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deMalplaquet, et prit part aux sièges du Quesnoy, de Landau et de Fribourg. Lieutenant général en 1704, il obtint dix ans plus tard que sa terre de Fontenay fût érigée en duché-pairie et reçut l’autorisation de se faire appeler duc de Rohan-Rohan. Deux ans auparavant, après la mort de son père (1712), il avait re, gu le gouvernement de Champagne. Ce fut lui qui, en 1721, fut chargé d’aller recevoir à la frontière d’Espagne l’infante que Louis XV allait épouser, et qui, l’année suivante, représenta le grand maître de France au sacre de ce prince. — Son fils, Louis-François-Jules de Rohan, prince de Socbise, né en 1697, mort en 1724, devint en 1717 capitaine des gens d’armes du roi et épousa la fille du prince d’Epînay, qui fut nommée en 1722 gouvernante des enfants de France avec M’e de Ventadour. Il mourut de la petite vérole, laissant cinq enfants, notamment le prince Charles et le cardinal Armand, dont nous allons parler.

SOUBISE (Charles de Rohan, prince de), maréchal de France, fils du précédent, né a Paris le 16 juillet 1715, mort dans la même ville le 4 juillet 1787. Général inhabile et malheureux, courtisan souple et adroit, ami de Louis XV, complaisant des favorites, il devint, sans talent et sans mérite, maréchal de France, n inistre d’État et s’allia même à la famille royale en 1753 par le mariage de sa fille aînée, Charlotte-Elisabeth, avec le prince de Condé. Le prince de Soubise n’avait que neuf ans lorsqu’il perdit son père, le prince François-Jules (1722). Élevé par son grand-père, il entra de bonne heure à la cour, où, par son caractère facile, il gagna complètement les bonnes grâces du jeune Louis XV, dont il devint « l’ami de cœur. » À dix-neuf ans, il fut nommé capitaine des gens d’armes du roi, gouverneur de la Champagne, et épousa Louise de La Tour-d’Auvergne, princesse de Bouillon, qui mourut en 1739. L’année suivante, it reçut le grade de brigadier de cavalerie (1740) et se remaria en 1741 avec Thérèse de Savoie, princesse de Carignan, qui le laissa veuf pour la seconde fois en avril 1745. Maréchal de camp en 1743 et aide de camp du roi, il suivit à ce titre Louis XV dans les campagnes de Flandre (1744-1748), assista à la bataille de Dettingen, aux sièges de Menin, d’Ypres, de Furnes, reçut une blessure grave devant Fribourg, donna des preuves de courage à Fontenoy, où il défendit le poste d’Antoing, à Raucoux, à Lawfeld, et obtint le grade de lieutenant général (l« janvier 1748). Pendant le cours de ses campagnes, le prince de Soubise avait épousé en troisièmes noces la princesse Christine de Hesse-Rheinfeld (20 décembre 1745). Profitant de l’extrême faveur du roi, qui l’admettait dans ses petits soupers intimes, Soubise émit cette prétention, que la maison de Rohan devait prendre rang immédiatement après les princes du sang, au-dessus de tous les autres pairs, et adressa à Louis XV deux mémoires, dans lesquels il contestait aux pairs le droit singulièrement puéril de porter les plats à la cène ou le goupillon. Après avoir été au mieux avec Mie de Châteauroux, maitresse du roi, il se montra l’ami dévoué de Mme de Pompadour, qu’il aida à renverser Maurepas du ministère, et qui, de son côté, lui’ lit donner le gouvernement de Flandre (1751) ; puis il négocia le mariage de sa fille aînée avec le prince de Condé (1753). Ce fut à cette occasion que Soubise prit la qualité de« très-haut et très-excellent prince, » ce qui provoqua des protestations de la part des princes du sang. En 1756, lorsque commença la guerre de Sept ans, le prince de Soubise reçut un commandement dans l’armée du maréchal d’Estrées, qui pénétra en Westphalie et remporta la victoire d’Hastembeck (1757). Peu après, par le crédit de Mme de Pompadour, il fut mis à la tête d’une division de 25,000 hommes, destinée à agir contre les Prussiens, et que vint grossir le contingent allemand sous les ordres du prince de Saxe-Hildburghausen. Le 4 novembre 1757, Soubise rencontra Frédéric le Grand à Rosbach et essuya une honteuse défaite (v. Rosbach). Cet échec, dont l’effet moral fut considérable en Europe, ne fit point baisser la faveur du général courtisan, qui se vit criblé d’épigrammes. Placé dès l’année suivante à la tête d’une nouvelle armée, il obtint ù Sundershausen (23 juillet), puis, grâce à Chevert, k Lutzelberg (10 octobre), des succès qui lui valurent le bâton de maréchal de France (19 octobre) et son entrée au conseil comme ministre d’État (18 février 1759). Pendant la campagne de 1761, Soubise reçut le commandement d’une armée de 110,000 hommes sur les bords du Rhin. Malgré les instructions qu’il avait reçues, dans l’espoir d’assurer le succès de la campagne, il fit sa jonction avec l’année du maréchal de Broglie, qui, pour ne pas laisser à Soubise l’honneur des victoires que devaient remporter les armées combinées, attaqua le prince de Brunswick à Wittinghausen et’ fut battu (15 juillet 1761). De Broglie accusa Soubise de ne l’avoir pas secouru ; ce dernier, de son côté, accusa son collègue de ne l’avoir point averti de son mouvement. Les deux généraux adressèrent k ce sujet des mémoires au roi, qui donna gain de cause k son favori et exila de Broglie (17 février 1762). Encore une fois, Soubise se vit en butte à une grêle de traits satiriques. Il conserva le commandement de son

