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bouta {fauche, qui tient une torche allumée d’une main et de l’autre uneépée. Rien n’indique, comme on voit, avec certitude si l’amiral sera tué ou non. Il faut savoir qu’il l’a été pour deviner qu’il va l’être et trouver juste lfl titre du tableau. Selon la coutume du peintre, il est signé et daté : J.-B. Suvée f 1787. Ce tableau, commandé par le roi, fut exposé au Salon de 1787.

La Mort de l’amiral Coligny et deux autres sujets qu’il traita pour le roi, Cornêlie montrant ses enfants comme sa plus belle parure et la Fête de Paies, ont été exécutés en tapisserie à la manufacture des Gobelins. Un peut citer encore, parmi les plus connus, les deux tableaux que Suvée fit pour l’église d"Ypres, représentant la Descente du SaiatEsprit et une Adoration des Mages ; celui qu’il fit pour l’église de Saint-Donat de Bruges, représentant la Résurrection deJésui-Cfoist ; un autre tableau, qui est à Versailles, a pour sujet Saint François de Sales recevant les voiux monastigues de Jtfma de Chantai, fondatrice des visitandines. C’est le plus remarquable par la couleur, le plus fin de ton, le plus transparent des tableaux de Suvée. Un tableau exécuté pour la chapelle du Temple, à Paris, décore maintenant l’église de l’Assomption ; il représente la Naissance de la Vierge. Il existe un buste de ce peintre dans les salles de la sculpture moderne au Louvre.

SGVERETO, bourg du royaume d’Italie, province de Pise, district de Vollerra, mandement de Campiglia-Maritima ; 2,257 hab.

SUWALK1, ville de la Russie d’Europe, chef-lieu du gouvernement d’Augustow, à 38 kilom. N. de la ville de ce nom, 320 kiloni..N.-E. de Varsovie, sur le Honeza,

3,000 hab.

SUYA s. m. (sui-ia). Ornith. Genre d’oi . seaux, de la famille des turdidées, voisin des

cinclosomes, et désigné aussi sous lenoin de

PKINIK.

SUYS (Tiiman-François), architecte belge de l’école française, né à Ostende en 1783, mort k Amsterdam en 1861. Venu de très-bonne heure à Paris, il entra à l’atelier de Peroier et Fontaine et se ht admettre bientôt après k l’École dés beaux-arts. Il fut même assez heureux pour en sortir avec le grand prix d’architecture en 1812. Son concours. Projet de maisou hospitalière, est l’un des meilleurs dessins de l’époque. Après avoir passé à Rome les cinq années réglementaires, il alla habiter Amsterdam, où. Guillaume Ie* le nomma architecte des palais royaux. Suys resta longtemps à Amsterdam, où il fonda l’Académie d’architecliue ; puis il s’établit à Bruxelles ; où il construisit l’église Saint-Joseph, l’hôtel d’Arenberg, le pavillon Cazaux, la porte d’Anvers, etc. L» Bibliothèque nationale possède de Suys deux gros volumes in-folio : le Palais Massini, à Home, et le- Panthéon, recueils d’excellentes études d’architecture.

SUZANNE, village et commune de France (Somme), cunt. de Bray, arrond. et à 17 kilom. de Péronne, près de la Somme ; 572 hab. C’est vers les bords de la Somme, au bas même de la côte où s’élèvent en amphithéâtre leshabitations du village, que fut reconstruit, en 1619 et 1678, dans le grand style du xviio siècle, le château actuel. Il remplaça un château fort d’une époque beaucoup plus reculée et dont on retrouve des vestiges dans la pièce d’eau qui s’étend encore aujourd’hui au pied de -la terrasse. En effet, Suzanne possédait jadis une forteresse importante, destinée à défendre le passage de la Somme en cet endroit. Cette forteresse, dont l’origine parait remonter aux premiers temps de la Gaule, subit k travers les âges de grandes modifications. Autour de ses murs se groupèrent peu à peu les chaumières primitives qui furent le berceau du village, érigé on paroisse vers 1089. La maison de Suzanne, ■ aujourd’hui éteinte, était jadis très-puissante. Dans le célèbre tournoi de Ham, en 12G8, nous trouvons encore cité le nom d’un Fauviant de Suzanne, sous le titre de toi d’armes. Jean, comte de Suzanne, baron de Viége et de Ceruy, fut gouverneur de Milan pour Louis XII. Avec Catherine de Suzanne, comtesse de Cerny en Laonnois, qui épousa un 1576 Charles, baron de Moi, finit le nom de cette famille. Vers 1625, l’ancien domaine de Suzanne, dit de Suzanne en Santerre, entra dans la maison d’Estourmel, En 1619 eut lieu la reconstruction partielle du château, auquel, depuis, furent ajoutés successivement les avant-corps et la galerie qui s’étend sur le côté gauche de la cour. » La simplicité de ce dernier édifice, dit M. Decagny dans sa savante Notice sur le marquisat d Ëstourmel, ne saurait diminuer en rien l’intérêt qu’il offre à l’intérieur, surtout pour ia famille d’Estourmel ; car on y admire une des plus belles collections de portraits de famills, comme aussi le tombeau de Gilles d’Estourniel, au milieu d’une foule d’objets curieux et antiques, recueillis par le comte Joseph d’Estourmel dans ses fréquents et lointains voyages. Cette galerie est un véritable musée, que bien des villes pourraient envier à ce village isolé. Le château lui-même, dont hs proportions et les dépendances sont assez considérables, ne manque ni d’élégance, ni de dignité.» C’est à François-Louis, marquis

