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âge ont varié ces décorations à l’infini ; mais c’est seulement à partir du commencement du xin° siècle qu’ils ont commencé à ornementer cette partie des édifices.

SOUBASSIS s. f. (sou-ba-si). Comm. Soie de Perse d’une grande finesse.

SOUBATTRE v. a. ou tr. (sou-ba-tre — de sous, et de battre). Econ. rur. Soubaltre les brebis, Leur frapper le pis du plat de la main, après une première traite, pour provoquer un nouvel afflux, de lait.

SOUBDAR s. m. (sou-bdar). Petit gouverneur qui relevait d’un nabab, dans l’Inde.

SOOBEIRAN (Jean db Scopon), littérateur français, né k Toulouse en 1699, mort à Paris en 1751. Destiné au barreau, il rompit avec l’étude du droit et vint k Paris tenter la fortune littéraire. Ses principaux écrits sont : Réflexions sur la tragédie de Brutus de Voltaire (Paris, 1738) ; Examen des confessions du comte de "* (1742) ; Réflexions sur te bon ton et la conversation (1740, in-12) ; Caractère de ta véritable grandeur (1746, in-12) ; Considérations sur le génie et les mœurs de ce siècle {1749, in-12).

SOUBEIBAN (Eugène), pharmacien et chimiste français, né à Paris en 1797, mort à Paris en 1S5S. Il fut pharmacien en chef de l’hospice de la Pitié et directeur de la pharmacie centrale des hôpitaux et hospices de Paris. Il fut ensuite nommé professeur à l’école spéciale de pharmacie, et, en 1835, il devint membre de l’Académie de médecine. Ses principaux ouvrages sont : Manuel de pharmacie théorique et pratique (l" édit., 1886, in-18 ; 2e édit., sous le titre de Nouveau traité de pharmacie, 1835-1836, 2 vot.in-4° ; 4« édit., 1853) j Précis élémentaire de physique (1841 ; 2e édit., 1844) ; Applications de la botanique à la pharmacie (1854). Soubeiran a collaboré au Dictionnaire de l’industrie, au Dictionnaire de médecine pratique et à plusieurs autres recueils, ainsi qu’au Codex, pharmacopée française (1837, in-4o).

SOUBERB1ELLE (Joseph), médecin français, né à Pontacq (Basses-Pyrénées) en 1754, mort à Paris en 1848. Reçu docteur à Paris en 1813, il s’établit dans le quartier Saint-Antoine, où il se livra particulièrement à l’opération de la taille. On sait qu’il donna généralement la préférence à la taille sus-pubienne, ou, si Ion veut, au haut appareil. Ses opinions à cet égard ont été exposées par M. Belmas, son petit-fils par alliance, dans un ouvrage publié en 1820. Du reste, Souberbielle avait saisi plusieurs fois, dans)a Gazette des hôpitaux, l’occasion de développer lui-même son système. Il ne s’est d’ailleurs pas borné à lutter d’habileté chirurgicale en matière de taille ; il a fait aussi une étude approfondie des procédés inventés par ses prédécesseurs. Le docteur Souberbielle, qui mourut à l’âge de quatre-vingt-treize ans, avait traversé toutes nos révolutions, et il se flattait avec raison dWoir pris une part active à quelques-uns des grands actes qui ont signalé l’aurore de notre liberté nationale. Il avait assisté à la prise de la Bastille et il se plaisait à raconter les détails de cet événement mémorable.

SOUDE YUAN (Pierre), graveur suisse, né à Genève en 1709, mort dans la même ville en 1775. Il reçut des leçons de Gardelle l’aîné et de Burlamaehi, puis vint à Paris, où il se fit une solide réputation. En 1748, il fut nommé directeur de l’école de dessin fondée à Genève et revint terminer son existence dans sa ville natale. Ses principales œuvres sont : la Conversion de saint Bruno, d’après Lesueur ; la Belle villageoise, de Boucher ; le Portrait de Pierre le Grand, d’après Caravac ; Six paysages de Lucas van Udin.

