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christiani orbis delicis ex urbibus, templis, bibliothecis et aliunde (Cologne, 1608, in-12 ; 1625, même format) ; Ducatus Brabantixmonumenta sepulchralia, et inscriptiones publics privatxque (Anvers, 1613, in-12) ; EpitapMa joco-seria latina, gallica, italien, hispanica, lusitanica, belgica (Cologne, 1623, in-12) ; Be- rtim belgicarum annales (Francfort, 1829, in-fol.) ; Athenx Belgicse, sive nomenclator inferioris Germanix scriptorum (Anvers, 1628, in-fol.).

SWEËRTS DE LANDAS (le baron Jacques-Thierry), général hollandais, né à Gorcuni en 1759, mort à La Haye le 20 mars 1820. Entré fort jeune au service, il arriva en 1792 au grade de colonel d’infanterie. Il prit part en 1793 à la guerre contre la France et se distingua au siège de Landrecies et au blocus de Maubeuge. Après la déchéance de la maison d’Orange, il donna sa démission. Il rentra au service en 1813 et fut, après la retruite des autorités et des troupes françaises, nommé d’abord général par te gouvernement provisoire, puis gouverneur de la résidtince royale de La Haye par le roi des Pays-Bas.

SWEETIE s. f. (soui-t ! — de Sweet, botan. angl,). Bot. Syn, d’AcosMtON et de GAI.ACTIB, genres de légumineuses.

SWEIGKER ou SCHWE1GKEH (Salomon), voyageur allemand, né àSultz (Wurtemberg) en 1554. Il fut en 1577 ministre évangélique de la légation autrichienne près de la Porte Ottomane. Il voyagea ensuite en Égypte, en Syrie, en Judée, en Arabie et revint en Allemagne par Chypre, Candie, Corfou et Venise. Crusiusa publié les détails de ce voyage sous le titre suivant : Hodaeporicon sive itinerarium D. Salamonis Sweigkeri Sultzensis, etc. (Leipzig, 1586, in-12).

SWELLENGltEBEL (Jean-Gérard-Henri), mathématicien allemand, né en 1821, mort à Utrecht en 1854. Après avoir terminé ses études et obtenu le grade de docteur en philosophie, il se consacra à l’enseignement. On cite, parmi ses ouvrages| : De quibusdam curvarum affinitatibus (Ûtiecht, 1847) ; Neuf différents systèmes de coordination (Bonn, 1853) ; Recherches'analytigu.es géométriques sur les relations des systèmes de coordination, imprimé après la mort de l’auteur eu 1855 ; Sur les courbes croissant indéfiniment et sur celles décroissant indéfiniment, dans les Archives de Griinert (1851).

SWERlGE, nom de la Suède dans la langue du pays. V. SuÈpk.

SWEBBE ou SVEHHIR, roi de Norvège.

V. tiVIiRHKR.

SffEIîTSCIIKOW (Nicolas), peintre russe contemporain, professeur à l’Académie du Saint-fétersbourg, 11 étudia la peinture dans cette ville et peignit surtout des tableaux de genre et d’animaux. Parmi ses tableaux, on

ite : la Kibitka dans la neige, qui a figuré h

l’Exposition de Paris de 1859 ; la Noce de oillage ; le Retour de la chasse aux ours et les Voyageurs égarés, à celle de Londres de 1862, et le Paysage d’hiver, à celle de Bruxelles de 1863.

SWERTIE s. f. (svèr-t ! — de Swert, botan. holland.). Bot. Genre de plantes, de la famille des gentianées, tribu des chironièes, comprenant plusieurs espèces, qui croissent dans les régions montueuses et humides de l’Europe et de l’Asie centrale.

— Encycl. Les swerties sont des plantes vivaces, à feuilles caulinaires opposées, les radicales alternes ; les fleurs, disposées en cymes ou en grappes, présentent un calice à quatre ou cinq divisions ; une corolle rotacée, a limbe divisé en quatre ou cinq lanières, munies chacune à leur base de deux fossettes glanduleuses frangées sur leur bord ; quatre ou cinq étamines ; un ovaire uniloculaire, surmonté d’un stigmate sessife, échancré. La sviertie vivace est une jolie plante, peu rameuse, a feuilles ovales, oblongues, entières ; ses fleurs, d’un blanc ardoisé, réunies en petites grappes dont l’ensemble l’orme une panioule étroite, se succèdent pendant tout l’été. Cette plante croit dans les régions marécageuses des montagnes ; on la cultive dans les jardins, pour orner les rocailles ; elle demande une terre fraîche, légère et substantielle, et se multiplie aisément de graines ou d’éclats de pieds.

