Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 14, part. 3, Sois-Suj.djvu/175

Cette page n’a pas encore été corrigée

992

SPEN

en Irlande, il vint se fixer à Londres et s’adonna à l’étude des antiquités. Ses principaux écrits sont : De non temerandis ecclesiis (Londres, 1613, in-4o) ; Glossarium archæologicum (Londres, 1626, in-fol.) ; Concilia, décreta, leges Ecclesiæ Angliæ (Londres, 1639, in-fol.) ; De sepultura (Londres 1641, in-4o) ; A larger treatise concerning tilhes (Londres, 1646, in-8o).

SPÉLONQOE s. f. (spé-lon-ke — lat. spelunca, gr. spélugx, même sens). Caverne. Il Vieux mot.

SPÉLOTE s. m. (spê-Io-te). Entom. Genre d’insecies lépidoptères nocturnes, tribu des noctuélites, comprenant environ vingt-cinq espèces, qui habitent l’Europe.

— Encycl. Les spélotes ont pour caractères : des antennes crénelées chez les mâles, filiformes chez les femelles ; les palpes arquées, très-velues :1a trompe longue ; le corselet arrondi, uni : 1 abdomen presque cylindrique, débordant les ailes, qui sont luisantes ; les supérieures étroites, allongées, d’un gris variable, avec des taches souvent peu distinctes. Les chenilles sont cylindriques, glabres, de couleurs sombres, avec des taches cunéiformes sur le dos. Elles restent cachées dans le jour ; la nuit elles se répandent sur les plantes basses, dont elles se nourrissent. Elles s’enfoncent dans la terre pour y subir leurs métamorphoses. Ce genre, qui a des analogies avec les agrotis et les noctuelles, renferme plus de vingt espèces européennes. Le spétote pyrophila a environ 0, n,04 d’envergure ot les ailes d’un gris cendré ; on le trouve quelquefois aux. environs de Paris, et beaucoup plus fréquemment dans le Midi.

SPE1.TA (Antonio-Marin), littérateur italien, né à Pavie en 1559, mort dans la même ville en 1632. Il professait la rhétorique et devint historiographe du roi d’Espagne. Ses principaux ouvrages sont : Vile ué Vescooi di Pavia (Pavie, 1597, in-4o) ; Isloria dé futti notabili occorsi nell universo, etc. (Pavie, 1603, in-4<>) ; La Saggia Pazsia (Pavie, 160G, in-4o), traduit en français par Garon et Michel.

SPEN s. m. (spènn). Pèche. Chacune des dix pièces qui composent le grand filet appelé sardinul.

SPENCE (Joseph), littérateur anglais, né à Kingsclere (Hanipshire) en 1699, mort à Bylleet (Surrey) en 1768. Après avoir terminé ses études à Oxford, il fut nommé ministre évangéiique et obtint à l’université la chaire de poésie, puis celle d’histoire moderne. Ses principaux ouvrages sont : Polymatis (Londres, 1747, in-fol.) ; Plain matter uf fact (Londres, 1748, iu-8°) ; Moralities (Londres, 1753, in-8«).

SPENCE (John), célèbre économiste anglais de l’école socialiste, né vers 1740. Ce fut en 1775 qu’il commença à répandre ses doctrines à Londres. Il fit paraître une série de brochures intitulées : liespublica Spencionea, située dans le monde des féeries, entre Utopia et Oceana. Il y soutient le principe de la souveraineté du peuple et demande la suppression de la propriété foncière. « Toutes les terres, dit-il, doivent être affermées par baux temporaires d’un an à vingt ; le produit doit être distribué également à toutes les familles. • 11 croyait qu’on arriverait par ce procédé à établir roi certain équilibre parmi les fortunes. Il admettait d’ailleurs le droit de propriété particulière pour les meubles, l’argent, etc. Condamné pour la publication de ces doctrines a un an d’emprisonnement et à 20 livres sterling d’amende, il lit paraître au sortir de sa prison un pamphlet périodique, auquel il donna le titre de Pig’s méat (nourriture des cochons), sans doute par allusion à l’expression de Burko qui avait appelé le bas peuple multiiude cochonne (swinish multitude). 11 parcourut l’Angleterre pendant deux ans pour répandre cet écrit ; mais, pauvre lui-même et no trouvant d’appui nue parmi les pauvres, il finit par mourir dans une extrême misère. Il est le fondateur dune école socialiste qui a pris le nom de Speucénienne et qui a des adhérents en Angleterre et dans plusieurs autres pays.

