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déjà cités, nous ajouterons : Ascanio, dans Benvenuto Cellini ; Marguerite, dans le Lac des fées ; Zaïda, dans Dom Sébastien de Portugal ; Kstrella, dans VÉtoile de Sdvilte ; Desdémone, dans Othello ; Marie Siuart, dans l’opéra de ce nom, etc.

STOLZE (Henri-Auguste-Guillaume), inventeur de la méthode de sténographie qui porte son nom, né à Berlin en 1798, mort en 1867. It était encore au gymnase de Joachiinsthal, dans sa ville natale, lorsque la mort de son père le réduisit, en 1813, à se livrer à l’enseignement privé, et il se vit ainsi forcé de consacrer ses nuits aux études nécessaires pour compléter sa propre instruction. Un emploi qu’il obtint au bureau de la Société d’assurance contre l’incendie de Berlin rendit sa position moins difficile ; mais il n’en continua pas moins de donner des leçons et de travailler pour lui-même. Ces occupations multiples l’amenèrent à reconnaître Aa plus en plus chaque jour l’avantage que lui offrirait une manière d’écrire abrégée et rapide, et, à dater de 1820, il fit de la sténographie son occupation principale. C’est à lui que Ton doit l’introduction de l’étude de la sténographie dans les écoles et dans les universités de l’Allemagne et son emploi dans les écritures commerciales. Il fut chargé, en 1844 et 1845, par la Société polytechnique de Berlin, et en 1846 par les magistrats de cette ville, de faire un cours sténographique pour les employés et pour les instituteurs et devint, en 1848, sténographe de la seconde Chambre de Berlin, puis directeur du bureau sténographique de la seconde Chambre prussienne, dont on vante l’organisation modèle. Nous citerons, parmi ses ouvrages : Manuel théorique et pratique de sténographie allemande pour les écoles supérieures et pour l’enseignement sans maître (Berlin, 1841,2 parties, souvent réédité) ; Cours complet de sténographie (berlin, 1852, avec 80 pi. lithogr., souv. réédité) ; Manuel sténographique (Berlin, 1852) ; Guide de sténographie allemande (Berlin, 1867, 18e édit.).

StoiiiMifcis (mot à mot, en allemand, rocher superbe), célèbre château de Prusse, situé à peu de distance de Coblentz, sur un rocher à pic et boisé qui domine le Rhin d’une hauteur de 100 mètres. Construit au xiiic siècle par l’archevêque de Trêves, Arnold d’Isenburg, il devint la résidence ordinaire des successeurs d’Arnold. L’un d’eux, nommé Werner, y entretint, de 1380 à 1418, des alchimistes qui, sans trouver la pierre philosophale, firent faire quelques progrès a la chimie. La princesse Isabelle, sœur de Henri III d’Angleterre, avait logé à Stolzenfels dès 1235. Démantelé en 1688 par les Français, le château n’était plus depuis longtemps qu’une ruine imposante, quand, en 1823, la ville de Coblentz, qui en était devenue propriétaire, l’offrit au prince royal, dépuis roi sous le nom de Frédéric-Guillaume IV. Le prince l’accepta et

chargea Schinkel de la restauration. Les travaux, commencés presque immédiatement, absorbèrent en moins de neuf années plus de 345,000 thalers. Frédéric-Guillaume vint loger à Stolzenfels dès 1842 ; mais la restauration ne fut achevée qu’en 1845. La même année, le vieux château reçut dans ses murs rajeunis la reine Victoria, le prince Albert, le roi et la reine des Belges et le grand-duc Frédéric d’Autriche. La restauration de Stol zenfels peut se comparer à celle de notre Pierrefonds. Sa décoration intérieure, inférieure peut-être en quelques détails, se rachète par un ensemble très-satisfaisant. Nous la décrirons brièvement.