SWETCHINE (Anne-Sophie Soymonoff, dame), femme de lettres russe, né à Moscou en 1782, morte à Paris en 1857. Le parti clérical, les jésuites et spécialement M. de Falloux, ont fait à cette dame, fort distinguée du reste, une réputatioljraxtraordinaire, qu’elle mérita surtout par sa piété mystique. Comme écrivain, elle n’est certainement pas sans mérite, mais on a beaucoup trop exalté son talent. À dix-sept ans, son père l’obligea d’épouser, contre son inclination, le général Swetchine, de vingt-cinq ans plus âgé qu’elle. Elle se soumit ; mais, du jour de ce sacrifice, elle se tourna, de parti pris, vers la religion. «Qu’est-ce que se résigner ? disait-elle, c’est mettre Dieu entre la douleur et soi. » Il est tout naturel de chercher les causes de cette douleur prématurée, quand il s’agit d’une jeune femme, dans quelque inclination contrariée par le mariage. M. de Falloux, en pieux biographe, a enveloppé de phrases ulégautes et vagues cet épisode caractérisa SWET

que de la vie de M"»» Swetchine. « Le général Swetchine, dit-il, était un homme d’une taille élevée et d’un aspect imposant, d’un caractère ferme, d’un esprit droit, calme et plein d’aménité. Il était âgé de quarante-deux ans. La jeune Sophie accueillit ce choix comme tout ce qui venait de son’père, avec une affectueuse déférence. Elle avait perdu sa mère depuis plusieurs années. Ce qui la séduisit surtout dans cette union fut la certitude que sa petite sœur ne la quitterait pas, qu’elle resterait maitresse de lui prodiguer ses soins et de lui servir de mère. On cita parmi les seigneurs russes dont ce mariage avait frustré les vœux un jeune homme auquel la naissance, la fortune et de rares qualités d’esprit ouvraient une grande destinée, le baron, depuis comte Strogonof. Il n’avait caché ni son inclination ni ses regrets. L’épouse elle-même ne put les ignorer, mais elle leur imposa silence, et lorsque le jeune Strogonof se fut résigné a un autre mariage, Mme Swetchine devint l’amie la plus sûre et la plus fidèle de sa femme. »

S’il est vrai qu’il y eut lutte dans le cœur de la jeune fille et qu’elle consomma un pénible sacrifice pour obéir à la décision de son père ; si ce fut cet amer mécompte, ce renoncement au bonheur dans le mariage qui, en flétrissant dès le premier jour l’avenir, la jeta, à l’âge de dix-sept ans, dans la piété mystique et la résignation en Dieu, il est impossible d’en rien découvrir dans le livre de M. de Falloux, à moins de connaître les faits à l’avance.

Mmo Swetchine ayant mis, suivant sa propre expression, « Dieu entre elle et la douleur, » se plongea dans les lectures ascétiques ; elle lut avidement les Pères de l’Église, se nourrit et se pénétra de leur doctrine, soutint sa foi par 1 exercice austère des devoirs de piété et surtout par les pratiques de la charité.

