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Félix, à l’église des Capucins ; Madone, au palais public ; une Madone et Sainte Barbe, au palais royal ; le Christ mort, Jésus et la Samaritaine, Jésus portant la croix, la Femme adultère, Cincinnatus, Sainte Catherine, à la galerie Spînohi ; Saint Joseph et Saint Jean, à la galerie Balbi ; Jésus et la Samaritaine, au palais Faragina ; Saint François et une Vierge, au palais Pallavicini ; l’Assomption, Saint François recevant les stigmates, au palais Grillo-Cattaneo ; à Venise : Saint Roch, à la Scuola-di-San-Rocco ; Saint Laurent Giustiniani distribuant ses biens aux pauvres ; a Florence : Descente de croix, le Dernier César, dans la galerie publique ; à Modène : Saint François adorant le crucifix, au musée ; un Mariage de la Vierge, dans l’église Saint-Charles ; à Brescia : Sainte Thérèse, à Sau.t-Pierre-in-Oliveto ; à Turin : un excellent portrait

de Religieux, au musée ; à Munich : le Denier de César, dans la pinacothèque ; au musée de Dresde : Esl/ier devant Assuérus, Eliézer et Rébecca, David avec la tète de Goliath ; au musée de Vienne : le Prophète Ehe, Saint Jean le Précurseur, le portrait du Doje Trizzo ; nu musée du Louvre : Saint Antoiie de Padoue, Madone sur les nuages, etc.

STROZZI (Jules), poète italien, né à Venise en 1583, mort dans la même ville en 1660. Après avoir mené dans sa ville natale une existence orageuse et s’être exercé aux genres de poésie les plus divers, il se rendit à Kome et fonda, en 1608, dans la maison du cardinal Deti, qui le patronnait, l’Académie des Onorati. Devenu protonotnire apostolique, Strozzi laissa déchoir cette institution et retourna, vers 1615, à Venise, où il forma une autre Académie dite des Unisoni. Il a écrit de nombreuses pièces de théâtre, parmi lesquelles on cite : Erotilla, Proserpina rapita, La Tinta pazza o Achille in Sciro, liomnlo e Remo, Le Nozze di Peleo e Teti, et deux pofimes, Venesia edificala (Venise, 162-1, in-fol.), Il Darbarigo ovvero l’Amicosollevato (Venise, 1626, in-4»). Le style de ses œuvres se ressent du mauvais coût du temps. Stroîzi avait adopté une jeune hlle, Barbara Stroz/ ! !, qui s’adonna avec succès à la musique et composa des morceaux réunis sous le titre le Cnntate, ariette e duelti (Venise, 1653, in-4o1).

Strozxi (Luisa), roman italien, par G. Rosini (1834, 2 vol. in-8o). Le but de l’auteur a été d’exposer l’état politique et social de Florence pendant le règne d’Alexandre de Médicis, qui recueillit, en 1537, le fruit de la guerre dirigée par Charles VIII et Clément VII contre le gouvernement indépendant de sa patrie et qui expia par une mort sanglante les excès de tout genre dont sa courte domination avait été souillée. Florence était akrs le centre le plus brillant de la civilisation italienne ; la république avait à la fois dans la péninsule la plus grande influence politique, artistique et militaire. Bien que l’ambition des Médicis eût déjà miné à Florence les bases de la liberté républicaine, c’était encore pour les habitants de cette ville un titre qu’ils prenaient avec honneur et fierté que celui de citoyens de la métropolç toscane. L’invasion. de l’Italie par Charles’ VIII et les révolutions qui en furent la suite eurent pour Florence des effets désastreux. Alexandre de Médicis, muni de l’investiture impériale, prit ouvertement les rênes du gouvernement en l’année 1531. C’est à ce moment que commence l’histoire racontée autant qu’inventée par le romancier italien, car les circonstances imaginaires qui s’y entrelacent avec art n’en altèrent pas le fond, scrupuleusement conforme aux récits les plus authentiques. L’action, trop longue et trop compliquée pour pouvoir être racontée en peu de mots, se lie d’une manière tn : svraisemblable aux événements politiques qui

marquèrent le règne d’Alexandre ; l*auteu : y présente dans une vive lumière les hommes qui figuraient alors au premier rang ; des incidents habilement amenés conduisent le lecteur k Pise, à Sienne, dont les tableaux xes plus animés sont mis sous ses yeux, à la ccur d’Urbin et même a celle de François Ier. On passe du palais des Médicis aux cloîtres de Saint-Marc et à l’atelier de Michel-Ang e ; on est entraîné quelques moments par I irrésistible gaieté de Cellini, par la spirituelle bouffonnerie deBerni ; mais bientôt on reviont à de plus nobles et de plus sympathiques émotions en suivant les progrès de l’amour malheureux de Francisco et en voyant s’approcher la mort violente de l’héroïne, dont le caractère pur et élevé excite un intérêt d’autant plus profond que cette triste fin de Luisa Strozzi est encore conforme à la vérité historique.

