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et en arrière, pendant Sa station verticale : Pour que le corps soit en équilibre, il faut que la verticale menée par le centre de gravité tombe dans la base de sustentation.

SUSTENTER v. a. ou tr. (su-stan-té — latin sustentare, fréquentatif de sustinere, type (lu (r&nç&iasoutenir). Nourrir, entretenirla vie de : Tant de livres dé pain par jour suffisent pour sustenter tant de pauvres. (Ac : id.) H importe peu de quoi on sustente ce corps mortel. (Boss.) Il y a des enfants que leurs mères allaitent à leurs mamelles flétries, faute d’une bouchée de pain pour sustenter leurs expirants nourrissons. (Chaieaub.)

— Fournir les aliments, la nourriture à : Sustenter sa famille. Sustenter les pauvres.

-i- Fig. Servir d’aliment moral à : La. lecture sustente l’esprit. (Boiste.) Se sustenter v. pr. Être sustenté.

— Se nourrir : Il n’a pas même de quoi SE sustenter. (Acad.) Tant de faméliques se sustenteraient de vos superfiuitésl (F. Lejeune.)

— Syn. Sullinter, nourrir. V. NOURRIS.

SUSTERHANS (Juste), peintre flamand, né à Anvers en 1597, mort à Florence en 1681. Il étudia les éléments de la peinture chez un artiste de sa ville natale, nommé Guillaume de Vos, se rendit en Italie et se fixa à Florence, où il se concilin la sympathie des ducs Gosme II, Ferdinand II etCosraelII. Il a joui parmi ses contemporains d’une réputation qui ne s’est point maintenue. Ses principales compositions sont : Ferdinand II recevant le serment de fidélité, Vittoria délia Ilovere, une Tète de chanoine, à Florence ; Portrait de la princesse Claudia, à Vienne ; le Christ au tombeau et la Mort de Socrate, au musée de Berlin, etc.

SUSTINE ET ABSTINE (Soutiens et abstienstoi). Telle était la maxime des stoïciens, tel était le but constant de leurs efforts : le silence des passions, un empire absolu de la raison sur toutes les affections charnelles, l’apathie en un mot, qui n’est pas une insensibilité stupide, mais une inviolabilité par laquelle l’homme est tout à fait hors de l’atteinte des impressions corporelles. Un stoïcien disait : « O goutte, tourmente-moi tant que tu voudras ; jamais tu ne me contraindras d’avouer que la douleur soit un mal. »

■ La philosophie seule avait deviné depuis longtemps que toute la sagesse de l’homme était renfermée en deux mots : Sustine et

abstine. »

Joseph de Maistrb.

« La vraie vertu humaine n’est pas purement négative. Elle ne consiste pas seulement à s’abstenir de toutes les choses qui sont réprouvées par le droit et la morale ( elle consiste aussi, et bien davantage, à faire acte d’énergie, de talent, de volonté, de caractère contre le débordement de toutes ces personnalités qui, par le seul fait de leur vie, tendent à nous effacer. Sustine, dit le stoïcien, et abstine ; soutenir, c’est-à-dire combattre, voilà le premier point ; s’abstenir, voilà le second. •

Proudhon.

SCST1NENTE, bourg du royaume d’Italie, province de M un tous, district et mandement d’Ostiglia ; 2,856 hab.

SUS-TONIQUE s. f. (su-sto-ni-ke — du préf. sus, et de tonique). Mus. Note qui est au-dessus de la tonique. Encyct. On nomme sus-tonique, en harmonie, la seconde note du ton, le second degré de la gamme, parce que cette note se trouve précisément au-dessus de la tonique. Dans le ton d’tif, qu’il faut toujours prendre pour point de démonstration puisqu’il est le plus simple, la sus-tonique est ré. La sus-tonique, dans le procédé harmonique connu et employé sous le nom de règle d’octave, porte l’accord de sixte, aussi bien en montant qu’en descendant.

SUSU s. m. (su-zu). Mamm. Genre de mammifères cétacés, formé aux dépens des dauphins, et dont l’espèce type vit à l’embouchure du Gange.

SUSUMs. m. (su-zomm). Bot. Genre de plantes, de la famille des xérotidées, dont l’espèce type croit dans les marais de Java.

SUSURRATEUR, TRICE adj. (su-zur-rateur, tri-se — rad. susurrer). Qui susurre, qui fait un petit bruit, semblable à un bourdonnement.

