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de mystère ; son existence même a été contestée. Ce qui est certain, c’est que, des expériences entreprises à notre époque, il ri’-sulto que la morsure rie la tarentule n’est suivie d’aucun effet appréciable. Cependant, des chroniques anciennes affirment qu’au xve et au xvib siècle sévissait dans le midi de l’Italie une maladie épidémique on sporadique, convulsive, qui provenait, ppnsait-on, du venin de la tarentule et qui peut-être se développait après la piqûre rie tout autre insecte, ou même sans piqûre d’aucun animal, se propageant par imitation. Les uns voulaient que cette maladie fût caractérisée par une irrésistible envie d’entendre de la musique ou par un besoin immodéré de danser, qui se satisfaisait jusqu’à épuisement ; d’autres, au contraire, affirmaient que la maladie avait la forme comateuse ; que les malades étaient plongés dans l’abattement, la tristesse et la mélancolie ; qu’on ne les tirait, enfin, de cet état qu’en les forçant à danser au son de la musique. On «Unit même jusqu’à vouloir expliquer les effets de c« traitement, en disant que l’abondante transpiration qu’il provoquait servait à l’élimination du venin de la tarentule. Cette maladie est inconnue de nos jours, et son existence au XV0 et au xvie siècle est encore problématique.

TARENTOLA s. f. (ta-rain-to-la — de Tarente, nom de ville). Erpét. Nom italien des geckos, genre de sauriens. I) Genre de reptiles sauriens, du groupe des geckos.

— Icbtbyol. Nom italien du saure, espèce de salmone.

TARENTULE s. f. (ta-ran-tu- !e — de Tarante, ville d’Italie). Arachn. Espèce du genre lycose.

Être piqué de la tarentule, Être animé de quelque passion, par allusion aux Tarentins, chez qui la piqûre de la tarentule produisait, dit-on, certains accidents nerveux.

— Encycl. La tarentule est longue d’environ 0"’,03 ; elle présente en dessus du céphalothorax un duvet couché grisâtre, tantôt uniforme, tantôt offrant de chaque côté de la ligne médiane une grande tache longitudinale plus obscure, qui ne parait souvent que comme une nébulosité ; les flancs sont d’un gris ocracé ou argileux. Elle a les mandibules noirâtres, grises a l’extrémité ; les palpes d’une teinte ocracée, noires au bout ; 1 abdomen gris foncé avec des taches noires en dessus, rouge orangé vif avec une large bande transversale noire en dessous ; le pattes d’un gris noirâtre ou jaunâtre ; les filières égales et peu apparentes.

Cette lycose est répandue dans le midi de l’Europe ; on l’a observée particulièrement aux environs de ïarente, d’où son nom. Elle habite de préférence les lieux secs, arides, incultes, découverts, exposés au soleil. Elle se tient ordinairement, du moins a son âge adulte, dans des conduits souterrains, véritables clapiers qu’elle se creuse elle-même. Ce conduit est cylindrique, large de 00^02 a 010,03 et s’enfonce jusqu’à om,40 dans la profondeur du sol, mais non perpendiculairement, comme on l’a.prétendu. C’est à la fois un réduit qui so’istrait l’animal aux poursuites de ses ennemis et un affût d’où il épio sa proie pour s’élancer suc elle comme un trait. Sa disposition démontre que l’habitant est a la fois un chasseur adroit et un habile ingénieur.

« Le conduit souterrain, dit Léon Dufour, a effectivement une direction d’abord verticale ; mais, à 4 ou 6 pouces du sol, il se fléchit en angle obtus ; il forme un coude horizontal, puis redevient perpendiculaire. C’est à l’origine de ce coude que la lycose, établie en sentinelle vigilante, ne perd pas un instant de vue la porte de sa demeure ■. c’est lit qu’à l’époque où je lui faisais la chasse, j’apercevais ses yeux étincelants comme des diamants, lumineux comme ceux du chat dans l’obscurité. L’orifice extérieur du terrier de la tarentule est ordinairement terminé par un tuyau construit de toutes pièces par elle-même. Ce tuyau, véritable ouvrage d’architecture, s’élève jusqu’à. 1 pouce au-dessus du sol et a parfois 2 pouces de diamètre, en sorte qu’il est plus large que le terrier lui-même. Cette dernière circonstance, qui semble avoir été calculée par l’industrieuse aranéide, se prête à merveille au développement obligé des pattes au moment où il faut saisir la proie. >

