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de mauvais goût, quelquefois peu de souplesse et souvent trop peu de retenue ; enlin une teinte de pédanterie mal déguisée sous une légèreté d emprunt. » Sénac quitta Saint-Pétersbourg à l’avénementde Paul Ier, moins amateur des lettres que son illustre mère, se renditàHambourç, visitaVenise, puis se fixa à Vienne, où il se lia avec le prince de Ligne et où il termina sa vie. On doit à Sénac un certain nombre d’ouvrages dans lesquels on trouve des aperçus brillants, des raisonnements ingénieux, des faits intéressants, en un mot, beaucoup plus d’esprit que de goût et plus de brillant que de profondeur. On a de lui : Mémoires d’Anne de Gonxague, princesse palatine (1186 et 1789, in-81°), ouvrage intéressant et fort curieux, dont les détails sont, sinon vrais, du moins vraisemblables ; Considérations sur le luxe et tes richesses (1787, in-8°), dans lesquelles il regarde le luxe comme « l’emploi stérile des hommes et des matières, » et combat les idées de Necker ; Considérations sur l’esprit et les mœurs (17S7, in-8°), ouvrage intéressant, dans lequel il donne non sans crudité une image vivante de la société corrompue au milieu de laquelle il vivait ; Mélanges de philosophie et d’histoire (1789, in-8°) ; Des principes et des causes de la Révolution (1790, in-8°) ; les Deux cousines (1790), conte philosophique • très-spirituel et des plus distingués par l’idée, ■ dit Sainte-Beuve ; Lettre à J/me de *" (1792, in-8°), où il raconte sa première entrevue avec Catherine II, qu’il admire autant que Saint-Pierre de Rome ; VEmigré (1797, 4 vol. in-8°), roman dans lequel il fuit un tableau fidèle des idées et des mœurs des émigrés ; Du gouvernement, des mœurs et des conditions en France avant la Révolution (1797, in-8°) ; Portraits et caractères des personnages distingués de la fin du. xvntc siècle (ltà, in-8<>). Ces deux derniers ouvrages sont les plus remarquables qu’on doive k Sénac ; on y trouve des portraits tracés avec beaucoup d’art et des pensées profondes, bien que souvent pleines d’amertume.

SÉNACIE s. f. (sé-na-sî). Bot. Genre d’arbrisseaux, de la famille des pittosporées,

réuni par plusieurs auteurs au genre pittospore.

SENACULUM s. m. (sê-na-ku-lomm — mot lat. ; de senatus, sénat). Antiq. Lieu des conférences ou des séances du sénat romain. Il On dit aussi sénacle.

— Encycl. Le lieu ordinaire de la réunion du sénat tut d’abord la curie Hostifia, construite par le roi Tuilus Hostilius sur le Forum, devant le Coinitium. Elle fut incendiée lors des funérailles de Clodius, l’an 701 de Rome, et reconstruite par Faustus, fils de Sylla. Lépide, maître de la cavalerie sous Jules César, l’ayant démolie en haine de Sylla, César fut chargé par le sénat de bâtir une nouvelle curie sur remplacement de l’ancienne ; cet édifice ne s’acheva qu’après la mort du dictateur et fut dédié par les triumvirs, l’an 712 de Rome, sous le nom de curie Julia. Dans les commencements, tout Sénatus-consulte devait être rendu dans la curie Hostifia, et elle resta le lieu le plus habituel des séances du sénat. Il y eut cependant d’autres édifices où les séances se tinrent quelquefois et qui, pour ce motif, reçurent la dénomination de ssnaculwn. Ces édifices furent le temple de la Concorde, au pied du mont Capitolin, le temple de Bellone, prèsdu cirque Flaminius, et un bâtiment voisin de la porte Capène, Le sénat s’assemblait dans le temple de Bellone, principalement lorsqu’il avait à recevoir les ambassadeurs d’une nation en guerre avec Rome ; en ce cas, il n’était pas permis aux ambassadeurs d’entrer dans la ville, et le temple de Bellone se trouvait précisément situé hors des murs, derrière le mont Capitolin. Deux autres édifices, construits pour les séances du sénat, portèrent à Rome le nom de senaculum : la curie Pompeia et la curie Octavia. C’est Pompée qui éleva la première, vers l’an 700 de Rome, sur le côté gauche du portique qu’il édifia derrière son théâtre. La seconde fut élevée par Auguste l’an 721 de Rome, au fond du portique dédié à sa sœur Octavie. Sous les empereurs, le sénat tint souvent ses assemblées dans la maison de l’un des consuls ; mais on ne voit pas que cette circonstance ait valu k ces maisons le nom de senaculum.