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armée, mais on lui adjoignit le maréchal d’Estrées. Très-brave, mais dépourvu de talents militaires, constamment indécis, circonspect, manquant de coup d’œil, il se lit encore battre à Wilhelmstadt (1762), remporta un avantage à Johannisberg et se retira complètement du service actif après la paix de Paris (15 février 1763). Depuis, sa vie ne fut plus que celle d’un courtisan mêlé à toutes les intrigues de la cour corrompue de Louis XV. Il continua à menerj en compagnie du roi, la vie la plus dissolue et s’attacha à Mme Du Barry, comme il s’était attaché aux précédentes maitresses en titre du roi. Pour plaire à la nouvelle favorite, il consentit au mariage d’une de ses parentes, MUe de Tournon, avec le vicomte Du Barry. En 1771, il fut chargé de ramener à la cour le prince de Condé, qui s’en était retiré après avoir signé la protestation des princes au sujet de la dissolution du parlement. Lorsque mourut Louis XV, pour lequel il avait un véritable attachement et k qui, tout en flattant ses passions, il savait à l’occasion parler avec franchise, il fut le seul de toute la même des courtisans qui escorta sa dépouille mortelle à Saint-Denis. Sous Louis XVI, il fut maintenu au conseil, où il siégea jusqu’à l’époque du fameux procès du cardinal de Rohan, et fit une certaine opposition aux réformes proposées par Saint-Germain et Turgot. Jusqu’à la fin de sa vie, il afficha avec éclat ses maltresses, qui étaient pour la plupart des courtisanes, et dont l’une des plus connues était la Michelon.

SOUBISE (Armand de Rohan, cardinal de), prélat, frère du précédent, né à Paris en 1717, mort à Saverne en 1756. Il prit en entrant dans les ordres le nom d’abbé de Yenlarfour, puis devint successivement abbé de Saint-Epvre (1736), de Lure et de Murbach (1737) et recteur de la Faculté des arts de Paris (1739). En 1741, Armand de Rohan prit le grade de docteur en Sorbonne, et, bien qu’il n’eût aucun titre littéraire, l’Académie française le reçut, cette même année, au nombre de ses membres. Nommé, en 1742, coadjuteur du cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg, il reçut alors le titre d’évêque de Ptolémaïde. En 1747, le pape Benoît XIVlui ayant donné le chapeau de cardinal, sur la demande d’Edouard Stuart, il prit le nom de cardinal de Soubise, mais n’alla jamais à Rome. Après la mort du cardinal de Rohan (1749), il lui succéda comme évêque de Strasbourg et grand aumônier. Le cardinal de Soubise se ht remarquer par la régularité de ses mœurs et par sa charité.

