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gré supérieur une qualité qui est déjà portée à son plus haut point.

Les seuls adjectifs qui puissent être portés au superlatif de même qu’au comparatif sont ceux qui expriment une qualité inhérente et permanente, une qualité spécifique, naissant de la nature de la chose, ou de sa forme, ou de sa situation, ou de son état, et ceux qui tirent leur origine des participes des verbes, Les adjectifs numéraux, possessifs ou pronominaux n’admettent ni comparatif ni superlatif.

Les adverbes étant, aussi bien que les adjectifs, destinés a modifier un mot qu’ils accompagnent, et en conséquence ne différant

pas des adjectifs dans l’objet de leur signification, sont aussi susceptibles des degrés de comparaison et, par conséquent, du superlatif.

Les adjectifs ou les ad verbes portés à un des degrés de la comparaison veulent ordinairement après eux le second terme de la comparaison ou l’objet avec lequel celui qui est qualifié se trouve comparé. Lorsque le se- ’ cond terme de la comparaison n’est pas exprimé, le mot plus doit être immédiatement ■ précédé de l’article, avec lequel il forme | alors un superlatif. Pour cette raison, l’abbé d’Olivet a blâmé Racine d’avoir dit dans ZJajazet ;

Déjà sur un vaisseau dans le port préparé, Chargeant de mon débris les reliques plus chères. Je méditais ma fuite...

Il fallait dire, suivant d’Olivet : • Les plus chères reliques, » ou « Les reliques les plus chères de mon débris. » Cependant Voltaire a excusé ie vers suivant de Corneille, dans Horace :

Que le parti plus faible obéisse au plus fort. « Il est à croire, dit-il, qu’on reprocha à Corneille une petite faute de grammaire, puisque ce vers est écrit ainsi dans d’autres éditions : Que a faible parti obéisse au plus fort. On doit, dans l’exactitude scrupuleuse de la prose, dire : Que le parti le plus faible obéisse au plus fort ; mais si ces libertés ne sont pas permises aux poètes, et surtout aux poëtes de génie, il no faut point faire de vers, i

La langue hébraïque et les autres dialectes sémitiques n’ont point admis la forme superlative, mais elles l’ont remplacée paj- un idiotisme qui présente uniquement à 1 esprit l’addition ampliative et absolue ; c’est la répétition de l’adjectif môme ou de l’adverbe. Cette sorte d’hébraïsme se rencontre fréquemment dans la version vulgate de l’Écriture, et il est utile d’en être prévenu pour en saisir le sens : Malum est, malum esl.dicit omnis emptor, c’est-à-dire pessimumest. La répétition même du verbe est encore un tour énergique familier à cette langue et que l’analyse ne peut vendre quo par ce qu’on nomme superlatif. Par exemple, Fiat ! signifie analytiquement Cupio hoc ut resfiat. Je désireque la chose se fassu I mais Fiat, fiatl c’est Cupio vehementissime. Je désire tvés-fort, etc.

L’idée de cette répétition pour désigner le sens ampliatif, et surtout celle de la triple répétition n’était pas tout à fait ignorée des Grecs et des Latins.

Les supe/latifs latins qui finissaient en issimus, ssimus donnèrent à la langue d’oil quelques superlatifs terminés en isme, ime, ! sme. De altissimus on fit allisme, autisme ; de | carissimus, chérisme ; de sanctissimus, saintisme ; de grandissimus, grandisme ; de pessisimus, pesnys. Par analogie, on forma même quelques superlatifs romans dont les correspondants n’existaient pas en latin, tels que ooiiisme, très-bon.

Lur chevals laissent de (Iffiuz une olive, , Puis sunt muntez sua el palais allisme.

(Chanson de Roland, )

C’est le veir cors de Jcsu-Crist... Voira Deus, veirs hoem, ftz del autisme.

(Chron. des ducs de Kormandie.)

Cherisme evesque, cher seignor Plein de science e de valor.

(Chron. des ducs de NoiTnandic.)

Ceo est, ço te resai bien dire,

Icel saintisme baptislcire.

(Chron. des ducs de Normandie.) El Durandal, cuœ es bêle e seintisme.

(Chanson de Roland.)

Dist Blaiieandring : Mult est yesmes Roltans. (Cluinson de Roland.)

« Li ciel devint tut obscurs, e levèrent rues e ventz, e ehaïd une grandisme pluie. » (Livre des Rois.)

