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férieare du cou, tandis que, dans la pendaison, cette empreinte se trouve à la partie la plus élevée, sous le maxillaire inférieur et au niveau des apophyses mastoïdes. Le cercle tracé autour du cou, simple, double ou multiple, selon !e nombre de tours faits par la corde, est tantôt marqué sur toute la circonférence, tantôt interrompu de place en place. Quelquefois l’empreinte circulaire se réduit à des traces tout à fait superficielles, à de simples excoriations linéaires produites par le frottement d’une corde étroite et dure, et ces excoriations, ces ecchymoses de frottement pourraient presque suffire pour distinguer la strangulation de la pendaison ; au niveau du sillon, la peau, sans être parcheminée comme chez les pendus, est souvent pâle et tranche par sa couleur sur la teinte violacée des parties voisines (Briand). Lorsque la strangulation a été opérée à l’aide d’un tourniquet, il est possible quelquefois de découvrir les traces de cet appareil. Souvent les meurtriers n’ont recours à aucune espèce de lien ; ils étranglent la victime avec les mains. Dans ce cas, et) examinant la région antérieure du cou, on découvre différentes lésions de l’os hyoïde et du larynx, ainsi que l’empreinte des doigts et des ongles, qui ont quelquefois pénétré dans les chairs. En pareil cas, il est parfois possible de déterminer la position de l’assassin et celle de la victime.

Tels sont les caractères extérieurs de la strangulation, caractères distinctifs d’un acte de violence, qu’on ne rencontre jamais dans les cas de suicide. Mais les meurtriers pourraient d’abord avoir étranglé leur victime et l’avoir ensuite pendue pour donner le change et faire croire à un suicide. Il faut donc pousser l’examen beaucoup plus loin, rechercher les circonstances qui ont accompagné le crime, voir si le cadavre ne présente aucune contusion, aucune plaie ailleurs qu’à la région cervicale, si les vêtements n’ont pas été déchirés, et enfin procéder à l’autopsie. L’attention doit se porter d’abord sur la région profonde du cou. On trouvera souvent des extravasations sanguines dans le tissu cellulaire qui sépare les muscles sushyoïdiens et sous-hyoïdiens. Ces lésions existent surtout si la strangulation a été opérée avec les mains. La muqueuse trachéenne présente une injection violacée, masquée souvent par une écume abondante, rosée ou sanguinolente ; les poumons, plus ou moins engoués, volumineux, sont remarquables par un emphysème plus ou moins étendu, résultant de la rupture des vésicules les plus superficielles (Hrinnd). Le cœur n’offre rien de particulier ; le cerveau est presque toujours a l’état normal, contrairement k ce qui se passe chez les pendus (v. pendaison et suffocation). Pour les secours à donner aux pendus et étranglés. V. asphyxie et moyé.

STRANGULER. v. a. ou tr. (stran-gu-lélat. strangulare ; de stringere, serrer, étreindre). Faui. Etrangler.

STRANGUBIE s. f. (stran-gu-rî — gr. slraggouria ; de strag, goutte, et de ourûn, urine). Pathol. "Difficulté extrême d’uriner, dans laquelle on ne peut rendre l’urine qu’en petite quantité et avec douleur.

Siraniera {la) (YEtrangère], opéra italien en deux actes, paroles de Romani, musique de Bellini ; représenté à Milan en 1828. Rubini, Tamburini, Mme» Mél’ic-Lalande, Unger, tek sont les chanteurs pour lesquels Bellini a écrit cet ouvrage. Les trois rôles de Léopold de Valdebourg, d’Arthur et d’Alaïde ont du caractère et renferment des mélodies expressives. Cependant l’ensemble de l’opéra est faible et manque de grandeur. Au premier acte, on ne remarque guère qu’un choeur et la scène dans laquelle Arthur force Valdebourg à mettre 1 épée à la main : Valdeburgo a cui tu, cieco. Le second acte est plus riche ; nous signalerons l’admirable romance que chantait avec tant de perfection Tamburini : Meco tu vieni, o misera ; le duo de ValdeÈourg et d’Arthur ; l’air excellent chanté par Rubini : Il soave e bel contenta ; le quatuor et le dernier air d’Alaïde. C’est dans la Straniera que Mlle Giulia Grisi a débuté à Paris en 1832. Dès les premières scènes, l’auditoire fut frapppé de l’action dramatique, animée, énergique, de cette cantatrice, qui devait parcourir une si brillante carrière.

