ; nous renvoyons à son ouvrage ceux qui désireraient des renseignements plus précis. Aucun fait n’est avancé sans les preuves à l’appui. Les écrits des Pères sont à chaque page invoqués en témoignage, et l’on voit que les derniers travaux de la science historique et théologique sur le sujet sont familiers à l’auteur. Nous assistons à la formation et à l’épanouissement da Symbole ; nous avons sous les yeux toutes les variantes, les diverses rédactions qui ont précédé la rédaction officielle. Enfin chaque article est expliqué par les rédacteurs eux-mêmes ou par les auteurs contemporains. La conclusion de M. Nicolas est celle de tous les critiques indépendants, à savoir que le Symbole dit des apôtres n’est pas un résumé des croyances chrétiennes, mais une pièce de polémique contre les hérésies et les schismes des premiers siècles, pièce qui s’est formée lentement et peu à peu.

Deux articles seulement, la descente de Jésus-Christ aux enfers et la communion des

saints, paraissent avoir été introduits dans le Symbole pour d’autres motifs. Il est à remarquer qu’on ne les y rencontre qu’à partir du vie siècle. Mais on ne sait à qui doit être attribuée cette double addition. Du reste, elle ne souleva aucune protestation, et c’est là une preuve que les idées ainsi consacrées avaient déjà reçu la sanction de l’opinion publique,

À partir du moment où le Symbole fut achevé, il devint, par une fortune singulière, complètement étranger aux Églises d Orient, où il n’a jamais pénétré depuis. En U38, Ephésius, représentant de ces Églises au concile de F’iorence, affirma que le Symbole leur était inconnu. En Occident, il varia d’une Église à l’autre et ne fut pas reçu partout. Ce n’est qu’au ixe siècle qu’il fut admis dans les Églises franques, et en Espagne il ne le fut pas avant le xj«. Enfin il faut remarquer que le Symbole ne fut pas d’abord introduit dans le culte public ; c’était un formulaire Secret à l’usage des catéchumènes, et selon toute apparence il ne fut admis dans la liturgie que vers le xie siècle.

Toutes ces questions et d’autres encore ont été élucidées dans l’essai de M. Nicolas. Le style est ce qu’il doit être en pareille matière, simple, clair, sans déclamation, sans emphase. Le livre, pal1 lui-même, ne manque pas d’attrait, et il nous parait être le dernier mot sur le sujet.

SYMBOLIQUE adj. (sain-bo-li-ke — rad. symbole). Qui sert de symbole, qui a le caractère d’un symbole : Figure symbolique. Le langage symbolique des anciens a cessé avec la religion qui lui avait donné naissance. (Condill.) L’art doit être réel, idéal, symbolique et sympathique. (Mesnard.) L’écriture hiéroglyphique s’est formée de l’emploi simultané des représentations des objets, de signes vocaux et de figures symboliques. (A. Maury.)

— Philol. Écriture symbolique, Sorte d’écriture qui représente les idées par des caractères symboliques.

— Bibliogr. Livres symboliques. Livres qui contiennent les formules de la foi luthérienne.

— Archit. Colonne symbolique, Colonne qui porte quelque attribut symbolique.

— Mathém. Géométrie symbolique, S’est dit quelquefois pour géométrie analytique.

— s. f. Ensemble des symboles propres à une religion, à un peuple, à une époque ; science qui expose et explique ces symboles ; livre qui traite de cette science : La symbolique de l’Orient est la clef de tous les mystères* religieux présents et passés. (Vaillant.) Tous les peuples ont eu leur symbolique expiatoire. (Proudh.) Je serais désespéré qu’on m’accusât de manquer de profondeur à propos de chorégraphie, et que l’on pût Croire que je n’ai pas lu la Symbolique de Creuser. (Th. Gaut.)

— Système d’interprétation des mythes polythéistes, qui les considère comme des symboles des faits naturels ou historiques et des principes moraux.

— Encycl. V. symbolisme.

Symbolique et mythologie de* ancien» peuple* et particulièrement des Grecs, de l’Allemand Frédéric Creuzer (1S10-1812, 4 vol. in-8<>), l’ouvrage le plus considérable qui ait été publié sur les religions de l’antiquité. A son apparition, il eut dans le monde savant un grand retentissement, et les additions successives des nouvelles éditions (1819, 1836, 184Î, 6 vol. in-8<>), ainsi que la traduction qu’en a donnée M. Guigniaut, sous ce titre : les Religions de l’antiquité considérées dans leurs formes symboliques (1825-1851), l’ont mis au courant des nouvelles recherches.

Creuzer a démontré le symbolisme primitif de toutes les religions antiques en démontrant le symbolisme de la religion indoue, à laquelle les Grecs ont emprunté les premiers éléments de leur théogonie. Quoiqu’on ait essayé, à l’aide de polémiques passionnées, de combattre cette opinion, les conclusions da Creuzer, au moins dans leurs termes généraux, sont aujourd’hui un fait acquis pour la science. Le savant critique allemand et son traducteur français, dont l’ouvrage diffère du reste sensiblement de l’œuvre primitivf, ont déployé la plus vaste érudition.

L6 symbolisme de la théogonie indoue et en général de toutes les religions de l’Orient