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SPHINCTRINE s. f. (sfain-ktrî-ne). Bot. Genre de champignons, de la famille des hyposylées, tribu des splïéropsidées, formé aux dépens des hypoxylon g.

SÊHINDE s. m. (sfain-de). Entom. Genre d’insectes coléoptères hétéromères, de la famille des taxicorties, tribu des diapériales, formé aux dépens des nitidules, et comprenant deux espèces, dont l’une vit dans le nord et le centre de l’Iiurope et l’autre aux ÉtatsUnis.

SPHING1A ou SPH1NGIUS, montagne de la Grèce ancienne, dans la Beotie, près deThèbes. Elle tirait son nom du Sphinx, qui y avait établi sa résidence.

SPHINGIDE adj. (sfain-ji-de— ma.sphinx), Entom. Syn. de sphingien, ienne.

SPHINGIDE, ÉE adj. (sfain-ji-dé). Entom. 6ya. de sphingien.

SPHINGIE s. f. (sfain-jî). Bot. Syn. de

SPHINGION.

SPHINGIEN, IENNE adj. (sfain-ji-ain, iè-ue — rad. sphinx). Enfoui. Qui ressemble ou qui se rapporte au sphinx.

— s. m. pi. Tribu d’insectes lépidoptères crépusculaires, ayant pour type le genre sphinx : Les sphingiens comptent parmi les plus beaux lépidoptères. (Blanchard.)

— Encycl. Les sphini/ides ou sphingiens constituent une grande famille de lépidoptères crépusculaires, caractérisés par des antennes prismatiques, presque toujours terminées par un petit crochet ; des palpes obtus, collés contre le front et recouverts de poils ou d’écaillés très-denses, qui ne permettent pas de distinguer les articles ; le corselet très-robuste ; l’abdomen aussi large à la base que le corselet, plus ou moins allongé, le plus souvent eyUndro-eonique, quelquefois aplati en dessous et terminé carrément par un large faisceau de poils disposés en queue d’oiseau ; les ailes très-eon>istantes, en toit incliné dans le repos, les supérieures longues et étroites, les inférieures très-courtes. Ces insectes ont presque tous un vol rapide et soutenu, qui a lieu généralement au crépuscule.

Les chenilles des sphingiens sont glabres, plus ou moins cylindriques, et ont presque toujours une corne sur l’avant-dernier anneau ; elles se font remarquer, en général, par l’élégance de leur forme, la be.inté de leurs couleurs et surtout l’étrangeté de leur attitude, comme nous le verrons au mot sphinx. Elles vivent sur les végétaux, et, bien qu’elles soient, en général, peu commu-nes, (lusieurs d’eutre elles exercent de notables dégâts sur nos cultures. Elles s’enfoncent en terre pour se métamorphoser en chrysalides eylindro-coniqiies, le plus souvent nues, quelquefois renfermées dans une coque formée de débris de terre ou de végétaux maintenus entre eux par des fils de soie»

Cette famille, si naturelle et si intéressante par la beauté et la taille plus ou moi us grande des espèces qui la composent, est formée de l’ancien genre sphinx et des nouveaux genres déiléphile, maeroglosse, smérinthe, thyrée, etc.

SPHINGION s. m. (sfain-ji-on — du gr. sphigyo, je resserre). Bot. Syn. de mkllolouk, genre de légumineuses, de la tribu des lotées. Il On dit aussi sphingik.

SPH1NGOÏDE adj. (sfain-go-i-de — du gr. sphigx, -pluux ; eidos, aspect). Entom. Syn.

de SPHINGIEN, IENNE.

SPHINGÛÏDÉ, ÉE adj. (sfaic-go-i-dé). Entom. Syn. ’.e sPHiNtfOÏDii.

SPHINGUBE s. ni. (sfain-gu-re). Mamm. V. SPH1GGURK.

SPHINTHÉROPHYTE s. m. (sf’ain-té-roli-te — du gr. sphintêr, étincelle ; phuton, piaule). Entom. Genre ii’insectes coléoptères tetrameres, de la famille des cycliques, tribu des colaspides, comprenant huit espèces, qui vivent dans les régions chaudes de l’Amérique.

SPHINX s. m. (sfninkss — grec sphigx, béotien phix, proprement celui qui lie, celui qui étrangle, l’ètrangleur ; de sphigyo, lier, sairer, qui appartient à la même famille que le grec pkimos, corde, et le latin figo, je fixe, j’attache, je lie. Eicbhofî, cependant, rattache le verbe sphigyo à. la racine sanscrite spaç, serrer, rétrécir ; mais cette explication est moins probable). Mytliol. gr. Monstre ayant la léte et la poitrine d’une femme, le corps d’un lion, les ailes d’un aigle.