Soubise (hôtel de), célèbre habitation seigneuriale du xvite siècle, située à l’angle des rues des Francs-Bourgeois et des Archives, aujourd’hui occupée par les Archives nationales et l’École des chartes. Cet hôtel, dont l’histoire remonte assez haut, doit ses premières constructions à Olivier de Clisson, connétable de France. Auparavant, c’était une grande construction avec terrains, connue sous le nom de grand chantier du Temple et dont les Parisiens firent don au connétable en compensation et dédommagement de l’attentat dont il faillit être i victime de la part du sire de Craon (v. I Clisson). L’hôtel Clisson était, au commencement du xve siècle, la propriété du comte de Penthièvre. Vers cette époque, il passa à un sieur Babou de La Bourdaisière, qui, le 14 juin 1553, le céda à Anne d’Esté, épouse du célèbre François de Lorraine, duc de Guise, dit le Balafré, moyennant 16,000 livres. Celui-ci, trois ans après (7 octobre (1556), en fit présent à son frère, le cardinal de Lorraine, qui lui-même, le 4 novembre de la même année, le donnai titre de substitution à Henri de Lorraine, prince de Joinville, son neveu, depuis Henri de Guise, le même qui fut assassiné, en 1588, au château de Blois par les ordres de Henri III. L’hôtel de Guise porta ce nom jusqu’en 1697, où François de Rohan, prince de Soubise, l’acheta des héritiers de la duchesse de Guise et le fit reconstruire tel qu’il est encore (1706). Saint-Simon, l’impitoyable chroniqueur de la cour de Louis XIV, donne aux grandes sommes d’argent que coûta cette construction une origine assez scandaleuse ; suivant lui, Mme de Soubise aurait profité en habile épouse de la faveur éphémèredu roi-soleil quelque peu à son déclin : 11 faut lire dans les célèbres Mémoires du duc les détails de cette aventure, comment certaine parure, mise tel jour par la princesse, prévenait tacitement le roi d’un voyage momentané (et peut-être complaisant) du prince à Paris.

Quoi qu’il en soit, à l’époque où le prince de Soubise acquit l’hôtel de Guise, le principal corps de logis, qui s’étend de la rue du Chaume au jardin et dont la façade donnait sur un passage conduisant de cette rue à la rueVieille-du-Temple, avait étéconstiuit pour le duc Henri de Guise par l’architecte Lemaire. La porte d’entrée se présentait en pan coupé sur l’angle de la rue du Chaume et de ce passage. C’est la porte flanquée de tourelles qu on voit encore. Derrière cette porte, entre ces tourelles, à l’intérieur, existait une chapelle ornée de peintures à fresque dues k Nicolo, peintre florentin, appelé en France par François Ier et qui décora plusieurs pièces du palais de Fontainebleau. Le prince de Soubise, abandonnant l’ancienne façade comme trop mesquine ouvrit sur la rue de

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Paradis (actuellement rue des Francs-Bourgeois prolongée) la majestueuse porte qu’on admire encore. On retourna l’ancienne porte dans l’alignement de la rue du Chaume, en face de la rue de Braque et de l’ancien passage, lequel resta toujours ouvert au public, quoiqu’il traversât tout l’hôtel sous les fenêtres mêmes du bâtiment principal. Il ne fut fermé qu’à la Révolution. La nouvelle porte fut décorée au dedans et au dehors de deux groupes de colonnes accouplées, à l’intérieur composites et corinthiennes à l’extérieur, formant de chaque côté avant-corps, avec couronnements en ressaut, sur lesquels on posa une statue d’Hercule, par Coustou, et une de Pallas, par Bourdis. Au milieu de l’attique se voyait, peu de temps avant la Révolution, l’écusson en saillie des Soubise ; ça et là, sur les côtés, des trophées d’armes de distance en distance. Cette entrée, qui, sauf l’enlèvement des statues, a subsisté à peu près intacte jusqu’à nos jours, prépare bien par son frandiose un peu théâtral aux magnificences e l’intérieur.

L’hôtel proprement dit s’élève au fond

d’une cour immense (62 mètres de longueur sur 40 de largeur), affectant la forme elliptique dans l’extrémité qui fait face au bâtiment. Cette cour est entourée d’une galerie de cinquante-six colonnes d’ordre composite, accouplées, et d’un pareil nombre de pilastres correspondant aux colonnes. Sur cette galerie couverte en terrasse règne un pourtour. Elle fait de l’hôtel Soubise un monument à peu près unique. Le palais de la Légion-d’Honneur, rue do Lille, offre seul avec

lui, quoique bien inférieur, quelque ressemblance Le vestibule de l’hôtel et l’escalier, d’un ensemble magnifique, furent décorés de peintures par Brunetty. On y distingue encore une salle d’assemblée ornée de tableaux de Restout et diiférentes pièces où Boucher, Vanloo, Trémolière ont dépensé les trésors de leurs palettes. Derrière l’hôtel règne un jardin spiendide qui fut longtemps public.

