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parlé, des récitatifs dont Félicien David a écrit la musique, ce qui en fait une œuvre beaucoup p]u« importante pour la scène. Il a fondé, avec Charles Vincent et Coligny, la Cknnson française. On a inséré de lui, dans le Livre d’or des femmes (1870) et dans la Modede Paris (1872), plusieurs notices surdes cantatrices célèbres, notamment MroeB Malibran, Cruvelli et Miolau-Carvalho. M. Sylvain Saint-Étienne a, en outre, collaboré à l’ancien Corsaire, à VUnion, à la Vérité, au Messager de Paris, etc. Comme critique musical, il a signé ses articles tantôt sous le pseudonyme de Sexiua Durand, tantôt sous celui de A. de Bovy,

SjWano, opéra allemand, muisque de Weber ; représenté à Stuttgard vers 1807. Le compositeur adapta à ce nouveau poème la musique de son opéra Das Waldmâdchen (la Fille des èois), qui avait été représenté aveu succès à Munich sept ans auparavant. Weber n’avait alors que quatorze ans. Sylvana resta au répertoire allemand. On fit une reprise brillante de pet ouvrage à Berlin, dans la salle Kroll, eii novembre 185S.

Sylrana, drame lyrique en quatre actes, paroles de Mestepès et Wilder, musique de Carl-.Maria de "Weber ; représenté au Théâtre-Lyrique (Athénée) en avril 1872. Cette œuvre de la jeunesse de Weber a subi plusieurs transformations. Celle-ci est la plus complète et se compose plutôt d’une pièce dans laquelle on a introduit des morceaux de musique du maître que d’un ouvrage dramatique sorti de son imagination. Le sujet a toute la simplicité d’une légende. Le duc Mathias, soupçonnant son fils Rodolphe d’être le fruit d’un adultère, l’a chassé de ses domaines ; il veut faire épouser sa nièce Hélène au comte Albert ; Rodolphe revient à ce moment et réclame ses droits ; en outre, il aime Hélène ; le duc le chasse de nouveau ; mais Sylvana, la muette des bois, fait parler le bohémien Melchior, qui dissipe les doutes de Mathias ; Rodolphe, réconcilié avec son père, va épouser Hélène ; quant à Sylvana, elle ansBi aime Rodolphe, et plutôt que d’accorder sa main au bohémien qui la réclame, elle se précipite dans un abîme. Le premier acte est le plus remarquable : l’air de Rodolphe, la romance du comte Albert sont dignes de l’auteur du Freisch&ls ; les autres actes manquent d’unité. On comprend qu’il y a eu là des interpolations, des additions, des arrangements arbitraires. Le grand finale du troisième acte n’a pas produit l’effet désirable. Le chœur des bûcherons au quatrième acte i’St original et a été entendu avec plaisir. Chanté par Duwast. Cailloi, Neveu, M’les Ban, i et Duuau. Les rôles de Sylvana et de Melchior mit été joués par M’te Pallier et ClémentJust.

Sylvauriire, roman, par Alexandre Dumas (1844). L’auteur a laissé l’histoire de côté pour cette fois, et îe lecteur s’en félicite. Syt«andire est le récit des aventures intéressanles du chevalier Roger d’Auguilnem, un vrai héros de roman. Il débute dans la vie en enlevant du Sacré-Cœur Mlle Constance de Beuzerie, après s’être échappé du collège>ous les habits de l’abbé son précepteur. Ses parents, arrivés à temps pour empêcher ce joinan de s’achever, l’expédient à Paris pour y suivre les phases d’un procès dont dépend leur fortune. Le jour même de son arrivée, il tue un homme en duel, en blesse un autre, perd sa bourse au jeu et se voit faire une singulière proposition. On lui assure le gain de son procès s’il consent a épouser Mlle Sylvandire, la fille d’un de Ses juges. Epouser, comme on dit vulgairement, chat en poche etdélaisser Constance ne lui sourit guère, mais il croit de son devoir de sacrifier son bonheur à celui de ses parents. Ses regrets diminuent d’ailleurs rapidement ; Sylvandire joint un esprit remarquable à une beauté éblouissante. Le mariage s’accomplit, Roger n’éprouve aucun mécompte et la lune de miel semble devoir être éternelle, car notre chevalier ne peut parvenir tout d’abord à trouver des imperfections a sa femme. Mais le défaut de la cuirasse se présente bientôt sous ht figure du marquis de Royancourt, ami de M5" de IWaiatenon et du Père LeTellier, un de ces jésuites de cour si communs sur la fin du règne de Louis XLV, observant vigiles et jeûnes en public et s’en consolant secrètement dans les plaisirs coupables de l’adultère, Roger, qui a la tête fort susceptible, veut arrêter le mal dans sa racine et emmène sa femme dans ses terres eu ne la prévenant que deux heures avant le départ. Sylvandire obéit à la force, mais en route elle s échappe. Roger rebrousse chemin pour la poursuivre et, en rentrant à Paris, la trouve faisant les honneurs de leur hôtel comme si rien ne s’était passé. Congédier les importuns et chercher à l’entraîner de nouveau est vite fait ; mais vouloir et pouvoir font deux, et Roger repart seul dans la crainte de frapper sa femme. Après trois mois de séjour en Angleterre, averti par un ami, le marquis de Cretté, de la disparition de Sylvandire, il accourt pour se faire arrêter aux portes de la capitale comme coupable d’avoir chansonné M"1» de Maiutenon. Sa femme avait remis à la police certain noël contre la favorite copié de sa main. Roger tente trois évasions qui n’aboutissent qu’à le faire traiter plus sévèrement ; il semble alors se résigner, mais il couve sa vengeance. Il s’essaye à l’hypocrisie, prend