STRANRAER, ville maritime d’Écosse, comté de Wigton, au fond du golfe de Ryan, à 28 kilom. N.-O. de Wigton ; 5,678 hab, Fabrication de coton, toiles, cuirs. Le port, commode et sûr, fait un commerce assez important de houille, fromage, bestiaux et cuirs. La ville se compose de trois rues, parallèles à la mer et coupées à angle droit par d’autres rues moins importantes. On y remarque un bel hôtel de ville et une vaste prison. Aux environs, belles résidences, et villas nombreuses.

STRAHVJESIE s. f. (stran-vé-2l — de StranvatSf botan. angl.). Bot. Genre d’arbres, de la famille des rosacées, tribu des poinacées, formé aax dépens des cratsegus, et dont L’espèce type croit au Népaul.

STRAPASSER v. a. ou tr. (stra-pa-sé — de l’ital. slrapazzare, même sens). Maltraiter de coups ; On l bien strapassé. Il Vieux mot.

— B.-arts. Peindre ou dessiner à la hâte et sans correction, en affectant la négligence

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et la facilité : Strapasseb une figure. Il est accoutumé à strapasseb ses tableaux. (Acad.) Il Peu usité.

STRAPASSON s. m. (stra-pa-son — rad. strapasser). B.-arts. Peintre qui strapassé, qni peint a grands traits, sans correction. Il Peu usité.

STRAPASSONNER v. a. ou tr.(strn-pa-so-né

— rad. strapasser). B.-arts. Syn. desTRAPASser : Ce peintre ne fait que strapassonner ses figures. (Acad.) il Peu usité.

STRAPONTIN s. m. {stra-pon-tain — ital. slraponlino ; du lat. stratus, couvert d’une étoffe, et pons, pont). Siège garni que l’on met sur le devant ou aux portières de certaines . voitures, et qui peut se lever ou s’abaisser à volonté : S’asseoir, se mettre sur le strapontin.

— Théâtre. Siège de même forme qui se trouve dans les théâtres et autres endroits publics, et que l’on installe généralement soit aux abords des couloirs, soit même dans les passages ménagés dans les salles de théâtre pour que les spectateurs puissent regagner leurs places.

STRAPPAROLA DE CAUAYAGE (Gian-Francesco), conteur italien, né vers la fin du xve siècle, mort vers 1557. Sa vie est si obscure, que l’on ne sait même pas si le nom sous lequel il est connu n’est pas un sobriquet (stra, extra ; parola, parole), comme pour exprimer sa trop grande facilité à parler et même à extravaguer. Il n’est connu que par ses ouvrages, très-estimés en Italie et même en France, dans les traductions naïves du xvib siècle. Ce sont les Sonetli, strambotti, epistole e capitoli (Venise, 1508, in-8°), et les Piacevoli notti (Venise, 1557, 2 parties, 2 vol. in-s°). Ce dernier ouvrage a eu de nombreuses éditions. La plus complète est celle qui a pour titre : Le Notti di M. Gio. Francesco Strapparola da Caravaggio, nelle quali si contengono le favole ton i loro enimmi da dieci donne e da due giovani raccontate. Corrette di nuovo e ristampate (in Vinegia, 1560, 2 vol. in-8°). Ce sont des contes licencieux, que l’auteur a puisés un peu partout (V. Facétieuses NUITS DU SKIGNKUR STRAPPAROLe). Ces contes, produit supposé des conversations nocturnes de dix femmes et de deux jeunes hommes réunis à Murano, dans les lagunes de Venise, sont en général de contexture bizarre et chargés d’une foule d’incidents romanesques et même merveilleux. Strapparola a été accusé d’avoir pillé les conteurs ses devanciers, principalement le Pecorone et les Morlini nooellie. Molière lui a pris le sujet de la comédie de Y École des femmes (4e nouvelle de la 4e nuit). La seconde partie des contes de Strapparola fut publiée en 1554.

On a une traduction française des Notti, publiée sons ce titre : les Facétieuses nuicts du seigneur Strapparole (en Hollande, 1728, 2 vol.). Cetté traduction a eu pour auteurs Louveau et Larrivey, et a été revue par La Monnoye, qui y a ajouté dès remarques sur les sources où Strapparola avait puisé ses sujets. Elle fait partie de la Collection elzévirienne de Jeannet.

STRAS s. m. (strass), V. strass.