En 1S08, on décida qu’on placerait à l’hôtel Soubise, que l’État venait d’acheter, le dépôt général des archives de France, création décrétée dès le 12 brumaire an II par la Convention nationale (1793) [v. archives]. Jusqu’alors les archives avaient été placées djins le local des assemblées législatives. En 1821, Louis XVIII, comprenant enfin l’utilité d’une institution que cependant il avait été un instant sur le point de détruire, créa l’Ecole des chartes, destinée à former des hommes capables de mettre en ordre les pièces contenues à l’hôtel Soubise. La nouvelle École y eut également son siège. Depuis lors, la destination n’en a pas changé, et l’hôtel Soubise a conservé fidèlement les archives du royaume, aujourd’hui archives nationales, en même temps que l’École des chartes ou des archivistes paléographes continue à s’y maintenir.

SOUBOUTAI ou SOUBADAI, surnommé Bahadour ou le Héros, général mongol du XIIIe siècle. Il était fils de Haban et servit, comme lui, sous les ordres de Gengis-Khan, dont il fut un des plus habiles généraux. Il prit, en 1212, la ville de Houan-Tcheou, appartenant aux Tchoutchis. Il vainquit ensuite successivement les Merkites, les Ouïgours, les Géorgiens, les Russes et les Kiptchaks ou Comans. Ayant reçu d’Ogodaï, successeur de Gengis, l’ordre de marcher contre les Chinois, il battit leur armée, forte, dit-on, de plusieurs centaines de mille hommes et prit successivement les villes de Pian (Khaï-Foung, dans le Ho-Nan) et de Tsaï (1234). L’année suivante, il fit, par ordre de Batou, une expédition contre les Comans et les Russes et remporta de grands succès. Il passa ensuite en Europe et mourut pendant la guerre contre les Hongrois, dans son campement sur le Danube, à l’âge de soixante-treize ans.


SOUBRANY (Pierre-Auguste DE), conventionnel, né à Riom en 1750, mort à Paris en 1795. D’abord officier de dragons, il adopta avec ardeur, bien que noble, les idées de la Révolution et devint, en 1789, maire de sa ville natale, où il donna des preuves du plus grand désintéressement. Élu député à la Convention dans le Puy-de-Dôme, il vota la mort du roi, sans appel ni sursis. Pendant la Terreur, il remplit les fonctions de commissaire aux armées de la Moselle et des Pyrénées-Orientales et donna constamment aux soldats l’exemple de la bravoure et des vertus républicaines. Revenu à son siège après le 9 thermidor, il trouva l’Assemblée en proie à toutes les fureurs de la réaction. Dans la journée du 1er prairial, il n’hésita pas à prendre fait et cause pour les faubourgs insurgés. Ce mouvement populaire ayant échoué, Soubrany fut condamné à mort avec plusieurs de ses collègues, Romme, entre autres, se frappa comme eux avec une paire de ciseaux qu’ils se firent passer de main en main et monta tout sanglant à l’échafaud. V. Romme.


SOUBRE, préfixe qui vient de l’espagnol sobre, italien sopra, latin super, sur, et qui a ordinairement ce sens dans les composés. Cependant, dans quelques-uns, une confusion s’est faite avec sous, vieux français soubs, latin sub, et alors le préfixe signifie Sous

SOUBHEDENT s. m. (sou-bre-dan — du lat. super, et de dent). Dent qui pousse sur une autre. Il On dit aussi surdent.

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SOUBRELANGUE s. m. (sou-bre-lan-ghe

— du préf. soubre, et de tangue). Pathol. Sorte d’ankyloglosse que l’on observe chez les enfants nouveau-nés, et qui consiste dans la transformation du frein de la langue en une sorte de bourrelet charnu.

j SOUBRESAUT s. m. (sou - bre - sô — du préf. soubre, et de saut). Saut brusque, inopiné, fait à contre-temps : Cheval qui fait un soubrksaut. Une voiture rude donne des soubresauts. (Acad.)

— Fig. Emotion vive et subite : Cette nouvelle m a donné un soubresaut, un violent soubresaut. Câlinât ne se laisse pas entraîner à ces soubresauts du point d’honneur, et il ne répond pas à l’aiguillon. (Ste-Beuve.) Il Action brusque et intermittente : C’est une insulte faite à l’humanité que de croire qu’elle procède par soubresauts dans sa marche vers le progrès. (J. Favre.)

— Fathol. Tressaillement brusque et involontaire, produit par la contraction instantanée des muscles : Les soubresauts sont un des prodromes du choléra.