Asemblèrent sei honimes vassals, alerent tuto la nuit, pristrent le corps Saiil. » (Livre des Jtois.)

Six siècles avant notre langue, le latin vulgaire contractait déjà en ismus les superlatifs on issimus, preuve de l’énergie croissante et de l’influence de l’accent latin. On trouve dans les graffiti d& Pumpéi et les inscriptions des premiers temps de 1 empire carismo, dulcisma, felicismus, sptendidtsmus, pieulisinus, au lieu de carissi7no, dulctssimu, felicissimus, splendidissimus, pïentissimus, etc.

Il ne nous reste aucun de nos anciens superlatifs en isme ; ils disparurent au xive siècle. Quant à nos mots en issime, ils sont savants et ne remontent point au delà du xvio siècle ; comme tous les mots qui ne datent point de lu péiiode populaire et spouta SUPE

née, ils sont très-mal formés et violent la loi de l’accent : révérendissime, illustrissime, sérénissime, généralissime, etc. ; le dernier a été inveuté par Richelieu, qui, selon Balzac, sa décora lui-même de ce titre lorsqu’il se mit à la tête des armées françaises envoyées en Italie.

SUPERLATIVEMENT adv. (su-pèr-la-ti-veman

— rad. superlatif). Fam. Au superlatif, au plus haut point : Personne superlativement laide. Une mailresse est superlativement aimable. (Dancourt.)

SUPERLICOCANTIEUX, EUSE adj. (supèr-li-co-ko-kan-si-eu, eu-ze). V. superco-

QUENTIEUX.

SUPERtlFIQUE adj. (su-pèr-li-fi-ke — du lat. super, au-dessus ; fado, je fais). Superbe, magnifique. Il Mot burlesque.

SUPERNATURALISME s. m. (su-pèr-natu-ra-li-sme

— du préf. super, et de naturalisme). Philos. Syn. de supranatuualisme.

SUPERNATURALISTE adj. (su-pèr-na-tura-li-ste

— du prêt’, saper, et de naturaliste). Syn. de supranaturaliste.

SUPERNUTRITION à. f. (su-pèr-nu-tri-sion

— du préf. super, et de nutrition). Pathol. Excès de nutrition.

SUPEROVARIÉ, ÉE adj. (su-pè-ro-va-ri-é

— du préf. super, et de avarié). Bot. Dont l’ovaire est supère.

— s. f. pi. Groupe de végétaux gamopétales, comprenant ceux qui ont l’ovaire supère.

SUPEROXYDATION s. f. (su-pè-ro-ksi-dasi-on

— du préf. super, et de oxydation). Chim. Oxydation avec excès d’oxygène.

SUPERPOSÉ, ÉE (supèr-po-zé) part, passé du v. Superposer. Qui est placé au-dessus : Plans superposés. Couches superposées.

— Fig. Surajouté : La politesse est comme une teinte générale, uniforme, superposée d tous les vices. (Boiste.) Le comique de Molière, superpose à ses peines domestiques, m’a toujours semblé terrible, (Balz.)

— Bot. Se dit d’un bulbe qui se développe sur un autre, et des lobes d’une anthère, quand ils sont placés l’un au-dessus de l’autre,

SUPERPOSER v. a ou tr. (su-pèr-po-zédu préf. super, et de poser). Poser par-dessus, au-dessus : Superposer une couche à une autre couche.

— Fig. Surajouter : Le despotisme peut superposer des castes, il ne peut faire des hommes. (C. Dollfus.)

Se superposer v. pr. Être superposé, placé au-dessus : A ces marnes se superposent des calcaires compactes de même couleur. (A. Maury.)

— Fig. Se surajouter : Les fakirs se sont, comme une lèpre, superposés au maliométisme. (Lamart.) La jalousie ne naît pus de l’amour, elle ne fait que s’y superposer. (F. MuUetilie.) Les sociétés ne sont bien gouvernées en fait et en droit que lorsque ces deux forces, l’intelligence et le pouvoir, se superposent. (V. Hugo.) Il serait puéril de vouloir retrouver la trace du monde primitif àtravers le réseau de transformations dont se sont enveloppées quelques langues, à travers tes nombreuses couches de peuples et d’idiomes qui se sont superposées dans certaines contrées. (Renan.)

