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ropëennes conclus depuis 1648 (Varsovie, 1790, 6 tomes, dont les trois derniers seuls sont de Siarezynski) ; Traités conventionnels, commerciaux et de frontières, et toutes conventions publiques entre la Pologne et les puissances étrangères, de 1764 à 1791 (Varsovie, 1793, 2 vol.) ; ce dernier ouvrage fut écrit sur l’ordre de Stanislas-Auguste, aux frais de ce roi et d’après les originaux fournis par les archives de l’État ; la Journée du 3 mai 1791 (Varsovie, 1791, in-8o) ; Géographie ou Description naturelle, historique et politique des pays et desnations des quatre parties du monde (Varsovie, 1790-1794, 3 vol.) ; Tableau du siècle et du règne de Sigismond II f, comprenant une notice sur les personnages vivants sous son reçue (Varsovie, 1S28, 2 vol.) ; Tableau du règne de Sigismond III, comprenant les mtturs, ta religion, l’instruction, tes situations sociales.., sous ce règne (Posen, 1843-1858, 2 vol). Siarezynski a publié un grand nombre d’autres ouvrages et des traductions en polonais do plusieurs ouvrages étrangers. Il a collaboré a divers journaux et a laissé des manuscrits conservés à la bibliothèque Ossolinska, à Léopol.

SIAUVE (Étienne-Marie), successivement prêtre catholique, militaire, homme politique, sectaire religieux et littérateur français, né à Saint-Étienne-en-Forez, inorten Russie en 1812, Il était vicaire catholique au moment où éclata la Révolution, Il adhéra au nouveau régime et adressa, en 1790, à l’Assemblée nationale un Essai sur l’éducation où il signalait les abus de l’éducation des collèges. Il jeta ensuite sa soutane aux orties, entra, dans l’armée, où il fut employé en qualité de commissaire des guerres, et se maria à Lyon. Il était, en 1798, sous-chef dans les bureaux du ministère de la guerre, lorsqu’il fut nomm.-jj par son département au conseil des Cinq-Cents en germinal an VI ; sa nomination fut annulée par laloidu 12 floréal suivant. Siauvq devint ensuite un des membres les pins zélés ; de la secte des théophilanthropes et rédigea un journal théophilanthropique. Il parcourut toute l’Europe a la suite des armées françai » ses et périt dans l’expédition de Russie ert 1812. Parmi ses ouvrages, citons les suivants : Projet d’établissement d’une société ambulante de technographes (Paris, an VII, in-8o) ; Mémoires sur les temples des druides et les antiquités du Poitou (Utrecht, 1805, 2 v«t in-8o) ; De antiquis Noriciviis, urbibus et finibus ad eruditos l’irolenses et Germanos epistola (Vérone, 1812, in-so).

SIBAR.1TE s. m. Autre orthographe du mot

SYBARITE.

S1DDAI.D (Robert), médecin et naturaliste écossais, né dans le comté de Fife (Écosse) vers 1643, mort en 1720. Après avoir étudié avec ardeur la médecine et la botanique, il visita la France et l’Italie pour agrandir ses connaissances ; puis, à son retour, il fut nommé médecin et^géographe de Charles I{. On lui doit, entre autres écrits : Scotia illustrata (Édimbourg, 1634 ou 1696, in-£ol.) ; Phalainologia nova (1692, in-4o) et des Histoires des comtés de Fife, de Kinross et do Linfithgow.

S1BBALDIE s. f. (si-bal-dl — de Sibbald, botan. angl.). Bot. Genre de plantes, de la famille des rosacées, tribu des dryadéesi, comprenant plusieurs espèces, qui croissent en Europe et en Asie*.

S1BBENS s. m, (sib-bènss), Méd. Affection ulcéreuse de la go^e et de la face, qui est particulière à l’Écosse.

S1DDERN (Frédéric-Christian), philosophe et écrivain danois, né à Copenhague le lSjuillet 1785, mort en 1872. Fils d’un médecin de cette ville, il fut reçu licencié en droit en 1810 et, l’année suivante, docteur pn philosophie. Il parcourut ensuite l’Allemagne et la Suisse, se liant avec les savants tes tjIus éminents des deux pays. Lorsqu’il revint à Copenhague eu 1813, l’université lu : donna une chaire provisoire de philosophie, dont il devint titulaire en 1829. lia ISIS, il a été nommé membre de l’Académie des sciences de Copenhague et il est l’un des fondateurs de la Société pour la liberté de la presse. M- Sibbern a acquis en Danemark une grande réputation par ses ouvrages philosophiques, qui ont exercé dans ce pays une incontestable influence. Fort instruit, connaissant les sciences naturelles, il s’est attaché à appliquer la méthode d’analyse scientifique à l’examen des phénomènes psychologiques et il y a fait preuve d’un remarquable esprit de pénétration. Mais il a été moins heureux en

