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SUPERFLU de son bien aux pauvres. (Acad.) Les hommes veulent tout avoir, et ils se rendent malheureux par le désir du supirflu. (Fén.) Le superflu des riches est le nëces-, saire des pauvres. (Pasc.) L’ambition fait qu’on n’a jamais de superflu, et l’avarice qu’on refuse d’en donner quand on en aurait. (Pasc.) Si je compare les grands avec le peuple, ce dernier me parait content avec le nécessaire, et les autres sont inquiets et pauvres avec le superflu. (La Bruy.) Le superflu des uns enfante la misère des autres. (Mably.) C’est le superflu qui rend la -oie supportable, (J. Casanova.) Celui qui achète le superflu sera bientôt obligé de vendre son nécessaire. (Franklin.) Le superflu de l’opulence enivre comme le superflu de la forée. (B. Const.) Le nécessaire en tout genre a quelque chose de révoltant quand ce sont les possesseurs du superflu qui le mesurent. (Mme de Staël.) CAei un peuple dominé par le luxe, la privation du superflu est presque aussi sensible que le manque du nécessaire. S.-Dubay.) Le droit au superflu ne saurait exister pour les oisifs qu’après que les travailleurs auront tous te nécessaire. (E. de Gir.) Nous avons exagéré le superflu, bous n’avons plus le nécessaire. (Proudh.) En fait de plaisir, quand on est modéré, xi n’y a rien de si aisé que d’avoir le superflu*. (Réveillé-Parise.) Le goût du luxe exige le sacrifice du nécessaire au superflu. (Beauehène.) Le superflu est devenu si nécessaire que, pour le conquérir, beaucoup de yens traitent le nécessaire en superflu. (A. Karr.)

Le superflu, chose très-nécessaire, A réuni l’un et l’autre hémisphère.

VoLTAinE.

Pour ses premiers besoins quand on a trop de bien, Le superflu, de droit, est à ceux qui n’ont rien.

Desfokges.

SUPERrLUITÉ s. f. (su-pèr-flu-i-té — rail. superflu). Caractère de ce qui est superflu : La superfluité est condamnable en toutes choses. (Acad.)

— Chose superflue : La netteté demande qu’on choisisse exactement les idées, qu’au dégage le discours de toutes superfluités. (Condill.) L’ironie, lorsqu’elle s’exerce sur des riens, est une très-sotte superpluité. (J. de Maistre.) Jusqu’à présent, on a considéré l’étude du dessin dans l’éducation comme un art d’agrément, comme une élégante superfluite. (E. Chesneau).

SuPER FLDM1NA BABYLON1S, Premiers

mots d’un des plus beaux psaumes de ;. Hébreux ; <s Assis sur les bords du fleuve de

Babylone, nous avons versé des larmes au souvenir de Sion. » V. Captivité de Babylone.

SUPEKGA (la), montagne du royaume

d’itnlie, dans la province et à 7,400 mètres N.-E. de Turin, près de la rive droite du Pô. Cette montagne, dont le nom vient du latin super terga montium, est couronnée par une abbaye élevée par le roi Victor-Amédéa III, en souvenir de la levée du siège de Turin par les Français (1706). L’église, remaïquable par un péristyle en saillie de huit colonnes corinthiennes et auquel on arrive pur un escalier de dix marches, est en forme de rotonde et renferme les tombeaux des rois de Sardaigne. Les plus remarquables de ces tombeaux sont ceux de Viotor-Amédée II et de Charles-Emmanuel III. Au centre du transsept s’élève le tombeau où l’on dépose provisoirement le corps du dernier souverain. Charles-Albert y reposa actuellement.

SUPÉR1CORNES s. m. pi. (su-pé-ri-kor-ne

— du lat. superus, supérieur, et de corne). Entom. Syn. de coréides, tribu d’insectes hémiptères.

SUPÉRIEUR, EURE adj. (su-pé-ri-eur, eure

— lat. Superior, le comparatif de l’adjectif superus, venu de super, sur, au-dessus). Qui est placé plus haut, situé au-dessus : Itégion supérieure de lart. Orifice [supérieur de l’estomac. Partie supérieure d’un édifice. Etages supérieurs.

— Qui atteint un degré plus élevé : Dans les siècles pusses, il n’a pu régner sur la terre une température <r&s-suPÉRiEURE à celle de noire temps. (Arago.)