SUSURRATION s. f. (su-zur-ra-si-onlat. susurratio ; de susurrare, bourdonner). Murmure, bourdonnement : La sesurration du vent solitaire. (Chateaub.)

SUSURREMENT s. m. (su-zu-re-manrad. susurrer). Aetion de susurrer, de bourdonner, de murmurer : Le susurrement d’une vague parmi des cailloux me rend tout heureutc. (G’haieaub.) Malheur à celui qui se laissait bercer au susurrement monotone de la sauterelle, au vague murmure qui s’élevait des roseaux. (Emm. Gonzalès.)

SUSURRER v. n. ou intf. (su-zur-ré — latin susurrare, forme redoublée de la racine sanscrite svar, résonner, qui est parfois contractée en sur, et qui est également conser SUTT

vée dans le persan shôr, bruit, surâdan, chanter, surnâ, sûrnâ, shâr, trompette ; grec surizô, je siffle, surigx, flûte ; lithuanien surma, surmas, polonais surma, flûte, chalumeau ; ancien slave svirati, sviriti, jouer de la flûte ; svirali, sviricli, flûte ; russe svirieli, illyrien svirala, sviroka, sur la. À la racine svar appartient aussi le kymrique chwara, jouer d’un instrument, puis jouer en général, de même que chwardd, armoricain choars, rire, ris, et chwyrn, sifflement, ronflement, chouirina, hennir, et chovrik, bruit, grincement). Murmurer, bourdonner : Le serpent SUSURRE aux oreilles d’Eve toutes sortes de mauvais conseils. (Th. Gaut.)

SUSDRRUS s. m. (su-zur-russ — mot lat-V. susurrer). Pathol. Murmure particulier produit par certaines tumeurs anévrismales.

SOTCMF ou SUTLIF (Matthew), en latin Suieliviua ou Satiiviu*, théologien anglais qui vivait à la fin du xvl« et au commencement du xvue siècle. Les particularités de Son existence sont ignorées. On ne le connaît guère que par les titres de ses ouvrages, dont les principaux sont : De vera Christi Ecclesia (Londres, 1600, in-4o) ; Demissapapistica (Londres, 1603, in-4<>) ; De pontifice Romano (1605, iu-8<>).

SUTERA, bourg du royaume d’Italie, province et district de Calatanisetta, mandement de Mussomeli ; 3,725 hab.

SUTÈRE s. f. (su-tè-re — de Suler, botan. suisse). Bot. Genre de plantes, de la famille des personnées, dont l’espèce type croît dans les marais de l’Afrique p.t de l’Inde.

SUTÉRIE s. f. (su-té-rî — de Suier, botan. suisse). Bot. Genre d’arbrisseaux, de la famille des rubiaeées, tribu des cofféacées.

SUTHERLAND (comté de), division administrative de la région septentrionale de l’Ecosse, entre le comté de Caithness au N.-E., le golfe de Dornouh à l’E., le comté de Ross au S. et l’Atlantique à l’O. Superficie, 466,820hectares ; 24,782hab. Ch.-l., l)ornoch ; les autres localités principales sont : Clyne, Loth et Tongue. La surface de ce comté est extrêmement montagneuse ; à première vue, on n’aperçoit que des sommets s’élevant successivement les uns au-dessus des autres et en partie couverts de bruyères. Les vallées, très-encaissées’sont longues, étroites, arrosées par des cours d’eau torrentueux, qui quelquefois forment des lacs. Les rivières les plus importantes sont ï’Oikel, le Fleet et le Broa. Parmi les lacs, nous citerons ceux de Shin, de Hope, de Laoghal, d’Assynt et de More. Les espaces cultivés sont très-restreiuts ; mais il y a beaucoup de pâturages, et l’on y élève quantité de bêtes à cornes noires, des chevaux et des moutons. La fabrication des briques et la pêche sont à peu près les seules industries des habitants des côtes. Ce pays donne le titre de duc à la famille Gower, qui possède les quatre cinquièmes du comté.

SUTHERLANDIE s. f. (su-tèr-Ian-dî — de Suthertaiid, botan, angl.). Bot. Genre de sous-arbrisseaux, de la famille des légumineuses, tribu des lotées, formé aux dépens des baguenaudiers, et comprenant plusieurs espèces, qui croissent au Cap de Bonne-Espérance.

