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ainsi que plusieurs citoyens fit une femme, et on saisit une liste de noms écrite de la main de Blanqui, des formules de cotonpoudre et d’encre sympathique. L’instruction établit aux yeux du parquet qu’il s’agissait d’une société de réfugiés dite des Crocodiles, dont Blanqui était le chef, 'société ayant pour objet de renverser le gouvernement et d’amener par tous les moyens possibles, même les plus odieux, le triomphe de ses idées. » M. Blanqui fut condamné à quatre ans de prison.

L’affaire Miot, Vassel, Greppo, etc., vint ensuite. Une quarantaine de citoyens furent condamnés dans cette affaire, qui ne présente aucune apparence sérieuse.

Un prétendu complot italien fut encore jugé en 1864 devant la cour d’assises. Les nommés Greco et Trabucco furent condamnés à la déportation ; Imperatori etScaglioni, dit Maspoli, à vingt unnées de détention. On avait trouvé chez eux des revolvers et des bombes. Il n’y avait eu d’ailleurs aucun commencemenf d’exécution.

La société dite de la Renaissance ne fut

? u’une erreur de la police qui, en 1866, conbndit

un registre d’abonnement à un journal (le Candide) avec une liste de conjurés. Une trentaine d étudiants et d’ouvriers furent envoyés en prison. À la même famille appartient cette autre société secrète dite deslYois-Bossus, duns laquelle furent impliqués MM. Naquet, Accolas et Verlière, k la suite du congrès de la paix de 1807. Un complot du même gemp fut encore découvert en juin 1869, le lendemain des élections. On arrêta dans Paris un grand nombre de citoyens. Pendant deux mois et demi, l’instruction travailla très-activement sans pouvoir trouver aucun document ; il fallut renoncer à cette affaire dont l’opinion s’était extrêmement émue. On s’en tira comme on put par l’amnistie du 15 août, et l’on relâcha tous les prévenus, dont beaucoup n’avaient pas même été interrogés.

— Lég’islat. V. association et compagnie.

Sociétés particulières. Sociétés savantes et philanthropiques. Il existe en France, en dehors des établissements à la charge de l’État, un grand nombie de sociétés libres qui s’occupent de matières scientifiques ou qui ont été créées dans un but d’utilité générale. C’est à Paris que, par un effet de la centralisation, on trouve réunies la plupart de ces sociétés, dont quelques-unes ont été implantées ensuite en province. À l’article Paris, tomeXII, page 255, nous avons énuméré celles de nos sociétés savantes qui ont acquis une réelle importance et rendu d’incontestables services. Nous y renvoyons le lecteur. Nous allons nous borner ici ; i donner une rapide nomenclature de nos principales sociétés philanthropiques.

Société des amis des sciences. Elle a été fondée par Thenard en 1857 pour venir en aide aux savants, aux professeurs et à leurs familles. Grâce aux dons de riches particuliers et à des subventions de l’État, elle possédait en 1873 un capital de 408, 685 francs, et elle distribue chaque année environ 28, 000 francs de secours.

Société Fénelon. Instituée pour l’éducation et le patronage des jeunes garçons pauvres, cette société a. été reconnue comme établissement d’utilité publique. Elle a créé et soutient l’asile — école Fénelon, k Vaujours (Seine-et-Oise), et patronne en apprentissage les élèves sortis de cette école.

Société Franklin. Elle a été fondée en 1862 pour la propagation des bibliothèques populaires, et ses statuts ont été approuvés par le ministre de l’intérieur le 19 avril 1864 et le 14 août 1866. Cette société a rendu les plus grands services en multipliant les bibliothèques populaires et en créant un grand nombre de bibliothèques militaires.

Société générale d’éducation, de patronage et d’assistance. Fondée en 1849 par le docteur Blanchet, elle a pour objet de s’occuper des sourds-muets et des jeunes avéugles.

Société libre d’instruction et d’éducation populaires. Cette société, qui a été fondée en 1869 par M. Honoré Arnoul, a pour but de propager l’instruction et l’éducation en facilitant la fréquentation des écoles primaires aux enfants des deux sexes et aux adultes, d’organiser des conférences et cours gratuits, de fonder des bibliothèques, de distribuer annuellement des récompenses aux auteurs et

propagateurs de bons livres, enrin de secourir les instituteurs pauvres et infirmes.