— Qui l’emporte, qui dépasse, qui occupe un rang plus élevé, qui est tout à fait distingué : Clauses supérieures de la société. Emplois, grades supérieurs. Génie supérieur. Esprit supérieur à tous tes autres. Esprit d’un ordre supérieur. Être supérieur en science, en doctrine, en mérite. Ennemis supérieurs en nombre. Puissance, autorité supérieure. Force supérieure. Valeur supérieure. On est obligé de se mettre au niveau de son siicle, avant d’être supérieur à son siècle. (Volt.) Les esprits pétillants, tempérés par un grain de sens et de jugement, deviennent supérieurs. (Griiniti.) L’homme supérieur est toujours celui qui sait vouloir. (Grimm.) Partout et dans tout les temps, il vit et meurt, loin de tout éclat, une multitude d’hommes fort supérieurs à ceux qui jouent un rôle sur la scène du monde. (Mirab.) Les hommes supérieurs sentent trop qu’ils sont forts et pas assez qu’ils

'sont mortels. (Liunontey.) Jamais un homme vraiment supérieur ne souhaitera le rétablissement du pouvoir arbitraire. (MmB de Slaôl.) L’universalité des connaissances est nécessaire pour être supérieur dans une partie quelcon-

?ue. (Mme je Staël.) S’instruire dans les coléyes avec les livres et dans le monde avec

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les hommes, voilà ce qui f.iit les écrivains supérieurs. (Aignan.) On est dispos-é a regarder comme un être supérieur celui qui se place au-dessus des lois. (Chateaub.) En général, on parvient aux affaires par ce que l’on a de médiocre, et l’on y reste par ce que l’on a de Supérieur. (Chataaub.) À l’aide du travail et de l’expérience, les temps actuels offrent, pour notre espèce en société, une masse de bien-être supérieure à tout ce que connaissait l’antiquité la plus vantée. (Virey.) Les hommes supérieurs ne font, dans leur élévation, que rirendre leur place et leurrang. (S.-Dubay.) Quiconque rit d’un autre se croit en ce moment supérieur à lui par le côté où il l’envisage. (Lamenn.) Les faiblesses des ho7n~ mes supérieurs satisfont t’envie et consolent la médiocrité, (Lévis.) L’homme supérieur, partout où il se trouve, se crée une clientèle d’admirateurs. (Alex. Dumas.) Honorons les hommes supérieurs et proposons - les en imi- talion, car c’est en préparer de semblables.  : (Mignet.) La France a été obligée de s’élever à une intelligence supérieure du droit. (E. Quinet.) La bravoure qui s’accroît dans le danger est supérieure ou courage. (Beauchêne.) L’écrivain supérieur n’écrit pas pour tous les goûts, mais pour le goût commun à tous. (D. Nisard.) Leprùpre de la médiocrité est de se croire supérieurs. (La Rochef.-Doud.) Tout écrivain supérieur est tout d la fois nêologue et puriste. (Ph. Chasles.) Faire de grandes choses avec de petits moyens, c’est le propre des esprits supérieurs. (H. de La Madeleine.)

Supérieur d, Qui domine, qui est au-dessus de plus grand que : Être supérieur aux. événements. Supérieur à sa condition, l’homme emploie la vie dans un but étranger à la vie même. (Guizot.) L’homme est ici-bas peur une fin idéale transcendante, supérieure à la jouissance et aux intérêts. (Renan.) Une femme ne saurait éprouver de sentiment profond et durable que pour un homme supérieur d elle. (A. d’Houdetot.)

Cours supérieures, Tribunaux supérieurs, Cours, tribunaux jugeant en dernier ressort les affaires les plus importantes.

Cours supérieurs, Classes où l’on enseigne les lettres et les sciences aux élèves les plus avancés.

— Mythoi. rom. Dieux supérieurs, Ceux qui avaient l’Olympe pour demeure.

— Philos. Concept supérieur, Idée générale, dans le système de lCont.

— Blas. Se dit d’une tour ou d’un arbre qui, se trouvant à côté d’une autre tour ou d’un autre arbre, a le pied sur la même ligne et le sommet plus élevé : De La Borde : D’or, à trois palmiers rangés de smople, celui du milieu supérieur.

— Art miiit. Officier supérieur, Officier d’un grade égal ou supérieur a celui du capitaine adjudant-major ou du chef d’escadron, mais inférieur à celui d’un général.

— A.stron. Planètes supérieures, Planètes plus éloignées du soleil que n’est la terre.

— Géogr. Qui est plus rapproché de la source du fleuve ou de la rivière qui traverse

■ un pays : Germanie supérieure. Pannouie supérieure. Antiochus marchait dans tesproviuces supérieures de la grande Asie. (Bos.)