SUTHORE s. m. (su-to-re). Ornith. Syn. de

PAKADOXORNIS.

SUTILE adj. (su-ti-le —lat. sulilis ; desuo, je couds). Qui est cousu ; se dit par opposition à textile. Il Peu usité.

SUTLEDGE, rivière de lIndoustan anglais. V. Setledge. SUTRA s. m. (su-tra). Autre forme du mot

SOUMiA.

SUTRI, la Sutrium des Romains, ville d’Italie, province et à 26 kilom. S.-E. de Viterbe, sur le Pozzolo ; 1,660 hab. Evêché érigé en 487. En 1111, pendant lu guerre des investitures, une trêve y fut signée entre l’empereur Henri V et le pape Pascal II. On y remarque une belle cathédrale et un amphithéâtre antique creusé dans le roc. Deux conciles ont été tenus à Suiri : l’un, en 104G, fut convoqué par l’empereur d’Allemagne, Henri le Noir, pour mettre fin à la lutte entre Benoit IX et Sylvestre III, qui se disputaient le trône pontifical. Les deux papes y furent remplacés par Clément IL L’autre fut présidé, en 1059, par le pape Nicolas II. On y déposa l’antipape Benoit, qui fut exilé à Velletri.

SUTTEE ou SUTTIE s. f. (sutt-tl — du sanscrit çuddhi, sacrifice volontaire). Sacrifice volontaire d’une veuve indoue qui se fait brûler vive sur le bûcher de son mari. Il Veuve qui accomplit ce sacrifice.

— Encycl. Cette horrible coutume est à peu près abolie dans toutes les possessions anglaises de l’Inde ; elle subsiste seulement dans les régions éloignées, où l’autorité centrale a de la peine à se faire sentir, et parmi les tribus sauvages qui vivent au delà du Setledge ou di<.ns les montagnes du Népaul, chez les Sikhs et chez les Gourgas. Antérieurement ■à la domination anglaise, c’était une loi presque générale dans l’Inde que la veuve devait se biûler sur le bûcher qui dévorait le cadavre de son mari. Cette cérémonie *se faisait avec beaucoup de pompe et variait seulement suivant la caste des deux héros de la fête, le défunt et la veuve. L’usage le plus commun

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était qu’aussitôt après la mort du mari on plaçait la femme devant la porte de sa maison, dans une espèce de tente ornée. Elle ne mangeait plus dès lors, ne faisait que mâcher du bétel et prononçait incessamment le nom des dieux de sa secte. La victime était parée de tous ses bijoux ainsi que de ses plus beaux habits, comme si elle allait se marier. Les brahmanes l’encourageaient et l’exaltaient en lui promettant qu’elle jouirait d’une félicité sans bornes dans le paradis ; ils l’assuraient que son nom serait célébré par toute la terre et chanté dans tous les sacrifices. Puis, pour achever la pauvre victime, les impitoyables sacrificateurs lui faisaient prendre des breuvages mêlés d’opium, afin de lui ôter sa raison et de lui faciliter ainsi la consommation du sacrifice. Enfin la victime s’avançait vers le théâtre de cette scène funeste ; lorsqu’elle était arrivée à celieud’horreur, les brahmanes avaient grand soin de la distraire de ses regrets par des chants où l’éloge de son héroïsme était mêlé. Soutenue par ce concert homicide, elle faisait alors, d’une voix entrecoupée par les sanglots, ses adieux à ses parents qui la félicitaient, les larmes aux yeux, du bonheur qui l’attendait ; elle leur distribuait ses joyaux et les embrassait pour la dernière fois. Après quoi, elle faisait trois fois le tour de la fosse ardente et s’élançait au milieu des flammes. Aussitôt, quantité d’instruments faisaient retentir l’air des sons les plus aigus pour empêcher le peuple d’entendre les cris lamentables que la douleur pouvait arracher à la victime ; on jetait dans le bûcher de l’huile en quantité et d’autres matières très-combustibles, afin d’augmenter son activité, et bientôt il ne restait plus qu’un monceau de cendres où se confondaient les ossements de l’Indou et de sa veuve, immolée parfois à la fleur de l’âge et au moment de sa plus grande beauté. " Quelques auteurs ont paru croire que la coutume de brûler ainsi les veuves dans l’Inde pourrait bien avoir eu pour cause, à l’origine, le besoin que l’homme avait de se garantir contre les tentatives criminelles de sa femme, dans un pays où le poison est subtil et k la portée de tous. Alors on aurait fait croire à la veuve que, si elle ne se brûlait pas sur le corps de son mari, son âme, après sa mort, passerait dans le corps du sordide chacal. En outre, la veuve qui s’y refusait était, aux termes de la loi indoue, déchue de sa caste, condamnée à se couvrir de haillons, destinée aux plus vils emplois et livrée au mépris même des parias.