Le rez-de-chaussée comprend quatre pièces principales : la chapelle gothique ; la petite salle des Chevaliers, ornée de fresques semihistoriques, semi-allégoiiques, ainsi décrites par M. Joanne : « La Bravoure : le roi Jean de Bohême, dit l’Aveugle, se fait tuer a la bataille de Créey (27 août 1346) ; la Fidélité : Hermann de Siebeneicher se sacrifie pour sauver l’empereur Frédéric Barberousse que menaçaient des assassins guelfes : l’Amour : l’empereur Frédéric II reçoit sa hancée Isabelle Plantagenet, sœur de Henri III ; la Musique : Philippe de Souabe et sou épouse Irène descendent le Rhin en bateau, entourés des plus fameux ménestrels de leur époque ; la Persévérance : Godefroy de Bouillon suspend ses armes dans l’église du Saint-Sépuicre ; la Justice : Rodolphe de Habsburg établit la paix générale. » Cette salle, éclairée de fenêtres gothiques, est, en outre, ornée des portraits de saint Géréon, saint Georges, saint Maurice et saint Rheinhold. Après la petite salle, vient la salle des Chevaliers, longue de 16m,66, large de 10 mètres. Aménagée en musée historique, elle contient une collection de vieilles armures et la statue d’Arminius. Dans la petite salle d’armes, on conserve, entre autres curiosités, les épées de Napoléon, de Murât, de Kosciusko, de Tilly et de Bliicher ; un stylet du duc d’Albe, etc. À ces pièces, il faut joindre la cour-jardin et la salle des Arcades.

Le premier étage de Stolzenfels est occupé par les appartements royaux, éclairés par des fenêtres à vitraux et décorés de tableaux de prix, parmi lesquels à faut citer une excellente copie de Dombild de Cologne, par Backenkamp.

Trois tours principales flanquent Stolzenfels extérieurement : le Rauhethurm, la tour des Adjudants, la tour de la Vue. Cette drr STOM

nière doit son nom au magnifique panorama dont on jouit de son sommet et qui embrasse à la fois la Marxburg, la chapelle blanche de Wenceslas, le Kœnigsstuhl, Oberlahnstein, les ruines de Lohneck, Coblentz, Ehrenbreitstein, les hauteurs de Valendar. Une

grande fresque extérieure, visible pour les voyageurs qui passent en bateau sous les murs de Stolzenfels, représente le comte palatin Rupert, élu empereur d’Allemagne sur le Kœnigsstuhl et venant visiter l’électeur de Trêves. Cette fresque, dans le style de l’époque où était en vogue ce genre de décoration extérieure, est du peintre Lasinsky. STOMACACE s. f. (sto-ma-ka-se — gr. stomakaké ; de stoma, bouche, et de kakos, mauvais). Pathol. Ulcération fétide de la bouche. Il Nom donné quelquefois au scorbut.

— Enoycl. V. STOMATITE GANGRENEUSE.

STOMACAL, ALE adj. (sto-ma-kal, a-ledu lat. stomackus, estomac). Qui appartient à l’estomac : La digestion stomacale est acide, la digestion duodénale est alcaline, la digestion du côlon est ammoniacale. (Raspail.)

— Qui est bon, salutaire à l’estomac : Vins

STOMACAUX. Poudre STOMACALE. (Acad.)

STOMACHIQUE adj. (sto-ma-chi-ke — du lat. stomachus, estomac). Anat. Qui appartient à l’estomac : Veines stomachiques. Il Peu usité ; on dit gastrique.

— Méd. Qui est bon pour l’estomac : Elixir stomachique. Les amers sont stomachiques.

— Substantiv. Substance stomachique : Le vin vieux est une substance stomachique.

STOMALGIE s. f. (sto-mal-jî — du gr. stoma, bouche ; algos, douleur). Pathol. Douleur dans la bouche. Il Mot mal formé-, il faudrait dire Stomatalgie. La même observation s’applique aux deux mots suivants.

STOMAPODE adj. (sto-ma-po-de — dugr. stoma, bouche ; pous, pied). Crust. Qui a les pattes ou les organes natatoires voisins de la bouche ou même appliqués contre elle.

— s. m. pi. Ordre de crustacés nageurs, de la division des podophthalmes, comprenant les genres qui présentent le caractère indiqué ci-dessus : Chez quelques stomapodes, l’abdomen est rudimentaire. (H. Lucas.)

— Encycl. L’ordre des stomapodes se compose entièrement de crustacés nageurs, dont le corps est allongé et dont la forme générale se rapproche Deaucoup de celle des décapodes macroures. Les branchies sont abdominales et libres. Les appendices abdominaux sont très-développés. Les dimensions de la carapace varient beaucoup ; la conformation de l’abdomen varie encore davantage, jusqu’à devenir quelquefois rudimentaire. Les antennes de la première paire de pattes sont assez longues et se terminent par deux ou trois filets pluri-articulés. Les antennes de la seconde paire sont très-variables. Chez la plupart des stomapodes, l’appareil buccal est assez simple et ne se compose que d’une lèvre supérieure, d’une paire de mandibules, d’une lèvre inférieure, d’une paire de pattes-mâchoires ; souvent ces derniers organes manquent ou sont transformés en pattes natatoires. Les pattes sont un nombre de sept ou de huit paires et présentent toutes, le plus souvent, le même mode de conformation.

