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SYPH

SYNURE s. m. (si-nu-re — du prêf. syn, et du gr. oura, queue). Infus. Genre d’infusoires polygustriques, de la famille des volvociens, réuni par quelques auteurs aux uroglènes.

SINUSIASTE s. m. (si-nu-zi-a-ste — du préf. syn, et du gr. ousia, substance). Hist. relig. Sectaire chrétien qui n’admettait en Jésus-Christ qu’une seule nature et une seule substance.

SYNZYGANTHÈBB s. m. (sain-zi-gan-tè" re — du préf. syn, et du gr. zugoô, je joins ; aiifAera, anthère). Bot. Genre d’arbustes, de la famille des lucistémées, dont l’espèce type croit au Pérou.

SYNZYG1E s. f. (sain-zi-jt — du préf. syn, etdugr. zugos, paire). Bot. Point de jonction des deux cotylédons sur l’axe, quand ils sont opposés, ce qui est le cas le plus général.

SYODON s. m. (si-o-don — du gr. sas, cochon ; odous, dent). Mamm. Syn. de brithope, genre de mammifères fossiles.

SYOUAH, oasis d’Asie. V. Siocah.

SYOBTH, ville d’Égypte. V. Siouth.

SVPHAX, roi de la Numidie occidentale ou Mauritanie Césarienne, mort k Rome vers 203 avant notre ère. En 213, il s’allia avec les Romains contre les Carthaginois et fut vaincu k deux reprises par Masinissa, fils du roi numide Géta, qui avait fait alliance avec Carthage. Malgré ces défaites, Syphax conserva ses États. Il allait conclure la paix avec les Carthaginois, lorsque Scipion passa en Afrique et signa avec lui un traité secret (206). Ayant épousé, vers cette époque, Sophonisbe, qui prit un grand ascendant sur son esprit, i ! se détacha oientôt, sur les conseils de cette princesse, de l’alliance romaine pour se joindre aux Carthaginois, pendant qu’au contraire Masinissa abandonnait ces derniers pour passer du côté des Romains. La guerre ne tarda pas a recommencer (204). Syphax, après avoir remporté quelques avantages sur le roi numide, s’empara de Tholus et se réunit à l’armée carthaginoise ; mais Scipion marcha contre lui, brûla son camp, le vainquit, etil dut battre en retruitejusque dans ses États ; il y fut poursuivi par Masinissa, qui le battit complètement et le lit prisonnier avec son fils Vermina. Syphax, ainsi vaincu par Masinissa, fut emmené en Italie pour orner le triomphe de Scipion et mourut peu de jours avant. Les Romains donnèrent une partie de son royaume k son compétiteur Masinissa.

SYPHILICOME s. m. (si-fi-li-ko-me — de syphilis, et du gr. komein, soigner). Etablissement public où l’on donne des soins aux personnes atteintes de la syphilis.

SYPHILIDE s. f. (si-fi-li-de — rad. syphilis). Pathol. Eruption cutanée de nature syphilitique. || Syp/dlidepopuleuse, Nom donné a des altérations diverses que la contagion syphilitique fait subir k la peau et aux portions les plus extérieures des membranes muqueuses. Il Syphilide maculeuse, Roséole syphilitique. Il Syphilide pustuleuse, Affection qui consiste en pustules, ou plutôt en petits abcès qui laissent après eux des ulcères opiniâtres.

— Eucycl. V. syphilis.

SYPHILIGRAPHE s. m. (si-fl-li-gra-fede syphilis, et du gr. graphâ, j’écris). Auteur d’une syphiligraphie. Il On dit aussi sïphilio-

GRAPHa et SYPHILOGRAPHB.

SYPH1L1GRAPH1E s. f. (si-fi-li-gra-fîde syphilis, et du gr. graphe, je décris). Description de la syphilis. Il On dit aussi Syphi-

LfOGRAPHIE et SYPHILOGRAPHIB.

SYPHIL1GRAPH1QUE adj. (si-fi-li-gra-fike — rad. syphiliyraphie). Qui a rapport & la syphiligraphie II On dit aussi SYPHiliOgra-

PHigUK et SYPHILÛORAPHItJUB.

SYPHILIMANE s. m. (si-fl-li-ma-ne — de syphilis, et de manie). Celui qui est atteint de syohilimanie. I ! On dit aussi syphiliomane et

SYPHILOMA.NE.