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le masque de Tartufe et devient de force en dissimulation à rendre des points à un jésuite. Aussi, lorsque le marquis de Roy ancourt vient le délivrer de sa prison, il feint de croire à toutes ses protestations de tendresse, le serre dans ses bras, accepte comme argent comptant les caresses perfides de Sylvandire et semble le plus heureux des hommes entre sa femme et son ami. Son jeu paraît si nature !, que les deux hypocrites s’y laissent prendre et lui permettent d’assurer sa vengeance. Sous prétexte de refaire sa santé dérangée par la prison, Roger emmène sa femme en Provence et, au milieu d’une promenade en mer, la livre à des pirates barbaresques pour aller figurer dans le harem de quelque noir sultan. Rentrer au port en criant de douleur, en s’arrachant les cheveux, de l’air d’un époux désespéré dont la femme vient de se noyer, ne fut qu’un jeu pour le chevalier. Nul soupçon ne s’éleva, et chacun plaignit le baron d’Anguilhem lorsqu’il partit pour aller ensevelir ses chagrins dans le château de ses pères. Qu’y rencontra-t-il ? Constance de Beuzerie, toujours fidèle, qui l’attendait et avait refusé de croire a son mariage, Constance, qui le croit libre et n’aspire qu’à renouer leur roman jadis interrompu. Après bien des hésitations, Roger, ne pouvant plus décemment reculer, prend son parti en brave ; il deviendra bigame. Il y a si peu de probabilité pour que Sylvandire vienne réclamer Ses droits I Mais c’est souvent l’improbable qui arrive, et le jour même de ses noces il reçoit la visite de sa première femme, qui lui déclare que, si dans trois heures elle n a pas touché 600,000 livres, elle se fera annoncer au château sous le nom de la baronne d’Anguilhem. Elle quitte son mari sur ces mots en lui laissant l’adresse de Son Exe. Méhémet-Riza-Bey, ambassadeur de Perse,

son seigneur et maître. Roger ne voit qu’une issue, se brûler la cervelle. Mais il a été trop malheureux jusqu’alors ; le hasard lui devait une compensation et la lui donne généreusement. Son ami Cretté, chargé de négocier le départ de Sylvandire, s’aperçoit que l’ambassadeur n’est qu’un Indien de sa connaissance, qui a joué le roi, la favorite, la cour et tout Paris. Le reste se devine aisément. Le faux Persan, qui ne se sent nulle sympathie pour la Bastille, s’estime heureux d’aller jouir en sûreté dans son pays de l’aigent qu’il a extorqué à la vanité de Louis XIV. Sylvandire l’accompagne après avoir remis au marquis de Cretté une lettre constatant que c’est elle qui a quitté son mari en feignant de se noyer et qu’elle est devenue l’épous’e de l’ambassadeur improvisé. Roger d’Anguilhem, désormais débarrassé de sa première épouse, achève enfla le roman jadis ébauché aveu Constance.

Qu’on se figure cette histoire singulière racontée, ou plutôt représentée avec la vivacité de style entraînante du Dumas des bons jours, son esprit naturel et passablement gascon, et l’on pourra se faire une idée du charme continu qu’on goûte à la lecture des volumes que forme Sylvandire.

