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de la peau ou de la muqueuse j plus rarement, c’est le sang même du syphilitique. Voilà ce qui est constaté. Ces divers agents matériels de la transmission examinés à l’œil nu, au microscope ou dans le creuset du chimiste, ne nous livrent point le secret de leur action spécifique, et on peut supposer, d’après leurs effets, qu’ils sont le véhicule d’un agent qui échappe aujourd’hui encore à l’analyse et que nous appelons virus.

Le virus syphilitique entre dans l’organisme en quantité souvent infinitésimale, puis, à un moment donné, toute l’économie en est, pour ainsi dire, imprégnée, en sorte qu’un phénomène très-remarquable s’est passé dans l’intervalle, phénomène essentiellement caraotérisé par l ; t multiplication du virus. Evidemment, c’est l’organisme qui a fourni au virus les matériaux de cette prodigieuse multiplication, et peut-être, lorsque la maladie est abandonnée à elle-même et qu’elle guérit, guérit-elle au moment où le virus ne trouve plus d’éléments organiques susceptibles d’entrer en combinaison avec lui. Ce qui tendrait à le faire supposer, c’est que, après la disparition de la syphilis chez un individu, .le virus syphilitique n’a généralement plus prise sur cet individu.

Deux opinions se partagent le monde médical relativement à l’accident initiarde lu. syphilis, le chancre. La première opinion, qui est soutenue par Ricord, Cullerier, etc., considère le virus comme bornant d’abord son action au chancre et à une sorte d’auréole peu étendue. De là le virus partirait pour infecter l’économie. L’autre opinion, qui est plus généralement admise, considère le chancre

comme la manifestation d’une infection générale de l’organisme par le virus. Baumes, Cazenave, Baexensprung, A. Vidal ont soutenu cette opinion. On peut dire à son appui que, dès l’instant que l’organisme est infecté, la syphilis y est contenue en puissance ; on n’acquiert fa preuve de ce fuit, latent d’abord, qu’au moment de l’apparition du chancre, sorte d’action réflexe qui reporte la première réaction spécifique de l’organisme au point d’abord contaminé.

Le chancre est donc la manifestation initiale de la syphilis. Il y a deux espèces de chancres inoculables : l’un est syphilitique et procède d’une intoxication constitutionnelle, l’autre n’est qu’un accident local.

Pour Ricord, la syphilis débute par le chancre, dans lequel réaide la propriété virulente de cette affection ; lu vérole naît du chancre, qui ouvre la série des accidents. Les prétendues syphilis d’emblée sont, d’après le célèbre docteur, des faits apocryphes ou mal interprétés. V. la mot CHANCRE.

Peu de temps après l’infection, c’est-à-dire après l’apparition du chancre, les symptômes prodromiques apparaissent ; ce sont : une douleur de tête intense, occupant surtout les tempes et quelquefois le front (oéphalie prodromique), puis des douleurs rhumatoïdes.

L’adénite ou adénopathie est un des pramieia symptômes de* la syphilis. Cet engorgement occupe surtout les ganglions auxquels aboutissent les vaisseaux lymphatiques de la région ulcérée, par conséquent presque toujours dans l’aine. On observe encore cette adénopathie à la région postérieure du cou (adénopathie cervicale), mais alors elle est moins importante que lorsqu’elle siège dans les aines.

Nous devons, d’ailleurs, distinguer avec M. Fournier deux sortes d’adénopathies déterminées par la syphilis : l<> les unes, précoces, .se développent dès le début et ne sont que le retentissement de l’accident initial sur les glandes voisines ; S" les autres, heaucoup )lus tardives, se montrent loin du siège de a lésion primitive et à l’époque des accidents secondaires, qu’elles soient elles-mêmes des manifestations diathésiques de l’état général ou seulement la conséquence d’autres phénomènes morbides (plaques muqueuses) qui agiraient sur elles comme le chancre sur les premières.

L’engorgement syphilitique produit par te chancre induré diffère essentiellement des tumeurs ganglionnaires. Voici quels en sont les caractères : 1» ce bubon est constant ; $o il se manifeste à la même époque que l’induration chancreuse, soit du septième au quinzième jour de l’évolution de l’accident initia ! ; 3° il envahit plusieurs ganglions à la fois : 4° il est peu volumineux, d’une dureté semblable à celle de l’induration du chancre ; 50 il est indolent, ne s’enflamme presque jamais et, dans les cas très-rares où il suppure, il ne donne jamais de pus inoculable.