SOUBEYRAN (Jean-Marie-Georges, baron DB), financier et homme politique, né à Paris le 3 novembre 1829. Au sortir au collège Roilin, il lit ses études de droit, et il venait d’avoir vingt ans lorsque M. Fould, alors ministre des finances, l’attacha k son cabinet. M. de Soubeyran remplit ensuite un emploi k la direction du personnel de ce ministère, et lorsque son puissant protecteur, M. Fould, fut chargé, en 1852, du ministère d’État, il devint son chef de cabinet. Quelque temps après, il remplissait dans cette administration les fonctions de directeur du personnel, qu’il quitta en 1860 pour devenir sous-direoteur au Crédit foncier. Cette même année, M. de Soubeyran posa sa candidature au Corps législatif dans le département de la Vienne, où le canton de Saint-Julien l’avait déjà nommé conseiller général. II fut élu député dans la 2e circonscription par 18,623 voix sur 23,363, et réélu successivement en 1863 et en 1869, toujours comme candidat officiel. Reconnaissant envers le pouvoir auquel il devait son mandat, il appuya toutes les mesures politiques proposées par le gouvernement, mais ne prit point part aux discussions politiques. Possédant de remarquables capacités financières, il se fit remarquer à diverses reprises en prononçant des discours sur les matières qui lui étaient familières. Le 12 février 1870, il proposa au Corps législatif de payer par anticipation les subventions dues par l’État aux compagnies de chemins de fer, au moyen d’un emprunt de 700 millions avec intérêt de 3 pour 100. Le ministre des finances d’alors, M. Buffet, ad SOUB

mit la première partie de son projet, mais repoussa la seconde, ce que fit également la commission de la Chambre à. laquelle la proposition était soumise. M. de Soubeyran

amenda alors son projet et proposa de substituer à l’emprunt la création de bons du Trésor spéciaux, avec intérêt de 4 pour 100, et dont l’échéance serait de dix ans au plus (mai 1870). La commission se prononça au mois de juin pour le payement en rente 3 pour 100, et les événements qui suivirent firent tomber le projet dans l’oubli. En 1864, M. de Soubeyran avait épousé M1’* de Sainte-Aulaire et il possédait une fortune considérable lorsque la révolution de 1870 le fit rentrer dans la vie privée. Les électeurs de la Vienne, où il possédait de grandes propriétés, ne songèrent point à lui lors des élections du 8 février 1871 ; mais aux élections complémentaires du 2 juillet suivant, il posa sa candidature contre le général Laduiirault, appuyé par le3 légitimistes, et fut élu représentant k l’Assemblée nationale par 32,380 voix sur 49,840 votants^ Le 8 octobre suivant, il fut réélu conseillergénéral par le canton de Saint-Julien, et, cette même année, il devint un des principaux propriétaires de la Patrie, journal ultra-réactionnaire et bonapartiste. Malgré ses attaches avec le régime qui a été si funeste à la France, M. de Soubeyran, financier avant tout, n’a pas fait partie, à la Chambre, du groupe de l’appel au peuple. Il s’est borné k siéger au centre droit et à voter avec les ennemis de la république contre toutes les mesures, libérales. Toutefois, en 1871, il s’est prononcé en faveur de la proposition Rivet et du retour de l’Assemblée à Paris. Comme au Corps législatif, il a pris part, à diverses reprises, aux discussions financières, le 3 et le 8 janvier 1872 ; il combattit notamment avec vivacité le projet d’impôt sur les valeurs mobilières. Ce même mois, il présenta un projet d’emprunt national de 4 milliards en obligations de 100 francs, remboursables à200 francs en soixante années, sans intérêt, mais participant à des tirages de primes s’élevant, par an, à 6 millions. Au mois de décembre 1872, il proposa la création d’un ministère de la trésorerie, distinct de celui des finances ; mais, comme le précédent, ce projet, qui présentait de graves inconvénients sans résultat appréciable, fut repoussé par la Chambre. En 1873, M. Soubeyran prononça des discours au sujet de la réunion du service des forêts au ministère de l’agriculture, de l’étalon monétaire, de la création de nouveaux titres destinés à payer des subventions à des chemins do fer, etc. Le 24 mai 1873, il ne prit pas part au vote qui eut pour résultat la chute de M. Thiers. Le 20 novembre suivant, il vota pour le septennat et donna son appui à la politique de réaction à outrance suivie par le cabinet de Broglie. Après le renversement de ce ministère (16 mai 1874), il s’abstint de voter sur les propositions Périer et Maleville (juillet). Cette même année, il prit part à des discussions relatives aux nouveaux impôts, à l’équilibre du budget, aux chemins de fer, au personnel des contributions indirectes, etc., et employa sans succès, au mois de mars, l’influence qu’il avait dans la Vienne au profit de M. de Beuuchamp, qui ne put se faire élire député. Au mois de juin 1874, un arrêté du ministre de l’instruction publique nomma M. de Soubeyran vice-président de la commission des monuments historiques en remplacement de M. Vitet, et cette nomination d’un financier à un poste qui réclamait la présence d’un savant archéologue ne fut pas sans exciter quelque surprise. En 1S75, M. de Soubeyran a voté contre la constitution républicaine du 25 février, pour la validation de l’élection de la Nièvre, contre la loi de l’enseignement supérieur ; il s’est abstenu sur la loi organique de l’élection des sénateurs, etc. Au mois de mars de la même année, il a proposé de convertir l’emprunt Morgan.