SYLVANE s. m. (sil-va-ne — du lut. sylvanus, forestier). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétramères, de la famille des xylophages, tribu des mycétophagites, comprenant plus de vingt espèces, répandues dans les trois continents.

— Miner. Syn. de sylvanite.

SYLVANGE s. f. (sil-vau-je). Arboric. Variété de poire.

SYLVANITE s. f. (sil-va-ni-te). Miner. Nom donné en minéralogie à un tellurture natif d’argent et d’or, appelé aussi sylvane

et OR GRAPHIQUE.

— EnCVCl. V. TELLURE.

SYLVATICUS (Mathœus), savant médecin italien du mue et du xive siècle. Il fut un des professeurs de l’école de Salerne et publia un livre intitulé : Opus pandeccarum medidicins (Naples, 1474, in-fol.). Cet ouvrage est un dictionnaire comprenant, sous un même alphabet, un vocabulaire de tous les termes de médecine et un dictionnaire assez développé de matières médicales. C’est un des ouvrages les plus importants qui nous restent pour l’histoire de la médecine au moyen âge et aux premiers temps de la Renaissance.

SYLVATIQUE adj. (sil-va-ti-ke — lat. sylvaticus ; de sybia, forêt). Bot. Se dit des végétaux qui croissent sous les arbres, dans les forêts.

SYLVE s. f. (syUve — du lat. sylva, forêt). Hist. anc. Espèce de chasse qui faisait souvent partie des divertissements publics des Romains.

— s, f. pi. Littér. lat. Autre orthographe du mot siLVKS.

SyUc» àti Stace. V. Silvës.

SYLVÉOCYQUE s. m. (sil-vé-o-si-ke). Ornith. Genre d’oiseaux, formé aux dépens des grèbes.

SYLVESTRE adj. (sil-vè-stre — lat. syl- I vesiris, de syloa, foréi). Bot. Qui croît dans les bois : Urobe sylvkstrb, Angélique sylvestre. Pin SYLVESTRE.

— Zool. Qui vit dans les bois : Animal sylvestre.

| SYLVESTRE 1er (saint), élu pape le 2L janvier 314, mort à Rome le 31 décembre 335. Il

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était né h Rome et succéda à saint Miltiade ; c’est à peu près tout ce que l’on sait de sa vie. 11 jouit cependant d’une certaine notoriété, grâce aux fausses décrétâtes, d’après lesquelles on a crû longtemps qu’il avait conféré le baptême à Constantin et reçu en échange la concession du pouvoir temporel des papes ; c’est ce qu’on a appelé la donation de Constantin. Du vm« au xit« siècle, l’authenticité des décrétales ne semble pas avoir fait l’ombre d’un doute ; le pape Adrien, en 775, l’empereur Frédéric, saint Bernard et bien d’autres en acceptèrent l’autorité ; les papes n’y renoncèrent qu’avec une mauvaise grâce manifeste et lorsqu’il fut prouvé qu’elles étaient l’œuvre de faussaires plus audacieux qu’adroits. Aucun des historiens de Constantin n’avait parlé de ce baptême conféré par le pape Sylvestre, et il est dit expressément, au contraire, que l’empereur fut baptisé a Nicomédie par Eusèbe, évêque de cette ville, eu 337.

Sous le pontificat de Sylvestre eurent lieu deux faits mémorables : la convocation du concile de Nicée en 3 ?5 et la translntion du siège de l’empire à Byzance en 328. L’iîglise fête saint Sylvestre le jour anniversaire de sa mort, le 31 décembre.