sortant de la psychologie pour entrer dans la métaphysique. Nourri de la philosophie allemande et partisan des idées de Schelling, il a voulu, néanmoins, rester fidèle à la religion dite révélée, et il a formé de ces éléments disparates un système hybride qui ne saurait satisfaire ni les rationalistes ni les orthodoxes et qui a, en outre, l’inconvénient d’être fort difhcile à comprendre, par suite de la terminologie bizarre et fatigante adoptée par M. Sibbern. En politique, bien qu’il ait pris part à la fondation de la Société pour la liberté de la presse, il s’est déclaré partisan des idées autoritaires, ce qui lui a ut lire de vives attaques de la part des libéraux. Indépendamment de nombreux articles publiés

dans divers journaux et recueils, on doit à M. Sibbern : la Nature et l’essence spirituelle de l’homme (Copenhague, 1819-182S) ; Psy-

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chologie (1843) ; Traité de biologie, lettres posthumes de Gabrielis (1826-1851) ; De l’amour (1829) ; Sur la connaissance et la recherche (1822) ; Éléments de la logique (1822-1835) ; De pr&existentia, genesi et immortalitate anims (1823) ; Archives et répertoire philosophiques (1829-1830) ; Sur la poésie et l’art en général (1834-1853) ; Sur l’idée, la nature et l’essence de la philosophie (1843) ; Cosmologie spéculative et éléments d’une théologis spéculative (1846) ; Rapports de l’âme et du corps (1849) ; la Morale des stoïciens et celle des épicuriens comparées (1853) ; De l’humanité (1857). Parmi les écrits purement politiques de M. Sibbern, nous mentionnerons : Démarques sur l’ordonnance royale concernant l’établissement d’états provinciaux eu Danemark (1832) ; Feuilles d’avis patriotiques (1835) ; De l’union des divers états provinciaux du Danemark (1838) ; Sur le droit de consentement aux impôts et sur la constitution (1810) ; Dikaiosynê (1843) ; De la lutte entre les deux grands pouvoirs politiques du Danemark (1854), etc.

S1DRN1K, ville de l’empire d’Autriche. V. Sebenico.

S1BERENA, nom ancien de Santa-Seve-

EINA.


SIBÉRIE s. m. (si-bé-rî). Agric. Nom donné en Normandie à une variété de sarrasin venu de Sibérie.


SIBÉRIE, immense contrée de l’empire russe, couvrant toute la partie septentrionale du continent asiatique, entre 46° et 78° 25’ de latit. N. et entre 55<> de longit. E. et 172<> de longit. O. Elle est baignée au N, par l’océan Glacial arctique, à l’E. par le détroit de Behring, la mer d’Okhotsk et l’océan Pacifique ; au S., elle confine aux annexes de 1 empire chinois, Mandchourie, pays des Khaikhas et Dzoun^aric, et au Turkestan ; à l’O., elle est séparée de la Russie d’Europe par le petit golfe de Kara, la chaîne de l’Oural, le fleuve Oural et la partie N.-E. de la mer Caspienne. Cette contrée, dont le nom est si souvent prononcé dans le martyrologe de la Pologne et que de nombreux explorateurs russes ont parcourue et fait connaître depuis quelques années, a présenté pendant deux siècles une particularité bien curieuse : un territoire de plus de 3,000 lieues carrées de 25 au degré, situé près du cours inférieur de l’Amour, s’est trouvé pendant ^près an deux siècles sans possesseur effectif ni titulaire. Cette anomalio d’une terre sans seigneur, d’un peuple sans souverain provenait de délimitations mal comprises ou mal interprétées entre lesgouvernements des empires russe et chinois. Depuis 1858, par le traité d’Aïgoun, la frontière a été exactement déterminée et tout le territoire situé au N. de l’Amour fait régulièrement partie de la Sibérie russe.