Le tuyau de la tarentule se compose surtout de fragments de bois Sec liés par de la terre glaise et si habilement superposés qu’ils forment un échafaudage en colonne droite, entourant un cylindre creux, tapissé d’un tissu soyeux produit par les filières de l’animal et qui se continue dans tout l’intérieur du terrier ; ce revêtement prévient les déformations, les éboulements, sert à entretenir la firopreté et permet à la lycose de grimper le ong des parois. Cette sorte de bastion ou d’ouvrage avancé, qui représente en grand les fourreaux des phryganes, protège Te réduit contre les inondations ou l’entrée des corps étrangers qui, balayés par les vents, finiraient par l’obstruer ; c’est encore une sorte d’embuscade, qui présente aux mouches et aux autres insectes un point saillant pour se reposer. Toutefois, il manque assez souvent, soit que la lycose ne trouve pas toujours les matériaux nécessaires pour, sa con»

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struction, soit que son talent d’architecte ne se développe que chez les individus arrivés a un certain âge.

v Disons maintenant quelque chose, ajoute L. Dufour, sur la chasse assez amusante de la tarentule. Les mois de mai et de juin sont la saison la plus favorable pour la faire. La première fois que je découvris les clapiers de cette aranéide et que je constatai qu’ils étaient habités en l’apercevant en arrêt au premier étage de sa demeure, qui est le coude dont j’ai parlé, je crus, pour m’en rendre maître, devoir l’attaquer de vive force et la poursuivre à outrance. Je passai des heures entières à ouvrir la tranchée avec un couteau pour investir son domicile. Je creusai à une profondeur de plus de 1 pied sur S de largeur, sans rencontrer la tarentule. Je recommençai cette opération dans d’autres clapiers, et toujours avec aussi peu de succès. Il m’eût fallu une pioche pour atteindre mon but ; mais j’étais trop éloigné de toute habitation. Je fus donc oblige de changer mon plan d’attaque, et je recourus à la ruse.

0 La nécessité est, dit-on, la mère de l’industrie. J’eus idée, pour simuler un appât, de prendre un chaume de graminée surmonté d’un épillet et de frotter, d’agiter doucement celui-ci à l’orifice du clapier. Je ne tardai pas à m’apercevoir que l’attention et les désirs de la lycose étaient éveillés. Séduite par cette amorce, elle s’avançait a pas mesurés et en tâtonnant vers l’épi !tet, et en relevant à propos celui-ci un peu en dehors du trou pour ne pas laisser le temps de la réflexion, elle s’élançait souvent d’un seul trait hors de Sa demeure, dont je m’empressais de lui fermer l’entrée. Alors la tarentule, déconcertée d’avoir perdu sa liberté, était fort gauche à éluder mes poursuites, et je l’obligeais à entrer dans un cornet de papier que je fermais aussitôt.

« Quelquefois, se doutant du piège ou moins pressée peut-être par la faim, elle se tenait sur la réserve, immobile, à une petite distance de sa porte, qu’elle ne jugeait pas à propos de franchir. Sa patience lassait la mienne. Dans ce cas, voici la tactique que j’employais : après avoir bien reconnu la direction du boyau et la position de la lycose, j’enfonçais avec force et obliquement une lame de couteau, de manière à surprendre l’animal par derrière et à lui couper la retraite on lui barrant le clapier. Je manquais rarement mon coup, surtout dans les terrains qui n’étaient pas pierreux. Dans cette situation critique, ou bien la tarentule, effrayée, quittait sa demeure pour gagner le large, ou bien elle s’obstinait à demeurer acculée contre la lame du couteau. Alors, en faisant exécuter à celle-ci un mouvement de bascule assez brusque, on lançait au loin et la terre et la lycose, et on s’emparait de celle-ci. En employant ce procédé de chasse, je prenais parfois jusqu’à une quinzaine de tarentules dans l’espace d’une heure. »

11 semble, toutefois, que l’animal s’habitue peu à peu à reconnaître le piège et qu’il joue dédaigneusement avec l’appât qu’on lui présente, sans mémo regagner son réduit. Les paysans de la Fouille, qui connaissent les gttes de la tarentule, lui font la chasse en imitant, à l’orifice de son terrier, à l’aide d’un chaume d’avoine, le bourdonnement d’un insecte ; l’araignée accourt, sort brusquement pour saisir sa proie et se prend elle-même au piège qu’on lui a dressé. Ces arapéides ourdissent une toile. La femelle pond jusqu’à soixante œufs, renfermés dans un cocon aplati, qu’elle porte partout avec elle, après l’avoir attaché à son abdomen avec des fils de soie. La jeune progéniture, après son éolosion, se groupe sous le ventre de la mère et lui donne ainsi un aspect étrange ; elle y reste jusqu’à ce qu’elle soit en état de marcher et de pourvoir à sa subsistance.

