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trop inférieure en forces, abandonner le blocus de Stralsund et se retirer sur Ancklam, puis sur Unkermunde et Stettin. Cette retraite s’accomplit d’uilleurs en bon ordre et sans grandes pertes de notre côté. Ce fut peu de temps après que survinrent la bataille d’Eylau et la paix de Tilsitt ; la prise de Dantig assurait définitivement les derrières de notre année. Seul, le roi de Suède résistait encore. Napoléon, sans attacher k cette résistance plus d’importance qu’elle n’en méritait, et peu pressé d’occuper Stralsund, puisqu’il tenait Dantzig, n’eu établit pas moins.un parc d’artillerie formidable devant la place, afin de la tenir en respect. En même temps, le maréchal Brune, à la tête d’un corps d’armée imposant de 38,000 hommes, et l’ingénieur Cliasseloup, celui-là même qui avait déjà dirigé avec tant de succès le siège de Dantzig, commencèrent le blocus de la vilte, mais avec ordre de n’en entamer le» siège qu’en cas de nécessité absolue. Au mois de septembre 1807, l’expédition de Copenhague, tentée par les Anglais, et la complicité de Stralsund décidèrent enfin le maréchal Brune à agir. L’ingénieur Chasseloup put donner un pendant k son admirable attaque stratégique de Danlzig. " Cet habile officier, dit M. Thiers, possédant cette fois tous les moyens dont la réunion n’avait été que successive devant la place de Dantzig, s’était promis de faire du siège de Stralsund un modèle de précision, de vigueur et de promptitude. Il avait préparé trois attaques, mais avec la résolution de ne rendre sérieuse que l’une des trois, celle qui, dirigée vers la porte de Knieper au nord, pouvait amener la destruction de la flotte suédoise. Ayant ouvert la tranchée sur tous les points à la fois, malgré les feux de la place, il avait en quelques jours établi et armé ses batteries et commencé une attaque si terrible, que le général ennemi, quoiqu’il eût 15,000 Suédois et 7,000 ou 8,000 Anglais, soit dans la place, soit dans l’île de Rugen, s’était vu contraint d’envoyer un parlementaire et de livrer Strals-und lo 21 août. » Les Français occupèrent la place jusqu’en 1810, époque a laquelle ils la rendirent aux Suédois, k la condition expresse de fermer le port aux bâtiments anglais. Le blocus continental, et sa réussite qui aurait pu être si fatale à 1 Angleterre, tel était le mobile qui dirigeait ici la conduite de Napoléon, En effet, le seul port de Stralsund, ouvert à l’Angleterre sur la Baltique, eût suffi pour faire échouer un plan si lentement et si laborieusement conçu et préparé.

Les fortifications de Stralsund, rasées par les Français en 1807, ont été rétablies par la Prusse en 1816.

STRALSUND (régence dk), division administrative de la province prussienne de Poméranie. Elle est baignée au N., au N.-O. et k l’E. par la Baltique : au S.-E. et au S., elle confine à la régence de Stettin ; au S. O. et à l’O., au grand-duché de Mecklembourg-Schwerin. Superficie, 4,500 kilom. carrés, en y comprenant l’Ile de Rugen ; 203,106 hab. Ch.-l., Stralsund ; villes principales, Bergen, Grimme, Oreifswalde et Franzburg, qui sont les chefs-lieux des quatre cercles que comprend la régence. Le sol, plat, arrosé par la Recknitz, la Trebel et la Peene, est fertile en céréales, légumes et tabac. Belles forêts ; pêche abondante sur les côtes.

STRAMB1NO, ville du royaume d’Italie, province de Turin, district et à 7 kilom, S. a’Ivrée, sur un petit affluent de la Doire-Baltée, ch.-l. de mandement ; 4,465 hab.

STBAMMASETTE s. f. (stram-ma-zè-te). Jeux. Gagner par strammasette, Se dit quand deux joueurs associés font ensemble, au tresette, les neuf premières levées, sans qu’il se trouve dans aucune un as ou les figures nécessaires pour produire un point.

STRAMMASON s. m. (stra-ma-zon). Jeux. Gagner par strammason, He dit, au jeu de tre-Bette, quand un joueur fait tout seul les neuf premières levées, sans qu’il s’y trouve un as ou les figures nécessaires pour produire un point.