SYPHILIIUANIE s. f. (si-fi-li-ma-nî — de syphilis, et de nuinie). Manie des médecins qui voient dans toute maladie les effets delà syphilis. Il Manie des malades qui se croient à tout propos atteints de la syphilis. U On dit aUSSi SYPUliaOMANIK et syphilomanie.

SYPHILIS s. f. (si-n-liss — l’étymologie de ce mot, créé par Pracastor, est inconnue. U vient, suivant les uns, du gr. sus, cochon, et philein, aimer, pour dire amour dégoûtant ; suivant d’autres, du gr. siphtos, contraction de sipalos, honteux). Pathol. Maladie constitutionnelle, contagieuse, qui se transmet par les rapports sexuels ou par hérédité : Les symptômes de la syphilis.

— Encycl. La syphilis est une maladie particulière à l’espèce humaine, à laquelle elle est inoculée, et qui, chez nous, ne se développe jamais spontanément. Le chancre est la première manifestation active de la syphilis. Dès lois l’organisme est infecté et un traitement général peut seul arrêter les suites de la maladie. Des circonstances particulières tenant au climat, à l’hygiène ou à l’tdiosyncrasie peuvent influer sur les manifestations de la syphilis. Au chancre succèdent les accidents constitutionnels, après un intervalle qui peut dépasser plusieurs mois. Ils affectent la peau

Xtv.

SYPH

(roséoles, syphilides), la gorge, l’anus et la muqueuse urino-génitale (plaques muqueuses, pustules ou papules). La vérole est inoculable à la première et à la seconde période par le pus du chancre et par celui des plaques muqueuses et par le sang même des sujets syphilitiques. Elle peut être transmise par la mère au fœtus contenu dans l’utérus, par les enfants aux nourrices et par les nourrices aux enfants. Le vaccin pris sur des sujets syphilitiques, les instruments de travail contaminés peuvent transmettre la syphilis.

Les avis sont partagés touchant l’origine de la syphilis ; cependant le plus grand nombre des médecins se rangent a l’opinion d*Astruc, qui la considère comme une importation américaine, tout en admettant l’origine ancienne du chancre simple, de la blennorrhagie, du bubon et des végétations. Telle est aussi l’opinion de MM. Robin et Littré.

L’opinion qui fait remonter ce mal à l’antiquité, à Job lui-même, est considérée aujourd’hui comme une erreur manifeste ; elle paraît basée sur la confusion des accidents vénériens avec les accidents syphilitiques. Nous reviendrons bientôt sur cette distinction essentielle ; citons maintenant les textes et les faits allégués par ceux qui font la syphilis contemporaine d’Horace. Ce poste parle d’un mal campanieti, d’où peut-être la dénomination de mai napolitain : Cumpanum ob morbum, in facient permultajûcatus. Il parle ailleurs d’un mal contracté dans la fréquentation de la canaille :

Contaminato cum grege turpimn

Morbo virorum ?

Auguste était atteint d’un mal contagieux ; pour l’en guérir, son médecin, Antonius Musca, le faisait frotter fréquemment devant un grand feu, de façon à déterminer des sueurs abondantes : Unctum s&pius sudare ad flammam (Suet., tn Octavio). C’est peu décisif, mais passons. On a attribué à la syphilis les ulcères qui couvraient la face impudique de Tibère. Valère-Maxime, parlant de la mort de Claudius Pulcher, l’attribue à une maladie honteuse, contractée dans le commerce d’une courtisane : Perdiio amore merelricis infamis, erubescendo morbi génère consumptus fuit, La question est ici serrée de plus près ; mais, pour trouver une allusion évidente à la syphilis, il faut arriver aux temps modernes. Gérard, médecin du Berry au xme siècle, écrivait : Virga palitur a coïtu cum mulieribus immundis, ex spermate corrupto, vel ex humore venenoso in collo matricis recepto ; nam virga inficilur el aliquando totum corpus. M. Littré, qui cite ce texte, s’empresse de constater que le manuscrit dans lequel il a trouvé ce passage n’est point authentique. Toutefois, dans leur dictionnaire de médecine, MM. Littré et Robin signalent le fait sans l’accompagner de réflexions propres k éclairer le lecteur sur la valeur de ce document.