Les tarentules se battent, se tuent et se dévorent entre elles ; nous laissons encore parler ici l’auteur déjà cité : à Un jour que j’avais fait une chasse heureuse à ces lycoses, je choisis deux mâles adultes bien vigoureux que je mis en présence dans un large bocal. Après avoir fait plusieurs fois le tour du cirque pour chercher à s’évader, ils ne tardèrent pas, comme a un signal donné, à se poster dans une attitude guerrière. Je les vis avec surprise prendre leur distance, se redresser gravement sur leurs pattes de derrière, de manière à présenter mutuellement le bouclier de leur poitrine. Après s’être observés ainsi face à face pendant deux minutes, après s’être sans doute provoqués par des regards qui échappaient aux miens, je les vis se précipiter en même temps l’un sur l’autre, s’entrelacer de leurs pattes et chercher, dans une lutte obstinée, à se piquer avec les crochets des mandibules. Soit fatigue, soit convention, le combat fut suspendu. Il y eut une trêve de quelques instants, et chaque athlète, s’éloignant un peu, vint se replacer dans sa position menaçante. Mais la lutte ne tarda pas à recommencer avec plus d’acharnement entre les deux tarentules ; l’une d’elles, après avoir longtemps balancé la victoire, fut enfin terrassée et blessée d’un trait mortel à la tête ; elle devint la proie du vainqueur qui lui déchira le crâne et la dévora. »

La tarentule a des formes hideuses, des mœurs féroces, qui n’ont pas peu contribué à lui faire une mauvaise réputation et à accréditer, sur les effets de son venin, des récits évidemment exagérés. Il produirait, sui- I

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vaut les divers auteurs, des symptômes approchant de ceux de la fiévrfl maligne, ou des taches érysipélateuses, ou des crampes légères et des fourmillements. On lui a attribué surtout la prétendue maladie appeléo iarentisme, qui se traduit par d^s symptômes très-divers. Des individus mordus par la tarentule, les uns rient, dit-on, les autres pleurent ; les uns chantent, les autres ne cessent de crier ; les uns sont assoupis, les autres ne peuvent dormir.

Le remède n’est pas moins singulier que le mal ; il consiste à faire danser a outrance celui qu’a mordu la tarentule. Pour cela, on lui fait entendre les symphonies qui lui plaisent le plus ; on essaye divers instruments ; on lui joue des airs de différentes modulations, jusqu’à ce qu’on en trouve un qui le ilatio ; alors, dit-on, il saute brusquement de son lit et se meta danser au son de la musique médicinale jusqu’à ce qu’il soit en nage et hors d’haleine ; ce qui le guérit. Ces contes ont toujours trouvé et trouvent encore beaucoup de croyants bénévoles. Quelques médecins crédubs, Hafenreffer entre autres, ont même noté les airs qu’ils croient convenir le mieux aux tarentules. On voit encore, dans la Pouille, des vagabonds qui, se disant piqués par une tarentule, dansent au son de la musique, en apparence pour se guérir, mais en réalité pour soutirer quelque argent aux badauds. On sait aujourd’hui que le venin de la tarentule ou de l’araignée enragée, comme on l’appelle, peut bien tuer les insectes dont elle fait sa nourriture et présenter quelque danger pour les animaux de petito taille, niais qu’il ne saurait tuer un cerf, comme le rapporte Baglivi. Chez l’homme, la piqûre de cette araignée produit une légère inflammation, facile à guérir, si on ne l’aggrave par des moyens empiriques.