— Amiq, égypt. Figure colossale sculptée, ayant la figure et la poitrine d’une femme, le corps d’un animal, et qui paraît avoir servi de type au monstre fabuleux <tes Grecs : A l’œil nu, je voyais parfaitement les assises des pieries et la tête du sphinx gui sortait du sable. (Chuteaub.)

Ils prennent, en songeant, les nobles attitudes Des grands sphinx allongés nu fond des solitudes, Qui semblent s’endormir dans un rêve sans On.

BaUDEJ^1R£.

— Fig. Personne impénétrable ; individu habile à poser des questions difficiles, des problèmes : À force de converser avec un sphinx, ou se tire des énigmes. (Dider.)

— Mamm. Espèce de singe du genre babouii

— Entom. Genre d’insectes lépidoptères rrèpusculaires, type de la tribu des sphin SPHI

giens, comprenant un certain nombre d’espèces, dont plusieurs habitent l’Europe : Le Sphinx atropus produit un certain cri. (H. Lucas.) Le sphinx du troSne se fait remarquer par la beauté de ses couleurs. (Bosi1.) Le sphinx le plus curieux et le plus intéressant est le papillon à tête de mort. (V. de Boware.)

— Encycl. Mythol. Le sp’hinx est un monstre fabuleux dont l’origine est essentiellement fgyptienne ; il n’a été introduit dans le mythe d’Œdipe que postérieurement à Homère. Circonstance remarquable, le sphinx ne paratt pas avoir eu dans les croyances des Égyptiens une existence réelle ; il n’a laissé dans leur histoire que des traces de granit. On le trouve généralement représenté sous la forme d’un lion couché, avec le buste d ’un homme et le plus souvent avec celui d’une femme ; quelquefois il a une tête de bélier ; de là deux cjas.^es de sphinx chez les Égyptiens : les androsphinx (andros, homme) et tes criosphinx (/crios, bélier). Quelques auteurs pensent que ces monstres granitiques sont une représentation de Pacht, de Tafné, de Neiih surtout, lionne à tête et à poitrine de femme. On les trouve encore aujourd’hui dispersés en grand nombre sur le sol de l’Égypte, A Thèbes, on arrivait au grand temple par une longue avenue bordée de chaque côté par une rangée de sphinx. Pline rapporte qu’on en voyait beaucoup dans les lieux inondés par le Nil, où lis étaient destinés à faire connaître l’accroissement des eaux. Us étaient peut-être aussi une personnification visible de Momphta, divinité égyptienne qui commandait sur les eaux et était comme la directrice des débordements du Nil. Sans vouloir entrer ici dans une étude approfondie de ce mythe et dans des développements étrangers au sujet, nous dirons néanmoins que les savants s’accordent a reconnaître que les Égyptiens ont voulu honorer, sous la figure du sphinx, la fécoudité que les inondations du Nil apportaient a leur pays. En effet, ces inondations bienheureuses arrivaient chaque année dans le cours des mois de juillet et d’août, au moment où le soleil traverse les signes de la Vierge et du Lion, tous deux représentés dans cette figure emblématique.

Pendant longtemps, les choses de l’Égypte n’ont été que tiès-imparfaiiement connues ; mais, au commencement de ce siècle, religion, moeurs, monuments, tout devint l’objet de constantes et laborieuses investigations ; il se produisit un mouvement dont l’origine avait son point de départ dans les observations faites par les savants qui prirent part à. l’expédition d’Égypte. Ce fut Un réveil ; la science et l’étude arrachèrent les monuments de ce pays à l’oubli qui les enveloppait depuis plus de quinze cents ans. Parmi ceux qui se distinguèrent dans ces difficiles, mais intéressantes recherches, et nous ouvrirent des horizons jusque-là complètement ignorés, il faut citer en première ligne l’illustre O’hampollion. En déchiffrant les hiéroglyphes qui étaient jusqu’alors restés des énigmes inintelligibles, ce. savant permit du lire dan* la religion égyptienne, dont les emblèmes répandus à profusion : colosses, sphinx, stèles, béliers, etc., formaient les caractères gigantesques.