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d’Estourmel, qu’on doit la belle et large rue conduisant au château et l’élégante église du village. Aujourd’hui, le château de Suzanne est entièrement restauré et indépendamment de la curieuse galerie dont nous avons parlé plus haut, on peut y visiter encore la chambre de Fénelon, qui y résida souvent. Tels sont les principaux souvenirs se rattachant k cette habitation séculaire.

SUZANNE (SAINTE-), bourg de France (Mayenne), chef-lieu de canton, arrond. et à 34 kilom. E. de Laval, sur la rive droite de l’Erne ; pop. aggl. 1,088 hab. — pop. tôt. 1,666 hab. Nombreux fours à chaux ; tuileries, poteries, moulins à blé et à huile, tanneries, blanchisseries, papeteries. Ville fortifiée au moyen âge, Sainte-Suzanne était le siège d’une vicomte, Herbert II, vicomte de Beaumont, s’y retrancha en 1075 et harcela tellement les Anglais, par ses sorties et ses expéditions continuelles, que Guillaume le Conquérant fut forcé, pour y mettre un terme, de construire un fort d’où il pût le tenir en respect. Il n’en eut raison, néanmoins, qu’après lui avoir restitué les places de Beauinont et de Fresnay, qu’il lui avait indûment prises. Toutes les tentatives de Guillaume contre Sainte-Suzanne avaient échoué. En 1424, Ambroisede Loré y soutint plusieurs assauts contre le comte de Salisbury, qui finit par s’en emparer. Quinze ans plus tard, Jean de Bueil la reprit par escalade, et Charles VII lui en concéda le gouvernement (1439). l, a vicomte de Sainte-Suzanne avait passé dès le xiie siècle, par mariage, à Raoul de Beaumont, fils aîné de Herbert II, cité plus haut. Elle appartint ensuite aux maisons de Brienne, de Chamaillart, d’Alençon et de Bourbon et, finalement, fut réunir ; k la couronne lors de l’avènement de Henri IV.

Monuments. Ce bourg, bien qu’ayant depuis plusieurs siècles cessé de jouer un rôle militaire, conserve encore sa ceinture de remparts. Ces remparts sont garnis de tours rondes et de bastions carrés. Mais la partie la plus curieuse est celle qui a été construite sur des fondations beaucoup plus anciennes, et même sur des débris de murailles, du genre de celles dont le cainp de Péran, en Bietagne, offre un exemple. Une sei’onde enceinte triangulaire environne le château. Deux tours en défendent la porte d’entrée et près d’elles s’élève le donjon, construction massive et carrée du xne siècle, ilanquée de contre-forts. Les murs, épais de 4 mètres et percés de meurtrières auxquelles on accède par des escaliers étroits pratiqués dans l’épaisseur même de la pierre, atteignent 40 mètres de hauteur. L’abandon de ce vieux château date du xvie siècle, époque où il fut remplacé par une construction régulière, mais sans caractère monumental.

A 2 kilom. N. de Sainte-Suzanne, au hameau des Erves, on rencontre deux remarquables dolmens formant en quelque sorte le centre d’un carrefour. Le. plus grand mesure 21 mètres de longueur sur 7 de largeur. Sept supports perpendiculaires soutiennent les deux tables, en décrivant une sorte d’ovale. Les deux pierres composant la table sont longues de 4 mètres, larges de 2 et épaisses de 110,50. Le second dolmen ne présente plus que sa table, longue de 3m,30, large de 2, et gisant sur le sol. La pierre du fond, encore debout, est contigué avec deux supports enterrés. À peu de distance des dolmens des Erves est un très-beau menhir eu grès, haut de 2m,66 environ.