10 Le bubon accompagne invariablement l’accident initial de la syphilis ; il suit le chancre comme l’ombre suit le corps ; c’est le compagnon obligé du chancre infectant. Sans floute, il peut être plus ou moins développé, plus ou moins manifeste aux différentes époques de son existence ; mais il ne fait jamais défaut. On objecte à M. Ricord quelques eus de chancres indurés suivis de phénomènes secondaires qui n’avaient pas présenté d’adénites ou du moins où il était très-difficile d’en constater ; mais ce ne sont là que quelques exceptions qui ne permettent pas de mettre en doute la loi générale.

20 Nous savons qu’il est à peu près impossible de fixer d’une façon précise l’espace de temps qui sépare l’apparition du bubon vénérien de l’accident primitif. Ici, tout au contraire, le bubon syphilitique se manifeste infi

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variablement à la même époque que l’induration chancreuse, c’est-à-dire dans l’espace des deux premiers septénaires. On cite quelques cas où il a été plus tardif, mais ils sont excessivement rares.

30 II faut insister, en parlant du bubon vénérien, sur ce caractère essentiel qu’il n’atteint qu’un seul ganglion à la fois ; l’adénite vénérienne atteint, au contraire, toute la pléiade ganglionnaire, trois, quatre, six, dix ganglions même. Tous ces ganglions ne sont pas également affectés ; tous présentent l’indolence et l’induration caractéristique, mais ils se prennent successivement ; ils ne présentent pas le même volume, et, dans les cas très-rarement observés où l’on a constaté des phénomènes inflammatoires, elle existait dans l’un d’eux seulement, et c’était le plus voisin de la lésion originelle qui était le siège de cette inflammation. C’est celui auquel viennent aboutir directement les lymphatiques qui émanent de la partie ulcérée ; c’est celui qui deviendrait ou pourrait devenir, dans le cas de chancre simple, le siège d’une suppuration spécifique. «Je l’appelle, dit Ricord, le ganglion anatomique ou direct de la pléiade, supposant qu’ilsubit directement l’influence du chancre par voie de continuité, tandis que les glandes environnantes ne seraient affectées que par sympathie diathésique. De même que dans le bubon vénérien 1 état du bubon dépend plus de l’idiosyncrasie du malade que du chancre lui-même, de même ici le nombre des ganglions affectés est entièrement subordonné a certains phénomènes qui nous échappent, mais qui paraissent tenir plus à l’individu contamine qu’à la violence de la maladie. Combien de fois n’a-t-on pas vu un chancre unique, assez peu développé pour passer presque inaperçu, engendrer une adénite de toute la série ganglionnaire des deux aines, tandis que les chancres multiples et aussi étendus que peuvent l’être des chancres infectants n’ont produit d’altération que dans deux ou trois ganglions et même quelquefois dans un seul 1 à Néanmoins, nous devons déclarer que l’adénopathie monoganglionnaire est tout à fait exceptionnelle.

4° Le bubon consécutif à un chancre infectant est toujours d’un volume peu considérable, et l’on peut établir comme règle générale qu’il n’atteint jamais la grosseur de l’adénite syinptomalique ou du bubon vénérien. Jamais ou presque jamais les glandes affectées ne dépassent le volume d’une noisette, et il n’existe pas d’inflammation du tissu cellulaire périganglionnaire. Il est bien entendu que nous n’avons en vue que les glandes prises isolément, et que ce serait une faute de considérer l’ensemble de la pléiade comme un bubon. De plus, chaque glande atteinte présente une dureté nui generis, toute caractéristique, et qui est tout à fait identique à la dureté qu’on observe à la base du chancre infectant dix à douze jours après son apparition. C’est, pour ainsi dire, l’induration chancreuse transportée dans le ganglion. Toutes ces observations sont empruntées à Ricord.