SOUBHAVASTOU, fleuve indien, célèbre dans la légende et dans la religion bouddhiques et sur la rive septentrionale duquel se trouve, selon la légende, une large pierre qui conserve les traces des pas du Bouddha. Hiouen-Thsang, célèbre pèlerin bouddhiste chinois, qui visitait l’Inde dans un but religieux au vue siècle de notre ère, les a vues et les a décrites dans ses Mémoires de voyages, qui ont été traduits en français par M. Stanislas, Julien. Mais le pèlerin ajoute naïvement que ces traces paraissent longues ou courtes, suivant le degré de vertu de ceux qui les regardent et 1 énergie de leurs prières. Par vertu, il faut entendre ici celle de la foi dans le Bouddha, d’où l’on peut inférer que ces traces seraient invisibles absolument pour un Européen.

SÛUB1SE s. f. (sou-bi-ze — de Soubise, n. pr.). Art culin. Sauce composée d’oignons et de beurre mélangés avec du velouté ou de la crèine.

— Encycl. V. sauce.

SOUBISE, village et commune de France (Charente-Inférieure), cant. de Saint-Agnant, arrond, et a 15 kilom. N.-E. de Marennes, 4 kiloin. S.-O. de Rochefort, sur une érainence, près de la rive droite de la Charente ; 666 hab. Eaux minérales carbonatées, modiques et ferrugineuses ; on en exporte une quantité assez considérable. Ce village était

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jadis le titre d’une seigneurie des maisons de Parthenay et de Rohan.

SOUBISE (Benjamin de Rohan, seigneur de), capitaine protestant français, né à La Rochelle en 1583, mort k Londres en 1642. Fils de René de Rohan, il était frère du célèbre Henri de Rohan, chef du parti protestant sous Louis XIII. Il débuta dans le métier des armes en Hollande, sous les ordres de Maurice de Nassau, et prit part en 1606 a la défense de Bergues. En 1611, Soubise assista & l’assemblée protestante de Saumur, et, à partir de ce moment, on le vit figurer dans toutes les assemblées de réformés qui se tinrent en France pour assurer l’exécution de l’édit de Nantes. En 1621, l’assemblée de La Rochelle lui conféra le commandement général du Poitou, de la Bretagne et de l’Anjou. Malgré la défection des autres chefs protestants, il soutint un siège dans Saint-Jean-d’Angely contre Louis XIII en personne

et ne capitula qu’à la dernière extrémité (23 juin 1621). Le roi lui rendit la liberté et exigea de lui la promesse qu’il le servirait fidèlement ; mais il recommença la guerre en 1622, se rendit maître de Royan, du bas Poitou, des îles de Ré, du Périer, de Mons, d’Olonne, de Luçon, où ses soldats Se livrèrent à de grands excès, et il menaçait Nantes, lorsque Louis XIII marcha contre lui avec une armée. À l’approche des troupes royales, Soubise abandonna son petit corps d’armée, ses équipages, son artillerie dans l’Ilot de Ré, s’enfuit k La Rochelle et de là passa en Angleterre. Ayant réuni un certain nombre de petits navires, il se mit k ravager les côtes de France et fut déclaré criminel de lèse-majesté (15 juillet 1622). Après le traité de pacification du 19 octobre suivant, Soubise resta pendant un certain temps sans faire parler de lui. En 1625, il partit de l’Ile de Ré avec une poignée de soldats et de matelots et alla s’emparer de quinze vaisseaux de la flotte royale par un audacieux coup de main sur le port de Blavet (15 janvier), retourna k l’île de Ré avec ces vaisseaux, puis s’empara de l’île d’Oleron. Bloqué, quelque temps après, dans Vile de Ré par une flotte française, à laquelle s’étaient joints des navires hollandais sous les ordres de l’amiral Houstein, il obtint une suspension d’armes ; puis, attaquant k l’improviste les escadres combinées, il coula quatre ou cinq de leurs navires. Resté maître de la côte depuis Nantes jusqu’à Bordeaux, il urit le titre d’amiral des Églises protestantes et continua la guerre civile ; mais, vivement pressé par Montmorency k Oléron, après avoir subi un échec, bien qu’il se fût bravement conduit dans cette affaire, il repassa en Angleterre. Lors de la paix de 1626, le roi, espérant le rallier, érigea en duché-pairie sa baronnie dePontenay {juillet 1626) ; mais les lettres patentes ne furent pas enregistrées. Cannée suivante, il revint avec Buckingham pour tenter, mais inutilement, de secourir Lu Rochelle. Ayant fait une seconde tentative avec Lindsey (1628), il ne put faire adopter son avis de forcer la digue construite par Richelieu, et, quand la ville eut capitulé, il refusa d accepter les conditions favorables accordées par Louis XIII aux rebelles qui se trouvaient sur la flotte ennemie, et se retira encore une fois en Angleterre, sans vouloir profiter de l’amnistie de 1629. Ce fut 1k qu’il mourut, sans laisser d’enfants.