Un de ses premiers actes fut de quitter lu religion orthodoxe de Russie, l’Église grecque, pour embrasser le catholicisme romain. " Sa conversion, dit Sainte-Beuve, lui rendant moins agréable et moins facile sa résidence à Péteisbourg, elle vint en France dès lu fin de l’année 1816 ; elle avait trente-quatre ans. Accueillie du premier jour dans le plus grand monde de la Restauration, elle y fut extrêmement comptée. Elle n’avait pas de beauté : petite, les yeux légèrement discordants, la pointe du nez kalmouke, mais ayee cela une physionomie qui exprimait la force de la vie et la pénétration de l’intelligence. Son mari, de vingt-cinq ans plus âgé qu’elle, le général Swetchine, vivait à côté d’elle, complètement étranger à sa sphère d’activité. Elle n’avait jamais eu d’enfant. Son esprit, vif, aiguisé, subtil, sa fermeté et son élévation de caractère, un certain art suivi de serrer les liens et de rattacher sans cesse les relations de société à des convictions et à des espérances d’un ordre supérieur créèrent son ascendant sur tout ce qui l’entourait et l’approchait. Son influence peu à peu s’organisa. Cela dura quarante ans. Elle eut un salon d’un caractère particulier, sérieux, ingénieux, extrêmement artificiel d’aspect et qui, entre les divers salons de l’aristocratie européenne, se distinguait par une teinte théologique très-prononcée. Un salon où l’on ne peut suivre ou rejoindre la femme qu’on préfère, la distraire d’un groupe qui l’environne, l’entretenir à l’ombre et à demi-voix quelques instants, lui adresser une partie de la conversation plus générale où 1 on se surprend h briller et dont on est récompensé d’un regard n’est pas un salon pour moi... Mais qu’est-ce si la personne qui préside au salon, malgré toute son indulgence, est une croyante ferme et fixe, rigide, qui n’a jamais douté et qui s’en vante, qui vous prend et qui vous accepte pour les espérances que sa charité lui fait concevoir de vous et du salut de votre âme, qui maintient la conversation sur des tons élevés, dans une sphère ingénieusement providentielle, mais dont il vous est impossible, si vous étouffe2, de sortir brusquement sans faire éclat ? Qu’est-ce surtout si derrière la porte, à deux pas, vous sentez un oratoire où la pieuse fenuue est allée s’édifier et se prémunir avant de vous recevoir, et où elle rentrera bientôt pour se réédifler encore I Que dis-je, un oratoire ! sachez que c’est bien une chapelle, une chapelle consacrée, où est exposé, au milieu d’un luminaire éblouissant, le saint des saints, le saint sacrement, que plusieurs des personnes présentes vont aller adorer dès que minuit sonnera ; adorer même est trop peu dire, puisque, à de certaines solennités, la sainte table est toute prête qui les attend. Ohl ce ce n’est pas là un salon ; les quelques jeunes femmes qui y passent, avant de se rendre au bai sous l’aile île maris exemplaires, et qui viennent y recevoir comme une absolution provisoire qui, plus tard, opérera, ne me font pas illusion ; c’est un cercle religieux, une succursale de l’Église, — donneï-lui le nom q’ue vous voTidrez, — un vestibule du paradis, une maison de charité à l’usage des gens du monde. »

Cette histoire de chapelle attenant au boudoir et de saint sacrement n’est pas inventée, comme on pourrait le croire. Rien n’est plus rare que cette concession faite à un particulier d’avoir chez soi le tabernacle avec l’hostie consacrée. Mais il est bon de considérer que les conversions qui sont le plus

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en agréable odeur à Rome ne sont pas celles des païens, ni celles des juifs, ni celles même des protestants et des hérétiques, ce sont celles de schismatiques. Il semble apparemment plus difficile et plus beau de revenir de près que de loin. Mme Swetchine, une schismatique convertie, se vit donc, en retour, l’objet de cette faveur ecclésiastique singulière. Sa chapelle, placée sous la protection de Notre-Dame-Auxiliatriee, dont la fête tombe le 21 mai, joue un grand rôle parmi les habitués de son monde. Pour elle, croyante sans calcul et sans hypocrisie, elle dut s’apercevoir, sur la fin de ses jours, qu’elle avait surtout fait l’affaire d’une coterie ; aussi rencontre-t-on par instants dans ses écrits, dans ses lettres, des échappées de courage, des mouvements d’indépendance qui brisent du coup sa filiation spirituelle avec les de Maistre, les Môntalembert, les Falloux, ses trois directeurs spirituels qui tour à tour la tinrent captive dans leur sacristie et qui la façonnèrent pendant quarante ans afin qu’elle servît de modèle aux habitués de Saint-Thomas-d’Aquin. En 1848, l’influence qu’avaient sur elle MM. de Falloux et de Môntalembert n’alla pas jusqu’à l’aveugler. Dans une lettre datée du 5 mars, elle rend pleine justice à la République. «Deux beaux décrets, dit-elle, sont déjà sortis de ce chaos qui compte aujourdhui neuf jours ; c’est l’abolition de la peine de mort pour délits politiques et la suppression du serment, qui n’est plus que la suppression du parjure. Il y a un bon sens suprême à en avoir délivré lu peuple français, qui se familiarise tous.les jours avec le mensonge ;» et plus loin elle ajoute : « Une chose particulière encore à ce temps-ci, c’est qu’il n’y a pas trace parmi le peuple de cette grossièreté si Rebutante dans les souvenirs de 1793. Armés comme des brigands dans toute la précipitation de leur effervescence, ils se rangent pour vous laisser passer ; ils quittent le trottoir pour vous faire place, et s’ils vous parlent, c’est avec une politesse toute bienveillante. Tout cela résume de grandes qualités nationales. ■ Ce qui n’empêchapas MM.de Falloux et de Môntalembert de trouver qu’ils en prenaient bien à leur aise, ces braves gens si polis, et de les priver de leurs droits d’électeurs.