Société nationale d’encouragement au bien. Autorisée par décret du ministre de l’intérieur (5 septembre 1862), cette société se propose de récompenser chaque année en séance publique la moralité, l’assiduité au

pèrance, l’envoi régulier des enfants aux écoles et aux instructions religieuses, les bons soins donnés aux parents âgés, pauvres, infirmes.

Société de l’orphelinat. V. orphelinat.

Société paternelle. Cette société, qui a pour objet l’éducation morale et professionnelle des jeunes détenus acquittés comme ayant agi sans discernement, a été reconnue comme établissement d’utilité publique. C’est elle qui a fondé la célèbre colonie agricole

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de Mefiray. M. Demetz, lorsqu’il dirigeait cette colonie pénitentiaire, fonda k peu de distance une maison paternelle, sorte de maison de répression pour les fils de famille.

Société de patronage. V. patronage.

Société de protection des Alsaciens-Lorrains demeurés Français. Fondée en 1871 et reconnue comme établissement d’utilité publique, cette société, dont le comte d’Haussonville est président, recueille les sommes que les souscripteurs mettent k sa disposition et les emploie en placement d’émigrés, en bourses au profit d’enfants, en frais de transport des réfugiés, en effets d’habillement, en soins médicaux, bons de nourriture, frais de logement pendant le passage et en divers secours. Quatre-vingts dames patronnesses facilitent par leur zèle et leur active coopération ta tache du comité directeur.

Société de protection des apprentis et des enfants employés dans les manufactures. Reconnue comme établissement d’utilité publique, cette société distribue chaque année des récompenses à ses adhérents et à ses protégés. Elle récompensa en première ligne les institutions charitables fondées dans l’intérêt des apprentis et des enfants des manufactures, telles que pensions d’apprentis, cercles d’ouvriers, orphelinats, etc. ; en second lieu, les manufacluriers et industriels ayant organisé leurs établissements et créé des intitulions en vue de faciliter l’apprentissage, d’assurer la santé et l’instruction tant générale que spéciale et professionnelle, aussi bien que la moralité et l’avenir des apprentis et jeunes ouvriers, et aussi les personnes qui, sans appartenir à l’industrie, se sont fait remarquer par leur sollicitude pour la jeunesse ouvrière. Elle décerne, en outre, des livrets de caisse d’épargne et des mentions aux apprentis qui se montrent les plus zélés et les plus intelligents dans l’atelier ou dans la classe.

Sociétés protectrices de l’enfance. Ces sociétés, appelées à rendre les plus grands services, ont pour objet de travailler à propager l’allaitement maternel, à organiser des agences procurant de bonnes nourrices, à surveiller les nourrices mercenaires et les nourrissons, k les faire visiter régulièrement par des médecins inspecteurs, enfin k réunir le plus grand nombre possible d’associés prenant une part active k l’œuvre, soit au moyen de cotisations, soit en partageant les soins de la surveillance. Elles publient des bulletins pleins de renseignements utiles et distribuent dans des séances annuelles des récompenses aux nourrices les plus méritantes et aux mères pauvres qui élèvent leurs enfants. Des sociétés de ce genre ont été successivement établies à Paris, à Lyon, k Tours, k Pontoise, k Rennes, k Alger, k Marseille, k Rouen, à Bordeaux, etc. La Société protectrice de l’enfance de Paris a été fondée en 1865 et reconnue d’utilité publique en 1S66. Elle étend son action sur trente-six départements, dans lesquels la ville de Paris envoie 25, 000 enfants, confiés k des nourrices mercenaires ; 156 comités de patronage secondent l’action du comité central. La

Société consacre k cette œuvre environ 20, 000 fr., sur lesquels elle reçoit 2, 000 fr. du conseil général de la Seine, 2, 000 francs du conseil municipal de Paris et 1, 000 francs du ministre de l’intérieur. Les trois quarts environ de cette faible somme servent aux frais d’impression et de publicité.