Le plus grand sphinx qu’on ait découvert en Égypte est celui qui se trouve près de la pyramide de Chéops, non loin de Memphis. Il semble avoir été taillé d’un seul bloc, en plein roc, dans une arête de la chaîne libyque sur laquelle la grande pyramide est assise, et comme ce colosse monstrueux mesure 17 mètres de hauteur, du sol à la léte, c’est en réalité le sol qui a dû être baissé de 17 mètres. Si l’on songe que ce sphinx n’a pas moins de 39 mètres de longueur, on peut se faire une idée de la quantité de matériaux qu’il a fallu fouiller et enlever et des difficultés que l’art eut à vaincre pour l’evidemeut d’une masse pareille, dans un granit dur et d’un grain compacte comme les granits égyptiens.

Longtemps ce colosse a été enfoui dans les sables qui, depuis une longue suite de siècles, s’amoncellent autour des pyramides. M. Caviglia rit déblayer le géant et découvrit entre ses pattes quatre lions de granit qu’il vendit à des Anglais ; puis, sa curiosité satisfaite, il fit remettre les décombres dans leur état primitif, ce qui nécessita de nouveaux travaux lorsqu’on entreprit de faire surgir du sol le colosse de Memphis. En déblayant le sp/tinx, on remarqua au-uessus des pattes et sous le cou une ouverture carrée formant l’entrée d’une longue galerie qui suivait toute l’étendue du corps de l’animal et qui, s’enfoneant dans le sol, fuyait dans la direction de la grande pyramide, avec laquelle le sphinx se trouvait ainsi en communication. Cette galerie devait aboutir au puits creusé verticalement au centre de la grande pyramide. Les savants ne sont pas d’accord sur la destination de cette galerie. Comme le sphinx rendait des oracles, quelques-uns ont pensé, avec assez de vraisemblance, que les prêtres suivaient la galerie en question pour aller rendre leurs réponses équivoques à ceux qui venaient consulter l’oracle. En passant par les cavités profondes de cette figure et en sortant par sa bouche, la voix humaine prenait des proportions efî’rojablesqui frappaient d’une terreur superstitieuse tous les païens crédules, qui croyaient ainsi entendre la voix terrible de cette prétendue divinité.

Sur le deuxième doigt de la patte gauche,

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on découvrit une inscription portant que la tête de ce sphinx était le portrait du roi Thoutmosis, qui vivait dix-sept cents ans avant Jésus-Chiist.

Ces colosses de granit, sphinx ou autres, étaient très-répandus en Égypte, comme nous i’avons déjà dit ; les Égyptiens aimaient surtout à les placer en avant de leurs temples, comme pour faire entendre, au moyen de ces images mystérieuses, que la science des choses divines est enveloppée d’énigmes et de mystères. Ils donnaient aussi le sphinx pour attribut à la Prudence, ainsi qu’an Soleil, à qui rien n’est caché. Auguste avait un sphinx gravé sur son cachet, hiéroglyphe dont le sens était sans doute que les secrets de ceux qui gouvernent doivent être inviolables.

La figure des sphinx, d’ailleurs, est une de celles qui se reproduisent le plus fréquemment sur les monuments antiques ; on la rencontre à chaque instant, soit dans l’ornementation des tombeaux, soit dans les caractères hiéroglyphiques ; mais elle n’a pas toujours la même forme et la même signification. Ainsi, le sphinx h figure et h mamelles de femme, art corps de lion, figurait probablement l’intervention féconde du fleuve dans ses débordements périodiques. Avec une tète d’homme, comme le sphinx de Memphis, il représentait un roi ; avec une tête d’épervier, un dieu, et encore le no’m de ce dieu variait-il avec la forme de sa coilTute emblématique.

La tête d’homme barbu, avec l’épervier et le disque entouré d’un aspic, signifiait le Soleil, P/ire.

L’épervier surmonté du disque et du croissant lunaire signifiait Chous.

L’épervier décoré du fouet signifiait //brus.

L’épervier coilfé du disque et de deux longues plumes signifiait Mouih, etc. Bornonsnous à ces détails et n’essuyons pas d’énumérer toutes Jes représentations de déesses et de reines et les emblèmes plus ou moins bizarres enfantés par l’imagination des particuliers, surtout dans l’ornementation des tombeaux.

Tous ces emblèmes, d’une grande importance religieuse et d’une signification familière aux Égyptiens, fuient modifiés et dénaturés lorsqu’ils tombèrent dans le domaine de l’art et que le sphinx, devenu une simple figure décorative, dut se soumettre au goût, au caprice de chaque artiste et accepter la place qui lui était arbitrairement assignée dans chaque monument.

