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variable, on fait connaître les changements au moyen desquels ils peuvent exprimer toutes les modifications de genre, de nombre, de personne, de temps, de rapports de toute nature dont ils sont susceptibles. L’énumération et la distinction de ce qu’on appelle les parties du discours, la formation du fé-> minin et du pluriel, celle des eus dans les langues à déclinaisons, la conjugaison des" verbes, sont les parties les plus importantes de la lexicologie. La syntaxe diffère de la lexicologie en ce que, supposant connues la nature et les flexions grammaticales des mots considérés isolément, elle se propose uniquement d’établir les règles à suivre quand on veut assembler ces mots pour les faire servir à exprimer des pensées complètes ou des jugements, pour composer ce que les grammairiens appellent un discours, Parmi ces règles, les unes ont pour objet la concordance en genre, en nombre et en personne des mots qui servent à désigner les mêmes objets sous divers points de vue ; d’autres déterminent la construction dos phrases, c’est-à-dire l’ordre dans lequel les mots doivent être disposés ; d’autres enfin font connaître quels sont les mots ou les formes de mots les plus propres à. exprima nettement la pensée selon toutes ses nuances. On sait qu’en français les adjectifs qualificatifs ou déterminâtes, les pronoms ai, dans certains cas, les participes s’accordent en (jenre et en nombre avec le substantif auquel ils se rapportent. Mais cette règle, qui parait si simple, ne suffit pas ; car il arrive souvent qu’un mot susceptible de concordance so rapporte ou parait se rapporter à plusieurs substantifs, et alors il faut dire d’abord dam quelles circonstances ce rapport multiple est réel, puis quel effet doit produire un rapport multiple, puis enfin dans quels cas le rapports multiple en apparence se réduit en réalité à un rapport simple. Ainsi, il y a réellement rapport multiple quand on dit : Un père et une mère indulgents ; c’est pour cela précisément que l’adjectif indulgents se met au pluriel ; mais, comme les deux substantifs sont ici de genre différent, c’est a la syntaxe qu’il appartient de déterminer le genre auquel on doit donner la préférence pour l’adjectif. Ainsi encore, kl y a rapport multiple apparent dans cette phrase : La loi rend le père ou la mère responsable des délits commis par l’enfant ; niais la syntaxe apprend qu’ici l’adjectif doit être considéré comme étant en rapport avec la mère seule, parce que la conjonction ou exclut ou fait oublier le substantif père énoncé le premier. On comprend, d’ailleurs, que nous n’allons pas entrerdans tous les développements auxquels donnent lieu les règles de concordance -, nous ne faisons pas ici un cours de grammaire, nous ne voulons qu’exposer clairement ce que les grammairiens entendent par syntaxe. Nous ne ferons plus, à propos de la concordance, qu’une seule remarque générale : elle est utile, elle est nécessaire dans toutes les langues où elle a été établie par l’usage ; mais elle n’est point d’une nécessité absolue pour l’expression de la pensée. En anglais, et sans doute dans plusieurs autres langues, les adjectifs ne varient tii pour le geDre ni

Î>our la nombre, et cela n empêche pus la angue d’être parfaitement propre à exprimer toutes les nuances do la pensée, à les exprimer avec élégance, car on sait que la littérature anglaise est une des plus riches qui existent, qu’elle compte des chefs-d’œuvre dans tous les genres d’écrire. Outre la concordance en genre et en nombre, il y a encore la concordance en personnes, qui est spécialement propre aux verbes, et toutes les observations qui précèdent s’appliquent également à cette partie de la syntaxe. On pourrait encore ranger parmi les règles de concordance celles qui déterminent la manière dont les temps au subjonctif, ou même ceux de l’indicatif dans les propositions incidentes ou complétives, doivent correspondre aux temps du. verbe de la proposition principale ; mais les principes qu’établit la syntaxe à ce sujet rentrent plutôt dans la troisième des classes de règles que nous avons distinguées.