STRAMOINE s. f. (stra-moi-ne — du lat. slramonium, même sens). Bot. Genre de plantes, de la famille des solanées, type de la tribu des daturées, dont le nom scientifique est datura : La stramoine commune est un dangereux poison. (Bosc)

— Encycl. La s(ramoine, ou pomme épineuse, ou datura, croît dans les lieux incultes de plusieurs contrées de l’Europe. Elle a une tige herbacée, annuelle, très-rameuse, dichotoine, haute de près de 1 mètre, garnie de feuilles grandes, ovales, pétiolées, aiguës, sinuées et anguleuses, un peu pubesceutes. Les fleurs sont très-grandes, blanches et teintes légèrement en violet, solitaires, portées sur des pédoncules courts, situés en dehors des aisselles des feuilles ou dans les aisselles des dichotomies de la tige. Leur calice est tubuleux, un peu renflé à sa partie inférieure, a. cinq dents et k cinq angles ; la corolle est infundibuiiforine, également à cinq angles, terminée par un limbe évasé, plissé longitudinalement. Le fruit capsulaire est hérissé de pointes épineuses ; il est divisé intérieurement en quatre loges, qui communiquent ensemble deux par deux à leur sommet, k cause de — l’imperfection d’une des deux cloisons. Ces loges s’ouvrent par quatre valves et contiennent un grand nombre de petites graines brunâtres, réniformea.

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Toutes les parties de la pomme épineuse, et principalement ses fruits, sont doués de propriétés narcotiques portées à un degré tel, qu’on regarde cette plante comme une des plus vénéneuses de la famille des solanées. Elle a une odeur vireuse, qui devient encore plus forte lorsqu’on la froisse entre les mains. Sa saveur est amère, acre et nauséeuse.

— Action physiologique de la stramoine. « L’a stramoine à dose modérée, dit Trousseau, produit de légers vertiges et un peu de propension au sommeil ; l’énergie musculaire est diminuée ; la sensibilité est émoussée. On remarque la dilatation de la pupille, un léger trouble de la vue, l’accélération du pouls, l’élévation de la chaleur de la peau, la soif. Ordinairement, le ventre est relâché, les urines sont plus abondantes. Quand il n’y a ni diurèse ni diarrhée, on observe une sueur abondante. «Souvent des hallucinations agréables viennent compliquer les phénomènes précédents. A dose plus élevée, les phénomènes s’aggravent, se compliquent. Les pupilles Sont démesurément dilatées ; tous les sens ont leurs fonctions perverties ; l’agitation est extrême ; il y a une lièvre très-vive, une soif ardente, de la constriction très-douloureuse du pharynx, poussée quelquefois à ce point qu’il y a impossibilité d’avaler ; la peau est sèche, chaude, recouverte quelquefois d’une éruption scarlatiniforme. À ces effets produits se joignent de la cardialgie, des vomissements, de la diarrhée. On sent inutilement un fréquent besoin d’uriner. Enfin, quand la mort arrive, le collapsus se produit, puis le refroidissement.

Quand la mort n’est pas le terme de l’action physiologique de la stramoine, tout se dissipe peu à peu, et il ne reste plus de tout cet appareil formidable de symptômes que la dilatation des pupilles, l’obscurcissement de la vue, quelquefois une cécité passagère. La présence de visions fantastiques, d’hallucinations singulières a velu à la stramoine le nom d’herbe aux sorciers, d’herbe au diable, parce que, dit Trousseau, dans les siècles d’ignorance, les prétendus sorciers faisaient assister au sabbat des gens superstitieux qu’ils avaient enivrés avec ces plantes vireuses. C’est par ce même moyen que les enchanteurs procuraient aux amants des jouissances imaginaires. Dans l’Inde encore, les femmes font prendre k leurs maris des breuvages composés avec le datura, non pour exciter leurs désirs, mais pour tromper leur vigilance quand elles ont troublé les fonctions cérébrales. Citons ici les endormeurs, dont le procès a eu un retentissement fameux, qui mêlaient à du tabac de la poudre de semences de stramoine, lis se plaçaient, dans les lieux publics, k côté de gens auxquels ils offraient fréquemment du tabac. Dès qu’ils les voyaient étourdis et délirants, ils les dépouillaient sans scrupule. Comme on le voit, l’action physiologique du datura est analogue à celle de la belladone.