Ce roman peut être comparé à une fresque aux vastes proportions, où les détails épisodiques concourent tous à établir l’unité de l’ensemble. Il en est de même de tous les bons et rares romans produits par l’Italie moderne. À première vue, il semble que ce soit ici le roman historique popularisé par W. Scott. Il n’en est rien ; le génie méridonal procède tout autrement que le génie des races du Nord, des peuples protestants. Le roman anglais, allemand, danois vit de détails, d’observations intimes, d’étude morale ; il s’occupe en effet de l’individu, de l’homme, et non de la masse. Le roman de3 peuples méridionaux s’intéresse, au contraire, à, l’extérieur de l’homme ; la place publique l’attire plas fortement que le foyer domestique ; le

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spectacle de la rue et le pittoresque des mœurs générales le frappent phis vivement que la lutte intérieure des sentiments et des passions subjectives ; par une inclination naturelle qu’il a reçue de l’esprit gréco-romain, il vise à composer des ensembles aux lignes harmonieuses bien plus qu’à pénétrer dans l’infinie variété, dans la profondeur des événements du cœur. D’emblée, il fait de la synthèse, ne se doutant pas que l’analyse doit marcher la première. De là l’infériorité manifeste de toutes les productions modernes de la littérature méridionale. Et bien que le roman de G. Rosini, digne de ses autres ouvrages, ait obtenu un succès flatteur dans la patrie même de W. Scott, charmée d’y trouver la vive peinture des magnificences de l’art et du ciel de l’Italie, il n’est qu’une œuvre factice, un tableau archaïque ; une littérature qui oublie le présent pour contempler le passé abandonne la vie pour la mort. Ce roman a été traduit en plusieurs langues étrangères.

STRUCHIUM s. m. (stru-ki-omm). Bot. Syn. de sparqmàovhoke, genre de composées.

STRUCTEUR, TBICE adj. (stru-kteur, trise

— lat. structor ; de struo, je construis). Qui élève, qui construit, qui bâtit. Il Peu usité.

— s. m. Antiq. rom. Esclave qui, chez le3 Romains, était chargé d’ordonner les repas et de disposer la table.

STRUCTURE s. f. (stru-ktu-re — latin structura ; de struere, construire, qui correspond au russe stroiti, bâtir, construire, arranger, accorder, d’où stroenie, bâtisse. Comparez l’ancien slave stroiti, administrer, ustroiti, préparer, etc. Le corrélatif sanscrit est star, étendre, d’où aussi upa-star, préparer ; le grec storeà, stronnuô, j’étends ; le latin stemo, même sens ; le gothique siranjan, anglo-saxon streowian, allemand streuen, anglais to strew, étendre ; l’ancien slave postlati, po-slilnti, strieli, même sens). Manière dont un édifice est bâti : La structure de ce bâtiment est agréable. Ce palais est d’une structure solide.

Ds tous ses amis morts, un seul ami resté Le mine en sa maison, d’e superbe structure.

Boileau.

— Construction, bâtisse : Quelques restes d’arches et de structures antiques, des temps grecs ou romains, confirment ici tes traditions. (Lamart.)

— Par anal. Manière dont les parties d’un corps organisé sont arrangées entre elles : La structure du corps humain. La structure d’une plante. Les ânes ressemblent fort aux cheoaux pour la structure intérieure. (Buff.) |] Manière dont sont disposées les parties constitutives d’un tout : L’Etna parait avoir une structure beaucoup plus simple que celte du Vésuve. (L. Figuier.) La craie blanche, examinée au microscope, montre une trèscurieuse structure globuliforme. (L. Figuier.)

— Fig. Ordre, disposition, arrangement : La structure ! d’un discours, d’un poëme. En examinant la structure de ce discours, on reconnaît l’habile orateur. (Acad,) La mauvaise structurb est un vice contre ta netteté du discours. (Vaugelas.)