Les branchies des stomapodes présentent, le plus souvent, une structure assez compliquée. Au lieu d’être composées de lamelles et de filaments simples, elles sont formées de cylindres rangés parallèlement, donnant, naissance à d’autres cylindres plus petits, lesquels, h leur tour, sont également frangés. Chez certains stomapodes, ces branchies sont réduites à un état rudimentaire, et chez d’autres on ne voit rien qui puisse être considéré comme un organe spécial de respiration. Il y a tout lieu de croire, dans ce cas, que c’est par la surface générale des téguments que cette fonction s’exerce. Chez les squilles, qui sont les stomapodes pour lesquels ou a le mieux étudié le système circulatoire, le cœur, au lieu d’être à peu près quadrilatère et d’être situé vers le milieu du thorax, a la forme d’un long vaisseau cylindrique qui s’étend dans toute la longueur de l’abdomen. Les artères qui naissent de ce cœur tubufaire se distribuent aussi d’une manière particulière, et les principaux sinus veineux, au lieu d’être situés sous le thorax, occupent l’abdomen.

L’ordre des stomapodes est relativement peu nombreux, mais il renferme des crustacés qui diffèrent beaucoup entre eux, soit par la forme générale de leur corps, soit par la structure particulière de leurs principaux organes. Ils forment trois familles désignées sous les noms de cardioïdes, bicuirassés et unicitirassés.

STOMARRHÈNE s. m. (sto-ma-rè-ne — du gr. stoma, bouche ; arrhên, mâle). Bot. Genre de sous-arbrisseaux, de la famille des épacridées, tribu des styphéliées, comprenant deux espèces, qui croissent en Australie.

STOMATE S. m. (sto-ma-te —dugr. stoma, bouche, qui, d’après Eiehhoff, représente le sanscrit staumas, parole, de la racine sanscrite stu, énoncer, proclamer, d’où aussi, selon lui, l’allemand stimme, bouche). Bot. Chacune des petites ouvertures qui se trouvent en grand nombre sur l’épiderme des végétaux et jouent le rôle d’organes ras STOM

piratoires : Les deux cellules en croissant qui forment le stomate renferment des grains de chlorophylle en plus ou moins grande quantité, (f. Duchartre.) Les pétales sont dépourvus de stomates. (Th. de Berneaud.)

— s. f. Moll. Genre de mollusques gastéroropodes, dont l’espèce type habite la mer des Indes : On ne connaît point encore l’animal de la stomate. (H. Hupé.)

— Enycl. Bot. Le rôle physiologique des stomates est d’une importance majeure pour la vie des plantes. Chacun d’eux consiste en une petite ouverture oblongue, nommée ostiole, que bordent deux cellules symétriques et arquées, dont la disposition rappelle assez bien celle des deux lèvres autour de la bouche. Relativement à la membrane épidermique, les stomates sont fréquemment au même niveau, de manière à être compris dans le plan de celle-ci. Us peuvent’exister sur toutes les parties des plantes qui sont entourées d’air ; mais c’est particulièrement sur les organes verts qu’on les voiten plus grandequantité, c’est-à-dire sur les feuilles, les tiges jeunes et peu consistantes, sur celles d’entre les parties de la fleur qui sont colorées de la même teinte. Les stomates correspondent, sur les feuilles, aux parties uniquement cellulaires, c’est-à-dire qu’ils se trouvent dans les espaces circonscrits par les nervures. Il en résulte qu’ils sont disséminés Sans ordre dans les dicotylédons et disposés en files longitudinales dans les monocotylédons. Ces petits appareils se trouvent en nombre très-considérable sur les feuilles ; on a calculé qu’une feuille de lilas d’une grandeur de quelques centimètres carrés contient plus de 700,000 stomates. La physiologie de ces appareils est très-peu connue. Cependant, d’après M. Mohl, les deux cellules stomatiques ouvrent largement l’ostiole quand elles se gonflent en absorbant de l’eau, le ferment au contraire quand elles s’affaissent plus ou moins en perdant le contenu.