SPENCE (miss Elisabeth-Isabelle), romancière anglaise, née vers 1768, morte eu 1832. Elle reçut une brillante éducation et, se trouvant pourvue d’une honorable aisance, elle s’adonna aux lettres, pour lesquelles elle avait manifesté un grand penchant. Son existence fut des plus heureuses et elle se vit tétée par les personnages les plus remarquables de Londres. On cite, parmi ses écrits : Noblesse de cœur, roman (Londres, 1804, .3 vol. in-12) ; Voyage d’été (Londres, 1809, 2 vol. in-8o) ; Esquisse des mœurs et coutumes actuelles de l’Écosse (Londres, 1811, 2 vol. in-12) ; Lettres des highlands du Nord (Londres, in-S°) ; liécits gallois (Londres, 2 vol. in-12) ; Comment on se débarrasse d’une femme (Londres, 2 vol. in-12).

SPENCE (William), entomologiste anglais, né en 17X3, mort à Londres en 1860. Il se lia avec Guidaume Kerby, lit comme lui une étude approfondie sur les insectes et publia avec lui : Introduction to entomology, or éléments of the nalurat history of infects (1815-1826, 4 vol. ; 1858,70 éd.). Eu 1826, il entreprit un voyage sur le continent et visita les principales villes de l’Europe. De retour dans sa

SPEN

patrie après huit ans d’absence, il se fixa a Londres.

SPENCE (George), jurisconsulte anglais, né en 1788, mort le 12 décembre 1850. Reçu avocat en 1811, il fut à deux reprises candidat au Parlement. La première élection fut annulée comme entachée de faits de corruption ; sa seconde élection, en 1829, fut plus heureuse. Il demanda en vain au Parlement une réforme de la chancellerie et vota en faveur de la réforme électorale. Il ne fut pas réélu en 1831 ; le 27 décembre 1834, il fut nommé conseiller de la reine. On a de lui : un Essai sur l’origine des lois et instilutions anglaises (1812) ; une Recherche sur l’origine des lois et institutions politiques de l’Europe moderne, de l Angleterre en particulier (1826) et un ouvrage intitulé : The équitable principes of the court of chancery.

SPENCER s. m. (spain-sèr — mot angl. tiré du nom de lady Spencer, qui mit ce vêtement à la mode). Corsage sans jupe : spencer de drap, de velours. Porter un spencer par-dessus sa robe. Sous le premier Empire, les hommes ont porté un spencer par-dessus leur habit.

SPENCER, nom d’une illustre maison d’Angleterre, dont l’une des branches subsiste encore (v, Sunderland). Deux des membres les plus célèbres de la première branche (éteinte en 14 U) furent les deux Hugues Spencer, pèTe et fils, favoris du roi Édouard II, qui entamèrent contre la féodalité anglaise une lutte dans laquelle ils finirent par succomber. Bannis par l’influence des barons en 1320, ils revinrent l’année suivante, reprirent leur ascendant et firent périr un grand nombre de leurs ennemis. La reine elle-même, Isabelle, dut se réfugier auprès du roi de France, son frère ; mais elle revint avec une armée fournie par le comte de Hainaut, assiégea les deux Spencer dans Bristol et les fit pendre (1327).

SPENCER (John), antiquaire anglais, né à Bocton, comté de Kent, en 1630, mort à Cambridge en 1695. Il entra dans les ordres, devint l’un des prédicateurs de l’université de Cambridge, puis principal du collège du Corps du Christ. On lui doit : Viscourses coneerning prodigies (Londres, 1663, in-8°) ;De legibusHebr&orum ritualibus et carum rationibus libri 111 (Cambridge, 1685,2 vol. in-fol.).

SPENCER (Charles), duc de Marlborough, fils du comte de Sunderland et d’une fille du célèbre Churchill, duc de Marlborough, homme politique et général anglais, né en 1707, mort en 1759. Il entra dans la Chambre haute, y soutint d’abord le parti du prince de Galles, se rapprocha de la cour en 1738 et fut récompensé de cette conduite par divers titres et distinctions. U fit ensuite de nouveau de l’opposition à la cour au sujet des troupes hanovriennes, puis il se réconcilia avec elle une seconde fois. En 1747, il fut nommé lieutenant général ; il présida le conseil de guerre formé pour juger le général Mortlaunt, comte de Peterborough. En 1758,

c’est-à-dire durant la guerre de Sept ans, il fut chargé de commander les troupes qui devaient faire une descente en France, mais ce commandement fut aussitôt révoqué. Spencer fut alors investi du commandement des troupes anglaises destinées à combattre en Allemagne aveu les alliés. Il mourut pendant cette guerre.