Action thérapeutique de la stramoine. La pomme épineuse a été employée avec quelque succès par Moreau dans des cas de manie aiguë. Storck l’avait employée infructueusement dans l’épilepsie et la chorée. Plus près de notre époque, Debreyne et Bretonneau en ont retiré quelques avantages dans cette avant-dernière affection nerveuse. Si cette plante n’a pas réussi dans ces névroses, son incontestable efficacité dans l’asthme et dans les névralgies doit la faire placer au rang des médicaments sur lesquels la thérapeutique doit le plus compter. À l’appui de cette ussertion, citons encore 1 illustre Trousseau : « L’influence du datura sur les individus atteints d’asthme essentiel a quelque chose de miraculeux dans les premiers mois et les premières années de l’emploi du médicament ; cependant, continue-til, si la maladie est grave et si elle revient souvent, peu à peu le datura perd la propriété de modérer les accès et il finit même par devenir sans action. ■

La stramoine est encore très-utile pour calmer la toux et la dyspnée des phthisiques, des malades atteints de catarrhe et de maladies du cœur, pour prévenir les spasmes de la coqueluche. Dans les rhumatismes, l’efficacité du datura est peu contestable.

Une sorte de stramoine, le raétel, datura métel, est fort connue dans l’Inde par ses fruits, nommés noix de métel, et que les indigènes emploient comme soporifique, à la manière de l’opium. Il a été question, dans ces derniers temps, d’une substance narcotique sous le nom de deïamba, de tabac du Congo, qui paraît avoir les mêmes propriétés que la stramoine.

On administre la stramoine en feuilles, en poudre, en extrait, en infusion, en décoction, en teinture. Ce sont les semences qui sont les plus actives. Les feuilles, généralement, se roulent en petites cigarettes et se furent. La poudre et l’extrait se donnent à la dose de og1,05 k ogr,30 dans les vingt-quatre heures. Eu infusion et en décoction, 1 gramme suffit, et même il est prudent de ne jamais aller au delà. La teinture se donne à la dose de 2 à 30 gouttes.

Terminons en indiquant le traitement k suivre dans les cas d empoisonnement par la stramoine. 11 faut d’abord faire vomir et administrer des purgatifs énergiques si le poison est encore dans le tube digestif. L’emploi

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du vinaigre est excellent, et ce liquide ’paraît être le meilleur antidote du datura. A défaut de vinaigre, on administre d’autres acides et, en plus, des boissons froides, des bains froids et l’opium à haute dose.

STRAMONINE s, f. (stra-mo-ni-ne — rad. stramonium). Chili). Principe actif extrait de la stramoine.

STRAMONITE S. f. (stra-mo-ni-te — dimin, de stramoine, par allus. À la forme de la coquille). Moll. Genre de mollusques gastéropodes pectinibranches, formé aux dépens des pourpres.

STRAMONIUM s. m. (str-mo-ni-omm). Bot.

Syn. de STRAMOINK.

STUANDBERG { Charles-Guillaume-Auguste), poète suédois, né dans le Sôdermanland en 1818. Il étudia à Upsal et à Ltind et fit paraître dans cette dernière ville, sous le pseudonyme de Tnii» Qualis, des Poésies, en grande partie politiques. Il.publia ensuite des traductions de poésies d’Herwegh et de Hofmann von Fallersleben (1844) et de plusieurs

fioemes de Byron. Sa traduction de Don Juan ui valut, en 1858, une médaille de l’Académie de Suède. Il a fait paraître en 1845 des poésies originales. Deux recueils de poésies de Strandberg ont paru en 1854 et en 1860, sous ce titre : Likter of Talis Qualis. En 1802, il fut admis à l’Académie de Suède.

STRANGALIE s. f. (stran-ga-lt — du gr straggaliu, corde torse). Entom. Genre d’insecte coléoptères tétramëres, du groupe des lepturètes, comprenant une quinzaine d’espèces, qui habitent l’Europe, l’Asie et surtout l’Amérique.

STRANGALIODE s. m. (stran-ga-li-o-dedu gr. strangaliâdés, tortueux). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétramères, de la tribu des eléonides, dont l’espèce type vit au

Chili.