SUZANNE (SAINTE-), ville de l’île de la Réunion, k 15 kilom. É. de Saint-Denis, sur la côte N.-E. de l’île ; 6,128 hab. Plantation de cannes k sucre, café ; nombreuses sucreries. Le mouillage est autorisé dans la rade. Les premiers mangoustans de l’île de la Réunion furent plantés à Sainte-Suzanne, patrie du poëte Bertin.

SUZANNE (RIVIÈRE db SAINTE-), un des principaux cours d’eau de l’Ile de la Réunion, le seul qu’on puisse remonter en bateau jusqu’à l kilomètre de son embouchure.

SUZANNE, femme juive de la tribu de Juda, épouse de Joachmi, qu’elle avait suivi à Babylone pendant la captivité. Deux vieillards, qui remplissaient les fonctions déjuges, conçurent pour elle une passion criminelle, et choisirent, pour ia lui déclarer, le moment où elle prenait un bain au fond de son jardin. L’ayant ainsi surprise, ils la menacèrent de la faire condamner comme adultère, s : elle refusait de céder à leurs désirs. Suzanne, aimant mieux mourir innocente que de vivre coupable, repoussa avec indignation ces vieillards impudiques. Alors les deux suborneurs appelèrent les gens de la maison’, et soutinrent avoir surpris Suzanne avec un jeune homme. Elle fut condamnée à mort. Comme on la conduisait déjà au supplice, le prophète Daniel, très-jeune encore, fit suspendre l’exécution, et, interrogeant séparément les deux accusateurs : « Sous quel arbre, demanda-t-il, avez-vous vu commettre le crime ? » L’un répondit que c’était sous un lentisque, l’autre, que c’était sous une yeuse. Ainsi convaincus de mensonge, les vieillards furent lapidés, et l’innocence de la belle et chaste Suzanne reconnue (606 av. J.-C).

Suumue (la chastb), pièce en deux actes, mêlée de vaudevilles, parRadet, Desfouuiines

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et Barré, représentée k Paris, sur le théâtre du Vaudeville, en 1794.

Joachimet sa femme Suzanne se félicitent de la bonne harmonie qui règne entre eux ; pendant ce temps, deux juges qui convoitent Suzanne cherchent de concert les moyens de satisfaire leur passion- Ils se décident k l’attendre dans son jardin et de la suprendre au bain. Us font donc une visite à Joachim, qui veut les retenir k dîner ; mais ils refusent, se retirent et vont se cacher dans le jardin. Suzanne ne tarde pas k y venir ; elle s’apprête à prendre son bain, et envoie ses femmes chercher des parfums. Les juges profitent du moment où elle est seule pour lui déclarer leur passion, et menacent de l’accuser d’adultère, si elle ne cède k leurs coupables désirs ; mais leurs menaces ne l’intimident point ; alors ils entreprennent de la violenter ; elle appelle k son aide, on accourt, et les juges disent qu’ils l’ont surprisa avec un jeune homme. On la conduit au tribunal : sur les dépositions de ses accusateurs, elle est condamnée k être lapidée. Déjà on la mène au supplice, lorsque le jeune Daniel la rencontre, rappelle le peuple aux tribunes, prouve l’innocence de Suzanne, confond les juges, qui subissent la peine du talion. Cette pièce, dont le sujet est trop sérieux pour le genre du vaudeville, eut cependant un grand succès, dû, non pas précisément k des détails intéressants, à de très-jolis couplets et k l’ensemble de l’ouvrage, mais surtout k de fréquentes allusions politiques ; on trouva de 1 analogie, dans un certain public, entre le jugement de Suzanne et celui de la reine, que le tribunal révolutionnaire venait d’envoyer k l’échafaud. Dans une scène où un des personnages prononçait ces mots : « Vous êtes ses juges, vous ne pouvez être ses accusateurs, « les bravos les plus frénétiques se faisaient entendre ; des enthousiastes royalistes redemandaient la phrase jusqu’à trois fois ; bientôt la curiosité amena de tous les points de Paris, au Vaudeville, une foule énorme, qui paya les places quatre fois leur valeur fixée ; si bien que ce succès prit toutes les proportions d’un événement politique ; gros événement, en effet, surtout pour les valets soudoyés de ceux qui trouvaient moins dangereux d’émigrer. Le Comité révolutionnaire songea d’abord k défendre l’ouvrage ; il se ravisa, et la Chaste Suzanne suivit le cours de ses représentations fructueuses.