SPENCER (George-Jean, comte), bibliophile anglais, né en 1753, mort en 1834. 11 succéda, en 1783, k son père comme membre de la Chambre des lords, dans laquelle il appartint à l’opposition jusqu’au moment où, effrayé des conséquences de la révolution française, il quitta les rangs du parti whig pour passer du côté du ministère. Nommé en 1794 premier lord de l’amirauté, il se démit de ces fonctions en 1801, à la dissolution du cabinet Pitt, fut encore ministre de l’intérieur pendant le passage de Fox et Grenville au pouvoir, et vécut ensuite loin des affaires publiques, consacrant ses loisirs à la culture des lettres et à l’accroissement de la belle bibliothèque qu’il avait commencée en 17S9, en achetant la collection du comte Rewiozki. C’était, à la mort de Spencer, la plus riche bibliothèque particulière qu’il y eut en Europe. La plus grande partie en est aujourd’hui placée au château d’Althorp, berceau de la famille du comte Spencer, et ne compte pas moins de 45,000 volumes. Le reste se trouve à Londres, ljibdin, bibliothécaire du comte, a décrit dans sa llibliotheca Spenceriana (Londres, 1814, 4 vol.) les richesses inestimables qu’elle comprend en monuments primitifs de l’art typographique et en éditions princepsdes auteurs classiques. Cet ouvrage renferme la description exacte, accompagnée de gravures sur cuivre et sur bois, ainsi que de fac-similé, de 1,004 incunables et d’un grand nombre d’ouvrages inconnus jusqu’alors. Les autres raretés que renferme ta bibliothèque sont décrites dans le Catalogue de la collection Rewiczki (Berlin, 1794). Spencer avait, en outre, formé une richo collection de tableaux dont Dibdin a également donné le catalogue dans le premier volume de ses JEdes Althorpians (Londres, 1822, 2 vol.). Le second volume peut être considéré comme un supplément à la Dibliotliecà Spenceriana, car il renferme la description exacte de tous les anciens livres précieux

SPEN

que Spencer avait encore acquis de 1815 à 1822.

SPENCER (Jean-Charles, comte), homme d’Eiat anglais, fils du précédent, né en 1782, I mort en 1845. Il est plus connu sous le nom de lord Ahhorp, qu’il porta jusqu’à la mort de son père. Après avoir fait ses études à Cambridge, il entra en 1803 à la Chambre des communes, fut, sous le ministère de Fox et Grenville, lord de l’Echiquier, tandis que son père occupait le ministère de l’intérieur, et, -whig déclaré, défendit toutes les grandes mesures réformatrices qui furent successivement proposées par son parti. Lorsque les whigs revinrent au pouvoir en 1830, il devint chancelier de l’Echiquier. Quoiqu’il ne fût pas précisément un grand orateur, il n’en gagna pas moins la confiance de la Chambre par l’étendue de ses connaissances. Ce fut surtout en matière de finances et d’économie politique qu’il jouit d’une autorité incontestable, et, pendant les quatre années de son administration, il diminua notablement les impôts et les dépenses. En 1833, il présenta à la Chambre des communes le Lit 11 de la réforme ecclésiastique en Irlande, bill qui, à cause de la clause dite d’appropriation, excita de la division jusqu’au sein même du cabinet. La mort de son père, en lui ouvrant peu après la Chambre des lords, le força de renoncer aux fonctions de chancelier de l’Echiquier, qui ne pouvaient être occupées que par un membre de la Chambre des communes, et ce changement amena la chute du ministère. Depuis cette époque, lord Spencer prit de moins en inoins part à la politique et ne parla que rarement dans la Chambre haute. Quoiqu’il eût primitivement défendu l’impôt sur les blés, il se prononça ouvertement en 1843 pour la liberté du commerce, et sa conversion à cette idée fut regardée comme un grand succès par VAnti Corn Lato League ; mais il ne vécut pas assez longtemps pour voir le triomphe du nouveau principe.