— Anat. Membres supérieurs, Membres thoraciques, par opposition aux membres inférieurs ou abdominaux.

— Zool. Animaux supérieurs, Ceux qui sont le plus élevés dans l’échelle animale. Il Vertébrés supérieurs, Vertébrés proprement dits ; par opposition à vertébrés inférieurs, nom donné quelquefois aux animaux articulés.

— Substantiv. Personne ayant autorité sur une ou plusieurs autres : Obéir à ses supérieurs. Se laisser conduire par ses supérieurs. L’homme le plus exécrable est le supérieur qui eroit ne rien devoir à son inférieur. (Ste-Koix.) L’aristocratie féodale ne fut en France qu’une hiérarchie de supérirurs et d’inférieurs.

— Personne qui a une situation plus élevée ou plus distinguée : // tl’y a qu’un sot qui puisse s’imaginer de n’avoir jamais rencontré son supérieur. (Grimm.) Celui qui peut dire : Vous avez eu besoin de moi, je n’ai pas besoin de vous, est aujourd’hui le véritable supérieur. (Chateaub.)

— Personne qui est à la tête d’une communauté religieuse : Le supérieur d’un séminaire. La supérieure d’un couvent. Le jésuite français fait abstraction de son origine : ii prête serment d’obéissance absolue à un supérieur étranger. (Dupin.)

SUPÉRIEUR (lac), lac de l’Amérique du Nord, le plus grand et le plus occiental des cinq grands lacs du bassin du Saint-Laurent, entre les États-Unis et les possessions anglaises qui y ont leur ligne de démarcation par 46° 4’-480 55’ de latit. N. et 8TJ-94» 15’ de longit. O. Il mesure dans sa plus grande longueur, de l’E. À l’O., 570 kilom., sur 250 de largeur ; 2,000 kilom. de périmètre ; 62,800 kilom. carrés de superficie, avec une profondeur de 300 mètres. II estsitué à 191 mètres au-dessus du niveau de l’Océan. Ses

eaux, quoique très-houleuses et sujettes a des tempêtes redoutables, sont douces, limpides, très-poissonneuses et sillonnées par I une navigation active ; elles s’écoulent dans 1 le lac Huron par le détroit de Sainte-Marie. Le lue Supérieur reçoit un grand nombre de j

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rivières, dont la plus considérable est celle de Saint-Louis. Ses rivages sont eu général âpres et sauvages ; les rochers situés sur la rive S.-E. sont considérés comme l’un des paysages les plus curieux de l’Amérique ; ils s’étendent sur une longueur de 18 kilom. en formant une muraille de plus de 100 mètres d’élévation.-On y trouve quelques îles, dont les plus importantes sont 1 lie Royale, Carribon, Maurepas, l’Ile des Douze-Apôtres, l’île Minong. La côte méridionale formée par l’État de Micbigan projette dans l’intérieur du lac une longue presqu’île terminée par le cap Kewenaw.

SUPERIEURE (mer), nom donné par les

anciens à la mer Adriatique, à cause de sa position relativement à la mer Tyrrhénienne, qu’ils appelaient Inférieure.

SUPÉRIEUREMENT adv. (su-pé-ri-eu-reman

— rad. supérieur). Dans la partie supérieure, la plus haute : La jambe fut sciée supérieurement. (Dupuytren.) Il Peu usité.

— D’une manière supérieure, meilleure que les autres : Ces deux auteurs ont écrit sur la wé’nie matière, mais l’un bien supérieurement à l’autre. (Acad.)

— D’une manière excellente, parfaite, très-distinguée : Écrire supérieurement. Peindre, danser, chanter supérieurement. Jouer supérieurement du violon. Tel se croit un grand homme, — parce qu’il danse ou chante supérieurement ; il n’est que supérieurement sot. (Boiste.) Les Indiens tannent supérieurement la peau du bison avec l’écorce du bouleau. (Chateaub.)