5° Enfin, comme dernier caractère du ganglion syphilitique, nous constaterons qu’il ne présente presque jamais de phénomènes inflammatoires et qu’au contraireil n’y a qu’une évolution très-indolente, au point que le malade n’en a pas conscience, à moins qu’on n’ait éveillé son attention sur ce point. L’absence de phénomènes inflammatoires nous fait prévoir la rareté des bubons syphilitiques suppurants. Néanmoins, on a observé quelques cas contraires, et, toutes les fois qu’on a inoculé du pus qui en provenait, on n’a eu que des résultats négatifs.

Au début, l’adénite syphilitique marche rapidement. Au bout de quinze jours, elle reste assez longtemps stationnaire, de sorte que le chancre peut être complètement disparu et les phénomènes secondaires en pleine évolution alors que les ganglions sont encore indurés. Fournier, dans une étude très-remarquable sur le bubon, rappelle que Ricord insistait sur la persistance du bubon syphilitiâue comme moyen d’investigation au point 0 vue séinélologique. • Ne négligez jamais, disait-il, d’interroger les ganglions lorsqu’un malade affecté d’accidents constitutionnels se présente à vous en niant toute espèce d’antécédent suspect. L’adénopathie spécifique est pour le chancre infectant l’effet qui suit la cause. Eh bien 1 remontez à la cause par l’effet. De la sorte, vous serez mis sur la voie des chancres a siège insolite, de ceux dont le malade aura méconnu l’existence ou la nature, comme de ceux qu’il voudrait vous cacher. C’est ainsi qu’une adénopathie épitrochléenne ou axillaire vous indiquera un chancre siégeant sur le membre supérieur et le plus généralement un chancre digital ; que le bubon sous-maxillaire vous révélera un chancre de la bouche ; que l’engorgement des ganglions extrêmes des pléiades inguinales vous fera suspecter un chancre de 1 anus, et de même pour tant d’autres accidents à siège plus ou moins insolite, plus ou moins honteux, dont les malades cherchent souvent à dissimuler l’existence.»

Nous avons dit plus haut combien la suppuration dans les bubons syphilitiques était rare, puisque cela avait permis à Ricord de poser comme absolue la loi suivante : « Le bubon qui suppure n’est pas syphilitique. «Cette rareté de la suppuration nous fait prévoir le seul mode possible de terminaison du bubon

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qui nous occupe. Ce sera la résolution, mais cette résolution se fera avec une indolence toute particulière.

Nous devons, pour compléter ce que nous avons à dire sur l’adënopathie, faire remarquer que le chancre peut agir comme irritation simple en même temps qu’il agit spécifiquement etgreffer, pour ainsi dire, une adénite inflammatoire sur le bubon syphilitique. C’est là, je crois, le seul moyen d’expliquer ces adénopathies consécutives à des chancres bien certainement infectants et qui présentent pourtant des phénomènes inflammatoires assez tranchés.

Enfin, comme dans le bubon vénérien, la scrofule peut ici altérer les formes habituelles de la maladie. Dans ce cas, le volume du bubon est beaucoup plus considérable, les différents ganglions sont soudés entre eux, quelques symptômes inflammatoires peu prononcés se manifestent et le bubon finit par s’ulcérer à la manière des adénites strumeuses.

L’invasion des accidents secondaires de la syphilis est quelquefois annoncée plus ou moins longtemps à l’avance par certains phénomènes précurseurs, notamment les douleurs névralgiques et rhumatoîdes, un engorgement des ganglions cervicaux postérieurs et plus souvent quelques accidents aigus, comme les prodromes d’une fièvre érnptive. Ces phénomènes précurseurs manquent d’ailleurs très-souvent. Les phénomènes secondaires qui apparaissent les premiers, soit dans le cours, soit à la suite de la syphilis primitive, consistent dans des affections diverses des muqueuses ou de la peau : roséoles, plaques muqueuses, syphilides diverses.