SPENCER (Frédéric, 4e comte), marin anglais, frère du précédent, né en 1798, mort en 1857. Il entra de bonne heure dans la marine, devint capitaine en 1822 et succéda en 1845, dans la pairie, à son frère, qui ne laissait pas d’enfants. Sous le ministère Russell, il fut, de juillet 1846 à septembre 1848, lord haut chambellan, reçut la décoration de la Jarretière, devint en 1852 contre-amiral par rang d’ancienneté et succéda, deux ans plus tard, au duc de Norfolk comme lord maître d’hôtel de la reine. Il a eu pour successeur John Poyntz SpencisR, né en 1835,

SPENCER (George), prélat anglais, frère des précédents, né en 1799, mort en 1847. U embrassa l’état ecclésiastique et fut d’abord ministre de l’Église anglicane ; mais il se convertit plus tard au catholicisme, fut ordonné prêtre à Rome et, sous le nom du Pèro Ignace, se rendit célèbre par ses missions et ses prédications en Angleterre et en Irlande. Il était, à sa mort, supérieur d’une maison des frères de la Passion à Highgate, près de Londres.

SPENCER (sir Brent), général anglais, né dans le comté d’Antrim, en Irlande, vers 1761, mort en 1828. Il entra au service, comme enseigne, en 1778, prit part en 1781, comme lieutenant, à la défense du fort de Brimston-Hill contre les Français, fut nommé major au commencement de la guerre de la Révolution et se distingua dans la guerre de la Jamaïque. En 1794, il fut nommé lieutenantcolonel, puis, à sou retour en Angleterre, colonel et aide de camp du roi. Il lit la campagne de Hollande en 1799, sous le duc d’York, prit part à l’expédition d’Égypte, s’y couvrit de gloire et prit Rosette. En 1805, il fut nommé major général. En 1807, il fut chargé du rembarquement des troupes anglaises à Copenhague. Il combattit ensuite dans la guerre d’Espagne, joua un rôle important dans les journées de Viinieiraet de Ruleta et dans la capitulation de Cintro. En 1810, il commanda en second, sous Wellington, en Portugal. De retour en Angleterre à, l’issue de cette campagne, il n’en sortit plus.

SPENCER (Robert), littérateur anglais, né en mo, mort en 1834. Il s est fait connaître par différents ouvrages en prose et en vers. Nous citerons, entre autres : une traduction de la Lenore de Burger (1796) ; Urania ou l’Illuminée, comédie (1802) ; l’Anne* de la tristesse (1804) et Poésies (1811), dont l’une des plus remarquables est la ballade intitulée Gelert. Le recueil complet de ses œuvres fut publié en 1835.

SPENCER (Herbert), philosophe anglais, né à Derby en 1820. C’est un des penseurs les plus vigoureux, les plus originaux, les plus hardis et les plus féconds de l’Angleterre contemporaine, un de ces esprits, comme on eu voit à certaines époques, qui semblent faits pour réunir et coordonner méthodiquement en un système pour lequel il faut eiéér un nom nouveau, la masse flottante des faits connus de divers ordres et des idées en voie d’ascendance. Un de ses compatriotes, qui avait le droit d’être difficile, Stuart Mill, n’hé-J sitait pas à le mettre dans la petit nombre 1 des créateurs, des maîtres. La vie deM.iSpen-1 cer est tout entière dans la production de son 1 Système de philosophie, œuvre considérable, | qui est en cours de publication, dont cinq gros volumes ont déjà paru, savoir : Pre-

SPEN

miers principes (1 vol.), Principes de biologie (2 vol.), Principes de psycholngie (1 vol.), et dont cinq volumes restent k publier, savoir : Principes de sociologie (3 vol.) et Principes de morale (2 vol,). Ces dix volumes ont été annoncés en 1860 dans un prospectus qui en indique brièvement la tendance et le but.

Les Premiers principes (do : t la première édition a paru en 1862, et qui ont été traduits en français par M. Cazelles sur la seconde édition en 1871) sont le vestibule du monument. Montrer qu’en dehors de la science est une région inaccessible à ses procédés et à ses méthodes, en dehors du conn dssable l’inconnaissable, et placer ainsi sur un nouveau

terrain la vieille querelle de la religion et do la science, de la démonstration et de la foi ; essayer par une synthèse hardie, fondée sur les sciences positives, de tout ramener à In loi d’équivalence ou de corrélation des forces et d’établir que tous les phénomènes sont convertibles entre eux, depuis les manifestations physiques jusqu’à la vie, la pensée et le développement de l’histoire : telle est, en deux mots, la pensée de cet ouvrage.