Follin, dans un chapitre consacré à l’historique de la syphilis, conclut à son ancienneté. Mais les passages qu’il invoque se rapportent aux ulcères simples contagieux, et Von sait aujourd’hui que, seul, le chancre induré, dont aucun auteur ancien ne fait mention, est suivi de la syphilis constitutionnelle. Follin cite divers passages dans lesquels il croit retrouver les accidents secondaires ou tertiaires ; mais ils se rapportent aussi bien et même mieux à d’autres affections. Les douleurs ostéocopes de Galien sont le fait de toutes les affections des os ; elles peuvent avoir la syphilis pour origine, mais n’impliquent pas nécessairement son existence. Les ulcérations des jambes de M. Einpiricus se retrouvent tous les jours dans nos salles d’hôpitaux, et pas un médecin ne rapporte exclusivement k la syphilis, les ulcères superficiels ou profonds des jambes. Le lupus, si commun en certaines contrées, ne suffit-il pas pour ronger le nez ? Le passage cité par M. Darem’oerg n’indique pas davantage une infection générale qui succède aux ulcères de l’anus" ; mais il désigne des ulcères locaux qui gagnent et s’étendent de proche en proche (sed et vieina loca). Or, il répugne de croire que les médecins anciens n ont point saisi le rapport qui existe entre le chancre primitif et tes accidents consécutifs, rapport frappant, surtout quand la syphilis n’est pas soignée. Au xve siècle, époque d’invasion et de diffusion rapidement universelle de la syphilis en Europe, les auteurs ne la confondaient pas avec le chancre simple et la blennorrhagie. Elle forma alors une sorte d’eiidémo-épidémie générale, surtout dans les grands centres de population et dans les camps, comme de notre temps on la voit régner dans la Suède, le Danemark, la Norvège, la Kabylie, et aussi dans certains villages où, importée par un soldat ou toute autre personne, elle se propage avec une rapidité effrayante.

On peut donc affirmer que la syphilis fut inconnue des anciens ; mais s’il est certain qu’ils ne connurent point cette terrible maladie, il l’est moins, quoi qu’on ait dit, qu’elle ait été importée en Europe par l’expédition de Colomb. Le principal argument de ceux qui, avec Astruo, considèrent la syphilis comme venue de 1 Amérique, est tiré de la coïncidence de son apparition violente en Italie, en 1494, avec le retour de Colomb. Pourtant, aucun auteur espagnol contempo SYPH

rain ne parle de ce mal comme existant en Andalousie au moment où il régnait en Italie et faisait l’objet de toutes les conversations en Europe. Comment donc les marins des deux vaisseaux de Christophe et de Martin Alonso (si peu nombreux d’ailleurs, défalcation faite de ceux qui étaient restés au fort de la. Natividad, à Haïti), arrivés à Lisbonne et k Bayonne et quelque temps après k Palos, n’auraient-ils pas infecté d’abord les femmes de ces ports ? Ce n’est pourtant pas aux femmes de Lisbonne et de Bayonne, aux femmes de l’Andalousie qu’ils auraient, communiqué leur maladie ; c’est en Italie qu’ils auraient été la porter et que ce petit nombre d’hommes aurait fait éclater l’épidémie vénérienne avec cette fureur et ce caractère contagieux, envenimé, qui firent l’effroi de ceux qui en furent les premiers atteints. D’autre part, les dates paraissent ici décisives : l’armée de Gonzalve de Cordoue, dans laquelle seulement pouvaient avoir songé k s’enrôler quelques-uns des compagnons de Colomb, si tant est qu’il y en ait eu, était encore en Sicile, sans aucune atteinte du mal, lorsque déjà le dégoûtant fléau frappait les Français et les Napolitains en deçà du Phare. S’il est vrai, comme le dit Voltaire, qu’il en soit de cette maladie comme des beaux-arts dont on ignore l’origine et l’inventeur, il se peut du moins que l’Amérique et Christophe Colomb aient été mal k propos mêlés à cette affaire, et que, loin d’avoir été transportée d’Amérique en. Europe, ce soit au contraire d’Europe en Amérique qu’elle l’ait été, vers ia fin du xve siècle et surtout au commencement du’ xvie siècle, par les aventuriers espagnols qui avaient pris part aux guerres d’Italie contre les Français.

Mais, k partir de 1494, tous les auteurs qui constituent cette pléiade de médecins singulièrement désignés par M. Rollel sous le nom de pères de -à.’syphilis sont unanimes k maudire le tléau nouveau, que sèment partout la prostitution et les armées. Ce mal inconnu les délie, et ils avouent leur impuissance contre cette peste qui n’épargne ni couronne ni crosse et que leurs pères ignoraient.