On sait que diverses villes de l’empire romain avaient un sénat à l’image de celui de Rome, et qu’it était chargé de répartir et de lever les impôts. Chacune de ces villes possédait un édifice dans lequel s’assemblait le sénat. On donnait à cet édifice le nom de curie, comme au sénat lui-même ; on ne lui donnait pas le nom de senaculum, qui était réserve aux lieux de réunion du sénat dans la ville de Rome.

SENAGE s. m. (se-na-je). Ane. coût. Droit sur le poisson de mer, qu’on percevait en Bretagne pendant le carême. Il Droit qu’on payait pour pouvoir mettre une enseigne.

SENAGO, bourg du royaume d’Italie, province et district de Milan, mandement de Bollate ; 2,457 hab.

SÉNAGRUEL s. m. (sé-ua-gru-èl). Bot. Un des noms de la serpentaire de Virginie.

SENA1LLÈRE s. f. (se-na-Ilère ; U mil.). Econ. rur. Plancher d’étable.

SENAIRE adj. (sé-nè-re — lat. senaritss, itiÊme sens ; de seni, six). Disposé par six.

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— Prosod. Composé de sis pieds : Vers sénaire. /ambiguë sénaire.

— Substantiv. : Les comiques latins employaient le sénaire libre.

— Encycl. Sénaire est le nom que les Latins donnaient au vers ïambique trimètre, parce qu’il était composé de six pieds (senarius, composé de six). Ces six pieds formaient trois djpodies ou trois mètres. Le vers sénaire fut, après l’hexamètre et le pentamètre, le plus usité chez les Latins. La comédie et la tragédie l’ont en quelque sorte préféré à tous les autres.

Catulle, dans ses vers sénaires, a imité strictement les modèles grecs et les a toujours composés, comme eux, de six ïambes :

Pltase- | -lui il-1 -le, quem | vide- | -lis, ho- j -spites. Ait | fuis- j -se na- | -vium 1 celer-1 -rimus...

Il est rare de trouver une semblable rigueur dans les autres poètes latins ; Horace lui-même y admet le spondée aux pieds impairs. Au théâtre, surtout chez les comiques, les licences furent poussées très-loin relativement k ce vers. De là est venue la distinction du sénaire libre, et c’est sur celui-ci que nous insisterons dans cet article, renvoyant pour tout le reste à l’article qui traite du vers ïambique. V. ïambique.

Ennius, Pacuvius et Attius employèrent le sénaire libre. Il se trouve aussi chez Sénèque ; mais c’est surtout dans le théâtre de Plante et de Térence qu’il faut l’étudier. D’excellents critiques ont pensé qu’on avait exagéré les irrégularités dont le sénaire semble s’y donner la licence ; ils ajoutent que, s’il y existe des passages dont la métrique ne puisse rendre compte, on en doit attribuer la cause k l’ignorance des copistes qui ont interverti l’ordre des mots ou supprimé des archaïsmes, ou à l’introduction dans le texte de gloses qui ont produit des vers trop longs. On fait remarquer, en outre, que Plaute et Térence, reproduisant la langue familière, introduisaient dans leurs vers, pour la rapidité de la conversation, beaucoup de contractions, de synérèses et de syncopes. Il résultait de toutes ces licences un vers bien différent du sénaire pur. Cicéron a exprimé ce que pensaient les hommes de goût de son temps, quand il a dit : « Les ïambiques de la comédie étaient souvent si négligés, k cause de leur ressemblance avec la conversation, qu’à peine pouvait-on y reconnaître la mesure. » Cependant il ne faudrait pas s’exagérer le défaut d’harmonie de ces vers. Quintilien reconnaît particulièrement pour Térence qu’il a su faire un emploi harmonieux du sénaire, et il exprime le regret qu’il ne se soit pas borné à ce mètre. Priscien, qui a résumé les règles de la métrique des comiques s’étonne de voir nier la cadence de leurs vers et d’entendre des savants qui prétendent seuls en pénétrer le secret.

Phèdre, dans ses fables, a employé le sénaire libre, mais avec beaucoup moins de licences qu’on ne l’a fait au théâtre.

SËNAJI, le plus ancien poste mystique des Persans, né à Gazna, mort dans la même ville en 1180. Il a laissé un recueil de poésies ascétiques intitulé : Parterre, et dont Hammer-Purgstall a donné des extraits dans son

Histoire (en allemand) des belles-lettres en Perse, p. 102 et suivantes.