M"’e Swetchine, adorée comme une sainte dans son salon et presque canonisée de son vivant par ses fidèles, n’a été qu’imparfaitement connue du public jusqu’à la publication de ses œuvres, qui eut lieu après sa mort, par les soins de M. de Falloux. Elle écrivait beaucoup ; ses manuscrits contenaient la matière d’environ quarante volumes in-8°. De cette masse de papiers, M. de Falloux, son exécuteur testamentaire, a extrait seulement cinq volumes : Pensées, morceaux choisis et traités divers (1858, in-8°) ; ce recueil forme le second volume de l’ouvrage intitulé : Vie et œuvres de At'm< !' Swetchine, par M. de Falloux (1858, 2 vol. in-8°) ; Lettres de Al">e Swetchine (Z6i,2 vo], in-8°) ; Mme Swetchine, journal de sa conversation, méditations et prières (1863, in-8°) ; Correspondance de jyme Swetchine avec le P. Lacordaire (1864, in-8°). Ces livres suffisent pour que l’on puisse ranger Mme Swetchine, non parmi les saintes, comme le voudrait son pieux biographe, mais tout au moins parmi les écrivains doués d’originalité. Il y a cependant dans ces pages bien peu de chose qui s’adapte parfaitement à l’esprit français ; leur originalité est dans le style, qui a un petit arôme exotique tout particulier. Il manque à M>»e Swetchine deux grandes qualités : le goût et le naturel. Sauf quelques pages où elle parle d’abondance sur des questions de morale, ses ouvrages sont pleins de cette subtilité mystique, de cette recherche précieuse qui séduit d’abord et qui finit par fatiguer. On ne peut la suivre bien longtemps dans le vague des hautes régions théologiques où elle se complaît un peu par nature et beaucoup par coquetterie.

Le volume intitulé Pensées, morceaux choisis et traités divers se compose de quatre parties : 1» les A ireUes, qu’elle avait transcrites pour elle-même en un petit volume ; 2» les Pensées ; 3" le Traité de la vieillessé, 4« le Traité de la résignation.

Le livre des Airelles, qu’elle composa le premier, et qui date de 1811, n’est pas le moins attachant de ses écrits. En 1811, Mme Swetchine n’était pas encore livrée à la direction des jésuites ; elle s’abandonnait ù ses propres inspirations et elle exprimait avec grâce, quelquefois avec une certaine naïveté, des sentiments touchants. Le titre est original. «C’est le nom, dit Sainte-Beuve, d’une plante des marajs du Nord, dont, les petites baies rouges mûrissent et se colorent sous la neige. On comprend l’emblème. La plupart des pensées de Mma Swetchine semblent avoir mûri au feu du soleil intérieur, et, au lieu d’être, comme des plantes naturelles d’Italie, écloses au grand air, aux rayons du matin, et qui ont bu la rosée avec l’aurore, elles ont l’air d’avoir poussé en serre et en chambre bien nattée. Ce sont, à vrai dire, moins des fleurs et des fruits que des conserves. Elle excelle à faire des provisions de mots qui, ensuite, assaisonnent le discours et lui donnent du piquant ou de la profondeur ; qui sont comme des clous brillants ou comme des coins qui enfoncent. La pensée lui naît tout ingénieuse, tout ornée, parfois très-heureuse, d’autres fois recher SWET

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chée, un peu bizarre et demandant de la réflexion pour être saisie

Dans les Pensées, on commence à sentir l’influence des jésuites. Presque toutes montrent une imagination vive, une nature tendre et pleine d’expansion, dont les prêtres ont altéré la nature première en la saturant de mysticisme et qu’ils ont forcée de se jeter dans l’oxtase et le surnaturel. En voulant analyser et disséquer sans cesse ses propres sentiments, elle se tourmente et met à la torture les âmes qu’elle veut convertir. Elle aimait en effet à faire des conversions et réussissait quelquefois ; c’est en quoi la confrérie la trouvait sans doute particulièrement utile.