Dans l’application que l’art moderne a faite de cet antique souvenir mythologique de l’Égypte, c’est le sphinx emblème de la fécondité qui a prévalu, avec sa figure, ses mameltesde femme et son corps de lion. C’est sur ce modelé qu’ont été taillés les deux sphinx de marbre blanc qu’on voit à Versailles ; c’est aussi cette figure qui sert de décoration à certains monuments, comme on le remarque au soubassement de la fontaine du Châtelet, à Paris, élevée en souvenir de la campagne d’Égypte ; enfin, c’est encore la même figure qu on retrouve dans les deux sphinx que notre année rapporta de Sébastopol en 1855, et qu’on voit au jardin des Tuileries, sur la terrasse qui flanque le quai.

Passons maintenant en Grèce, ou nous trouvons le sphinx le plus célèbre de l’histoire fabuleuse. Le sphinx grec ne fut introduit dans le mythe d’Œdipe que postérieurement à Homère ; évidemment, néanmoins, il est d’origine égyptienne ; le nom de Thèbes, en Grèce comme en Égypte, la forme essentielle du monstre, l’idée de force et de profondeur d’esprit sont des caractères communs de part et d’autre, mais la vivacité d’imagination des Grecs et leur amour des personnifications vivantes leur tirent promptement transformer le type primitif, auquel ils prêtèrent une réalité saisissante. Pour eux, le Sphinx était un monstre né de Typhon et d Kchidna, envoyé par Junon, du fond de l’Ethiopie, pour venger sur les Thébaius le rapt de Chrysippe par Laïus, demeuré impuni ; d’autres en faisaient l’instrument de la vengeance de Mars, irrité de la mort du dragon tué par Cadmus. Hésiode fait naître le Sphinx de la Chimère et d’Orthos, dans le pays des Arimes. L’art grec le représenta —avec la tête et le sein d’une jeune fille, le corps d’un lion et les ailes d’un aigle, parfois avec le corps d’un chien et des griffes de lion, ou bien encore avec les serres d’un vautour et une queue de serpent. De plus, il varia les poses du monstre, ce qui constitue une autre différence avec le sphinx égyptien., toujours accroupi et immobile. On voit que les puëtes et les artistes se sont donné toute latitude pour modifier les éléments principaux et secondaires dont se composait ce bizarre et monstrueux assemblage.

C’est peu de temps après qu’Œdipe eut tué son pète que le Sphinx se montra au pied du mont Splungius ou lJhicius, aux environs de Thebes. Là, interceptant la route qui conduisait dans la capitale de la Beotie, il arrêtait les passants, leur proposait des énigmes, toujour obscures, et dévorait tous ceux qui ne pouvaient pas les deviner. C’est ainsi que périrent Heinon, fils de Créon-, Hippius, fils d’Eurynome, et une foule d’autres malheureux. Toutefois, un oracle avait prédit au Sphinx qu’il périrait lut-mémo dès qu’il serait deviné. En attendant, Thèbes et les alentours étaient plongés dans la consternation. C’est alors qu’Œuipe, qui s’était déjà acquis une grande renommée de pénétration et de

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sagesse, se dévoua pour le salut commun et affronta la présence du monstre. « Quel est, lui dit le Sphinx, l’animal qui a quatre pieds le matin, deux à midi et trois le soir ? » L’énigme était assez transparente, et une foule d’habiles déchiffreurs de rébus, de charades et de logogviphes en trouveraient le mot sans peine aujourd’hui. Au.—si Œdipe répondit-il sans hésitation : • C’est l’homme, qui, dans son enfance, qu’on doit regarder comme le matin de la vie, se traîne sur les pieds et sur les mains ; à midi, ou dans la force de l’âge, il n’a besoin que de ses deux pieds ; mais le soir, c’est-à-dire dans la vieillesse, il lui faut un bâton dont il se sert comme d’une troisième jambe. « L’explication était catégorique ; aussi le monstre, furieux de se voir si bien deviné, se brisa la tête contre un rocher, ou, selon d’autres, se précipita dans la mer. Œdipe, dans Corneille, raconte ainsi lui-même cette aventure : Ne porter qu’un faux jour dans son obscurité, C’était de ce prodige enfler la cruauté, Et les membres épnrs des mauvais interprètes Ne laissaient dans ces murs que des bouches muettes. Mais comme aux grands périls te salaire enhardit, Le peuple offre le sceptre et la reine son lit. De cent cruelles morts cette offre est tôt suivie. J’arrive, je l’apprends, j’y hasarde ma vie : Au pied d’un roc affreux, semé d’os blanchissants, Je demande l’énigme et j’en cherche le sens ; Et, ce qu’aucun mortel n’avait encor pu faire, J’en découvre l’image et perce le mystère. Le monstre, furieux de se voir entendu, Venge aurs-itôt sur lui tout le sang répandu, Du roc se lailce en bas et s’écrase lui-même : La reine tint parole et j’eus le diadème.