SUPERPOSITIF, IVE adj. (su-pèr-po-zi-tif, i-ve — rad. superposer). Bot. Qui est superposé, appliqué sur une autre partie. Il Préfloraison superpositive, Celle dans laquelle les pièces de la corolle et du calice s’appliquent les unes sur les autres.

SUPERPOSITION s. f. (su-pèr-po-zi-si-ondu préf. super, et de position). Action de superposer ; état de ce qui est superposé : La superposition des couches géologiques est soumise à des règles invariables.

— Liturg. Jeûnes de superposition, Jeûnes doubles, qui s’étendaient jusqu’à deux jours entiers.

— Fig. Action de surajouter : Il faut cette puissance de cohésion, d’unité et de direction que la superposition seule peut donner pour enfanter les grandes choses : la force, te génie, la durée. (Lie Salvandy.)

SUPERPURGATION s. f. (su-pèr-pur-gasi-on

— du préf. super, et de purgution). ivléd. Purgation violente : Les Superpurgations sont dangereuses. (Acad.) Ce purgatif est bien violent ; je crains qu’il ne cause une superpurgation. (Acad.)

SUPEBSAC (Auguste), littérateur, né à Paris en 1822, mort à Versailles en 1861. Après avoir collaboré à l’ancien Corsaire, à lu Silhouette et à la Vérité, il donna au théâtre : les Métamorphoses de Jeannette, comédie en un acte, avec Théodore Barrière (Variétés, 1848) ; Pst ! psi ! folie en un acte, avec Delacour (Palais-Royal, 1848) ; Une femme heureuse, comédie en un acte, en prose, avec son frère dont la notice suit (OUéon, 1858) ; l’erreur domestique, vaudeville en un acte, avec le même (Folies-Dramatiques, 1858). À l’époque de sa mort, il était secrétaire particulier du comte de Suiut-Marsault, alors préfet de Versailles, et rédigeait la Concorde de beincet-ûise.

SUPERSAC (Léon), auteur dramatique, frère du précodent, né en octobre 1S38. il

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fit ses études au collège Sainte-Barbe et collabora, dès l’âge de vingt ans, avec son frère. À la mort de ce dernier il travailla seul pour le théâtre. On a de lui plusieurs

f>etites pièces qui ont eu du succès. Citons : a Comtesse de la rue Cadet, un acte (Palais-Royal, 18G3) ; les Amoureux de Marlon, comédie en un acte, en vers (Odéon, juillet 1868) ; Prologue d’ouverture, en vers, pour l’inauguration de la nouvelle salle de la Chaussée-d’Antin (Vaudeville, avril 1869) ; Arlequin et Colombine, comédie en un acte, en vers (Vaudeville, septembre 1869) ; Ma cousine, comédie en un acte, en prose (Vaudeville, avril 1873).

SUPERSATURÉ, ÉE (su-pèr-sa-tu-ré) part, passé du v. Supersaturer. Saturé à l’excès.

SUPERSATURER v. a. ou tr. (su-pèr-satu-ré

— du préf. super, et de saturer). Saturé à l’excès.

SCPEB.SAX (Georges aup der Flore, dit), homme d’État et patriote valaisteu du commencement du xvie siècle, mort à Vevay en

1529. Il lutta ènergiqueinent contre les intrigues du cardinal de Sion (Schinner), qui voulait détacher les Suisses de l’alliance française, et fut emprisonné. Il reprit un instant l’avantage et contraignit son adversaire à s’enfuir à Rome ; mais il finit par succomber et fut mis au ban de l’empire par Charles-Quint. V. Schinner.

SUPERSÉCRÉTION s. f. (su-pèr-sé-kré-sion

— du préf. super, et de sécrétion). Pathol. Sécrétion excessive.

SUPERSÉDER v. n. ou intr. (su-pèr-sé-dé

— du lat. super, sur ; sedeo, je m’assieds. Il change é en è devant une syllabe muette : Je supersède ; qu’ils supersèdent ; excepté au fut. de l’ind. et au prés, du cond. : Je super séderai ; nous superséderions). Ane. jurispr. Surseoir : Superséder aux poursuites, à l’exécution d’un arrêt.

SUPERSENSIBLE adj. (su-pèr-san-si-bledu préf. super, et de sensible). Philos. Qui échappe aux sens. Il On dit aussi suprasensible.