Société de secours pour les blessés et les naïades des armées de terre et de mer. Reconnue d’utilité publique le 23 juin 1866, cette société accorde k des militaires blessés et malades, k des ascendants et k des veuves de militaires des secours qui se sont élevés en 1874 k 100, 000 francs. Elle délivre, en outre, des appareils aux amputés, fait construire des voitures types pour le transport des blessés et du matériel d’ambulance, et elle a constitué un comité d’études chargé de s’occuper de toutes les questions relatives aux ambulances et aux ambulanciers.

Société universelle des sourds-muets. Fondée en 1838 et réorganisée en 1867 k Paris, elle s’occupe de compléter l’instruction des sourds-muets et de favoriser le développement de leur intelligence ; elle tient deux fois par semaine des cours gratuits et publics.

Sociétés civiles et commerciales. V. association.

Société (contrat de). V. association.

Société des gens de lettres. V. lettres (société des gens de).

Société des auteurs et compositeurs dramatiques. V. AUTEURS ET COMPOSITEURS.

Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. V. auteurs, compositeurs

ET ÉDITEURS.

Sociétés chorales, V. orphéon.

Sociétés de coopération. V. coopération.

Société de crédit au travail. Y. crédit.

Sociétés populaires. V. clubs politiques.

Sociétés de secours mutuels. V. association.

Société protectrice des animaux. V. animal.

Sociétés d’encouragement. V. encouragement.

Société d’acclimatation. V. acclimatation.

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Société d’agriculture. Y. agriculture.

Sociétés de tempérance. V. tempérance.

Sociétés bibliques. V. biblique.

Société des francs-péteurs. V. pbt.

— Arithm. Règle de société. V. compagnie.

Société royale de Londres. Fondée en 1662 sous le patronage de saint André, elle a été la souche de toutes les institutions scientifiques créées en Angleterre. Précisément en raison de ces rapports de parenté, elle eut k craindre un moment pour son existence, en présence de divisions qui menaçaient de la compromettre. La Société royale de Londres est.la plus ancienne société de ce genre connue en Europe, à l’exception de l’Académie Lyncéenne de Rome, dont Galilée faisait partie. Elle eut pour origine des réunions hebdomadaires où l’on traitait (vers 1645) des thèses de « philosophie nouvelle ou de philosophie expérimentale. » C’est probablement ce club que Bayle désignait ainsi en 1646 : « la Société invisible ou philosophique, » ou bien encore : ■ l’Invisible collège. • Elle siégea tour k tour dans Wood street, k la taverne de la Tête-de-Bœuf, Cheapside, et au Gresham-College. Chaque membre payait 10 shillings d’admission et 1 shilling par semaine, présent ou absent. Charles II prit un grand intérêt au but de ces réunions et, en 1662, il octroya à la Société sa première charte, écrite sur quatre feuilles de vélin, la première page ornée de majuscules et de fleurs contenant un portrait nés-soigné de Charles à l’encre de Chine ; le grand sceau en cire verte y est attaché. En 1663, le roi accorda une charte bien plus importante que la première, et, en 1664, il signa lui-même sur le registre comme fondateur. C’est alors que la Société commença la publication de ses Transactions philosophiques. En 1667, les membres associés étaient au nombre de 200. Newton, qui fut admis en 1674, s’excusa de ne pouvoir payer sa cotisation hebdomadaire, vu l’état de ses finances ; mais il communiqua aussitôt les découvertes qu’il avait faites en l’année 1666. Sir Isaac Newton fut élu président en 1703, et la salle des séances qui servait k cette époque a été conservée intacte. Depuis, la Société, sa bibliothèque et son musée ont dû déménager bien souvent avant d’occuper le local où elle est actuellement établie, k Burlington-House. Cependant elle a fait un séjour d’un demisiècle et plus k Somerset-House (où l’a remplacée la Société des Antiquaires), et k ses assemblées ont présidé successivement sir Joseph Banks, le docteur Wollaston, sir Humphry Davy, M. Davies Gilbert, le duc de Susses, le marquis de Northatnpton et deux autres représentants de l’aristocratie, le comte de Ross et lord Wrottesley, astronomes distingués. En 1858, la présidence échut k sir Benjamin Brodie, un chirurgien, et, en 1862, au général Sabine. M. Weld a donné en 1848 (2 vol.) une Histoire de la Société royale (History of the Royal Society).