Sjr<Tesiro (ordre de Soi m-) [États romains]. Cet ordre, qui a été fondé sous le nom d’ordre de l’Eperon d’or, a é(é réorganisé par le pape Grégoire XVI le 31 octobre 1841. L’Eperon d’or servait à récompenser les employés du gouvernement pontifical, les artistes, les savants. Créé vers 1559 par le pape Pie IV, l’ordre tomba bientôt en discrédit à force d’être prodigué. Des dignitaires de l’Etat, des nonces, des prélats s’arrogèrent même le droit de nommer des chevaliers de l’Eperon d’or. Sous les papes Paul III, Jules III, Grégoire Xlli, Sixte-Quint et BenottXIV, les membres de l’ordre s’appelaient chevaliers de la Milice dorée, puis comtes palatins du sacré palais de Latran. Le papa Grégoire XVI, voulant mettre un terme à ces abus, réorganisa l’ordre et le rétablit par des lettres apostoliques sous le nom d’ordre de Saint-Sylvestre. Les membres sont divisés en deux classes : les commandeurs, au nombre de 150, et les chevaliers, qui ne peuvent être plus -de 300. Dans ce chiffre ne sont pas compris les étrangers que le pape croit devoir décorer de cet ordre. Les insignes de l’ordre consistent en une croix d’or a quatre branches et huit pointes, les côtés supérieurs des branches taisant un angle rentrant. Le médaillon du milieu représente, sur un champ d’émail blanc, l’effigie du pape saint Sylvestre, et un cercle émaillé de bleu qui l’entoure porte cet exergue : Sanc. Syluester. P. M. Au revers, sur un cercle d’émail bleu, on lit ces mots : Gregorius XV1 reatituit ; au centre, sur un champ d’émail, blanc, se trouve le millésime MDCCCXLI. À la branche inférieure est ajouté un petit éperon d’or, avec molette tournante. Le ruban est partagé en cinq bandes d’égale dimension, dont trois rouges et deux noires. Pour distinguer les commandeurs des chevaliers, les premiers portent cette croix grand modèle au cou, avec le ruban décrit. Les chevaliers ont une croix petit modèle sur la gauche de la poitrine, avec un ruban nuancé de même. Pour les cérémonies, les membres ont un costume spécial. Cet ordre est bien tombé depuis la chute du pouvoir temporel du pape.

SYLVESTHE II, pape de 999à 1003. Il porta d’abord le nom de Gerbertet naquit en Aquitaine à une époque, indéterminée du X» siècle. Sa famille était très-pauvre ; il perdit ses parents de bonne heure et fut élevé par charité dans l’école du monastère de Saint-Gérauld, à Aurillac.. On lui avait donné l’habit monastique au sortir de l’enfance, mais il n’était pas doué d’une piété fort vive. Par contre, son intelligence précoce, jointe à l’indocilité de son caractère et à son mépris pour l’ignorance de ses confrères, le leur faisait considérer comme un être dangereux dont ils auraient bien voulu se débarrasser. Sur ces entrefaites, Borel, comte de Barcelone, étant venu faire une visite au monastère, l’abbé lui demanda si on cultivait les sciences en Espagne. Sur la réponse affirmative du comte, il le pria de vouloir bien se charger d’un jeune moine avide de s’instruire et dont l’esprit caustique faisait le désespoir de la maison. Le comte Borel emmena Gerbert à Barcelone. On ignore si ce fut dans cette ville ou à Séville et à Cordoue qu’il trouva des maîtres. On présume que ce fut surtout dans ces deux dernières villes et que ces maîtres étaient arabes. La civilisation arabe était alors dans son plein épanouissement, tandis que l’univers catholique, tout à la prière et à l’ascétisme, ne cultivait plus d’autre science que la théologie. Gerbert est le premier d’entre les chrétiens d’Occident qui se soit fait le disciple des Arabes. Les contemporains, étonnés de son savoir, en avaient une certaine peur et croyaient volontiers qu’il avait des accointances avec le diable. Quoi qu’il en soit, Dieu, dit la légende de Gerbert, ému de pitié pour l’ignorance de son Église, inspira au comte Borel de Barcelone l’idée d’un voyage à Rome, dans lequel il se lit accompagner de Gerbert. Le pape Jean XIII, à qui le moine fut présenté, fut émerveillé de l’entendre et eu écrivit | aussitôt à l’empereur Othon, en insistant sur.

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ce point que Gerbert savait les mathématiques, ce qui était une merveille pour le temps. L’empereur ne voulut pas qu’on 1& laissât retourner en Espagne et lui offrit l’abbaye de Bobbio. Gerbert y ouvrit Une école où l’on afflua aussitôt des diverses contrées de l’Europe. Mais, comme on devait s’y ’ attendre, so» savoir souleva des scrupules de divers côtés à la fois, scrupules qui se traduisirent parle pillage de ses biens et des dénonciations contre ses mœurs faites à l’empereur et au pape. Ce savant fut contraint d’abandonner Bobbio et de se retirer provisoirement en Allemagne.