STRUDEL (Pierre), peintre et sculpteur tyrolien, né à Clez (Tyrol) en 1648, mort à Vienne en 1714 ou 1717. Il étudia sous la direction de son père, puis sous celle de Charles Lotti. Ses tableaux se répandirent dans toute l’Italie, En 1680, il se rendit à Vienne et y obtint la faveur de l’empereur Léopold, qui lui conféra le droit de changer son nom de Strudel en celui de baron de Strudelhof. Il fut nommé en 1704 et resta jusqu’à sa mort directeur de l’Académie des beaux-arts, que l’empereur venait de créer à Vienne. On doit à Strudel les tableaux des maîtrès-autels des églises de Vienne Saint-Roch et Saint-Sébastien, Saint-Laurent et des Augustins.

On trouve aussi des tableaux de Strudel dans le couvent de Klosterneuburg. La galerie de Dusseldorf possède une Bacchanale, un Ecce homo, un Saint Jean l’Evangéliste et une Sainte Famille de ce maître. Strudel est moins connu comme sculpteur que comme peintre. Lui et ses frères, Paul et Dominique, ornèrent de sculptures l’église de la Sainte-Trinité, à Vienne.

STRUENSÉE (Adam), théologien allemand, né à Neuruppin (Brandebourg) en 1708, mort à Rendsbourg en 1791. Primitivement destiné au commerce de draps qu’exerçait son père, il s’adonna à la théologie, et sa piété lui fit un tel renom que Zinzeiidorf, chef des frères moraves, tenta de l’attacher à sa communauté. Struensée refusa et devint successivement pasteur de plusieurs églises de Halle, professeur de théologie à l’université de cette ville, prévôt de l’église d’Altona (1757), surintendant ecclésiastique des duchés de Slesvig et de Holstein (1761). Ses principaux écrits sont : Recueil d’écrits édifiants tendant à un christianisme sincère (Halle, 1755,3 vol.in-8°) ; Cours de morale théologique (Flensbourg, 1765, in-4«) ; Dissertation théologique (Altona, 1765, in-8o) ; instruction biblique pour raffermir les esprits dans le vrai christianisme (Halle, 1768, in-8«).

STRUENSÉE DE CARLSBACH (Charles-Auguste), économiste allemand, fils du précèdent, né à Halle en 1735, mort à Berlin en 1804. Après avoir étudié à Halle la théologie, la physique, les mathématiques, il devint professeur de philosophie à l'Académie des nobles de Liegnitz. Appelé à Copenhague en 1770 par son frère, le comte de Struensée, pour y occuper l’intendance des finances, il fut enveloppé dans la disgrâce de ce dernier, emprisonné, puis mis en liberté. Struensée revint alors en Prusse, puis fut nommé directeur de la banque succursale d’Elbingen (1777) et conseiller supérieur des finances à Berlin (1782). Il obtint en 1787, de Frédéric VI de Danemark, des lettres de noblesse en dédommagement des injustes persécutions qu’il avait subies. En 1791, Frédéric-Guillaume de Prusse confia à Struensée le département des finances, avec la direction des douanes et du commerce. On doit à cet économiste, entre autres écrits : Éléments d’artillerie (1760, in-8o) ; Éléments d’architecture militaire (Liegnitz, 1767-1773, 3 vol. in-8o); Recueil de mémoires sur l’économie politique (1776, 2 vol. in-8o) ; Description abrégée du commerce des grands États de l’Europe (1778, 2 vol. in-8o) ; Mémoires sur des objets essentiels de l’économie politique (Berlin, 1800, 3 vol. in-8o), recueil intéressant et estimé.