Il y avait certainement k cette inhumaine coutume des causes plus profondes ; ces causes tenaient surtout à la religion même des lndous.àleur croyance en l’immortalité de l’âme et surtout à la conception qu’ils avaient du inonde extérieur. L’Indou, essentiellement expansif et panthéiste, ne voyant dans l’homme, comme dans les animaux, les arbres et les eaux elles-mêmes, que des manifestations diverses de la vie, toutes parfaitement indifférentes au sage, n’envisageait pas la mort avec la même terreur que le Sémite ; ce n’était pour lui qu’un changement de vie, une des phases de ce changement universel et incessant qui n’a point eu de commencement, qui n’aura pas de fin et qui esc la loi de durée de toutes les choses créées. Imbus de cette doctrine, des centaines d’individus se jettent avec volupté dans les bras de la mort libératrice, qui leur ouvre les portes d’une vie nouvelle.

Un homme vient de mourir : son corps, lavé dans les eaux du Gange, le fleuve céleste, est exposé sur un bûcher qui, le réduisant en cendres, va permettre à tous ses éléments de reprendre plus vite leur liberté. Qu’est devenue l’âme ? Quel corps nouveau va-t-elle habiter ?—Comme elle va s’ennuyer, seule et séparée de tous les êtres qu’elle aimait, de sa compagne surtout, de la femme qu’elle choisit et aima entre toutes 1 — Et la femme, elle-même, dans quels ennuis va-t-elle achever les jours qui lui restent à vivre ? — De là cette idée : ■ Si la femme suivait son mari, leurs âmes unies continueraient à jouir de cette félicité que la mort de l’un a détruite. > Et conséquente avec ces idées, l’Inde en arrive à préconiser cette odieuse et féroce pratique du suicide de la femme sur le bûcher de son mari. Ce suicide est horrible, et cependant presque toutes les femmes le demandaient comme une grâce ; les unes, à cause de leur affection pour l’époux qu’elles voulaient suivre ; les autres, par suite des conseils des prêtres et de leur propre famille ; pour jouir de l’éternelle félicité qui leur est promise et pour échapper aux outrages, aux affronts, aux mépris qui s’attachent à la femme qui survit à son mari.

La plupart, surexcitées et à demi folles, marchaient à la mort la tète haute, avec une sorte d’orgueil et d’étrange volupté ; d’autres y allaient sans doute à regret ; mais leurs parents et leurs amis les soutenaient, les portaient presque au bûcher, les encourageant, leur faisant voir la gloire et le bonheur au delà des cendres. La religion indoue exige, du reste, que la mort soit volontaire. La femme qui ne veut poijH être suttee ne l’est point. Sans doute, elle sera désormais méprisée et haïe ; mais personne, sans commettre un sacrilège, ne peut lu faire périr.

Cependant il faut dire qu’il y a toujours quelque supercherie des prêtres, même dans ceux de ces sacrifices qui semblent tout à

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fait volontaires. On en a vu des exemples dans quelques-unes des rares occasions où, malgré les Anglais, les brahmanes ont réussi à les faire accomplir.

11 arrive quelquefois que la suttee, sous le9 premières morsures du feu, se lève, se débat, et se précipite à demi brûlée au milieu des assistants glacés d’horreur et des prêtres scandalisés. Mais, le sacrifice est commencé, il doit être consommé. On ne l’a point attachée sur le bûcher, car il fallait que sa mort fût libre, ; mais elle a consenti, s’est placée elle-même sur le bûcher ; sa résistance, ses cris ne sont donc point le fait de sa volonté, mais de la douleur et de l’instinct de conservation. Et ce disant, les prêtres reprennent la victime déjà blessée à mort «t en partie consumée et la replacent sur le bûcher, où elle expire après avoir poussé quelques cris. Le plus souvent, afin d’éviter ces événements et le scandale qui en résulte, les brah mânes, sous prétexte d’attiser le feu avec de longues barres de fer, maintiennent sur le bûcher la pauvre femme qui veut en sortir.