A. Benedictus, qui vivait au sein même du foyer où se développa cette affection, raconte comment, en 1494, on vit éclater cette maladie nouvelle, produite par le coït. Il décrit les ulcères des organes génitaux, qui sont l’origine du mal, les douleurs nocturnes, l’horrible aspect du patient, les ulcérations de la bouche et de la gorge, les pustules, les taches énormes, saillantes, la salivation mercurielle elle-même qui guérit ce mal affreux. Il ne confond pas tout cela avec les ulcères des organes génitaux, le bubon et les écoulements connus des anciens, qu’il relate dans un chapitre k part.

J. Gruenpeck, dans un livre édité en 1496, publie des observations faites sur sa propre personne. La maladie débute par une papule qui devient une grande pustule et qui, au bout de deux k trois mois, envoie continuellement sur toutes les parties du corps une vénéneuse humidité. Lorsque cette première pustule disparaît d’elle-même, une multitude d’autres envahissent tout le corps. Il décrit ensuite les diverses éruptions, leur forme et leur siège, et maudit l’ignorance des médecins, dont les plus célèbres le traitèrent si bien que, couvert de tubercules et de larges ulcérations qui vomissaient de la sanie, it se livra aux charlatans, qui le guérirent avec l’arsenic, l’or et le mercure. Le mal revint ; il fut guéri de nouveau ; le mal reparut encore et fut suivi d’une nouvelle cure.

U. de Hutten, en 1519, décrit la maladie de 1494 dont il fut aussi victime. Elle est contagieuse par le coït, et les enfants et les vieillards en sont exempts. Le gaïac le guérit, après qu’il eut’ onzn fois suivi le traitement des frictions au mercure.

M. Cuinianus dit que, en 1495, à Novare, il vit des écuyers et des fantassins dont la face et le corps entier étaient couverts de pustules ; que le mat débutait sur le prépuce et sur le gland ; que, au bout de quelque temps, survenaient des douleurs des bras, des jambes, et de grosses pustules qui rendaient les malades non traités semblables à des lépreux.

J. Cutanée (1805, Z>e morbo gallico) raconte que» en 1494, il survint eu Italie un mal monstrueux, que nul siècle n’a Connu, nouveau pour l’univers, nullement semblable aux autres ulcères. Un homme, selon lui, peut avoir les organes sains et donner la maladie par sou sang. Un homme peut être infecté par une femme saine qui vient d’avoir des rapports avec un homme malade, ia semence existant encore dans la matrice. Plusieurs nourrissons, atteints de ce mal, ont infecté leurs nourrices. Le lait d’une nourrice malade peut infecter le nourrisson, car le lait est infectant comme la sang. Il dit avoir vu des hommes braver un coït infect et rester sains ; mais il engage k ne pas tenter cette expérience. U déduit le pronostic des accidents consécutifs de l’aspect de la lésion primitive. Si l’on voit un ulcère enflammé et corrosif se développer sur la verge, avec chaleur et douleur, le virus est chaud et acre ; si, au contraire, l’ulcère est petit, avec peu de chaleur, et que l’infection soit restée longtemps latente, ators le virus est froid et obtus.

Citerai-je Fracastor ? Il assista à la naissance du fléau et fut son parrain. Comme Ca SYPH

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tanée, il fixe son incubation à un, deux, ou même quatre mois.

L’évêque Torella, médecin d’Alexandre VI, dans ses traités de la sy/ihitis, publiés de 1497 à 1500, décrit la maladie nouvelle importée, suivant lui, d’Amérique en Espagne en 1493. De là, elle fut portée en Italie, d’où bientôt elle envahit l’Europe. La matière en est contagieuse, maligne et virulente. Le mal débute par les organes génitaux ; mais si une autre partie du corps est mise en contact avec une pustule sordide et virulente, l’infection commence par elle.