La plus grande longueur de cette contrée, de l’E, à l’O., est de 7,000 kilom., et sa plus grande largeur, du N, au S., de 1,750 kilom. Superficie, 14,540,000 kilom. carrés. La population d’un aussi vaste territoire ne dépasse pas 5 millions d’hab. La ville principale est Tobolsk. Les accidents les plus remarquables que présentent les côtes sibériennes sont les golfes d’Obi et celui de lénisséi, formés par l’océan Glacial. Au N.-E. de ce dernier se trouve le cap Sévéro-Vostotchnoï, le plus septentrional des côtes de l’ancien monde. Sur plusieurs points des côtes, on voit des banquises ou des montagnes do glace qui obstruent les eaux pendant une grande partie de l’unnée. La presqu’île de Kamtchatka n’est qu’un prolongement de la Sibérie dans l’océan Pacifique. On y trouve les golfes ou baies de Penjusk et de Ghisiginks. L’archipel de la Nouvelle-Sibérie ou de Liakhov comprend les Iles les plus remarquables de toute cette contrée dans l’océan Glacial, Avec les hautes montagnes qui limitent la Sibérie, on remarque encore les monts Stancvoï qui prennent au S. le nom de monts de la Daourie, dont le prolongement du S.-O. au N.-E., dans !a partie orientale, va se terminer au détroit du Behring. Il faut cite.aussi les monts Aldoo, rameau des précédents. Le Kamtchatka est couvert de montagnes volcaniques. C’est dans les monts Ourais et dans les petits monts Altaï que se trouvent les plus hauts sommets, dont l’altitude est de 2,000 à 2,235 mètres ; l’aspect do ces montagnes est, en général, sauvage et désolé. On rencontre en Sibérie quelques vallées agréables et fertiles, et des plaines occupées par des steppes, de vastes marécages, des neiges, des glaces ou de sombres forêts. Parmi les steppes, on distingue ceux de l’Ichinii et de Tobolt. Sur le versant de l’océan Glacial coulent l’Obi, grossi par l’Irtisch, qui s’augmente lui-même de l’Ichinn et du Tobolt. Tous les autres fleuves ou cours d’eau sont des tributaires de l’océan Pacifique. Le lac le plus remarquable de ces contrées est le Baïkal, où se jette la grande rivière de Solenga. Il y a d’autres lacs importants, tels que ceux de Tchany, de Soumy, de Piasino et de Balkasch. Eu hiver, la Sibérie subit un froid qui peut congeler le mercure. Au nord il y a des jours et des nuits qui durent plusieurs semaines, et même plus d’un mois. La partie méridionale est couverte d’une assez riche verdure. Air salubre dans toute la contrée. Richesses minérales : platine, or, argent, plomb, étain, cuivre, fer, antimoine, mercure, zinc, cobalt, serpentine, terre à por SIBE

celaine, sel gemme, rubis, topazes, améthystes, grenats, malachites, chrysolitb.es, saphirs, émeraudes, opales, onyx, agates, cornalines, porphyre, etc., etc. Sources minérales et lacs salés. Grande quantité de fossiles. Le seigle, l’orge, l’avoine et d’autres céréales sont cultivés en Sibérie jusqu’à 550 de latit. N. La partie ouest est la plus fertile et la plus riche de toute la Sibérie, Le cèdre sibérien donne une noix qui est un grand article de commerce. Les forêts sont peuplées de pins, de sapins, d’érables, de peupliers blancs et noirs, de bouleaux, aunes et trembles. On y trouve beaucoup de plantes médicinales et autres qui sont des articles de commerce, des mousses et des lichens, en abondance. Parmi les animaux, on cite : la martre zibefine, l’hermine, le castor, le musc, la loutre, le renard, l’écureuil, la belette, la fouine, le blaireau, le chat sauvage, le renne, le chien, le chameau ; cerfs, daims, élans, ours, loups, lynx, lièvres. On trouve des ours blancs, acs lions marins, qui fréquentent aussi les rivages sibériens. Les eiders du Nord fournissent un duvet très-recherché. Les cygnes, les oies, les canards sauvages et autres oiseaux aquatiques y sont communs. Les cachalots, les baleines se pèchent dans les mers qui baignent la Sibérie. L’Obi et l’Irtisch nourrissent une grande quantité de poissons, surtout les esturgeons, etc. Les autres lacs et fleuves fournissent les truites et les saumons. L’industrie est presque nulle en Sibérie, k part celle des mines.