Les règles de construction sont très-simples dans notre langue, comme dans presque toutes les langues modernes, parce que l’ordre dans lequel les mots doivent être disposés est presque toujours conforme à celui des idées. Il n’en était pas de même dans les langues anciennes, où la déclinabiiité des substantifs permettait des inversions qui, chez nous, rendraient souvent la phrase inintelligible. Cependant, nous faisons aussi

quelquefois des inversions, surtout en ce qui regarde la place des pronoms, et c’est la synlax$ qui apprend dans quel cas une inversion est nécessaire ou permise. D’autres inversions sont permises en poésie, et la lecture des bons postes suffit pour mettre à même d’employer ces inversions avec goût. Quant aux règles qui ont pour objet le bon emploi des mois relativement à la pensée qu’il s’agit d’exprimer, elles exigeraient, pour eue complètes, l’exacte définition de tous lea mots de la langue, rémunération de toutes leurs acceptions (et quelquefois elles sont nombreuses), la distinction des nuances qui différencient les expressions synonymes et, en général, tout ce qu’on lit dans de gros dictionnaires ; L’étude du< !ù :ùi>iinaire devrait donc faire partie d’une syntaxe qu> i<» vou SYNT

drait rien omettre d« ce qui doit être connu pour mettre en état d’assembler convenablement les mots d’une langue et de former un discours parfaitement adéquat à la pensée qu’il s’agit d’exprimer. Mais, en ce qui regarde les substantifs, les adjectifs qualificatifs, les verbes et les participes, les grammairiens se contentent ordinairement de signaler quelques cas particuliers où le danger d’un faux emploi leur a paru plus grand que dans les circonstances ordinaires. Il en est autrement de l’article, des adjectifs déterminatifs, des pronoms, des prépositions, des conjonctions f comme les mots compris sous ces dénominations sont en petit nombre et reviennent à tout moment dans le discours, les grammairiens ont senti la nécessité d’établir des règles assez nombreuses pour faire connaître non-seulement dans quels cas ils doivent ou peuvent être employés, mais encore quelles sont les conséquences de leur emploi par rapport aux mots qui les précèdent ou qui les suivent dans une même phrase. À ce point de vue, la syntaxe donne souvent lieu a des détails qui manquent dans les dictionnaires, si l’on en excepte toutefois ceux qui sont très-volumineux, tandis que pour les autres mots, si nombreux dans toutes les langues, la syntaxe n’essaye pas même d’entrer en lutte avec les dictionnaires et se voit obligée d’y renvoyer quiconque veut posséder la connaissance entière de la langue.

Parmi les exercices qu’on regarde comme les plus nécessaires pour les enfants a qui l’on enseigne la grammaire, on sait qu’il y a deux sortes d’analyses, appelées analyse grammaticale et analyse logique. La première est ordinairement considérée comme se rattachant à la lexicologie et la seconde à la syntaxe. Cette distinction n’est peut-être pas d’une exactitude bien rigoureuse, et il serait plus vrai de dire que l’analyse grammaticale exige surtout la Connaissance parfaite de la lexicologie, tout en exigeant aussi que l’élève sache déjà discerner certains rapports qui ne s’établissent entre les mots que lorsqu’ils sont associés. Mais on est parfaitement fondé à considérer l’analyse logique Comme une dépendance de la syntaxe, puisqu’elle consiste tout entière à discerner la rôle des mots les uns par rapport aux autres, quand leur association exprime des pensées plus ou moins complètes, et les rapports qui régnent entre les propositions.

Synluxe nouvelle de In langue cblnoUo,

par M. Stanislas Julien (Paris, 18S9, 1 vol. in-8°). M. Stanislas Julien n’a pas voulu proprement écrire une nouvelle grammaire chinoise, mais plutôt un supplément aux grammaires chinoises publiées jusqu’à ce jour. Aussi laisse-t-il de côté tout ce qui a trait h la lecture et à la prononciation. Il suppose aussi connues les notions les plus élémentaires ; il ne parle point, par exemple, des noms de nombre ni des pronoms ; mais il examine en détail tout < e qui se rapporte à l’arrangement de la phrase et aux règles do position, et c’est là précisément la principale difficulté de la langue chinoise. Les dictionnaires, en effet, donnent bien le sens des mots ; mais la valeur qu’ils prennent en telle ou telle circonstance, la manière de les grouper entre eux et de les subordonner les uns aux autres es* ce qui arrête la plupart des étudiants et ce qui rend si difficile l’étude de cette langue.