On pourrait faire mille autres citations empruntées aux auteurs qui vivaient vers la fin du xve siècle et qui démontrent toute la nouveauté du mal, dont ils distinguent fort bien la lésion primitive et les accidents consécutifs des ulcères et des maladies de la peau connus des anciens. Maladie nouvelle, inconnue, différente de toutes autres, contagieuse par les rapports sexuels, débutant par un chancre induré qui ouvre la marche à la roséole, aux papules, aux pustules, aux tubercules, aux douléurs nocturnes, aux gommes, aux exostoses, avec rémissions par le mercure ; ’maladie héréditaire, se transmettant du nourrisson à la nourrice et réciproquement, par le sang, par les accidents secondaires, et débutant toujours par un chancre dur, calleux : tels sont les caractères précis qu’ils affirment et décrivent.

L’importation relativement moderne de la vérole est donc un fait hors de doute ; son mode de diffusion en Europe est loin d’être aussi certain. La variété de ses noms est une cause d’incertitude ; les peuples européens se renvoient à l’envi le reproche de son importation et lui donueiit des noms appropriés : mal allemand pour les Polonais, polonais pour tes Allemands ; chrétien pour les Turcs, turc pour les chrétiens, etc. L’esprit s’est exercé a le tourner en calembour et lui a fait donner le nom de Saint-Sement. Les Italiens prétendent l’avoir reçu de nous ; naturellement, nous leur renvoyons cet honneur. Un fait incontesté, c’est que l’inoculation s’est faite entre les deux peuples lors de l’expédition de Charles VIII en Italie. Reste k savoir si le mal français, comme on dit au delà des monts, ou le mal napolitain, comme on a dit longtemps de ce côté-ci des Alpes, descend en droite ligne des filles des Romains ou des tilles des Gaulois. Voltaire est naturellement du premier avis, mais il est trop Français et trop malin pour l’aire foi :

Quand les Français à téta foila S’en allèrent dans l’Italie, Ils gagnèrent à l’étourdie Et Gène etNapk et la vérole ; Puis ils Curent chassés partout. Et Gène et Naple on leur ôta ; Mais ils ne perdirent pas tout, Car la vérole leur resta.

La certitude qu’on possédait en 1494 que l’invasion de ce iléau était récente n’empêcha point une prompte et inexplicable confusion. Dès 1530 on en vint, ou ne sait comiueut, niais par terreur du mal peut-être, k considérer le chancre infectant, le chancre simple et la bleunorrhagie comme également susceptibles de donner la syphilis, et l’erreur régna eu maitresse. L’esprit humain mit plus de trois siècles k débrouiller le chaos dans lequel il eût été si facile de ne pus tomber. Ces trois siècles de tâtonnements furent marqués cependant par un certain nombre de découvertes successives qui préparèrent les voies à cette théorie de la dualité dont la paternité revient tout entière à un observateur éminent, M. Basset-eau, et qui n’est qu’un retour, cette fois définitif, puisqu’il est oasé sur les faits, aux doctrines admises sans conteste pur les premiers syphiligraphes. Voyons d’abord comment la bleunorrhagie fut séparée de la syphilis et du chancre simple.

En 1777, le professeur Tode, de Copenhague, émit l’idée que la bleunorrhagie et la syphilis pouvaient ne pas être la même maladie. B. Bell, en 1793, et plus tard sou traducteur et commentateur, Bosquitton, en 1802, reprirent cette thèse, mal accueillie à sa naissance, et fournirent de nouveaux arguments en sa faveur. Lu meilleure raison qu’ils donnèrent était tirée du vieil adage : Naluram moroorum curatianes ostendutu. Ils démontrèrent l’inutilité du traitement inercuriel contre la gonorrhée, l’efticacité, la nécessité même de son emploi contre toutes les affections syphilitiques. Bientôt après, en 1SOS, la Société de médecine de Besançon mit au concours cette question alors très-disculée et demanda de déterminer par des expériences et des observations concluantes s’il y a identité de nature entre la gonorrhée et la sypkilis, entre les deux virus de ces maladies ; si l’une peut donner l’autre et si le traitement qui convient à l’une peut être uppiiqué k 11 autre. Heriiandez, dans un mémoire couronné en 1812 à Besançon, démontra la nonidentité des deux maladies.

La syphilis se transmet par contagion directe, non par infection k distance. Le contact est nécessaire, et peut-être même la dénudation de l’épidémie ou de l’epithéliuin, pour que la transmission ait lieu. Dans cette action de l’individu malade sur l’individu sain, un agent morbide visible et tangible intervient ; cet agent, c’est le plus souvent la chancre ; quelquefois c’est une plaque muqueuse ou une lésion syphilitique secondaire.

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