De toutes les mines d’or et d’argent de la Sibérie, la plus célèbre et la plus riche est la mine d’argent de Nertschinski. De 1850 à 1852, on en a retiré en moyenne 71 pouds d’or par an (le poud vaut 10 kilogrnm.) Ce fut un marchand appelé AnikaStroganoif qui donna les premiers renseignements au gouvernement russe sur ce colossal territoire, plus grand à lui seul que toute l’Europe et un quart de l’Asie ; et ce fut un chef turbulent des Cosaques, Jermak Timoziseff, qui fournit aux Russes un prétexte pour en entreprendre la conquête. Ce chef, Se sentant trop faible pour se maintenir contre ses rivaux, envoya, en 1481, à Moscou des agents chargés de présenter l’appât de cette conquête au czar Ivan Vassilievitch, surnommé le Terrible ; et c’est ainsi qu’à la suite d’une guerre sans importance avec le kan des Tartares qui y régnait, laSibérie orientale passa vers la fin du xvio siècle sous la domination moscovite, dont les souverains ajoutèrent depuis à leurs titres celui de caar de Sibérie. L’importance de cet immense pays n’échappa pas à la sagacité de Pierre le Grand, sous le gouvernement duquel on y établit diverses fabriques et plusieurs hauts fourneaux. La population s accrut successivement et se recruta surtout

parmi les bannis politiques La loi russe

ne séparant pas les condamnés politiques des criminels, il existe en Sibérie cinq catégories de forçats : ceux à perpétuité, ceux de quinze à vingt ans, ceux de douze à quinze uns, ceux de six à huit ans, et enfin ceux de quatre à six ans. Quand un exilé s’enfuit, les commandants de la région sont responsables. La population indigène de la Sibérie comprend une grande diversité de races : on trouve des Samoj’èdes dans le N., des Kirghiz à l’O., des Mongols ou Tartares au S. et des Aïnos et des Koriukes au N.-E., vers la mer d’Okhotsk. M. Radloff, attaché russe à l’usine métallurgique de Barnaoul, dans le gouvernement de Tomsk, ayant étudié pendant quatre ans les mœurs et Je langage des nombreuses tribus de la région altaïque de la Sibérie, partage en trois groupes principaux les dialectes des tribus de cette contrée : groupe dzounyar, groupe altaïque et groupe saiansk. Ces trois groupes, ajoute M. Radloff, forment une branche moyen no entre les dialectes tatars do la Russie d’Europe et la langue yakoute qui se parle dans la Sibérie orientale. En 1802, on comptait en Sibérie, parmi les habitants qui ne se rattachaient pas à l’Église orthodoxe russe, comme Église dominante, 4,942 catholiques, 3,024 protestants, 5,330 juifs, 64,359 mahométaus et 35,549 païens. Les archevêques grecs sont au nombre de trois. À l’inverse de ce qu’on remarque dans le reste de la Russie, la population mule dépasse de beaucoup (20 pour 100, a ce qu’on prétend) la population téminine. Chez les Russes.ce fait s’explique naturellement par le nombre toujours croissant des bannis qu’on y envoie. Ces derniers s’élèveraient aujourd’hui au chiffre de 135,000 environ. On a remarqué que, dans ces dernières années, l’émigration volontaire des Russes d’Europe avait pris une très-grande proportion. En 1852, il arriva dans la Sibérie occidentale 24,856 individus de toute religion et des deux sexes. En 1853, 13,000 hommes et presque autant de femmes furent affranchis des domaines de la couronne et envoyés dans l’O. de la. Sibérie. Plusieurs milliers de familles s’y rendirent également de tous les gouvernements, notamment de celui de Witepsk. On accordait tous de grandes portions de territoire, avec d’autres encouragements. Toute la Sibérie est aujourd’hui divisée en deux gouvernements généraux : la Sibérie occidentale et la Sibérie orientale. Tobol.sk est le chef-lieu ou la capitale de la Sibérie occidentale. On compte neuf autres villes importantes dans toute la Sibérie. La plupart de ces villes sont des centres d’exploitation des mines et de commerce. La ville principale

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de la Sibérie orientale est Irkoutsk, siège de la Société russe-américaine de commerce et grand entrepôt commercial avec les parties septentrionales de la Chine. Cependant la plus importante da toutes les villes commerciales de la Sibérie, c’est la petite ville de Iiiatka. Okhotsk est le chef-lieu maritime du gouvernement de ce nom et du Kamtchatka, dont la ville la plus importante est Pétropavlosk. Le contre-amiral Wrangel est un de ceux qui ont le plus contribué à faire connaître la Sibérie, ainsi que le voyageur Erman, par son Voyage à travers le nord du continent asiatique. Il faut citer aussi l’astronome russe Fuss, le savant Lodorooff, le naturaliste prussien Lessing et tant d’autres, Alexandre de Humboldt, le Hongrois Castren, MM. Raddè et Radloff, dont les rapports à la Société de géographie de Saint-Pétersbourg ont jeté une si vive lumière sur la géographie physique et l’ethnographie de cette partie de l’empire russe.