L’ouvrage de M. Stanislas Julien se divise en cinq parties. Dans la première partie, il traite d’abord du nom et du verbe ; car il est obligé, comme tous ses prédécesseurs, d’introduire les termes de la grammaire européenne dans une langue où tousses mois

sont indéclinables et peuvent prendre tour à tour les rôles les plus divers. Il y a là non-seulement une utilité pratique, mais une nécessité psychologique a laquelle il est impossible d’échapper. M. Stanislas Julien, à l’imitation des anciens missionnaires, va jusqu’à établir une déclinaison complète ; aux six cas du latin il ajoute même le locatif et l’instrumental. Dans sa grammaire, l’adjectif a aussi ses degrés de comparaison, et le verbe une conjugaison à laquelle rien ne manque.

La seconde partie est intitulée Monographies. L’auteur y étudie le rôle et l’emploi des particules tchi, i, so.ioei, tohe, eal, yu, tchou, qui sont des roots dépouillés de leur sens propre et servant à la construction de la phrase. Cette partie offre un vif intérêt. L’auteur, qui a débuté comme philologue en 1824, par un travail analogue sur les caractères i, yn et heu, donne ici, avec une clarté parfaite, les résultats de sa longue expérience du chinois.

Dans la troisième partie, M. Julien donne un supplément aux Monographies. C’est la traduction d’un traité chinois subies particules et les principaux termes de grammaire, composé à la du du siècle dernier par un savant chinois nommé Wang-in-tchi.

La quatrième partie contient une table des particules qui servent à former des idiottsmes. M. Julien y a joint les prépositions les plus usitées, avec leurs principales significations. Cette table est rangée par clefs.

Enfin, la cinquième partie comprend cent vingt pages de texte chinois, accompagné de la traduction mot par mot. M. Julien a choisi los fables et apologues dont il a publié autrefois la traduction sous le titre ti’Avaùûnas.

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Comme on peut le voir par cette rapide analyse, ce liVre offre une grande importance. « Mieux que toutes les descriptions, a dit M. Michel Bréal, il permet au philologue de pénétrer dans l’organisme de la langue chinoise. Il n’est pas jusqu’à la méthode employée par l’auteur qui ne soit faite pour intéresser un esprit attentif ; en mettant en regard deux idiomes aussi différents de structure que le chinois et le français, elle offre au linguiste et au philosophe un spectacle non moins instructif que curieux. »

SYNTAXER v. a. ou tr. (sain-ta-ksé —rad. syntaxe). Grainm. Soumettre aux règles de la syntaxe : Selon toutes les probabilités, la massore n’a dû sa naissance, ainsi que les grammairiens hébraïques, qu’à la nécessité où l’on fut au ix° siècle d’analyser, -de syntaxkr, de fixer la langue de David et de Moïse. (Denne-Baron.) Il Pou usité.

SYNTAXIQUE adj. (sain-ta-ksi-ke — rad. syntaxe). Qui appartient, qui a rapport à la syntaxe : Ordre syntaxique. Règles syntaxiques. Le xvo siècle vit l’achèvement de la révolution syntaxique gtti aeait été commencée par le xiv». (E. Littré.)

SYNTÉCOFYBE s. f. (sain-té-ko-pi-regr. suntêkà, je fais fondre). Pathol. Fièvre colliquative. n Peu usité.

SYNTÉNOSE s. f. (sain-té-nô-ze — du préf. syn, et du gr. tenon, tendon). Anat. Articulation dans laquelle deux os sont joints par uu tendon.

SYNTEXIE s. f. (sain-tè kst — du gr. suntêkà, je fais fondre). Pathol. Colliquation. II Peu usité.

SYNTHÈME s. m. (sain-tè-me — gr. sunthêma ; de sun, avec, et de lithèmi, je place). Antiq. milit. Mot d’ordre dans les armées grecques. Il Ordre de réquisition, chez les Romains. Il Ordre du jour des légions romaines.

SYNTHÈR1SME s. m. (sain-té-ri-sme — du préf. syn, et du gr. (herismos, moisson). Bot. Genre non adopté de graminées, de la tribu des panicées, formé aux dépens des panics.