STRANGE (Robert), graveur anglais, né aux Ûrcades en 1785, mort à Londres en 1797. Successivement élève en droit, puis marin, il obtint de ses parents l’autorisation d’étudier l’art de la gravure dans l’atelier de Richard Cooper, à Édimbourg ; puis il s’engagea, en 1745, dans i’armée du prétendant CharlesÉdouard et, après la défaite de ce dernier, passa en France pour perfectionner son talent sous la direction de Descamps et de Lebas. Kn 1758, il partit pour l’Italie, où il resta’ plusieurs années, s occupant à étudier tous les chefs-d’œuvre et à faire une ample collection de dessins précieux, qu’il se proposait de graver plus tard. En 17G5, il revint se fixer à Londres. Doué du véritable sentiment du beau, il ne se laissa jamais entraîner par l’exemple du mauvais goût qui régnait à cette époque. On ne le vit jamais reproduire les tableaux de Boucher, quoique tout le monda l’appelât le peintre des grflcp» ; mais il se plaisait à graver les beaux ouvrages du Corrége, de Raphaël, du Guide, du Titien, de Carie Maratte. Le dessin de cet artiste est correct, et sa pointe souple et délicate. On cite, parmi ses ouvrages : Je Charles Ier1, d’après Van Dyck ; VAnnonciation, d’aprè3 le Guide ; Bélisaire, d’après Salvator Rosa ; Saint Jean enfant, d’après Murillo, etc.

STRANGFORD (Percy-Clinton-Sydney-Smith, vicomte de), lord Penherst, diplomate anglais, né en Irlande en 1780, mort le 29 mai 1855. Il entra en 1801 k la Chambre des lords et fut envoyé k Lisbonne en qualité de secrétaire d’ambassade. Lors de l’entrée des Français en Portugal, il suivit la cour de Portugal au Brésil. Il alla ensuite représenter l’Angleterre à Stockholm en 1817 et a Constanunople en 1820. En 1822, il accompagna lo duc de ’WeUington au congrès de Vérone. En 1825, il fut ambassadeur d’Angleterre k Saint-Pétersbourg. La même année, il fut créé pair d’Angleterre, sous le titre do lord penhurst. En 182s, il fut chargé d’uiijj mission spéciale auprès de l’empereur du Brésil. Il était vice-président de la Société des antiquaires et a inséré, sous les initiales P. C. S. S., divers articles dans les deux recueils Gentleman’s Magasine et Notes and Querries. On doit aussi à Strangford une traduction anglaise des œuvres de Camoëns (1804, rééditée en 1808, 1810 et 1824).

STRANGFOKD (George-Auguste-Frédéric-Percy-Sydney-Smith, vicomte de), homme politique anglais, fils du précédent, né k Stockholm en 1818, mort en 1857. Il fut de 1840 à 1852 membre de la Chambre des communes, sous la simple dénomination de Smith et, sous le ministère Robert Peel, en 1846, sous-secrétaire d’État des affaires étrangères. Outre divers articles insérés dans des recueils annuels, il a publié un ouvrage intitulé : Bizarreries littéraires.

STRANGIE s. f, (stran-jl — du gr, straggos, tordu). Zooph. Genre d’animaux marins, rapporté avec doute aux spongiaires.

STRANGULATEUR, TRICE S. (stran-gula-teur, tri-se — rad. stranguler). Personne qui étrangle,

STRANGULATION s. f. {stran-gu-la-si-on — rad. stranguler). Action d’étrangler ou de s’étrangler : Elle fit un pas en avant, pâle et tremblante, essayant de parler cl retenue par une strangulation subite. (G. Sand.)

— Pathol. Strangulation utérine, Hystérie.