STOMATELLE s. f. (sto-ma-tè-le — dimin. de stomate). Moll. Genre de mollusques gastéropodes pectinibranch.es, de la famille des turbinacés, comprenant dix espèces, qui vivent dans les mers des pays chauds : La STO-MATELLE imbriquée se trouve près de l’île de Java, (Dujardin.)

— Encycl. L’animal des stomatelles a le corps ovalaire et la tête distincte, munie d’un mufle assez saillant et surmontée de deux tentacules assez longs, portant à leur base des yeux pédicules ; en dessous de la tête sont des paîmettes frangées ; te pied est

■ ovalaire, quelquefois muni d’un opercule corné et vertical à la partie postérieure du pied sur laquelle il s applique. La coquille est orbiculaire ou oblongue, auriforme, imperforée, uaerée à l’intérieur ; l’ouverture est entière, ample, plus longue que large, à bord droit évasé, ouvert et dilate. Les espèces peu nombreuses de ce genre vivent dans les mers des pays chauds. La stomatelle imbriquée, type du genre, atteint la longueur de om,04 ; on la trouve dans les parages de l’Ile de Java. .a, stomatelle maculée se rencontre à l’tle de Vanikoro.

STOMATIQUE adj. (sto-ma-ti-ke — du gr. stoma, bouche). Méd. Se dit des médicaments employés dans les affections de la bouche : Poudre stomatique.

STOMATITE s. f. (sto-ma-ti-te — du gr. sto-ma, bouche). Pathol. Inflammation de la membrane muqueuse de le bouche.

— Encycl. La stomatite n’est pas une maladie toujours identique, et il y a lieu de la diviser en plusieurs espèces suivant les causes qui lui ont donné naissance, suivant les diverses lésions anatomiques qui la caractérisent et suivant les produits anomaux qu’elle détermine. La stomatite, spécifiée par ses causes, est simple ou mercurielle ; spécifiée par les lésions anatomiques qu’elle amène et qui consistent dans une mortification des tissus ou dans des éruptions pustuleuses, elle est gangreneuse ou folliculeuse ; spécifiée par les produits anomaux qu’elle détermine, elle est pseudo-membraneuse ou crémeuse. Etudions toutes ces espèces de stomatite.

— Stomatite simple. Cette affection est caractérisée par une rougeur plus ou moins

vive, ponctuée ou disséminée par plaques sur différentes parties de la muqueuse de la bouche. Quand elle est bornée aux gencives, elle porte le nom de gingivite ; si elle affecte la voûte palatine, on l’appelle palatite. Elle débute, en général, sans prodromes, spontanément ou a la suite de causes variées dont les plus communes sont : le travail de la dentition chez les enfants, la carie d’une ou de plusieurs dents, la malpropreté de la bouche, l’accumulation du tartre sur le3 dents, leur avulsion ou l’application récente d’un râtelier. Elle n’est pas rare chez les fumeurs, chez les personnes qui mangent gloutonnement des substances trop chaudes ou trop froides, et même chez celles qui font simplement usage d’une alimentation trop succulente. Elle peut aussi résulter d’un état général mal déhni qu’on nomme vulgairement échauffement. La stomatite s’accompagne toujours de chaleur acre et d’une légère salivation. Les symptômes s’exaspèrent par le passage de l’air froid, par la mastication et même par les simples mouvements de la lan STOM

gue. La cuisson est surtout vivo quand, l’épi» thélium ayant été détruit, le derme papillaire se trouve à nu. La durée de cette maladie, toujours bénigne, n’excède jamais quelques jours, mais elle se reproduit avec une grande facilité chez les individus prédisposés, ou lorsqu’elle est entretenue par une irritation locale permanente. Elle nécessite moins pour sa guérison un traitement actif que des soins hygiéniques cotivenables. Elle n’est dangereuse que chez les nouveau-nés, parce qu’elle empêche l’allaitement et nuit ainsi à la nutrition générale. Les malades qui en sont atteints s’abstiendront d’aliments échauffants, acres, épicés ; ils se nourriront pendant quelques jours de bouillies, de potages et d’autre substances molles, incapables de blesser la muqueuse buccale. Us feront enfin usage de collutoires éinollients et chercheront, par-dessus toutes choses, à supprimer la cause de leur stomatite.