Société mère (la). On désignait ainsi, pendant la Révolution, la Société des jacobins de Paris, qui avait en effet doryié naissance aux 400 sociétés jacobines des départements, dont elle était restée le centre et qui toutes lui étaient affiliées.

Société-Olympique (THÈXtRB DE LA), fondé

k Paris en l’an VIII (1800). Ce théâtre, l’un des plus beaux qu’on ait pu voir, était situé dans la rue de la Victoire, et voici ce qu’en disait un journal spécial, le Courrier des spectacles, k la fin de l’a*n XI : « Dans l’établissement successif des théâtres, on en a vu plusieurs qui devaient leur naissance k l’envie, au besoin et même k la vengeance ; celui-ci doit sa fondation k l’amour de l’art. M. Comar, passionné pour le théâtre, a sacrifié une fortune considérable k élever il y a trois ans, dans le quartier de la Chaussée-d’Antin, une des plus belles et des plus élégantes salles que l’on ait pu voir. Le luxe de celle-ci est poussé au plus haut degré, si l’on considère les galeries qui y conduisent, les escaliers par lesquels on y monte et qui ne seraient pas indignes d’un palais, le jardin où le public peut se promener avant le spectacle et dans les. entr’actes, enfin la forme et la coupe de la salle en elle-même et les magnifiques rangs de loges qui la décorent. Malheureusement, le quartier n’est point favorable pour une entreprise de ce genre. On y a vu successivement des sociétés bourgeoises, l’opéra-bouffon (c’est-à-dire l’opéra italien). Depuis deux mois, une nouvelle administration a entrepris d’y donner de petits opéras et des comédies. Cette salle appartient présentement k MM. Bosandré et Courtalmont, avec lesquels M. Comar en a traité, dit-on, moyennant une rente viagère… »

La salle du. Théâtre-Olympique avait été édifiée par l’architecte qui futaussi chargé d’élever le grand théâtre de Bruxelles. Comme on vient de le voir, elle avait servi d’abord k une réunion d’amateurs (sans doute faisant partie de la Société olympique, sorte d’académie artistique de ce temps), puis à l’exploitation de l’opéra-bouffe ou italien. La troupe italienne, admirablement composée, comptait dans ses rangs les artistes célèbres qui se nommaient Rall’anelli, Lazzarini, Pasini, Parlamagni, Cicciarelli, Sacconi, Cajani, j Mme » Strinasacehi, Parlamagni, Menghini, Berni, Sevesti. L’orchestre était dirigé par le violoniste compositeur Bruni, auteur d’un

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grand nombre d’opéras applaudis, et le clavecin était tenu par Parenti, compositeur distingué lui-même. Ces excellents artistes firent l’inauguration du théâtre le 11 prairial an IX et jouèrent successivement : Il Alatrimonio segreto, Giamina e Bernardone, Gli Nemici générosi et VItaliana in Londra de Cimarosa, Tulipano, la Servi Padrona et la Molinara, de Paisiello, la Pietra simpatica de Palma, Luùino e Carloila de Mayr, etc. Mais, comme le disait le Courrier des spectacles, le quartier de la Chaussée-d’Antin, alors fort peu habité, n’était point favorable au théâtre ; les chanteurs italiens se virent donc obligés d’émigrer, et, le 24 nivôse an X, ils abandonnèrent le théâtre de la rue de la Victoire pour s’en aller k la salle Favart. Ce théâtre servit alors k des bals et k des concerts, jusqu’au moment (24 frimaire an XI), où un danseur de corde fameux, Forioso, vint s’y installer avec sa troupe d’acrobates.