— Art vétér. Suppression brusque et saccadée de l’inspiration ou de l’expiration, chez les chevaux poussifs.

SOUBRESAUTÉ, ÉE (sou-bre-sô-té — rad. soubresaut) part, passé du v. Soubresauter. Qui va par soubresauts : Les orateurs militaires peuvent dire à peu près dans le langage qu’ils veulent, trivial ou correct, uni -ou soubresauté, tout ce qui leur sort de la tête, sans qu’on les rappelle à l’ordre. (Cormen.) il Inus.

SOUBRESAUTER v. n. ou intr. (sou-bresô-té

— rad. soubresaut). Faire des soubresauts : Un cheval qui ne fait que soubresaut Er.

— Fig. Procéder por soubresauts, par mouvements brusques et intermittents : Un orateur qui SOUBRESAUTE.

SOUBRETTE s. f. (sou-brè-te. — L’origine de ce mot est inconnue. On l’a fait venir, sans grande apparence de vérité, de l’espagnol sobretarde, sur le tard, servante qui va, a la brune, porter les messages amoureux). Suivante de comédie : Emploi de soubrette. Rôle de soubrette. Jouer les soubrettes. , ... Soubrette du théâtre, Elle aspire aux bravos du public idolâtre.

C. Délavions.

— Par ext. Femme de chambre délurée, intrigante : Jolie soubrette. Soubrette vive, agaçante. Sous de riches habits, elle a toujours l’air et les manières d’une soubrette. (Acad.) Voilà une soubrette qui me parait bien alerte. (Danc.) Joli brin de fille, ma foi l que cette soubrette. (Alex. Dum.)

Les soubrettes, ma foi, sont heureuses en tout ; De renverser le monde elles viendraient à bout.

DESMABia,

— Encycl. Théâtre. Le rôle de soubrette a [une importance généralement considérable. On le retrouve dans les genres les plus divers, dans la comédie comme dans l’opéracomique, dans le drame comme dans le vaudeville. La qualification de soubrette s’applique ordinairement à des personnages de suivantes, de servantes, de femmes de chambre. Naturellement, ces personnages sont d’une allure Un peu cavalière, d’un caractère décidé, effronté et parfois un peu égrillard ; il faut citer en premier lieu, sous ce rapport, les servantes de Molière, puis celles de Regnard, de Marivaux, de Beaumarchais, et nous voyons aussitôt défiler en rangs pressés ces types charmants et familiers de Dorine, de Marinette, de Lisette, de Louison, de Javotte, de Toinon, de Suzanne, et tant d’autres dont il serait inutile de donner ici les noms.

Plus tard, et par une extension toute naturelle, on généralisa cette dénomination de soubrette eu l’appliquant, non plus seulement aux rôles de servantes, mais à tous ceux qui en reproduisaient les allures particulières, c’est-à-dire l’effronterie, la crânerie, la malice et parfois le dévergondage. C’est ainsi qu’on créa par la suite 1 emploi des soubrettes travesties, c’est-à-dire de rôles d’hommes joués par des femmes, et qui demandaient certaines qualités d’interprétation d’une nature exceptionnelle. Chacun sait la réputation que s’est faite, dans les rôles de ce genre, Virginie Déjazet et la célébrité qu’elle y a conquise.

Chamfort, qui lorsqu’il écrivait ce qu on va lire n’avait en vue que les soubrettes de l’ancien répertoire, s’est exprimé ainsi au sujet de ces1 sortes de rôles : « Aux unes, dit-il, l’âge n’importe pas, et peut-être même il est à propos que l’actrice ne soit plus de la première jeunesse. (Cette dernière observation est surtout applicable au rôle de Dorine, dans Tartufe, qui semble plutôt convenir, par la hardiesse de son langage et la brusquerie de ses manières, à une femme qui a dépassé la trentaine.) Pour d’autres, il est de la bienséance qu’elle soit jeune ou que du moins elle le paraisse. Cela est convenable lorsque les discours peu respectueux tenus par la soubrette à des personnes auxquelles elle doit des égards, ou les conseils peu sages qu’elle donne à de jeunes beautés ne peuvent avoir pour excuse qu’un grand fond d’étourderie. Cela l’est surtout lorsque, pour favoriser deux amants, elle se permet certaines démarches condamnables au tribunal d’une morale rigoureuse. Moins la soubrette aura l’air jeune, plus l’indécence sera frappante. Cependant,