STRASBOURG (de l’ancien haut allemand strut, grand chemin, et burg, ville), YArgentina ou Argentoratum des Romains, en allemand Sirassburg, ancienne ville forte de France et ancien chef-lieu du département du Bas-Rhin, cédé à l’Allemagne par le traité de Francfort (10 mai 1871) et qui fait partie depuis lors de la province d’Alsace-Lorraine. Cette ville est située à 456 kilom. E. de Paris, sur l’IU et près de la rive gauche du Rhin, par 48» 34’ de latit. N. et 5"24r de longit. E. ; 77,859 hab., d’après le recensement de 1871. Evêché, église consistoriale réformée, synagogue consistoriale ; tribunaux de lr« instance et de commerce, justice de paix ; université fondée en 1872 ; école normale d’instituteurs et d’institutrices ; séminaires catholique et protestant ; école Israélite des arts et métiers ; institution de sourdsmuets ; bibliothèque publique, musées d’histoire naturelle, d’anatomie et de physique ; jardin botanique ; hôpital militaire d’instruction ; place forte de ire classe. Strasbourg est défendu par une citadelle, composée de cinq bastions dont les ouvrages extérieurs s’étendent jusqu’à l’un des bras du Rhin, et dont le système de défense est complété par une écluse au moyen de laquelle on peut inonder ses environs. Depuis que cette ville est tombée au pouvoir des Allemands en 1870, le gouvernement prussien a fait ajouter aux forts existants, devenus tout à fait insuffisants, une ceinture de nouveaux forts, entourant la ville, mais à une- distance beaucoup plus éloignée que les anciens, de façon que Strasbourg et Kehl ne forment plus qu’une seule place forte et qu’un immense camp retranché. Ce camp retranché est protégé par douze forts appelés, par décision impériale du 2 septembre 1873, les forts : Fransecki, Moltke, Roon, Prince-Impérial, Grand-due-de-Bade. Prinee-Bismarck, Prineeroyal-de-Saxe, Von-der-Thann, Werder,

Klrchbach, Bosc etBlumenthal. En mars 1875, le génie a décidé de relier entre eux et de consolider par un ouvrage supplémentaire les forts du plateau deHausbergen, au Îi.-O. de Strasbourg. Cette place, avec sa formi STRA

dable ceinture d’ouvrages avancés, est actuellement une des plus fortes de l’Europe. Les conditions dans lesquelles Strasbourg se trouve placé comme forteresse ne lui ont jamais permis de prendre rang parmi les villes manufacturières. Jusqu’à ce jour, aucun établissement de filature et de tissage n’a pu y prospérer. On y trouve néanmoins une assez grande variété d’industries locales, dont les productions ont de ta, réputation, comme la bière, la choucroute et ses fameux pâtés de foies gras. On y fait aussi de la très-bonne charcuterie. Il s’y fabrique en outre de l’ébénisterie, des parquets, billards, pianos, voitures, chapellerie, papiers de tenture et de couleurs, coutellerie, pipes, ouvrages en fil de fer et d’acier, cuirs, brosses, toiles cirées, amadou, bougie, chocolat, amidon, bonneterie et broderies. La fabrication de la garancine et l’épuration des huiles y forment la base d’un commerce très-considérable. Mentionnons encore plusieurs imprimeries très-importantes, une fonderie de caractères, une

manufacture de tabac et la fonderie de canons. Le commerce de cette ville est favorisé nonrseulement par ta navigation du Rhin, de 1*111, du canal du Rhône au Rhin, mais encore par de nombreux et importants chemins de fer. Strasbourg est le point de rayonnement principal des chemins de fer internationaux. De cette ville, en effet, on peut se munir du billet qui permet de se rendre soit à Paris, soit à Cologne, à Berlin ou à Vienne, à Munich ou à Dresde, etc. Le commerce de transit, très-important avant l’annexion à l’Allemagne, a beaucoup perdu depuis que Strasbourg est devenu, de ville frontière, une ville intérieure. Il a perdu aussi, outre les expatriés, beaucoup de commerçants, commissionnaires et autres qui utilisaient la proximité des deux pays et qui n’ont plus de motifs d’exister aujourd’hui. Les principaux articles de commerce sont les laines, les peaux préparées, le houblon, la mercerie, les lainages, les cotonnades, les vins, les graines, la garance, le safran, les soies, les machines, le chanvre, les huiles comestibles, la bijouterie et l’orfèvrerie.