Suaanue (la chaste), opéra-comique en 4 actes, paroles de Carmouche et F, deCourcy, musique d’Hippolyte Monpou ; représenté sur le théâtre de la Renaissance, le 27 décembre 1839. Le livret est d’une inconvenance telle, que le public de la Renaissance ne l’a pu tolérer.

Au point de vue de l’inspiration musicale, l’opéra de la Chaste Suzanne est, à notre avis, le meilleur ouvrage lyrique d’Hyppolyte Monpou ; nous signalerons une romance naïve et charmante de Daniel dans le premier acte ; la scène de l’accusation dans le second ; l’air de Daniel, la symphonie du sommeil et de la vision dans le troisième acte. Le duo bouffe des vieillards, écrit pour deux basses, a de la verve et de l’originalité. Cette partition offre, comme toutes celles de Monpou, des inégalités et des bizarreries qui expliquent la sévérité des jugements qu’ont portés sur lui les connaisseurs ; cependant il faut reconnaître qu’elle renferme des mélodies délicieuses et d’un cachet incomparable, telles que la phrase de Daniel intercalée dans le duo :

Comment, âans ma jeune âme,

Supporter à la fois

Ce tendre regard de femme,

Le son charmant de cette voixï

Les interprètes de cet ouvrage ont été : la haute-contre, La Borde ; la basse, Suzet ; Mm» AnnaThillon et Mlle Ozy.

Smaauo (la. chaste). Icooogr. La peinture, art essentiellement fait pour charmer les yeux, cherche toutes les occasions de nous offrir des sujets agréables, des scènes gracieuses, des formes séduisantes. Les peintres d’histoire, les plus graves de tous les peintres, représentent de préférence les événements qui leur permettent de mettre en scène des femmes plus ou moins décolletées, et il n’est pas jusqu’aux peintres de sujets religieux qui ne saisissent avec empressement l’occasion de montrer un beau sein, des épaules d’ivoire et des jambes faites an moule. La Bible a fourni et fournira longtemps encore aux artistes les moyens de peindre des nudités dont une mère dévota se croira autorisée k permettre la vue à son fils. Une des héroïnes bibliques les plus populaires, grâce k la peinture, est bien certainement la chaste Suzanne, qui se laissa surprendre au bain par deux vieillards, mais qui sut fort bien résister a leurs caresses. La plupart des peintres ont été d’accord pour donnera cette femme la beauté la plus voluptueuse et l’attitude la plus provocante ; il fallait bien prouver aux spectateurs que les vieillards étaient de fins connaisseurs ; et puis, le beau mérite d’être un dragon de vertu, quand on est laide ! Proudhon a tonné, avec sa véhémence habituelle, contre cette manière de représenter’La Chaste Suzanne : « Je n’examine pas, dit-il, si l’on doit s’en rapporter au récit biblique, qui veut que Suzanne, une femme du plus haut rang, un modèle de fidélité conjugale et de pudeur, se soit déshabillée toute nue en plein air,

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seule dans un jardin, pour se baigner. Je ne puis, quant à moi, me figurer Suzanne, pas plus que Lucrèce ou toute honnête femme de notre temps, se mettant en pareil état ; toutes se voilent, se dérobent à leurs propres regards. Mais les femmes turques ou arabes en usent ainsi, même quand elles se baignent de compagnie. Je passe donc. Voici où commence ma critique. Il s’agit d’une histoire sacrée et d’un fait cité en exemple k la jeunesse, k toutes les femmes. Suzanne, en un mot, est une héroïne de chasteté, une sainte. S’il en est ainsi et que l’artiste ait compris son sujet, Suzanne toute nue doit inspirer le respect, et ne pas plus éveiller de pensés immodeste que la Vénus de Miio dans sa nudité surnaturelle. Alors on no comprend plus que les deux sénateurs qui l’observent, contenus l’un par l’autre, frappés dans leur conscience, osent faire leur proposition ; c’est impossible, c’est hors du cœur humain, il y a contre-sens. Ce viol k deux sur la personne de Suzanne devient incroyable, et je n’y crois pas. Mais nous sommes loin de 1k. Dans les mœurs orientales, dans ces délices trop vantées du harem, la femme qui se montre étant censée faire les avances, on est tenté d’applaudir aux deux corrupteurs, dont le seul tort en cette occurrence est de se montrer à deux, tandis qu’un seul eût pu réussir. C’est la brutalité des deux hommes qui fait ici la vertu de Suzanne ; j’y croirais davantage s’il n’y avait qu’un tête-à-tête. Pourquoi les artistes n’ont-ils seulement jamais soupçonné ces difficultés ? Pourquoi tant de tableaux représentant Suzanne au bain, une Suzanne qui, au lieu d’inspirer le respect, provoque le désir ? C’est que les artistes, de moins en moins moralistes ou philosophes, ne cherchent plus dans les sujets qu’une occasion de peindre le nu, de montrer des femmes dans une attitude plus ou moins provoquante. «Eu définitive, c’est bien plus k la Bible qu’aux artistes que Proudhon fait ici le procès. Le sujet étant donné, nous ne saurions admettre que les interprètes ne soient pas tenus de se conformer au texte qui leur fournit leur sujet. Empressons-nous de reconnaître qu’en général ils ont bien rempli cette obligation.