STRUENSÉE (Jean-Frédéric, comte de), homme d’État danois, frère du précédent, né à Halle le 5 août 1737, décapité le 25 avril 177î. La dévotion outrée de ses parents lui inspira pour le christianisme, dès ; ; a jeunesse, une aversion que confirmèrent ses études en médecine et la lecture des philosophes français. Reçu docteur en médecine à dix-neuf ans, il fut emmené à Altona par son père, qui devait y occuper le poste de principal pasteur. Mais la, les opinions matérialistes qu’il affichait ouvertement obligèrent son père à se séparer de lui. Il avait pourtant des qualités qui le faisaient aimer. « Il était d une figure agréable, rapporte Reverdil, d’un commerce doux ; il aimait à rendre service. Joyeux convive, beau joueur, empresssé auprès des femmes, chasseur et voyageur infatigable, il eut beaucoup de vogue comme médecin, > Il rédigea quelque temps la Gazette d’Altona, où il fit paraître notamment un mémoire sur les obstacles à l’accroissement de la population, puis il eut un instant l’idée de se rendre à Malaga pour y fonder une école de médecine ; enfin les relations des voyageurs sur les trésors de l’Inde ayant échauffé son imagination, il allait s’embarquer pour explorer les mines d’or et de diamants, lorsqu’un événement imprévu vint changer sa fortune. Le roi de Danemark, Christian VlIJeunehommedont la constitution physique et intellectuelle avait été affaiblie pur les excès, manifesta l’intention de promener sa langueur dans les principales contrées de l’Europe. À Altona, le délabrement de sa santé lui tir sentir la nécessité d’un médecin comme compagnon de voyage. Struensée lui fut présenté par le comte de Rantzau et par Mmû de Berkentien ; son extérieur prévenant, ses manières aimables, ses talents d’agrément, son esprit et l’art qu’il avait d’amuser un valétudinaire dévoré par le spleen, lui conquirent l’amitié et la confiance du roi, auquel il devint indispensable. 11 l’accompagna en France et en Angleterre, et, dès ce moment, il vit s’ouvrir devant lui un brillant avenir. Dj retour à Copenhague, il fut nommé conseiller de confiance et lecteur du roi ; puis il gagna les bonnes grâces de la reine Mathilde dans les circonstances suivantes : Christian s’était rapproché de la reine, dont il était devenu subitement amoureux, et il lui avait, paraît-il, communiqué une maladie qui mettait en péril sa santé. Le premier mouvement de Mathilde fut de se séparer de son indigne époux et de se retirer en Angleterre ; mais l’adroit Struensée iui démontra qu’elle laissait ainsi le champ libre à ses ennemis et qu’il lui faudrait se séparer de son enfant, La reine céda et accepta l’appui d’un homme maître d’un si pénible secret. Mathilde se montra faible par reconnaissance et pour se venger de son époux. Struensée eut bientôt fait taire ses derniers scrupules. Dès lors, il fut tout-puissant à la cour ; sans avoir le titre légal de premier ministre, il en remplit toutes les fonctions.

Le roi-était tombé dans un état voisin de l’imbécillité ; tel était son abrutissement qu’il se livrait k ses vices en présence de ses domestiques. Struensée gouvernait à sa guise

ce fou couronné. Cependant l’aristocratie danoise luttait de toutes ses forces contre l’ascendant du nouveau favori. Cette aristocratie était surtout représentée par les cinq membres du conseil privé : Bernstorf, Thott, Rosencrantz, Moltke et Reventlow ; mais des

défiances réciproques les affaiblissaient, et d’ailleurs leur système de gouvernement, oppressif et dilapidateur, les rendait impopulaires. Struensée l’emporta ; il abolit malgré eux la censure des journaux et des livres et osa même supprimer le conseil privé par un . acte royal du 27 décembre 1770, « afin de rétablir dans sa pureté le pouvoir monarchique tel qu’il a été confié à nos ancêtres par la nation et dans le sens où la nation le leur a donné. » C’était une véritable révolution ; les ■ effets de cet acte subsistent encore en Danemark. En 1771, Struensée se lit donner le titre de ministre du cabinet et obtint un ordre du roi pour que tous les départements de l’administration lui fussent soumis, sans qu’il fût nécessaire de produire la signature du souve STRU

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rain. En même temps, la dignité de comte lui fut conférée, ainsi qu’à son ami Brandt.