SUPÉRIORITÉ s. f. (sù-pé-ri-o-ri-térad. supérieur). Qualité de ce qui est supérieur ; élévation au-dessus des outres, prééminence : Supériorité du rang, de la naissance. Supériorité de génie. Supériorité d’esprit. Perdre, conserver, recouvrer sa supériorité. Les prospérités militaires laissent daiis l’âme je ne sais quel plaisir touchant, qui ta remplit et l’occupe tout entière ; on s’attribue une supériorité de force et de puissance. (Fléch.) Il n’y a de supériorité réelle que celle du génie et de la vertu. (Vauven.) Les grands hommes ne s’abusent point sur leur supériorité ; ils la voient, ils la sentent et n’en sont pas moins modestes. (J.-J. Rouss.) Helvétius prétend ■ que c’est l’ennui qui fait notre supériorité sur les animaux. (Grimm.) La supériorité en tout genre est également difficile à atteindre. (D’Alemb.) Tout marque dans l’homme, même à l’extérieur, sa supériorité sur tous les êtres vivants. (Buff.) On a vu des peuples perdre dans l’inuction la supériorité qu’ils avaient acquise par des victoires. (Bartbel.) La vraie supériorité consiste dans la force d’âme. (Mme (]e Staël.) La vraie supériorité eut rayonnante de bons sentiments comme de hautes pensées. (Mme de Staël.) On ne veut céder à qui que ce soit la supériorité du jugement. (De Bugny.) La supériorité a plus d’envieux que de justes prétendants. (S.-Dubay.) La postérité considère moins l’universalité des talents que leur supériorité, (De Bonald.) Les peuples les plus entreprenants sont toujours ceux qui s’exagèrent leur supériorité. (L. Faucher.) Une supériorité sottement négligée ne vaut pas une médiocrié adroitement cultivée. (M«ie E. de Gir.) Supériorité de talents est synonyme de supériorité de besoins. (Proudh.) Ce qui est nécessaire pour agir comme pour écrire, c’est la supériorité de la pensée. (Thiers.) Tonte supériorité s’expie. (A. Ney.) Ne faire jamais sentir sa supériorité, c’est faire qu’on nous la pardonne. (Damas-Uinard.) Dans le monde, les avantages d’une supériorité quelconque sont compensés par la défiance qu’elle inspire. (Mme de Rémusat.) La supériorité ne se fait pa ?*donner que par ceux qu’elle subjugue. (Guizot.) Les supériorités naturelles, les prééminences sociales ne doivent recevoir de la loi aucun appui factice. (Guizot.) L’homme doit toute sa supériorité d la puissance morale de l’amour. (A. Martin.) La nature est avare de supériorités. (Lamart.) Ni la supériorité de l’esprit ni cette de l’âme ne se pardonnent dans le monde. (Th. Guut.) La supériorité d’intelligence ne constitue pas plus un droit que la supériorité musculaire. (L, Blanc.) L’autorité qui n’est pas la supériorité est tout uniment la force. (E. de Gir.) Jlien n’est odieux aux gens médiocres comme la supériorité de l’esprit. (II. Beyle.) On dit qu’une des supériorités de l’homme sur les animaux, c’est qu’il fait l’amour en toute saison. (A. Karr.) Il faut adoucir l’éclat de sa supériorité ; tout mérite blesse l’égalité. (A.d’Houdetot)

— Personne supérieure : La liberté n’empêche pas les supériorités de se produire. (E. de Gir.)

— Hist. Supériorité territoriale, Espèce de suprématie des États de l’empire d’Allemagne, qui fut reconnue par le traité de Westphalie et qui dura jusqu’au commencement,

de notre siècle.

— Emploi, dignité de supérieur ou de supérieure dans un couvent, dans une communauté : AsjÂrer, parvenir à la supériorité. Il n’a fuit dans la maison aucun acte de supériorité. (St-Evrem.)

— Syn. Supériorité, avantage, ddaua, Etc. V. AVANTAGE.

SUPERJECTIONs. f. (su-pèr-jè-ksi-on-lat.

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superjectio ; de superjicere, jeter par-dessus, ajouter). Rhétor. Ancien nom de l’hyperbole.

SUPERLATIF, IVE adj. (su-pèr-la-tiff.i-ve

— lat. superlativus, - de superlatus, porté au-dessus, exagéré ; de super, sur, et de latus, partpassé du verbe ferre, porter). Gramm. Qu’ sert à exprimer la qualité portée au plus haut degré : Adjectif, adverbe Superlatif. Terminaison superlative. Degré superlatif.

— Fig. Exagéré, outré, porté au plus haut point : Et puis c’était un dégorgement défausse rhétorique, avec des exagérations laudatives et superlatives à lui rompre en visière. (Mme de Créqui.)

— s. m. Gramm. Plus haut degré, degré superlatif : Adjectif, adverbe au superlatif.