SYNTHÈSE s. f. (sam-tè-ze — gr. swtthesis ; de sun, avec, et tithêmi, je place). Logiq. Méthode de démonstration qui descend des principes aux conséquences, des causes aux effets : La synthèse est opposée à l’analyse. (Acad.) Newton a marqué dans ses ouvrages une sorte de prédilection pour la synthèse. (D’Aleinb.) Le regard succède à la vue, la réflexion an sentiment, l’analyse libre à la synthèsk involontaire. (Jouifroy.) La science est la construction régulière des synthèses, après analyse préalable. (0. Renouvier.) Toutes les sciences commencent par l’analyse et finissent par la syntuèsb. (Ch. Lemaire.) Si le raisonnement ne s’appuyait pas sur des priticipes antérieurs à la raison, l’analyse n’aurait pas de fin, ni’la synthèsk de commencement. (Royer-Collard.) 2’outes les intelligences ne goûtent pas les brièvetés de la synthèse, (balz.) Il serait possible de vérifier dans presque toutes les langues’ une marche constante de la synthèse à l’analyse. (Renan.) Il Dans la philosophie kantienne, Résolution de deux idées antithétiques en une troisième idée, y Par ext, dans le langage vulgaire, Généralisation, groupement de faits particuliers en un ensemble qui les embrasse et les résume ; objet qui est comme le résumé, le résultat typique de toute une série d’objets ; Seloti Edgar Quinet, la France est en quelque sorte ou plutôt devrait être la synthèse des nations, l’institutrice des peuples. (T. Delord.)

— Matliém. Mode de démonstration qui consiste à partir d’une proposition démontrée ou évidente pour arriver, de déduction en déduction, à celle que l’on veut établir, contrairement au procédé de l’analyse qui, partant de la vérité à démontrer, la rattache, par une série de raisonnements, à une proposition reconnue vraie.

— Chim. Opération par laquelle on combine des corps simples pour en former des composés, ou des corps composés pour en former d’autres d’une composition plus complexe.

— Chir. Opération ou emploi de moyens thérapeutiques ayant pour but de réunir les parties divisées, de ramener à leur position première celles qui ont été déplacées : Les bandages, les emplâtres, les attelles agissent par synthèse. Il Synthèse de continuité, Réunion des parties accidentellement divisées, il Synthèse de contiguïté, Rapprochement des parties accidentellement écartées.

— Pharm. Art ou action de composer des remèdes..

— Rhétor. Syn. de syllepsk.

— Antiq. rom. Robe que les Romains portaient pendant le repas.

— Encycl. Philos. La synthèse répond à l’analyse, dont elle est à la fois le principe et la fin : le principe, en ce qu’elle lui présente un ensemble à débrouiller, à démêler, à décomposer, pour en distinguer les éléments ; la fin, en ce que l’ensemble qu’elle lui présente, et que l analyse décompose, doit être reconstruit, et que l’analyse n’a d’autre but que cette reconstruction réfléchie et savante de l’unité d’ensemble détruite par elle. L’intelligence, mise en présence d’un objet quelconque, en connaît d’abord l’ensemble, l’unité. Mais, pour arriver à le mLeu* connaître,

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il faut qu’elle applique son attention sur un détail ou sur un point de cet objet, puis sur un autre, jusqu’à ce qu’elle en ait considéré successivement tous les points ; ensuite, qu’après l’avoir ainsi décomposé en la variété des éléments qui le constituent, elle le recompose en leur unité : synthèse primitive ou syltepse (v. ce mot), analyse, synthèse finale, telle est la marche de l’esprit.

L’analyse (àvd^titn ;, décomposition) consiste à séparer les éléments d’une chose pour les mieux connaître ; elle passe du composé au simple, du particulier au général, du concret à l’abstrait. Le tout, en effet) est la chose concrète, et les éléments, le plus souvent, ne sont que des abstractions.

La synthèse (irMtatî, réunion, composition) est précisément l’opération inverse. Elle rapproche les éléments que l’analyse a isolés et reproduit l’unité détruite. Elle passe du simple au composé, du général au particulier, de l’abstrait au concret.