Lorsque parurent les Paroles d’un croyant de Lamennais, elle s’écria : « Il n’y a qu’un ange ou qu’un prêtre qui puisse tomber si bas.i

Dans le Traité de ta vieillesse, elle étudie cet état de l’homme dans ses rapports avec Dieu dans l’autre vie. « A en résumer l’esprit et les termes, dit le critique déjà cité, ce traité est la gageure chrétienne la plus poussée que j’aie vue contre la nature. Le vieillard, à ses yeux, a toutes les faveurs célestes, et il réunit sur sa tête tous les privilèges ; il est « le pontife du passé, ce qui ne l’empêche pas j d’être le voyant de l’avenir ; • il est « le vrai pauvre de Jésus-Christ ; ses rides sont ses haillons ;» l’auteur cherche et trouve ainsi des causes finales à toutes les infirmités de l’âge. La raison providentielle de ta surdité, c’est qu’étant fermé aux bruits du dehors, on devienne plus attentif à la voix du dedans. Entraînée par une sorte de lyrisme intérieur, Mme Swetchine a des suites d’images mystiques dignes de saint Bernard pour célébrer et glorifier cette extrémité pénible de l’existence, cet âge ordinairement maudit. La vieillesse est < le samedi saint de la vie,

« veille delà Pâque ou de la résurrection glorieuse. La vieillesse n’est pas une des beau»tés de la création, » mais elle en est « une

« des harmonies. »

«De l’élévation, du reste, dans l’ensemble, des vues justes dans le détail, je suis loin de les lui refuser. Elle se fait, croyez-le bien, les objections ; elle se rend bien compte que, pour lui donner raison, il faut commencer par tourner le dos à la nature et se placer dans la partie la plus providentielle des desseins de Dieu. Aussi tous ceux qui feront ce chemin sous sa conduite et en fils dociles passeront-ils légèrement sur ses défauts pour se récriera tout moment sur la beauté des points de vue, >

Du Traité de la résignation, nous ne dirons rien. Nous pensons comme Sainte-Beuve : ce traité échappe à la critique proprement dite ; il est entremêlé de prières, et, dès que la prière commence, la critique littéraire expire.

Swetchine (wsTTRtss dk Mm«), publiées par M. de Falloux (1862, ï vol. in-8°). Ces lettres, tant prônées par les écrivains du parti religieux, méritent-elles d’obtenir le rang qu’un cénacle trop fervent a voulu leur assigner ? Evidemment non. Il faut séparer la femme de l’écrivain, et, cette distinction une fois établie, il ne sera plus permis d’élever l’auteur aussi haut que la personne, digne assurément d’une respectueuse estime. Femme d’un vieux général russe et convertie à la fui catholique, M"» Swetchine avait été naturalisée Française par un très-long séjour à Paris, et son salon, recueillant l’héritage du cercle de Mme Récamier, s’était Ouvert aux hommes influents de l’école monarchique et religieuse. C’est ainsi que ses lettres sont adressées à MM. de Môntalembert, A. de Broglie, de Falloux, Lacordaire. Elle a cependant d’autres correspondants :1a princesse Alexis Galitzin et M’le Roxandre Stourdza, d’origine grecque, l’une des demoiselles d’honneur de l’impératrice de Russie, femme d’Alexandre. C’est de très-bonne heure que cette âme ardente, passionnée, excitée par l’effort même, s’élance vers Dieu, mais sans rompre tous les liens qui la rattachent aux choses terrestres. Exaltée dans ses amitiés juvéniles, impétueuse et exigeante dans son ambition de perfectionnement moral, M°>e Swetchine semble avoir coloré ses premières pensées des teintes mystiques mises à la mode parMme de Kriidner. Déjà elle subtilise, elle raffine ses sentiments, ses visions idéales. Sa métaphysique religieuse est un mélange d’idées alambiquées et romanesques. Ses rêves de félicité èthérèe et ses effusions de tendresse ne la trompent pas sur les tourments sans cause de son cœur désabusé. Elle souffre de la maladie de René, mais avec la ferme volonté de sortir de l’inconséquence. Comme chez René, c’est l’orgueil impuissant, mais l’orgueil féminin qui déchire sou âme. N’ayant pas été jolie, elle n’a pas été jeune. C’est pourquoi elle s’est abandonnée à Dieu dès l’âge de dix-neuf ans ; c’est pourquoi l’exaltation religieuse, un amourspiritualisé, transporté du cœur a la tête, la domine et la retient. M">s Swetchine n’a eu ni amant ni enfant. Voilà l’explication naturelle de son désahusement personnel, de son sacrifice dévot, de cette faiblesse emportée, de cette philosophie sentimentale, de cette escrime morale si curieuse à suivre dans ses premières lettres. Mme Swetchine peut en remontrer à saint Augustin. Elle croit avoir tout éprouvé tout compris en fait d’affections et de passions humaines ; «elle a la clef de ces énigiiie.î innombrables qu’on appelle les hommes. •