SÉNANCOUR (Étienne Pivert de), littérateur français, né à Paris en 1770, mort à Saint-Cloud en 1846. Son père était contrôleur des rentes et jouissait d’une grande aisance, mais il perdit sa fortune à l’époque de la Révolution, par suite de la dépréciation des assignats. Sénancour fit ses études au collège de La Marche et fut d’abord destiné k l’état ecclésiastique. Pour se soustraire k la volonté paternelle, il gagna la Suisse, aidé en secret par sa mère. Il était déjà en proie k la vague mélancolie qui le domina toute sa vie. «J’aimais, dit-il, les fondrières, les vallons obscurs, les bois épais ; j’aimais les collines couvertes de bruyères ; j’aimais beaucoup les grès renversés, les rocs ruineux ; j’aimais bien plus ces sables vastes et mobiles dont nul pas d’homme ne marquait l’aride surface, sillonnée {à et là par la trace de la biche inquiète ou du lièvre en fuite. » C’est en songeant k la forêt de Fontainebleau, qu’il avait visitée avec sa mère, qu’il écrivait ces lignes. Les sombres paysages de quelques parties de la Suisse eurent plus d’action encore sur son imagination. En vrai disciple de J.-J. Rousseau, il erra avec délices dans les montagnes, puis il se fixa chez une famille du canton de Fnbourg, où il ébaucha un roman sentimental avec la fille de la maison. Cette jeune fille ayant ensuite refusé son fiancé, ou celui-ci s’étant retiré, Sénancour crut l’avoir compromise et l’épousa, pour réparer le tort qu’il avait pu lui faire. Elle mourut peu de temps après, lui laissant sans doute peu de regrets, car Sénancour plaida souvent et avec constance pour la légitimité et la nécessité du divorce. Il avait été porté sur la liste des émigrés j il ne rentra en France que sous le Diiectoire, vécut à Paris dans un isolement complet et traduisit ses impressions de solitaire désabusé de toute illusion dans un ouvrage intitulé : Rêveries sur la nature primitive de l’homme (Paris, 1799, in-s°). C’est un livre écrit sous l’influence directe de Ruusseau et de Bernardin de Saint-Pierre. ■ Le type

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auquel il rapporte la société présente, dit Sainte-Beuve, c’est un certain état antérieur à l’homme civilisé, état patriarcal, nomade, participant de la vie des laboureurs et des pasteurs, sans professions déterminées, sans classement de travaux, sans héritages exclusifs, où chaque individu possède en lui les éléments des premiers arts, la généralité des premières notions, la jouissance assidue des pâturages et des montagnes, À partir de là, tout lui parait déviation et chute, désastre et abîme. Il a devant les yeux, comme des fantômes, les funérailles de Palmyre et le linceul de Persépolis ; il voit par les progrès de l’industrie et 1 usage immodéré du feu le globe lui-même altéré dans son essence chimique et se hâtant vers une morne stérilité. Le genre humain en masse est perdu sans retour ; il se rue en délire selon une pente de plus en plus croulante ; il n’y a plus de possible que des protestations isolées, des fuites individuelles vers le vrai. » Ces idées vagues et paradoxales reviennent avec plus de force" dans Obermann (1804, 2 vol. in-8»), le livre capital de Sénancour. Ce n’est pas un roman ; c’est encore une suite de rêveries à peine liées entre elles et le héros sert de prête-nom à l’auteur, soit pour décrire les paysages du Valais ou de la forêt de Fontainebleau, soit pour traduire ses réflexions morales, ses enthousiasmes, ses désenchantements et son