Le nouveau ministre se signala par une politique habile à l’extérieur et des réformes libérales à l’intérieur. Il s’attacha d’abord à délivrer le Danemark de l’influence russe. Il rechercha l’alliance de la Suède et se concilia aussi la sympathie du gouvernement français. Son administration intérieure s’inspira des idées philosophiques et politiques qui avaient été celles de sa jeunesse : diminuer les impôts, briser les entraves qui paralysaient l’industrie et le commerce, prévenir les disettes, abaisser l’aristocratie, adoucir les formalités, réformer la justice, améliorer le sort des paysans et diminuer le nombre des corvées, telles furent les principales innovations qui recommandent le nom de Struensée à l’estime de la postérité, mais qui lui attirèrent la haine de la noblesse et causèrent sa perte. Ses ennemis profitèrent de la liberté qu’il avait donnée à la presse pour le perdre dans l’opinion pi blique ; il avait irrité le clergé en abolissant les défenses qui empêchaient le mariage entre cousins, entre beaux-frères et belles-sœurs, en révoquant les lois barbares qui punissaient de mort l’adultère, en défendant les enterrements pendant le jour dans l’intérieur des villes. Il avait aussi introduit à la cour une liberté de mœurs qui mécontentait la pruderie danoise. La presse l’invectiva et le ridiculisa de toutes façons. Un parti puissant, à la tête duquel se trouvaient la reine douairière Julie et le comte de Rantzau, ancien protecteur de Struensée, complotait sans cesse contre lui, suscitait des émeutes ; la première fut celle des matelots norvégiens qui avaient été réformés et demandaient leur paye. Struensée, paraît-il, manqua de fermeté en cette circonstance ; il ne sut prendre aucune résolution et céda. Il fit preuve de la même faiblesse lors de l’émeute des gardes à pied, dont il avait prononcé l’incorporation dans la ligne. Ces gardes s’emparèrent du château et n’en sortirent qu’au bout de vingt-quatre heures, après avoir obtenu individuellement un congé honorable, signé du roi lui-même ; enfin, l’orage éclata. Dans la nuit du 16 janvier 1772, on donnait à la cour un bal masqué. Tout le monde montrait la gaieté la plus grande et une cordialité parfaite. À quatre heures du matin, comme le roi était rentré dans sa chambre à coucher, la reine Julie, son fils et Rantzau pénètrent chez lui, le font éveiller par ’ un valet de chambre, lui révèlent un prétendu complot, ourdi par la reine Mathilde, le comte Struensée et Brandt, et pressent le monarque de donner l’ordre d’arrêter les coupables. Le roi hésite, frappé de terreur ; à peine a-t-on surpris dans ses traits, dans ses paroles entrecoupées et jusque dans son silence quelques signes d’approbation, que Rantzau, suivi de crois officiers, s’élance, le sabre nu, dans l’appartement de la reine, la force brusquement de quitter son lit et, malgré ses pleurs et ses sanglots, sans lui permettre d’achever de s’habiller, la livre aux sbires qui l’entraînent prisonnière au fort de Cronenbourg, ainsi que sa fille Louise, qu’elle allaitait, et lady Mostyn, sa dame d’honneur. La même nuit, Brandt et Struensée sont jetés dans un cachot et chargés de fers. Le lendemain, le roi se laisse traîner dans une calèche découverte, attelée de huit chevaux blancs, comme un triomphateur qui venait de sauver le pa3’s. Le soir, la capitale est il-luminée ; le même jour, les temples luthériens retentissent d insultes contre la reine et le ministre déchu. Le peuple, avide de nouvelles, ajouté une foi aveugle à la conjuration imaginée par le parti vainqueur ; enfin une horde soudoyée se précipite dans les rues et démolit ou pille soixante ou cent maisons appartenant à Struensée ou à ses amis. Le but de la conjuration atteint, les vainqueurs procèdent à l’instruction du procès. Struensée subit l’interrogatoire dans son donjon, ayant les fers aux pieds et aux mains et le cou emprisonné dans un collier de fer scellé à la muraille. La plupart des charges élevées contre lui tombaient d’elles-mêmes ou furent complètement réfutées par son conseil ; mais sa perte était décidée. Déclaré coupable des prétendus crimes qu’on lui imputait, il fut condamné à mort, ainsi que son ami Brandt. Tous deux moururent avec courage. On a prétendu que Struensée avait, dans ses derniers jours, abjuré ses doctrines matérialistes et s’était converti au christianisme, mais ce fait n’est rien moins qu’établi. Un revirement à son sujet se fit dans l’opinion quelque temps après sa mort, et peu à peu l’on rendit justice à cet esprit supérieur,

Struensée, roman par MM. V. Fournier et Arnould (1834, in-8o). Ce livre est un des rares romans qui, après avoir fait sensation lors de leur apparition, ont vu leur succès se continuer. Sa valeur tient au mélange habile et heureux de l’histoire et de l’imagination, si bien confondues qu’on ne saurait discerner leur part respective. Le sujet est tiré des annales du Danemark. En 1769, la cour y était agitée par les plus odieuses intrigues. Le roi Christian VII se voyait poursuivi par l’ambition jalouse de Marie-Julie, sa belle-mère, qui empiétait sur son autorité, en attendant qu’elle pût l’usurper entièrement pour la transmettre à son fils. Dans ce but, elle a corrompu le cœur et l’esprit de Christian, livré sa jeunesse sans expérience à tous