Fort attaché k son parti, Soubise lui demeura constamment fidèle ; mais, malgré la hardiesse des entreprises qu’il tenta, il ne montra pas toujours un grand courage sur les champs de bataille et manqua en maintes circonstances de fidélité à sa parole.

SOUBISE (François db Rohan, prince de), chef de la branche des Rouan-Soubise, né en 1631, mort à Paris en 1712. II était fils d’Hercule do Rohan (v. Rohan). Il fit ses premières armes en Hongrie comme volontaire, devint sous-lieutenant dans les gens d’armes du roi en 1667, capitaine en 1673, maréchal de camp en 1675 et lieutenant général en 1679. À défaut de talents militaires, le prince de Soubise avait fait preuve de courage pendant les campagnes de la Franche-Comté, de la Hollande et de la Flandre, notamment à Senef et à Steinkerque. Gouverneur du Berry en 1681, il prit en 1692 le gouvernement de la Champagne, Il avait épousé en premières noces Catherine de Lyonne, morte en 1660 sans avoir eu d’enfants, et en secondes noces (IGC3) Anne de Chabot, qui fut la maîtresse de Louis XIV et qui lui donna onze enfants, entre autres le cardinal Armand-Gaston de Rohan (v. Rohan) et le prince Hercule-Mériadec de Rohan-Soubise, dont nous parlerons plus loin. Grâce à sa seconde femme (v. ci-après), qui lui apporta la baronnie de Soubise, érigée en principauté en 1667, et des richesses honteusement acquises, le prince François de Soubise laissa en mourant une fortune immense.

SOUBISE (Anne de Rohan, princesse de), femme du précédent, née en 1648, morte à Paris en 1709. Elle était fille de Henri de Chabot et épousa en 1663 son cousin, François de Rohan. Mme de Chevreuse et Turenne, qui 1 avaient fait ce mariage, eurent assez de cré- [ dit auprès de la reine pour la faire nommer ’ dame du palais. • Une fois à la cour, dit Saint-Simon, sa beauté fit le reste. » Le roi j ne fut pas longtemps sans en être épris. Elle |

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devint la maîtresse du roi, avec qui elle avait ses rendez-vous chez la maréchale de Rochefort, et, comme elle était avide et d’une grande cupidité, elle profita du goût que Louis XIV avait pour elle pour faire combler sa famille de richesses et ériger en principauté sa baronnie de Soubise (1667). Quant k son mari, il savait tout, mais feignait de tout ignorer. « Pour prix de sa complaisance, dit M. Eugène Pelletan, il recevait la pluie d’or dans son manteau, et l’or tombait, tombait toujours, et le mari achetait l’hôtel de Soubise et il entassait million sur million. Comme on le félicitait de son opulence, il baissait modestement la tête : • Tout cela vient par