Les lois anglaises contre la crémation des suttees sont très-sévères ; elles l’assimilent avec raison à un assassinat commis par les prêtres. Cependant la loi n’est pas assez puissante partout et les journaux de Calcutta rapportaient encore, en 1861 ou 1868, la nouvelle d’une de ces hideuses cérémonies, où la suttee était une jeune fille de dix-sept ans. Cette cérémonie, que les Anglais disaient n’avoir pu empêcher, était fort soigneusement racontée, avec détails, par leurs journaux. Elle était analogue à toutes celles dont l’Inde a été le théâtre, depuis tant de siècles. Après la crémation des deux corps, les fidèles avaient recueilli avec soin les cendres, qui ont, d’après eux, des propriétés merveilleuses et des vertus surnaturelles.

SUTTER (David), écrivain et peintre suisse, né à Genève en 1811. Il laissa paraître de bonne heure un goût marqué pour la musique et le dessin. Sa mère, esprit supérieur, issue d’une famille originaire du midi de la France, lui enseigna les premiers principes de la musique, tout en développant ses facultés morales. Son père, un des plus savants horlogers-mécaniciens de Genève, le prépara à fétude des sciences mathématiques. Il le destinait au commerce, mais le jeuue homme préféra continuer ses études favorites en y joignant les sciences d’observation. Plus tard, le général Dufour lui enseigna la géométrie descriptive, et ses admirables leçons, si claires, si précises, déposèrent dans l’esprit de son élève le germe des qualités précieuses que l’on remarque dans ses écrits. Plein d’ardeur, non-seulement pour l’étude des arts du dessin, mais encore pour les mathématiques, la mécanique, la physique, la chimie, i’anatomié, la musique et la poésie, sans parler de son goût pour les armes et l’équitation, il parvint dans tous ces arts à un degré de talent qui faisait croire, lorsqu’il en exerçait un, qu’il n’avait jamais pratiqué que celui-là.

Après avoir éprouvé des revers de fortune, David Sutter vint à Paris, à l’âge de viugt-six ans, étudier la peinture chez Fiers, paysagiste distingué et maître consciencieux qui lui enseigna promptement tous les procédés des maîtres de toutes les écoles de peinture. Après deux années d’études laborieuses, M. Sutter exposa au Salon deux tableaux, dont l’un fut acheté par Van der Burch, Je paysagiste. Vers cette époque, M. Sutter, surpris de ce que les peintres les plus en renom n’avaient aucune doctrine arrêtée sur l’art, se mit à chercher dans les lois de la nature les règles dont parlent les auteurs grecs et latins et qui dirigèrent si heureusement les artistes de l’antiquité. Il consacra les restes de sa fortune à cette étude et voyagea en Italie, étudiant les chefs-d’œuvre que possède cette terre classique des beaux-arts. Il fit un premier voyage à Naples et en Sicile où il resta plus d une année, revint à Paris, visita la Belgique et la Hollande et repartit bientôt pour voir Rome et Florence. Enfin il fit un troisième voyage en Italie pour étudier les grands maîtres de Venise et de Panne. A son retour, il s’arrêta à Nice, puis à Monaco, où il travailla à un traité de perspective, basé sur une nouvelle théorie qui simplifie et facilite les études.

M. Sutter revint à Nice avec son travail achevé et le montra à Paul Delaroche, qui habitait la même maison que lui. Ce maîtres’en montra si satisfait, qu’il engagea l’auteur à présenter son ouvrage à l’Institut, qui en fit l’objet d’un rapport des plus élogieux. Peu après, M. Sutter se rendit à Paris et, peu satisfait des planches trop élémentaires de sou [ivre, il puisa dans ses cartons les vues d’Italie les plus élégantes et les plus propres à donner le goût de l’étude delà perspective. Pendant que l’on gravait les soixante planches de son traite, M. Sutter rassembla ses notes et ses observations sur les arts en général et publia une Philosophie des beauxarts appliquée à la peinture, qui fut approuvée par l’Institut.

Cependant le but que se proposait M. Sutter n était pas atteint complètement. Malgré un bon nombre de règles formulées, il lui restait à trouver les plus essentielles : les règles de l’harmonie des lignes esthétiques de la composition et leur accord avec la direction de la lumière et les couleurs, plusieurs