La tarentule paraît susceptible de s’apprivoiser ; citons, encore une fois, Léon Dufour : 0 Je pris, sans la blesser, une tarentule mâle d’une belle taille et je l’emprisonnai dans un bocal de verre clos par un couvercle de papier, au centre duquel j’avais pratiqué une ouverture à panneau. Dans le fond du vase, j’avais fixé le cornet de papier dans lequel je l’avais transportée et qui devait lui servir de demeure habituelle. Je plaçai le bocal sur une table de ma chambre à coucher, afin de l’avoir souvent sous les yeux. Elle s’habitua promptement à sa réclusion et finit par devenir si familière qu’elle venait saisir au bout de mes doigts la mouche que je lui servais. Après avoir donné à sa victime le coup de la mort avec le crochet de ses mandibules, elle ne se contentait pas, comme la plupart des araignées, de lui sucer la tête, elle broyait tout son corps en l’enfonçant successivement dans sa bouche au moyen de ses palpes ; elle rejetait ensuite les téguments triturés et les balayait loin de son gîte.

Après son repas, elle manquait rarement de faire sa toilette, qui consistait à brosser, avec les tarses de ses pattes antérieures, ses palpes et ses mandibules tant en dehors qu’en dedans et, après cela, elle prenait son attitude de gravité immobile. Le soir et la nuit étaient pour elle le temps de la promenade ; je l’entendais souvent gratter le papier du cornet. Ces habitudes nocturnes confirment l’opinion, déjà émise d’ailleurs par moi, que la plupart des aranéides ont la faculté de voir pendant la nuit et le jour comme les chats. • Cette expérience, qui marchait bien nonobstant quelques péripéties, ne put toutefois être menée à bonne fin, par suite d’une absence du savant entomologiste. On a pu remarquer néanmoins que la tarentule avait supporté plusieurs jeûnes, dont l’un dura jusqu’à neuf jours, et qu’elle a subi sa dernière mue sans changer sensiblement ni de volume ni de couleur.

Turontule (la), ballet-pantomime en deux actes, de Scribe et Coralli, musique de Casimir Gide ; représenté à l’Opéra le 24 juin 1839. C’est l’histoire des amours de Luidgi, chasseur des montagnes, avec Lauretta, fille d’une maitresse de poste. Luidgi a sauvé une grande dame des mains des brigands ; celle-ci le dote. Le mariage du chasseur avec Lauretta va avoir lieu, lorsque Luidgi est piqué de la tarentule. Le docteur Oméopatico, riva] du jeune homme, guérit Luidgi, à la condition d’épouser Lauretta. Au second acte, l’hymen a eu lieu ; Lauretta feint aussi d’être piquée de la tarentule pour échapper à l’amour de son mari. La grande dame sauvée par Luidgi reconnaît, heureusement pour les amants, dans le docteur son mari à elle. Dès lors, le nouveau mariage d’Oméopatieo est nul de plein droit et les deux jeunes gens heureux. On voit que le sujet de ce ballet était aussi invraisemblable que celui du premier mélodrame venu. Scribe garda l’anonyme. La musique avait le bon esprit de rappeler souvent de vieux airs, ce qui aida à son succès auprès du public de l’Opéra.

TARENTULE, ÉE adj. (ta-ran-tu-lé — rad, tarentule). Piqué par une tarentule : Le malade tarentule criait, riait, dansait et faisait mille contorsions et mille extravagances. (Walckenaer).

TARENTULIDE adj. (ta-ran-tn-li-de — de tarentule, et du gr, eidos, aspect). Arachn. Qui ressemble ou qui se rapporte à la tarentule.

— s. m. pi. Syn. de, phrynêides, groupe d’aranéides.

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TARENTULISME s. m. (ta-ran-tu-li-sme

— nid. tarentule). Syn. do tawï.ntismjs.

TARER v. a. ou tr. (ta-ré — rad. tare). Gâter, avarier.- Les coups de mer ont takk les blés.

— Fig. Altérer, souiller : Ce sont de ces vires gui tarent un homme.

— Cotnm. Peser et défalquer du poids net : Tarer un baril, un emballant.

— Blas. Poser, mettre, en parlant du casque ou beaume qui surmonte l’écu • Tarer de profil, de front.

Se tarer v. pr. Devenir taré, gâté, corrompu : Ces fruits se tarent à l’humidité.

TARERONDEs. f. (ta-re-ron-de). Ichthyol. Syn, de TAREfRANCHE.