Il Adjectif ou adverbe au superlatif : Abuser des superlatifs. La louange s’est avilie comme l’argent ; les superlatifs d’aujourd’hui ne valent pas les positifs d’autrefois. (H. Rigault.) I ! Superlatif absolu, Celui qui exprime une qualité portée à un haut degré, sans comparaison avec une autre personne ou une autre chose de même espèce, ce qu’on exprime chez nous par les mots très ou fort placés devant le positif. Il Superlatif relatif. Celui qui exprime nue qualité portée au plus haut degré, et comparée avec une qualité existant dans une autre personne ou une autre chose de même nature, ce qu’on exprime en français par les mots le plus, n Superlatif d’infériorité, Celui qui exprime une infériorité portée au plus bas degré, ce qui s’exprime en français par les mots : le moins : Le plus grand des hommes n’en est que le moins petit. (V. Cousin.)

— Au superlatif, À un degré tout àfait supérieur : Bon au superlatif. Laid, bête au superlatif. Il est sot et vain au superlatif. (Rottiu.)

— Encycl. Quand on dit : à Voilà un raisonnement juste, « on considère ce raisonnement en lui-même tel qu’il est, sans faire attention qu’il pourrait être plus ou moins juste, ou bien qu’un autre raisonnement pourrait lui être soit supérieur, soit inférieur en justesse. On ne compare rien, on ne fait que déclarer l’existence réelle de la justesse dans le raisonnement dont il s’agit. C’est une simple énnnciation, et les grammairiens lui ont donné le nom de positif. Quand on dit : «Voilà un raisonnement plus juste, moins juste que le précédent, « ou encore : «Ce raisonnement pourrait être plus juste, moins juste qu’il ne lest, » on établit une comparaison, et, dans la langue des grammairiens, il y a ici comparatif. Quand on dit : » Ce raisonnement est le plus juste qu’on puisse voir, » ou bien : « Ce raisonnement est très-juste, fort juste, bien juste, » on énonce un degré tout à fait supérieur dans la qualité ; il y a superlatif. Les mots le plus juste indiquent plus de justesse que partout ailleurs : c’est le superlatif relatif, parce qu’on exprime le degré le plus élevé de la qualité relativement à tous les objets semblables. Les mots très-juste, fort juste, bien juste indiquent un degré de justesse plus élevé qu’on ne le voit d’ordinaire, mais sans aucune idée de rapport avecaucun autre objet ; l’esprit n’attend plus rien et n’a effectivement plus besoin de rien pour entendre tout ce qu’on veut dire : le superlatif est absolu. Des linguistes ont fait remarquer que les mots bien, fort, très n’expriment pas tous trois le même degré de supériorité ; qu’en disant bien juste, par exemple, on exprime seulement une justesse supérieure à celle que

l’on voit communément, au lieu qu’en disant fort juste ou très-juste on exprime un degré de justesse aussi élevé qu’il soit possible de le rencontrer. Ils ajoutent qu’on peut distinguer une nuance entre fort et très ; que trèsjuste, par exemple, est encore plus expressif que fort juste. Une autre observation mérite d’être notée ici. Le Dictionnaire d’élocution la présente en ces termes : « Quoique le comparatif soit toujours inférieur au superlatif, il est cependant des phrases où l’un dit amant que l’autre : « Socrate était plus sage que tous les anciens philosophes ; » ce n’est là qu’un comparatif, mais il dit autant que le superlatif suivant : 1 Socrate était le plus sage des anciens philosophes. » Il ne faut pas en conclure néanmoins qu’il n’y ait là aucune différence dans les ternies : la seconde phrase marque explicitement le superlatif ; la première ne le marque qu’implicitement et avec l’aide de l’adjectif tous. Quant à la variabilité de l’article dans ce qu’on appelle les superlatifs relatifs, elle a été traitée au mot article.

Dans plusieurs langues, le superlatif, de même quelle comparatif, se forme par la substitution d’une terminaison à une autre. Ainsi en latin, doctissimus est le superlatif de doc' tus. Dans la langue française, il s’exprime, comme nous venons de le voir, au moyen d’un adverbe. Nous n’avons donc, à proprement parler, ni comparatif ni superlatif. Nos seuls comparatifs sont les formes irrégtilières meilleur pour plus bon, pire pour plus mauvais, moindre pour plus petit. Il n’existe en français aucun tenae qui, par lui-même, soit un superlatif, si ce n’est excellent, qu’on peut regarder comme le plus haut degré de la qualité énoncée par l’adjectif bon. Aussi le mot excellent ne peut-il recevoir aucun signe de comparaison plus élevé, et l’on ne doit pas dire -.plus excellent, très-excellent. Parler de cette manière serait vouloir élever à un de-