Strasbourg est bâti sur un sol parfaitement uni, et si la flèche prodigieuse de sa cathédrale n’indiquait de fort loin sa position exacte, le voyageur devrait franchir ses enceintes bastiounées avant d’avoir aperçu ses toits à pignon. La viJle est grande, bien bâtie ; ses rues sont larges, propres et bien percées. La rivière de l’III, qui circule autour de la ville, est traversée par 47 ponts. La ville a cruellement souffert pendant le bombardement par les Allemands en août-septembre 1870. 600 maisons environ furent effondrées, au point d’exiger une reconstruction totale. Le faubourg National, ceux de Pierre et de Saverne furent presque entièrement détruits ; mais, depuis lots, le preraieraété reconstruit et les deux autres sont en voie de reconstruction (1875). Plusieurs monuments ont

subi une destruction complète ; d’autres ont été gravement endommagés et pour la plupart restaurés depuis. Nuus allons en parler ci-après, en donnant la nomenclature des raonuments’que nous classerons en édifices religieux et édifices civils.

Monuments remgikux. La cathédrale. La première cathédrale de Strasbourg était due ans libéralités de Pépin et de Charlemagne. Réédifiée par l’évêque Verner (1007), la nouvelle construction fut encore dévastée par un incendie au xno siècle. Le style ogival fut dè3 lors adopté pour sa restauration qui ne se continua que lentement. Le 7 septembre 1275, on acheva la partie du milieu des voûtes supérieures, à l’exception des tours de devant. Erwin de Steinbuch, l’un des premiers architectes de l’épuque, fut chargé par l’évêque Conrad de Lioluenheig de la suite de cet immense travail ; il acheva la nef et commença dès 1276 l’érection des tours qui devaient être pareilles et mesurer, dit-on, une élévation d’environ 190 mètres. Suivant quelques archéologues, cette hypothèse est inexacte : selon eux, d’après le plan primitif d’Erwin, les tours avec la flèche devaient Être beaucoup moins hautes que la flèche actuelle, et ils signalent, entre autres preuves à l’appui de leur affirmation, la disproportion existant entre le peu de largeur de la façade et l’immense élévation de la flèche. Quoi qu’il en soit, l’archevêque Conrad posu la première pierre des tours le 25 mai 1277. Erwin de Steinbach dirigea les travaux jusqu’en 1318, époque de sa mort, et son fils Jean continua son œuvre qui, en 1339, passa sous la direction de plusieurs autres maîtres. La tour du sud fut arrêtée à la plate-forme, terminée en 1365, et la tour du nord, seule achevée, n’atteignit que 437 pieds, soit H2ni, lL2. Au xvo siècle, l’architecte Jean Hiil’.z de Cologne, appelé pour finir l’édifice, posa en 1439 la dernière pierre de la flèche.

La flèche de Strasbourg fut brisée par la foudre en 1654, et Heckler la reconstruisit en trois ans. Peu de temps après, sous prétexte de restauration, on abattit un jubé d’un grand style (1682) ; dix ans plus tard, on tapissa le chœur de lambris peints et dorés ; enfin, au xvme siècle, on détruisit une partie de la nef pour agrandir le chœur, et l’on construisit des tribunes pour le3 musiciens (1732) ; en 1759, la foudre tomba encore une fois sur la vieille basilique et en dévora la