On a vu au Louvre deux petits tableaux italiens du xve siècle (nos 156 et 157), divisés chacun en quatre compartiments où ('Histoire de Suzanne est représentée d’une façon très-naïve. Dans le premier compartiment, les vieillards rendent la justice, avec cette gravité dont les Tartufes de tous les temps savent si bien se faire un masque ; puis la chaste Suzanne, vêtue k la mode du temps et escortée de deux suivantes, se rend au bain, sans songer k mal ; en troisième lieu nous assistons k la fameuse scène de la tentation, lout k l’honneur de Suzanne, qui cependant n’a pas l’air trop effarouché, et k la confusion des vieillards qui dardent sur la pauvrette leurs regards les plus lubriques ; enfin nous avons le chagrin de voir l’honnête Suzanne arrêtée par ordre des sénateurs et conduite eu prison. Voilà pour le premier tableau. Le second nous montre successivement : Suzanne jugée par les deux vieillards ; Suzanne menée devant le tribunal de Daniel ; Daniel jugeant ù Son tour les vieillards, et, comme dônoûment, la lapidation des deux céladons. La même histoire a été peinte par un artiste allemand du xvie siècle dans un tableau k six compartiments qui appartient au musée du Belvédère. Elle a été retracée par Aldegrever dans une suite de quatre planches gravées en 1855 ; la scène de la Lapidation des vieillards, peinte par le même maître, se voit dans la célèbre galerie Suermondt, k Aix-la-Chapelle. Une suite de six pièces gravées par Crispin de Passe le vieux et une de quatre pièces par Nicolas de Bruyn (1631) représentent les principaux épisodes de l’Histoire de Suzanne. Parmi les nombreux graveurs qui ont traité la scène du bain, il nous suffira de citer Lucas de Leyde, G. Penckz, Charles-Étienne de Laune, R. Boyvin, H. Gottzius, Augustin Carrache, Michel Le Blond, Cl.-Th. Braen (d’après J. Matham), Antonio Triva, Teresa del Po, Fr. Chauveau, P. van Lisebetten (d’après J. Retto), Bernard Lens le vieux, J.-B. Corneille, J.-P. Norblin de la Gourdaine (1776), Anijeliea Kauffmann, J. Airam (d’après G.-B. da Lampi, 1803), P. Bonato (d’après G. Honthorst), J. Barra (d’après H. Goltzius, 1598), P. van Balbin (d’après Martin Pepyn), Colinet (d’après Phii. van Dyck), J. vaa Londerseel (d’après D. Viiickenboons), etc.

Les peintres italiens ont usé et abusé de la Chaste Suzanne. Paul Véronèse lui a consacré au inoins cinq tableaux : l’un, qui est au Louvre et dont nous donnons ci-après la description ; un second, dans la galerie de l’Académie de Saint-Luc, k Rome ; un troisième, au musée de Madrid, < composition tourmentée et invraisemblable, dit M. Viardot, mais dont, les défauts sont rachetés par l’irrésistible magie de la couleur ; ■ un quatrième, dans la galerie de Dresde ; un cinquième, dans la galerie Devonshire, en Angleterre, a été grave par E. Smith ; il y en aurait encore un sixième dans la collection Iarborough, mais M. Waagen a cru devoir le retirer au Véronèse pour le donner au Tintoiet. Celui-ci, d’ailleurs, avait déjà k son compte plusieurs Suzanne : une au Louvre, quia été gravée dans le recueil de Laudon (VILL, 1) et que nous décrivons ci-après ; une autre dans la collection La Caze, qui fait également par ÎG*