À la cour d’Oihon, Gerbert rencontra un ambassadeur du roi de France, Loth’ire, dignitaire de l’Église de Reims, qui avait étudié la logique. Il demanda l’autorisation d’emmener avec lui l’abbé de Bobbio, qu’il présenta, lors de son retour, a l’archevêque de Reims Adalbéron. Ce prélat, qui avait du goût pour les lettres et les sciences, en lit son secrétaire et son umi. Depuis Hiocmar, l’archevêque de Reims était une puissance politique en Europe. Il est probable qu’il ne fut pas insensible non plus aux renseignements que Gerbert lui donna sur le1, affaires de l’empire et les conseillers de l’empereur. Où a de cette période de la vie de Gerbert un assez grand nombre de lettres dans lesquelles il traite des affaires générales du temps et maltraite fort les princes féodaux, qu’il considère comme les perturbateurs de la paix du monde. II poursuivait en même temps ses travaux scientifiques ; il avait ouvert une nouvelle école à Reims ; elle devint immédiatement célèbre et peut être regardée comme la souche des écoles scolastiques qui pullulèrent en France au siècle suivant. Parmi ses disciples, Gerbert avait Robert, fils du roi de France. Le chroniqueur Richer nous apprend que Gerbert avait un grand nombre de livres, qu’il cultivait à la lois la géométrie, l’astronomie, la physique, la logique, l’histoire et même la poésie. Il composait, en outre, des instruments de mathématiques ; on cite, entre autres, trois sphères de son invention à l’aide desquelles il décrivait le mouvement des planètes. On lui attribue aussi la construction de la première horloge mue par des poids. Sa méthode philosophique est curieuse a constater. Il débutait par enseigner à ses disciples VIsagoge de Porphyre, non sur l’original, car il ne connaissait point la langue grecque, mais sur la traduction de Victorinus à laquelle était joint le commentaire de Boëce.

Il faisait succéder à cet ouvrage les Catégories et Y Interprétation d’Aristote, les Topiques de Cicéron et ceux de Boéoe, les Syllogismes catégoriques du même auteur, ainsi que ses Syllogismes hypothétiques et ses traités De la définition et Be la division.

Il enseignait les lettres aussi bien que les sciences. C’étaient les lettres latines, naturellement, et il ne mettait que des poètes entre les mains de ses élèves. Le choix était bon pour le temps ; on remarque, eu effet, parmi d’autres, Virgile, Horace, Juvénal et Lucain. Gerbert conçut l’idée d’une classification des sciences, dont il exposa publiquement les principes à Ravenne en 970, en présence de l’empereur Othon. Le caractère peu scrupuleux de Gerbert et son ambition se manifestèrent dans une circonstance solennelle. L’archevêque de Reims, Adalbéron, était mort en 988 et avait eu pour successeur Arnould, fils naturel du roi Lothaire. Arnould était, par conséquent, le neveu du prince Charles, héritier légitime de la couronne de France après la mort de Louis V et dépossédé par Hugues Capet, qui était un usurpateur, comme la plupart da ceux qui fondent une dynastie. Gerbert poussa son maître Ar uould à défendre le souverain légitime, qui était d’ailleurs son oncie. Charles fut vaincu, et il est probable que Gerbert avait prévu le fait. Quoi qu’il en soit, il sépara solennellement Sa cause de celle d’Arnould dans une lettre restée fameuse et datée de 990. A son instigation, Hugues Capet écrivit au pape, afin qu’il déposât l’archevêque Arnould, Le pape Jean XV ayant fait la sourde oreille, un concile national se réunit à Saint-Basle, près de Reims, sous l’influence directe de Gerbert. Arnould fut déposé et l’habile Gerbert fut élu à sa place. La fortune du moine était faite, mais elle allait lui coûter un grand déploiement d’énergie ; la déposition d’Arnould avait été accompagnée de déclarations peu sympathiques pour la cour de Rome. Elle cassa les actes du concile de Saint-Basle, c’est-a-dire la déposition d’Arnould et l’élévation de Gerbert. Celui-ci écrivit à tous les évêques des Gaules que le pape n’était ni infaillible ni impeccable, que l’épiscopat n’était pas soumis à sa juridiction absolue, qu’on pouvait même lecondainer comme infidèle et publicain. Un concile tenu à Mouzonen 995 laissa l’affaire de Reims sans solution. Le pape tenait pour Arnould, le roi pour Gerbert ; les évëques n’osaient prendre un parti.

Cependant, l’année suivante, le pape et le roi moururent, et le successeur de Jean XV demanda justice de Gerbert au roi Robert. Celui-ci hésita ; niais ayant besoin d’uiit) dispense pour épouser sa cousine Berthe, il allait céder. Gerbert comprend la situation, s’iimnilie, demande à être jugé et Huit par être déposé (996).

Il retourne en Allemagne à la cour de l’emuerfur Othon ÏII, ipii ne tarde pas k lu uro-