Forioso n’y demeura pas longtemps, mais il fut remplacé… par une troupe de marionnettes. Au bout de deux mois, les automates avaient cédé la place k de nouveaux occupants, ainsi qu’on ie voit par ces lignes du Courrier des spectacles : « Ùle-toide là que je m’y mette. La troupe qui occupait ce théâtre il y a deux mois a dit k celle qui avait la Porte-Saint-Martin : Ote-toi de là que je m’y mette ; mais elle laissait une place vacante rue déla Victoire ; la troupe de la Porte-Saint-Martin est venue hier s’y établir. Elle a fait son ouverture par une espèce de prologue qui n’a point été mal accueilli et dans lequel M. Bignon, remplissant un rôle de pofiie fou et exalté, a fait briller un talent distingué. C’est dommage qu’ils prêchent dans le désert. Hier, il y avait k peine quarante personnes au parterre, et cependant le temps était assez favorable, et l’annonce d’une troupe nouvelle où figurent les noms de MM. Dugrand et Adenet devait piquer la curiosité. »

Le personnel de la nouvelle troupe se composait de Dugrand, Adenet, Bignon, l’acteurauteur Mayem de Saint-Paul, Devilliers, Lebœuf, M""1 Dorsonviile. Vernet et une jeune élève dugrand tragédien Larive, M"0 Léon. Tous ces acteurs, qui n’étaient point sans talent, jouèrent particulièrement le répertoire classique:le Tartufe de Molière, les Folies amoureuses de Regnard, le Legsde Marivaux, Mahomet de Voltaire, le Glorieux et le Dissipateur de Destouches, le Bourru bienfaisant de Monvel, Mélanie de Laharpe, le Menteur de Corneille, les Trois sultanes de Kavart, le Père de famille de Diderot, Andromaque de Racine, le Mariage de Figaro de Beaumarchais, etc. Mais décidément le milieu était fatal, et au bout de quelques mois ils durent se retirer k leur.tour devant l’indifférence du public. Le théâtre de la Société-Olympique vit alors se succéder rapidement plusieurs administrations aussi peu chanceuses les unes que les autres, et enfin il ferma tout k fait ses portes, de façon que ie décret restrictif de 1807 n’eut pas même la peine de le faire disparaître. Au bout de quelques années, la salle fut démolie.

Société populaire et républicaine des artm,

fondée en 1793. V. commune générale ces

ARTS.

Société des droite de l’bommo, association

secrète fondée au commencement de l’année 1833. V. droits de l’homme (société des).

Société doe Rotomagiens. V. ROTOMAQIENS.

Société de Sulnl-VInceut-de-Panl. V. VINCENT.

Société et « on but (la), par l’abbé Rosmini (1845, in-8°). Le penseur italien veut concilier la science et l’autorité, la raison et le dogme chrétien, liant et saint Thomas. Il admet deux intelligences, l’une infaillible et l’autre capable d’erreur et de défaillance. Ce dédoublement de la raison, fondement de son

système, l’entraîne dans une suite d’antithèses et de contradictions qui transforment en scepticisme inconscient son dogmatisme hybride. Le premier principe de la pensée étant, dit Rosmini, l’idée de l’existence, l’existence doit être le premier but de la société. Plus les hommes aspirent k constituer l’État, plus ils se fortifient ; plus ils cherchent à le perfectionner, plus ils s’affaiblissent. À ce point de vue, l’histoire de tomes les nations se divise en quatre époques, suivant qu’elles s’attachent kl’existence ou qu’elles préfèrent les accidents de la puissance, de la richesse et du plaisir. La société se forme dès que les hommes séparés jusque-ià éprouvent le besoin de s’associer ; l’État établit une sorte de fraternité ; le patriotisme, le dévouement au bien commun enfante les vertus patriotiques. C’est l’âge d’or de l’histoire ; il y a complète harmonie entre l’homme et le citoyen, les mœurs et les lois, les vertus et les intérêts. Mais la société, munie d’armes et de lois, passe de la défense k l’attaque, de la résistance k la conquête. La législation devient sévère ; l’égoïsme individuel se prononce-, l’ambition s’uffirme ; on poursuit les grandes conquêtes (magna latrocinia) ; la force tendk substituer l’injustice k l’équité et des vertus apparentes aux vertus effectives. Fatiguées enfin de la guerre, les nations se livrent k l’industrie et au commerce ; l’intérêt privé remplace l’intérêt général ; le but de chacun est la richesse; le plaisir et le luxe amènent la corruption des mœurs, et l’État devient une abstraction, impuissante contre les révolutions Intérieures