Les Principes df biologie ont paru on 1864 ; ils retracent l’évolution morphologique et physiologique de la vie, d’après la doctrino darwinienne. On y remarque une étude curieuse sur le principe de population.

La première édition des Principes de psychologie remonte à 1855 ; elle est, comme on voit, d’une date plus éloignée que les deux précédents ouvrages, bien que, dans le Système de philosophie, la psychologie ait sa place logique à la suite de la biologie, comme celle-ci vient après les premiers principes. M. H. Spencer a publié en 1870 une secondo édition, notablement augmentée, des Principes de psychologie ; elle a été traduite en français par’MM. Kibot et Espinas.

M. H. Spencer, avant d’entreprendre son Système de philosophie, avait exposé patfragments ses idées fondamentales dans des articles de revues et dans des ouvrages formés de la réunion de ces articles. Nous citerons :

Lettres sur la sphère propre du gouvernement (1843) ; c’est son premier ouvrage ; l’idée qui y domine est celle de réduire au minimum les fonctions du gouvernement ; Statique sociale (1850) ; les idées du piécédent ouvrage sur le domaine du gouvernement y sont développées d’une manière plus complète et plus méthodique ; VÉducation intellectuelle, morale et physique (1861) ; Classification des sciences (1864), traduit en français par M. Béthoré sur la troisième édition anglaise ; Essais scientifiques, politiques et spéculatifs (1868), deux, volumes où sont rassemblés des écrits publiés à diverses époques ; parmi ces écrits, on doit remarquer : Philosophie du style (1852) ; la Genèse de la science (1854) ; le Progrès, sa loi et sa cause (1857).

L’idée de l’évolution, du développement, du progrès nécessairo est proprement l’idéo maîtresse de la philosophie de M. Herbert Spencer, l’inspiratrice de son œuvre entière. M. H. Spencer nous raconte lui-même l’histoire de sa pensée, le travail mental par lequel il est arrivé à compléter ses idées primitives et à donner à sa théorie une ampleur et une rigueur scientifiques que n’ont point celles qui se sont produites depuis la fin du siècle dernier. Pour lui, l’humanité, quelque puissante qu’elle soit, n est qu’une faible partie d’un système d’existence encore plus vuste ; elle manifeste pour sa part les lois qui le régissent, elle en partage le sort. Le progrès de l’humanité est une partie du développement d’un ensemble d’êtres qui embrasse plus que l’humanité. La fin marquée it ce progrès, le bonheur, n’est qu’un eus particulier de la fin plus générale assignée un développement de cet ensemble plus comprébensit ; et cet ensemble n’est lui-même qu’une partie d’un tout plus vaste dont il manifeste les lois.

Dans sa Statique sociale, M. H. Spencer cherchait déjà la loi naturelle dont le progrès est la manifestation. En quoi consiste ce progrès ? En général, on voit le progrès dans ce qui contribue au bonheur de 1 homme, ce qui tend à l’augmenter directement ou à le favoriser indirectement. Mais ce qui fait le bonheur de l’homme est, d’une manière abstraite, l’aptitude à satisfaire ses besoins, de toute nature, c’est-à-dire la liberté, la liberté réglée et limitée par l’égalité, son corrélatif nécessaire, puisque l’homme est à l’état social ; c’est donc d’une façon plus générale l’adaptation complète de l’homme a la vie sociale. ■ Bon, parfait, complet sont des mots qui signifient une chose tout à fait adaptée à sa destination ; le mot moral signifie la même propriété chez l’homme... ; avoir par soimême la faculté de faire ce qui doit être fait, c’est être organiquement moral... La perfection consiste dans la possession de facultés extrêmement propres à remplir ces conditions ; et lu loi morale est la formule de la ligne de conduite qui peut les remplir. 1 Dans une page qui rappelle l’optimisme de Ondorcet proscrit, M. H. Spencer alflnne sa croyance à la réalisation de la perfection dans l’humanité. « Le progrès, dit-il, n’est point un accident, mais une nécessité. Loin d’être le produit de l’art, la civilisation est une phase de la nature, comme le développement de l’embryon ou 1’eclosion d’une fleur. Les modifications que l’humanité a subies et