Les plaques muqueuses sont l’un des symptômes les plus fréquents de la syphilis constitutionnelle, surtout chez la femme. Elles

se montrent ordinairement sur un grand nombre de points à la fois, mais spécialement aux organes génitaux, à l’anus et dans les parties voisines, dans la bouche, sur les amygdales, à la face et duns les intervalles des orteils. Ce3 plaques muqueuses débutent par une petite élevure molle et rosée, qui prend bientôt l’aspect d’une plaque légèrement saillante, arrondie ou elliptique, large de O^OOS à oin, ot0, d’une coloration soit rosée, soit d’un rouge cuivre ou violacé, Tantôt les bords des tubercules plats se confondent insensiblement avec la peau ; tantôt ils se renversent sims forma de ehuuipignons (condylomes) ; leur surface, quelquefois convexe, est recouverte d’une pellicule mince, qui laisse transsuder une matière séro-purulente, d’une fluidité toute particulière, qui les humecte presque constamment et dont la quantité est quelquefois assez considérable pour entretenir à la vulve, par exemple, un véritable écoulement.

La roséole syphilitique est, avec les plaques muqueuses, l’un des premiers phénomènes de la syphilis constitutionnelle. Elle se forme rapidement, en envahissant successivement l’abdomen, la poitrine, les membres et la face ; elle est constituée par des taches rouges, irrégulièrement arrondies, disposées en cercles ou en demi-cercles, quelquefois sans régularité aucune. Ces taches sont lisses ou un peu graveleuses, à peine saillantes, disparaissant par la pression. Leurs dimensions varient depuis celle d’une lentille jusqu’à celle d’une pièce de 1 franc ; leur couleur varie aussi, et il est important de connaître les causes de cette variation, laquelle est due principalement à l’âge de l’éruption. Elle est d’abord rose ou rouge vif et tend a devenir plus foncée, jaunâtre, cuivreuse. C’est cette teinte que J.-L. Courier caractérisait par le nom de peau truitée. Quelquefois ces taches, pendant la période de décroissance, prennent une teinte grisâtre.

La syphilis étant essentiellement protéiforme, il serait impossible de donner les caractères de chaque syphilide en particulier. Nous devons seulement en décrire les symptômes communs, c’est-à-dire ceux qui, quelle que soit la lésion élémentaire de l’éruption spéciale, appartiennent à toutes les syphilides et peuvent bo retrouver dans toutes. L’ensemble de ces caractères imprime aux éruptions syphilitiques un tel cachet, une physionomie si particulière, qu’un œil exercé peut les reconnaître à distance et avaut toute espèce d’analyse graphique.

Au premier rang de ces symptômes, il faut placer la coloration spéciale des éruptions vénériennes, ce phénomène qui a frappé les observateurs de tous les temps, depuis FitJlope, qui la comparait à la chair de jambon, jusqu’à Swediaur, qui lui donnait le nom de rouge cuivreux. Prise dans un sens absolu, cette dernière dénomination est loin d’être d’une exactitude absolue. Aussi les exceptions sérieuses que l’on a signalées ont-elles servi d’argument à une certaine éco.i, qui prétendait nier la spécificité même de la syphitis. M. Cazenave croit qu’il faut 1m conserver pour lds ess où elle est aussi justo qu’heureusement appliquée, mais la rejetio comme terme typique, et il l’a remplacée par une expression qui a l’avantage de ne pas prêter à des contradictions, tout en conservant au phénomène de la coloration sa valeur, qui est réelle, par l’expression de teinte syphilitique. Cette teinte, quel que soit d’ailleurs son nom, existe incontestablement ; elle

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vario depuis le rouge brun jusqu’au gris cendré, en passant par tous les degrés qui séparent les deux points extrêmes de cette gamme de tons sombres et livides.