Stomatite mercurielle. C’est celle qui se développo consécutivement à l’absorption du mercure. L’emploi du calomet à doses fractionnées, les frictions avec l’onguent napolitain et la pommade citrine la produisent très-rapidement et sont quelquefois administrés dans ce but, car le ptyalisme mercuriel paraît avoir une action heureuse sur la marche de certaines maladies. Mais ces agents toxiques demandent, ainsi que les autres préparations hydrargyriques, à être surveillés minutieusement d<ins leurs redoutables effets. Au début, les malades éprouvent dans la bouche, outre la chaleur et la sécheresse inséparables des autres stomatites, une saveur métallique très - pénible. La sécrétion salivaire augmente dans des proportions énormes, telles qu’on a vu des malades en rendre par leur bouche constamment entr’ouverte plusieurs litres en vingt-quatre heures. En même temps, l’haleine prend une odeur fétide spéciale, qui permet de reconnaître la maladie à distance. Les gencives se tumélient, ainsi que les ganglions sous-maxillaires et les glandes salivaires ; les dents s’ébranlent, se déchaussent et laissent voir près de leur collet un liséré rougeâtre et violacé ; les malades ne peuvent plus ni mâcher, ni avaler, ni parler ; leur langue gonflée tend à sortirde leur bouche en avant et, en pesant en arrière sur l’épiglotte, a, amener 1 asphyxie. Quand le mal atteint ces proportions, l’appétit est nul, le maltûse extrême et la fièvre violente. Si on ne le traite, pas à temps et comme il faut, les dents tombent et les maxillaires se carient, tandis que les gencives s’en vont en putrilage. Les joues elles-mêmes peuvent se gangrener. Pareils désordres n’étaient pas rares autrefois, alors qu’on savait à peine manier les mercuriaux et qu’on jugeait inefficace tout traitement de la syphilis sans ptyalisme. De nos jours, les accidents sont exceptionnels et n’atteignent pour ainsi dire jamais cette gravité.

La stomatite mercurielle bénigne peut se terminer en quatre ou six jours ; s’il en est autrement, ello dure au moins deux septénaires et peut se prolonger plusieurs mois. Elle est alors presque fatalement suhie de carie dentaire. Dès qu’apparaît le plus léger signe de ptysilisme chez les individus soumis au traitement hydrargyrique, il faut suspendre ce traitement, faire tenir les malades chaudement et à l’abri des variations atmosphériques. On leur touchera les gencives

soit avec de l’alun en poudre (Velpeau), soit avec un pinceau imbibé d’acide chlorhydnque pur, soit avec un collutoire saturnin ou au borax. On y joindra des gargarismes au chlorate de potasse, ut on administrera, ce sel à l’intérieur à la dose quotidienne de 2, 4 et 6 grammes. Son efficacité, pour ainsi dire spécifique, a été constatée par de nombreux praticiens, et M. Ricord croit qu’il peut guérir la stomatite mercurielle, alors môme qu’on continue l’usage des préparations hydrargyriques, ressource précieuse dans certains cas. On a souvent dit que la stomatite mercurielle ne venait qu’à la suite de l’abus du mercure. Csci est une erreur ; il n’est rien d’aussi variable que les quantités et les formes des préparations merourielles qui peuvent amener la stomatite. La constitution ou^ plutôt, l’idiosyncrasie du malade a une bien plus grande importance ; cependant on a constaté que cet accident survient plusparticulièrementlorsqu’on administre le mercure à doses fractionnées et lorsqu’on l’introduit dans l’économie par des frictions sur la peau.

Stomatite gangreneuse. Cette maladie, encore appelée stomacace et caractérisée par la mortification des tissus, est presque exclusivement propre à l’enfance. Elle s’observe surtout chez les sujets de trois à dix ans, entassés dans les hôpitaux, débilités par la misère, les privations et les maladies antérieures, parmi lesquelles il faut placer, au premier rang, les fièvres éruptives graves et spécialement la rougeoie. Elle débute en général dans l’épaisseur de la joue, par l’apparition d’un noyau de tissu induré ; la muqueuse s’ulcère, s’œdématie, prend une teinte grisâtre ou violacée à ce niveau et ne tarde pas à tomber en gangrène. La plaie ainsi formée laisse écouler une sanie fétide, s’entoure d’une aréole inflammatoire de mauvaise nature et tend à s’agrandir dans toutes les directions, jusqu’au point de perforer et de détruire les joues. Dans les cas les plus