SUPERSTIMULATION s. f. (su-pèr-sti-mula-si-on

— du préf. super, et de stimulation). Pathol. Surexcitation, stimulation excessive : L’exaltation de la vitalité d’un système suppose toujours une action supérieure à cette qui convient au maintien de la santé, c’est-à-dire une supërstimulation ou surexcitation, (Broussais.)

SUPERSTITIEUSEMENT adv. (su-pèr-stisi-eu-2e-man

— rad, superstitieux). D’une manière superstitieuse : Il y a des gens qui s’attachent superstitieusement à de certaines pratiques, à de certaines dévotions. (Acad.)

— Fig. Avec une exactitude excessive : Il est bon d’être exact, mais il ne faut pas s’attacher superstitieusement aux choses indifférentes. (Acad.)

SUPERSTITIEUX, EUSE adj. (supèr-Stisi-eu, eu-ze —lat. superstitiosus, même sens. V. superstition). Qui a de la supers’i i ; Dévot superstitieux. Femme superstitieuse. Peuple superstitieux. Il y a autant de légèreté que de faiblesse d’esprit à être crédule et superstitieux. (Fén.) Les habitants des campagnes, ignorants et superstitieux, ne croient fermement que ce qui est incroyable. (F. Bodin.) Ce sont surtout les mauvais gouvernements qui rendent les peuples superstitieux. (Boulanger.) Un peuple plongé dans l ignorance est stupide, cruel, idolâtre, superstitieux. (A. Martin.) Les femmes sont facilement superstitieuses. (E. Bersot.)

— Qui est entaché de superstition : Culte superstitieux. Cérémonies, pratiques superstitieuses. Préjugés superstitieux. Il y a trop de connaissances et trop d’esprit en France pour que la barbarie superstitieuse puisse renouveler ses atrocités. (Frédéric II.) Louis'XI cherchait à calmer sa conscience inquiète par des dévotions superstitieuses. (Fléch.) Les temps les plus superstitieux ont toujours été ceux des plus horribles crimes. (Volt.)

— Fig. Qui est d’une exactitude minutieuse, excessive : Il est si exact, si ponctuel en toutes choses, qu’il eu est presque superstitieux. (Acad.)

— Substantiv. Personne superstitieuse : Le superstitieux a nécessairement te jugement faux, l’âme faible et parfois ie cœur dur ; il met une force idéale à la place de ta raison. (Fonten.) Le superstitieux est au fripon ce que l’esclave est au tyran. (Volt.) Les calamités publiques passent dans l’esprit des superstitieux pour des vengeances du ciel. (Fléch.)

SUPERSTITION s. f. (su-pèr-sti-si-on — latin superstitio ; de superstes, qui reste, qui est au delà ; de super, préfixe, et de stare, rester. La superstition est ce qu’on croit au delà de la vérité religieuse). Opinion religieuse fondée sur le préjugé ou la crédulité : Les esprits faibles sont sujets à la superstition. (Acad.) Les femmes ont beaucoup de penchant à la superstition. (Acad.) Le fanatisme est à la superstition ce que ta raye est à la colère. (Volt.) La superstition et le despotisme sont, immédiatement après la peste, les plus horribles fléaux du genre humain. (Volt.) La superstition est le plus terrible fléau du genre humain. (J.-J. Rouss.) L’étonnement produit la crainte, et la crainte fait uailre la superstition ; la superstition porte tout à l’excès. (But !1,) La superstition attribue à des causes

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surnaturelles les choses dont l’ignorance ne permet pas deserendreraison. (Condillac.) La superstition craint ce qu’elle devrait aimer et n’adore que ce qu’elle craint. (Dussault.) La superstition nait de l’ignorance et du besoin de croire. (Latena.) Je crois que la superstition est un ouvrage avancé de la religion qu’il ne faut pas détruire. (J. de Maistre.) Il est plus dangereux d’attaquer la superstition que la foi. (Pe Ségur.) La superstition transforme tout en prodiges^(D& Jaucourt.) La superstition a ses racines dans le emur de l’homme. (B. Const.) La superstition dégrade la raison humaine. (Michon.) La superstition est l’exagération d’une fui quelconque. (Collins.) La Superstition est fille de l’ignorance. (A. Liber.) La superstition conduit à l’esclavage. (De Théis.) Il est plus aisé de guérir de l’incrédulité que de /«superstition. (De Bignicourt.) La foi sans la raison mène directement à la superstition. (Brierre de Boismont.) La superstition fait la force de l’autorité. (E. de Gir.)