A rencontre de ce qui se passe dans.es éruptions non spéciales, la congestion sanguine ne joue évidemment qu’un rôle secondaire dans la coloration des syphilides. Celleci est d’autant plus apparente que le malade est sous l’influence d’une cause qui favorise le retrait du sang des vaisseaux capillaires ; elle l’est d’autant moins, au contraire, que l’individu affecté de syphilis est soumis à une influence qui les congestionne. Cette double circonstance, parfaitement étudiée et établie par M. Cazenave, l’a conduit à considérer lu couleur spéciale des syphilides comme le résultat d’une altération de la matière colorante elle-même, qui intéresse non-seulement les points malades, mais encore toute l’enveloppe cutanée. On remarque en effet, surtout chez les individus atteints de syphilis chronique, une teinte générale particulière, une sorte de décoloration morbide de la peau ; il semble que celle-ci soit altérée, comme flétrie, et cette teinte est telle, dans certains cas, qu’elle suffit pour révéler l’existence d’une cachexie syphilitique pius ou moins avancée. On comprend qu’une inflammation cutanée survenant dans ces conditions emprunte à l’état anomal et spécifique de la peau une coloration particulière qui lui sert de cachet spécial, coloration qui, variant dès lors suivant l’état phlegmasique et congestionnel de l’éruption, est plus ou moins rouge, selon que celle-ci est plus récente, plus aiguS, grise et obscure, selon que l’inflammation est à l’état chronique depuis plus ou moins de temps. La teinte syphilitique est surtout apparente dans certaines formes de syphilides ; ainsi, on la remarque surtout dans les formes populeuses et tuberculeuses. Elle persiste quelquefois alors que toute éruption spéciale a disparu, et même après que tout symptôme de syphilis a cessé.

Après la couleur, il faut citer la disposition à affecter une forme arrondie, comme un caractère remarquable des syphilides ; cette tendance n’est pas constante, toutefois, comme nous l’avons vu plus haut. En effet, parmi les éruptions simples, il en est, comme l’herpès ciiciiié, la lèpre vulgaire, qui se présentent avec une disposition annulaire pathognomonique ; et il importe même d’être bien

prévenu de cette coïncidence de forme, afin d’éviter, dans la pratique, des erreurs qui no seraient pas sans inconvénients. C’est surtout dans les éruptions tuberculeuses que la forme arrondie des syphilides est remarquable ; elle est un signe précieux de diagnostic pour la syphilide serpigineuse. On la signale aussi dans la lèpre et le psoriasis syphilitique de la paume des mains ; dans l’herpès squameux spécial, etc.

Les syphilides suivent une marche essentiellement chronique, et ce caractère, qui ne souffre d’ailleurs que de rares exceptions, se présente avec une physionomie toute particulière. Ainsi, l’éruption n’est presque jamais accompagnée de phénomènes inflammatoires, de chaleur vive, de congestion, de tension pénible, de douleur. A plus forte raison ne signale-t-on que très-exceptionnellement, pour les syphilides primitives, par exemple, des symptômes généraux appréciables. Les éruptions syphilitiques à marche envahissante se propagent habituellement avec une grande lenteur, et, chose remarquable, ce caractère de chronicité se retrouve dans la durée individuelle, dans la marche de tel ou tel symptôme, de la lésion élémentaire, par exemple. Ainsi, dans la syphilide vésiculeuse, la vésicule reste longtemps stationnaire ; elle se flétrit sur place, se résorbe sans se déchirer ; ainsi encore une éruption pustuleuse à large base, avec une induration considérable, aboutit à une suppuration à peine perceptible. Enfin, même sous la forme papuleuse, les syphilides ne sont presque jamais accompagnées de prurit.

On a signalé des cas où les syphilides avaient revêtu un caractère d’acuité remarquable, s’étaient présentées avec un cortège de symptômes généraux intenses, avaient enfin affecté une marche rapide, une gravité redoutable ; mais ces cas ne constituent que des exceptions heureusement restreintes, qui semblent tenir à des conditions individuelles particulières plutôt qu’au curactère propre de la syphilis.

Si l’on ajoute à ces signes distinctifs l’odeur particulière, sui generis, que les malades exhalent, surtout à l’état cachectique, l’état génpral de la peau, l’espèce de bouffissure qu’elle présente, son aspect flétri, terreux, comme parcheminé, on aura le tableau des symptômes communs des syphilides en général.

À la suite des syphilides viennent, dans l’ordre d’apparition des accidents, des lésions qu’on pourrait nommer accidents secondaires tardifs, par opposition aux syphilides, qui sont les premiers accidents secondaires ; ce sont : l’alopécie syphilitique (chute plus ou moins complète des cheveux) ; l’onyxis syphilitique (ulcération spéciale de la matrice des ongle») ; des végétations de formes très-diverses (choux-fleurs, crêtes do coq) ; enfin l’œil peut être le siège d’une phtegmasie spécifique, qui se localise plus spécialement dans l’iris (iritis syphilitique), niais qui, à part sa marche lente, les migra-