« ma femme, dit-il ; je n’en dois pas recevoir

« le compliment. • Le duc de Saint-Simon, dans une page de ses Mémoires, parle ainsi de la complaisance du mari de la nouvelle sultane favorite : r M. de Soubise n’avoit eu de jalousie de sa femme que celle qu’il avoit jugé utile de n’avoir point. Être k la cour et ne rien voir, il avoit trop d’esprit pour le croire praticable aux yeux du monde. Il avoit donc pris le parti d’y aller rarement : de ne parler au roi que de sa compagnie de gens d’armes, dont, dans les vacances de charges et dans la manutention ordinaire, il sut tirer des trésors ; de servir longtemps et bien à la guerre, et, du reste, se tenir enfermé dans sa maison, à Paris, à y voir peu de inonde, tout appliqué à ses affaires et à son ménage, et laisser sa femme à la cour se mêler du grand, des grâces et des établissements de sa famille. C’est le partage qui subsista entre eux durant toute leur vie. » Pendant une dizaine d’années, la princesse de Soubise fut la maîtresse de Louis XIV, concurremment avec la marquise de Montespan et autres. Lorsque le roi désirait avoir délie un rendez-vous, il mettait un diamant à son petit doigt, et, lors âu’elle l’accordait, elle mettait des bouclesoreilles d’émeraude. Lorsque leurs relations amoureuses prirent fin, ■ l’amitié et la même considération subsistèrent, dit Saint-Simon, et les mêmes préoccupations de bienséance. Elle écrivoit très-souvent au roi et de Versailles à Versailles. Le roi lui répondoit toujours de sa main, et c’étoieut Bontems ou Bloin qui rendoient les lettres au roi et faisoient passer ses réponses. C’est de la sorto qu’elle fit M. de Soubise prince par degrés et par occasion, et que peu à peu elle en obtint tout le rang... Mme de Soubise sut gagner Mmo de Maintenon et !>e servir jusque de sa jalousie du goût que le roi lui conservoit, en lui offrant une capitulation dans laquelle la nouvelle épouse se crut heureuse d’entrer. Elle fut, de la part de M^e de Soubise, de ne jamais voir le roi en particulier que pour affaire dont Mme de Maintenon auroit connoissance ; d’éviter même ces particuliers quand les billets pourroient y suppléer ; de le voir même k la porte de son cabinet quand elle n’auroit qu un mot court k dire ; de n’aller presque jamais kMarly pour éviter toute occasion ; de choisir les voyages les plus courts ■ et de n’y aller qu’autant qu’il seroit nécessaire, pour empêcher le monde d’en parler ; de n’être jamais d’aucune des parties particulières du roi ni même des fêtes de la cour que lorsque, étant fort étendues, ce seroit une singularité de n’en être pas ; enfin que, demeurant souvent k Versailles et k Fontainebleau, où ses affaires, sa famille, sa coutume, qu’il ne falloit pas changer aux yeux de son mari, la demandoient, elle n’y chercheroit jamais à rencontrer le roi, mais se contenteroit, comme toutes les autres daines, de lui faire sa cour k son souper assez souvent (ou même si, au sortir de table, elle trouvoit fort à propos que le roi ne lui parlât

Ïioint, non plus qu’il avoit accoutumé de parer aux autres). De son côté, Mme de Maintenon lui promit service sûr, fidèle, ardent, exact dans tout ce qu’elle pourroit souhaiter du roi pour sa famille et pour elle-même ; et, de part et d’autre, elles se sont toutes deux tenu parole avec la plus scrupuleuse intégrité. •

Dépourvue de toutes les qualités du cœur, la princesse de Soubise n’avait guère que l’esprit d’intrigue. Son plus grand souci, avec celui d’accaparer des richesses et des honneurs, était de conserver sa beauté, du reste fort remarquable. Lorsqu’elle eut passé l’âge de plaire, elle n’en continua pas inoins de suivre un régime qu’elle avait adopté pour conserver l’éclat de son teint ; mais, si l’on en croit Saint-Simon, ce régime lui devint fatal ; elle fut atteinte d’une maladie scrofuleuse et « pourrit, dit-il, sur les meubles les plus précieux, au fond de ce vaste et superbe hôtel de Gui-se, qui, d’achat ou d’embellissements, avoit coûte plusieurs millions... Elle mourut k soixante et un ans, le dimanche matin 3 février 1709, laissant la maisou de la cour la plus riche et la plus grandement établie, ouvrage dû tout entier à sa beauté et k l’usage qu’elle en avoit su tirer. •

SOUBISE (Hercule-Mériadec db Rohan, prince de), également connu sous le nom de due de Kobnn-Uahan, fils de la précédente, né k Paris en 1669, mort en 1749. Il était destiné k l’Église ; mais son frère aîné, le prince Louis, né en 1G66, étant mort en 1089 des suites d’une blessure qu’il avait reçue pendant les guerres de Flandre, il suivit comme lui le métier des armes. Le prince de Soubise a.ss.sta aux batailles de Steinkerque, de Nerwinde, de Ramillies, où il fut blessé,