0 superstition ! tes rigueurs inflexibles

Privent d’humanité les cœurs les plus sensibles,

VOLTAtUË.

Ali ! verrai-je toujours ma faible nation, Incertaine en ses vœux, flétrir ce qu’elle admire ; Nos mœurs avec nos lois toujours se contredire. Et le Français volage endormi sous l’empire De la superstition ?

VoLTAiaE.

— Vain présage tiré de certaines circonstances qui n’ont aucun rapport avec les

événements dont on suppose qu’ils sont l’annonce  : Il y a de la superstition à croire que la rencontre d’une belette, qu’une salière renversée et le sel renversé sur ta table présagent un malheur, (Acad.) Croire que, lorsqu’on se trouve treize d table, il en doive mourir un dans l’année, c’est une superstition. (Acad.) L’amour, qui est, comme la dévotion, le culte de l’idéal, de la perfection, de la beauté suprême, est enclin, comme elle, aux superstitions. (Artaud.)

— Pratique superstitieuse : CA« le peuple, le culte religieux n’est qu’un amas de superstitions. (Acad.) La multitude tient d’autant plus à ses superstitions, qu’on fait plus d’efforts pour l’en arracher. (Barthél.) Chère patrie, tu t’es dépouillée de tes superstitions et de tes vices, comme on se dépouille d’un haillon flétri. (A. Martin.) Les superstitions de notre temps ont été celtes de tous les temps. (A. de Gusparin.) Les superstitions, tes cruautés, l’impureté sont des fruits naturels et pour ainsi dire légitimes de l’ignorance. (L. Veuille !.)

— Attachement non justifié ou exagéré : Assez longtemps la France a payé son tribut à la superstition parlementaire. (E. de tiir.) L’Assemblée constituante recula devant la depossession du trône pour la famille de ses rois ; elle eut la superstition du passé sans en avoir ta foi, elle voulut concilier la république et la monarchie. (Lamart.)

— Fig. Excès d’exactitude, soin minutieux et exagéré : Il est si jaloux de l’exactitude grammaticale, qu’il va sur cela jusqu’à la superstition. (Acad.) Le principal mérite d’un éditeur, cesi la fidélité, la fidélité poussée jusqu’à ta superstition, pour son texte. (S. de Sacy.)

— Encycl. Le fond primitif des superstitions, ces croyances purement imaginaires qui tiennent une si grande place dans la vie des peuples, « est partout, dit Pictet, essentiellement le même, parce qu’elles surgissent immédiatement des instincts naturels do l’homme encore plongé dans l’ignorance. La croyance aux esprits, aux sons, aux présages, à la magie ne retrouve sous mille formes diverses chez les races les plus sauvages comme chez des peuples déjà très-civilisés. Les analogies souvent frappantes qui se remarquent sous ce rapport entre les peuples établis sur les points du globo les plus éloignés ne prouvent donc pas des origines communes, mais établissent que les superstitions résultent des tendances propres à l’homme de la nature. Les’superstitions populaires ont sûrement été très-variées chez les anciens Aryas ; mais nous na pouvons plus guère eu constater l’existence que relativement à la croyance aux esprits et à la magie. La superstition du mauvais œil se retrouve dans l’Inde védique aussi bien que chez la plupart des peuples européens. Dans ie liig- Véda, l’épouse est exhortée à être aghoraca/n, hus, c’est-à-dire ians regard malfaisant pour son époux. La foi aux puissances divines qui gouvernent le monde ne suffit pas à l’imaginion des peuples livrés à leurs instincts naturels, et ils ont créé une foule d’êtres d’un ordre inférieur, mêlés plus directement aux incidents de la vie ordinaire. Doués de pouvoirs surnaturel-, mais limités, bienfaisant ou malfaisants, ces êtres interviennent jusque dans les pelits événements de l’existence humaine, ou président à cenains phénomènes mystérieux et incompris de la nature élcmeuuthe. Ils sont nés partout du besoin

qu’éprouve l’homme de chercher une cause à ce qui échappe à sou intelligence, et cette cause se personnifie aisément en un agent doué de qualités appropriées. De là l’extrême variété de ces êtres imaginaires qui remplissent les sphères du monde inférieur et qui ugissont en accord ou en désaccord avec les pouvoirs célestes.»