scepticisme. « Obermann, dit-il, est un homme qui ne sait ce qu’il est, ce qu’il aime, ce qu’il veut ; qui gémit sans cause, qui désire sans objet et qui ne voit rien, sinon qu’il n’est pas à sa place ; enfin qui se traîne dans le vide et dans un infini désordre d’ennuis. » Sénancour s’est personnifié tout entier dans ces quelques lignes. Toujours aussi isolé et aussi rêveur que son héros, dédaigneux de toute société, de tout commerce avec ses contemporains, il luttait contre la misère, quoique son Obermann eût eu assez de succès pour passionner les jeunes gens, les femmes et ouvrir la voie, avec René, à un nouveau genre littéraire dont la mélancolie, affectée ou véritable, était le trait dominant. S’il se rapprochait par ce côté de Chateaubriand, il s’en éloignait beaucoup au point de vue religieux ; il restait fidèle au scepticisme du xvnrs siècle, et quand parut le Génie du christianisme, il en composa une réfutation, qu’il ne fit néanmoins imprimer que sous lu Restauration, ne voulant pas, disait-il, combattre un homme que le régime impérial traitait en ennemi. Un un après Obermann, il "fit paraître un ouvrage très-paradoxal : De l’amour selon les lois primordiales et selon les convenances des sociétés modernes (1805, 2 vol. in-8°), qui a cependant eu plusieurs éditions ; la quatrième est de 1834. C’est dans ce livre qu’il soutient opiniâtrement le divorce, comme seul correctif qu’il y ait au mariage, et il réduit à si peu de chose l’amour, en le voulant toujours guidé par la raison, que la spirituelle définition de M^e de Staël, « l’amour, c’est de l’égoïsme k deux, > n’aurait certainement pas été de son goût ; il veut que l’amour soit de l’égoïsme pur et simple.

À la chute de l’Empire, il se lança un peu dans l’actualité et publia quelques brochures politiques : Simples observations soumises au congrès de Vienne par un habitant des Vosges (1814, in-8») ; Lettre d’un habitant des Vosges sur MM. Buonaparte, Chateaubriand, Grégoire, etc. (1814, in-8°), et il collabora pour vivre k quelques entreprises de librairie. Ses Observations sur le Génie du christianisme parurent en 1816 ; trois ans après, il donna ses Libres méditations d’un solitaire inconnu sur le détachement du monde et sur d’autres objets de la. morale religieuse (1819, in-8°), rééditées eu 1838. Les besoins de la vie l’obligèrent d’abandonner ce genre de travaux peu fructueux ; il collabora k la Biographie des contemporains de Rabbé et écrivit pour une bibliothèque populaire : le Vocabulaire de simple vérité (1821, in-12) ; Résumé de l’histoire de la Chine (1824, in-12) ; Résumé des traditions morales et religieuses chez tous les peuples (1825, in-12) ; Résumé de l’histoire romaine (1827, 2 vol. in-18). Le Résumé des traditions morales et religieuses lui valut un procès ; il avait eu l’audace d’appeler Jésus un « jeune sage, » tout simplement, ce qui fut considéré par le ministère public comme une attaque indécente au culte catholique. Sénancour se vit condamné, en police correctionnelle, à la prison et a l’amende, mais

s’étant pourvu contre ce jugement il obtint de passer en cour d’assises et fut acquitté. On lui doit encore un roman, Isabelta (1833, in-8"), qui fut loin d’avoir le succès d’Oôermaim. Sénancour s’éteignait obscurément dans la misère, accablé d’infirmités, lorsque M. Thiers, étant ministre de l’intérieur, informé de sa détresse, lui fit allouer une pension ; le ministre de l’instruction publique, Villemain, lui en obtint une seconde, et il put ainsi passer moins péniblement ses derniers jours.

Sénancour est k peine connu de la génération actuelle ; cependant Obermann, réimprimé en 1846 et précédé d’une étude de Sainte-Beuve, lui a donné colmne un regain de célébrité. Un style parfois brillant, de pittoresques descriptions, un vif enthousiasme pour les beautés de la nature, des aspirations vagues à une rénovation universelle, le tout noyé dans des rêveries mélancoliques, dans les brouillards d’une philosophie nuageuse que traversent çk et là quelques pensées pro SENA

fondes, tel est le caractère général de ses écrits.

SÉNANCOUR (Eulalie-Virginie-Pauline de), fille du précédent, née à Fribourg (Suisse) en 1798. Elle débuta dans les lettres en 1814, par quelques articles publiés au Mercure de France. Elle collabora ensuite à la Gazette de France (1820-1821), à l’Abeille (1821), au Diable boiteux (1823-1825), au Frondeur impérial (1825-1826), au Mercure du XIXe siècle (1826), au Bonhomme Richard (1832-1833), au Journal des femmes (1833-1835), etc.