Ces deux opérations ne vont pas l’une sans l’autre, et elles sont également nécessaires à l’esprit humain. Sa première vue embrasse un objet dans sa totalité, dans son unité, mais confusément ; il faut qu’il en regarde un point avec l’attention qui lui ôte la vue de tous les autres points, et par conséquent qu’il les regarde ainsi tour à tour et les rapproche les uns des autres à mesure qu’il les a parcourus, jusqu’à ce qu’il revienne à l’unité de l’objet ; il faut qu’il décompose et recompose " tout ce qu’il étudie. Sans l’analyse, point de connaissance nette, distincte ; mais sans la synthèse, nulle connaissance de l’objet même qu’on veut connaître ; on en connaît les détails, on ne le connaît pas lui-même. Encore ne connatt-on ces détails que parce qu’on les rapporte toujours mentalement à l’ensemble primitivement aperçu, c’est-à-dire parue qu’on en fait toujours la synthèse, sans le vouloir et sans le savoir, par cela seul que l’on connaît. La synthèse est la connaissance même, l’analyse n’en est que la condition. Il en est toujours ainsi, quel que soit l’objet de l’étude, physique ou moral, expérimental ou rationnel.

Il y a une synthèse rationnelle, comme il y* a une synthèse expérimentale. Analyser une idée, la décomposer en ses éléments purement idéaux, c’est faire une analyse rationnelle, qui prépare une synthèse du même ordre. Les’sciences exactes suivent cette méthode ; elles posenten principe une définition, c’est-à-dire la détermination d’une notion, qu’elles décomposent ensuite en ses éléments, c’est-à-dire qu’elles analysent ; c’est par l’analyse de la notion du triangle, par exemple, qu’on en découvre les propriétés. Cette méthode, essentiellement analytique, est celle que les géomètres nomment synthétique ; chose, curieuse, mais qui s’explique par cette considération qu’il y a deux synthèses, une primitive, appelée quelquefois syltepse, et une finale ; la définition d’où l’on part, la notion qu’on décompose est une totalité, un ensemble, une synthèse primitive. Les géomètres entendent par méthode synthétique celle qui part de principes généraux pour en déduire les conséquences de plus, eu plus particulières qu’ils y trouvent comprises. C’est ce qui a fait croire et dire que la synthèse va du général au particulier, et l’analyse du particulier au général ; erreur, on l’a vu. La méthode synthétique des géomètres peut garder ce nom, si on le tire de ce qui est le caractère du point do départ, du priucipe ; mais non pas si on lu tire du caractère de la marche qu’elle suit, laquelle, étant une déduction, est une décomposition idéale, une analyse.

La synthèse expérimentale présente des’earactères très-remarquables, correspondant à deux sortes d’analyse : ou l’analyse ne se fait que par la pensée, ce qui arrive quand on observe tour à tour tous les éléments, d’ailleurs inséparables de la chose qu’on étudie, où elle se fait eu réalité. Les chimistes décomposent les corps et les recomposent. Quand leur analyse trouve dans l’eau de l’hydrogène et de l’oxygène, elle ne se contente pas d’y reconnaître ces deux éléments, elle les sépare, et leur synthèse les réunit de nouveau. Il n’est pas toujours possible de réunir ainsi ce qui a été séparé ; mais, quand cette opération peut se faire, elle est la plus éclatante vérification de l’analyse qui la précède, et la science en tire une autorité qui la place bien au-dessus de toute atteinte. Cette sorte de synthèse, qui est réelle, se nomme synthèse chimique.

— Chim. La synthèse en chimie est d’une haute importance. Tout d’abord, il faut distinguer soigneusement les synthèses minérales des synthèses organiques. En chimie minérale, nous opérons sur des éléments stables que nous pouvons soumettre à l’action de réactifs énergiques sans les détruire ; aussi la synthèse est-elle toujours, sinon facile, au moins possible. Les exemples de synthèse abondent ; pour ne rappeler que les plus célèbres, nous citerons la synthèse de l’eau ; c’est à Cavendish que l’on doit cette synthèse. Au commencement de 1781, le physicien anglais Warltire, faisant passer une étincelle électrique dans un mélange d’air et d’hydiogèue, vit les deux gaz diminuer de volume ; ce fut tout. Cavendish eut connaissance de ces faits ; il répéta les expériences de Warltire, mais il observa la formation de l’eau et, après l’avoir pesée, il ajouta son poids à celui du gaz restant et ne constata aucun changement de