Tout récemment, en 1872, le baron Velho, directeur des postes en Russie, a fait un voyage en Sibérie et dans le Turkestan ; nous croyons devoir donner ici un abrégé du récit de cette excursion :

« Parti de Saint-Pétersbourg au commencement du mois de décembre 1872, le baron Velho a quitté le chemin do fer à Nijni-Novgorod, où il a pris la route de terre, la glace sur le Volga n’étant pas suffisamment solide, La route à travers les gouvernements do Nijni-Novgorod et de Kazan s’est faite sans encombre malgré une couche de neige insuf iisante. Dans les gouvernements de Viutka et de Perm, la neige, au contraire, était très-abondante. Sur le versant oriental de l’Oural des froids très-vifs se sont fait Sentir. Lu grande route de la Sibérie est toujours tiès-Iréquentée, mais surtout pendant l’hiver, qui est l’époque de l’année où circulent le plus

trand nombre des caravanes qui amènent ans la Russie d’Europe les riches produits de la Sibérie et de la Chine. Aussi le camionnage est-il le métier le plus répandu dans la Sibérie occidentale, qui abonde en excellents chevaux. Après avoir visité le bureau de poste de cette partie de la Sibérie, le baron Velho s’est dirigé vers Irkoutsk, OÙ il s’est arrêté pendant quelques jours.

« À partir de cette ville, des froids très-vifs se sont fait sentir. Le thermomètre marquait jusqu’à 40° Héaumur de froid, et à l’intérieur de la voiture il descendait jusqu’à 28«. Un peu uprès Tomsk, le baron prit la route du S.-O., qui le conduisit par le territoire minier d’Altaï à Sémipalatinsk. Cette route est beaucoup moins fréquentée que le grand chemin de la Sibérie, où le3 relais de poste offrent aux voyageurs tout le confort désiré. Entre Sémipulatinsk et Vernoe une neige épaisse ralentit le voyage. Par contre, plus loin il fallut quitter la voiture sur patins et continuer la route sur roues jusqu’à Taschkent, qui a été la seconde et la moins désagréable étape de ce voyage, car ia température est très-douce dans le Turkestan, même au cœur de l’hiver.

Après avoir passé quatre jours dans le chef-lieu du Turkestan, le directeur général des postes s’est dirigé vers le steppe aride des Kirghiz. Le trajet dans les limites de la province de Syr-Daria s’est fait tant bien que mal sur roues. Les reluis de poste y sont encore desservis par les Kirghiz, qui n’ont aucune notion du métier de postillon et attellent des chevaux sauvages qui s’emportent au départ de chaque Station et, après avoir fourni au début une course échevelée, s’arrêtent parfois court au milieu des steppes, ruisselants d’écume, sans qu’on puisse les faire avancer jusqu’à la station suivante.

Mais lorsqu’on s’approche de la province de Tourgaï, le Sahara de l’Asie centrale, lu situation des voyageurs devient tout à fait intolérable. Là, sur un parcours de près do 600 verstes, il n’y a, pour ainsi dire, pas du relais de poste, car on ne peut guère donner ce nom aux tentes de Kirghiz dressées dans le steppe, on aux réduits creusés dans la terre, où postillons kirghiz et passagers (hommes, femmes et enfants) s’abritent ensemble et "grouillent pêle-mêle dans la fumée du bûcher allumé un milieu de ces trous, qui n’ont qu’une seule ouverture servant à la fois de porte, de fenêtre et de tuyau de cheminée.

> Les Kirghiz, censés les entrepreneurs de ces prétendus relais de poste, n’ont qu’une seule préoccupation à la vue d’un voyageur, celle de se sauver avec leurs chevaux dans le steppe, et il faut employer ia menace et avoir parfois recours au pugilat pour obtenir des chevaux ou, faute de chevaux, des chameaux. D’après cela, on peut se faire une idée de la situation des personnes qui, en plein hiver, voyagent dans ce steppe, en traîneau découvert, par 25» de froid, comme cela a été le cas pour le baron Velho.

Le tableau change du tout au tout lorsqu’un voyageur da haut rang se fait annoncer d’avance.

« On lui prépare les relais et on attelle à ses voitures, non plus les chevaux sauvages ou les chameaux indolents des Kirghiz, mais des chevaux cosaques fournis par les détachements locaux. Mais notre directeur général des postes, qui ne se fait pas annoncer d’avance, et qui fuit ses inspections toujours à l’improviste, voulait voir l’état des communications telles qu’elles sont en réalité, quitte à en subir les conséquences. Aussi, lorsque