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toiture en plomb. Sous la Révolution, en 1793, on abattit 235 statues de saints qui la décoraient. En 1848, le chœur fut restauré dans le style primitif de l’édifice, : et l’on enleva les lambris en bois et les tribunes qui le déshonoraient. Enfin, pendant le bombardement de Strasbourg en 1870,1a cathédralesubit des dégradations incalculables, les obus ayant projeté leurs éclats dans tout le monument. L architecte en chef Klotz a été chargé de , réparer le monument en 1872. Les réparations des bas-çôtés de la nef, le remplacement de tout le toit ont pris deux années ; puis l’on s’est occupé de restaurer la tour et fa flèche, depuis la grande rosace jusqu’à la pointe extrême ou couronne ; 1,221 panneaux de vitraux ont dû être remplacés. La croix qui menaçait ruine a été réédifiée. La cathédrale de Strasbourg réunit à peu près tous les styles du moyen âge : le style byzantin apparaît dans les constructions primitives de la crypte, du chœur et de ses ailes, et même en partie du bas de la nef ; plus haut (façade et nef principale), l’ogive se mêle au stylebyzantin et finit parle remplacer tout à fait ; enfin le corps intermédiaire entre les étages des deux tours (1385) et le couronnement de la tour du nord (1439) commencent à participer de la décadence de l’art. La façiide principale, une des merveilles de l’art chrétien, est décorée de trois portails : celui du milieu est orné de colonnes et de quatorze statues représentant les prophètes de l’Ancien Testament. Les portails des côtés offrent les statues des Vierges folles et des Vierges sages, légende fréquemment exploitée par la sculpture du moyen âge (xme siècle). Ces statues sont de véritables chefs-d’œuvre. Les vous-sures et les tympans sont décorés de figures plus petites et de bas-reliefs. Entre la première et la seconde galerie, au-dessus du portail du milieu, on aperçoit la grande rose qui mesure l2m,43 de diamètre intérieur, et sur les piliers saillants de la façade, à la hauteur de la première galerie, sont placées duus des niches les statues équestres de quatre rois : celles de Clovis, Dagobert, Rodolphe de Habsbourg et Louis XIV (cette dernière ne date que de 1823). On a placé plus haut les statues équestres de Pépin le Bref, ChaHemagne, Othon le Grand et Henri Ier dit YOiseleur. Aux côtés nord et sud, les deuxtours sont percées d’une grande fenêtre ornée de rosaces, devant lesquelles s’élancent de très-délicats piliers. Plus haut, le même système de décoration se reproduit. La galerie qui règne au-dessus de la rose du milieu est occupée par les statues des apôtres. L’espace situé au troisième étage entre les deux tours présenteune sculpture gigantesque, représentant le jugement dernier ; cette œuvre, achevée en 1849, est due au ciseau de M. Grass. Tout cet étage est couronné par la plateforme, à l’exception de la tour du nord, sur laquelle s’élève la flèche, supportée par une tourelle octogonale décorée de statues. « Quatre des faces de cette tourelle, dit M. Joanne, sont cachées par des escaliers tournants d’une grande hardiesse, d’une élégance et d’une légèreté merveilleuses, qui conduisent à une galerie où commence lu flèche. C’est un obélisque à huit pans, découpé à jour avec une incroyable délicatesse etforméde six étages de petites tourelles posées l’une sur l’autre en pyramide. Audessus de la sixième est la lanterne, a laquelle aboutissent huit escaliers tournants à jour ; de là, on parvient par des degrés extérieurs à la couronne ; plus haut, au-dessus d’un autre évasement appelé la Rose, la flèche continue de s’élever en formant une croix de 111,70, terminée par un bouton avec paratonnerre. L’élévation totale de l’édifice est de Hïnijiiî. j, a grande pyramide d’Egypte ne la dépasse que de 2 mètres. «Rien de plus merveilleux que ce clocher aérien et percé à jour, qui, vu de loin, semble plutôt un modèle en laiton très-fin qu’une immense construction en pierre. Voici en quels termes enthousiastes en parle Victor Hugo dans le Jlliin : « Le Munster de Strasbourg a près de 500 pieds de hauteur ; il est de la famille des clochers accostés d’escaliers à jour. C’est une chose admirable de circuler dans cette monstrueuse masse de pierre toute pénétrée d’air et de lumière, évuiée comme un joujou de Dieppe, lanterne aussi bien que pyramide, qui souffle et qui palpite à tous les souffles du vent. Je suis monté jusqu’au haut des escaliers verticaux. J’ai rencontré en montant un visiteur qui descendait tout pâle et tout tremblant, à demi porté par son guide. Il n’y ■ù pourtant aucun danger. Le danger pourrait commencer au point où je me suis arrêté, à la naissance de la flèche proprement dite. Quatre escaliers k jour en spirale correspondent aux quatre tourelles verticales, enroulés dans un enchevêtrement délicat de pierre amenuisée et ouvragée, s’appuient sur la flèche, dont ils suivent l’angle, et rampent jusqu’à ce qu’on appelle la couronne, à environ 30 pieds de distance de la lanterne, surmontée d’une croix qui fait le sommet du clocher. Les marches de cet escalier sont très-hautes et très-étroites et vont se rétrécissant à mesure qu’on monte, si bien qu’en haut elles ont à peine la saillie du talon. Il faut gravir ainsi une centaine de pieds, et l’on est à 400 pieds du pavé ; point de garde-fou, ou si peu qu’il n’est pas la peine d en parler. L’entrée de cet escalier est fermée par une grille de fer. On n’ouvre cette grille que sur