Les écrivains rappellent souvent le Sphinx et ses énigmes. Pour les allusions, v. Œdipe.

— Iconogr. Le sphinx était en grande vénération chez les Égyptiens ; la quantité do monuments sur lesquels il est figuré et le nombre considérable de statues isolées qui le représentent témoignent de ce culte. La route qui conduisait de Karnak à Louqsor était bordée d’une double rangée de sphinx monolithes ; on en compte encore cent douze sur un espace de 200 mètres, et l’on a calculé que le troupeau entier devait se composer au moins d’un millier. Cette figure tant de fois répétée ne surprend pas, quand on sait qu’elle était le symbole de la fécondation des terres et, par conséquent, de la prospérité de l’Égypte. ’ La mythologie égyptienne, dit Alexandre Lenoir, -aduiettait deux espèces de sphinx, l’un mâle et l’autre femelle. Le prnmier, composé d’une tête humaine identifiée avec le corps d’un lion, indique lu place qu’Osiris-Phié ou le soleil prend dans le signe du Lion au solstice d’été et au moment où se manifeste l’intumescence du Nil. Son disque couvre d’abord la tête de l’animal qui le représente, et la barbe qu’il a au menton est fin signe de force. Le sphinx femelle est ordinairement composé de la tète, de la poitrine et des bras d’une femme unis à la croupe d’un lion, l.e eens de cet accouplement est que c’est la partie du signe de la Vierge que le soleil rencontre la première en quittant le Lion solstioial, qui, dans cette position, lui tourne le dos, et de telle sorte que le soleil couvre la tête et la partie supérieure de la Vierge et la croupe du Lion lorsque l’autre partie est-complètement dégagée de sa lumière. Si l’on dessine un cercle entre les deux signes en indiquant la divergence des rayons solaires, dans l’espace qu’on aura trace sera comprise !a figure du sphinx. Les Perses représentaient aussi le soleil sous cette figure astronomique ; nous avons une pierre gravée persépolitaine (Cornaline) où le monstre, debout sur ses quatre pattes, est figuré avec une tète de femme et ailé comme le griffon. » Pour caractériser l’intumescence du Nil et la "fécondation qui en résultait, on mettait quelquefois dans la main du sphinx un rayon de miel ayant la forme d’une pyramiue ; ce.te forme était consacrée au soleil, et on offrait du miel aux dieux au commencement de l’année. Les Grecs couronnaient également d’un rayon de miel pyramidal la betlo corne d’Ainaithée, dite corne d’abondance, qu’Ammonite ou Jupiter plaça aux cieux et qu’Hercule portait toujours avec lui. Quelquefois le sphinx égyptien porte sur la main une coupe, un vase ou un canope pour indiquer les premiers mouvements du fleuve. Dans la description du Memnoniiiiii (Ûuvr. de la conim. d’Égypte, II, pi. 36, fig. 4), on voit un sphinx femelle coiffé du pschent et sur lequel plane le vautour sacré de Veith (la Minerve grecque), tenant dans ses serres le symbole de la victoire ; il parait offrir un vase ou canope a tête d’épervier au dieu Horus-Aroeris, qui est assis devant lui. Un sphinx mâle, ayant sur la léte l’utteus sacré et tenant dans ses griffes de lion un canope et une petite idole criocéphale (à tête de bélier), décore la porte extérieure d’Omm-Beydah à Syouah, l’ancienne oasis d’Aminoo.

Le sphinx de la pointe de l’obélisque qu’Auguste fit transporter d’Égypte à Rome a des mains humaines armées d’ongles crochus comme les griffes des bêtes feioees ; il porte dans ses mains une pyramide. Au Louvre est un petit bis-relief en plomb détaché d’un cercueil et trouvé à Suyda par M. de Saulcy ; on y voit un sphinx femelle à ailes recoquillées, accroupi à droite et entouré de feuilles de figuier et de laurier, entre deux