Mlle de Sénancour a publié quelques ouvrages, dont voici la liste d’après Quérard : la Conquêtomanie ou Aventures burlesques du grand Barnabé (Paris, 1827, 2 vol. in-12), roman satirique contre Napoléon ; les Héros comiques, nouvelles (1820, 2 vol. in-12) ; Pauline de Sombreuse (1821, 4 vol. in-12) ; la Veuve ou l’Épitaphe (1822, 4 vol. in-12). « En général, dit Quérard, les romans de Mlle de Sénancour offrent des caractères variés et souvent neufs, des situations pittoresques, une manière moins soignée, moins étudiée que libre et originale. »

Séuanque (abbayb de). Cette ancienne et célèbre abbaye cistercienne est située dans la commune de Gardes (Vaucluse), k 4 kilom. environ au nord du bourg, k 40 kilom. d’Avignon, au fond de la vallée sauvage de la Sénancole, bordée de collines couvertes de

chênes. L’abbaye de Sénanque (sana agua, eau saine) fut fondée en 1148 par Alsaur, évêque de Cavaillon. Peu d’édinces romans sont parvenus jusqu’à nous dans u» état aussi complet de conservation. • À part ses couvertures qui sont quelque peu détériorées, dit M. Rostan (tome XV1U du Bulletin monumental), il n’existe peut-être pas en France d’abbaye aussi intacte. Son cloître, son église et ses bâtiments sont dans le plus parfait état. Il est seulement fâcheux qu’une construction, élevée dans le siècle dernier pour servir d’habitation aux religieux, vienne détruire l’harmonie du vieux monument.... L’abbaye de Sénanque est excessivement remarquable. C’est un type de l’architecture cistercienne et un curieux spécimen de l’art de transition dans le Midi. Il y règne un grand caractère de simplicité et toute la sévérité de style de l’ordre de Clteaux, mais avec une certaine élégance pourtant duns les colonnettes de son cloître et un certain luxe d’ornementation sur ses chapiteaux. C’est un monument complet, qui saisit par son ordonnance simple et régulière, par son style sévère et noble, par son aspect grave et solennel. » L’église abbatiale se divise en trois nefs coupées par un trans-sept ; ce transsept est bordé d’un côté de quatre petites chapelles ou absides circulaires, flanquant la grande abside centrale et toutes voûtées en cul-de-four. L’édifice offre les proportions suivantes : longueur dans œuvre, 39 mètres ; largeur, 20 mètres ; longueur du transsept, 27m,36 ; largeur, 8°i,30. Une coupole surmontée d’un clocher carré que couronne un toit à quatre pans s’élève au point d’intersection des nefs et du transsept. Cette coupole mesure sous clef une hauteur de 16ta,50. La hauteur du clocher atteint 8 mètres, hors œuvre. L’abbaye de Sénanque, occupée par des bernurdinssjusqu’il l’époque de la Révolution, est habitée de nouveau, depuis 1854, par des bernardins qui lui ont rendu toute sa physionomie cistercienne ; de telle sorte qu’on est là encore en plein x«e siècle. La chaîne des abbés de ce monastère a été renouée le 2 mai 1869 par l’élévation du prieur des religieux actuels k la dignité abbatiale. Tous les archéologues qui ont visité Sénanque ont été frappés d’admiration k la vue de son église et de ses autres bâtiments ; son cloître, assez bien conservé, est aussi remarquable.

SÉNAPON s. m. (sé-na-pon). Bot. Plante indéterminée qui croît k la Guyune et dont la racine est employée pour enivrer le poisson.

SENAR (Gabriel-Jérôme), révolutionnaire français, ué à Châtellerault (Vienne) en 1700, mort en 1796. D’abord avocat à ilie-Bouchard, il alla k Tours, en 1789, exercer la profession d’avocat, se fît remarquer par son exaltation patriotique et devint procureur de la commune en 1791. Frappé de destitution à cause de ses violences, il entra, en 1793, au comité de Sûreté générale en qualité de secrétaire rédacteur, fut chargé k diverses reprises d’interroger les suspects et se rendit plusieurs fois en mission k Tours pour y diriger des arrestations. Toutefois, il ne tarda pas à être effrayé du système d’excessive rigueur employé k l’égard des suspects et dit un jour : « Le signe sacré de la liberté devient un signe de carnage. » Incarcéré comme terroriste après le 9 thermidor, Seiiar sortit de prison au bout d’un an et accusa vivement les thermidoriens, notamment Tallien, de n’avoir renversé Robespierre que dans un but d’intérêt purement personnel. Rentre dans la vie privée, il retourna k Tours, où il mourut, après avoir écrit les Brigands de la Vendée en évidence (1794, in-8°) ; des Révélations puisées dans les cartons du comité de Sûreté générale, livre qui ne fut publie qu’en 824, in-go, par Alexis Dumesnil, dans la Collection Beaudoin. On y trouve des faits curieux sur les héros de thermidor, surtout sur Tallien, mais beaucoup d’erreurs et d’attaques passionnées.

5ENARD (Antoine-Marie-Jules), nvoeat et