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— Encycl. Législ. La strangulation est une peine très ancienne. Les livres juifs nous apprennent que Josué fit étrangler les six rois ses prisonniers. D’après 1-abricius, le coupable était enfoui dans le fumier jusqu’aux genoux et ensuite on lui serrait le cou de chaque côté en tirant un linge dont on l’entourait préalablement, et on le faisait expirer de la sorte. Dans la Grèce ancienne, ce supplice était en usage. Nous voyons à Sparte que le roi Agis fut condamné à être étranglé. À Rome, la strangulation était réservée aux grands criminels, et ce genre de mort était si ignominieux, que les lois des pontifes défendaient d’ensevelir ceux qui avaient subi ce Supplice. Il se pratiquait de plusieurs manières, mais le genre le plus usité était celui-ci : les bourreaux passaient autour du cou du condamné un lacet de soie, et ils serraient à force de bras. Ce fut le supplice de Lentulus et des autres complices de Catilina, En France, ce supplice ne fut pratiqué qu’exceptionnellement. Ainsi Marguerite de Bourgogne, petite-fille par sa mère de saint Louis et femme de Louis le 11 qtin, convaincue d’adultère, fut enfermée an château Gaillard et étranglée dans sa prison, avec ses cheveux, suivant une tradition populaire. La strangulation était quelquefois une faveur accordée aux criminels condamnés k la roue. Sous Henri II, le conseiller Anne Dubourg obtint du parlement la faveur d’être étranglé avant d’être brûlé. I ! en a été de même en Angleterre ; ainsi, les officiers qui avaient pris parti pour le prétendant Charles-Édouard, en 1746, furent étranglés avant d’être brûlés et d’avoir le cœur arraché, comme le portait l’arrêt. En Espagne, ce supplice est fort en usage, et on se sert d’un instrument particulier que l’on nomme garrotte (v. ce mot). En Chine, ce genre de mort est réservé à la noblesse, tandis que l’on décapite les gens du peuple. Lorsque l’empereur veut donner une marque de bonté k un mandarin condamné k mort, il lui envoie un cordon de soie, et cette faveur est tellement appréciée, qu’elle détermine ceux qui la reçoivent k subir presque avec joie leur supplice. Chez les anciens Mexicains, la peine de la strangulation était infligée aux jeunes nobles qui, même une seule fois, manquaient de soumission k leurs pères. En Italie, la célèbre Jeanne qui, pour régner seule, avait fait étrangler son mari, André d’Anjou, en 1346, subit le même supplice. Dans le droit barbare, cette peine existait et avait été transmise aux Ostrogoths par les Romains. Personne n’ignore combien était fréquent, chez tous les peuples musulmans et surtout chez les Turcs, ce genre de supplice et l’habitude qu’avaient les sultans d envoyer deux muets et un lacet de soie aux princes ou aux vizirs dont ils voulaient se défaire.

— Méd. lég. La strangulation est un acte de violence qui consiste en une constriction exercée directement, soit autour, soit au devant du cou, avec les mains ou à l’aide d’un lien quelconque, ayant pour résultat, en interceptant le passage de l’air, de suspendra brusquement la respiration et la vie. La strangulation peut être le résultat d’un suicide ou d’un assassinat. On a longtemps révoqué en doute la possibilité qu’un individu pût s’étrangler lui-même ; mais il existe aujourd’hui trop d’exemples de ce genre de mort pour que ce doute puisse subsister encore. Cependant, le plus souvent, dans les cas de strangulation, il y a homicide ; et si, par la pendaison, un seul homme ne peut pas donner la mort k un autre, il ne faut pas en dire autant de la strangulation. Un individu plus fort qu’un autre peut être surpris, soit à l’improviste, soit pendant son sommeil, et, si l’on exerce une constriction sur sou cou, ses forces diminueront à mesure que la constriction augmentera. Il est même douteux qu’un individu, ayant voulu s’étrangler lui-même et n’ayant pas assez serré le lien constricteur pour mourir promptement, puisse se dégager au bout d’un certain temps. Dès le premier moment où le lien commence k être un peu serré, il ne pénètre plus dans le thorax qu’une quantité d’air insuffisante ; l’hématose se fait incomplètement, la circulation est ralentie, l’individu éprouve un sentiment d’angoisse et de défaillance qui ne lui laisse plus assez de force ni de présence d’esprit pour qu’il puisse ni augmenter ni diminuer l’étreinte, et la vie s’éteint en quelque sorte d’elle-même.

Phénomènes de la strangulation. Les individus morts étranglés ont ordinairement la face tuméfiée, violacée, comme marbrée, et cette altération est d’autant plus prononcée que la victime a opposé plus de résistance. Les enfants nouveau-nés ne présentent presque pas ce signe d’étranglement. La langue, tuméfiée, sort en partie de la bouche entr ouverto ou se trouve appliquée contre les arcades dentaires ; les yeux sont gonflés, k demi ouverts ; U bouche et les narines sont remplies d’une écume sanguinolente ; les doigts des pieds et des mains sont contractés ; les membres et le trône sont couverts d’une multitude de petites ecchymoses livides, qui, sur le cou et sur la face, forment une sorte de pointillé. Le lien qui a été serré autour du cou laisse une empreinte en rapport avec sa forme, sa grosseur et la manière dont il était placé. C’est, en général, un sillon k peu près horizontal, situé k la partie moyenne ou in-