TARET s. m. (ta-rè — d’un ancien type latin tarare, de la même famille que terere, percer. Ce mollusque est ninsi nommé parce qu’il troue le bois des digues et des vaisseaux), flîoll. Genre de mollusques acéphales tubicolés, de la famille des pholadaires, comprcniint une quinzaine d’espèces, qui vivent dans les pièces de bois sous-marines : L’anaiomie et la physiologie des taretsprésentent beaucoup de difficultés. (Laurent.) On a vu des vaisseaux qui ont coulé à la suite des voies d’eau déterminées par des trous de taiîkts. (H. Hupé.) Les tarets ont mis la Hollande à deux doigts de sa perte, en rongeant ses digues. (Balz.) Le bois rongé par le taret ressemble à une éponge. (Du Camp.)

— Encycl. De même que les bois exposés à l’air sont la proie d’animaux terrestres, de même les bois placés sous l’eati sont sujets à être envahis par des animaux aquatiques. Les tarets perforent au sein de la mer les bois les plus durs, quelle que soit leur essence. Les galeries creusées par ces imperceptibles mineurs envahissent tout l’intérieur d’une pièce de bois ; tantôt ils le coupent à angle droit, puis changent, en effet, de route dès qu’ils rencontrent sur leur chemin le sillon creusé par l’un de leurs voisins. C’est par une secrète altération de ce genre que les pilotis sur lesquels reposent les constructions de bois sont souvent entièrement perforés. Ils paraissent aussi solides, aussi intacts qu’au moment où on les a plantés, et cependant on les voit céder au moindre effort. On a vu, ’diton, couler des vaisseaux à la suite de voies d’eau déterminées par les trous que creusent sans relâche ces animaux. Au commencement du xvriie siècle, la moitié de la Hollande faillit être envahie par les flots, parce que les pilotis de toutes ses digues étaient mordus, troués et déchiquetés par les tarets. Le danger était grand, et les millions que les caisses publiques de la Hollande durent dépenser en toute hâte pour le conjurer le prouvent suffisamment. Les observations des moeurs du taret sont venues heureusement porter quelque remède à ce mal. On a reconnu que ce mollusque a une antipathie pour la rouille et qu’il respecte le bois imprégné de cet oxyde de fer. Pour prévenir les accidents, on enfonce dans la masse du bois destiné à être immergé des clous à tête volumineuse. Ces clous se rouillent bientôt, et le bois se trouve à peu près revêtu d’une épaisse cuirasse d’oxyde de fer. On pourrait faire usage du même moyen pour préserver le bois des nnvires du taret ; mais la doublure de cnivro dont ils sont revêtus les garantit suffisamment. Le taret, que les naturalistes nomment teredo et les marins ver de vaisseau, est un mollusque fort singulier et ressemble à un ver long dépourvu d’articulations. On aperçoit antérieurement, entre les valves d’une toute petite coquille dont il est pourvu, une sorte de troncature lisse qu’entoure un bourrelet assez saillant. Ce bourrelet est la seulo portion du corps de l’animal que l’on puisse regarder comme le pied. À partir de ce point, tout le corps du taret est enveloppé par la coquille et par le manteau, qui forme un fourreau communiquant par deux siphons avec l’extérieur. Ce manteau adhère à tout le pourtour de la coquille. Au-dessus de celle-ci, il forme deux forts replis qui peuvent tous deux se gonfler par l’afflux du sang et acquérir un volume considérable. L’un de ces replis est situé en avant et se nomme le capuchon céphalique. Le tissu du manteau est d’une

teinte gris de fin très-Iégore et assez transparent, surtout chez les jeunes, pour permettre de distinguer à l’intérieuria masse du foie, l’ovaire, les branchies ot jusqu’au cœur. Les siphons, très-extensibles, sont soudés l’un à l’autre dans les deux tiers environ de leur étendue ; le siphon supérieur est plus long et plusétroit que Je siphon inférieur. C’est par ce dernier que l’eau aérée entre pour servir à la respiration et à la nutrition de l’animal, et après avoir servi, elle sort par le second tube. La coquille, vue de côté, présente dans son ensembleune forme irrégulièrement triangulaire. Elle est à peu près aussi longue que large ; ses deux valves sont solidement rattachées l’une à l’autre en dessus et en dessous par le manteau, de manière à ne permettre que des mouvements fort peu étendus. Elle est colorée par des lignes jaunes et brunes ; quelquefois, elle est tout à fait incolore. Au bord supérieur de la troncature antérieure du corps des tarets est la bouche, sorte d’entonnoir aplati et évasé muni de quatre palpes labiales. Elle ne présente rien de bien particulier, pas plus que l’estomao, qui est suivi